• En gros, si on veut...


    ... les "subaltern studies" (lire aussi subaltern-studies.pdf et également et surtout gayatri-spivak.pdf où en deux paragraphes on a à peu près situé politiquement le truc...) c'est vouloir faire des "subalternes" (terme employé par Gramsci pour les classes pauvres et exploitées qui n'écrivent pas leur propre histoire, que l'historiographie des élites n'"enregistre" pas ou de manière très déformée) ; d'une PARTIE d'entre eux du moins (LOL !) ; des petits bourgeois "entrés dans l'histoire"... et surtout une masse de manœuvre pour pouvoir soi, petit bourgeois intellectuel, prendre la place des grands.

    Spécifiquement en Inde (qui en est LE pays), prendre la place de l'oligarchie dirigeante historique (congressiste) avant que L'AUTRE petite bourgeoisie, l'ultra-nationaliste fasciste, ne le fasse (sauf que voilà, maintenant avec Modi elle l'a fait... c'est ballot !).

    En tenant compte aussi, pour bien comprendre les choses dans ce contexte, du "paradoxe brahmane" ; c'est à dire la plus haute caste du système hindou (le clergé en quelque sorte), la plus respectée en principe, mais une caste non-possédante, censée être dénuée de richesses matérielles brahmanité-et-pauvreté (un peu comme certains ordres monastiques ici)... ce qui dans la Modernité capitaliste renvoie forcément tout au bas de l'échelle, en tout cas (au mieux) à une toute petite classe moyenne intellectuelle. Et de fait une énorme partie de la gauche indienne en général (gauche "communiste" middle class qui joue un rôle essentiel dans le néocolonialisme depuis l'indépendance) est issue de cela, de cette caste déchue, dans une démarche qui s'efforce (tout en condamnant sur le principe le système des castes) de retrouver une sorte de magistère intellectuel sur les masses (car c'était aussi la caste des "profs", des enseignants) et de rééquilibrer les rapports de pouvoir avec les puissants économiques, plutôt issus de la caste des aristocrates guerriers (kshatriya).

    Bref, vivement que les maoïstes avancent et triomphent dans leur Guerre populaire parce que c'est pas avec autre chose, et surtout pas avec ça qu'on est sorti d'affaire !!

    De manière générale, tout ce qui termine par "studies" n'est de toute façon en dernière analyse que la mise dans le formol universitaire d'une lutte juste mais sur le recul, dans le contexte général mondial de recul des luttes dans les années 1980 à 2000 (luttes des masses pauvres et exploitées en Inde, luttes des colonies intérieures aux États-Unis, luttes des peuples indigènes ailleurs, luttes d'émancipation démocratique de genre mondialement etc.).

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    [Un résumé assez synthétique et clair de la chose...]

    "Disons qu'historiquement, il y a une oligarchie indienne qui a régné quasi non stop depuis l'indépendance (jusqu'en 1998 puis de 2004 à 2014), moderne et occidentalisée, formée dans les universités british et autres : c'est essentiellement le Parti du Congrès. 

    Le BJP représente, lui, un peu comme l'AKP ou le MHP en Turquie la bourgeoisie plus 'terreuse', nationaliste et traditionaliste du pays 'profond'. À la rhétorique parfois anti occidentale, mais bon, anti tout ce qui n'est pas hindou de manière plus générale et simple.* 

    Ça n'a simplement pas, à ce stade, mené au conflit avec l'Occident car la ligne anti musulmane et anti chinoise que ça signifie convient à ce dernier sur le plan géopolitique (et sur le plan économique, les intérêts de ses multinationales sont bien gardés). 

    De l'autre côté il y a aussi tout un compradorisme historique de gauche, 'communiste' révisionniste, qui a pu régner sur des États entiers comme le Kerala (1957-59 puis en alternance, une très grande partie du temps depuis 1967) ou le Bengale (1977-2011 non-stop)

    En perte de vitesse, il essaye depuis 20-30 ans de se faire un lifting avec des thèses postmodernes, comme les subaltern studies de Spivak et autres.

    Je veux dire que cette bourgeoisie compradore 'rouge' essaye de se reconvertir dans ce postmo foireux.

    Évidemment, ça ne fait pas le poids face à l'appel du BJP à l'"âme éternelle" du pays. Dans les faits, cette vaste entreprise de retape est complètement laminée dans les classes moyennes et populaires par le populisme hindutva.

    Personne (à commencer par leurs 'subalternes' sujets d'étude) n'en a rien à branler de leurs conneries je veux dire, LOL. Déjà moi le premier, alors imaginez un peu là-bas... Où quand tu sais lire, c'est déjà super bien et tu vas pas le gâcher à lire ça. 

    Au milieu de tout ça, les camarades maoïstes essayent tant bien que mal de mener à son terme la révolution commencée à Naxalbari il y a plus de 50 ans."

    * À ce sujet, lire ici une bonne présentation http://redvoicesofindia.secoursrouge.org/il-faut-developper-la-guerre-populaire-pour-combattre-le-fascisme-hindou-brahmanique-et-faire-avancer-la-revolution-de-nouvelle-democratie/ ; pour se donner une idée (aussi) de là où a conduit le compradorisme "de gauche" puis toute la merde gauchistoïde petite-bourgeoise plus ou moins postmoderne dans laquelle il essaye maintenant de se reconvertir ; un danger que, sans préjudice des immenses différences avec un pays comme l'Inde, il n'est pas absurde de transposer ici face à la menace des "populismes" d'extrême-droite.

     

    En gros, si on veut...

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