• L'anti-"stalinisme" est un racisme "de gauche"


    Trouvé sur la Toile, un petit bijou qui, sans partager à 200% tous les points de vue de l'auteur, résume fondamentalement ce que peut être notre point de vue.

    ATTENTION cependant : du fait de la position (en réalité) d'"entre-deux" qu'a occupée historiquement l'URSS de Staline comme après ; et (surtout) de l'héritage "moyen" laissé par la plupart des mouvements communistes "staliniens" (marxistes-léninistes) occidentaux en la matière ; il existe également beaucoup de gens qui vont se réclamer de Staline (marxistes-léninistes), ou même "maoïstes", tout en partageant beaucoup des travers dénoncés ici (certes pas, évidemment, sous la forme caricaturale des délégués du Congrès de Stuttgart ; voire, carrément sous la forme d'un soi-disant "anti-impérialisme" mais dont les choix, les "tris" dans les forces à soutenir - on l'a vu notamment et très clairement avec Rojava - ou encore l'attitude face à la "preuve par la Palestine", vont toujours être déterminés le plus "conformément" possible à leurs intérêts occidentaux).

    Tandis que de leur côté, certains courants trotskystes, notamment d'inspiration cliffiste (Tony Cliff est cité dans le texte pour quelques aberrations proférées dans les années 1950), s'en sont assez fortement éloignés.


    https://www.theorientaldespot.com/article/antistalinism1

    https://www.theorientaldespot.com/article/antistalinism2

    Jay Tharappel (militant anti-impérialiste et doctorant en droits humains et développement à l'Université de Sidney)

    Pourquoi tant de personnes à "gauche" poussent-elles des cris d'horreur, et hurlent-elles au "stalinisme" dès qu'elles entendent quoi que ce soit de positif au sujet de l'URSS, de la Chine ou de n'importe quel pays où un Parti communiste a pris le pouvoir dans l'histoire ? Pourquoi cet "anti-stalinisme" domine-t-il la "gauche" uniquement dans les pays ayant une histoire de colonisateurs ? "Gauche avec des caractéristiques impérialistes" ? La "gauche impériale" peut-être ? Ce dernier terme recouvre sans doute quelque chose de beaucoup plus large. Nous nous concentrerons ici sur la substance géopolitique de l'"anti-stalinisme".

    L'objectif en soulevant de telles questions n'est pas de suggérer que critiquer Joseph Staline serait par nature raciste (ça ne l'est évidemment pas), mais plutôt de montrer que la politique de croisade "anti-stalinienne" conduite par un certain nombre de militants "de gauche" est raciste car elle nie le rôle historique progressiste qu'a pu jouer l'URSS dans la lutte contre le colonialisme, qui est le fondement économique sur lequel le racisme moderne s'est développé.

    Qu'est-ce que le racisme ?

    Le racisme ne se réduit pas à être un instrument du Capital pour diviser les travailleurs (ce qui est la définition dominante que lui donne le gauche du "Premier Monde", occidentale, "développée"). Il est aussi (et avant tout) une arme idéologique employée par les puissances impérialistes pour façonner ce que leurs citoyens pensent des autres nations en accord avec leurs stratégie géopolitique.

    Pour comprendre ce que cela signifie, il est possible de se référer à Edward Said au sujet de l'"orientalisme", ou de regarder Hollywood et les Arabes, un documentaire basé sur l'ouvrage de l'écrivain libanais Jack Shaheen et qui montre comment le portrait négatif des Arabes par Hollywood est motivé par intérêts géopolitiques.

    Affirmer, ainsi, sans recul critique que l'anti-stalinisme est sans rapport avec la politique étrangère anti-soviétique/anti-russe des États-Unis et de leurs alliés au cours du siècle écoulé est tout simplement candide. Il y a deux ans, les États-Unis ont ni plus ni moins qu'opposé leur veto à une résolution des Nations Unies, proposées par la Russie et... condamnant le nazisme.

    Cette même année, un documentaire intitulé Apocalypse affirmait que parce que Joseph Staline était géorgien, "son état d'esprit était proche de celui d'un despote oriental", ce qui est une bien curieuse accusation au moment même où la Russie est accusée de soutenir un "despote oriental" en Syrie, aussi bien par les médias occidentaux mainstream que par les "anti-staliniens" [nous ne partageons pas le parti-pris pro-Assad et pro-Poutine de l'auteur dans le texte, mais ce n'est pas le sujet ici ; l'essentiel du propos n'en reste pas moins tout à fait vrai].

    Pour justifier leurs entreprises impériales, les cultures colonisatrices produisent deux sortes de racisme ; l'un qui justifie les conquêtes au nom de l'intérêt national sans fard, et l'autre qui les justifie en prétendant "civiliser" les peuples conquis et les "sauver" de "despotes", et autres "horribles dictateurs" (le complexe du sauveur). L'"anti-stalinisme" rejoint la deuxième catégorie, au sens où il encourage ses supporteurs à penser qu'il y a "le peuple" d'un côté et "un dictateur" de l'autre... Mais de quel "peuple" est-il question au juste ?

    Dans le conflit syrien, les anti-staliniens actuels soutiennent le renversement du gouvernement d'Assad au nom "du peuple", tout en affirmant également être opposés aux milices armées qui sont la réalité de ce peuple dans cette tentative de renversement.

    "Le peuple" qui "se soulève" contre un "terrible dictateur" pour demander "la liberté et la démocratie" est devenu la rengaine "anti-stalinienne" au cours de la dernière décennie, accompagnée de toute une imagerie de mobilisations de pauvres victimes opprimées maltraitées, pour les soumettre, par un méchant de dessin animé, "oppresseur", "brutal tyran", qu'il s'agisse de Staline, Mao, Kadhafi ou Assad [on pourrait encore ajouter Maduro, voire, loin pourtant d'être notre ami et celui de nos camarades là-bas, Erdogan...] – reproductions à l'infini de la caricature "stalinienne" projetée par les "anti-staliniens".

    Encore une fois, considérer sans recul critique que que l'anti-stalinisme est déconnecté d'une politique étrangère occidentale agressive est pour le moins naïf ; et oublier que le racisme est une hiérarchie basée sur une longue histoire d'agressions coloniales est anhistorique. Cette incapacité à penser de manière logique et conséquente est la raison pour laquelle les "anti-staliniens" (ceci inclut les anarchistes) oublient souvent leur privilège de vivre dans un pays qui n'est pas menacé par d'autres.

    Les nations dominantes peuvent en effet se permettre d'être libérales, en particulier si elles ne sont pas menacées par de puissants ennemis ; tandis que les pays soumis à une telle menace ne peuvent pas s'offrir le luxe d'adhérer aux standards "libéraux" permis par une place privilégiée dans l'arène mondiale.

    C'est peut-être là une pilule difficile à avaler, mais beaucoup des "libertés démocratiques" que les "anti-staliniens" tiennent pour acquises dans leurs pays sont le résultat de toute une histoire de domination coloniale au dehors, et non dûes uniquement aux luttes démocratiques et sociales intérieures. Héritière de la mémoire d'une culture coloniale arrogante, la "gauche" du "Premier Monde" a généralement la plus faible mémoire historique d'avoir combattu une domination étrangère, comparé aux pays socialistes et postcoloniaux auxquels des niveaux extrêmes de violence génocidaire ont été infligés tout au long des derniers siècles.

    Le discours dominant sur la Seconde Guerre mondiale : "démocratie" contre "totalitarisme"

    Les 27 millions de citoyens soviétiques tombés en martyrs dans la lutte contre l'Axe fasciste dirigé par l'Allemagne nazie, n'ont pas seulement résisté à la plus génocidaire des guerres d'agression coloniales de tous les temps : ils l'ont littéralement taillée en pièces.

    Ceci a été la plus décisive de toutes les luttes anticoloniales dans l'histoire de l'humanité. Pour autant, si votre immersion dans l'univers du marxisme s'est faite à travers le culte de l'"anti-stalinisme", il y a de fortes chances que vous l'ignoriez ; et ceci, parce que l'"anti-stalinisme" émerge d'une culture politique qui minimise ce fait et réduit la Seconde Guerre mondiale à une lutte entre "démocratie" et "totalitarisme", dans laquelle les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France ont affronté les plans agressifs à la fois de l'Allemagne nazie et de l'URSS, et les ont défaits l'un après l'autre en répandant la "démocratie" sur la planète.

    Cette dichotomie, créée de toute pièce par les intérêts anglo-américains durant la Guerre froide, plonge en réalité ses racines dans l'"anti-stalinisme" "de gauche".

    Le terme de "totalitarisme" a été employé à l'origine par Mussolini, pour décrire favorablement l'ordre fasciste qu'il souhaitait établir en Italie. Comment, dès lors, a-t-il pu finir par devenir l'épithète favori de l'anti-stalinisme pour attaquer l'URSS et Staline ?

    C'est Léon Trotsky qui, en 1936, l'utilise trois fois dans son ouvrage La Révolution trahie pour attaquer l'URSS ; faisant de lui l'invective favorite de l'arsenal idéologique "anti-stalinien" depuis lors.

    Deux ans plus tard, en 1938, Winston Churchill utilisera le terme d'"État totalitaire" pour faire référence à "une tyrannie national-socialiste ou communiste", avant de devenir Premier ministre du Royaume-Uni durant la Seconde Guerre mondiale. C'était juste après que ce pays ait donné son feu vert à l'invasion conjointe allemande, polonaise et hongroise de la Tchécoslovaquie, mieux connue comme la trahison de Munich, qui aux yeux de Staline pouvait sembler une volonté des Britanniques d'encourager la marche d'Hitler vers l'Est, en l'amenant aussi près des frontières soviétiques.

    [Là dessus : Un-autre-recit-des-accords-de-Munich.pdf - il-y-a-75-ans-le-pacte-germano-sovietique-pour-tenter-de-clarifier]

    Suivant les enseignements de Trotsky, le théoricien "anti-stalinien" Tony Cliff dans son ouvrage La Russie stalinienne (1955) affirmait que "le programme le plus probable de l'opposition à Staline" consistait à "établir une démocratie socialiste" ; et à quelle opposition faisait-il référence ? Selon ses propres mots, "le mouvement de Vlassov et l'Armée insurectionnelle ukrainienne (UPA)"... deux milices ayant collaboré avec l'invasion nazie de l'URSS, la dernière complice des massacres de Volhynie contre les Polonais et les Juifs. Cliff cite ces collaborateurs fascistes favorablement, suggérant que leur programme était "progressiste" comparé au "totalitarisme stalinien", terminologie qu'utilisaient aussi les dits collabos.

    Le mot "totalitaire" est utile car il veut tout dire et rien dire à la fois. Il est la clé qui ouvre toutes les portes, et la porte ouverte par toutes les clés.

    Oui, c'est vrai, l'Allemagne nazie et l'URSS avaient toutes deux des défilés militaires au "pas de l'oie", des cultes de la personnalité, de la propagande du parti unique dirigeant, un affichage de leur puissance militaire... Mais ceci en fait-il la même chose en essence ?

    L'URSS faisait parmi ses citoyens la promotion d'un sens de la fierté d'être en train d'œuvrer à un monde socialiste d'égalité raciale libre de colonialisme et de guerre. En face, les patriotismes anglais et américain, français et allemand étaient imprégnés d'une longue histoire de justification du colonialisme et des conquêtes sur la base d'une supériorité raciale auto-proclamée.

    Si l'Armée Rouge avait perdu la guerre, le colonialisme se serait poursuivi indéfiniment

    La grande difficulté dans l'évaluation d'un évènement historique, est l'impossibilité par définition de savoir réellement ce qu'il serait advenu s'il ne s'était pas produit.

    Pour autant, si l'on étudie l'histoire du colonialisme européen, il ne fait guère de doute qu'une défaite soviétique et chinoise dans la Seconde Guerre mondiale aurait ouvert un chapitre extrêmement sombre de l'histoire de l'humanité.

    Que serait-il réellement arrivé si l'Armée Rouge avait perdu la guerre ? La seule réponse plausible est, clairement, une poursuite du colonialisme ; pour la raison évidente qu'une puissance explicitement anticolonialiste, l'URSS, aurait été non seulement vaincue mais colonisée elle-même.

    La "suprématie blanche" de l'Allemagne nazie n'était pas seulement du "nationalisme sous stéroïdes", comme certains à "gauche" l'affirment erronément. Elle était, en réalité, un appel à la solidarité entre puissances coloniales mondiales ; une offensive de soft power allemand dans le but de convaincre la Grande-Bretagne, la France et les peuples de colons anglo-saxons que parce qu'ils appartenaient tous à la "race des seigneurs", ils ne devaient pas seulement préserver mais pousser en avant leurs ambitions coloniales aux dépens des "races inférieures" à travers l'Asie, l'Afrique et l'Amérique latine.

    Les puissances de l'Axe, Allemagne, Italie et Japon, voulaient se tailler leurs colonies en Afrique et en Eurasie et pour cela voulaient que les puissances anglaise et française acceptent leurs ambitions. Sans surprise, les Britanniques et les Américains étaient relativement blasés devant les projets allemands d'agression de l'URSS.

    Au début de la guerre, Lord Halifax, le grand architecte britannique de la trahison de Munich, avait prédit que l'Armée Rouge serait "liquidée en 8 ou 10 semaines" ; tandis que le sénateur (et futur président) américain Truman était encore plus bassement cynique, affirmant que "si nous voyons que l'Allemagne est en train de gagner, nous devons aider les Russes, et si les Russes sont en train de gagner, nous devrons aider l'Allemagne et ainsi les laisser s'entretuer le plus possible".

    C'est le colonialisme qui a offert au capitalisme les conditions pour se développer, et pas autre chose. La révolution industrielle commencée en Grande-Bretagne, avant de se diffuser à toute l'Europe du Nord-Ouest, reposait totalement sur la fourniture de matières premières bon marché par les Amériques, l'Afrique et l'Inde.

    C'est là quelque chose que Hitler comprenait très bien lorsqu'il disait que "la prospérité de la Grande-Bretagne est le résultat, moins d'une organisation commerciale parfaite, que de l'exploitation capitaliste des 350 millions d'esclaves indiens", et que les Britanniques "savent très bien que c'est de la possession de l'Inde que l'existence de leur Empire tout entier dépend".

    Il disait cela, car il était le représentant des intérêts d'une Allemagne capitaliste furieuse de la perte de son Empire colonial à l'issue de la Première Guerre mondiale. L'une des principales raisons stratégiques pour laquelle l'Allemagne avait perdu ce premier conflit, était que les Britanniques lui avaient imposé un blocus naval à l'origine de centaines de milliers de morts par malnutrition.

    Après qu'elle ait été dépouillée de ses colonies à l'issue de la guerre, l'Allemagne a vu sa monnaie s'effondrer ; et elle a alors développé de nouvelles ambitions voyant dans l'URSS, en particulier les riches terres agricoles d'Ukraine, et la ville portuaire de Bakou en Azerbaïdjan qui produisait en 1900 la moitié du pétrole mondial, les nouvelles colonies qu'elle devait conquérir.

    Le colonialisme britannique était un modèle pour l'Allemagne nazie, ou pour citer directement Hitler, "ce que l'Inde a été pour l'Angleterre, les étendues de Russie le seront pour nous". Ce que l'Allemagne visait en colonisant l'URSS, n'était autre que ce que les Britanniques avaient déjà fait en Inde et en Australie.

    Lorsque les Anglais arrivèrent au Bengale (Inde), celui-ci était l'un des endroits les plus riches du monde ; et lorsqu'ils en partirent, il avait été réduit à la plus pauvre. Lors de la première victoire britannique sur son sol, en 1757, l'Inde représentait environ 24% du produit mondial ; et lors de son indépendance, plus que 4% seulement.

    En colonisant l'Amérique du Nord et l'Australie, les Britanniques avaient déjà accompli ce que l'Allemagne voulait pour elle-même en envahissant l'URSS. Pourquoi donc les opinions raciales de Winston Churchill différaient-elles si peu de celles du Parti nazi ? Pour justifier la partition de la Palestine, afin d'ouvrir la voie à "Israël", Churchill pouvait déclarer "je n'admets pas l'idée, par exemple, qu'un grand tort ait été fait aux Peaux-Rouges d'Amérique, ou aux Nègres d'Australie, par le fait qu'une race plus puissante, une race de plus haut niveau, soit venue et ait pris leur place"...

    Sous la domination britannique, toute entreprise souhaitant faire du commerce avec l'Inde n'avait d'autre choix que de remettre ses bénéfices aux autorités coloniales, en échange de quoi elle recevait des morceaux de papier appelés "bons du conseil" qu'elle pouvait ensuite échanger avec les producteurs locaux indiens, qui l'échangeraient enfin contre des roupies indiennes elles-mêmes tirées des taxes payées par les Indiens au régime colonial.

    De même que la subjectivité des travailleurs européens ne se demandait pas pourquoi les matières premières utilisées dans leurs usines étaient si peu chères, la subjectivité des producteurs indiens acceptait que leurs produits soient payés en roupies indiennes, alors qu'en réalité tout ce qu'il y avait était une distribution inégalitaire de la richesse en Inde tout en renforçant dans le même temps la hiérarchie déjà existante des castes.

    Les exportations quittaient l'Inde sans être payées, avec pour résultat une déflation des revenus causant des famines génocides génocidaires qui ont tué quelques 48 millions d'Indiens.

    Les Allemands eux aussi voulaient leur lebensraum, ou "espace vital" comme les nazis l'appelaient. Ils voulaient des terres et des ressources, afin d'alimenter leur industrie. Il voulaient pouvoir exporter leurs citoyens vers des terres préalablement vidées de leur population autochtone, taxée de "sous-humaine" et "racialement inférieure".

    C'est ce qui aurait été fait en URSS, résultant peut-être en des colonies allemandes à travers toute l'Eurasie, des Allemands prenant le soleil au bord de la Mer Caspienne, buvant de la bière et faisant des barbecues dans leurs jardins ; et peut-être, après un siècle de nettoyage ethnique et d'anéantissement des autochtones, auraient-ils commencé à accuser les Slaves, Roms et autres Juifs d'ingratitude pour la "civilisation" qu'ils leur avaient apportée...

    Est-il réellement si difficile d'imaginer des colons allemands, à travers l'Eurasie, regarder au petit-déjeuner des émissions télévisées où l'on devise tranquillement de la nécessité d'enlever des enfants des peuples colonisés à leurs familles au nom de les "sauver" ?

    En réalité, pour la grande masse de l'humanité qui porte dans sa chair les cicatrices du colonialisme européen, cette uchronie d'un monde où les puissances de l'Axe auraient remporté la Seconde Guerre mondiale ressemble fort... à ce qu'elles ont déjà et très réellement subi.

    A contrario, les cultures coloniales mettent toute leur créativité dans la production de fictions dystopiques au sujet d'un contre-factuel "totalitarisme", fait d'une bonne dose de "pas de l'oie" nazi mixé ensuite avec l'imagerie communiste afin de suggestivement dépeindre l'un et l'autre comme également condamnable.

    Le Mal, pourtant, n'est pas quelque chose d'arbitrairement tombé du ciel. Il est plutôt le sous-produit d'intérêts concrets qui suivent un agenda historique.

    Tout en prétendant combattre à la fois le fascisme et le communisme, l'Occident mène une politique étrangère comparable à celle de l'Axe fasciste en direction des grandes étendues continentales autour de la Russie et de la Chine.

    L'"anti-stalinisme" est un colonialisme inavoué

    L'"anti-stalinisme" dénigre l'URSS et Joseph Staline pour leur tentative de construire le "socialisme dans un seul pays", tout en professant la justesse de la théorie trotskyste de la "révolution permanente" et nécessairement "mondiale".

    Mais en réalité, la raison pour laquelle la "révolution mondiale" était le mot d'ordre dominant dans les années précédant la Première Guerre mondiale, est qu'à cette époque la mappemonde était tout simplement dominée par les Empires coloniaux européens...

    L'idée était par conséquent que si l'Europe devenait socialiste, le monde entier le deviendrait automatiquement puisqu'il était (à l'exception de l'Amérique latine - et encore, dirions-nous, car il faut tenir compte du colonialisme "masqué", du semi-colonialisme...) intégralement sous contrôle européen.

    Rejeter la responsabilité de l'échec de la révolution en Europe, après la Première Guerre mondiale, sur la direction du seul pays a avoir réellement réussi une révolution prolétarienne, est un bien pauvre substitut à la connaissance réelle de pourquoi les choses se sont déroulées de cette manière.

    Lorsque la révolution a échoué en Allemagne (patrie du marxisme), la politique étrangère soviétique s'est retrouvée face à un dilemme : continuer à pousser en avant la révolution en Europe, et s'attirer des hostilités armées ; ou faire la paix avec l'Allemagne dans l'espoir que ceci mettrait fin à la guerre, ce qui était la promesse effective des bolchéviks à leurs supporteurs épuisés de celle-ci.

    L'avant-garde révolutionnaire russe devait se tenir au cri de ralliement qu'elle avait lancé en premier lieu : "le pain, la terre, la paix" ; ce qui n'était pas possible sans établir des relations un minimum normales avec les gouvernements que Lénine avait pourtant dénoncés des décennies durant comme des impérialistes, et appelé les travailleurs européens à les renverser.

    Pourquoi les évènements historiques ne se sont-ils pas déroulés tels que les socialistes européens les avaient prévus ?

    La réponse est tout simplement parce que leurs prédictions ignoraient toutes les évidences suggérant que le conflit entre nations colonisatrices et colonisées était plus fort que celui opposant les exploiteurs et les exploités au sein même des nations colonisatrices.

    Pourquoi donc les classes ouvrières européennes seraient-elles devenues socialistes, si cela signifiait que leurs gouvernements respectifs devaient perdre le contrôle direct des vastes ressources du Tiers Monde ? Qu'auraient-elles donc obtenu des promesses du socialisme après avoir abandonné leurs colonies ?

    Pour les travailleurs européens, le projet de "socialisme international" avait un coût. Plutôt que n'avoir "rien à perdre sinon leurs chaînes", ils n'avaient, de fait, "rien à perdre sinon les colonies qui subventionnaient leurs salaires"...

    Comment donc leurs salaires pourraient-ils augmenter, si les usines dans lesquelles ils travaillaient ne pouvaient plus obtenir leurs matières premières aussi bon marché qu'auparavant parce que les pays nouvellement libérés allaient demander de meilleurs prix, afin de nourrir leurs populations affamées ? Tout le développement du capitalisme européen reposait sur s'emparer des matières premières des colonies, en particulier sous les tropiques, qui sont connues pour leur grande productivité agricoles.

    Qu'un tel dilemme ait pu traverser l'esprit des socialistes européens, particulièrement à l'approche de la Première Guerre mondiale, apparaît clairement dans les archives de la Deuxième "Internationale" qui était dominée par les partis socialistes et travaillistes européens, et dans laquelle la seule nation colonisée représentée était l'Inde (d'où les guillemets ironiques à "Internationale").

    La Deuxième "Internationale" avait toujours appelé à une "révolution mondiale" à partir de l'Europe, mais, lorsque l'occasion se présenta d'unir les classes ouvrières du continent contre la Première Guerre mondiale, ces socialistes européens, en soutenant leurs gouvernements respectifs, firent exactement l'inverse, contribuant ainsi à la plus sanglante guerre qu'ait jamais connu l'humanité.

    Pourquoi ? La réponse peut être recherchée dans cette triste réalité que beaucoup d'entre eux voulaient le socialisme et le colonialisme, autrement dit, une simple distribution plus équitable de la richesse volée dans les colonies.

    Au Congrès de Stuttgart (1907), une motion avait été proposée pour demander que ne soit "pas rejetée par principe la politique coloniale", arguant que le colonialisme "pouvait être une force de civilisation". Cette motion fut rejetée... par un résultat très serré de 108 votes pour et 127 contre. Étant donné que chaque pays disposait d'un nombre de voix proportionnel à sa population, la délégation russe conduite par Lénine, en votant par ses 20 voix contre la motion, se plaça du côté du monde colonisé, donnant lieu à un précédent pour les futurs gouvernements soviétiques qui suivront la même ligne géopolitique.

    Commentant cette proposition de motion, Lénine notera que ceux qui l'avaient défendue étaient des citoyens de puissances coloniales, c'est à dire, de "nations où même le prolétariat a été dans une certaine mesure contaminée par l'appétit de conquête". Pas seulement pour le plaisir de leur taper dessus, mais pour en retirer l'analyse politique fondamentale que "comme résultat de la politique d'expansion coloniale, les prolétariats européens se trouvent eux-mêmes dans la position où ce n'est pas exclusivement leur travail, mais aussi et surtout celui des indigènes pratiquement réduits en esclavage dans les colonies, qui maintient en place l'ensemble de la société".

    Le côté pro-colonial du débat, envisageait un "socialisme" qui pourrait être construit sur la richesse volée du monde colonisé. L'un des délégués, Eduard David du Parti socialiste allemand, était assez honnête pour affirmer que "l'Europe a besoin de colonies (...) elle n'en a pas assez". Et en réponse à Karl Kautsky, qui suggérait que ceci s'accompagne (au moins) d'une "assistance" aux "peuples arriérés", le socialiste néerlandais Henri Van Kol répondait que "en admettant que l'on apporte une machine aux sauvages d'Afrique centrale... qu'en feraient-ils ? Peut-être commenceraient-ils une danse guerrière autour d'elle... Ou peut-être qu'ils nous tueraient, voire, nous mangeraient !" ; tandis que ses partisans poussaient des huées.

    Au vu d'un tel contexte historique, il n'est donc guère surprenant que l'Allemagne ait engendré le nazisme après avoir été dépouillée de toutes ses colonies en 1918... Tout particulièrement, s'il existait le précédent d'Allemands se qualifiant eux-mêmes de "socialistes" (comme le national-"socialisme") tout en justifiant la domination coloniale.

    Et Lénine de conclure : "la bourgeoisie britannique, par exemple, tire plus de profits des centaines de millions d'habitants de l'Inde et de ses autres colonies que des ouvriers britanniques. Dans certains pays, ceci fournit la base matérielle et économique de la contamination du prolétariat par le chauvinisme colonial."

    "Chauvinisme colonial" correspond ici à la définition du racisme donnée précédemment, c'est à dire, comment les citoyens des puissances impérialistes sont socialisés à penser à propos des autres nations en accord avec la stratégie géopolitique de la leur.

    Il peut, donc, être honnêtement concédé au camp "anti-stalinien" que ses vues sont connectées à la pensée socialiste européenne d'autrefois, qui en dépit de ses brillants apports, était en dernière analyse limitée par la subjectivité coloniale de la classe ouvrière européenne.

    Du point de vue des travailleurs européens, les énormes profits amassés par leurs bourgeoisies apparaissaient subjectivement comme uniquement extraits de leur force de travail, ignorant là la question de pourquoi les matières premières auxquelles ils ajoutaient de la valeur étaient si bon marché pour commencer.

    Parce que les classes ouvrières européennes n'avaient, en réalité, aucun réel intérêt à creuser cette question, les premiers socialistes européens ont pu dépeindre le capitalisme comme émergeant de la féodalité, c'est à dire, uniquement de la lutte des classes interne à l'Europe, et s'étendant seulement ensuite autour du globe par la conquête armée afin d'"ouvrir des marchés", d'abord pour les marchandises, ensuite pour les capitaux.

    Cette subjectivité eurocentrique peut être observée y compris dans le Manifeste communiste de Marx et Engels (1848), qui présente le capitalisme comme se répandant à partir des centres industrialisés et impérialistes d'Europe vers les pays colonisés, expliquant que "la bourgeoisie [européenne] contraint toutes les nations, sous peine de disparaître, à adopter le mode de production capitaliste (...) à introduire ce qu'elle appelle la civilisation en leur sein (...) à devenir bourgeoises elles-mêmes. (...) elle façonne le monde entier à son image".

    Ces affirmations initiales aident à comprendre l'analyse du colonialisme britannique en Inde à laquelle arrive Marx en 1853, alors qu'il est journaliste pour le New York Tribune. Selon lui, la conséquence inattendue des "souffrances infligées par les Britanniques à l'Hindoustan" était qu'en détruisant le vieil ordre social, elles créaient les conditions nécessaires au capitalisme pour se développer. La politique britannique aurait ainsi "dissous ces petites communautés semi-barbares, semi-civilisées de l'Inde en balayant leurs bases économiques, donnant ainsi lieu à la plus grande, et pour tout dire la seule révolution sociale jamais vue en Asie". [NDLR des propos similaires ont pu être tenus par lui ou Engels sur la conquête de l'Algérie par la France, ou encore du Mexique du Nord (grande partie du "Far West") par les États-Unis à la même époque.]

    C'est là que Marx se trompait. Ne pas comprendre la relation entre le plus puissant capitalisme impérialiste de l'époque (la Grande-Bretagne) et sa plus profitable colonie (l'Inde), c'est est en essence ne pas comprendre l'impérialisme, particulièrement au vu de l'importance de la population indienne et de l'ampleur de son rôle dans la croissance économique de l'Europe colonialiste par la suite.

    En Grande-Bretagne, la destruction de l'ordre social ancien, en particulier par le biais des enclosures qui avaient privé les paysans de leur accès aux terres communes, les forçant ainsi à n'avoir rien d'autre à vendre que leur force de travail, avait créé les conditions du capitalisme en donnant naissance à la classe ouvrière.

    Marx pensait qu'un processus similaire de "destruction créatrice" était à l’œuvre en Inde. Mais cette idée reposait sur un présupposé nécessairement faux au regard de l'impérialisme, à savoir, que le produit des classes laborieuses d'Inde serait réinvesti en Inde.

    Les officiers coloniaux britanniques, eux, savaient que ceci était faux dès peu après avoir remporté leur première bataille sur le sol indien, la bataille de Plassey (1757) qui leur avait donné le contrôle du Bengale, la région probablement la plus riche au monde. En 1787, Sir John Shore, un officier colonial qui devait se hisser jusqu'au poste de gouverneur général, disait dans un rapport que "la Compagnie est faite de marchands, et en même temps souveraine de pays. Dans le premier rôle, elle alimente son marché, tandis que dans le deuxième elle s'en approprie les revenus". Il s'agissait là de free trade au sens premier du terme, non de free = libre mais de free = gratuit : les Britanniques s'emparaient des biens de l'Inde sans verser pour eux un centime...

    Que le colonialisme britannique "pompait" l'Inde pour alimenter son développement capitaliste est une théorie qui précède le marxisme. L'historien marxiste Irfan Habib suggère en effet, dans son essai La perception de l'Inde par Marx, que Marx avait tiré son idée de "pompe" de Dadabhai Naoroji, un intellectuel phare du mouvement anticolonial indien [qui critiquait le "bilan" de la colonisation britannique en Inde autour des années 1860].

    Bien que situés dans le même camp géopolitique, Naoroji et Lénine avaient une analyse économique différente de l'impérialisme. Lénine caractérisait l'impérialisme européen par l'"exportation de capitaux" vers les colonies, mais, bien que ceci ait très certainement existé, ce n'était pas le mécanisme fondamental par lequel les Empires coloniaux s'enrichissaient.

    Il écrivait que "l'exportation de capitaux influence, et accélère grandement le développement capitaliste des pays vers lesquels il est exporté". Mais alors pourquoi, dans ce cas, cela n'a-t-il pas "accéléré le développement du capitalisme" en Inde comme cela a pu être le cas dans les colonies anglo-saxonnes de peuplement ?

    Sur ce point, c'est Naoroji qui a montré qu'il y avait une distinction à faire entre deux types de colonies britanniques : d'un côté, l'Inde pillée et non-payée pour ses exportations (incomparablement plus importantes que les importations) ; et de l'autre côté, les colonies de peuplement comme les États-Unis, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande qui étaient des récipients d'investissements de capitaux, et importaient beaucoup plus qu'elles n'exportaient.

    Il n'était pas, en cela, le premier économiste indien à exposer les conséquences de l'impérialisme : dès 1841, avant que Marx n'ait publié quoi que ce soit, l'écrivain nationaliste Bhaskar Tarkhadkar écrivait déjà (s'adressant aux Britanniques) que "rien n'a pris à l'Inde autant de richesse que votre commerce".

    À la question de Ragnar Nurske, un des fondateurs de la discipline du développement économique, "pourquoi dans les années 1920 le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, avec une population totale de 17,4 millions de personnes, importaient deux fois plus de marchandises que les 340 millions d'Indiens" ; la réponse est que ces régimes coloniaux de peuplement n'auraient pas été possibles sans investissements de la métropole qui n'auraient eux-mêmes pas été possibles sans l'alimentation permanente de la Grande-Bretagne en matières premières free = gratuites, impayées, depuis l'Inde ; nourrissant sa révolution industrielle et générant ainsi le capital financier qui développait la production lorsque exporté vers les colonies de peuplement, mais détruisait la capacité de consommer lorsque "exporté" vers l'Inde.

    En 1881 la vision de Marx avait évolué et il avait largement adopté la "théorie de la pompe". Dans une lettre adressé au narodnik russe Nikolaï Danielson, il pouvait écrire que "ce qu'ils ont pris à l'Inde sans aucune contrepartie, s'élève à plus que le total des revenus des 60 millions de travailleurs agricoles et industriels indiens... C'est une véritable saignée !".

    En l'espace de 28 années, Marx est ainsi passé de penser que les Britanniques développaient le capitalisme en Inde à reconnaître une "véritable saignée", synonyme de destruction, et non d'accumulation de capital qui était structurellement impossible dans des conditions coloniales.

    Le colonialisme a garanti l'approvisionnement de l'Europe du Nord-Ouest en matières premières qu'elle n'avait pas en quantités suffisantes à l'intérieur de ses frontières, et sans lesquelles le capitalisme européen n'aurait pas pu exister.

    Cet approvisionnement, depuis ce qu'on appelle aujourd'hui le Tiers Monde, est tout simplement le socle sur lequel l'Europe colonialiste a bâti sa puissance.

    C'est ainsi que, selon Trotsky en 1931, "la division mondiale du travail, la dépendance de l'industrie soviétique vis-à-vis des technologies étrangères, la dépendance des forces productives des pays avancés d'Europe vis-à-vis des matières premières d'Asie, etc. etc., rend la construction d'une société socialiste indépendante dans un seul pays du monde, absolument impossible".

    Ce qui est souligné est important... Car ce que Trotsky tente d'exprimer sans le dire explicitement, c'est que l'Europe ne peut pas connaître le socialisme sans le cadre commercial établi par le colonialisme. Ce qui est effectivement vrai de ces "pays avancés d'Europe" qui "dépendent des matières premières d'Asie" (Allemagne, France, Grande-Bretagne...). Mais ne s'applique évidemment pas aux pays d'où proviennent ces matières premières et dans lesquels, de fait, le "socialisme dans un seul pays" est tout à fait possible, si tant est qu'ils puissent acquérir les technologies requises.

    Si l'histoire s'est déroulée comme elle l'a fait pour une raison, alors c'est qu'au 20e siècle le conflit entre Capital et Travail dans les pays impérialistes est devenu moins important que le conflit entre colonisateurs et colonisés.

    Comme pouvait le dire Lénine au sujet de la question nationale : "les masses votent avec leurs pieds". Eh bien, dans le cas de la Première Guerre mondiale, "avec leurs pieds" les masses d'Europe ont "voté" pour leurs Empires ; tandis que dès cette époque et encore par la suite, les masses d'Afrique et d'Asie ont "voté" pour chasser ces impérialistes de sur leurs dos.

    La Russie, technologiquement le plus faible de tous les Empires coloniaux, ressemblait de fait plus au monde colonisé en termes de standards de vie de la grande masse de sa population. Pour Trotsky, "la dépendance de l'industrie soviétique vis-à-vis de la technologie étrangère" rendait le socialisme en Russie également impossible. Pourtant l'URSS a prouvé qu'il avait tort, non seulement en triomphant de la plus grande guerre d'invasion de toute l'histoire, mais en devenant une superpuissance technologique, le berceau de l'ère moderne de l'information, et le pays qui a fourni au monde post-colonial une grande partie de sa technologie actuelle, brisant ainsi le monopole technologique acquis par l'Europe colonialiste.

    L'"anti-stalinisme" est ce qu'est devenu le marxisme après un siècle de mariage idéologique avec ces réminiscences eurocentriques, sans être "rafraîchi" et dans une certaine mesure corrigé à travers une critique post-coloniale.

    Malgré son analyse initiale erronée, Marx n'en a pas moins soutenu la rébellion indienne de 1857 contre la domination britannique, créant là un important précédent dans le soutien aux mouvements anticoloniaux depuis un discours socialiste européen.

    De même, en dépit de son erreur théorique vue plus haut, Lénine n'en a pas moins mis en œuvre une politique étrangère soviétique fermement tournée vers le soutien aux luttes de libération du Tiers Monde, débouchant sur des décennies de relations économiques mutuellement bénéficiaires et de coopération entre l'URSS et les monde post-colonial ; améliorant les conditions de vie de la grande majorité des habitants de la planète, même si la plupart de ces améliorations sont imperceptibles pour ces "anti-staliniens" habitant les pays du Premier Monde qui ont tiré profit du colonialisme.

    L'"anti-stalinisme" est aussi une réaction d'allergie eurocentrique aux traditions politiques qui dominent la gauche dans le Tiers Monde. Même si les "anti-staliniens" sont en désaccord avec le "stalinisme", ils devraient pour le moins admettre que la croisade "anti-stalinienne" qu'ils poursuivent est totalement insignifiante pour la majorité de ceux qui se définissent comme communistes à travers le monde.

    Lorsqu'un mot décrivant une "abstraction" se manifeste dans la réalité concrète, la signification de ce mot se nie toujours partiellement elle-même, pour la bonne et simple raison que la réalité toujours imparfaite ne peut jamais correspondre parfaitement à l'idéal. C'est la raison pour laquelle, tout comme la seconde venue du Christ,  le "véritable socialisme" des "anti-staliniens" n'adviendra jamais.


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