• Le 'centre mlm' de Belgique, la Guerre populaire et le (n)PCI


    conrad1Nous y sommes : le 'centre' 'mlm' de l’État belge, centre on-ne-sait-trop de quoi sinon de la Belgique universitaire, elle-même pitoyable appendice de la 'France' intello-parisienne du 'p''c''mlm', a publié le n°4 de sa revue 'Clarté rouge' consacré à la Guerre populaire (le dernier numéro sur le sujet était plutôt intéressant), et s'y livre enfin aux attaques promises contre le (nouveau) Parti communiste italien. Le ridicule de s'attaquer à des gens ayant, pour certains, passé plusieurs années en prison ne tuant manifestement pas ces petits bourgeois prétentieux, le jour de l''exécution politique' est donc arrivé (héhéhé !) ; et comme disait Robert-François Damiens au matin de son écartèlement en 1757 : "la journée sera rude"  !

    1. En premier lieu, le document aborde (et repose sur) les trois formes de lutte constituant, selon le 'centre' 'mlm', la 'vraie' Guerre populaire en pays impérialiste. Ces trois formes sont :

    - la lutte armée (entendue au sens ETA, Brigades rouges etc. : actions violentes clandestine, avec armes à feu ou explosifs) ;

    - le sabotage

    - le combat de rue (de type black- ou red-blocks).

    Déjà, pour commencer, ce découpage est totalement fallacieux. Car en réalité :

    - la lutte armée et le sabotage ne font qu'un : le sabotage est une forme de lutte armée, visant des biens, des installations et non des personnes. Les actions des Cellules Communistes Combattantes de Belgique (CCC), visant des installations et des 'symboles' du capitalisme et de l'impérialisme et se voulant (à ce stade) non-létales (elles ne le furent que par accident), étaient du sabotage, dans le cadre d'une lutte armée.

    - le combat de rue type 'black-block' ou kale borroka (au Pays Basque) est lui aussi une forme   particulière de lutte armée, sans armes à feu et 'au grand jour' (bien que le visage couvert, évidemment). En Italie, dans les années 1970, il y avait même parfois des combats de rue avec armes à feu (il en reste des photos célèbres).

    DONC, les trois formes de lutte que nous donne le 'centre' 'mlm' pour la Guerre populaire sont en fait des formes différentes de lutte armée.

    Anni di piombo22. Reste donc entière la question de toutes les autres formes de lutte, et (bien sûr) de l'articulation de celles-ci avec la lutte armée dans ses différentes formes. Quid des 'luttes économiques' DURES, avec occupation d'usine, séquestration des cadres, menaces de tout faire sauter (menace qui seront peut-être, un jour, mises à exécution) ? Quid, dans des pays impérialistes frappés durement par la crise du logement, de l'occupation-autogestion des logements contre les 'marchands de sommeil' (ces logements occupés pouvant aussi devenir, comme en Italie ou en 'Espagne', des centres de diffusion culturels 'alternatifs' contre la culture dominante) ? Quid, dans des pays globalement riches mais frappés par la 'crise du pouvoir d'achat' et la consommation à crédit, des actions d''auto-réduction' contre la grande distribution capitaliste ? Quid, dans des États qui sont d'énormes machines de guerre où les masses financent leur propre oppression (pendant que les Cahuzac de tout poil planquent leur pognon en Suisse), des actions visant à 'frapper au portefeuille' : la 'grève' des taxes, impôts locaux injustes, 'droits', péages (ah c'est vrai, il n'y en a pas en Belgique... les veinards !) et autres prélèvements qui étranglent le prolétaire au SMIC obligé de payer exactement comme le cadre à 5.000 euros par mois ; voire carrément de la grève des loyers, tickets/billets de transport etc. etc. ? Quid des actions d'agit-prop diverses (banderoles, affiches, stickers, 'happenings' divers pratiqués par les fascistes qui ont là 13 longueurs d'avance, etc. etc.) ? Quid du combat contre les fascistes qui, dans les pays 'développés', sont une forme particulière, para-étatique d'ultra-réaction ; une sorte de 'société politico-militaire parallèle' dans la 'société civile' ?

    Pour ce qui est de la lutte armée au sens où l'entend le 'centre mlm', en Europe industrialisée, sa difficile accessibilité au 'prolétaire lambda' et la logistique clandestine qu'elle suppose ont déjà montré, par l'expérience, sa principale limite, qui est l'isolement avant-gardiste de l'organisation combattante, même là où les conditions étaient les plus favorables à un large soutien de masse (Irlande du Nord, Pays Basque 'espagnol' et Italie dans les années 1970) ; au contraire des pays du 'tiers-monde' où il est possible de prendre le contrôle de régions reculées entières, même au stade d'une très faible défensive stratégique, et d'y instaurer le Pouvoir populaire.

    En réalité, même lorsque les circonstances (condition première !) d'une grande violence répressive du Capital (descente sur le terrain de la guerre civile) rendent cette forme de lutte acceptable par les masses d'un point de vue d'agitation et de propagande, elle va alors être 'centrale' d'un point de vue idéologique ('référence' politique des personnes en lutte) et organisationnel, mais 'marginale' d'un point de vue opérationnel... tout simplement parce que le terrain ne permet pas autre chose ! Même pendant la Seconde Guerre mondiale, en Europe de l'Ouest (Italie, 'France'), les grands 'maquis' n'ont véritablement existé que lorsqu'il y a eu 'débandade', dissolution de l'État réactionnaire fasciste (nazi-vichyste et mussolinien) face aux débarquements alliés de 1943 et 1944, avec aussi une question de légitimité de celui-ci ('marionnette' d'une occupation étrangère brutale). Avant cela, region-paris-squat-social-1972-1973l'intensité de la lutte armée clandestine (et du sabotage) n'était guère plus haut que le niveau de l'Italie des années 1970 (sans le combat de rue, qui aurait évidemment conduit à un massacre de masse)... En Belgique, qui comptait alors déjà près de 280 habitants au km², jusqu'à ce que les armées alliées pénètrent sur le territoire, c'était totalement impossible (sauf dans certains secteurs des Ardennes, peut-être). Et dans un contexte d'État bourgeois 'libéral', à façade démocratique et à 'société civile' forte, c'est tout simplement inenvisageable (même le simple fait d'utiliser mortellement, de manière organisée dans ce but, des armes à feu ou des explosifs est problématique, et doit être bien pensé) !

    Il n'est donc pas possible de faire tout simplement 'abstraction' des autres formes de lutte que nous avons citées ; formes qui, loin d'être de la 'pseudo-guerre populaire' et des 'cache-sexes pour opportunistes', permettent l'engagement large et concret des masses opprimées dans le processus révolutionnaire ; la lutte armée, lorsqu'elle existe, servant de 'point de référence' : même dans un contexte de Résistance antifasciste, lorsqu'il n'y a pas plus 'descendu sur le terrain de la guerre civile' que la bourgeoisie d'alors, et que la légitimité de la lutte armée avec mort d'homme ne laisse pas l'ombre d'un doute dans les masses, elles ont encore leur place !

    Quant à la question de l'articulation/ coordination de toutes ces formes de lutte, c'est évidemment la question du Parti, avant-garde révolutionnaire des masses constituée et consolidée (en lien avec celles-ci) en 'centre directeur/coordinateur' de toutes les actions visant à renverser le capitalisme... et non une bande de bouffons auto-proclamés avant-garde !

    3. La mauvaise foi, la simplification/caricature et l'ultra-critique destructive qui caractérisent de tout temps la petite bourgeoisie gauchiste : "Donc, pour le (n)PCI, la première phase de la guerre populaire consiste à participer aux élections, aux luttes économiques et à former des clubs de gym et des cinéclubs !
    Cette première phase doit nous amener à la seconde phase, la guerre civile lors de laquelle « les forces armées populaires disputeront le terrain aux forces armées de la bourgeoisie impérialiste, lors de laquelle existeront des territoires libérés, etc. ».
    Pas une action armée, pas une action violente n’est évoquée entre ces deux phases. Pas même un mot sur l’organisation du Parti et de ses organisations périphériques en vue de l’affrontement armé. Il faut croire que le public sortira des cinéclubs du (n)PCI pour disputer le terrain aux forces armées de la bourgeoisie en leur lançant des paquets de pop corn...
    Rarement l’opportunisme ne s’est affiché de manière aussi impudente, rarement les principes du maoïsme ont été à ce point bafoués."

    La caricature du propos critiqué [l'article du (n)PCI Il faut distinguer lois universelles et lois particulières de la Guerre populaire (2004), voir les extraits dans l'article du 'centre' 'mlm' en lien] est on-ne-peut-plus grossière, et en définitive pathétique pour le groupuscule qui l'émet. S'il ne s'agissait 'que de cela', il est évident que le (n)PCI et ses organisations générées (CARC, Syndicat des Travailleurs en Lutte, Solidarietà Proletaria, groupe 'Caccia allo Sbirro' contre les violences policières etc.) ne feraient pas face à la répression qu'ils subissent, même si celle-ci est évidemment moindre que pour le PC politico-militaire, qui (lui) prônait directement la lutte armée. 1248614219686 carcrissap g 0627L'article attaqué donne au contraire de grandes et précieuses précisions sur la conception de la Guerre populaire en Italie, au stade de la 'défensive stratégique' [ou plutôt, devrait-on dire, vu la faible emprise d'un quelconque Parti - (n)PCI ou autre - sur les masses, à l'étape zéro de la GPP] ; et notamment sur la thèse de l''irruption dans le petit théâtre de la politique bourgeoise' : la participation aux échéances électorales, qui est beaucoup reprochée au (n)PCI (déjà en Italie même) et sur laquelle s'est beaucoup exprimé SLP. L'on peut ne pas être d'accord (ainsi, sur le fait de soutenir des listes bourgeoises 'de gauche' ou petites-bourgeoises 'contestataires', et non de présenter des listes du mouvement dirigé par le Parti, nous ne le sommes pas) ; l'on peut critiquer la pratique qui en découle (ce que nous faisons également, précisons aussi que l'article date de 2004 et que nous sommes en 2013, depuis il y a eu la 'Grillo-mania' etc.) ; mais avoir ainsi besoin de caricaturer pour argumenter, c'est la marque de ceux qui n'ont définitivement rien à dire.

    La critique destructive du 'centre' 'mlm' ignore, avec un ton péremptoire ‘marque de fabrique’ de leurs parrains intello-parisiens, des réalités essentielles de l'activité politique révolutionnaire en Italie :

    - Il y a des choses qui ne se crient pas sur les toits : l'Italie n'a pas seulement une législation 'anti-terroriste' comparable aux autres pays d'Europe et d'Occident, elle a également une législation 'anti-subversive' extrêmement large et élastique, datant de Mussolini et jamais abrogée (elle fut notamment appliquée massivement dans les années 1970-80). Cette législation, permettant de frapper des personnes n'ayant commis aucune violence ni même rien d'illégal (mais qui seraient 'susceptible de'), est sans doute la plus dure du continent, ex aequo avec celle de l'État espagnol. Il est évident qu'au stade de la défensive stratégique, voire de l''étape zéro', lorsque la supériorité politico-militaire et idéologique/culturelle de l'ennemi est totale, on ne va pas clamer publiquement comment l'on compte, bien plus tard, passer à une véritable guerre civile armée, et les préparatifs que l'on fait en ce sens. Le ton d'AUCUN média révolutionnaire marxiste-léniniste ou maoïste italien (dont l'existence est pourtant indispensable, pour diffuser la conception communiste du monde dans les masses) n'est guère plus 'radical' et violent que celui des CARC et du (n)PCI (à la rigueur, des site comme Redblock des jeunesses du PCmI ou 'Militant' assument le combat de rue, mais c'est tout) ; tout simplement parce qu'en Italie cela entraînerait une 'exécution électronique' immédiate du site, et l'inculpation de ses administrateurs. Dans un éclair de lucidité (en dernier paragraphe), le 'centre mlm' dit d'ailleurs lui-même que "Une authentique préparation à la guerre populaire implique une discrétion telle que mettre au défi telle ou telle organisation de « prouver » qu’elle prépare réellement la guerre populaire serait ni plus ni moins une provocation policière"...

    - L'Italie est un pays de fort 'civisme' populaire et de grande illusion en la politique électorale (une abstention de 25%, comme aux dernières législatives, peut être considérée comme extraordinaire !), et le mouvement communiste italien a une LONGUE histoire d''électoralisme' (traduire, d'utilisation des 'tribunes' électives dans les buts qu'il s'est fixé) : Gramsci lui-même était député (1924-26), et portait la contradiction à Mussolini himself dans l'hémicycle ! Dans les années 1970, même les organisations combattantes ou militantes 'très radicales' comme Lotta Continua donnaient des consignes de vote pour Democrazia Proletaria... ou carrément pour le vieux PCI ! Cela ne veut pas dire que c'était juste et qu'il faille le refaire ; il s'agit simplement de montrer que les arguments du (n)PCI ne reposent pas sur rien ou sur n'importe quoi : il y a dans la 'formation psychique nationale' des communistes italiens un fort terreau en ce sens. Quoi qu'il en soit, ni Lénine ni Mao n'ont jamais dit (bien au contraire) qu'il ne faille jamais, en aucun cas, s'impliquer dans un 'moment électoral', surtout dans des pays impérialistes/avancés où ce 'moment' engendre une particulière 'réceptivité' des masses au discours politique (et beaucoup d'illusions quant à la 'citoyenneté' et à la 'démocratie'... nous ne sommes pas au Pérou !). La 'ligne de démarcation', c'est et cela a toujours été de faire de cette implication une forme de lutte (tactique) parmi d'autres, ou au contraire d'en faire une fin en soi (avoir des élus, gagner des mairies, des sièges de député etc.), ce qui conduit à l'opportunisme et à l'institutionnalisation.

    solidarietàgramigna2- L'Italie est également un pays où, depuis les années 1970 où ils ont succédé aux 'maisons du peuple' et autres 'cercles culturels' d'un PCI institutionnalisé, les 'centri sociali' (qui n'ont rien à voir avec les centres associatifs subventionnés par les mairies ici) jouent un grand rôle dans la lutte de classe réelle (celle que les groupuscules type 'centre' 'mlm' ignorent totalement, du haut de leur chaire universitaire). Ces 'centres sociaux' sont les 'cinéclubs' et autres 'clubs de gym' de l'insinuation perfide du 'centre mlm' contre le (n)PCI. Quiconque connaît l'Italie sait que l'on est fort loin de cette caricature (même si, sous des municipalités 'de gauche', certains de ces centres ont pu finir par s'institutionnaliser).

    - L'Italie est un pays où l'organisation massive des travailleurs pour les 'luttes économiques' est encore une réalité : ainsi par exemple, l'Union des Syndicats de Base (USB), un syndicat alternatif et réputé 'dur', compte plus de 250.000 adhérent-e-s et la CGIL (grand syndicat le plus 'à gauche')... près de 6 millions (dont près de 400.000 pour la seule FIOM, syndicat réputé 'dur' de la métallurgie et de la mécanique), en comptant certes les retraité-e-s. Notre bonne vieille CGT (son équivalent hexagonal) en compte moins de 700.000 (là encore, retraité-e-s inclus-es) et l'Union syndicale Solidaires (SUD), plus ou moins l'équivalent de l'USB, autour de 100.000 ! Peut-on ignorer une réalité comme celle-ci, lorsque l'on prétend diriger les masses populaires vers le communisme ? Ces organisations sont, certes, 'réformistes radicales', ou encore 'subversivistes' au sens de Gramsci (contestataires du 'système', mais 'intégrant' intellectuellement la position d'infériorisés). Il y a du travail (beaucoup...) pour en extraire des forces révolutionnaires conséquentes... Mais qui va le mener et comment, ce travail, si l'on refuse catégoriquement de se lier aux prolétaires qui y voient, pour le moment, le meilleur voire le seul instrument de résistance aux agressions du Capital ?? Les camarades du PC maoïste, eux, travaillent (politiquement) pour l'essentiel dans le Slai COBAS (COBAS désigne en Italie les 'comités de base' pour un syndicalisme ouvrier-employé 'de combat', apparus à la fin des années 1970 et très nombreux). À vrai dire, il n'y a dans ce pays aucune organisation communiste un tant soit peu conséquente qui pratique les élucubrations anti-syndicales du 'centre' 'mlm' ou de ses 'parrains' parisiens.

    4. Le (n)PCI tire sans doute, en fait, 'trop' les leçons des années 1970 ; et dérive ainsi vers le légalisme et l'électoralisme. Lorsque, nous l'avons déjà dit ici-même, le succès électoral (en mode 'ballon de baudruche') d'un mouvement contestataire populoïde et archi-ambigu comme celui de Beppe Grillo est décrit comme une véritable 'attaque au cœur de l’État' (au cœur des 'sommets de la République pontificale'), c'est ce qu'il convient d'appeler du délire...

    autonomiaSelon nous (pour s'être cognés 300 pages de Manifeste Programme, on en sait quelque chose !), le (n)PCI a une analyse critique erronée de la période (dont certains de ses cadres sont issus), analyse dont découle peut-être (voire sans doute, même) les autres erreurs : pour lui, tout est une question de 'dérive militariste' et 'clandestiniste', de 'coupure' avant-gardiste armée avec les masses (ce qui est peut-être vrai à partir de la fin des années 1970). La conclusion (erronée) est donc qu'il faut 'mieux accumuler les forces', au travers d'une pratique légaliste et pacifique prolongée... Pour nous, au contraire, la 'petite guerre populaire' qui sévissait alors dans la 'Botte' italienne présentait une très grande et très intéressante variété de formes de lutte (notamment celles que nous avons citées au point 2), en plus des formes de lutte armée illégale (celles que cite le 'centre' 'mlm'), et un très fort appui de masse, en tout cas au début. Le problème a été, principalement, outre une confusion entre début de la nouvelle crise générale et effondrement imminent du capitalisme (ce que dit aussi le (n)PCI), un problème de division de la direction politique, d'absence de centre dirigeant unifié : parfois sur de VRAIES questions idéologiques (mais sans véritable lutte de ligne permettant le triomphe de la position juste ou 'meilleure') et parfois, aussi, sur des questions de dogmato-sectarisme voire des hostilités de personnes ; suite à quoi, dans les 'interstices' laissés par cette division, se sont engouffrées de idéologies erronées et 'perdantes' à terme ('francfortisme' marcusien, situationnisme et operaïsme qui en est une forme italienne spécifique, semi-anarchisme 'autonome', théories sur les 'nouveaux sujets révolutionnaires', élucubrations de Toni Negri etc. etc.).

    Mais le 'centre mlm', lui, ne tire aucune leçon de l'expérience des CCC... y compris de la propre autocritique de celles-ci (notamment le fameux document La Flèche et la Cible) ; sur le fait de s'être, même armées d'un marxisme-léninisme 'solide', retrouvées dans la position d'une 'minorité agissante' (une dizaine de personnes) semi-anarchiste à la Action Directe ou RAF (bien que ces organisations aient ensuite essayé de 'torpiller' les CCC), sans grand lien avec le mouvement réel des luttes de classe (d'ailleurs en grand recul à l'époque, au milieu des années 1980).

    200px-Communist Combatant Cells LogoReste entière la question de la manière dont ces 'trois formes de Guerre populaire' (en réalité, trois formes de lutte armée...) s'articulent avec et s'appuient sur d'autres formes de luttes populaires, plus 'accessibles' au prolétaire 'de base', pour éviter l'avant-gardisme armé.

    Reste entière la question du LIEN tissé entre le Parti qui mène ces actions et LES MASSES exploitées/opprimées, lien qui (avec l'existence du Parti lui-même) est la condition du passage de l''étape zéro' à la défensive stratégique proprement dite ; en fait, la question d'une véritable mobilisation révolutionnaires dans les masses, permettant une 'réceptivité' aux actions 'hors des clous' de la légalité, sans quoi les 'trois formes' de Guerre populaire de nos théoriciens en herbe restent une activité groupusculaire de 'minorités agissantes' coupées des masses, et contre lesquelles la bourgeoisie pourra même facilement mobiliser dans un sens réactionnaire... Question qui est en fait, tout simplement, celle de l'hégémonie intellectuelle/idéologique/culturelle selon Gramsci, hégémonie qui plus encore que la force armée/policière et la répression pénale, dans un capitalisme suffisamment avancé, est un pilier essentiel de la domination de classe : en fait, c'est le SECRET du 'pourquoi' les masses ne se reconnaissent pas (de manière spontanée, 'immédiate') dans le type d'actions que prône le 'centre mlm', sauf dans quelques parties réduites de l'Europe comme l'Irlande du Nord, le Pays Basque etc., où la conflictualité a de profondes racines historiques. Pour nous, la construction de cette influence idéologique progressiste/révolutionnaire de l'avant-garde sur les masses, condition pour que des actions clairement extra-légales soient 'suivies', est la première tâche essentielle de l'avant-garde en question, à l''étape zéro' (une tâche qui se mène DANS les gramsciluttes de masses telles qu'elles sont, et non du haut d'une 'chaire' internet, les luttes n'étant pas ce qu'elles devraient être).

    La stratégie actuelle du (n)PCI est connue et a été suffisamment abordée sur SLP : à travers leur 'Gouvernement de Bloc Populaire' ou (aujourd'hui) de 'Salut National' (gouvernement de dirigeants syndicaux 'durs' et autres tribuns politiques 'alternatifs'), ils espèrent constituer un 'cadre' dans lequel ce lien pourra se nouer rapidement, dans lequel le Parti pourra facilement et massivement accumuler (et armer) des forces pour l'étape suivante, celle où la bourgeoisie reprendra l'offensive et descendra sur le terrain de la guerre civile : pour nous, ceci est 'trop simple' et donc erroné, sans parler des méthodes pour parvenir à ce fameux gouvernement, qui peuvent laisser effectivement pantois. Mais en tout cas, l'analyse que font à peu près tous les ML et MLM de l'étape actuelle en Italie nous laisse mesurer le chemin à parcourir devant nous, lorsque l'on sait que cet État est beaucoup plus faible que le nôtre (tant dans le champ de la 'société politico-militaire' que de la 'société civile'), déléguant nombre des tâches 'normales' d'un État à d'autres forces (à l’Église et aux organisations mafieuses, principalement).

    5. Vient enfin la prise de conscience : "Nous avons traité dans notre précédente contribution la question des « conditions préalables » à la guerre populaire. Pratiquement, tout élément essentiel au processus révolutionnaire pourrait devenir « condition préalable » : la fondation d’un Parti communiste MLM, ou l’établissement d’un lien aux masses (la préparation de « bases d’appui »), d’une base de masse, ou l’élaboration d’une pensée, et à partir de celle-ci, d’une stratégie, etc.
    Le propre de ces « conditions préalables » est d’être :
    - Légitimes en ce sens qu’il s’agit effectivement de conditions préalables, sans lesquelles le déclenchement de la lutte armée ne serait pas le déclenchement d’une guerre populaire mais le déclenchement d’une lutte armée aventuriste, militariste, opportuniste de gauche
    ".

    Ben oui, ce sont effectivement les conditions essentielles pour sortir de l''étape zéro' des résistances populaires à l'oppression, et passer à la véritable défensive stratégique d'une Guerre populaire planifiée. Un apport indéniable du (n)PCI, là-dessus, au mouvement communiste en Europe (quoi que l'on pense ensuite de leur pratique), est que ces conditions sont en fait, dès lors qu'il y a une crise générale du capitalisme, essentiellement subjectives et qu'elles se construisent (cf. ce que nous disons plus haut) : trop souvent, sur notre continent, les communistes se sont contenté de les 'attendre', sous la forme d'une crise aiguë, économique ou 'de régime', c'est pourquoi ils ont fait du sur-place dans leur lutte et ont fini (principalement dans le cadre des 'Trente Glorieuses') par s'institutionnaliser. Mais de ces conditions indispensables, nos petits donneurs de leçon nous disent qu'elles sont "floues, en ce sens que chacun peu interpréter à quel degré d’achèvement ces conditions doivent être arrivées pour légitimer le déclenchement de la guerre populaire. L’opportunisme de droite utilise ce « flou » pour étendre sans cesse la phase consacrée à la réunion des « conditions préalables » — et donc reporter sans cesse le déclenchement de la guerre populaire. De plus, cela finit par faire des « conditions préalables » des objectifs en soi. Et pour progresser dans la réunion des « conditions préalables », on en vient à faire des choix et développer des pratiques qui, sous couvert de servir la réunion des « conditions préalables » à la guerre populaire, rend le déclenchement de celle-ci encore plus problématique. Par exemple, en invoquant la constitution d’une certaine « base de masse » comme préalable à la guerre populaire, les opportunistes de droite vont développer des pratique qui, certes, peuvent multiplier les connexions du parti dans les masses, mais qui rendent ces connexions inutiles dans une véritable perspective de guerre populaire (parce qu’elles sont toutes bien connues de la police par exemple)"... ben oui, c'est tout le risque de ce qui s'appelle l'opportunisme (le (n)PCI dénonce précisément ce type d'attitude !) ; et en même temps, il faut ces conditions pour pouvoir 'parler sérieusement', et il faut travailler à les construire. L'opportunisme de droite n'a en fait nullement sa source dans leur recherche et leur construction, ni même dans l'attente passive de celles-ci (qui n'est qu'un 'terreau favorable'), il a sa source dans les aspirants néo-bourgeois que génère inévitablement la société capitaliste et qui vont, pour certains, voir dans le militantisme 'révolutionnaire' cette 'voie royale' - les gauchistes façon 'centre mlm' n'en sont qu'une autre version. C'est là une lutte idéologique à mener au sein même du mouvement communiste organisé, en développant la ligne de conduite : 'Servir le Peuple !'.

    Kakashi Rouge2En attendant, c'est sûr que des pseudos comme 'Volodia Gigot' ou 'Toupie-qui-tourne', ça respire, ça 'suinte' (comme dirait l'autre) les gars qui préparent avec tout le sérieux requis la Guerre populaire révolutionnaire... version Armée des Clowns ! 

    Pour le reste, "On ne joue pas avec l’insurrection, on ne joue pas avec la guerre populaire, on ne joue pas à la guerre populaire. La guerre populaire est l’activité centrale de la stratégie révolutionnaire. Tout doit y ramener, tout doit s’y subordonner. Comme disait le PCP : la centralité, c’est le combat. Se prendre en photo avec des armes, dans des poses avantageuses, sur fond de drapeau rouge, multiplier des effets d’annonces et des déclarations de guerre, baptiser « action de guerre populaire » des initiatives qui relèvent de l’agit-prop la plus banale (comme accrocher une banderole ou un drapeau rouge), voire même mener l’une ou l’autre action armée, ce n’est pas encore faire la guerre populaire. Un des caractères de la guerre populaire, c’est qu’elle doit est la pratique centrale des communistes. Un parti qui ne consacrerait qu’une portion minime de son activité, de ses forces, de ses moyens, aux procédés spécifiques de la guerre populaire (le sabotage, le combat de rue et la lutte armée) ne peut être considéré comme menant la guerre populaire"... voilà qui pourrait s'appliquer pleinement, sinon à eux-mêmes, du moins à leurs 'petits maîtres à penser' parisiens, rois de la photo de stickers déposés par leurs soins. Même si l'agit-prop, nous ne disons pas le contraire, c'est important !

    En réalité, il n’y a qu’une SEULE ET UNIQUE universalité de la Guerre populaire : c'est d'être l’action prolongée, consciente et organisée, planifiée (par un Parti révolutionnaire), de négation du capitalisme par le communisme  ; jusqu’à la prise du pouvoir par le prolétariat (et dans ce but assumé, évidemment) – après, c’est la transition socialiste. Ce processus ne peut certes pas se faire sans une part de violence (aucune classe dominante ne se liquidant elle-même ‘gentiment’), encore moins sans une part d’illégalité, puisque la légalité n'exprime rien d'autre que les intérêts de la classe dominante (leur volonté faite loi disait Marx)… mais cela, les marxistes le disent depuis Marx et Engels, même si des révisionnistes l’ont épisodiquement oblitéré : le ‘centre mlm’ n’a franchement pas révolutionné la pensée communiste. Et dans ce processus, rejeter dogmatiquement UNE forme de lutte possible parce qu’elle ne correspondrait pas aux fantasmes de cyber-warriors que l’on se fait de la Guerre populaire, c’est condamner celle-ci à la défaite ! Rejeter ce que le ‘centre mlm’ appelle les ‘clubs de gym’ et les ‘cinéclubs’, c'est-à-dire en réalité les outils de conquête de l’hégémonie intellectuelle par le prolétariat révolutionnaire, c’est carrément catastrophique !!!

    Pour finir, le numéro de 'Clarté rouge' version 'centre mlm' nous sert un entretien avec le PC politico-militaire italien, durement frappé par la répression. C'est un document, effectivement, intéressant : il participe, avec ses points justes et sans doute ses erreurs (nous n'avons pas la prétention de trier les uns des autres), à la décantation/reconstruction du mouvement communiste en Italie, au même titre que le PC maoïste et le (n)PCI et d'autres encore. Le PCPM considère que l'étape actuelle permet le développement d'une forme de lutte armée ; le (n)PCI considère que les formes de lutte de l'étape où nous sommes sont celles exposées dans l'article du 'centre mlm' en lien ; le PCmI prône les luttes économiques et démocratiques 'dures', les occupations, les expropriations et le combat de rue. Tout ceci participe du débat. D'ailleurs, quelles que soient les divergences de vues, lorsque le PCPM est tombé sous les coups de la répression en 2007, il a reçu le soutien... du (n)PCI, des CARC et de Solidarietà Proletaria. Quiconque a approché le mouvement communiste transalpin aura été frappé, au-delà des prises à partie parfois vives, par le très faible sectarisme politique dans la pratique, à des années-lumière du 'centre mlm' et de ses amis internationaux (qui, après avoir constitué une éphémère 'internationale anti-népalaise', se sont ensuite gaiement étripés entre eux).

    servirlepeuple

    [Concrètement, et après mûre réflexion sur cet épineux sujet, nous en sommes venus à la conclusion que :

    - Le (n)PCI a PENSÉ l'Italie, là-dessus il n'y a pas photo, et c'est peut-être la seule grande organisation ML ou maoïste existante à ce jour à l'avoir fait de manière aussi poussée dans ce pays. C'est l'objet de tout un immense chapitre 2 de leur Manifeste Programme que nous avons traduit ; et dont nous avons repris une bonne part dans notre article sur la construction historique de cet État.

    - Mais attention, les conclusions auxquelles ils aboutissent ensuite sont un peu boîteuses : l'idée que le "vrai" pouvoir en Italie ("République pontificale") serait en fait le Vatican et son (bien réel) empire financier ; lui-même pilier essentiel d'une espèce d'"ordre mondial" aux côtés de l'impérialisme US-UE, du sionisme etc. L'Italie est "pensée", sur la base de Gramsci et d'une très sérieuse étude, mais à l'arrivée on a l'impression que la subjectivité des auteurs, anticléricale et "Italie = colonie du Système impérialiste mondial" (raisonnement très présent dans le mouvement communiste révolutionnaire des années 1970), finit par prendre le dessus. Cela revient un peu, en définitive, à nier l’État italien (qui serait finalement "fantoche"), la bourgeoisie italienne et (puisqu'on a parlé de Gramsci) la "société civile" qui les protège.

    - C'est sans doute là qu'il faut voir la source de la "Guerre populaire révolutionnaire" qui devient in concreto électoralisme pour un "Gouvernement de Bloc Populaire" (GBP) jusqu'au soutien au mouvement populiste de Beppe Grillo (qui est une "grogne" de la "société civile" protégeant l’État et la bourgeoisie, mais nullement une rupture avec celle-ci). L'aboutissement logique de cette erreur finale d'analyse étant que, bien que soit affirmé et réaffirmé le contraire dans le Manifeste et par ailleurs, l'étape première de la lutte en Italie serait finalement une révolution démocratique bourgeoise... qui peut tout à fait, du coup, passer par les urnes (et un activisme démocratique et syndical principalement légal). Des sympathisants du P-CARC avec qui nous avons pu discuter, nous ont d'ailleurs confirmé que le GBP serait quelque chose comme un gouvernement "à la Chávez" : les communistes et les "organisations ouvrières et populaires" prendraient, finalement et en quelque sorte, l’État italien ; puisque celui-ci est en dernière analyse "fantoche" ; et le conduiraient à ne plus être "fantoche" et à l'affrontement ouvert avec (donc) le Vatican et le "Système impérialiste" dont il est un pilier. En gros, c'est de cela qu'il s'agit. Et oui... mais NON !]


    Lire aussi à ce sujet :

    Gramsci et la théorie de la Guerre populaire en pays capitaliste très avancé (1ère partie)

    Gramsci et la théorie de la Guerre populaire en pays capitaliste très avancé (2e partie)

    Les bases urbaines du maoïsme
    (PCR Canada, revue Arsenal ; traduction du titre anglais : "Sur la question de la guerre révolutionnaire dans les pays impérialistes")


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