• [Dossier kurde] C'est toujours rigolo...


    ... quand un individu (ici on l'appelle "Monsieur les Barbus de Saint-Fons"...) qui ne fait soi-disant "plus partie" d'une organisation, rédige pour cette même organisation un article qui rebondit de manière évidente sur quelque chose que vous avez écrit, multipliant les "clins d’œil" ("clins d’œil" qu'il faut vite apprendre, venant d'un tel "serpent" comme quelqu'un avait pu le définir à une époque, à ne pas croire "amicaux"...).

    Cet individu n'est pas un matéraliste-point-com du 'p''c''mlm' : il ne va pas vous contredire pour le principe de vous contredire, comme quand le 'p''c''mlm' brûle par exemple toutes les pages de son "Manuel d'Économie Politique MLM" consacrées aux luttes nationales dans l’État-prison "France" dès lors que vous avez pris fait et cause pour ces luttes. Lorsqu'il n'est pas possible de nier la justesse de ce que vous avez écrit (forcément quand ça se base purement et simplement sur Lénine...), il va, comme l'a fait pendant des années son organisation-dont-il-ne-fait-plus-partie, POMPER volontiers et allègrement ce que vous avez écrit de juste ; mais attention, cela ne sera jamais qu'un ENROBAGE pour les conclusions d'un OPPORTUNISME TOTAL, conformément à toute la ligne politique de son groupuscule, auxquelles il est fermement décidé à arriver ensuite.

    Concréto-concrètement : "Nous ne pouvons pas être sourds à l’aspiration de liberté portée par les 92% de « Oui » au référendum kurde", et "le (PKK) a fait comprendre que la victoire du oui étant acquise, cela n’avait pas de sens de s’opposer à la volonté du peuple"... Eh ben, le moins qu'on puisse dire, c'est que vivement pas que les 2/3 des gens en Hexagone votent pour un gars qui veut autodafer le Code du Travail, et le tiers restant pour un parti fasciste... Hein quoi ? C'est déjà le cas ? Ah bon ok...

    En gros, le gars nous explique par A + B que Barzani est un dictateur clanico-mafieux et un vendu à l'impérialisme. Qu’il n’y a pas les conditions minimales d’une démocratie même bourgeoise au Kurdistan d’Irak, où des opposants sont assassinés, d’autres disparaissent etc. Que le Kurdistan d'Irak est indépendant de facto depuis 1992... et donc que ce référendum n'a en réalité vocation qu'à être un plébiscite pour ce despote en fin de règne, et (SURTOUT) à entériner les "acquis territoriaux de la guerre contre Daesh", territoires pourtant loin d'être "purement" kurdes et donc, qu'annexer au Kurdistan barzaniste reviendrait à placer dans un système d'oppression nationale des populations non-kurdes. Que, chose sans doute impensable il y a encore 10 ans, la scène politique locale a vu suffisamment clair dans l'embrouille pour que quelques partis osent S'OPPOSER à la mascarade (!).

    MAIS... comme 92% des gens ont voté oui, alors vox populi vox dei, "ça n'a pas de sens" de se positionner à l'encontre. On est vraiment, vraiment contents d'apprendre quelque chose d'aussi fabuleux : faire de la politique, c'est donc dire que "ça n'a pas de sens" de contester la volonté de 90% (et même probablement 70%, voire 60%) des gens et d'essayer d'en amener sinon 90%, du moins la majorité vers une opinion contraire si l'on considère que celle-ci est juste. On se demande, en fait, quel "sens ça a" de faire de la politique tout court... Pourquoi prône-t-on (ici en Hexagone) une révolution anticapitaliste, au juste, si 90% des gens (au moins !) au jour d'aujourd'hui n'en veulent pas et sont favorables à la république bourgeoise telle qu'elle est ?

    Et donc ouf, "sauvés", le PKK auquel on voue un culte absolu n'a donc pas fait preuve du plus total opportunisme en adoptant (peut-être de manière plus complexe ? en tout cas, c'est en ces termes simples que c'est décrit...) strictement cette même position. Alors même que, comme on l'a dit, le Kurdistan d'Irak est déjà indépendant de fait depuis 25 ans et que le PKK ne prône de toute façon plus (en principe) des indépendances "sèches" en mode nationaliste dans la région, mais plutôt (si l'on voulait résumer) de larges autonomies en "interaction dialectique" avec la démocratisation des États existants, elle-même "chemin" (en quelque sorte) de leur "dépérissement" ; qu'il s'oppose par ailleurs (toujours en principe) tout aussi fermement à l'imposition d'un État nationalitaire "strict" sur des zones multiethniques (mais étrangement sur ce point, sous la plume de notre "ami", l'impression qu'on a est que ce qui est reproché à Barzani c'est d'avoir perdu ces zones... qui auraient donc "dû" rester "kurdes" ?) ; et qu'en toute logique la SEULE question qui devrait être à l'ordre du jour au Kurdistan d'Irak, du point de vue de son idéologie "confédéraliste démocratique", c'est la gestion (justement) antidémocratique et réactionnaire de celui-ci et donc une révolution contre Barzani (que le référendum avait au contraire vocation à renforcer et plébisciter)... Comment appeler donc, dès lors, autrement qu'opportuniste la position comme quoi cela n'aurait "pas de sens" de nager à contre-courant de ce référendum (ce qu'en l'occurrence, un parti social-libéral de centre-centre-centre-gauche a fait) ?

    Et au demeurant, discuter de la conformité du PKK à son propre "confédéralisme démocratique" est une chose ; mais se conformer, quand on se veut léniniste, aux principes léninistes, en est une autre et encore mieux. Principes léninistes qui sont que tout absolu et nécessaire que soit le principe du droit à l'autodétermination des peuples, seul moyen de résoudre les contradictions dites nationales au bénéfice de l'UNITÉ entre lesdits peuples contre le Grand Capital, on ne peut pas apporter de soutien POSITIF, "actif" à un processus politique qui sert ouvertement la pénétration de l'impérialisme dans une région semi-colonisée ("impérialisée", dominée par l'impérialisme), puisque de toute façon, passer d'une oppression nationale "de proximité" à une "indépendance" fantoche de pion de l'impérialisme sous un régime satrapique n'est en rien une libération pour ce qui nous intéresse, à savoir le PEUPLE (et à plus forte raison si l'"indépendance" visée est en fait acquise dans les faits depuis un quart de siècle, l'objectif réel de la manœuvre étant donc autre, offrir un sacre plébiscitaire au satrape par exemple...).

    Mais attention attention... Vous ne croyiez pas, n'est-ce pas, que ça allait se passer comme ça ? Pour notre "ami" (et là, une contamination 'p''c''mlm' est peut-être à envisager...), soulever toutes ces questions, rappeler tous ces principes ne peut relever que d'un "complot complotiste" (LOL) non pas "hitléro" mais (il fallait bien se renouveler...) "qataro-erdogano-trotskyste" (barbu ou pas, de Saint-Fons ou pas)... Reste à savoir (peut-être faudrait-il lui poser directement la question) si c'est ce "complot" qui a malicieusement placé les dizaines de drapeaux israéliens dans les rassemblements pour le plébiscite barzaniste à Erbil et alentour, qu'il ne nous semble pas (ma foi) avoir inventés ; ou encore plus pervers pour notre pauvre "ami" fan du PKK, les propos étrangement siono-complaisants qui apparaissent parfois sous la plume d'Öcalan dans son ouvrage sur le "confédéralisme démocratique" [tant qu'à faire, vous pouvez lire tout l'article de critique des camarades de VP : http://ocml-vp.org/article1637.html et le tenir grosso modo pour notre position sur la question – sauf peut-être le point sur le "point de vue ambigu (du PKK des années 1990) sur les mouvements islamistes", sur lequel, si c'est une critique, alors nous sommes d'accord avec le point de vue critiqué du PKK de l'époque].

    Comme si tous les trotskystes avaient une position unifiée sur la question ; mais surtout : 1°/ le cocktail idéologique d'Erdogan, par lequel il a littéralement "siphonné" électoralement ce qu'on appellera "la droite" de la république kémaliste tardive des années 1980-90, ne fait sens que dans un contexte turc, 2°/ la communauté turque n'est pas (de loin) la plus importante communauté musulmane d'Hexagone, et donc par conséquent, 3°/ si des Maghrébins d'Hexagone (barbus de Saint-Fons ou pas) peuvent faire preuve disons d'"erdogano-complaisance", cela ne peut pas être pour ces raisons turco-turques. Mais bien plutôt, justement, parce qu'Erdogan n'a pas tout à fait "jamais rien fait pour les Palestinien-ne-s", quels qu'aient été le pragmatisme machiavélique et les arrière-pensées expansionnistes "néo-ottomanes" derrière ce qu'il a fait ; pas tout à fait "jamais rien fait"... contrairement à la république "laïque" antérieure, dont on a d'ailleurs de plus en plus furieusement l'impression, lorsqu'on lit nombre d'analyses de la situation anatolienne et du "phénomène" Erdogan, qu'elle n'a tout simplement jamais existé, et que l’État turc est littéralement apparu à la surface de la Terre avec son actuel (et exécrable) "sultan".

    Un "phénomène" Erdogan que SLP a longuement analysé, dans toute sa durée et ses implications depuis l'émergence électorale de ce qui n'était pas encore l'AKP dans les années 1990, jusqu'aux très importants revirements et mutations de ces (disons) 5 dernières années ; analyses qui ne le placent clairement pas dans le camp du peuple, sinon à la manière dont on pourrait y placer tout populiste ; mais qui permettent néanmoins de comprendre son aura politique bien au-delà de la Turquie et des diasporas turques d'Europe, notamment dans les communautés musulmanes non-turques, et si l'on voulait renchérir encore dans la méchanceté, on pourrait ajouter au Kurdistan (où il a longtemps été la première et reste encore aujourd'hui la deuxième force électorale derrière le HDP, la seule unanimité étant de ne plus vouloir entendre parler du kémalisme...) et dans les diasporas kurdes (dont les militants PKK ne sont qu'une minorité).

    De comprendre cela, en tout cas, de manière bien plus matérialiste qu'à travers un "complot" de ses officines ou de celles du Qatar (ou de Tariq Ramadan, tenez... c'est le moment ou jamais de le placer celui-là, non ? plus qu'en 2009 en tout cas...).

    Quant à ce qui est d'être vigilants, méfiants vis-à-vis de ce qu'il se passe au Kurdistan, des pentes savonneuses qui peuvent à tout moment y être prises, cela n'a, comme on l'a dit, pas forcément à voir avec une quelconque identité musulmane opprimée qui pousserait à admirer le seul "vrai leader" musulman sunnite présent sur la planète aujourd'hui, mais peut simplement résulter d'une application rigoureuse des principes léninistes.

    Lénine et les bolchéviks qui ont TOUJOURS défendu avec la dernière fermeté les droits nationaux des peuples, qui ont sur cette base tactiquement accepté, même, des indépendances vis-à-vis de l'ex-Empire russe ayant servi à constituer un "cordon sanitaire" contre la révolution qu'ils dirigeaient (Pologne, Finlande, Pays baltes) ; mais qui n'ont pas hésité non plus, POLITIQUEMENT, à critiquer par exemple le nationalisme arménien et la "Grande Arménie" fantoche de l'impérialisme que les Alliés vainqueurs de 1918 projetaient dans tout le quart nord-est de l'actuelle Turquie et qui servait par ailleurs d'ores et déjà de base arrière aux armées blanches contre-révolutionnaires russes (voir ici la description de la situation par Zinoviev) ; cela alors même que le Peuple arménien sortait d'un véritable génocide !

    On a "célébré" l'année dernière le centenaire des Accords Sykes-Picot ; cela l'"organisation" dont il est question ici en a parlé dans un article, même si l'absence de ses "clins d’œil" laisse à penser que notre "ami" n'en était pas l'auteur. Des conférences sont organisées un peu partout en ce moment même pour le centenaire de la Déclaration Balfour ; et l'on s'achemine tout doucement vers le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale, et donc des TRAITÉS (Sèvres, Lausanne) qui l'ont suivie. C'est CELA, qui fonde la situation actuelle et qui doit être la base de TOUTE NOTRE LECTURE POLITIQUE de cette région du monde !

    Et sur la carte du Traité de Sèvres (1920), on observe ainsi aisément... qu'un projet d’État kurde existait ; avant que la bourgeoisie turque ne se rebiffe avec Kemal et sa "guerre nationale" (que soutiendront tactiquement... les bolchéviks et l'Internationale communiste naissante) et n'oblige les Occidentaux à reculer sur ce point et d'autres, pour donner naissance à la Turquie dans ses frontières actuelles. Autrement dit : les Kurdes ne sont pas plus "par essence" des "agents de l'impérialisme et du sionisme"... que l'impérialisme n'est PAR PRINCIPE opposé à leurs droits nationaux (pourquoi le serait-il, au juste ?). La vérité, c'est plutôt que l'impérialisme "joue" (en quelque sorte) avec ceux-ci, appuyant leurs revendications ou au contraire leur répression selon comment ça l'arrange.

    C'est la réalité matérielle qui engendre la conscience, les conceptions et les pratiques. Le PDK et l'UPK du Kurdistan d'Irak n'ont jamais vraiment été aussi révolutionnaires que le PKK (qui n'a lui-même jamais été maoïste ni même vraiment marxiste-léniniste), mais cela ne signifie en rien que leur lutte aurait été "éternellement illégitime" (ce qui entrerait au demeurant en contradiction lourde avec la conclusion de l'article, qui n'est de toute façon qu'une contradiction après l'autre...) et celle du PKK "éternellement légitime" : non seulement ces forces étaient totalement légitimes à défendre le Peuple kurde contre la brutale oppression de Saddam Hussein, mais ce n'est pas là la principale raison du sinistre (mais hélas réaliste) tableau qu'en dresse notre "ami" actuellement. La principale raison de cet état de fait, c'est que lorsque Saddam s'est soudainement retourné contre ses soutiens impérialistes de la veille (contre l'Iran) et a envahi le Koweït en 1990, ces forces (et la cause kurde en Irak, exclusivement en Irak) sont tout aussi soudainement devenues LÉGITIMES pour l'impérialisme... et des pions de celui-ci. C'est CETTE SITUATION (à partir de 1990) qui a principalement fait du PDK et de l'UPK ce qu'ils sont devenus aujourd'hui : des ramassis mafieux de satrapes pro-impérialistes.

    La légitimité de Rojava depuis 2011 est simple : elle est de défendre le Peuple kurde de cette région contre les violences, les massacres que ce soit du régime d'Assad, des "rebelles" pro-turcs et surtout, du projet "califal" génocidaire de Daesh ; et de plus, dans ces conditions extrêmes d'état de guerre total, de parvenir à garantir à cette région et à sa population un fonctionnement politique relativement démocratique. Mais si demain les YPG/YPJ de Rojava deviennent objectivement des soldat-e-s de l'impérialisme occidental pour, en "front" (FDS-QSD) avec ce qu'il reste de "pas trop islamiste" dans la rébellion armée arabe anti-Assad, contrôler à sa solde un (disons) petit tiers nord-est de la Syrie ; opprimant les populations arabes sunnites et perpétuant ainsi le cocktail de conditions qui en Irak a donné naissance à Daesh ; alors ils ne seront plus "légitimes". Les mêmes conditions qu’au Kurdistan PDK-UPK d’Irak auront tout simplement, au bout de quelques années ou au "mieux" d'une décennie, les mêmes résultats.

    Accepter le soutien de l'impérialisme, parfois avec l'"excellent" motif de lutter tout simplement pour sa survie, signifie-t-il forcément en devenir un valet ? Non, absolument pas. L'exemple typique en est la Seconde Guerre mondiale : l'URSS s'est alliée avec les impérialismes occidentaux contre l'Axe fasciste et a autant bénéficié de leur effort de guerre qu'ils ont bénéficié du sien ; et TOUTES les guérillas communistes antifascistes d'Europe et d'Asie ont bénéficié plus ou moins directement des actions militaires des États-Unis, de l'Empire britannique, de la "France libre" etc. La question essentielle qui est posée ici est celle de la politique au poste de commandement, de la LIGNE POLITIQUE des forces révolutionnaires qui leur permettra ou non de ne pas succomber aux "balles enrobées de sucre" de la trahison (et c'est là que l'honnêteté impose d'ajouter... qu'en dehors de Mao, Hô Chi Minh, Hoxha, des héroïques grecs hélas écrasés dans le sang et de quelques autres, cette "alliance objective" avec le capitalisme "antifasciste" a été pour beaucoup de forces communistes le début du naufrage révisionniste et réformiste).

    C'est donc là-dessus que doit s'exercer tout particulièrement la vigilance : en l'espèce, sur la ligne politique du PKK et des YPG, non seulement dans les discours mais aussi en pratique. Tout PKK qu'il soit, et tout fanboy qu'en soit notre "ami".

    Rien n'est encore "plié", et rien ne l'est de toute façon jamais en réalité, car les trahisons à ce niveau-là des choses entraînent généralement des scissions et la naissance de nouvelles forces révolutionnaires. Mais ce n'est pas être un agent trotskyste d'Erdogan et du Qatar que de scruter les évènements avec vigilance, surtout dans une région du monde où (il pourrait n'y avoir qu'une seule raison, celle-là...) le sang a déjà ÉNORMÉMENT COULÉ et où la plus grande sévérité politique envers tout ce qui pourrait encore alimenter cette spirale infernale en place depuis un siècle, plutôt que d'en sortir, est parfaitement justifiée.

    La légitimité des Kurdes de Rojava à défendre leurs vies tout en essayant de bâtir une société démocratique, leur héroïsme d'aller sauver les Yézidis du Sinjar lâchement abandonnés par les séides de Barzani, tout ceci n'est pas en question, pas plus que la sincérité et le courage des internationalistes qui ont pris les armes à leurs côtés (encore que l'on puisse prendre la liberté de dire qu'on aurait aimé voir un tel engagement en faveur de la Palestine par exemple, mais ceci s'adresse de toute façon aux gauches radicales occidentales et non aux Kurdes...).

    SUR LA LIGNE POLITIQUE DU PKK, qui est la question cruciale pour le déroulé ultérieur des évènements : SLP partage dans les grandes lignes les critiques de l'article de VP en lien plus haut (et elles ne sont pas minces). Ou encore, autre analyse à lire absolument : anti-imperialiste.org/la-cause-kurde-et-la-liberation-des-peuples-du-moyen-orient/

    En cas de dérive liquidatrice, il est bien évident que "ça ne se passera pas comme ça" et qu'il y aura résistance des tenants d'une ligne révolutionnaire ; mais restera alors entière la question du poids que fera cette résistance face aux liquidateurs.

    Les pratiques des FDS-QSD dans les zones arabes arrachées à Daesh autour de Raqqa doivent être scrutées avec vigilance, les questionnements sur ce point sont légitimes.

    Le référendum barzaniste au Kurdistan d'Irak n'est PAS légitime ; la seule "indépendance" supérieure (à celle qu'il y a déjà) que puisse encore acquérir cette partie du Kurdistan étant l'indépendance vis-à-vis de l'impérialisme occidental, autrement dit une révolution démocratique contre Barzani et non un pseudo-"référendum d'indépendance" en réalité plébiscite en sa faveur ; PAR CONSÉQUENT, dire que "ça n'a pas de sens de s'y opposer" vu que "92% ont voté oui" est de l'opportunisme et le qualifier ainsi est non seulement un droit mais un devoir pour un maoïste alors que des maoïstes sont engagés et risquent leurs vies aux côtés du PKK (la "défense" pourra certes légitimement faire valoir que le PKK n'a cherché qu'à protéger les populations une nouvelle fois abandonnées par les barzanistes et promises aux représailles de Bagdad, mais alors pourquoi, dans un article prétendument sérieux et "de connaisseur", présenter les choses de cette manière et en plus le défendre !?).

    Cette position opportuniste n'est pas totalement abracadabrantesque et surgie de nulle part ; elle prend racine dans la logique assembléiste et consensualiste du "confédéralisme démocratique", et son refus de la politique comme lutte des idées justes contre les idées fausses : "Les conseils sont ouverts « à toute la population », les prises de décisions doivent se faire au consensus, avec l’idée qu’il n’y a pas dans la société des intérêts inconciliables, mais que tous les désaccords peuvent être réglés par la discussion et l’accord. Il faut, dit-il, respecter les opinions divergentes, sans faire de différences entre elles... même celles de nos ennemis de classe ?" (...) "Mais le consensus est-il toujours possible ? À certains moments, pour avancer, il faut trancher, et choisir un point de vue plutôt qu’un autre lorsque l’accord n’a pas été possible sur le moment. Pour nous, la démocratie véritable, ce n’est pas l’autonomie à l’extrême, que chacun puisse faire ce qu’il veut chez soi ; c’est que tous, nous ayons notre mot à dire sur tout, quitte à ce que l’avis majoritaire s’impose à l’avis minoritaire, tout en respectant ce dernier." (article de VP). L'assemblée confdem est finalement, en un sens, l'organe politique postmoderne par excellence, où tous les points de vue se valent, où seul peut se dégager un "consensus" entre ces points de vue (bonjour !) et où il ne faut surtout en "opprimer" aucun (le localisme garantissant que tous les points de vue soient de "premiers concernés")... De même que pour l'"organisation" de notre "ami", au fond, il ne devrait pas y avoir de contradictions idéologiques dans le camp anticapitaliste (du moins), à traiter en défendant son point de vue ; cela n'aurait "aucun sens", tout se vaut et "deux fusionnent en un" ; et lorsque ces contradictions éclatent malgré tout (le dur principe de réalité, vous savez...), elles doivent être dissimulées sous la seule contradiction qui finalement "vaille" : celle avec de prétendus comportements "problématiques" individuels.

    Ce référendum ayant pour but réel, outre un plébiscite pour Barzani, d'entériner les "acquis territoriaux de la guerre contre Daesh" et de les intégrer dans un État kurde ; un soutien du PKK à celui-ci rejaillit directement sur l'autre question de la gestion des zones arabes prise à Daesh en Syrie (bien que la "défense" arguera ici que les FDS ne sont plus "kurdes" mais désormais à 60% arabes, cela dit la direction est bien toujours kurde, non ?).

    De manière générale, à notre "ami" qui il y a quelque temps déjà, contestant le soutien que SLP apportait à la légitimité de base des soulèvements arabes de 2011, nous disait qu'on "ne peut pas jouer le féodalisme (comprendre, car il faut parler clairement dans la vie, L'ISLAM) contre l'impérialisme" ; nous serions tentés de répondre que ses amis du PKK, et lui par la même occasion, semblent avoir de plus en plus tendance à "oublier" la contradiction fondamentale avec l'impérialisme et le sionisme dans leur confrontation avec le "féodalisme" (l'idéologie "islamiste" réactionnaire de Daesh et des groupes "syriens libres" non encore ralliés aux FDS) et les oppresseurs nationaux "de proximité"... Or l'enseignement fondamental du marxisme-léninisme-maoïsme est que les pays dits du "Sud global" sont SEMI-COLONIAUX (dominés par l'impérialisme) ET SEMI-FÉODAUX (aux mains, en clair, d'oligarchies et de forces réactionnaires locales) et que, s’il peut arriver que ces deux aspects ne marchent pas "main dans la main" et qu'il faille temporairement déterminer entre eux un ennemi principal et un ennemi secondaire, il ne faut JAMAIS perdre aucun des deux de vue.

    Voilà où nous en sommes, et tout ce que nous pouvons dire à ce stade. Rien de plus sur la situation concrète là-bas ; après, démonter un énième monument d'opportunisme d'une "organisation" spécialiste en la matière (toute cette histoire autour du PKK et de Rojava n'ayant en fait, pour eux, d'autre vocation que de "démontrer" l'"inutilité" du maoïsme et de la Guerre populaire), de ce type d'opportunisme qui prépare le désarmement idéologique des internationalistes d'ici et d'ailleurs au cas où ça tournerait au vinaigre là-bas (au Kurdistan), c'est autre chose.

    [Si nous étions vraiment méchants, nous rappellerions qu'il y a une huitaine d'années, un de leurs potes du pseudo d'"Oppong" nous expliquait par mail qu'il fallait souhaiter la victoire des impérialistes en Afghanistan et, au détour de cela, que TOUT le mouvement de soutien à la Palestine en Hexagone n'avait "d'autre motivation que l'antisémitisme"... Mais comme nous ne sommes pas (en fait) méchants, nous ne dirons pas que TOUT le mouvement de soutien à Rojava et au Kurdistan en Occident n'a "d'autre" motivation que l'ISLAMOPHOBIE ; mais simplement qu'une PARTIE est néanmoins dans ce cas, et que notre "ami" et son groupuscule dont il "ne fait plus partie" le sont (pour être capables, par exemple, de voir dans les "barbus" d'une banlieue lyonnaise une "menace" pour des féministes afghanes dont ces "barbus" n'ont probablement jamais entendu parler, et très vraisemblablement rien à foutre).]

    [Pour ce qui est de cette arabo-islamophobie qui motiverait, à des degrés divers et difficilement quantifiables, les fanas de la cause kurde et de Rojava ; sans même aller jusqu'à parler de siono-complaisance, pour forte qu'en serait pourtant la tentation quand on voit le genre d'individus avec lesquels certainEs de l'"organisation" de notre "ami" devisent tranquillement ; il faut dire que sous la plume d'"Apo" Öcalan lui-même... voilà quoi : islamophobie-oecalan.png - islamophobie-oecalan-2.png]

    [PS : il semblerait que suite à cette critique, de "petites modifications" soient intervenues dans l'article original. Ce ne serait pas la première fois, c'est même une pratique constante de ces opportunistes. Il n'en reste pas moins que le centre du propos reste inchangé : il ne serait pas possible (et le PKK aurait eu raison de ne pas le faire) de contester le résultat à la Bongo d'un "référendum" en réalité plébiscite pour un satrape et appel au nettoyage ethnique des "acquis territoriaux de la guerre contre Daesh", quand bien même il est explicitement dit que les opposants audit satrape sont pourchassés, battus, assassinés, "disparus", les sièges de leurs partis attaqués et brûlés par des nervis du pouvoir, etc.

    VIVEMENT PAS, pour prendre encore un autre exemple, qu'au soir du 21 décembre les élections en Catalogne prennent des airs de référendum anti-indépendance avec une nette avance du bloc espagnoliste PS-PP-Ciutadans, dans des conditions un chouïa moins violentes mais tout aussi antidémocratiques sur le principe... On voit mal ce qui pourrait, mieux que cette position, entretenir la "confusion entre la gauche kurde et le régime de Barzani" sur laquelle sont censés surfer les agents trotskystes d'Erdogan et du Qatar. Rigolo aussi que dans un article plus récent encore, soient critiquées les positions révisionnistes de Domenico Losurdo (qu'il nous arrive de citer ici pour les quelques choses qu'il peut dire de justes) selon lesquelles il "faudrait" soutenir les peuples opprimés en lutte jusque dans leurs erreurs totales, leurs reculs, leurs capitulations si tel est leur "agenda"... Losurdo n'allant pourtant jamais jusqu'à soutenir (son soutien à Compaoré restant déjà à démontrer...) un "référendum"-plébiscite, applaudi par Israël, en faveur du dirigeant politique le plus servile envers l'Occident et pro-israélien depuis le Golfe de Syrte jusqu'au Delta du Gange !!]

    ["Peuple sans État depuis 2500 ans" : sans État peut-être, mais grotesque quand même... L'oppression nationale des Kurdes est en fait un phénomène très récent, résultant de la reconfiguration impérialiste du Proche et Moyen Orient entre 1919 et 1923. Il fallait déjà, pour cela, que la notion même d'"État-nation" fasse son apparition dans la région, ce qui n'est pas le cas avant la fin du XIXe siècle. À l'époque féodale, lorsque la civilisation islamique (entendue comme concept englobant y compris les non-musulmans) tenait lieu de "nation", les plus grands dirigeants comme Saladin pouvaient être kurdes, régnant sur des sujets majoritairement arabes. Et par la suite, sous l'Empire ottoman, les Kurdes ont plus qu'autre chose "secondé" le pouvoir turc. Lorsque celui-ci, à partir du XIXe siècle, a commencé à se "durcir" en mode oppression nationale turque sunnite sur les autres populations, les Arabes musulmans, les Arabes chrétiens "assyriens" ou encore les Arméniens, ils ont participé aux massacres et aux spoliations. Alors certes, tel n'est sans doute pas le discours idéo-mythologique qui a été servi à notre "ami" par ses amis sympathisants du PKK. Mais ce n'en est pas moins la réalité historique. Voilà qui illustre encore une fois, s'il le fallait, l'anti-matérialisme de notre "ami" et de son "organisation".]


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