-
"Au cœur du monstre" : entrevue de la Red de Blogs Comunistas avec les Red Guards Los Angeles
http://reddeblogscomunistas.blogspot.fr/2015/10/entrevista-de-rbc-red-guards-la.html
RBC veut faire connaître aux camarades faisant partie de son réseau le collectif Red Guards Los Angeles.Ces "Gardes Rouges" sont apparus en octobre 2014 dans l'Ouest des États-Unis, comme réponse à la nécessité de doter la classe travailleuse nord-américaine d'instruments de résistance et de lutte pour lui permettre de remédier à la désorganisation et à la démobilisation engendrées par les partis révisionnistes, pour le moment majoritaires dans ce pays.
Nous estimons d'un grand intérêt ce qu'ont à nous dire ces nouveaux gardes rouges, représentés par les camarades Facundo Rompe et Abimael Lucio Sucio, depuis le cœur de la principale puissance impérialiste de la planète. Ils vont nous faire découvrir le méconnu - en dehors des frontières américaines - mouvement communiste des États-Unis.
Vous pourrez trouver de plus amples informations sur les Red Guards L.A. en consultant leur site web http://redguardsla.org/
Entrevue avec les RED GUARDS L.A.
1- Quand sont apparus les Red Guards L.A. ?Les Gardes Rouges de Los Angeles sont nés il y a un an, comme résultat de notre maturation en tant que jeunes communistes. Majoritairement, nous appartenions au Parti "communiste" révisionniste des USA (CPUSA) et à sa Ligue de jeunesse (YCL). En tant que jeunes appartenant à des nationalités opprimées, chicanos [mexicains, immigrés récents mais aussi de très longue date, voire carrément annexés avec la Californie - qui appartenait au Mexique - en 1848] ou issus de l'immigration salvadorienne, nous avons toujours naturellement considéré la lutte armée comme une solution. À cette époque nous n'avions pas une connaissance très profonde du maoïsme, mais nous avons commencé petit à petit à lire et à nous former politiquement sur des sujets comme la libération nationale, la Guerre populaire et la ligne de masse. Nous faisions cependant toujours partie du CPUSA, et nous avons commencé à nous interroger sur notre militantisme dans ce parti qui ne croit pas à la révolution socialiste. Pour cette raison, plusieurs camarades furent alors accusés d'organiser une faction interne contre le Parti et de faire l'apologie d'images violentes. Deux d'entre eux furent expulsés pour ces raisons, et tous les membres du collectif ont alors démissionné le jour même. Le CPUSA n'existe en fait que pour écraser l'esprit révolutionnaire de la jeunesse, et en tant que jeunes nés dans ce pays, notre volonté est d'y créer et organiser un mouvement révolutionnaire.
2- Comment vous définiriez vous idéologiquement ?RGLA est une organisation marxiste-léniniste-maoïste. Beaucoup d'entre nous, en particulier les jeunes aux États-Unis, reconnaissent que la "vieille garde" marxiste-léniniste ne va pas organiser cette résistance révolutionnaire nécessaire. Le maoïsme est l'idéologie qui répond, selon nous, à la question de comment faire la révolution.
3- De qui avez-vous appris, ou qui prenez-vous comme référence ?En premier lieu nous avons étudié la question nationale à travers les écrits du camarade Staline ; et de là nous avons commencé à nous demander qui appartenait réellement à ces nationalités opprimées dans ce pays : les Premières Nations ("Amérindiens"), les Latinos et les Afro-Américains. À partir de là nous avons continué à lire sur le Sentier Lumineux du Pérou, le mouvement naxalite en Inde, la révolution aux Philippines ou au Népal, et c'est ainsi que nous nous sommes formés et avons fondé une organisation politique.
4- Comment sont organisés les Red Guards L.A., et où est basé le mouvement ?L'organisation n'existe qu'à Los Angeles. Il y a une organisation similaire à Austin, au Texas, avec laquelle nous avons de très bonnes relations et que nous considérons comme nos camarades.
5- Quelle est la situation du mouvement communiste aux États-Unis ?Le mouvement communiste est petit et en grande partie révisionniste. Nous estimons qu'il n'y a à ce jour aucun Parti révolutionnaire qui lutte pour le bien-être de la classe des travailleurs, et qui ait une réelle présence dans les quartiers ouvriers.
6- Que pensez-vous du Mouvement communiste international actuel et quelles relations entretenez-vous avec lui ?Nous pensons que le nouveau mouvement communiste est dans un processus de reconstruction. De nouveaux groupes et de nouvelles organisations maoïstes surgissent partout dans le monde. RGLA a participé à une initiative en début d'année au cours de laquelle nous avons pu apprendre et offrir notre aide au Peuple de Manipur [dans le Nord-Est de l'Inde] ; nous avons pu apprendre sur la Guerre populaire qui est menée là-bas. Nous avons aussi été reconnu par José Maria Sison, fondateur du Parti communiste des Philippines, et nous avons fondé un collectif de solidarité avec Rojava qui a manifesté devant l'ambassade turque de Los Angeles aux côtés d'autres groupes comme la Black Rose Federation, les Industrial Workers of the World (IWW, syndicalistes révolutionnaires plutôt libertaires) et différents groupes kurdes.
7- Quelles sont les activités menées par les RGLA ? Quel écho rencontrent vos groupes d'études ou encore votre cinéma révolutionnaire ?RGLA a fondé une organisation appelée Servir le Peuple (Serve the People, STPLA). Cette organisation a été créée comme organisation de masse à travers laquelle nous pouvons échanger avec la communauté et tenter de nous doter d'une base populaire. Servir le Peuple distribue des denrées alimentaires à la communauté deux fois par semaine, le dimanche au parc Holembeck de Boyle Heights et le jeudi à Echo Park. Nous offrons environ 40 sacs de légumes chaque jour. L'objectif n'est pas seulement d'offrir de la nourriture, mais surtout de maintenir constantes ces conversations révolutionnaires avec la communauté. La conscience de celle-ci s'éveille peu à peu et elle commence à se rendre compte de la réalité dans laquelle elle vit, de pourquoi elle a émigré ou pourquoi elle vit dans la misère. Les gens ouvrent aussi les yeux en nous demandant ce que nous pouvons faire pour changer cette réalité. STPLA compte environ 15 membres et ne cesse de grandir. La communauté nous reconnaît déjà et nous établissons peu à peu des relations de collaboration. RGLA est en lien avec la Jeunesse Farabundo Martí de Libération Nationale et nous avons monté ensemble le projet de cinéma révolutionnaire, qui diffuse et fait découvrir des films sur des sujets révolutionnaires ensuite desquels se tient un débat.
8- Quel est le programme de Servir le Peuple ? Quelle différence y a-t-il avec les habituels programmes réformistes bourgeois ? Mettre en œuvre des programmes sociaux n'est-il pas une activité exclusive du réformisme ?
STPLA fait savoir à la communauté que nous ne sommes pas une fondation religieuse ni une organisations caritative ; que nous sommes des jeunes solidaires avec les ouvriers et que nous faisons ce que nous faisons parce que l’État se moque de savoir si les prolétaires ont à manger ou non.
9- Entretenez-vous des relations avec des collectifs d'autres races ou ethnies aux États-Unis, comme par exemple des organisations indigènes révolutionnaires, des communistes philippins, des Black Panthers ?RGLA est une organisation plurinationale dont font partie aussi bien des Chicanos que des Salvadoriens et des Blancs. Nous sommes en relation avec la Jeunesse Farabundo Martí de Libération Nationale (JFMLN) du Salvador, Anakbayan (Philippines) et le Parti de Libération des Peuples indigènes (IPLP) ; et nous avons organisé des évènements auxquels ont participé des militant-e-s des Black Panthers.
10- Soutenez-vous l'autodétermination pour le Peuple chicano et la Nation d'Aztlán ?Oui, nous soutenons la libération nationale de toute nationalité.
11- Qu'est ce que le Comité de Liaison - Nouveau Parti communiste et quels objectifs poursuit-il ? Combien de collectifs font-ils partie de ce Comité ? Comment se présente la coordination entre les différents collectifs et l'élaboration d'un programme unique ?Le Comité existe pour construire un Parti communiste révolutionnaire aux États-Unis. Il y a trois collectifs : New York, Kansas City et Los Angeles. New York se consacre surtout à organiser les étudiants des différentes universités et ils ont récemment lancé un copwatch, projet de vigilance consistant à surveiller les activités de la police et à s'assurer que la communauté ne souffre pas d'abus.
12- Pour finir, comment avez-vous eu connaissance de la RBC et pourquoi avez-vous décidé de rejoindre ce collectif ?La réponse est simple : nous voulons nous faire connaître internationalement comme organisation révolutionnaire maoïste liée au comité d'organisation d'un nouveau Parti communiste aux États-Unis, et nous désirons aussi poursuivre notre propre formation en apprenant à l'intérieur du mouvement révolutionnaire international. Nous pensons que la RBC nous permettra l'un et l'autre.
-
Commentaires