• L'ENQUÊTE, premier devoir d'un révolutionnaire : sur les traces du 'FLNP'


    Le 'FLNP' (Front de Libération Nationale de la Provence) a encore frappé… Après une première action, en janvier, contre une agence immobilière à Garéut ('Garéoult') dans le Val d'Issole (l'engin explosif n'avait pas explosé) ; puis une autre en mars contre une autre agence immobilière à Sant Nàri ('Sanary'), faisant des dégâts matériels légers ; c'est le 6 mai dernier un établissement bancaire de la BNP Paribas (l'un des 'géants' financiers BBR) à Draguignan, la 'capitale' administrative du Var, qui a été visé (la bombe de faible puissance a été désamorcée par les forces de l'ordre bourgeois). Mais surtout, pour la première fois, des tracts de revendications ont été retrouvés sur les lieux de l'attaque, permettant enfin (peut-être) d'en savoir un peu plus sur ce 'mystérieux' groupe. L'un de ces tracts, le jour même des évènements, a été reproduit sur le site de la presse régionale de régime, le 'petit empire' Nice/Corse/Var-Matin. Mais voilà : le texte du tract en question était... flouté ! Comme c'est étrange... Se pourrait-il que ce tract dise quelques vérités qui dérangent, dont le système voudrait 'préserver' des masses populaires 'tellement influençables' ? Le 'petit souci' c'est que sans besoin d'être un grand hacker, il est très facile de déflouter légèrement un floutage informatique (du coup ils ont carrément supprimé la photo du tract... mais trop tard, nous l'avions téléchargée ! ).

    pro.jpgVoici ce que nous avons pu en décrypter :

    « ESPECULAIRE ET TOUT (…) DEFORS ! [Spéculateurs et tous (…) dehors !]

    Notre terre est devenue la colonie des spéculateurs et des nantis en tout genre, colonisation encouragée par l’État français, ses élus et subalternes, (qui ?) nous (…) de notre pays.

    La Provence est la terre des Provençaux, nous n’en revendiquons aucune autre, nous entendons bien la défendre par tous les moyens que nous jugerons nécessaires à la libération de notre pays. Tout Provençal doit passer en priorité sur sa terre, dans tous les domaines, acquérir son logement (…) assurer le bien-être de sa famille et de ses enfants.

    QUICONQUE SE CONDUIT EN PAYS CONQUIS CHEZ NOUS SUBIRA LES CONSÉQUENCES DE SES ACTES, TOUS CEUX QUI N’ONT PAS VOCATION À (rester ?) EN PAYS PROVENÇAL DOIVENT QUITTER SANS DÉLAI NOTRE TERRITOIRE, LES TRAÎTRES ET LES VENDUS À L’ÉTAT FRANÇAIS SERONT PLUS DUREMENT FRAPPÉS. TOUS SONT DÉSORMAIS PRÉVENUS.

    PATRIOTE, rejoins la lutte, rejoins le FLNP, rejoins-nous par tes actions contre l’envahisseur, tu regagneras ta liberté.

    LIBERTA PER NOSTRE POBLE, PER NOSTRO TERRA, PER NOSTRO NACIOUN [Liberté pour notre Peuple, pour notre terre, pour notre Nation]

    AVEN UNO LENGO, UNO CULTURO, UN DRAPEU, UNO IDENTITA, UNO TERRA, UN PAIS, PROUVENÇO TERRA NOSTRO. [Nous avons une langue, une culture, un drapeau, une identité, une terre, un pays ; Provence notre terre]

    OSCO PROUVENÇO – FLNP   [VIVE LA PROVENCE – FLNP] »


    En fin de compte... le communiqué ne dit rien de bien 'spécial'. Il ne permet toujours pas de rattacher les auteurs à une idéologie précise. En fait, le groupe semble sur la ligne du nationalisme corse dont il s'inspire manifestement (ne serait-ce que déjà pour le nom...) ; il se veut sans doute, comme celui-ci, 'rassembleur' en évitant les propos ‘idéologiquement tranchés' – ce qui, à notre sens, est peut-être 'payant' dans l'immédiat mais une erreur à long terme. Pour autant, rien que cela semble déjà intolérable pour le système bourgeois bleu-blanc-rouge et sa presse aux ordres… Quant à l’‘occitanisme de régime’, ces ‘bouffons de la République’ comme il y avait jadis des bouffons du roi (phénomène bien abordé ici), il dit ‘comprendre et partager totalement’ les revendications du FLNP sur la question immobilière (qui, en même temps, affirmerait sérieusement être ‘pour’ la crise du logement ??) mais condamne la ‘violence’, pourtant jusqu’ici ‘zéro morts/zéro blessés’ mais qui ‘pourrait’ en faire selon eux. Comme si la première violence n’était pas celle subie par les familles populaires incapables de trouver un logement décent… et de toute manière, tout révolutionnaire conséquent sait bien qu’il n’y a pas de plus grands terroristes que les États qui nous dirigent (et dirigent le monde).

    Le ‘FLNP’ considère peut-être qu'il faut d'abord 'libérer' la Provence, se séparer de l’État français et ensuite... il y aura une 'démocratie' (bourgeoise) avec une 'droite' et une 'gauche', des élections et des alternances ; simplement, un ‘gouvernement des Provençaux par les Provençaux’ (comment les définit-on d’ailleurs, qui est provençal et qui ne l’est pas ?) serait 'naturellement' plus conforme à 'l'intérêt général' des habitants de la Provence... C'est là une conception fondamentalement erronée, démentie par des dizaines de néo-colonies à travers le monde : si l'on ne pose pas la QUESTION DU POUVOIR, de QUELLE CLASSE DIRIGE (prolétariat à la tête des classes populaires – petits employés, paysans pauvres etc.  ou petite minorité de bourgeois), on ne résout rien comme le disait déjà dans les années 1910 le héros révolutionnaire irlandais James Connolly : "Si dès demain vous chassiez l’Armée anglaise et hissiez le drapeau vert sur le Château de Dublin, à moins que vous ne proclamiez la République socialiste, vos efforts auraient été vains. L’Angleterre continuerait à vous dominer. Elle vous dominerait par l’intermédiaire de ses capitalistes, de ses propriétaires fonciers, de ses financiers, de toutes les institutions commerciales et individualistes qu’elle a plantées dans ce pays et arrosées des larmes de nos mères et du sang de nos martyrs".

    cote_d_azur_ferienhaus.jpgPar 'spéculateurs' il faut très certainement entendre les spéculateurs IMMOBILIERS, et par 'nantis' les grands bourgeois héliotropes ('cherche-soleils') qui infestent la région de leurs résidences secondaires : la 'campagne' actuelle du groupe est en effet essentiellement dirigée contre la PRESSION IMMOBILIÈRE, comme l'attestent les deux premières cibles ; une pression (prix du mètre carré) devenue, dans ce département de Provença, absolument intolérable pour les classes populaires. Ce point avait déjà été abordé, après l'action de Sant Nàri, dans un article du blog 'frère' Sheisau Sorelh à ce sujet.

    Mais, et c'est sans doute là le plus important à souligner, le communiqué de revendication s'en prend clairement à l’État français, 'ses élus et ses subalternes' ('caciques' locaux qui sont un élément structurel de l'organisation sociale occitane sous domination BBR et cadres administratifs, policiers, judiciaires et militaires) et les ‘traîtres et vendus’ à lui, qui sont 'désormais prévenus'. L’État semble ici bien identifié comme l’ENNEMI PRINCIPAL, création et arme de l’oppresseur bourgeois (comme les 'spéculateurs et nantis' en question) ; et non comme un simple 'complice' d'un autre phénomène déplaisant, que l'on pourrait réussir à 'détacher' de celui-ci : pression immobilière, ravages environnementaux ou 'mondialisation marchande' si l'on est sur une ligne 'altermondialiste' ; 'mort du petit commerce', 'racket' du fisc et des radars routiers ou 'immigration incontrôlée' si l'on est sur une ligne poujadiste fascistoïde. C'est là un antagonisme assumé qui est, pour nous, hautement positif ; un antagonisme pour lequel, déjà, une grande majorité de la 'gauche radicale' hexagonale n'a pas de leçons à donner au 'FLNP'. Généralement l'extrême-droite (profondément implantée dans la région, tant le FN que les Identitaires) est profondément respectueuse de l’État, certes ‘corrompu’ par une 'élite mondialiste' mais restant intrinsèquement 'sain' et même 'l'ultime recours' de 'ceux qui n'ont plus rien'. Plus largement, l'extrême-droite rejette les attaques et les dégradations tant contre les 'biens publics' (que l'on 'paye avec nos impôts'), à l'exception peut-être des radars routiers, des agences du fisc ou de l’URSSAF (les 'racketteurs') que surtout  contre la 'propriété privée' – sauf bien sûr lorsqu'elle est 'allogène' : épiceries arabes, kebabs, mosquées voire cimetières musulmans etc., là ‘on peut dévaster’ sans problème ! Et si pour dénoncer la ‘finance mondialisée’ et ‘apatride’ il y a toujours ‘du monde’, l’on trouvera rarement des attaques contre la spéculation immobilière… et pour cause : les cadres politiques d’extrême-droite sont souvent, comme tous bons bourgeois BBR, de ‘jolis’ ‘petits’ propriétaires de ‘parcs’ fonciers !

    Une autre chose qui mérite d'être soulignée, sur ce point, c'est que le communiqué n'évoque à aucun moment des thématiques réactionnaires comme 'l'immigration', 'les étrangers', 'les Arabes' (même comme 'instruments' de l'État français dénoncé), forcément ‘délinquants’ et ‘parasites’, sur un territoire où la question est pourtant 'bien présente' et les propos xénophobes à ce sujet font partie pour ainsi dire du 'fond de l'air'... C'est plutôt positif, car cela serait totalement incompatible avec une démarche de libération révolutionnaire occitane telle que nous la concevons : dans notre Occitanie conçue comme projet révolutionnaire nous affirmons être un Peuple du Nord de la Méditerranée, un 'pont' entre l'Europe et l'Afrique, entre l''Occident' et l''Orient' ; et de toute manière, l'immigration (dont les immigré-e-s et les 'colonies intérieures' eux/elles-mêmes sont les premières victimes) comme le racisme envers celle-ci ne sont que les conséquences de l'impérialisme français dont nous-mêmes, Occitans, avons été les premières victimes sacrificielles et fondatrices voilà 8 siècles. Être raciste fut-ce sur un mode paternaliste  envers les ‘extra-européens’, c’est un ‘reflet dans la pensée’ de l’histoire (et du présent !) impérialiste de la ‘France’ : ÊTRE RACISTE C’EST ÊTRE (idéologiquement) ‘FRANÇAIS’, ce que le FLNP affirme vouloir rejeter.

    En Hexagone l'extrême-droite est généralement tout au plus 'régionaliste' ; l'on ne peut guère citer comme extrême-droite réellement 'séparatiste' (qui attaquerait l'appartenance à l'État français dans ses tracts) qu'Adsav en Bretagne et sans doute quelques courants néo-nazis alsaciens... ces forces ne manquant jamais de pointer du doigt "l'immigration-colonisation" comme "arme de l'État français jacobino-mondialiste". Mais ces thèses d'"ethnocide immigrationniste" développées par ces groupes (ainsi que parfois par certains courants en Corse) sont absurdes et ne tiennent pas la route : pourquoi l’État français voudrait-il remplacer les Provençaux (et les Occitans en général), les Bretons ou les Corses par une population réputée encore moins gérable, dont on sait pertinemment (et l'on voit tous les jours) qu'elle nécessite une mobilisation policière permanente, et non (tout simplement) par de bonnes petites classes moyennes du Bassin parisien qui ne demandent que cela vivre et travailler (ou passer leur retraite) au soleil ? Ce qui est d'ailleurs le cas et que (précisément) combat le FLNP – mais ce n'est pas non plus véritablement une "politique de peuplement" pour "faire disparaître" la population locale ; plutôt une logique capitaliste d'exploitation d'un marché (celui de "l'immobilier au soleil") au détriment des besoins populaires locaux et que l’État (instrument de domination du Capital) protège comme tous les "marchés" capitalistes... La vérité c'est qu'entre 1945 et les années 1980 a été "importée" de la force de travail des anciennes colonies françaises (ou des 'DOM-TOM') pour les besoins du capitalisme français, phénomène concernant tout l'Hexagone, parce que la force de travail hexagonale n'était pas suffisante et/ou pas assez facilement exploitable par rapport à ces besoins. De fil en aiguille, ces travailleurs ont fait souche dans des quartiers transformés en ghettos ("quartiers sensibles") où ils ont eu des enfants et maintenant des petits-enfants, qui sont maintenant l'essentiel des "Arabes" et des "Noirs" présents en Occitanie comme ailleurs. Aujourd'hui il y a toujours des personnes qui veulent immigrer sur le territoire de l’État français, certaines y parviennent mais la position de l’État est qu'elles ne sont pas les bienvenues "étrange" : pourquoi n'en "remplirait"-il pas ces territoires dont il veut supposément voire "disparaître" la population autochtone, au lieu de leur donner la chasse avec des moyens policiers impressionnants ? Il n'y a pas de "politique" française visant à faire "coloniser" nos pays par des extra-européens ; et les immigrés-et-descendants sont tout ce que l'on voudra sauf la cause des problèmes de nos Peuples. Aller sur ce terrain-là c'est déjà avoir rendu les armes face à l’État français et au capitalisme bleu-blanc-rouge sous direction parisienne (dont il est l'instrument de domination).

    provence_libre.jpgNous en sommes encore (nous aussi !) au stade de l'enquête, sans laquelle pas de droit à la parole ; mais pour l'instant les premiers éléments sur le 'FLNP' semblent plutôt positifs - en tout cas pas rédhibitoires, pas de 'carton rouge' a priori. Peut-être que le FLNP – là encore sur une ‘ligne corse’ – prône pour une ‘communauté de destin’ : ‘indigènes métropolitains’, Maghrébins et autres Comoriens, soyez ‘provençaux de cœur’ et il n’y aura pas de problème ! Malheureusement c’est là une vision totalement idéaliste des choses, qui sont beaucoup plus compliquées : les ‘immigrés’ et leurs descendants, en Hexagone, sont les ‘ambassadeurs’ d’un autre cercle de l’Empire BBR ; les ‘Méridionaux’ plus anciennement ‘avalés’ par la construction étatique et impériale, plus ‘proches du Centre’, sont ‘au-dessus’ des immigrés-et-descendants dans l’‘échelle des valeurs sociales’ ; et cela ne peut pas plus être résolu par un simple ‘appel’ à ‘se sentir provençaux’… que par un simple ‘appel’ à ‘se sentir français’ !

    Le gros 'point noir' du communiqué, pour terminer, c'est son côté 'provençaliste' : écrit (pour les passages en occitan provençal) dans la graphie de Mistral, affichant en en-tête les couleurs sang et or de la région (sans aucun symbole idéologique distinctif), il ne fait nulle part mention de l'occitanité de la Provence, encore moins de sa méditerranéité ; il n'inscrit aucunement les problématiques strictement provençales (voire strictement varoises) dans la vaste question méridionale de l'Hexagone en général ; il n'évoque à aucun moment les grandes luttes populaires radicales en 'Espagne' proche ou en Italie pourtant voisine, ni au Maghreb dont les ports de Marseille et Toulon sont la 'porte'. Il n'intègre pas la dimension occitane qui seule, selon nous, est potentiellement révolutionnaire (sans l'être automatiquement). Il n'est pas question pour nous (c'est évident) d'imposer un quelconque 'jacobinisme occitan', de 'dupliquer' sur notre terre le 'rouleau égalisateur' que nous a imposé l'État français depuis 3 ou 4 siècles ; nous respectons et respecterons toujours les différentes variantes dialectales et les cultures populaires régionales de nostra Occitània. Mais historiquement, les courants qui cherchent à 'démembrer' régionalement l'Occitanie en ‘insistant’ sur sa diversité régionale (Provence, Auvergne, Béarn etc.) sont plutôt du côté de la réaction, ou alors finissent par y tomber tôt ou tard…

    De même la référence à 'l'identité', sans plus de précisions, peut être inquiétante... Pour nous, l''identité' en soi, cela ne veut rien dire sinon semer le plus grand confusionnisme de classe et idéologique. 'Identité', de la même racine latine que ‘identique’, n'a de sens qu'entendu comme ensemble d'êtres humains unis par 1°/ un même cadre POLITIQUE, 2°/ un même cadre ÉCONOMIQUE (communauté de vie productive, avec un mode de production principal), 3°/ un même cadre CULTUREL et IDÉOLOGIQUE : langue commune, culture commune (en tout cas commune au niveau de chaque classe de l'organisation sociale), 'sentiment' de commune appartenance, 4°/ éventuellement un projet historique commun. En Provence, le cadre politique a été le comté de Provence, catalan (puis aragonais) à partir du 11e siècle, puis passant aux ducs d'Anjou (frères cadets des rois capétiens de 'France') au 13e siècle avant d'être définitivement rattaché à la couronne en 1480. Le mode de production principal était alors FÉODAL, 'chapeautant' une économie 'holiste' communautaire-patriarcale dans les campagnes tandis que dans les centres urbains le capitalisme était déjà en développement assez avancé. La Provence a gardé une certaine 'identité' politique comme province (généralité, gouvernement militaire et ressort de parlement) sous l'absolutisme, tandis que le capitalisme se développait et 'balayait' petit à petit la féodalité. Puis, pour les Provençaux comme pour les autres 'Hexagonaux', la 'France', la 'Patrie française' avec son drapeau bleu-blanc-rouge, a été de 1789 jusqu'en 1871 (environ) le 'cadre' politique et idéologique de la révolution bourgeoise (comme projet historique) jusque dans sa plus extrême radicalité démocratique (1793-94, 1848, 1870-71), mais 'butant' et 'trébuchant' toujours au seuil de la révolution prolétarienne ; ainsi que le 'cadre' économique de la révolution industrielle ; et du coup... 'naturellement' le 'cadre' de la contre-révolution, des tentatives de barrer la route à cela : c'est ainsi que le poète-écrivain Frédéric Mistral, 'père' du provençalisme et plutôt du côté de la contre-révolution [1], pouvait dire "nous les Provençaux sommes de la grande France, franchement et loyalement" ("li Provençau, flamo unanimo, sian de la grande Franço, e ni court ni coustié"). Charles Maurras de Martegue (‘Martigues’), ‘fils spirituel’ de Mistral sur le plan culturel, ne dira pas autre chose quelques années plus tard. Culturellement et idéologiquement, les classes ‘supérieures’ ont à travers ces siècles globalement ‘fusionné’ avec leurs homologues hexagonales pour former les ‘honnêtes gens’, les ‘bons français’. La culture provençale a subsisté au niveau populaire, dans la 'ruralité' et dans la classe ouvrière naissante que celle-ci ira alimenter tout au long des 18e et 19e siècles (chant emblématique de l'Occitanie révolutionnaire, la Libertat verra le jour lors de la Commune de Marseille en 1871) ; puis, à partir de la fin du 19e siècle, elle subira elle aussi le 'rouleau compresseur' d'une idéologie BBR au stade des monopoles - l'on apprit alors à 'parler français et être propres'... Lorsque par trois fois (aux dates ci-dessus) la bourgeoisie eût écrasé la plus petite tentative d’affirmation autonome du Peuple travailleur, et qu’elle fût entrée concomitamment dans la première crise générale du capitalisme, alors la Provence (‘Midi rouge’ à l’époque), l’Hexagone et l’humanité entière entrèrent dans l’ère de la révolution prolétarienne ; et il n’y eut plus aucun ‘projet historique commun’, donc plus aucune ‘identité’ entre les masses populaires et leurs exploiteurs : la ‘croisade’ du FLNP contre la spéculation immobilière n’exprime pas autre chose que cet antagonisme d’intérêts inconciliables. Aujourd'hui, donc, l''identité' provençale/occitane est (en soi et encore plus pour soi, ‘consciemment’) bien mal en point : elle ne peut être que RESSUSCITÉE et cela n'est possible qu'à travers 1°/ un État révolutionnaire socialiste, fédération de Communes populaires, comme cadre politique, 2°/ une économie socialiste, collectiviste, mettant les travailleurs au poste de commandement et pavant la voie vers le communisme, comme cadre économique, 3°/ la transition révolutionnaire socialiste vers le communisme, la Révolution prolétarienne mondiale comme projet historique commun (relié à l’humanité entière !), 4°/ une culture populaire révolutionnaire provençale/occitane de type nouveau, mettant 'l'ancien au service du nouveau' (notamment la fonction de pont sur la Méditerranée qu'avait l'Occitanie indépendante du Moyen-Âge !) mais tournée vers l'avenir communiste, et non vers un 'folklore' du passé. Bref, cela n’est possible qu’à travers un projet révolutionnaire. Faute de saisir cela, le FLNP reste encore très largement sur une ligne nationaliste petite-bourgeoise ‘à la corse’, ligne qui a précisément conduit dans l’ornière la LLN de ce pays, dont il semble manifestement s’inspirer[2].

    Il est évident que si le 'FLNP' se révélait finalement être un groupe nauséabond, d'idéologie identitaire réactionnaire/fasciste, peut-être des 'dissidents' du Bloc identitaire local (forcément des dissidents, car le BI lui-même ne commettrait jamais de tels actes contre la sacro-sainte 'propriété privée'… ‘blanche et européenne’), toute l''extrême-gauche' BBR jacobinarde se ferait un plaisir de nous tomber dessus à bras raccourcis, 'coupables' que nous serions d'avoir 'pactisé' avec la 'bête immonde'... SAUF QUE nous serions les SEULS à avoir ENQUÊTÉ, à avoir cherché à savoir et à comprendre au lieu d'attendre bien sagement que... LES FLICS, les gardiens du Capital, fassent leur boulot pour se livrer ensuite à la curée sur les 'régionalistes fascisants'. Et sauf que (peut-être), lorsque des millions de personnes ayant les toutes les raisons du monde de faire la révolution (comme la pression immobilière par exemple !) 'préfèrent' tomber dans les bras idéologiques de l'extrême-droite... l''extrême-gauche' hexagonale ferait bien de commencer par se poser des questions sur elle-même ! À bon entendeur...

    Si, au contraire, le FLNP s’alimente d’une conception du monde ‘progressiste-révolutionnaire’, c’est alors la critique ‘classique’ du militarisme, de l’ultra-avant-gardisme armé qui doit s’exprimer : le FLNP doit parvenir à soulever, à se lier avec et à diriger un grand mouvement de masse contre (ne serait-ce que) cette pression immobilière dont il fait le cœur de son combat et qui ravage effectivement la Provence littorale ; sans quoi il restera une petite ‘minorité agissante’ coupée des grandes masses – qui seules font l’histoire. Rappelons-nous que même un mouvement aussi formidable que le mouvement socialiste-révolutionnaire de libération basque a connu cette dérive tragique pour son volet armé ; tandis que le volet ‘légal’ (illégalisé en 2002, mais bon...) se diluait dans une ‘gauche abertzale’ aux vagues contours ‘national-altermondialistes’…

    Pour le moment, wait and see...


    big provence flag

    [1] La réalité de la pensée politique mistralienne serait cependant beaucoup plus complexe... et le conservatisme catholique-royaliste anti-1789 ou le nationalisme réactionnaire avec ses 'petites patries' (comme la Provence) dans la 'Grande' (française) seraient plus le fait de ses 'continuateurs' comme Maurras ou Léon Daudet que de l'intéressé lui-même. Une complexité de parcours politique qui expliquerait la présence dans le Félibrige (dont Mistral revendiquait farouchement l'apolitisme) d'autant sinon plus de 'rouges' (républicains 'radicaux', socialistes ou socialisants et anticléricaux mais hostiles aux centralisme 'français' de Paris) que de 'blancs' nostalgiques (opportunistes) de l'Ancien Régime et des ses 'libres' provinces...

    [2] Rien d’étonnant, en fait, à cela ; car le Var a une ‘morphologie sociale’ et des ‘problématiques’ très comparables à celles de la Corse.

     

    À lire aussi (sans que cela ne veuille dire que nous partageons tout le propos) :

    http://7seizh.info/2013/05/13/front-de-liberation-nationale-de-la-provence-flnp-le-point-de-vue-diniciativa-per-occitania/

     

    Une série d’actions armées, qui n’ont fait aucune victime, vient d’un nouveau groupe clandestin: le Front de Libération Nationale de la Provence ou FLNP. Cette organisation a attaqué deux agences immobilières (Garéoult, 21.1.2013; Sanary-sur-mer, 23.3.2013) et une banque (Draguignan, 6.5.2013). Elle a laissé sur place des tags et des tracts qui revendiquent une “Provence libre” et qui dénoncent la spéculation immobilière.

    Iniciativa per Occitània, le laboratoire politique, prend les positions suivantes :

    1. En Provence comme dans le reste de l’Occitanie, il est légitime de se révolter contre la spéculation immobilière parce qu’elle prive les classes populaires de l’accès au logement et parce qu’elle dévaste l’environnement.

    2. La spéculation immobilière est encouragée par l’État français basé à Paris, par certains patrons sans scrupules et par l’absence d’un pouvoir politique proche des citoyens, en Occitanie en général et en Provence en particulier.

    3. Il est légitime de faire obstacle sur le terrain aux spéculateurs immobiliers et à l’État français centraliste. Pour ce faire, Iniciativa per Occitània préconise l’action politique ouverte, aux yeux de tous, non agressive, dans l’espace public.

    4. Iniciativa per Occitània ne croit pas en l’action armée clandestine, essentiellement parce qu’elle risque de provoquer des blessures chez des personnes innocentes. Les passants, les clients et les travailleurs salariés qui se trouvent dans les banques et les agences immobilières ne sont pas les responsables de la spéculation immobilière. Il faut garantir leur intégrité physique.

    5. Iniciativa per Occitània, sans approuver la méthode, comprend le sentiment de révolte et de désespoir qui a pu conduire à la création du FLNP. Et nous insistons sur le fait que les responsables ultimes du problème qui se pose, en tout cas, restent les spéculateurs immobiliers et l’État français centraliste.

    6. Iniciativa per Occitània dénonce les médias en langue française qui ont retenu l’information à propos du FLNP : ils ont cité le sigle “FLNP” sans expliquer ce qu’il signifie, ou bien ont publié une photo brouillée d’un tract du FLNP qui empêche de le lire en entier. Les citoyens d’Occitanie, et de Provence en particulier, ont le droit de savoir tout ce qui se passe pour se forger leur propre opinion.

    7. Nous souhaitons savoir exactement quelles sont les motivations politiques et idéologiques du FLNP, qui demeurent, à l’heure actuelle, peu connues.

    8. Iniciativa per Occitània rappelle, en tout cas, qu’une lutte de libération nationale doit se mener en cherchant une large adhésion populaire, à l’échelle de toute l’Occitanie, et que la Provence est une partie de la Nation occitane.

    Occitània liura!
    Free Occitània!

    Lo 12 de mai de 2013
    INICIATIVA PER OCCITÀNIA

     


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