• Fascisation rampante : une très bonne analyse de Laurent Lévy, après le "cap franchi" lors des "Assises de la Droite" (radicale)


    Laurent Lévy est le père d'Alma et Lila, les jeunes filles voilées de l'"affaire d'Aubervilliers" qui avait directement conduit à la loi islamophobe de 2004... avec le concours y compris d'éléments d'extrême-gauche, Lutte Ouvrière ou LCR futur NPA ; vous savez, un peu comme ceux-là qui aujourd'hui croient revivre les "Brigades internationales" au service d'un protectorat impérialiste en Syrie, ou qui tolèrent dans leurs rangs des démarches comme appartenir à un groupe d'"ex-musulmans" (genre de petits collectifs mis en avant par la propagande islamophobe - après il est bien évident qu'en soi on a le droit de tourner le dos à une religion quelle qu'elle soit).

    "On se rappelle la redoutable opération de « dédiabolisation » du Front National, avant qu’il ne soit rebaptisé Rassemblement National. Mais FN/RN, nous sommes bien d’accord, c’est la même chose. Cette « dédiabolisation » était au prix d’un ajustement de vocabulaire, d’un changement de style, de l’adoption d’un mode d’expression aux allures plus respectables, avec en corollaire la mise à l’écart du vieux leader que l’on ne pouvait plus assumer – et qui lui-même n’assumait pas ces changements de ton. Mais ça, c’était avant. Et peut-être que, en définitive, ce n’était pas malin.

    Longtemps, les partis de droite – et la plupart des gens de droite, malgré des exceptions de plus en plus nombreuses – ont persévéré à affirmer qu’il ne pouvait être question de nouer des alliances avec le FN/RN. Mais on aurait vainement demandé à ces partis de dire pourquoi. D’expliciter ce qu’ils reprochaient effectivement au FN, dont ils reprenaient de façon toujours plus nette les éléments de langage sur l’immigration, l’islam, et que sais-je encore. Dans le fond, ce qu’ils lui reprochaient, outre le fait de leur faire concurrence dans l’électorat, c’était d’être anti-européen. Au point que Marine Le Pen mettait sur ce terrain de l’eau dans son vin.

    Et puis, ces partis ont quasi disparu du paysage électoral. Pour partie au profit du macronisme, qui mène tranquillement la politique réactionnaire dont la grande bourgeoisie a besoin, et pour partie, précisément, au profit de l’extrême droite frontiste dédiabolisée. Mais ce qui monte est plus vigoureux.

    Alors qu’une majorité de l’électorat resté fidèle à la droite souhaite une alliance de « toute la droite », c’est à dire incluant le RN, l’extrême droite dédiabolisée tend à faire place à l’extrême droite décomplexée, au discours fasciste assumé. C’est l’opération Maréchal-Zemmour. La légitimation de ce discours radicalisé, véritable appel à la guerre civile, au pogrom et au meurtre, est lourde de dangers que l’on de saurait sous-estimer : c’est en effet par là que pourraient bien s’opérer les recompositions à venir. En s’engouffrant dans la brèche ouverte par le discours ambiant suivant lequel « on a le droit d’être islamophobe », ils avancent leurs pions. On n’en a pas seulement le droit, on en le devoir.

    Le devoir des forces d’émancipation, ou de ce qu’il en reste, est de prendre très au sérieux la menace fasciste. Le pouvoir macronnien, déjà, fait entrer dans les mœurs admises la brutalité de l’État. Autoritarisme et violence policière, longtemps expérimentées dans les quartiers populaires, sont devenues dans l’indifférence générale de ceux et celles qu’elle ne frappent pas, voire avec leur approbation plus ou moins enthousiaste, des modes de gestion normaux des conflits.

    La combinaison de cette nouvelle normalité avec celle qui s’installe à travers les discours à la Zemmour est explosive. Tôt ou tard, si nous ne réagissons pas très vite, elle explosera. Et la vague de violences qui s’en suivra sera sans commune mesure avec ce que nous connaissons.

    Les armes idéologiques de l’adversaire sont déjà en place, et il dispose déjà des forces matérielles qui les feront passer des discours aux actes. Plutôt que d’attendre le moment où dans le calme de nos cellules de prison, entre deux interrogatoires musclés, nous pourrons chercher à comprendre comment nous en sommes arrivés là, il est temps de riposter."


  • Commentaires

    1
    Pascal
    Lundi 7 Octobre 2019 à 09:59

    A propos du Rojava, le protectorat n'a pas l'air si protégé que ça !

    https://www.huffingtonpost.fr/entry/etats-unis-turquie-frappe-syrie-kurdes_fr_5d9acd6fe4b0993898025f66

    Les Kurdes ne peuvent peut être pas être trop regardants question alliés objectifs, tactiques ou de circonstances.

    https://www.egaliteetreconciliation.fr/Soeurs-d-armes-Red-Snake-de-Caroline-Fourest-film-de-guerre-pro-kurde-ou-film-de-cul-lesbien-54111.html

    On va voir ce que le film va donner mais que Caroline Fourest ne soit pas en odeur de sainteté chez les racialistes, soraliens et autres associations Baraka milite quand même un peu en sa faveur. Pour les Kurdes comme pour les Kabyles, BHL est certes ce qu'on appelle un allié encombrant !

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