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Il y a 100 ans commençait la Grande Boucherie impérialiste de 1914-18
L'attentat de Sarajevo perpétré le 28 juin 1914 par un nationaliste serbe contre l'archiduc héritier d'Autriche-Hongrie est communément considéré comme le début d'une course à l'abîme militariste qui, en à peine plus d'un mois, allait précipiter l'Europe (surtout) ainsi que de nombreuses autres parties de la planète dans le pire cauchemar dont l'Histoire ait jamais accouché jusqu'alors. Il est pourtant possible de considérer (et nous considérons) que la Première Guerre mondiale avait en réalité déjà commencé plus de 15 ans auparavant (guerre hispano-américaine de 1898, guerre des Boers 1899-1902 puis guerre russo-japonaise 1904-05, guerres balkaniques 1912-13 etc.), dès lors que la grande crise capitaliste mondiale commencée au début des années 1870 (avec dès les années 1850 toute une série de conflits comme signes avant-coureurs) avait été "résolue" au prix d'une "saturation" coloniale totale de la planète, imposant une lutte sans merci entre les puissances impérialistes pour le repartage de celle-ci ; et qu'elle s'étend encore au-delà de 1918 jusqu'au début des années 1920 (et, ne résolvant rien du tout, elle sera suivie d'une Deuxième Guerre du début des années 1930 jusqu'en 1945 voire 1948-49, puis d'une Troisième classiquement appelée la "Guerre froide" avec encore plus que la précédente un aspect d'affrontement mondial entre révolution et contre-révolution, et enfin depuis la fin de celle-ci une Quatrième Guerre mondiale pour le repartage de la planète après la défaite du camp soviétique).Nous avons déjà eu l'occasion de dire à de nombreuses reprises combien pour nous Occitans communistes (comme cela devrait l'être pour tous les Peuples emprisonnés/niés de l'entité francouille ainsi que bien sûr pour les "indigènes" colonisés intérieurs, dont les aïeux ont eux aussi plus que versé l'impôt du sang), cette Guerre de 14-18 est un élément fondamental de notre identité politique : elle montre dans toute son atrocité comment la chair à usine que le Capital et son État BBR ont fait de nos Peuples peut à tout moment être transformée en chair à canon pour "défendre les biens de ces messieurs-là" ; elle montre comment l'impérialisme stade suprême du capitalisme, ce même capitalisme ayant donné naissance aux États qui nous emprisonnent, c'est inévitablement la guerre et le fascisme qui en est la conséquence (plus que la cause) ; et elle montre toute la barbarie, le mépris et la négation des masses populaires par ce système infâme qui, bien qu'ayant permis sur les derniers siècles de notable progrès techniques et scientifiques pour l'humanité, n'en doit pas moins plus que jamais disparaître.
Le 11 novembre dernier, 95e anniversaire de l'armistice de 1918 ouvrant de fait les (hypocrites) commémorations "républicaines" de "l'année du centenaire", avait été l'occasion d'une déclaration de notre part à laquelle il n'y a pas grand-chose à ajouter :
Nous avions aussi relayé la tenue d'une très intéressante exposition à Aix-en-Provence, sur la condition de nos aïeux occitans sauvagement plongés dans l'horreur de ce conflit et souvent fusillés par la canaille-à-galons pour "manque de combattivité" sous la mitraille et les obus :
Cette exposition se déroule jusqu'au 5 juillet (inclus), il est encore temps d'aller y faire un tour !
[Lire aussi : https://www.bastamag.net/Grande-Guerre-fusillés-pour-exemple]
Concernant ce "manque de combattivité" occitan, accusation relayée y compris par d'innombrables TRAÎTRES "méridionaux" (les Joffre, Foch, Gallieni, Nivelle etc.), il faut bien admettre que oui, en effet, les ouvriers et les paysans d'Occitanie ont toujours été assez rétifs aux grands appels "patriotiques" à se faire trouer la peau (et à trouer celle des autres) pour la gloire du Capital... français, pour la grande bourgeoisie parisienne qui avec d'autres (Bretons, Basques, Corses, Catalans, Ch'tis/Picards, Lorrains, Comtois etc. et bien sûr tout "l'Empire" d'outre-mer et les colonies intérieures qui en sont issues) les a au fil des siècles annexés par le fer et le sang à son enclos hexagonal de force de travail, sous la botte de son appareil politico-militaire nommé "France". Ce n'est pas un hasard si l'une des rares voix à s'élever contre l'hystérie patriotarde (alors même que son parti comme toute la social-démocratie européenne allait commettre une trahison historique en ralliant "l'Union sacrée") fut celle du leader socialiste Jean Jaurès, nòstre Joan de Castres qui le paiera de sa vie, assassiné par un nationaliste d'extrême-droite le 31 juillet 1914. Tout comme ce n'est pas un hasard non plus si l'"ethniste" François Fontan devra, pour avoir rejeté la guerre d'extermination colonialiste en Algérie, s'exiler en 1959 dans les vallées occitanes du Piémont (État italien) où il mourra 20 ans plus tard sans avoir remis les pieds en "France"...
Ils se mobilisent en revanche sans faille lorsque lo païs est menacé d'invasion militaire (1870-71) et des atrocités qui vont avec, c'est-à-dire d'une botte encore plus effroyable que la tricolore (car se superposant à elle et dans tous les cas secondée par des francouilles toujours prompts historiquement, d'Adolphe Thiers à Pierre Laval, à oublier le "patriotisme" lorsqu'il s'agit de sauver leurs privilèges de classe) ; ou lorsqu'il est effectivement envahi et occupé et qu'à travers le fascisme sont piétinés à la fois leurs intérêts de classe et les valeurs démocratiques qui fondent leur culture populaire (1940-44) : il faut dire qu'ils y sont quelque peu habitués puisque leurs 800 ans d'histoire "en France" ne sont pratiquement que 800 ans de résistance au joug du pouvoir parisien, des faidits du Moyen Âge aux paysans du Larzac en passant par les Tuchins et les Croquants, l'Ormée et les Camisards, les "Fédéralistes" de 1793 et les Demoiselles ariégeoises du siècle suivant, les résistants démocrates-socialistes au coup d'État de Décembre 1851, les Communards de 1871 ou les vignerons languedociens de 1907.
Même lorsqu'un siècle avant la Grande Boucherie le Bassin parisien vibrait aux accents guerriers de "l'épopée" napoléonienne, voici la petite chanson populaire que l'on pouvait entendre dans les campagnes du Languedoc :
Ièu soi un paure conscrit
De l'an mil ueit cent dètz
Cal daissar lo Lengadòc
Per s'en anar a la mòrt.
Luènh d’aici, i a un país
De nèu blanca, de cèu gris
Nos i cal anar morir
Per l’Emperaire e son filh.
Lo rector e lo regent
Nos an parlat plan longtemps
Partirem fòrça contents
Serèm sus lo monument !
Mainatz-vos Lengadocians,
De faire d'autres enfants
N'auràn besonh dins vint ans
Negres o Republicans !Je suis un pauvre conscrit
De l'an 1810
Faut quitter le Languedoc
Pour s'en aller à la mort
Loin d'ici il y a un pays
De neige blanche et de ciel gris [la Russie]
Il nous faut aller y mourir
Pour l'Empereur et son fils
Le curé et l'instituteur
Nous en ont parlé longuement
Nous partirons tout contents
Nous serons sur le monument !
Dépêchez-vous Languedociens
De faire d'autres enfants
Ils en auront besoin dans 20 ans
Noirs [cléricaux, royalistes] ou Républicains !Il en a toujours été et il en sera TOUJOURS AINSI dans la Quatrième Guerre mondiale où nous nous trouvons, entre repartage impérialiste du monde après la fin du "système des blocs" et crise générale terminale du mode de production capitaliste, du Sahel à l'Afghanistan en passant par la Centrafrique, la Palestine, l'Irak ou l'Ukraine, que l'entité bleu-blanc-rouge soit impliquée ou non : les Occitans révolutionnaires, Pòble fièr e libre que nous sommes, auront toujours pour ennemi juré les Centres impérialistes rivaux qui font des Peuples leur chair à canon et pour camp irréductible le CAMP DES PEUPLES qui souffrent et meurent mais qui sont aussi "la lumière même du monde", "la fibre, la palpitation inépuisable de l'histoire" car quand ils parlent "tout tremble, l'ordre chancelle, les cimes les plus hautes s'abaissent, les étoiles changent de direction ; car les masses font et peuvent tout" !
Notre objectif est posé clairement et il tient en une phrase : EN FINIR AVEC LA FRANCE, appareil politico-militaire et idéologique issu de la concentration ultime des terres féodales ("stade suprême de la féodalité") et utilisé puis repris par la bourgeoisie pour affirmer son règne capitaliste du crime, Prison des Peuples, membre du G8 et membre permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU, autrement dit pilier de l'ordre impérialiste mondial.
La seule guerre que veut le Peuple ouvrier et paysan d'Occitània, c'est effectivement la GUERRE À LA GUERRE et à CE QUI LA CAUSE : la guerre au Capital et à l’État moderne (ici dénommé "France") qui en est le fruit et le bras armé ; la GUERRE POUR SA LIBERTÉ qui à différents niveaux d'intensité n'a jamais cessé depuis la sanglante Conquista du 13e siècle.
Armé désormais d'une JUSTE COMPRÉHENSION COMMUNISTE de cette entité "France" dans laquelle il se débat et contre laquelle il lutte, le 21e siècle qui commence sera celui de sa VICTOIRE !
Visionner l'excellent Henri GUILLEMIN qui nous parle de toute la période de "l'autre avant-guerre", depuis 1871, et du "fond d'ambiance" politique de cette époque :
Ici https://www.rts.ch/archives/dossiers/henri-guillemin/3477314-l-autre-avant-guerre-1871-1914-.html en 13 vidéos
Ici la conférence complète de 6 heures et demi :
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