• Bataille juridique à l'OMC : la Chine en ligne de mire (+ bon article ML sur la nature impérialiste de la Chine actuelle)


    Voici le dernier rebondissement en date de l'affaire qui oppose, depuis déjà quelques années, la Chine à un trio USA-UE-Mexique devant l'OMC, au sujet des mesures "anti-concurrentielles" de Pékin sur les matières premières :


    Le Monde

    Matières premières : Pékin va faire appel de sa condamnation par l'OMC


    La Chine a annoncé, mercredi 24 août, qu'elle allait faire appel de sa condamnation par l'OMC en raison de ses restrictions sur les exportations de matières premières, jugées discriminatoires par l'Union européenne, les États-Unis et le Mexique.

    "Nous considérons que nos politiques ne violent pas les règlements de l'OMC", a déclaré Shen Danyang, porte-parole du ministère chinois du commerce.

    TAXES SUR LES EXPORTATIONS ET QUOTAS D'IMPORTATION

    L'OMC, saisie d'un recours datant de 2009 de l'UE, des États-Unis et du Mexique, avait, le 5 juillet dernier, jugé illégales des restrictions qu'impose la Chine sur les exportations de neuf matières premières cruciales pour l'industrie européenne (bauxite, zinc, coke, magnésium notamment).

    En cause : des taxes imposées sur les exportations, des quotas d'importation et un régime de prix minimum. Européens et Américains estiment que cela contribue à faire grimper les prix des produits finis qui ont besoin de ces matières premières.

    Celles-ci sont utilisées pour des équipements médicaux, des CD, du matériel électronique, le secteur automobile, des réfrigérateurs, la métallurgie non ferreuse, des batteries de voitures ou encore des cannettes de boisson.

    AUGMENTATION DES PRIX MONDIAUX

    Selon les plaignants, les restrictions pratiquées par Pékin, quotas, droits à l'exportation ou prix minimum à l'exportation, ont permis aux entreprises chinoises de bénéficier de meilleurs tarifs que leurs concurrentes étrangères. Elles ont ainsi créé "une distorsion à la concurrence", augmentant "les prix mondiaux", selon Bruxelles, tandis que le représentant américain au commerce extérieur, Ron Kirk, accusait Pékin de pratiquer la "préférence nationale".

    L'Union européenne s'était félicitée début juillet de cette condamnation, y voyant un "signal fort" adressé à Pékin. "Il s'agit d'un verdict clair en faveur d'un commerce ouvert et d'un accès équitable aux matières premières", avait déclaré le commissaire européen au commerce, Karel De Gucht.

     CONTENTIEUX SUR LES TERRES RARES

    Un autre contentieux couve sur les terres rares, un groupe de 17 éléments minéraux nécessaires à la fabrication de très nombreux produits de haute technologie, des iPod aux éoliennes en passant par les piles pour véhicules électriques. La Chine assure environ 95 % de la production mondiale de terres rares, mais elle ne possède qu'environ 36 % des réserves connues de ces substances.

    Le commissaire avait adressé une mise en garde à Pékin au sujet de ce dossier voisin : "A la lumière de ce résultat, la Chine devrait garantir un accès libre et équitable aux fournitures de terres rares."
    Pékin avait décidé en décembre de réduire de 35 % pour le premier semestre 2011 les quotas d'exportation de terres rares, par rapport à la même période de l'an dernier, déclenchant les protestations du Japon, des États-Unis et de l'Allemagne, notamment.

     

    Cette guerre juridique, conduite par les deux principaux pôles impérialistes de la planète (USA et UE) flanqués (pour faire bonne mesure) d’un "émergent" (Mexique), est une parfaite illustration des contradictions inter-impérialistes de notre époque : en l’occurrence, la lutte sans merci pour barrer la route au projet impérialiste chinois.

    Voilà qui relance le déjà vieux (et pas si inutile qu'il n'y paraît) débat sur la nature impérialiste ou pas de la Chine...

    On voit aujourd’hui toute une partie du mouvement dit communiste, chez les révisionnistes (pour soutenir le régime...) mais aussi, surprise, chez les ultragauchistes, employer un argumentaire d'"économie politique" prétendument imparable : la Chine actuelle, disent-ils, ne peut pas être impérialiste, puisque "après la restauration du capitalisme, elle n'est pas passée par le stade de la libre-concurrence !". Cet argument ne tient pourtant pas la route une seconde.

    Prenons les choses dans l'ordre. Lénine a été clair, au début du siècle dernier : du temps de la libre-concurrence, le mouvement ouvrier pouvait exister, mener des luttes et éventuellement remporter des victoires ; mais seul le passage à l'époque des monopoles, de l'impérialisme, met réellement la révolution socialiste à l'ordre du jour. Pour mener à bien la révolution socialiste, émancipation de l'humanité entière par le prolétariat, l'humanité doit en quelque sorte "passer" par le stade des monopoles, car ceux-ci préfigurent, à leur manière, le socialisme par le caractère social étendu de la production, la transformation de la planète en "village global" etc.

    Prenons maintenant les choses dans l'autre sens. Nous avons le socialisme. La gauche révolutionnaire est mise en échec, et la droite révisionniste, partisane de la restauration capitaliste, prend la direction du Parti. Nous allons donc faire "machine arrière" d'un certain stade de construction socialiste, vers le capitalisme. Le "premier rivage" capitaliste que nous allons atteindre, est-il celui de la libre-concurrence ? Bien sûr que non ! Cela va être le stade des monopoles. D'abord (comme en URSS sous Brejnev) sous la forme d'un "capitalisme monopoliste d'Etat", où l'Etat prétendu "du Peuple entier" reste le propriétaire "officiel" des moyens de production. Puis, lorsque la situation économique l'impose, la "propriété d’État" est mise "à la découpe" et forme de gigantesques consortiums aux mains d'une caste d'oligarques (Russie de Eltsine).

    La Chine en est encore, à ce jour, au stade du "capitalisme monopoliste d’État". Mais voilà : les choses ne se sont pas faites exactement comme en URSS.

    Le socialisme chinois des années 1970 était bien plus faible, moins développé que le socialisme soviétique des années 1950 : essentiellement paysan, peu industrialisé sauf dans de grands centres comme Wuhan, etc. Pour accumuler du Capital (des sous, mais aussi des moyens de production, du savoir-faire etc.), les dirigeants révisionnistes autour de Deng Xiaoping ont donc eu l'idée d'"ouvrir" le pays aux investissements étrangers, notamment dans le domaine de la sous-traitance, de la "production première" (à bas coût) de biens de consommation : ils ont fait, en effet, de la Chine des années 1980-90 "l'atelier du monde" (depuis, cette qualité d'atelier mondial s'est quelque peu déplacée vers l'Inde, l'Indonésie, l'Amérique latine etc.). Ils ont aussi mis en place un capitalisme "semi-étatique" : 50% à l’État chinois et 50% à des investisseurs étrangers. MAIS, pour autant, ils n'ont jamais bradé le pays aux impérialistes occidentaux (ou japonais) : la classe capitaliste dirigeante du Parti a toujours "gardé la main" sur les matières premières (d'où le contentieux devant l'OMC !), les ressources énergétiques, l'industrie lourde etc. : jamais les "investisseurs" impérialistes n'ont eu accès à ces "secteurs clés" (souvent relégués dans l'arrière-pays, alors que "l'ouverture" était confinée dans des "zones économiques spéciales" sur la côte). L'"ouverture" ne devait donc, bel et bien, être qu'une tactique pour accumuler du Capital, l'objectif (reconnu publiquement plus tard, dans les années 2000) étant de faire de la Chine la "première puissance mondiale" à l'horizon 2050...

    Cette politique économique d'"atelier du monde" a bien sûr engendré une classe d'intermédiaires, de "compradores rouges". Qui, poussés par l'appât du gain, ont pu se mettre à souhaiter "plus d'ouverture", une compradorisation totale, c'est à dire, finalement, ramener la Chine à l'état de semi-colonie qu'elle était avant 1949. C'est cette classe qui, s'appuyant sur les JUSTES revendications démocratiques et sociales du Peuple, a conduit en 1989 la contestation de Tienanmen. Mais la direction de Deng Xiaoping et Li Peng écrasa cette contestation dans le sang (4.000 mort-e-s), assurant le triomphe de la "voie social-impérialiste" contre la "voie compradore".

    Pour étayer cette démonstration, prenons maintenant un contre-exemple : l'Inde. L'Inde est décrite elle aussi comme une puissance montante, "émergente". C'est une puissance économique, qui a déjà constitué quelques monopoles (Tata, Mittal etc.), et une puissance démographique (1 milliard d'habitant-e-s) et militaire qui exerce une certaine domination sur ses petits voisins (Népal, Bhoutan, Sri Lanka...). Mais l'Inde reste un pays dominé par l'impérialisme, car dominé par la semi-féodalité. C'est d'abord un pays très décentralisé, où le pouvoir fédéral de New Delhi n'a finalement que peu de prérogatives face aux pouvoirs locaux (une trentaine d’États fédérés, environ 800 districts). Les grands propriétaires terriens, souvent héritiers des radjahs et maharadjahs de l'époque coloniale, sont seuls maîtres sur leurs terres ; et malgré l'existence de grandes compagnies indiennes, les matières premières et les ressources énergétiques sont souvent contrôlées par des multinationales occidentales, de même que l'industrie lourde (sidérurgie, métallurgie, mécanique etc.). Une Inde impérialiste n'est donc pas à l'ordre du jour : tout juste peut-elle être un "gendarme régional" de l'Occident en Asie du Sud et dans l'Océan indien... et un contrepoids face à la Chine. Le même constat peut s'appliquer au Brésil, au Mexique... Au contraire, en Chine, la féodalité a été éradiquée par la Révolution. De même qu'en Russie, et c'est pourquoi, passé 1945, les seuls pays à avoir pu devenir impérialistes sont des pays passés par le socialisme (Russie et Chine), sauf à considérer le cas de l'Etat espagnol (politique très volontariste de développement capitaliste sous Franco, mais pays impérialiste ? En s'appuyant sur les économies catalane et basque, peut-être...).

    En réalité, il faut le dire clairement, les théories visant à affirmer que la Chine actuelle n'est ni impérialiste, ni sur la voie (consciente et méthodique) de l'être, sont des théories d'avant-gardes autoproclamées qui n'ont que deux buts :

    -> soit considérer la Chine comme "toujours un peu socialiste", ou au moins "progressiste et anti-impérialiste", "camp de la paix" (PTB), "en NEP indéterminée" (Éditions prolétariennes) ; ceci afin de justifier une éventuelle alliance social-impérialiste de la France (une France "socialiste" de profs phraseurs et autres parasites) avec elle ;

    -> soit la ramener à un pays totalement compradore et quantité négligeable, afin de brouiller les cartes de la "géopolitique" mondiale et d'affirmer que s'affrontent en réalité deux blocs impérialistes sur la planète : USA (avec l'Angleterre, le Japon, Israël etc.) et "France-Allemagne-Russie", pour justifier ainsi un appui objectif au premier bloc (cette ligne a toutefois un peu évolué, notamment sur le dossier libyen).

    Pour SLP, tout cela n'est que fumisterie et merde en barre ; LE CAMP DU PEUPLE EST NOTRE CAMP ; et les Peuples ont selon les régions du monde un ennemi principal :

    - sur le continent africain, même si les impérialistes anglo-saxons, chinois ou encore russes sont présents, c'est clairement la Françafrique, l'impérialisme BBR : il faut dénoncer et combattre l'agression impérialiste en Côte d'Ivoire ; il faut dénoncer la manœuvre impérialiste en Libye, tout en rappelant le rôle de fidèle serviteur de la Françafrique (en plus de bourreau de son Peuple) qu'a longtemps joué Kadhafi avant de tomber en disgrâce ;

    - sur le continent américain, c'est clairement l'impérialisme U$ et il faut condamner sans appel toutes ses actions criminelles, comme le coup d’État au Honduras ;

    - dans "l'étranger proche" eurasien (ex-URSS) et la Fédération de Russie, c'est l'impérialisme russe ; [(Rectificatif) Et encore : lorsqu'un pays frontalier de la Russie passe clairement sous la coupe des puissances occidentales qui réhabilitent et s'appuient sur les forces les plus réactionnaires, parfois ouvertement nostalgiques du Reich nazi, comme cela s'est produit en Ukraine en 2014... mais aussi (à vrai dire) dans tous les "pays de l'Est", en Yougoslavie ou dans les Pays baltes entre 1989 et 1992, il devient difficile de dire que l'impérialisme russe y est l'ennemi principal. En réalité, il est pratiquement possible de dire qu'en dehors de leurs frontières (Fédération de Russie et République "populaire" de Chine), les monopoles russes et chinois et leurs forces armées (ou celles des régimes qu'ils soutiennent) sont en quelque sorte l'ennemi principal "au cas par cas", de manière limitée dans l'espace et dans le temps (comme déjà du temps de la Guerre froide d'ailleurs : invasion et occupation soviétique de l'Afghanistan par exemple), alors que sauf cas exceptionnel (par exemple le "soutien" - au demeurant contradictoire et tout relatif - aux Kurdes de Rojava contre l'"État islamique") lorsque l'Occident met son nez quelque part il y est quasi-automatiquement l'ennemi principal, fomentant systématiquement la réaction la plus noire.
    UN JOUR PEUT-ÊTRE le bloc actuellement constitué ("Coopération de Shanghai") autour de la Russie et de la Chine (entre lesquelles les contradictions ne sont pas non plus inexistantes, en Extrême-Orient russe notamment !) pourrait se convertir, comme le bloc Allemagne-Italie-Japon des années 1930, en menace principale au niveau planétaire... mais ce jour n'est pas encore arrivé et ce serait alors pour une période limitée dans le temps (une dizaine d'années pour le bloc précédemment évoqué entre 1935 et 1945... ceci n'ayant par ailleurs été le point de vue populaire partout que très tardivement : jusqu'en 1942 voire 43 voire 44 énormément de Peuples ont pu considérer que leur ennemi principal restait leur oppresseur impérialiste "historique" - français, anglais ou US - et que la menace germano-italo-japonaise leur était plutôt étrangère... lorsqu'elle ne pouvait pas carrément représenter une alliée potentielle ; les Japonais notamment ayant souvent été accueillis - sauf en Chine - comme des libérateurs par les Peuples d'Asie soumis au colonialisme européen - autant de choses qui ne font pas partie de la "mythologie mondiale post-1945", mais c'est ainsi...). Tendanciellement, les impérialistes "historiques" qui dominent la planète depuis le 19e siècle (France, Royaume-Uni, USA) et le bloc occidental constitué autour d'eux restent les "maîtres du jeu" sur la planète et le "Ventre de la Bête" à terrasser.]

    - au Machrek arabe, c'est le "gendarme régional" israélien ;

    - en Asie du Sud, c'est le "gendarme régional" indien ;

    - le social-impérialisme chinois est clairement l'ennemi principal des peuples de l’État chinois ; la Corée du Nord ("socialiste" pour certain-e-s) est son atelier ; la Birmanie fasciste est son "corridor stratégique" vers l'Océan indien (il a aussi une forte alliance avec le Pakistan dans la même logique) ; il appuie également des régimes parmi les plus infâmes de la planète : Iran (les mollahs), Soudan (El Béchir), et dernièrement Kadhafi. Dans le Parti maoïste népalais, certains éléments recherchent son appui : cela peut s'argumenter tactiquement (face à l'Inde), mais si la tactique devenait une stratégie, ce serait une catastrophe.

    Voici un article publié sur le site Regroupement Communiste. Il comporte des erreurs et des confusions (par exemple, la classe chinoise sous-traitante et les intermédiaires des monopoles occidentaux ne peuvent JUSTEMENT PAS être monopolistes !), mais il présente une analyse assez intéressante de ce qu’est la Chine aujourd’hui :


    LA CHINE IMPÉRIALISTE


    Lijiang Mao 2

    Un récent article de Robert BIBEAU, illustre les contradictions interimpérialistes qui se cachent derrière les bouleversements politiques et les conflits qui secouent le monde. La chine tient une place importante dans cette  nouvelle redistribution des cartes, quel est son rôle, quelle est sa nature ? JMN

     

    LA CHINE IMPÉRIALISTE 

     29.06.2011                

     


     

     

    LA CHINE IMPÉRIALISTE :

    • Le vent d'Est
    • Le "Printemps Arabe"
    • Chine "communiste" ?
    • La classe capitaliste monopoliste chinoise
    • La Chine impérialiste


    LE VENT D’EST

    Le vent d’Est, dominant, rugit depuis quelque temps, depuis l’amorce de la dernière grande crise économique mondiale (2008). Crise financière et monétaire dont l’Occident ne parvient pas à s’extraire alors que le géant comptant un milliard trois cents millions d’habitants est parvenu à s’en extirper rapidement.

    Tous les indicateurs économiques le confirment : la Chine, moins touchée par le cataclysme de 2008, est déjà à marche forcée vers le sommet des palmarès économiques et industriels internationaux.

    Les Américains laissent entendre que le PIB (Produit intérieur brut) chinois ne les rejoindra pas avant 2030; pendant ce temps les Chinois laissent braire, restent cois, et  cumulent aisément les records de production, de construction et de capitalisation. Il n’y a que trois records mondiaux que les Américains conservent jalousement; premièrement, ce sont les paumés les plus endettés de la planète; deuxièmement, ils cumulent les plus lourdes dépenses d’armement (50 % des dépenses militaires mondiales ce qui grève  davantage leur dette); troisièmement, ce sont les plus gros consommateurs – gaspilleurs – à crédit des deux hémisphères.  

    Mis à part les « bobos », qui d’autre pourrait sérieusement penser que l’empereur de l’embonpoint-armé dirige effectivement l’assemblée des chefs d’États du G7 aussi insolvables que lui ?  Pendant que Barak Obama parade, entouré de ses alliés endettés, l’impérialisme chinois poursuit son ascension fulgurante et tente de repartager les marchés, les sphères de matières premières et d’hydrocarbures et de redéfinir la division internationale du travail, de l’extraction de la plus-value et de la répartition de l’usufruit à l’avantage de la classe des capitalistes monopolistes d’État chinois et de ses comparses (Alliance de Shanghai).

    Ce conflit mondial titanesque, qui a connu de nouvelles escarmouches en 2008, est un combat entre le camp, en déclin mais toujours dominant, du Bloc transatlantique (États-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Pays-Bas, Belgique, Canada, etc.) et le camp des aspirants regroupé autour de l’Alliance de Shanghai (Chine, Russie, Iran, Kazakhstan, Ouzbékistan, Syrie, etc.) prétendant au trône de leader de l’impérialisme mondial.

    Le social impérialisme chinois n’est pas un avatar totalement étranger à l’impérialisme mondialisé; il représente plutôt la section du capital financier internationalisé la plus prospère, son opposition à l’impérialisme états-unien porte sur le repartage des supers profits tirés de la spoliation des pays néo-coloniaux ainsi que sur le repartage de la plus-value extorquée aux prolétariats des pays industrialisés.

    LE « PRINTEMPS ARABE »

    Le « Printemps arabe » – qui ne s’est toujours pas transformé en révolution arabe – le maillon faible de la chaîne impérialiste (1) découle de cette titanesque confrontation inter-impérialiste. Que voulez-vous, les peuples arabes chôment assis sur les plus grandes réserves mondiales d’hydrocarbures et pour cela ils sont l’objet de toutes les convoitises, mais leurs marchés domestiques ne présentent pas un grand intérêt étant donné deux faits rédhibitoires : premièrement, les faibles prébendes que l’impérialisme international abandonne sur place (royautés et redevances); deuxièmement, l’accaparement  exclusivement monarchique et comprador de ces aumônes tombées de l’escarcelle des milliardaires occidentaux. Ces aumônes étant réinvesties sur les bourses d’Occident par les sultans et les présidents de pacotille, il est inutile de mettre en place un appareillage sophistiqué pour récupérer ces capitaux, car ils réintègrent d’eux-mêmes les flux de circulation monétaire impérialistes.

    Les peuples arabes, écartés du repartage de ces miettes et abandonnés aux oubliettes, se sont récemment révoltés; mais sitôt lancés, les mouvements anarchiques des insurgés ont été récupérés par les services secrets occidentaux, sionistes et arabes, qui les ont réorientés en direction d’élections « démocratiques » bourgeoises que tous les « bobos occidentaux » (chercheurs universitaires et alter mondialistes) saluent comme de grandes avancées arabes depuis la trahison de la place Tahrir au Caire (2).

    Aujourd’hui, les révoltés du Caire, de Tunis, de Benghazi, de Bahreïn, du Yémen, de Syrie et d’ailleurs tentent de donner un second souffle à leurs révoltes avec tout ce que cela pose comme problèmes quand les rangs des insurgés sont infiltrés d’autant d’agents policiers. Bref, fort probablement que les peuples arabes pourront bientôt choisir leur dictateur à même une liste de 30 prestidigitateurs adoubés par les mêmes coteries qui dirigent toujours leurs pays. Voilà le résultat de ces révoltes trahies.

    CHINE « COMMUNISTE » ?

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    La Chine est-elle une puissance impérialiste ascendante ou un pays « socialiste » dans lequel prospèrent 805 000 nouveaux millionnaires « communistes », comprenant plusieurs milliardaires « socialistes » propriétaires de grandes entreprises de production industrielles, ainsi que des spéculateurs financiers « prolétariens » inscrits aux bourses de Shanghai et de Hong-Kong et 70 députés « révolutionnaires » de l’assemblée « populaire » chinoise qui ensemble cumulent 80 milliards de devises américaines (3) ?

    La Chine est un pays où survivent également des centaines de millions de prolétaires ne possédant en propre que leur force de travail à vendre sur le souk de l’emploi, le marché de l’esclavage salarié, fluctuant alternativement entre des phases de chômage aigu et des phases de plein emploi, comme dans tous les autres pays capitalistes (4).

    LA CLASSE CAPITALISTE MONOPOLISTE CHINOISE

    La classe capitaliste monopoliste chinoise est divisée en trois segments, chaque segment correspondant à un mode différent d’accumulation du capital. Un premier groupe est formé d’apparatchiks – bureaucrates de l’appareil monopoliste d’État –. Ils gèrent les grands conglomérats industriels nationalisés (industrie lourde, armements, aérospatiale et haute technologie), ainsi que les grandes entreprises chinoises de transport, des services et des communications. Cette section constitue le cœur de la nouvelle classe capitaliste monopoliste d’État chinoise. Leur richesse provient de leurs salaires très élevés et des immenses avantages qu’ils s’octroient à partir des revenus des entreprises et des services qu’ils administrent. Ils réinvestissent leur pécule et consolident ainsi leur position capitalistique (5).

    Une deuxième section est constituée des entrepreneurs propriétaires privés de manufactures et d’entreprises de toutes sortes qui produisent en partie pour le marché de consommation national et en partie pour remplir les contrats de sous-traitance offerts par les entreprises étrangères qui ont délocalisées leurs usines en Chine (accessoires et pièces automobiles, textiles et vêtements, produits synthétiques et plastiques, métallurgie primaire, etc.). Ils sous-traitent également pour les grandes entreprises chinoises monopolistes d’État. Ces capitalistes sont souvent basés à Hong Kong, à Macao, à Taïwan, ainsi que dans les zones spéciales d’industrialisation le long de la côte Est de la Chine. Ce segment constitue lui aussi une base importante de la classe capitaliste monopoliste chinoise; son capital financier est intimement lié au capital financier des autres puissances impérialistes et aux intérêts des grandes entreprises étrangères donneurs d’ouvrage.

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    Une troisième et dernière section de la classe capitaliste chinoise est formée des intermédiaires et des gérants « communistes » des entreprises impérialistes étrangères installées en Chine pour y exploiter la main d’œuvre locale sous payée. Se greffent à cette section des gestionnaires « socialistes » de portefeuilles de placements, des spéculateurs « prolétariens », des banquiers « révolutionnaires » et d’autres requins de la finance ainsi que des revendeurs « maoïstes » qui écoulent leurs produits essentiellement sur les marchés étrangers. Ceux-là forment la section compradore de la classe capitaliste monopoliste chinoise dont les capitaux s’amalgament inextricablement au capital financier international.

    La nature compradore de cette partie de la classe dirigeante chinoise ne fait aucun doute. La Chine sous-traite, dans des conditions épouvantables pour son propre prolétariat, la fabrication de la pacotille et des vêtements dont l’Occident a besoin et qu’elle paie en dollars dévalués transformables en bonds du trésor américain en faillite. Une grande partie de la production manufacturière occidentale ayant été délocalisée en République Populaire de Chine – et dans une moindre mesure en Inde – la Chine présente  sous certains aspects l’image d’un impérialisme de sous-traitance avec parmi ces compradores une mentalité de rentiers qui retirent leurs bénéfices de l'exploitation de leur propre peuple travailleur.

    Cette forme d’exploitation est semblable à celle que l’on rencontre dans plusieurs pays néo-coloniaux – arabes notamment – et rien ne distingue ce segment comprador chinois de la classe dirigeante d’Indonésie, d’Égypte, d’Algérie, de Libye, de l’Inde ou du Congo.

    Cette composition complexe – en trois segments – de la classe capitaliste monopoliste  chinoise et les luttes internes qu’elle engendre au sein du Parti bourgeois hégémonique explique les hésitations, les fluctuations et les retournements inattendus de la politique étrangère chinoise (elle n’a pas imposée son veto à la résolution à l’ONU préparant  l’agression contre la Libye, puis la Chine a regretté de ne pas l’avoir fait). Les contradictions entre les impérialistes mondiaux sont très féroces en ces temps de crise économique sévère et les chemins pour parvenir au sommet (repartage des zones d'influences, des marchés et des ressources) sont et seront parsemés de nombreux conflits régionaux – Iran, Soudan, Syrie, Libye, autres pays arabes, Congo, Côte d’Ivoire, Mauritanie, Sénégal, autres pays africains, Palestine-Israël, Afghanistan, etc. – (6) avant de se transformer en conflit ouvert mettant directement aux prises les deux camps dans un nouvel affrontement mondial cataclysmique.

    LA CHINE IMPÉRIALISTE

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    La section bureaucratique monopoliste d’État d’abord, la section spécialisée dans la sous-traitance et le segment comprador ensuite, s’appuient tous sur le contrôle exclusif de l’appareil monopolistique d’État (législatif, juridique, fiscaliste et répressif) pour assurer leur expansion impérialiste sur les divers marchés mondiaux afin de réaliser le profit maximum pour leurs investissements. Par ses origines bureaucratiques, la première section contrôle le Parti « communiste » hégémonique et l'État « socialiste » chinois. Ces trois segments sont devenus la nouvelle bourgeoisie dans un système de production déjà largement monopolisé, protégé de la concurrence étrangère et dont la pérennité est garantie par cet appareil d'État sous son contrôle exclusif. Les trois segments participent directement à l'exploitation du peuple chinois, à extraire la plus-value – dans les grandes usines en conglomérats et dans les grandes entreprises de transports et de communication – du travail de la classe ouvrière et à la mise aux enchères du travail salarié chinois pour le bénéfice de leurs alliés et concurrents impérialistes internationaux.

    Par ailleurs, le capitalisme chinois est exportateur de capitaux et entrepreneur de gros oeuvres dans les pays néo-coloniaux mais aussi dans certains pays riches comme le Canada (mines du Nunavut, forêt de Colombie-Britannique, hydrocarbures de l’Alberta et Plan Nord du Québec). En ce sens, l'économie chinoise, déjà fortement en expansion (2e économie mondiale en terme de valeur de la production) contient en germe la double nature contradictoire de l’impérialisme contemporain. La classe dirigeante chinoise se comporte exactement comme n'importe quelle classe exploiteuse d'une grande économie occidentale sans pour autant contrôler le moindre levier économique  international embûche que l’impérialisme américain pose devant l’expansionnisme chinois. À titre d’exemple, la Chine n’est pas cooptée au G8 ni à l’OCDE, elle n’a pas droit de veto au FMI malgré qu’elle le finance fortement (7); la Chine est traitée comme quantité négligeable à l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) malgré qu’elle soit le premier pays exportateur et le deuxième importateur mondial, de même à la Banque mondiale malgré que ses réserves de devises étrangères soient, et de loin, les plus importantes au monde (2,45 mille milliards de dollars US) et qu’à elle seule elle prête davantage aux pays en développement que la Banque mondiale (8).

    La dépendance de la Chine à l'égard du marché et du dollar américains place ce pays à la merci des restrictions que les États-Unis pratiquent à son égard (interdiction d’achat de certaines entreprises, blocage de certains marchés technologiques – aérospatiale, micro processeur, armement sophistiqué telle la technologie des drones –. À titre d’exemple de cette dépendance chinoise vis-à-vis du marché nord américain, la société WalMart, la plus grande entreprise au monde (1,9 millions de salariés) spécialisée dans la grande distribution (404 milliards de chiffre d’affaires annuel – 2009), importe 70 % de ses produits de Chine populaire. La faillite de WalMart créerait de graves problèmes aux entrepreneurs chinois (9). La Chine peut donc concurrencer les États Unis mais elle ne peut pas mettre ce pays en faillite…pour le moment.

    Le capitalisme monopoliste d'État en Chine est caractérisé par la dictature d’une bureaucratie parasitaire ancienne, restreinte en nombre et fortement capitalisé (0.03 % des riches chinois cumulent 60 % du PIB national) qui connaît une expansion extérieure limitée par ces contraintes que nous venons d’énoncer et dont il est difficile de mesurer jusqu'à quel point et jusqu'à quand les impérialistes du Bloc transatlantique parviendront à l’entraver (10).

    En résumé, la Chine présente une économie capitaliste monopolistique d’État en phase de maturité, basée d’une part sur l'exploitation de la classe ouvrière – qui constitue le moteur de la contradiction principale (entre le travail et le capital) – et d’autre part sur la conquête des marchés extérieures, mais aussi caractérisée par une intégration inachevée au système impérialiste mondial, intégration qui est cependant en voie de parachèvement.

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    Si un jour elle le fut, la Chine n’est déjà plus un pays socialiste mais constitue réellement la puissance impérialiste montante à l’échelle internationale. La Chine ne constitue pas pour autant le plus grand danger pour les peuples du monde ni l’une des trois composantes d’un univers impérialiste tri polaire (théorie fumeuse des Trois mondes). La Chine est un pays impérialiste que l’immense prolétariat chinois devra renverser (abattre) tout comme le prolétariat de chacun des pays impérialistes a pour mission de détruire la structure étatique et sociale qui les opprime et les exploite.

    Avec l’expansion rapide de l’impérialisme chinois, le prolétariat chinois est devenu le contingent le plus important – entre 240 et 300 millions d’individus – et le fer de lance du prolétariat mondial. Sur lui repose la responsabilité de tracer la voie vers l’émancipation de toute la classe et de ses alliés (11).


    (1) Le maillon faible. Les révoltes arabes.  http://www.oulala.net/Portail/spip.php?article5043

    (2) http://www.legrandsoir.info/La-revolution-avortee.html   et  http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/la-revolution-democratique-88459 

    (3) http://www.ledevoir.com/international/asie/323664/le-sans-gene-des-nouveaux-riches-chinois  La répartition de la richesse dans le monde. Rapport Global Wealth Databook (en anglais) du Crédit Suisse. 
    (4) http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/etats-unis-chine-la-grande-87177 et  http://www.centpapiers.com/comprendre-la-crise-economique-et-financiere-2/56027  

    (5) http://french.peopledaily.com.cn/Economie/7110542.html  Hausse de 42 % du chiffre d’affaires des entreprises centrales chinoises.
    (6) Multiples conflits dans le monde http://www.mondialisation.ca/

    (7) La Chine a prêté 50 milliards de dollars au FMI afin qu’il prête au pays en développement.  Courriel Internet 10.06.2011.

    (8) http://french.peopledaily.com.cn/Economie/7113960.html
    (9) http://fr.wikipedia.org/wiki/Walmart

    (10) http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/comprendre-la-crise-economique-et-86958

    (11) http://www.melchior.fr/Nombre-de-travailleurs-dans-l.6557.0.html, soit 740 millions de salariés en Chine dont 180 millions dans l’industrie et le bâtiment et 240 millions dans les services. http://www.questionchine.net/article.php3?id_article=1802   


    Salutations cordiales.


    http://www.robertbibeau.ca/palestine.html

    http://www.robertbibeau.ca/palestine/edito29062011.html

     


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