• Considérations diverses - 28/04/2014 : Front populaire antifasciste & question immobilière en Corse


    partisans1. Il n'y a rien de pire que l'apathie et la résignation ou (surtout) le légalisme, le respect fanatique de l'ordre établi, des lois, des institutions et des "dépositaires de l'autorité" (en Hexagone l'immense majorité de ce que l'on appelle indistinctement "extrême-droite" ou "fascisme" consiste strictement en cela et si elle est "révoltée", c'est par la perte de ces "valeurs").

    Au-delà commence ce que l'on appellera la "conscience révoltée", c'est-à-dire la non-acceptation systématique du monde qui nous entoure.

    À partir de là, l'histoire a montré que cette "conscience révoltée" peut suivre différentes directions :

    - la "révolution réactionnaire" qui est ce que l'on appelle le fascisme au sens strict ;

    - mysticisme, explication ésotérique du monde, millénarisme religieux (auquel on peut rattacher le djihadisme musulman) ;

    - réformisme radical : l'ordre des choses est mauvais mais perfectible en "luttant", en "revendiquant", en "faisant entendre sa voix" ; ou alors il est "trop tôt" pour parler de révolution et il faut donc se contenter d'améliorations et de petites "conquêtes" par la lutte, ce qui revient au même ;

    - enfin, la conscience révolutionnaire proprement dite : il faut renverser par une lutte radicale l'ordre établi des choses, et en construire un autre plus juste.

    Ceci étant bien sûr non exhaustif : il existe encore une multitude de voies moins importantes, ou de dérivatifs des quatre ci-dessus (par exemple, lorsque des listes "associatives militantes" des quartiers populaires s'associent aux centristes de l'UDI contre des municipalités PS ou PC, c'est la même logique réformiste que celle qui a longtemps lié ces milieux associatifs à la gauche bourgeoise, même si dans la plupart des esprits "réformisme" est associé à "social-démocratie", "keynésianisme" etc.) ; et surtout de nuances, de "zones grises" entre elles.

    Ce qui revient souvent dans les débats, au sujet de Dieudonné ou autres, et que nous avons déjà maintes fois affirmé, c'est que la première tâche des communistes n'est pas la dénonciation des mille et un bourgeonnements non-communistes, réformistes ou même réactionnaires/fascistes (comme le dieudonnisme), mais la FORTIFICATION DE LEURS PROPRES POSITIONS IDÉOLOGIQUES. Face à un mouvement communiste fort avec une ligne en acier trempé, très peu de réformistes, de mystico-religieux et même de fascistoïdes sont par principe "irrécupérables" - à condition de mener inlassablement le travail d'agitation et de propagande. À l'inverse, une ligne "communiste" aussi erronée qu'arrogante agit en "repoussoir" et va favoriser le bourgeonnement idéologique de démarches "rupturistes" antimarxistes (ou assumant une forte distance avec le marxisme). Par exemple, face à la ligne du PCF de Maurice Thorez sur la question algérienne (du milieu des années 1930 jusqu'à l'indépendance), c'est ce que l'on a observé dans le mouvement de libération nationale de ce pays, où l'hostilité aux idées communistes était forte avec des gens comme Messali Hadj ou Malek Bennabi (et le PC algérien fut très rapidement marginalisé par les nationalistes et le FLN, puis dissous lors de l'indépendance).

    Front popCela peut nous amener à nous pencher sur une autre question importante : lorsque l'on parle de Front populaire antifasciste, la première question à se poser (nous semble-t-il) devrait être "où est la social-démocratie, où est la SFIO de notre époque ?".

    Eh bien, notre conclusion est que cet équivalent actuel de la SFIO des années 1930, autrement dit le mouvement militant ouvrier-populaire qui ne s'est pas encore suffisamment emparé de la science marxiste... c'est précisément cette "extrême-gauche anarcho-trotskyste" sur laquelle d'aucuns tapent à tour de bras et à longueur d'articles  (à laquelle il faut ajouter les troupes progressistes sincères - et non-chauvinardes - du Front de Gauche ou des Verts et bien sûr les gauches d'affirmation des peuples niés comme Breizhistance etc.), alors que dans le même temps ils prônent l'alliance "antifasciste" ou plutôt anti-Dieudonné (ne disant pas un mot du nouvel manifestation antifasciste"immortel" Finkielkraut par exemple !) avec le PS de Valls quand ce ne sont pas carrément l'UMP et le CRIF toulousains de Moudenc et Yardeni ! Autrement dit avec l'équivalent actuel du Parti radical des années 1930 (quand ce n'est pas carrément de la Fédération républicaine qui donnera à la "Révolution nationale" ses Vallat et Henriot), avec lequel le PC de Thorez s'allia certes, mais ce fut justement la pire erreur qu'il ait commis ! Si "main tendue" à une fraction de la bourgeoisie il devait y avoir, ce serait à la rigueur à la bourgeoisie  démocrate sincère, "libérale" au sens politique, et non républicaine ce qui n'est pas du tout la même chose...

    Manifestation-Clement-Meric10Une "extrême-gauche anarcho-trotskyste" présentée comme un ramassis d'"antisémites" et de rouges-bruns "nationalistes révolutionnaires" honteux, une véritable "antichambre du fascisme" alors que Valls et compagnie seraient au contraire des "forteresses des Lumières, de la culture et de la civilisation"... On retrouve notamment cela dans un article de nos "maoïstes" crypto-sionards consacré à Dieudonné, où ils reprennent encore une fois leur vieille thèse (empruntée à leur idole le sioniste Sternhell) selon laquelle le fascisme naîtrait de "la gauche et (de) l'extrême-gauche refusant le matérialisme dialectique" ; thèse évidemment absurde et totalement contraire au matérialisme dialectique en question. Il faut réaffirmer encore une fois les choses haut et fort :

    - Que des RÉFORMARDS (car là est le premier postulat erroné : dire que Dieudonné était "d'extrême-gauche" c'est à dire révolutionnaire au début des années 2000, alors que c'était un putain de républicard intégrationniste !) finissent parfois par tomber dans le mobilisation de masse fasciste, c'est une réalité incontestable du moment qu'ils voient bien que cela "ne tourne pas rond", serment1934que "rien ne va plus" mais qu'ils sont intellectuellement incapables d'envisager un véritable renversement révolutionnaire de l'ordre existant ;

    - Mais se trouve le CENTRE de la mobilisation réactionnaire en question, qui finit par les attraper dans son orbite ? Le marxisme-léninisme nous l'enseigne : il se trouve dans la fraction la plus réactionnaire, agressive, terroriste, ne "reculant devant aucun crime" du Grand Capital monopoliste. Nullement dans "la gauche et l'extrême-gauche refusant le matérialisme dialectique", même si certains de ses membres peuvent se révéler des proies faciles et même devenir des agents de premier plan de la mobilisation réactionnaire de masse. Mussolini venait en effet du Parti socialiste italien ; mais l'élément déterminant dans son émergence comme tribun politique fasciste n'a pas été cette origine socialiste : cela a été, d'abord, la volonté d'une fraction du Grand Capital italien (et les valises de billets des services français et britanniques...) pour en faire un chef de file de la mobilisation pour l'entrée en guerre de l'Italie aux côtés des Alliés ; puis ensuite les monopolistes, financiers, industriels et autres propriétaires fonciers qui en ont fait leur "homme" dans leur entreprise (à la fois) de modernisation radicale du capitalisme italien et d'écrasement du mouvement révolutionnaire. L'un des buts premiers du fascisme italien était d'"affirmer" l'impérialisme "faible" de cet État bourgeois face aux grandes puissances de l'époque ("France", Angleterre, Allemagne etc.) selon la théorie de la nation prolétaire émise peu avant 1914 par l'ultra-belliciste Enrico Corradini... un homme profondément de droite ! Hitler n'a jamais appartenu d'aucune manière à la gauche allemande, pas plus que Franco à la gauche espagnole etc.

    10169283 234461056744161 475018343 nCeux qui auraient pris le Dieudonné de 2000-2002 pour une sorte de Malcolm X "à la française" et le voient aujourd'hui frayer avec les Le Pen, Gollnisch et autres Ayoub ne comprennent pas ce qu'il leur arrive ; mais c'est tout simplement qu'il n'ont pas compris quel "républicain" idéaliste petit-bourgeois était en réalité Dieudonné à cette époque, alors que cela transparaissait pourtant clairement dans un débat de 2005 (au tout début de son "partage en vrille") avec l'"indigène" Pierre Tevanian : "le corps sain c'est l'utopie, pas la République dans laquelle nous vivons. Moi, je vous parle d'un projet qui n'a jamais été réalisé, d'une utopie qui est aujourd'hui vérolée par le sionisme" ; "Vous me voyez comme un homme noir mais je ne suis ni noir ni blanc, je n'ai pas de communauté. Pour moi il y a une utopie républicaine et je n'ai pas d'autre projet que cette utopie" ; "Le corps sain, c'est l'utopie : on va à l'école, on travaille, on paye nos impôts, etc. Moi je n'ai pas de communauté autre que ce projet. Qu'est-ce que vous voulez que je fasse ? Que je donne du fric aux Noirs, aux Arabes ? Non, moi je sers, je travaille pour un projet qui est la République. Je ne sais pas ce que c'est mais, en tout cas, si je n'y crois plus, c'est la guerre civile, donc j'y crois", etc. etc. Ce qu'il s'est simplement passé, c'est qu'à cette "utopie républicaine" Dieudonné est allé chercher un "ennemi intérieur" dans "les sionistes du CRIF" là où l'immense majorité des républicards à la Finkielkraut allaient le trouver dans le "musulman-racaille-allogène-inassimilable". Il n'a pas fait le choix mainstream et il l'a payé chèrement, mais il a également fini par en profiter car, en tant que "fausse alternative antisystème" (alternative pourrie), il trouve lui aussi toute sa place dans le dispositif de fascisation rampante actuellement à l'œuvre.

    6fev3412Il n'en allait pas différemment dans les années 1930... Doriot est un cas assez particulier : exclu du Parti communiste en juin 1934 pour avoir prôné... le Front populaire qui allait être adopté comme ligne officielle quelques mois plus tard, il s'est vendu au plus offrant (Banque Worms de Gabriel Le Roy Ladurie) pour rester une figure politique "importante" et donner naissance à une sorte de "parti ouvrier anticommuniste". Mais des cas comme ceux de Louis Sellier, de Ludovic-Oscar Frossard (premier secrétaire du PC de 1921 à 1923) ou encore du Parti ouvrier et paysan français constitué par les anciens parlementaires communistes passés à la "Révolution nationale" ne prouvent rien d'autre... que ce que nous affirmons depuis des années : le régime de Vichy avait une base politique et sociale beaucoup plus large que les seules "ligues factieuses" fascisantes des années 30 (dont beaucoup de membre passeront d'ailleurs à la "France libre" dès 1940 !), et cette base socio-politique était tout simplement L’IDÉOLOGIE RÉPUBLICAINE bleu-blanc-rouge, incluant le "socialisme républicain français". Quant au syndicalisme révolutionnaire, dont il faut tout de même rappeler que l'immense majorité sera antifasciste jusqu'au bout (c'est-à-dire dans bien des cas jusqu'à la mort), s'il a engendré des fascistes comme Georges Valois ce n'est pas en tant que syndicalisme révolutionnaire, mais bien en tant que "socialisme" sans-culotte républicard... Forcément, lorsque l'on a pour modèle une "expérience révolutionnaire" (1793-94) qui s'est finalement révélée être un vaste enfumage, mobilisant (en l'occurrence) le "petit peuple" au service de la grande bourgeoisie pré-monopoliste parisienne contre la bourgeoisie moyenne de "province", il ne faut pas s'étonner de se retrouver 150 ans (ou 220 ans, aujourd'hui) plus tard dans le même cas de figure : servir le Grand Capital au nom de la "révolution" [la référence à (17)"93" était au demeurant directement assumée par le Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat, comme... "préfiguration du national-socialisme"] !

    Printemps-Francais-LOLIl faut encore une fois réaffirmer les choses clairement : le nazisme en Allemagne reposait TOTALEMENT sur l'idéologie "allemande" présidant à l’État impérial depuis sa fondation dans les années 1860-70 : pensée völkisch, pangermanisme etc. ; idéologie simplement "rehaussée" de "socialisme national" pour faire contrepoids aux très puissants mouvements social-démocrate et communiste. En "France" l'idéologie dominante de l’État est l'idéologie républicaine (ou plutôt bonapartiste sans Bonaparte) et il n'y a pas de fascisme sans qu'une fraction majoritaire de cette idéologie passe sur cette option.

    C'est la France comme système qui (lorsque les circonstances le réclament) abandonne la pseudo-"démocratie" et devient ouvertement fasciste ; et non le fascisme comme force "extérieure" et "révolutionnaire" qui "prend d'assaut" le système-France pour lui imposer sa loi.

    La fascisation est un dispositif qui, de manière non réellement pensée ni coordonnée, se met petit à petit en place ; car l'histoire montre que lorsque l'affrontement entre révolution et contre-révolution est à l'ordre du jour (par les circonstances objectives et l'existence de deux centres de mobilisation révolutionnaire et réactionnaire se faisant face), tous les faits et gestes jusqu'aux plus minimes et moins conscients ou coordonnés se "goupillent", se combinent dans un dispositif concourant à l'accomplissement de l'un ou de l'autre (et aujourd'hui c'est l'option contre-révolutionnaire brutale qui est intellectuellement hégémonique). Les fausses "alternatives antisystème" à la Dieudonné-Soral font partie du dispositif de fascisation, dans lequel prennent place aussi bien les "partis du système" ("UMPS") qu'ils dénoncent que les "extrêmes" (FN et "gauche antilibérale") auxquels ils ramènent toujours en définitive ; car la ligne de démarcation qu'ils se gardent justement bien de franchir, c'est celle d'une remise en cause totale du système socio-politique "République française" ! Pour autant, ils ne sont pas le centre de la mobilisation réactionnaire fasciste de masse...

    [Addendum écrit "à chaud" après les résultats des régionales 2015 :

    "Le Front populaire de 1936 (référence absolue, bien sûr, de tous les partisans y compris pseudo-"maoïstes" du "vote barrage") n'est absolument pas entré dans l'histoire pour avoir fait barrage au fascisme ; puisque déjà en 1938-39 le "Parti social français" (ex-ligue des Croix-de-Feu) cartonnait aux élections et se rapprochait même... du Parti radical au pouvoir (pour qui le "Front antifasciste" tel que "compris" par Thorez avait souvent conduit à voter, et qui avait 110 députés) ; et qu'en 1940 la catastrophe majeure de la débâcle militaire verra s'instaurer le régime de Vichy et la "Révolution nationale" sans que rien ne puisse s'y opposer (et surtout pas... les élus du Front populaire en question, de l'Assemblée élue en mai 1936, dont 80 seulement voteront contre !).

    Le Front populaire est entré dans l'histoire pour les immenses conquêtes sociales qu'il a permises ; des choses aussi inimaginables à l'époque... que leur inexistence le serait aujourd'hui (congés payés, temps de travail maximum hebdomadaire, la sécurité sociale attendra 1945 et le salaire minimum les années 1950 mais l'idée était déjà dans les tuyaux). Il est entré dans l'histoire comme un grand moment de mobilisation populaire progressiste radicale et révolutionnaire, préparant la Résistance antifasciste qui en sera un autre (et dont l'issue victorieuse verra la mise en place définitive de ces réformes sociales) ; l'un de ces grands... et rares moments de mobilisation populaire révolutionnaire des 200 dernières années. Et la vraie problématique d'aujourd'hui est finalement moins les scores du FN que la non-possibilité d'une telle mobilisation.

    Que ceux qui lancent des incantations au "Front populaire" commencent donc par le commencement, à savoir rendre possible de tels nouveaux 1936 ! Le Front populaire comme évènement tutélaire de l'histoire prolétarienne hexagonale n'a JAMAIS consisté en un simple "vote barrage" à l'extrême-droite !"]


    ***********

    Villas Corse

    2. Une nouvelle qui a fait quelque peu couler l'encre, ces derniers jours, est le "vœu" de l'Assemblée territoriale de Corse (présidée par le notable radical-de-gauche - assez "corsiste" - Paul Giacobbi, mais où les autonomistes et les indépendantistes comptent 30% des sièges) proposant de réserver l'accès à la propriété dans l'île aux personnes justifiant de 5 ans de résidence permanente. À ce jour, les résidences secondaires représentent en Corse plus de 40% du parc immobilier et les habitants (corses "depuis l'éternité" mais aussi d'adoption, originaires du Maghreb, d'Italie, du Portugal ou encore... du continent "français") sont confrontés à une "implosion" de l'offre et à une flambée des prix et des loyers absolument démentielle [quelques éléments à ce sujet ici, sur le blog d'un militant historique de la lutte de libération nationale (LLN)].

    541474-le-dirigeant-du-parti-inseme-per-a-corsica-ensemble-Bien entendu, les classiques réactions fusent comme des gimmicks au point qu'on les connaît désormais par cœur et qu'il n'est presque plus besoin de les présenter : "c'est xénophobe, discriminatoire, pire que Le Pen sauf que là personne ne dit rien" [curieusement on n'entend pas les mêmes cris d'orfraie lorsque des personnes vivant et travaillant en Hexagone depuis plus de 40 ans sont privées de droit de vote voire... d'une retraite décente, ou lorsque les droits culturels musulmans sont bafoués dans l'espace public par l'interdiction du voile, l'absence de lieux de culte etc.] ; et puis bien sûr le fameusissime "ils sont tout de même bien contents, ils feraient quoi sans notre tourisme et tout le pognon qu'on leur donne, s'ils veulent leur indépendance qu'ils la prennent !" [à ce sujet lire ici]... Les ailes droite et gauche de l'idéologie républicarde bleu-blanc-rouge se lèvent ici comme un seul homme, ou plutôt comme une seule fRance qu'elles sont en réalité ; et le Conseil constitutionnel devrait d'ailleurs balayer le "vœu" d'un revers de main sur le premier argument (c'est "discriminatoire").

    Alors certes, nous sommes d'avis que la formulation idéologique nationaliste bourgeoise de la proposition (démarche clairement inséparable des très gros scores nationalistes aux municipales, où Gilles Simeoni a notamment remporté la mairie de Bastia) peut prêter le flanc à de telles confusions et attaques. Nous n'aurions certainement pas présenté les choses de cette façon. Mais nous partageons à 300% l'idée de fond sur laquelle  elle repose : le logement en priorité à ceux et celles qui en ont BESOIN pour vivre et travailler ; et non en priorité (les moyens financiers donnant facilement ce genre de priorité-là) à ceux et celles pour qui c'est un loisir, un "fun", un "extra", un signe extérieur de richesse etc. etc.

    FLNP-prouvenço-libreCe qu'il est vrai de dire, en revanche, c'est qu'il "n'y a pas que les Corses dans cette situation" : on retrouve en effet le même problème de colonisation immobilière touristique (avec ses mêmes conséquences pour les classes populaires locales) sur les côtes provençale ou basque, en Bretagne, dans les îles poitevines et charentaises (Noirmoutier, Ré, Oléron) où des retraité-e-s au minimum vieillesse se retrouvent (par la valeur foncière prise par leur petit terrain) assujettis à l'ISF, et même... à Paris, où le problème se pose peut-être avec plus d'acuité que partout ailleurs : il est clair que tant les oligarques russes ou les émirs du Golfe que les "capitaines d'industrie" "bien d'chez nous" (les Arnault, Lagardère, Bolloré etc.) y possèdent et monopolisent des dizaines de milliers de mètres carrés où il ne mettent pratiquement jamais les pieds, pendant que des placards à balais de quelques mètres carrés se retrouvent loués pour plusieurs centaines d'euros mensuels par des marchands de sommeil et que des squats insalubres prennent feu régulièrement, tuant des dizaines de personnes dont des enfants. Mais justement : va-t-on reprocher aux Corses de ne pas vouloir en arriver là et de se donner par la lutte les (maigres) moyens de mettre, au moins, le problème sur la table !? Bien sûr que non, et il faudrait au contraire souhaiter que les Bretons, les Occitans, les Basques, les Poitevins-Saintongeais et les classes populaires parisiennes se les donnent aussi, et bien plus encore ! Voilà qui donnerait encore au petit bourgeois francouille - n'ayant en tête que sa "retraite au soleil" - quelques bonnes raisons de s'étrangler d'indignation...

    Car nous sommes bel et bien là dans une problématique DE CLASSE et de modèle de société : le logement est une NÉCESSITÉ VITALE qu'il faut sortir de la logique de marchandise, et une telle mesure ne peut être qu'une mesure révolutionnaire socialiste. Il est évident que telle n'est agence immo-jpbpas la volonté ni la nature de la proposition de l'Assemblée de Corse, vouée de toute façon à être vertement rejetée par la République du Grand Capital (avec laquelle il faudrait commencer par rompre, condition sine qua non).

    Une véritable politique révolutionnaire du logement, par exemple, ne mettrait pas en avant comme critère une durée de résidence (5 ans ou plus ou moins) mais le besoin concret de se loger, justifié par exemple par la détention d'un contrat de travail (ou une inscription locale à Pôle Emploi). On se doute bien que la propriété n'est pas trop notre tasse de thé, et nous ne limiterions donc pas seulement l'accès à la "propriété" mais au logement en général, point à la ligne (les notions de propriétaire et de locataire auraient de toute façon disparu, le travailleur serait disons "titulaire" d'un logement), car la location de pur loisir fait aussi flamber les prix ; et dans l'hypothèse actuelle, qu'est-ce qui empêcherait par exemple que se mette en place un sinistre marché noir des prête-noms (résidents de plus de 5 ans laissant ensuite l'usage du bien - contre rémunération bien sûr - à des non-résidents), des société immobilières bidons mais domiciliées en Corse etc. etc. ?

    un toitPour autant, le fait qu'un tel "vœu" ait été émis montre bel et bien deux choses : 1°/ la réalité prégnante du problème et 2°/ la poussée irrésistible d'une volonté politique populaire d'en finir avec ce problème, indissociable en Corse de la volonté d'en finir avec la France que traduisent les scores nationalistes de plus en plus importants à chaque élection dans l'île (idem au Pays Basque notamment, avec une véritable vague abertzale aux dernières municipales).

    Trois mois de véritable fréquentation touristique par an ne peuvent pas mettre 300.000 personnes présentes à l'année face à un véritable parcours du combattant pour bénéficier d'un toit. Nous ne sommes pas pour un "socialisme" de caserne façon pays de l'Est 1975 et nous ne sommes pas contre le droit au voyage et aux vacances, nous déplorons bien au contraire que des millions de personnes en Hexagone n'aient pas ce droit faute de moyens, mais il y aussi un droit irrévocable à avoir un toit (décent) au-dessus de la tête et il n'est pas possible (car fatal) de mélanger ces deux marchés... à vrai dire, ni l'un ni l'autre ne devraient être un marché ! Et pour les personnes qui souhaiteraient découvrir la magnifique Corse, ce que personne  à ce jour n'a songé à interdire (à notre connaissance), on peut envisager des logements ne dépassant pas le format studio ou à la rigueur T1 (une salle + une chambre + coin cuisine et salle de bain) dans des espaces strictement prévus à cet effet, des parcs de petits bungalows etc. ou tout simplement... le camping, y compris sauvage, très bien accepté à condition de respecter quelques conditions (laisser les lieux propres, faire attention au feu etc.) et les habitants des alentours. "Ah oui, mais il y a des bêtes" nous répondront certain-e-s. Ah oui, en effet...


    EuskalHerria spécu immo


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