• Compaoré dégagé...


    Oui, c'est bon merci, on sait que ça ne va (dans l'immédiat du moins) RIEN CHANGER. On sait que l'Armée a pris le pouvoir et va organiser la "transition", l'appareil de domination néocolonial (dont cette même armée est le pilier) restant absolument intact. De nouveaux gardes-chiourmes "démocratiquement élus" occuperont le devant de la scène...

    Il n'empêche : ON EST TOUT DE MÊME CONTENTS de savoir que l'assassin de son propre "frère" Thomas Sankara (il y a 27 ans presque jour pour jour) sur les ordres de l'impérialisme bleu-blanc-rouge, ce même impérialisme au service duquel il jouera les bases arrières pour les carnages au Libéria (1989-97) et en Côte d'Ivoire (2002-2005 puis 2011), ne MOURRA PAS PRÉSIDENT DANS SON LIT - aux dernières nouvelles il aurait trouvé refuge en Côte d'Ivoire chez son pote Ouattara, qu'il a aidé à monter sa rébellion en 2002 puis à prendre le pouvoir en 2011 (1-2-3-4-5).

    Ceci grâce à la grande et magnifique révolte de la jeunesse populaire burkinabé, qui s'est levée en masse contre le projet du despote de se représenter indéfiniment à la présidence et a même carrément incendié le Parlement :

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    Il convient cependant de souligner quelques petites choses, sachant que cet article sera très lu et partagé notamment par des personnes africaines ou reliées culturellement à l'Afrique :

    1°/ Si Compaoré a été "dégagé" aussi rapidement et sans grande effusion de sang (quelques morts et blessés), c'est aussi parce que l'Armée et la police sont restées relativement "l'arme au pied" face à la mobilisation populaire... Ce qui veut dire qu'un "feu vert" est venu "d'en haut" - de Paris - en faveur d'un renouvellement d'équipe dirigeante à Ouagadougou. Ceci est d'autant plus clair au vu du courrier adressé par Hollande à Compaoré il y a quelques semaines, lui donnant du "cher Blaise" et l'incitant à ne pas s'accrocher au pouvoir en lui offrant même de le "recaser" dans une quelconque instance internationale ou continentale. Voilà qui montre bien la véritable nature de tous ces satrapes (franç)africains : des gouverneurs, des intendants, de véritables commis de la "métropole" !

    Il ne faut donc pas, quelle que soit l'admiration ressentie pour la sublime et combattive jeunesse burkinabé (qui marche toujours dans les pas de Sankara), perdre de vue cet autre aspect des choses - dans un mode de raisonnement dialectique. Ce qui vient de se produire ne peut-être compris que comme une étape, un épisode, un tout petit pas dans une longue marche forcément prolongée vers la libération révolutionnaire ! Mais un petit pas qui vaut mieux, bien sûr, que rien du tout. En d'autres temps, un Houphouët ou un Bourguiba pouvaient "prendre leur retraite" à un âge canonique lorsqu'ils n'avaient plus les capacités physiques de gouverner, il fallait des guerres civiles (dans le cadre de la concurrence inter-impérialiste) pour dégager un Mobutu ou un Habyarimana et il y a encore quelques années à peine, au Togo et au Gabon, les satrapes Bongo et Eyadéma transmettaient tranquillement le pouvoir à leurs rejetons. Tout ceci a changé depuis la grande tempête populaire qui a soufflé sur les pays arabes (donc le Nord du continent africain) en 2011. C'est le signe que tant dans les pays impérialistes que dans leurs semi- et néocolonies (nous employons ce terme lorsque l'"indépendance" est vraiment à un haut degré de bidonnage, comme c'est le cas en (Franç)Afrique avec le franc CFA dépendant de la Banque de France, les bases militaires tricolores jouant le rôle de véritable force de défense etc.) les classes dominantes ne peuvent plus maintenir leur domination sous une forme inchangée, qu'elles ne peuvent plus gouverner (et les masses populaires ne veulent plus être gouvernées !) comme auparavant ; ce qui est l'une des caractéristiques d'une situation révolutionnaire selon Lénine (et il est très clair que le début de la présente décennie a vu le monde entrer dans une telle situation).

    2°/ La "dissidence" et l'"anti-impérialisme" en carton - comme par exemple ce site qui met en avant Kémi Séba etc. - faisaient depuis quelques temps leurs choux gras contre "l'assassin de Sankara" comme pour annoncer leur soutien à un possible soulèvement contre lui. Ceci ne doit pas duper les masses populaires africaines et afro-descendantes. Car ceci s'inscrit en réalité totalement dans la logique de ce qui précède, la logique impérialiste de "printemps démocratique" autrement dit de "ravalement de façade" de la domination néocoloniale, en faisant mine de "dénoncer" des "dictateurs" que l'on a soi-même porté au pouvoir 20 ou 30 ans auparavant et soutenus continuellement depuis - il s'agit en fait de la version fasciste de cela. Par exemple, on sait que Blaise Compaoré a pu prendre le pouvoir puis lancer les hordes de Taylor à l'assaut du Libéria notamment avec la bénédiction et le financement d'un certain Mouammar Kadhafi (le fameux "consortium de Ouaga" Kadhafi-Compaoré-Taylor)... qui était - et reste même après sa mort bien méritée - une idole absolue pour tout ce "panafricanisme" de pacotille. Quand la "communauté internationale" dit "regardez, maintenant il y a un fils de Kényan musulman à la Maison Blanche, vous voyez bien que tout est possible... Yes we can !", eux disent dans le même esprit "vous verrez quand le FN sera au pouvoir et que les américano-sionistes ne seront plus les maîtres à Paris, tout sera différent !" - certains néocolonisés ont en effet finalement (et malheureusement) le même raisonnement que beaucoup de personnes dans les classes populaires hexagonales : tous les partis bourgeois se sont alternés au pouvoir sauf le FN, alors... (bien entendu, comme nous l'avons expliqué, tout cela se terminera forcément en Nuit des Longs Couteaux pour les raisons que nous avons exposées : un véritable fascisme hexagonal AU POUVOIR ne pourra tolérer aucune affirmation militante - même "bourgeoise", même bourrée de "fantaisies réactionnaires" - des néocolonies et de leurs "représentants" en Hexagone, de même qu'aucune affirmation des Peuples historiquement emprisonnés dans l’État). "Tout sera différent" comme peut-être... un certain retour à la fameuse, la sacro-sainte "diplomatie indépendante gaulliste" ? Peut-être... sauf que c'est JUSTEMENT lorsque le champion de cette "diplomatie gaulliste" concernant l'Afrique, Jacques Foccart, était de retour aux affaires auprès de Chirac (première cohabitation 1986-88) que Sankara a été renversé et assassiné ! 

    Tout cela, on le voit bien, n'a absolument aucun sens et n'est que sinistre mascarade et escroquerie intellectuelle. Mais qui sait, peut-être que dans le "nouveau Burkina sans Compaoré", Kémi Séba pourra monter un nouvel hôtel de passe qui marchera mieux que le précédent ! [En tout cas la "transition" est d'ores et déjà saluée sur le site d'E&R...]

    thomas-sankara-2.jpg

    Intéressant aussi, la prise de position de la veuve de Thomas Sankara :

    Mariam, veuve de Thomas Sankara : Blaise Compaoré «doit répondre de ses crimes»

    Mariam Sankara, la veuve de Sankara relance le débat sur la mort de son mari

              Sankarathomas Sankara
              thomassankaraBurkinatom-sank-copie-1.jpg


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