• Collectif Rosa Parks : Des gilets jaunes au(x) gants noirs, égalité, justice, dignité ou rien !


    Blog du Collectif Rosa Parks

    Il n’y aura pas de front large contre le régime de Macron ou contre le fascisme qui s’annonce si l’immigration et les banlieues qui constituent quelques millions d’âmes sont ignorées.

    Pour les gilets jaunes, le pari est gagné ! Cette mobilisation inédite et sans précédent témoigne de l’existence d’un profond mécontentement chez les classes populaires en voie de paupérisation méprisées par le pouvoir et les élites. Il serait faux et condescendant de n’y voir qu’une manipulation de l’extrême-droite d’autant que ses initiateurs réfutent toute entreprise de récupération partisane. Ce mouvement spontané ne peut pas être compris sans les mises en échec successifs du mouvement social contre la loi Travail et plus tard des grèves de la SNCF et d’autre part, sans l’existence d’un exécutif arrogant, trahissant de manière éhontée l’histoire sociale du pays et cédant de manière outrancière aux lois du marché. La mobilisation du 17 novembre et sa force d’identification représentent incontestablement une colère juste en ce qu’elle vise prioritairement un pouvoir replié sur lui-même, fermé et déterminé à détruire le pacte social.

    Pour autant, cette spontanéité qui fait toute son originalité et sa fraîcheur n’en charrie pas moins de fortes contradictions qu’il est important de prendre en compte pour ne pas tomber dans une adhésion béate. C’est précisément sa spontanéité et sa porosité qui permet à l’extrême-droite lepéniste et à certains syndicats de police de s’y associer et de lui donner bon gré, mal gré une coloration poujadiste et chauvine, d’autant que la mobilisation a déjà été entachée par des actes racistes scandaleux, des actions odieuses contre les migrants et d’autres clairement réactionnaires. Enfin, la revendication légitime de la baisse du carburant ne peut en aucun cas se substituer à un mouvement généraliste dont l’objectif principal serait la justice sociale pour tous.

    S’il faut soutenir les gilets jaunes pour les raisons ici évoquées, et dénoncer vigoureusement la répression dont ils ont fait l’objet, il revient à l’ensemble des franges qui constituent le mouvement social de charpenter et de donner un véritable contenu politique aux revendications des gilets jaunes. L’antiracisme politique fait partie du mouvement social et comme toutes ses composantes, il est interpellé. Le collectif Rosa Parks qui réunit différentes sensibilités de cette mouvance a déjà fait sienne l’idée d’une convergence réelle mais exigeante car le constat est là : l’immigration post-coloniale et les habitants des banlieues, qui cumulent les discriminations en tout genre, sont de fait aussi les laissés-pour-compte de ce système inégalitaire. Le racisme qui frappe de manière systématique quelques millions de non-blancs structure le champ social aussi sûrement que l’exploitation des ouvriers, hiérarchisant et distinguant à l’intérieur des classes prolétaires, un corps social légitime et pleinement incorporé à la nation, d’un corps illégitime constituant dans les faits une « France d’en bas » et une « France d’en-dessous de la France d’en bas ». Cela se traduit par une surveillance policière accrue, une ghettoïsation spatiale et sociale et une mise au ban politique, par des campagnes de diabolisation, des groupes politiques qui osent dénoncer cette situation. Si la hausse du carburant est une cause suffisamment légitime pour être endossée par les forces du mouvement social, qu’en est-il de la destruction des services publics, de l’état d’urgence, des violences policières ou des migrants qui meurent par dizaines de milliers dans la Méditerranée ?

    Disons-le clairement : il n’y aura pas de front large contre le régime de Macron ou contre le fascisme qui s’annonce si l’immigration et les banlieues qui constituent quelques millions d’âmes sont ignorées. C’est pourquoi, le collectif Rosa Parks a mis au cœur de sa démarche le racisme d’État mais aussi la lutte contre cette guerre sociale faite à tous et aux plus pauvres en particulier, la crise des migrants et les guerres impérialistes, questions fondamentales qui interrogent le grand désordre du monde.

    Depuis son lancement, l’initiative du collectif Rosa Parks a fait des émules et amplifie son audience. Plusieurs tribunes ont été publiées :


    À ce propos, nous nous réjouissons que des syndicats aient déjà déposé des préavis de grève formels en vue de la journée de la disparition. C’est indéniablement un pas de plus vers la reconnaissance et la prise en compte des discriminations racistes au travail.

    Nous appelons tous les habitants des quartiers comme des zones rurales, les populations qui subissent le racisme et tous ceux qui subissent de plein fouet les mesures néolibérales bref, tous les « Noirs, Jaunes, Rouges, Gris, Blancs et pas très clairs » à :

    • disparaître avec nous le 30 novembre des réseaux sociaux, des universités et de lycées, des lieux de travail et à boycotter la télé et les grandes surfaces et
    • réapparaître le 1er décembre sous la forme d’une Marche pour l’Égalité, la Justice et la Dignité au départ de Nation, un gant noir au poing.


    Nous espérons que celles et ceux qui appellent à manifester le 1er décembre pour plus de justice sociale se joindront à nous. C'est une occasion historique qui se présente, celle de pouvoir allier toutes les revendications d'égalité, de justice et de dignité. Ne pas saisir cette opportunité constituerait une erreur politique majeure. Les syndicats et les gilets jaunes avec nous ! Et avec des gants noirs !

    Collectif Rosa Parks : Des gilets jaunes au(x) gants noirs, égalité, justice, dignité ou rien !

    Une situation assez particulière que nous avons peu évoquée jusque-là, est celle de la colonie de la Réunion, où le mouvement a pris la tournure d'affrontements extrêmement violents qui ont conduit à la décision de geler pour trois ans, sur l'île, l'augmentation pseudo-"écologique" des prix du carburant ; mais dans le même temps hélas, l’État colonial vient de décider d'envoyer... l'armée : 

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    Autres prises de position anticoloniales intérieures

    - Un militant antiraciste politique à titre personnel :

    "Je poste ici mon avis personnel sur le contexte politique actuel et la position que devrait tenir l'antiracisme politique.Bien entendu, cela n'engage que moi. (C'est un peu long, désolé.)

    - Pourquoi le 1er décembre j’irai à la manifestation Rosa Parks et pas à celle des Gilets Jaunes -

    Je pense que, comme à peu près tout le monde, l’antiracisme politique, a été pris de court par l’ampleur du mouvement des Gilets Jaunes. 300 000 personnes dans la rue le 17 novembre, 100 000 le 24 et nul doute qu’ils seront tout aussi nombreux le 1er décembre. Plus encore, il a été pris de court par le niveau de la contestation sociale actuelle, car, le 1er décembre, ce ne sont pas seulement les Gilets Jaunes qui appellent à manifester, mais bien plusieurs pans de la société, comme la CGT ou bien encore les syndicats étudiants pour contester la hausse faramineuse des frais d’inscriptions des étudiants étrangers.

    Dans tout ce bouillonnement il y a l’antiracisme politique qui appelle les indigènes à disparaître le 30 novembre et réapparaître, lors d’une manifestation, le 1er décembre. Les dates de ces journées d’action, qui se sont décidées au sortir du Bandung du Nord en mai 2017, avaient été choisies en l’honneur de Rosa Parks, cette femme afro-américaine qui, le 1er décembre 1955, refusa de céder sa place dans le bus et ainsi refusa de se plier aux lois ségrégationnistes des États-Unis, devenant alors un symbole de la lutte antiraciste.

    Lorsque les dates ont été fixées, l’antiracisme politique était loin de se douter qu’il y aurait alors un tel niveau de contestation sociale, avec comme point d’orgue l’image forte de personnes vêtues de gilets jaunes montant des barricades sur les Champs-Élysées. Ainsi, les appels à manifester le 1er décembre se multiplient, allant de la simple « alliance » à une manifestation autonome. L’effervescence est telle que certains des militants de l’antiracisme politique craignent que leur manifestation soit noyée dans le flot des autres contestations sociales, en particulier celle des Gilets Jaunes. Ce fut le cas en partie pour la Marche contre les violences faites aux femmes qui, malgré son succès incontestable (30 000 personnes à Paris), a bénéficié d’une couverture médiatique bien plus faible. Est-ce que l’antiracisme politique court le même risque ? Assurément. Mais il le court dans tous les cas, l’antiracisme politique est constamment soit ignoré soit dépeint négativement par le champ médiatique blanc.

    Reste que la question de la stratégie à adopter face aux Gilets Jaunes, mouvement qui occupe le devant de la scène politique et médiatique depuis plusieurs semaines et mobilise dans les rues un nombre important de personnes, a suscité de nombreux débats au sein de l’antiracisme politique. Que faire ? Devant ce casse-tête il ne faut pas s’enfermer dans une dualité simpliste qui opposerait deux choix : celui de les rejoindre ou celui de les rejeter. Il est nécessaire d’adopter un point de vue plus complexe, mais surtout une réponse qui puisse assurer une stratégie essentielle de notre camp : la préservation de notre autonomie et la priorisation de nos initiatives.

    Il est encore bien difficile de définir de manière certaine le mouvement des Gilets Jaunes, tant celui-ci est protéiforme et sans direction politique claire. S’il a pris forme à partir de la contestation de l’augmentation des prix des carburants, les revendications se sont depuis élargies et diversifiées, en étant parfois même contradictoires. Il est aussi difficile de se prononcer sur sa composition, elle paraît relativement hétérogène, mais nous pouvons légitimement penser que nous nous trouvons devant un mouvement rassemblant les Blancs de classe moyenne ou « petits-moyens », peu structuré dans le mouvement social et politique habituel, et ne se concentrant pas seulement sur Paris mais sur l’ensemble du territoire. Ils représenteraient ainsi la « France qui souffre en silence », ces petits-Blancs, que certains appellent les « beaufs », et dont personne ne se soucierait si ce n’est quelques tentatives du Front National, Debout La France ou encore la France Insoumise...

    Quelle attitude l’antiracisme politique doit adopter face à ce mouvement à la forme et aux revendications flottantes ? Sa position était attendue d’autant plus que des actes racistes ont été perpétrés durant ces journées de mobilisation, que ce soit une femme musulmane à qui l’on a demandé de retirer son voile ou alors des migrants livrés à la police. Évidemment, ces agissements ne peuvent que scandaliser au plus haut point chaque militant antiraciste, et il est urgent de lutter activement pour qu’ils ne se reproduisent plus. Mais il ne faut être ni naïfs, ni idéalistes, il ne faut pas tomber non plus dans le moralisme en condamnant l’ensemble du mouvement. Nous vivons dans une société dont les structures sont foncièrement racistes, il est alors totalement absurde d’imaginer qu’un mouvement spontané, composé en plus de personnes peu présentes dans le champ militant classique, ne soit pas hanté par ce racisme. Une société réactionnaire produit logiquement des citoyens relativement réactionnaires. Il faut ajouter à cela que la mobilisation des Gilets Jaunes est habitée de toutes les contradictions que nous retrouvons dans notre société, ainsi à côté des actes racistes nous pouvons trouver des actions de solidarités envers des non-Blancs.

    Surtout, le fond de la colère qui anime les Gilets Jaunes est légitime. Les a priori sur l’antiracisme politique décrivent ce dernier comme un courant politique qui essentialise l’ensemble des Blancs et les voit comme des privilégiés qui ont forcément la belle vie. Rien n’est plus faux. L’antiracisme politique ne nie pas la souffrance des « petits-blancs », des « beaufs », de la « France d’en bas ». Simplement, il affirme que quitte à être au bas de l’échelle sociale, en termes de classe, il est toujours plus avantageux d’être blanc, que les indigènes se trouvent généralement en dessous de cette « France d’en bas », et surtout que les indigènes font face à des problématiques que même les plus dominés des Blancs n’ont pas à subir, comme les violences policières ou la discrimination à l’embauche. Les indigènes ont des intérêts propres, qui amènent des objectifs propres, ils veulent la dignité, la justice, l’égalité. Cela passe impérativement par la lutte contre tous les racismes et toutes les discriminations mais aussi contre les politiques sociales et culturelles qui les alimentent, contre les mentalités héritées de la colonisation et tirées du nationalisme républicain si populaire actuellement. Sans oublier la lutte contre les politiques néocoloniales de la France à l’égard de ses anciennes et actuelles colonies.

    Ces particularités de la condition indigène doivent conduire l’antiracisme politique à ne pas transiger sur son autonomie. La colère des petits-blancs est légitime, je le répète. Toutefois, si effectivement le mouvement est encore informe, il penche dangereusement sur sa droite, que ce soit par l’attirance directe pour l’extrême-droite, ou alors par une forme de social-chauvinisme dont l’un des principaux mots d’ordre est la « souveraineté nationale ». Pour enrayer cette dynamique il est nécessaire, si l’on souhaite avoir une perspective révolutionnaire, d’accompagner ce mouvement et de tenter de radicaliser ses acteurs dans le sens opposé. Car si l’antiracisme est toujours critique envers ce qu’il nomme « la gauche blanche », je pense qu’il préfère toujours une radicalisation à gauche plutôt qu’à droite. Mais ce travail doit être fait - et ne peut être fait que - par nos plus proches alliés de la gauche blanche. Cette tâche n’incombe pas à l’antiracisme politique, d’autant plus que les principales propositions faites pour le moment ne vont pas dans le sens de ses intérêts et de ses combats. Le concept de souveraineté nationale chère à une partie de la gauche pourrait effectivement profiter, indirectement mais aussi secondairement, aux indigènes de France, mais il va à l’encontre de nos positions anti-impérialistes.

    Au-delà même des revendications portées par les Gilets Jaunes qui ne correspondraient pas à celle de l’antiracisme politique, les rejoindre pose d’autres problèmes, remettant en cause son autonomie même. Dans le livre Black Power, Charles V. Hamilton et Stokely Charmichael (Kwame Ture) ont consacré un chapitre entier aux relations à entretenir avec les mouvements blancs et aux coalitions. Durant de nombreuses pages dans lesquelles ils ont insisté sur la nécessité d’établir un mouvement noir fort et autonome, cette priorité est mise en exergue quand la question des coalitions est abordée. L’idée de coalition n’est pas, selon eux, à bannir, mais il est primordial de dégager les bases politiques sur lesquelles elle pourrait être viable, et cela d’autant plus que malgré son taux de radicalité, un Blanc « ne peut finalement échapper à l’influence toute-puissante que la blancheur de sa peau exerce dans une société raciste - sur lui et sur les Noirs. » (p100).

    Tout d’abord, la condition sine qua non à toute coalition est la présence de forces politiques constituées. Or, cette condition ne me semble pas être remplie dans le cas qui nous intéresse ici. L’antiracisme politique, ou même un mouvement des quartiers populaires, ne bénéficie pas encore, à mon humble avis, d’une base sociale conséquente qui légitimerait une telle alliance, et risque de servir seulement de « caution indigène ». L’antiracisme politique reste une force en cours de construction, et cette construction autonome devrait rester sa priorité, surtout si l’on souhaite ensuite nouer des alliances. De même, parler de coalition avec les Gilets Jaunes pose problème car ce n’est pas un groupe politique structuré et organisé, il me paraît très hasardeux de s’allier à un mouvement qui n’a pas lui-même défini ses propres contours.

    La deuxième nécessité à l’idée d’une coalition est que le camp blanc d’en face affirme la volonté de remettre en question les structures racistes de la société dans laquelle il évolue et qui lui accorde des privilèges malgré tout, en exploitant davantage les indigènes. Il faut se méfier des comparaisons hâtives, surtout celles qui amènent à penser que les indigènes et les « beaufs » partagent au fond, malgré quelques particularités, les mêmes conditions et, surtout, que nos intérêts sont les mêmes, « les Noirs ne peuvent se permettre de prétendre que ce qui est bon pour l’Amérique blanche convient automatiquement au peuple noir » (p105). Il faut aussi garder en tête les intérêts de nos frères et sœurs du Sud. Bien souvent défendre les intérêts des citoyens du Nord se fait à leur détriment. Les Gilets Jaunes, qui se sont mobilisés avant tout pour protester contre l’augmentation du prix des carburants, n’échappent pas à ce constat. Pour répondre à leurs revendications, nul doute que l’État français accentuera le pillage des richesses du Sud à travers une politique impérialiste qui n’a jamais été pointée du doigt dans le mouvement.

    La troisième nécessité pour garantir qu’une coalition soit durable est qu’elle doit être conclue par deux camps égaux, or cela ne me semble pas être le cas dans le contexte actuel. Si l’antiracisme politique a gagné de nombreuses batailles depuis une dizaine d’années, et que son discours commence à être incorporé par une partie du champ politique de manière positive, en particulier dans la gauche radicale, il est toutefois loin d’être hégémonique. Une grande partie du champ politique rejette totalement notre combat, et le champ médiatique ne cesse de nous dépeindre sous les pires aspects, la dernière intervention d’Houria Bouteldja au Nouvel Observateur le démontre.

    Nous n’avons pas le rapport de force qui nous permet de peser face aux mouvements des Gilets Jaunes, qui, malgré quelques critiques opportunistes du gouvernement qui le renvoie à une manifestation d’extrême-droite, profite d’une mansuétude toute particulière, même lorsqu’ils vandalisent les Champs-Élysées. Je n’ose imaginer la couverture médiatique mais surtout le niveau de répression policière si cela avait été perpétré par des indigènes. Ils profitent d’un soutien populaire plus important que l’antiracisme politique, en grande partie parce qu’ils sont perçus comme plus légitimes pour protester. Ils représenteraient la « France qui souffre en silence », celle qui n’en peux plus, celle qui ne souhaite plus baisser la tête et qui ose maintenant manifester. Abdelmalek Sayad montrait que l’indigène est perçu comme un « invité » en France, et en tant qu’invité il n’a pas le droit de se plaindre, car ce serait un flagrant manque de savoir-vivre pour quelqu’un qu’on héberge déjà généreusement. Pour les Gilets Jaunes, c’est l’inverse, leurs souffrances sont vues comme plus injustes que celles des indigènes, et leurs colères plus légitimes, parce qu’ils souffrent alors même qu’ils sont chez eux ! Ils souffrent dans leur propre maison ! Et parfois ils souffrent encore plus que les invités qui profitent grassement sans rien faire !

    Le rapport de force entre l’antiracisme politique et les Gilets Jaunes est donc bien trop inégal pour espérer qu’une coalition pérenne et juste puisse voir le jour. Oui, des Gilets Jaunes peuvent appeler, et de manière tout à fait sincère, à ce que les indigènes, les « jeunes de banlieues » comme ils les appellent, les rejoignent pour lutter ensemble, mais comme le souligne les auteurs de Black Power « la politique est le produit d’un conflit d’intérêts, non d’un conflit de consciences. [...] Ce ne sont pas la morale et les sentiments qui résoudront ces conflits, et les Noirs doivent le comprendre. Aucun groupe ne devrait contracter des alliances ou des coalitions en se fiant à la « bonne volonté » de ses alliés. » (p115-116). Et le risque, face à ce déséquilibre du rapport de force est de voir l’antiracisme politique, et ses combats, noyé par ceux des Gilets Jaunes.

    Reprenons les quatre conditions préalables et essentielles que nous indiquent S. Carmichael et C. V. Hamilton, pour qu’une coalition soit viable :
    1 - la reconnaissance des intérêts respectifs des parties prenantes ;
    2 - la conviction, des deux côtés, que c’est en fonction de cet intérêt que l’alliance se fonde ;
    3 - l’acceptation du fait que, dans cette coalition, chaque partie possède une part indépendante de pouvoir et ne dépend de personne pour la prise de décision ;
    4 - la conscience que cette coalition se fait sur des objectifs bien précis, clairs et identifiables et non sur des buts abstraits, généraux et vagues.

    Il apparaît alors que ces conditions sont loin d’être remplies, et qu’il faut alors se prémunir de toute coalition trop hâtive.

    Je ne suis pas par principe contre la coalition avec les Gilets Jaunes, et je n’interdis à personne de le faire. Mais en tant que militant de l’immigration et des quartiers qui revendique son autonomie, je pense que les coalitions doivent se faire d’égal à égal avec des objectifs précis, et non pas sur des principes creux. Certes, le contexte actuel est agité, et il est normal de craindre de ne pas s’accrocher au bon wagon de l’histoire. Mais il est important de raison garder, de prendre du recul, et ne pas se laisser non plus emporter sans réfléchir par le mouvement. L’antiracisme politique œuvre depuis des années pour se constituer en force souveraine et autonome, et alors qu’il semble gagner de plus en plus de terrain, il serait dommage d’en perdre dans des coalitions incertaines avec un mouvement qui priorise les intérêts d’un partie du groupe social blanc. Dans le contexte actuel, et encore plus dans cette effervescence sociale, je pense qu’il est important de garder notre cap, que l’antiracisme politique continue à se constituer comme une force politique autonome qui a vocation à bouleverser le champ politique, et non pas nouer simplement des coalitions pour exister. L’antiracisme politique doit préserver sa propre identité, ses propres stratégies, ses propres valeurs, ses propres mots d’ordre et ses propres objectifs, et prendre conscience du rôle qu’il a à jouer.

    Je ne m’oppose pas aux Gilets Jaunes, mais je ne rejoins pas non plus le mouvement. Je comprends la colère qui anime ses acteurs, tout en déplorant les dérives racistes qui ont pu se manifester, et qu’il faut combattre. Et il me semble que le meilleur moyen de lutter contre ça n’est pas de se noyer dans les Gilets Jaunes, en courant le risque d’être inaudible, mais de se constituer à côté, de manière autonome, en faisant entendre les objectifs, et en défendant nos intérêts, à nous indigènes du Nord.

    Je ne condamne pas non plus les personnes qui ont fait le choix de rejoindre ce mouvement, je peux même comprendre les raisons de leur choix, j'expose simplement ici mon opinion.

    C'est par conviction profonde que je me place plus que jamais du côté du Collectif Rosa Parks. Si je disparais le 30 novembre, ce n’est pas pour réapparaître aux côtés des Gilets Jaunes, mais plutôt auprès des miens, les indigènes du Nord. Le 1er décembre nous réapparaîtrons plus fort pour dire que nous aussi, nous existons, nous aussi nous avons toute légitimité à protester, à montrer notre colère et à revendiquer nos droits. Le 1er décembre nous marcherons sur Paris en portant fièrement et dignement les couleurs de l’antiracisme politique et en mettant en avant les intérêts des indigènes qui semblent être oubliés dans cette effervescence sociale."

    - Le Comité Adama appelle à manifester samedi 1er décembre aux cotés des gilets jaunes.

    Les quartiers populaires sont confrontés aux mêmes problématiques sociales que les territoires ruraux ou périurbains - dits "périphériques" - touchés par la politique ultra libérale de Macron.

    Nous aussi nous habitons des territoires enclavés, même à proximité des grands centres urbains.

    Nous aussi, habitant.es des quartiers populaires, nous travaillons le plus souvent dans les secteurs les plus précaires pour des salaires de misère.

    Nous aussi nous devons parfois faire plusieurs heures de voiture pour nous rendre sur nos lieux de travail : dans des usines, dans des entrepôts, dans le nettoyage industriel ou encore dans le secteur de la sécurité. Pour beaucoup parmi nous, c'est aussi le chômage, qui atteint 40% dans certains quartiers.

    À ces inégalités sociales, s'ajoutent le racisme, les humiliations quotidiennes et les violences policières. Violences policières auxquelles les gilets jaunes sont aussi confrontés aujourd'hui à leur tour. Après celui contre la loi Travail, c'est maintenant le mouvement des gilets jaunes qui connait cette répression.

    Ne laissons pas le terrain à l'extrême-droite, et réaffirmons nos positions contre le racisme à l'intérieur du mouvement des gilets jaunes.

    Faisons alliance à égalité, avec nos spécificités, contre le régime Macron qui détruit nos vies, et qui nous laisse agoniser chaque fin de mois pour parvenir à nourrir nos familles.

    Nous appelons tous les habitant.es des quartiers populaires à venir massivement se battre pour leur dignité le samedi 1er décembre. Comme le font les habitants de La Réunion qui nous ont montré la voie.

    Avec le soutien de l'Action Antifasciste Paris-Banlieue, Plateforme d'enquête militante.

    Le comité Adama rejoint les Gilets Jaunes : « Ce n’est pas une alliance au prix d’un renoncement politique »

    https://www.bondyblog.fr/reportages/cest-chaud/gilets-jaunes-quartiers-comite-adama/

    Par Yassine Bnou Marzouk
    Le 27/11/2018

    Le Comité Adama appelle à manifester samedi 1er décembre aux côtés des gilets jaunes, contestation populaire contre la politique d’Emmanuel Macron. Une décision lourde de sens. Youcef Brakni, l'un des porte-paroles du comité Adama, explique au Bondy Blog les raisons de cette alliance avec un mouvement décrié suite à quelques dérives racistes. Entretien.

    Le Bondy Blog : Quelle a été la principale motivation pour soutenir la mobilisation des gilets jaunes ?

    Youcef Brakni : Même si le mouvement proteste contre la hausse des taxes, il s’agit en réalité d’une grogne générale issue de la France dite « rurale », à l’abandon et qui subit de plein fouet les politiques libérales. De façon spontanée, elle a décidé d’exprimer son ras-le-bol en sortant dans la rue comme nous l’avons fait lors de la mort d’Adama Traoré, le jour de son anniversaire. Il y a des similitudes dans la mise en forme de ces mouvements : comme nous, ils viennent de la base, de personnes qui ne sont pas forcément dans des partis politiques ou syndicats. L’autre point : les mêmes problématiques sociales sont partagées par les gilets jaunes et les quartiers populaires. En effet, les quartiers sont aussi enclavés, quand bien même ils seraient à proximité des grands centres urbains, à l’image des quartiers nord de Marseille par exemple. Ils rencontrent aussi des problèmes de transport, de mobilité. Nous connaissons aussi le temps important qu’il faut pour se rendre à son lieu de travail, pour effectuer les tâches les plus ingrates du capitalisme, pour un salaire de misère qui partira principalement dans l’essence.

    Globalement, les gilets jaunes sont descendus dans la rue pour vivre dignement, pas pour chasser de l’Arabe ou du Noir.

    Le Bondy Blog : Devant l’urgence de la mobilisation, n’avez-vous pas peur de faire des alliances politiques avec un mouvement certes disaparate mais comprenant des individus évoluant à l’extrême droite ?

    Youcef Brakni : Je ne considère pas que ce soit l’extrême droite qui soit à la tête de ce mouvement, quand bien même, par opportunisme, elle essaie de récupérer cette contestation. Je connais des gilets jaunes qui, soutiens du comité Adama Traoré, guident certaines mobilisations. On a des gilets jaunes complètement divers ; on a parfois eu des réactions racistes qui ont tout de suite été dénoncées au niveau national. La majorité de ces personnes est écrasée par le système, laissée à l’abandon. Quand ça fait vingt ans que la droite et la gauche servent de courroie de transmission au discours du Front national, il est normal que la classe populaire y soit sensible. Globalement, les gilets jaunes sont descendus dans la rue pour vivre dignement, pas pour chasser de l’Arabe ou du Noir. Lors des discussions concrètes avec les gilets jaunes, ils savent que nous ne sommes pas leurs ennemis ; il ne s’agit pas d’un racisme élaboré comme on peut le voir dans les élites qui, par opportunisme politique, veulent surfer sur les peurs pour éviter la question sociale. Il ne faut pas jeter la pierre aux gilets jaunes, je suis persuadé qu’avec du dialogue, leur racisme s’écroule.

    Le Bondy Blog : Comment voyez-vous cette alliance entre certains mouvements de quartiers populaires et les gilets jaunes ?

    Youcef Brakni : En fait, ce type de démarche, ce n’est pas nouveau. Le Mouvement de l’Immigration et des Banlieues (MIB), par le biais de Tarek Kawtari, avait déjà mis en place des tentatives d’alliance avec le monde rural, avec la critique de ces deux poids deux mesures lorsqu’il s’agit de se déplacer facilement vers le Larzac mais qu’il est, en même temps, difficile de traverser le périphérique pour soutenir les quartiers populaires. C’est tout le défi du Comité Adama de déplacer le centre de gravité politique pour l’amener dans les quartiers politiques. Sinon, il sert à rien de se réclamer de la gauche, du progressisme ou encore d’affirmer lutter pour l’égalité et la justice.

    Aujourd’hui, il s’agit de faire prendre conscience aux couches sociales les plus défavorisées ayant subi la désindustrialisation, que leur situation n’est pas due à l’immigration mais au libéralisme

    Le Bondy Blog : Ces tentatives de convergence des luttes n’ont pas duré. Pourquoi ? Quelles différences y a-t-il avec les gilets jaunes ?

    Youcef Brakni : Jusqu’ici, ça [la convergence des luttes, ndlr] a échoué parce que nous nous inscrivons dans un héritage des luttes des années 70-80 qui étaient dans les usines. Mais aujourd’hui, il n’y a plus d’espace de socialisation où l’on puisse créer des mouvements de masse. Il faut savoir que le Mouvement des Travailleurs Arabes à Marseille a fait une grève de 24h suivie par 20 000 ouvriers contre les ratonnades, les crimes racistes. L’enjeu est maintenant de reconstruire des espaces et à travers le comité Adama, nous pouvons créer un socle fort pour les quartiers populaires. Avec des bases solides, nous pourrons aller discuter avec les mouvements sociaux, le monde rural en leur faisant une proposition claire afin de nouer des causes communes : par exemple, les violences policières qui touchent les mouvements écologistes comme à Bure, la mobilisation contre la Loi Travail, ou encore, actuellement, avec les gilets jaunes, des personnes âgées se faisant gazer alors qu’elles ne présentaient aucune menace. Aujourd’hui, il s’agit de faire prendre conscience aux couches sociales les plus défavorisées ayant subi la désindustrialisation, que leur situation n’est pas due à l’immigration mais au libéralisme, qui veut toujours en avoir plus et délocalise. Néanmoins, pour faire cause commune, il faut qu’ils entendent que le racisme s’ajoute à cette lutte, et qu’il a des conséquences destructrices sur nos vies.

    Le Bondy Blog : Quel est l’équilibre à respecter dans cette alliance politique avec le mouvement des gilets jaunes ?

    Youcef Brakni : Ce n’est pas une alliance au prix d’un renoncement politique. Nous ne faisons pas des alliances avec des personnes qui sont ouvertement racistes. Je suis convaincu que c’est par l’expérience de la lutte en commun qu’on arrivera à changer les mentalités, à faire bouger les lignes. Cela ne se fera pas dans des textes théoriques de 50 pages ni sur les réseaux sociaux, mais bel est un bien par une démonstration acharnée contre ce traitement raciste qui est fait aux quartiers populaires.

    Le Bondy Blog : Dans votre communiqué, vous évoquez le mouvement des gilets jaunes de la Réunion. En quoi sont-ils un exemple pour vous ?

    Youcef Brakni : Nous partageons avec la Réunion un traitement commun ; ce sont des populations noires pour la plupart, et qui subissent un racisme. Nous sommes solidaires d’eux et estimons qu’ils montrent la voie car ils ont obtenu le gel des taxes pour une durée de trois ans ; cela témoigne du rapport de force mais aussi du niveau d’organisation. Cela montre aussi la fébrilité de l’État devant une population mobilisée malgré sa relégation et le racisme qu’elle subit.

    Propos recueillis par Yassine BNOU MARZOUK

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    Lire aussi l'analyse de Rafik Chekkat (État d'Exception) :

    https://www.etatdexception.net/de-quelle-couleur-sont-les-gilets-jaunes/


    Et le discours d'Houria Bouteldja à l'issue de la Marche Rosa Parks du 1er décembre :

    http://indigenes-republique.fr/beaufs-et-barbares-comment-converger/

    "L’antiracisme politique est sur la place !

    Aujourd’hui 1er décembre, Paris est en ébullition. Aujourd’hui à Paris, la révolte gronde. Aujourd’hui à Paris, la répression sévit aux Champs-Élysées comme elle a sévit contre le mouvement social et en particulier contre les habitants des quartiers depuis l’instauration de l’état d’urgence.

    Aujourd’hui, nous sommes fiers de battre le pavé parisien pour porter haut et fort nos revendications contre le racisme d’État, la guerre sociale et l’impérialisme, comme nous sommes fiers de partager avec d’autres franges du mouvement social, ici ou aux Champs-Élysées, une colère et une contestation qui va en grandissant.

    Il faut le reconnaître, l’explosion des gilets jaunes sur la scène politique écrase notre actualité comme elle a écrasé la manifestation féministe « Nous Toutes », qui a pourtant mobilisé plus de 40 000 personnes. Il faut le dire également, les gilets jaunes ne sont pas nos ennemis radicaux comme ils ne sont pas nos alliés naturels. Nous partageons avec eux le problème de la vie chère, l’inquiétude de la guerre sociale déclarée contre les plus démunis et une critique radicale du gouvernement Macron. Si nous convergeons tactiquement avec eux sur ces points précis et si nous endossons ce mot d’ordre : « Macron démission », nous divergeons sur le caractère social chauvin de leur plateforme dont celui qui demande plus de moyens à la police ou plus de répression contre les migrants.

    Je le répète ici, le chauvinisme franchouillard ne souillera pas les héritiers de Rosa Parks. En effet, si nous menons un combat antiraciste, celui-ci sera toujours articulé à un anti-impérialisme sans concession. Sinon, nous ne serions que de vulgaires intégrationnistes, des aspirants à la blanchité ou, pour le dire autrement, des gilets jaunes qui, si l’on en croit leurs revendications, cherchent à améliorer leur sort à l’intérieur du cadre national sans s’interroger sur les conditions géopolitiques objectives qui permettent notre confort plus ou moins relatif à l’intérieur de l’Hexagone. Peu leur importe les guerres faites par la France pour maintenir son hégémonie politique et économique sur le monde, peu leur importe le commerce juteux des ventes d’armes à l’Égypte ou l’Arabie Saoudite, peu leur importe la surexploitation des Africains pour l’extraction et le pillage des matières premières nécessaires pour la préservation de nos emplois. Comme l’a dit ce frère africain : « ce n’est pas le carburant qui coule dans vos voitures, c’est le sang des Africains. »

    C’est la raison pour laquelle l’antiracisme du collectif Rosa Parks est un antiracisme anti-impérialiste. Et si cette exigence s’impose à nous, elle doit aussi s’imposer aux gilets jaunes ou au mouvement social dans son ensemble, comme elle doit s’imposer aux féministes et aux organisatrices de la manif « Nous Toutes ». L’alliance durable entre les « beaufs » et les « barbares » se fera à ces conditions[1].

    Nous disons ici :
    Pas d’antiracisme sans anti-impérialisme.
    Pas d’anticapitalisme sans anti-impérialisme.
    Pas de féminisme sans anti-impérialisme.

    Notre autonomie n’est donc pas une coquetterie. C’est une exigence supérieure. Mais celle-ci ne doit pas nous confiner au dogmatisme politique. C’est pourquoi aujourd’hui nous nous mobilisons à la fois contre, avec et séparément des gilets jaunes. Contre eux à cause de leur chauvinisme. Avec eux contre Macron et contre la répression dont ils sont victimes. Séparément pour affirmer notre projet : Justice, Dignité ou rien !"

    Et encore Houria Bouteldja (sur FB) :

    "Les grandes âmes reprochent aux Gilets Jaunes de ne pas être un mouvement pur, à savoir il porte en lui le sexisme, l'homophobie et le racisme. Ok, mais il est impossible qu'un mouvement spontané émanant d'une société sexiste, raciste et homophobe, et principalement composé de blancs des classes moyennes et basses, moyennement politisées (car exclues des espaces de politisation) y échappe. Il n'en est pas moins légitime pour exiger sa part de dignité. Ceux qui font mine de découvrir les « tares » du peuple et de s'en offusquer soit sont des naïfs, soit de faux naïfs dont le seul objectif est de nuire à cette mobilisation.

    Si on a une perspective révolutionnaire, il serait plus intelligent d'accompagner ce mouvement et de le radicaliser positivement plutôt que de lui cracher dessus. Et que ce soit clair : je suis la première à m'inquiéter du racisme qu'il peut charrier. À bon entendeur. 

    Par contre, toujours selon notre tradition qui consiste d’abord à défendre l’intérêt indigène, nous avons estimé que c’est le rôle de la gauche blanche de les soutenir sur le terrain. De faire ce travail parce malgré tout la cible des Gilets Jaunes c’était clairement l’État. Si ce mouvement, réprimé par la police, est d’accord pour converger contre le racisme, tant mieux : on ira alors tous dans la même direction." (post du 19/11) 

    "Il est heureux que les gauches radicales prennent leurs responsabilités et participent pleinement à cette insurrection des Gilets Jaunes dont elles se méfiaient et dont il aurait fallu comprendre le caractère "flottant" dès le départ.

    La tendance nationaliste n'est pas à ce point fixée qu'il faille abandonner le travail d'hégémonisation pour amener le mouvement vers des revendications plus radicales de justice sociale et de remise en cause du pouvoir macronien. Il n'en reste pas moins que le PIR a été parmi les premiers à dénoncer la fatalité d'un basculement dans l'extrême droite et à critiquer le purisme de certaines postures qui attendent d'un mouvement spontané qu'il soit "propre" pour agir.

    Mais comment se fait-il que le PIR, supposé "raciste anti blanc" ait été plus clairvoyant sur les GJ que d'autres franges de gauche supposées défendre la France d'en bas ? Une partie de la réponse se trouve dans le fait que d'abord nous ne sommes pas romantiques et que notre connaissance du monde indigène nous montre que l'indigénat est très, très loin d'être "propre", qu'il est traversé par plein de contradictions et qu'il est tendanciellement tout sauf progressiste.

    Notre matérialisme politique nous pousse à rentrer ces données dans notre logiciel et à obliger nos partenaires à nous considérer comme des acteurs politiques avec toutes les tares qui sont les nôtres comme nous y invite ce proverbe algérien : "Mon futur mari doit m'accepter même avec la morve qui coule de mon nez".

    Ainsi la connaissance de notre peuple, nous permet de saisir plus intuitivement les profondeurs du peuple blanc, elles-mêmes souvent réac. Sans n'avoir aucune illusion sur la spontanéité chauvine des prolos blancs, nous ne confondons pas racisme, nationalisme et chauvinisme et nous ne succombons pas au fatalisme qui voudrait que le choix blanc soit nécessairement un choix fasciste.

    Ainsi le matérialisme politique ne suffit pas. Il faut y ajouter l'amour révolutionnaire, ce souffle spirituel qui ne réduit pas les humains à leurs simples intérêts économiques mais tente de réenchanter le monde.

    Pour l'heure, les GJ n'ont pas suffisamment de cet amour révolutionnaire pour susciter l'adhésion des habitants des quartiers et de l'immigration même si une partie, la plus intégrée économiquement, s'engage dans la révolution jaune, d'où notre distance vis à vis d'un mouvement qui porte d'abord et avant tout les aspirations des classes blanches déclassées ou en voie de l'être. Cela étant dit, nous ne savons pas où cette insurrection va nous entraîner ni de quoi demain sera fait.

    Le 1er décembre, nous manifestions avec les organisations de l'immigration au sein du collectif Rosa Parks pour affirmer nos revendications propres et notre autonomie tout en mêlant nos voix à celles et ceux qui réclament "Macron démission!", mais nous restons sur le pont pour continuer d'exiger la fin de ce régime profondément arrogant, méprisant et injuste, convaincus que l'immigration et ses descendants ont toujours un rôle clef à jouer dans les moments historiques.

    En attendant, tout notre soutien aux lycées de banlieues en grève qui subissent une double voire une triple discrimination, aux étudiants non européens qui dénoncent l'augmentation des frais d'inscription, aux migrants et sans pap' qui se mobiliseront en masse le 18 décembre prochain.

    Sinon (et avec la permission de Guénolé) : Macron au goulag !

    Sinon bis : lisez ou relisez ce texte les-beaufs-et-les-barbares-sortir-du-dilemme. Il est très bien. C'est moi qui l'ait écrit ! :)"

    (Ou encore) "Dans mon livre, je m'adressais déjà aux Gilets Jaunes (mais pas qu'à eux) :

    "Vous l’aurez compris, je ne m’adresse pas à vous indistinctement. Vous êtes traversés par de nombreuses contradictions dont celle de classe. Je ne parle qu’à deux catégories d’entre vous : D’abord, les prolos, les chômeurs, les paysans, les déclassés qui progressivement renoncent au politique ou glissent inexorablement du communisme vers le Front National, les minorités régionales écrasées par quelques siècles de centralisme forcené et l’ensemble des laissés pour compte, que vous nous aimiez ou pas. En un mot, les sacrifiés de l’Europe des marchés et de l’Etat, de moins en moins providentiel et de plus en plus cynique. Ensuite, aux révolutionnaires qui ont conscience de la barbarie qui vient. Parce qu’elle n’est plus qu’à quelques encablures de nous. Et elle va nous dévorer. J’ai l’impression que l’heure a sonné. Tout a une fin. Votre système immunitaire s’affaiblit. Le vernis se craquèle. Votre statut social se dégrade. Le capitalisme sous sa forme néolibérale poursuit son œuvre impitoyable. Il grignote vos acquis sociaux ou pour le dire d’une manière plus juste, vos privilèges. Jusque-là, pour sauver la social-démocratie, c’est-à-dire vos intérêts de classe moyenne blanche, vous vous êtes servis de nous. Vous nous avez sommés de voter utile. Nous avons obéi. De voter socialiste. Nous avons obéi. Puis de défendre les valeurs républicaines. Nous avons obéi. Et surtout de ne pas faire le jeu du Front National. Nous avons obéi. En d’autres termes, nous nous sommes sacrifiés pour vous sauver, vous. Deux guerres mondiales effroyables vous ont laissé des souvenirs douloureux. « Plus jamais ça ! » Vous continuez à brailler ce vœu pieux en mode disque rayé mais ces psalmodies n’ont pas plus d’impact que le gazouillis des oiseaux. Vous ne voulez plus alimenter le ventre de la bête immonde parce que par le passé elle vous a dévorés, sauf que c’est la bête immonde qui vous alimente et avec laquelle vous dévorez le monde. Alors, vous plébiscitez le statu quo. Nous payons l’addition. Tandis que votre ventre mou s’agrippe à la social-démocratie, vos radicaux s’agitent. Une partie regarde vers le fascisme, une partie vers nous. Mais cette alliance entre égaux vous répugne. D’habitude, vous ne nous tolérez que parrainés par vous. Mais il se pourrait qu’au moment où sonne le glas, vous soyez obligés de nous envisager. Bien sûr, vous aurez toujours le choix du fascisme mais comme tous les choix, il n’est pas fatal. Je profite de ce moment d’intimité pour vous faire une confidence.

    Je méprise la gauche qui vous méprise sûrement autant que nous, peut-être plus. Je la méprise férocement. À votre ressentiment, votre peur du déclassement, vos frustrations légitimes ou pas, elle a opposé, à ceux d’entre vous qui étaient « beaufs » et gras du cheveu, la main jaune de SOS racisme, une sorte de talisman ou peut-être de gousse d’ail, qui sait ? Baltringue ! Feignant de vous combattre, elle vous a nourris. Parfois, elle vous a devancé. Vous êtes même restés médusés devant sa passion islamophobe. Quant à la gauche ouvrière, elle a renoncé à vous. Vous avez renoncé à elle. De cela, je ne vous blâme pas. Du reste non plus d’ailleurs car je ne suis pas moraliste. Vous trouvez refuge dans les bras de la sainte nation contre cette Europe qui vous trahit et que certains n’hésitent pas à qualifier de « contre révolution par anticipation ». Mais combien de temps pensez-vous qu’elle vous protégera contre les assauts du Capital ?""

    ****************************************************

    Article de Wissam Xelka, militant du PIR

    http://indigenes-republique.fr/quartiers-populaires-et-gilets-jaunes-memes-galeres-meme-combat/

    Sur la question de Christophe Guilluy, évoqué dans l'article, lire aussi ici

    ****************************************************

    Quelques réflexions nôtres, rapides, sur cette question du positionnement indigène (colonisé-intérieur) face au mouvement :

    "L'alliance des 'beaufs' et des 'barbares' EST l'alliance qui fera la révolution.

    Procès de Chicago, où les gauchistes de campus Hoffmann et Rubin plantent Bobby Seale et ont un procès séparé de privilégiés blancs de classe moyenne intellectuelle ; vs White Panthers et Young Patriots issus de la redneckerie raciste et qui ont été de vrais alliés, que le grand Fred Hampton a su sentir.

    Mais une telle convergence veut dire la révolution imminente, et donc qu'elle se fasse demain, que la révolution soit pour demain...

    Ce qui n'est pas le cas, on le sait très bien. Déjà avec les White Panthers et les Young Patriots on parlait de petits blancs représentatifs (allez) de 5% de tous les petits blancs du pays, on était au tout tout début d'un processus, et Hampton s'est fait cribler de balles par les porcs vu la menace qu'il représentait.

    Il y a encore énormément de chemin devant. Un chemin fait de critique (qu'est l'antiracisme politique) et d'autocritique (que les 'beaufs' reçoivent et comprennent l'antiracisme politique, comprennent leur position privilégiée et sa fonction dans le système). Il y en a au moins pour 20 ans.

    Les Gilets Jaunes et les mobilisations indigènes peuvent participer de la même zone de turbulence actuelle, secouant le système, mais ça ne veut pas dire côte à côte sur les mêmes barricades, arrêtons de fumer. Ça ne veut surtout pas dire sans autonomie ; dont un exemple a été donné le 1er décembre, parallèlement à la guérilla urbaine des Gilets Jaunes autour de l'Arc de Triomphe, par la manifestation #RosaParks.

    Oui, être 'avec' les Gilets Jaunes pour ne pas laisser le terrain aux fascistes est d'abord le rôle des gauchistes de ce monde petit-blanc de la France d'en bas dont on rit de l'accent, comme nous ; pas d'indigènes que ça pourrait mettre en danger de mort.

    Il y a des appels à la 'convergence', typiques de l'extrême-gauche blanche des grandes villes, qui sont beaux sur le papier mais restent abstraits et déconnectés du réel, inconscients du caractère extrêmement prolongé de la lourde tâche d'y parvenir. Dans le meilleur des cas, c'est à dire lorsqu'il ne s'agit pas tout simplement de se faire mousser, de faire du 'buzz' dans le 'milieu', et de chercher à réunir les 'ramassis' sociaux d''illettrés' sous son éclairée guidance conçue comme la seule capable de les faire tenir ensemble (en règle générale, bien ou moins bien intentionnées, ces démarches ne sont suivies en masse ni d'un côté ni de l'autre de la 'convergence' fantasmée)."

    [Ou encore]

    "Oui, il y a toujours un côté "enfant gâté" (dont le jouet ne marche plus et là ben y a plus de sous pour en racheter un autre) dans tout mouvement de contestation à l'intérieur d'une métropole impérialiste. C'est un fait, et étant valable pour les gilets jaunes, ça ne l'est pas moins pour n'importe quel mouvement social mené par les syndicats et l'extrême-gauche.

    Mais il faut regarder au delà de ce prime abord.

    La crise d'une métropole est TOUJOURS une bonne chose pour les colonies (et maintenant les néo-). Il y a toujours plus de parti à en tirer que d'une métropole stable où les masses sont contentes et font bloc avec le pouvoir.

    Il y a de cela pléthore d'exemples historiques, et en vérité pas vraiment de contre-exemples.

    Jamais autant de colonies ne se sont libérées que lorsque la métropole était en crise, voire en effondrement complet de la pyramide du pouvoir.

    Déjà en 1789, il était tout à fait possible de qualifier les peuples de France d'enfants gâtés : ils avaient des colonies, ils dominaient culturellement l'Europe comme les US dominent le monde aujourd'hui, et les masses travailleuses avaient de loin le meilleur niveau de vie de tout le continent.

    Pourtant il y a eu la Révolution, et cet effondrement intérieur de la métropole française a permis Haïti, a lancé une vague de soulèvements populaires dans toute l'Europe balayant les ordres anciens (même si encore aujourd'hui 2 siècles plus tard il reste beaucoup à accomplir), etc. etc.

    Espagne occupée par Napoléon, puis ravagée par les affrontements entre libéraux et absolutistes sur fond de mouvements populaires => indépendance des colonies d'Amérique latine, certes au profit des colons blancs essentiellement, mais point de départ d'un processus qui se poursuit aujourd'hui.

    Les "petits soucis" traversés par la France entre 1914 et les années 60, guerres mondiales et situation sociale tendue, occupation étrangère, ont de la même façon contribué, MÊME si ce ne fut pas forcément de "bon cœur", MÊME si ce ne fut pas la volonté (ni un "geste généreux") de ceux qui y luttaient, il n'est pas question de cela ; ont contribué, donc, à la fin du colonialisme direct (sauf dans les actuels "DOM-TOM", et encore ce statut constitue une réforme du colonialisme).

    EN MÊME TEMPS bien sûr que les luttes des peuples concernés. Ça va de pair, c'est une dialectique.

    Depuis, certes, le colonialisme direct a été remplacé par le néocolonialisme qui finalement, économiquement parlant marche "mieux" au bénéfice des métropoles (rapporte encore plus...) ; mais son effondrement aura été un premier pas qui en appelle un deuxième, que la crise qui secoue actuellement l'Occident favorisera assurément à son tour.

    Oui, un Occidental quel qu'il soit, gilet jaune ou syndicaliste ou catalan, qui conteste l'ordre social de la métropole où il vit est toujours quelque part un "enfant gâté".

    Mais en ébranlant la stabilité de la métropole, il favorise mécaniquement et dialectiquement la lutte des colonies (et néo-), même s'il n'en a pas conscience voire s'il leur voue un mépris suprématiste blanc le plus total.

    L'inverse est d'ailleurs également vrai. Les luttes des (néo)colonies, en enrayant la "pompe" à richesses vers l'Occident, favorisent la crise sociale de celui-ci et donc les soulèvements d'"enfants gâtés" qui en retour les servent.

    C'est une dialectique."

    Un article du Monde qui expose relativement bien la problématique du rapport des "quartiers" (qui ne se confondent pas, il faut encore le rappeler, avec "les non-Blancs" et dans lesquels une grande partie de ceux-ci ne vivent pas) au mouvement des Gilets Jaunes :

    Ou encore, sur le Bondy Blog (avec un titre d'ailleurs assez trompeur, par rapport à la réalité des propos des interrogé-e-s, méthode évoquant tristement une "certaine presse" à laquelle on pensait le Bondy étranger...) :

    [De certains propos rapportés, associatifs notamment, se dégage parfois quelque chose de dérangeant, comme une forme de légalisme : on craint que "tout soit encore ramené à ceux qui seront violents"... comme si c'était le problème ; un discours de nature à laisser sentir les gens qui ne veulent pas perdre leurs subventions des municipalités, ou leurs "programmes" de soutien au micro-entrepreneuriat du type "Entreprendre en banlieue" (Attali, PlaNet Finances) ou Humanity in Action (Soros).]

    [Et puis bon, si l'on veut poser les choses de manière très prosaïque : le mouvement (son point de départ en tout cas) est un mouvement des classes populaires à mobilité contrainte et perpétuellement "taxée" (prix du carburant, péages, radars...).

    Tandis que "les quartiers/banlieues", au sens où on l'entend quand on en parle (qui n'est pas tout à fait leur réalité, mais bon), c'est à dire les ghettos et plus spécifiquement encore leur population jeune (15-30 ans) ultra-majoritairement frappée par le chômage voire l'exclusion complète du marché du travail, sont plutôt des lieux de confinement, d'assignation (raciale !) à résidence, donc d'immobilité – le fameux "tenir les murs"...

    À condition, répétons-le encore une fois, d'avoir une vision très restrictive des "banlieues"-"quartiers". Si (déjà) l'on entend par "banlieue" tout ce qui n'est pas les centre-villes, ce ne sont pas forcément des quartiers pauvres (mais admettons qu'on ne l'entende qu'ainsi et exclue les banlieues résidentielles huppées ou "moyennes +"), et encore moins uniquement des ghettos clairement délimités de l'extérieur ; il y a des zones entières, comme par exemple à Lyon au-delà de la voie ferrée qui passe à Part-Dieu, où des pâtés, des bâtis de standings très différents sont disposés littéralement à côté les uns des autres. L'on sait déjà (inutile de le répéter) qu'il n'y a pas que des indigènes (non-blancs) qui y vivent, même s'ils sont souvent majoritaires dans ce qu'on appelle "les cités" (autre terminologie) ; et que tous les indigènes n'y vivent pas (il n'y a peut-être pas d'"indigénat intérieur" plus "oublié", d'ailleurs, que celui qui ne vit pas dans ces quartiers aux portes des grandes villes sur lesquels sont braqués les projecteurs des sociologues, universitaires et "experts" en tout genre !). Ainsi les zones urbaines classées "sensibles" (ZUS) abritent-elles un peu plus de 4 millions de personnes, 7% de la population totale de l'Hexagone... alors que l'on compte au moins le double sinon le triple d'indigènes non-blancs (et que, on l'a dit, ils ne sont pas complètement les seuls à y vivre : d'après cet article du Monde de 2011, ils en représenteraient un peu plus de la moitié de la population - si l'on trace une équivalence avec "issus de l'immigration", ce qui ne serait même pas exact puisqu'il y a aussi des personnes issues d'une immigration européenne relativement récente, portugaise ou autre ; et 64% en région parisienne). Il n'y a pas que des jeunes, et pas que des gens au chômage le plus total ; il y a des gens (beaucoup) qui ont un emploi, parfois stable, parfois précaire (intérimaire, uberisé), et qui souvent peut impliquer des déplacements motorisés et un budget carburant important ; des gens qui ont donc pu très tôt rejoindre le mouvement sur ces revendications premières, mais bien entendu, pas sous une banderole "les banlieues rejoignent les gilets jaunes"... etc. etc.

    Un témoignage en ce sens :

    "Pour ne pas être dans la caricature, il faut dire qu’il y a des gilets jaunes dans les quartiers populaires.

    Ils ne sont pas l’image d’Épinal de la banlieue, ce sont les vrais gens, pas des caricatures.

    Alors forcément ils sont moins visibles, moins identifiables en tant que tels par un regard au prisme déformé par le mépris intériorisé ou par les préjugés.

    À plusieurs reprises, alors que j’étais avec des gilets jaunes de quartiers populaires, ou/et issus de l’immigration, des journalistes et des gilets jaunes nous demandaient où étaient la banlieue, les Noirs, les Arabes.

    Et pourtant ils étaient là, sous leurs yeux, mais ils ne les voyaient pas car cela ne correspond pas à l’image qu’ils en ont.

    Il aurait fallu que la banlieue casse, brûle, courre pour qu’ils la reconnaissent. Qu’elle soit bien virile, jeune et surtout violente.

    Des femmes précaires, des vieux, des étudiants, des fonctionnaires, des petits patrons, ce n’est pas assez la banlieue pour eux. Ce sont juste des gens normaux.

    Certains gilets jaunes attendaient avec impatience que la banlieue s’embrase. Comme si, cette fois elle avait le droit d’être furieuse, qu’on l’autorisait à participer à l’insurrection populaire et qu’elle y gagnerait le droit d’être une bonne française.

    Ce mouvement des gilets jaunes, c’est celui des pauvres, des invisibles et des humiliés. Des anciens résignés, des zombies de la citoyenneté. 

    Le degré de résignation, la méfiance ancrée envers les institutions, la défiance envers l’Etat et la Nation (raciste et islamophobe) , la fracture avec ceux qui décident, les quartiers populaires connaissent bien.

    Peut-être trop justement, pour avoir massivement enfilé le gilet."]


  • Commentaires

    1
    ripoublicain33
    Jeudi 14 Février 2019 à 17:26

    La ripoublique qu'incarne à merveille M.Alain Juppé, serait en danger dit-on ici et là avec un air grave dans les diners en ville et les salles de rédaction des + grands titres de presse.....Peut-être mais qui met en danger notre République ? Ne serait-ce pas ceux qui du haut de leurs éminentes responsabilités violent sans vergogne l'Etat de droit et finissent par être condamnés en justice quand on sait la longueur et la difficulté des procédures concernant cette catégorie de citoyens? Ceux-là même qui en dépit de condamnation (s) en justice prétendent ensuite devenir « juges suprêmes » ? Qu’est-ce que c'est que ces histoires ? Où est-on ? Dans ce pays qui a adopté la déclaration des droits de l'homme et du citoyen ? Non,nous sommes désormais dans un Etat aux mains de ploutocrates et de « responsables » qui estiment se situer au-dessus des lois communes, exclusivement réservées aux citoyens lambda.C'est une honte!Continuons à dénoncer la Ripoublique et ses représentants véreux (Chirac, Sarkozy, Fillon, Cahuzac, Balkany, Guéant, Larcher, Benalla + tous ceux qui sont d’ores et déjà inquiétés par la justice)!

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