• Le Partija Rada (Parti du Travail yougoslave) sur le soulèvement populaire en cours en Bosnie

     

    Sur les évènements qui secouent en ce moment même l'ex-Yougoslavie, voici la position du Partija Rada (Parti du Travail), organisation communiste marxiste-léniniste principalement basée en Serbie et au Monténégro mais également bien implantée en Bosnie, issue de la lutte anti-titiste sur les positions soviétiques puis albano-chinoises et connue (surtout) pour son positionnement viscéralement anti-nationaliste et (fait rarissime là-bas) en faveur de l'autodétermination du Kosovo

    IL N'Y A PERSONNE POUR DIRIGER LES MASSES EN COLÈRE DANS LEUR LUTTE ! 

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    Après deux décennies de pauvreté, de guerre et de faim, les masses travailleuses de Bosnie-Herzégovine ont fini par se lever contre l'oppression et ont rejoint les millions de personnes asservies luttant pour leurs droits tout autour du monde. Après une longue période de nationalisme rampant, utilisée par les capitalistes et les profiteurs de guerre pour s'enrichir personnellement en pillant ce qu'il restait de propriété d’État, les masses ont été plongées dans la misère et l'indigence. Tandis qu'elles souffraient et criaient famine dans le dénument, ceux qui s'étaient enrichis sur le désastre n'avaient qu'une seule préoccupation : comment accroître encore leur capital.

    tuzla protest 6Le commun des Bosniaques, des Serbes et des Croates vit dans les mêmes difficultés au quotidien. Qui est responsable de cela ? Les responsables sont tous les parasites, politiciens, prêtres et imams, banquiers et capitalistes qui étaient les premiers à appeler aux armes lorsqu'ils voyaient le moment venu de pousser les masses à se massacrer mutuellement.

    Les évènements à Tuzla et ailleurs en Bosnie-Herzégovine nous montrent que ceux qui sont au pouvoir ne peuvent plus, pour satisfaire leurs intérêts, manipuler davantage les masses opprimées à travers une rhétorique nationaliste. Les masses se lèvent contre leur système, qu'ils essayent de maintenir par la force brute. La brutalité déployée par la police contre les protestataires montre seulement combien le gouvernement a peur de la colère des masses opprimées du peuple. C'en est fini de leur orgie nationaliste, fasciste et prédatrice ! Enfin la conscience de classe s'est éveillée dans les masses populaires ; la conscience que la division en nationalités est moins importante que la division entre oppresseurs et opprimés, entre capitalistes et prolétaires.

    La désorganisation et la naïveté, dans les premiers jours du soulèvement, ne veut pas dire que les masses opprimées ne vont pas rapidement venir à bout de toutes les tactiques de la lutte des classes. Le problème n'est pas dans les masses, car celles-ci mènent la lutte de classe en ce moment même. Le problème est l'absence d'une force révolutionnaire qui puisse les conduire vers leurs buts. Cette absence peut certainement être mise à profit par des forces qui voudraient tenter de manipuler les masses avec de fausses promesses et des agendas secrets.

    Mais ces évènements sont aussi une grande opportunité, pour le mouvement ouvrier et révolutionnaire, de renforcer ses rangs et de se lier aux masses.

    L'esprit révolutionnaire de ceux qui n'ont que le mot "révolution" à la bouche doit être démontré sur les barricades, en première ligne ! 

    LA SEULE VOIE POUR UNE LUTTE DE CLASSE VICTORIEUSE ET UNE VIE MEILLEURE EST LA VOIE DE LA RÉVOLUTION !

    À BAS LA DICTATURE DU CAPITAL !

    EN AVANT, AUX PREMIÈRES LIGNES DU COMBAT !

     

    tuzla protest 8En définitive, il n'y a là que ce que nous avons dit et répété dans tous les évènements de ces dernières années, depuis les pays arabes en passant par l'Europe du Sud (Grèce, Italie, État espagnol) jusque maintenant aux Balkans : partout les effets désastreux et criminels de la crise générale capitaliste, entrée en phase terminale depuis 2007-2008, poussent les masses ouvrières, paysannes et populaires en général (ou encore les grandes classes moyennes en perdition des pays très avancés) dans la lutte contre ces souffrances et les dirigeants bourgeois qui les incarnent ; MAIS il n'y a pas de force révolutionnaire conséquente, D'AVANT-GARDE, en tout cas pas (encore) reconnue des larges masses, pour donner à ces luttes une direction consciente et méthodique vers la solution, qui est d'abattre le capitalisme et d'instaurer le Pouvoir organisé des travailleurs ; ce qui ne passe d'ailleurs pas par un "simple" soulèvement populaire de masse, mais par une lutte de longue haleine, une guerre de tranchées que l'on appelle GUERRE POPULAIRE, dans laquelle des évènements comme ceux que nous voyons actuellement en ex-Yougoslavie sont une petite bataille et non la guerre à elle seule : l'effervescence, tôt ou tard, retombera, les choses rentreront dans l'ordre ; mais on aura avancé dans la guerre révolutionnaire de longue durée contre le Capital, dans l'élévation et la fortification de la conscience et de l'organisation populaire, et dans la fragilisation du Pouvoir capitaliste qui aura été contraint soit à des concessions importantes, soit à descendre sur le terrain de la guerre civile (tirer dans le tas, état d'exception, instauration d'un régime réactionnaire terroriste - fasciste - etc.).

    Simplement, ces sinusoïdes tuzla protest 5, ces explosions et ces reflux des luttes populaires (jusqu'à la nouvelle explosion...) peuvent durer aussi longtemps que durera le capitalisme et sa crise, son décalage permanent entre  ce que le niveau des forces productives suscite d'aspirations à une vie meilleure  dans le peuple, et l'enfer quotidien des relations de travail et des relations sociales (en général) imposées par la logique capitaliste. Pour que ces vagues qui se lèvent, puis refluent, puis se lèvent à nouveau ENTAMENT et finissent par FAIRE TOMBER la forteresse du Capital, il faut qu'une force révolutionnaire conséquente, une AVANT-GARDE (ce mot que les camarades libertaires/anarchistes détestent tant...) leur imprime cette direction consciente, fédère les larges masses dans la conscience du problème (le capitalisme), de la solution (son renversement, le Pouvoir du Peuple, le socialisme) et des moyens pour l'atteindre (la stratégie révolutionnaire, le plan général de travail et ses tactiques du moment). Et c'est là qu'hélas, nous voyons la plupart des forces révolutionnaires en Europe comme dans les pays arabes soit rejetter cette nécessite d'une avant-garde, soit la reconnaître mais pas l'assumer, se payant trop souvent de slogans et autres "mots d'ordre". 

    C'est la critique que nous avons pu faire à beaucoup de forces "marxistes-léninistes" comme "maoïstes" comme "marxistes révolutionnaires" (trotskystes) d'Hexagone dans les évènements hexagonaux de ces derniers temps, avec parfois, du surcroît, la déformation intellectuelle chauviniste "jacobine" en prime : "il manque", "il faut" aux masses en lutte une direction révolutionnaire conséquente et déterminée... Certes ! Sauf que c'est précisément ce que l'organisation qui écrit tuzla protest 7cela est censée, dans ses statuts, leur apporter, aux masses ! On déplore que les masses agissent sans direction consciente, perméables ainsi à toutes les "fantaisies réactionnaires" petites-bourgeoises et se démobilisant à la première occasion ; alors que l'on prétend soi-même (et à l'exclusion de tout autre groupe, généralement) être cette avant-garde qui fait défaut. Mais alors, que fout-on, et qu'a-t-on foutu jusqu'à présent ?

    C'est ainsi que l'on peut voir des "marxistes-léninistes" ou des "maoïstes" dans cette attitude pour le moins schizophrène de présenter, d'un côté, la révolution (ou la Guerre populaire) comme un processus de longue haleine, mais d'éructer, de l'autre, contre tous ces mouvements ("révolutions arabes", Grèce, Indignad@s, Occupy etc.) éclatant sans direction et finissant (forcément) par retomber au bout d'un moment, et/ou par être récupérés par des forces bourgeoises réformistes ou réactionnaires : en fait, il n'y a de mouvement/action de masse qui "vaille" que sous leur direction ; or ce n'est pas le cas à l'heure actuelle ; mais, voyez-vous, c'est aux masses d'accepter de leur propre chef cette direction, cette avant-garde, sans quoi elles sont vouées aux gémonies ; et non aux communistes eux-mêmes d'instaurer par leur travail pratique cette direction sur les masses, de conquérir leur confiance et de se faire reconnaître par elles comme les éclaireurs de l'avenir ! 

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    Ici une brève présentation du PR et de son positionnement idéologique... Inutile de dire que ça nous plaît plutôt pas mal : 

    L'apparition de groupes et partis marxistes-léninistes en Europe dans les années 1970 était une réaction à l'expansionnisme militaire du bloc impérialiste occidental, en rupture avec le révisionnisme soviétique et en soutien à la Révolution culturelle chinoise. Ces groupes et partis ont préservé la théorie marxiste-léniniste en Europe dans de très difficiles conditions.
    Cependant, nous pouvons généralement dire aujourd'hui que tous ces groupes et partis ont suivi le destin des anciens partis révisionnistes, ou sont tout près de disparaître de la scène politique. Ils demeurent enfermés dans une pensée dogmatique, menant des débats sans fin autour de la ligne politique de Lénine, Trotsky, Staline, Mao, Hoxha etc.

    Même sans une profonde analyse, il est possible déterminer quelques conditions objectives qui ont contribué à cela : période de stabilisation du capitalisme et situation privilégiée du prolétariat en Europe, ce qui a inévitablement conduit à une divergence entre la théorie révolutionnaire et la pratique des travailleurs dans leur vie quotidienne.

    Le PR pense que ces partis sont incapables d'une évolution radicale permettant de se lier avec les masses, dans une situation de crise fondamentale du capitalisme à l'aube d'une nouvelle guerre impérialiste. C'est le problème de toutes les organisations et du PR lui-même. La crise actuelle du capitalisme les a simplement réveillé en sursaut, et ils n'ont aucune réponse historique à cela. 

    Mais le PR pense qu'en ce moment les révolutionnaires en Europe ont pour tâche historique de saboter la guerre entre impérialistes et la guerre contre les peuples, de porter la guerre de classe mondiale au cœur de la forteresse impérialiste. Toute autre chose peut être laissée de côté. Alors que l'impérialisme occidentale livre des guerres aux peuples du monde entier, et tandis que se prépare la guerre entre les vieux impérialismes qui veulent imposer un monde unipolaire et les nouveaux qui tentent d'arracher leur part de gâteau du marché mondial, ne pas mener la lutte et la guerre de classe directes et rester sur le bord du chemin est tout simplement une capitulation et une trahison de la voie révolutionnaire. Et alors que les masses des travailleurs et de la jeunesse attaquent et se lancent contre les institutions capitalistes européennes et les rapports sociaux capitalistes, nous voyons généralement les organisations marxistes-léninistes rester à l'écart.

    Si les marxistes-léninistes ne font pas ce pas en avant dans la lutte révolutionnaire, l'Histoire ne le leur pardonnera pas et ils seront cloué à un pilori auquel citer Marx et Mao ne les arrachera pas ; et ils termineront comme leurs prédécesseurs les révisionnistes.

     


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