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Encore un qui n'aura pas été dépecé à coups de machette, sauce péruvienne, comme il se devait !
La "justice" est une valeur bourgeoise occidentale et universaliste impériale.Le Pouvoir, c'est la violence libératrice :
"Dans la période de décolonisation, il est fait appel à la raison des colonisés. On leur propose des valeurs sûres, on leur explique abondamment que la décolonisation ne doit pas signifier régression, qu’il faut s’appuyer sur les valeurs expérimentées, solides, cotées. Or il se trouve que lorsqu’un colonisé entend un discours sur la culture occidentale, il sort sa machette ou du moins il s’assure qu’elle est à portée de sa main. La violence avec laquelle s’est affirmée la suprématie des valeurs blanches, l’agressivité qui a imprégné la confrontation victorieuse de ces valeurs avec les modes de vie ou de pensée des colonisés font que, par un juste retour des choses, le colonisé ricane quand on évoque devant lui ces valeurs. Dans le contexte colonial, le colon ne s’arrête dans son travail d’éreintement du colonisé que lorsque ce dernier a reconnu à haute et intelligible voix la suprématie des valeurs blanches. Dans la période de décolonisation, la masse colonisée se moque de ces mêmes valeurs, les insulte, les vomît à pleine gorge.
Ce phénomène est d’ordinaire masqué parce que, pendant la période de décolonisation, certains intellectuels colonisés ont établi un dialogue avec la bourgeoisie du pays colonialiste. Pendant cette période, la population autochtone est perçue comme masse indistincte. Les quelques individualités indigènes que ces bourgeois colonialistes ont eu l’occasion de connaître çà et là ne pèsent pas suffisamment sur cette perception immédiate pour donner naissance à des nuances. Par contre, pendant la période de libération, la bourgeoisie colonialiste cherche avec fièvre le fameux dialogue sur les valeurs. La bourgeoisie colonialiste, quand elle enregistre l’impossibilité pour elle de maintenir sa domination sur les pays coloniaux, décide de mener un combat d’arrière-garde sur le terrain de la culture, des valeurs, des techniques, etc. Or, ce qu’il ne faut jamais perdre de vue c’est que l’immense majorité des peuples colonisés est imperméable à ces problèmes. Pour le peuple colonisé la valeur la plus essentielle, parce que la plus concrète, c’est d’abord la terre : la terre qui doit assurer le pain et, bien sûr, la dignité. Mais cette dignité n’a rien à voir avec la dignité de la « personne humaine ». Cette personne humaine idéale, il n’en a jamais entendu parler. Ce que le colonisé a vu sur son sol, c’est qu’on pouvait impunément l’arrêter, le frapper, l’affamer, et aucun professeur de morale jamais, aucun curé jamais, n’est venu recevoir les coups à sa place ni partager son pain avec lui. Pour le colonisé, être moraliste c’est, très concrètement, faire taire la morgue du colon, briser sa violence étalée, en un mot l’expulser carrément du panorama…
Le colonisé, donc, découvre que sa vie, sa respiration, les battements de son cœur sont les mêmes que ceux du colon. Il découvre qu’une peau de colon ne vaut pas plus qu’une peau d’indigène. C’est dire que cette découverte introduit une secousse essentielle dans le monde. Toute l’assurance nouvelle et révolutionnaire du colonisé en découle. Si en effet, ma vie a le même poids que celle du colon, son regard ne me foudroie plus, ne m’immobilise plus, sa voix ne me pétrifie plus. Je ne me trouble plus en sa présence. Pratiquement, je l’emmerde. Non seulement sa présence ne me gêne plus, mais déjà je suis en train de lui préparer de telles embuscades qu’il n’aura bientôt d’autre issue que la fuite."
Frantz Fanon
Guatemala: mort de l'ancien dictateur et génocidaire Efrain Rios Montt
Il est le symbole des plus noires années du Guatemala contemporain. L'ancien président et dictateur guatémaltèque Efrain Rios Montt est décédé dimanche 1er avril matin à l'âge de 91 ans, alors qu'il était jugé pour génocide après avoir échappé à une première condamnation en 2013. Arrivé au pouvoir par un coup d'État le 23 mars 1982, le dictateur avait été renversé par son ministre de la Défense, Oscar Mejía Victores, le 8 août 1983. Son bref passage au pouvoir est néanmoins considéré comme l'un des plus violents ayant marqué la guerre civile qui a ensanglanté le pays de 1960 à 1996 et fait plus de 200 000 morts et disparus.
L'ancien dictateur guatémaltèque Efrain Rios Montt, accusé de génocide contre les populations indiennes du Guatemala, est mort dimanche à 91 ans à son domicile d'un infarctus. Après l’annonce de sa disparition, des dizaines de familles des victimes ont manifesté pour demander justice.
« En fait, nous sommes vraiment désolés qu’il soit mort, a réagi Aura Elena Farfán, fondatrice de l'association Famdegua, l'association des familles des détenus et disparus du Guatemala, interrogée par la rédaction en langue espagnole de RFI. Nous ne voulions pas qu’il meure, non, nous voulions qu’il vive, même malade comme il était, pour qu’il puisse nous dire où, quand, comment, toutes ces atrocité se sont déroulées. Qu’il s’explique par exemple, au sujet des 226 hameaux dévastés, des 45 000 disparus guatemaltèques, tous ces gens qui ne sont plus là.
Nous regrettons que ce que souhaitaient ses avocats soit finalement arrivé, c’est-à-dire qu’il est mort avant la fin de son procès, sans qu’il ait pu être jugé, dans l’impunité...»
L'ex-militaire est mort alors qu'était en cours un nouveau procès pour génocide. Un procès à huis clos en raison de son état de santé, les médecins ayant diagnostiqué une démence sénile, qui lui aurait permis, en cas de condamnation, de purger sa peine à son domicile ou dans un centre d'accueil.
Efrain Rios Montt avait été déjà condamné le 10 mai 2013 à 80 ans de prison pour génocide et crimes de guerre. Un jugement qui avait date avant que sa peine aie été annulée pour vices de procédure par la Cour constitutionnelle, la plus haute juridiction du pays, en janvier 2014. Jamais auparavant un chef d'Etat n'avait été jugé ou condamné par un tribunal national pour génocide.
Il était notamment accusé d'être responsable du massacre de 1 771 Mayas dans le département de Quiché (nord). En 1999 un rapport des Nations unies avait pointé le «génocide» commis au Guatemala, notamment entre 1978 et 1984 contre les populations indiennes : massacres de populations et villages rasés. Cette séquence est l'un des épisodes les plus noirs de la sale guerre qui a ensanglanté le pays de 1960 à 1996 et qui a fait au total 200 000 morts et disparus, toujours selon l'ONU.
Arrivé au pouvoir par un coup d'État le 23 mars 1982, le dictateur avait été renversé par son ministre de la Défense, Oscar Mejía Victores, le 8 août 1983. Son passage au pouvoir, bien que bref, est considéré comme l'un des plus violents ayant marqué la sale guerre. Au nom de la contre-insurrection, soutenue par les Etats-Unis, le pouvoir avait mis en place une politique de répression systématique contre les communautés indigènes soupçonnées de soutenir les guérillas de gauche. « Vive le général Rios Montt qui nous a délivré des communistes! », c’est ainsi que ses proches lui ont rendu hommage, rapporte l’AFP.
Efrain Rios Montt n'avait pas quitté la politique puisqu'il s'était présenté à l'élection présidentielle de 2003 après avoir fondé le Front républicain guatémaltèque (FRG, droite). La leader indienne Rigoberta Menchù, prix Nobel de la paix en 1992, un des symboles de la lutte pour la reconnaissance des droits des indiens et contre l'impunité des crimes commis au Guatemala, avait fait de la condamnation de Rios Montt un combat personnel.
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