• Feu sur les élitistes donneurs de leçon !


    La pratique consistant, du haut de sa chaire de « grand révolutionnaire » marxiste ou pas (beaucoup de libertaires sont dans ce cas), à donner des leçons aux masses populaires qui ne reconnaissent pas Sa Guidance Suprême, devient vraiment de plus en plus insupportable, à l’heure où les masses de l’État "France" relèvent la tête de décennies de résignation à leur sort.

    Illustrons ce propos par un exemple concret, et récent.

    Après l’attaque israélienne contre la Flotille pour Gaza, des manifestations rapidement organisées ont déferlé partout sur la planète, et notamment en Hexagone. La Flotille était partie de l’État turc (une tentative de cet État assassin pour se donner une bonne image dans la région, dans une stratégie « ottomaniste ») et du coup, les victimes de l’assaut avaient la particularité d’être toutes turques.

    Les manifestations ont alors compté un grand nombre de personnes de la minorité turque (mais aussi de la minorité kurde, n’en déplaise, et comme d’habitude de la minorité maghrébine et arabe orientale). Nombre de ces personnes portaient un drapeau de l’État turc.

    Pour les communistes ML et MLM, les choses sont claires : l’État turc est un État fasciste, le kémalisme est une idéologie fasciste et le drapeau kémaliste est un drapeau fasciste. CEPENDANT, les communistes sont bien conscients qu’il n’est pas forcément identifié comme tel par les larges masses, y compris de la minorité turque, mais bien comme le « drapeau de la Turquie », tel qu’on le voit sur les Atlas du monde ou la devanture des kebabs… Le drapeau bleu-blanc-rouge est un drapeau bourgeois et impérialiste, que les communistes veulent remplacer par le drapeau rouge, mais ils sont conscients que pour beaucoup de personnes, y compris pour des prolétaires anticapitalistes, il est le drapeau de « la France », et que cela nécessite un travail communiste d’éducation politique. Bref...

    Parmi les manifestants de la minorité turque, se sont glissés quelques membres des Loups Gris, une milice fasciste au service de l’État turc, spécialisée dans l’agression et l’assassinat des militant-e-s révolutionnaires et des minorités de ce pays. Ils étaient environ une vingtaine à Lyon (qui compte plusieurs milliers de personnes d’origine turque). S’étaient également glissés les désormais traditionnels « antisionistes » d’Alain Soral avec des drapeaux tricolores de l’impérialisme français, représentants de la fraction la plus anti-américaine et anti-Israël des monopoles BBR...

    Le recul du mouvement communiste international, dans les années 1980-90-2000, a permis à ce genre d'individus (justement châtiés en 1945) de repointer le bout de leur nez, en squattant la solidarité pour le Peuple palestinien. Cependant (à part les Loups Gris, qui sont un pilier de l’État profond turc), ils ne sont pas le courant dominant du fascisme aujourd'hui, beaucoup plus tourné vers l'islamophobie, la "guerre de civilisation" et, par la force des choses, amené à soutenir Israël (même en fustigeant le "lobby juif" en France), comme "rempart de l'Occident".

    Ces infiltrations ont fait l’objet d’un communiqué des organisateurs de la manifestation du 5 juin, ainsi que d’un très bon article du journal L’Étoile Rouge de la JCML (que vous pouvez commander auprès de leur site).

    Mais voilà : il n'a pas fallu longtemps pour qu'une certaine engeance "libertaire", "antifa" ou même "maoïste" ramène sa fraise. Ces gens-là ont un leitmotiv, depuis plusieurs années : les masses doivent déserter les mobilisations pour la Palestine, qui seraient "antisémites", "infestées de fascistes" (et bien sûr "d'islamistes"), et même... "au bord de partir en pogrom". Mobilisations qui sont, comme chacun le sait (et peut le regretter, éventuellement...), les plus populaires et prolétaires dans l’État français au jour d'aujourd'hui (exception faite, bien sûr, des soulèvements des quartiers...).

    Leur discours : sous chaque drapeau turc kémaliste, se tenait un Loup Gris. La solidarité avec ceux et celles qui voulaient porter secours à Gaza assiégée, était une solidarité "fasciste". C’est bien sûr une aberration : comme on l’a dit plus haut, le drapeau du kémalisme fasciste est pour les larges masses le drapeau de « la Turquie », comme le drapeau impérialiste bleu-blanc-rouge est le drapeau de « la France ». D’instinct, la majorité des masses (en particulier des minorités) considère la France comme un État impérialiste et oppresseur, et rejette son drapeau tricolore. Mais les prolétaires des minorités immigrées aiment mettre en avant le drapeau et les symboles de leur pays d’origine (maillots de foot, pendentifs ayant la forme du pays…). Ce que certain qualifieront volontiers de « communautarisme », est avant tout le résultat de la friche politique dans laquelle ont été laissé-e-s les prolétaires des minorités, non seulement par le vieux P"c" social-chauvin, mais aussi par la grande majorité des beaux parleurs trotskistes, anarchistes, marxistes-léninistes et même « maoïstes ». C'est le même problème, finalement, qu'avec les drapeaux verts du Hamas : les beaux parleurs ont laissé ces masses populaires en friche politique et, dans le même temps, l’État bourgeois impérialiste a cherché à les encadrer par des "institutions communautaires", en particulier les institutions religieuses musulmanes. Cela a conduit à l'arrivée sur le devant de la scène de l'UOIF... branche hexagonale des Frères Musulmans, dont le Hamas est la branche palestinienne.

    Alors, allons-y : quelqu'un osera-t-il affirmer publiquement ici, que toute personne brandissant un drapeau marocain, ou portant un maillot de foot du Maroc, est un suppôt du Makhzen ? Que toute personne portant un drapeau ou un maillot de foot tunisien est un suppôt de Ben Ali ? Que toute personne portant une Magen David est un sioniste partisan du Likoud ? Que toute personne avec un drapeau breton ou un triskell est un nostalgique de la SS Bezenn Perrot ? La fonction "Écrire un commentaire" est en bas de l'article...

    Le Peuple (prolétariat et classes populaires) est tel qu'il est : en l'état où le capitalisme l'a laissé, pétri de patriotismes et de petits chauvinismes, d'idéalisme et de superstitions religieuses, etc.

    Le rôle des communistes, avant-garde du prolétariat révolutionnaire, est de prendre le Peuple tel qu'il est, et, armés de leur conception communiste du monde, de le transformer et de l'amener à un niveau supérieur, celui d'Armée révolutionnaire.

    Celui qui passe son temps, du haut de sa chaire, à lancer des imprécations et à reprocher au Peuple d'être ce qu'il est, et pas ce qu'il voudrait qu'il soit, n'est pas un communiste. À bon entendeur...

    Feu sur les petits élitistes donneurs de leçons !

    Feu sur les "avant-gardes" autoproclamées !

     

                                                              52371160.jpg


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :