• L'anticapitalisme romantique et le fascisme ne font-ils qu'un ?


    Nous serions tentés de dire que non. 

    La nostalgie mélenchonienne d'un on-sait-plus-trop-quand où "c'était mieux" socialement, est un anticapitalisme romantique. Dans une large mesure, l'anarchisme, le zadisme, l'altermondialisme sont des anticapitalismes romantiques. Même la volonté de "créer son propre emploi" et peut-être "devenir riche" ainsi (au cœur de l'idéologie Macron) est une forme d'anticapitalisme romantique, en tout cas de volonté de revenir à un capitalisme "originel" où "tout était possible", avant que la "bureaucratie" au service des "installés" ne verrouille tout.

    Tout ce qui n'est pas matérialiste, scientifique, est un anticapitalisme romantique. 

    Le fascisme devrait donc peut-être se limiter à désigner la portion de l'anticapitalisme romantique captée par le capitalisme dans une mobilisation réactionnaire de masse pour surmonter sa propre crise.

    Et donc du coup, est-ce que les islamismes, qui ont sans le moindre doute cette dimension anticapitaliste romantique (quelque part, une sorte de longue chouannerie -  qui va bientôt fêter son centenaire - face à la "modernité" impérialiste...), seraient "semblables" aux fascismes mais "hors du contexte de pays impérialistes" ? 

    Il est sans doute possible de le dire, MAIS "hors du contexte de pays impérialistes" est justement ce qui fait toute la différence... Ou plutôt, en fait, va s'appliquer la même règle : sera, en un sens, "fasciste" ce qui sera mis par l'impérialisme à son service ; ou au service d'un projet expansionniste comme le "Califat" de Daesh ou le nouvel Empire ottoman d'Erdogan. Mais clairement, pas ce qui est une résistance "anticapitaliste romantique" nationale CONTRE l'impérialisme (c'est là que se situe toute la différence).

    Il est de toute façon impossible d'être dans un combat nationaliste bourgeois ("laïc" ou religieux, mais non-communiste) sans merci, et encore moins dans une démarche expansionniste comme la Turquie ottomaniste d'Erdogan ou le "Califat" de Daesh, sans présenter d'évidents caractères qualifiables de "fascistes" et notamment "anticapitalistes romantiques", anti-individualistes, de soumission sacrificielle de l'individu à la communauté (nationale ou religieuse), sans parler de la violence antipopulaire. De toute façon, pour la majorité de la gaugauche occidentale, si l'objectif est communiste, alors ce ne sera pas fasciste mais "stalinien"... Ou alors il faut délibérément organiser un "spectacle-emballage" dans le but explicite de plaire à cette gauche, et ça s'appelle le PKK-PYD-YPG/J (ou l'EZLN). 

    Le problème est de toute façon toujours le même, à savoir d'avoir une lecture non pas "religieuse" (faite de totems et tabous, basée sur l'apparence et non l'essence) mais POLITIQUE (d'ÉCONOMIE POLITIQUE) des choses : classes en présence, analyse de classe du phénomène considéré, analyse de classe de ce qu'il affronte, rapports de force, contexte actuel et historique, etc.

    Lire aussi : http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/en-gros-a130231220


  • Commentaires

    2
    Mardi 27 Février 2018 à 09:26

    Il y a déjà eu une longue discussion sur les rézosocios à ce sujet.

    SLP a défini il y a quelques années le fascisme comme une insurrection du capitalisme contre sa propre crise générale, ce qui est peut-être finalement la meilleure définition qu'on puisse trouver. C'est là que peuvent se situer, dans la mobilisation de masse, les discours 'anticapitalistes' au seul sens de capitalisme en crise, ou anti 'bourgeois' au sens de 'vie commode', rejetée pour 'reviriliser' le système.

    Sinon économiquement je dirais que le fascisme est 'théorie du ruissellement' : 'si l'entreprise va bien, le salarié va bien'. Et de là, pragmatique. Insurrection du capitalisme contre sa propre crise, mais le diagnostic sur cette crise peut différer : dans les années 20-30, c'était plutôt 'trop de laisser faire', alors que dans la nouvelle crise depuis les années 70, c'est de façon dominante 'trop d'État' (dans l'économie).

    1
    GuilhèmCamisard
    Lundi 26 Février 2018 à 18:12

    Le fascisme est il toujours un anticapitalisme romantique? Pas sur. Là ou l'hitlérisme ou le fascisme mussolinien ("l'original") tire effectivement son idéologie de l'anticapitalisme romantique (en faisant ensuite passer la privatisation pour du socialisme parce que "on a socialisé les hommes"), les fascismes plus récents ont l'air plus ancrés dans le libéralisme (fascisation des pays occidentaux, Pinochet qui était ouvertement pro école de Chicago)

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