• Après l'attentat de Strasbourg (sur lequel nous ne nous prononcerons pas) : recueil de bons commentaires et posts FB au sujet des "théories du complot"


    (qui fleurissent évidemment parmi les groupes de Gilets Jaunes)

    "Ne nous moquons pas trop facilement des "théories du complot" sur les attentats. Tentons plutôt de les comprendre. Il n'y a pas de fumée sans feu, elles ne viennent pas de nulle part.

    Attention, je ne dis pas que l’État a pu organiser ces attentats, bien évidemment, mais il est passé maître dans la récupération de ces évènement tragiques pour justifier une politique plus autoritaire, répressif et nationaliste.

    Les "théories du complot" sont donc une façon, très maladroite et assez peu politisée, de souligner cette instrumentalisation, en s'imaginant l’État tellement surpuissant et cynique qu'il serait capable d'organiser pour ensuite récupérer."

    "Ce mépris (de classe notamment) envers les personnes qui évoquent les « théories du complot », c’est déplorable.

    Au lieu d’insulter ces gens, demandez vous comment des citoyens par millions peuvent en arriver à penser qu’un gouvernement cuisine en sous-marin la perte de son peuple.

    C’est bien parce que tous les jours des lois sont votées, que ces lois sont cyniques et malveillantes que la confiance du peuple envers les institutions est si fragile. 

    Il faut dépasser le jugement et comprendre le mécanisme. Quand la légalité n’est plus considérée comme légitime, on arrive à la suspicion."

    "Comme dit Boltanski le terme "théorie du complot" enferme une accusation. Dire d'une idée que c'est une "théorie du complot", c'est déjà affirmer que cette idée est fausse et farfelue.

    Il faut déjà déconstruire ça. Déjà, les complots existent. Dès qu'il y a pouvoir, il y a lutte pour le conquérir, et donc complot. Et tous, même l’État, acceptons certaines théorie qui donnent comme explication un complot.

    Prenons l'exemple du 11 septembre, événement qui a vu fleurir les théories du complot. Qu'est ce que l'explication "officielle", celle donnée par la commission nationale, et qui semble la plus plausible ? Une théorie d'un complot, un complot fomenté par Al Qaïda.

    En ce qui concerne les complotistes, il faut distinguer ce qu'on appelle les "entrepreneurs du complot", c'est-à-dire les Soral et Cie qui sont théoriciens, qui propagent et tirent profit de ces idée ; et les auditeurs.

    Tout d'abord, un auditeur n'est pas forcément un adhérent. Ce n'est pas parce que j'écoute Soral que je suis forcément d'accord avec lui. Il faut distinguer écouter/croire/adhérer. Des personnes peuvent "croire" à une théorie, sans forcément adhérer totalement. Ce sont un peu comme les rumeurs, on peut trouver qu'elles sont plausibles, sans forcément être totalement convaincus. Je peux "croire" que les États-Unis aient pu organiser les attentats du 11 septembre, sans y être totalement convaincu, sans y adhérer entièrement.

    De même, les théories du complot sont multiples. On parle de "conspirationniste", mais ça renvoie à quoi au juste ? À toutes les théories du complot ? Il y a des centaines de théories de complot sur des sujets extrêmement diverse (les vaccins, la lune, la terre plate, les illuminatis, l'Union Européenne, les nazis, Mosanto etc.), et souvent, ces théories complotistes se contredisent sur un même sujet, comme sur le 11 septembre. Donc dire de quelqu'un qu'il est un "conspi" ne veut pas dire grand chose.

    À partir de quel moment on peut considérer que quelqu'un est un conspi ? Lorsqu'un personne dit que le monde est dirigé par les illuminati ? Mais est-ce que c'est vraiment différent lorsque quelqu'un dit que le monde est dirigé par les capitalistes ? Quels sont les critères qui font qu'on considère qu'une personne est conspi et qu'une autre ne l'est pas ?

    Bien souvent ceux qu'on appelle les "conspi" sont simplement des gens qui pensent, de manière légitime, que l'ordre du monde est injuste, et tentent d'en trouver une explication. Ce sont souvent des personnes peu politisés au départ, et comme ils sont éloignés du champ militant, leur façon de se politiser c'est souvent internet. Ils regardent des vidéos de personnes sachant parler un langage simple et direct, avec l'impression d'une vraie critique du système établi. C'est-à-dire les Soral et toute la clique.

    Pour moi, la multiplication des "conspi", c'est surtout le signe de l'échec de la gauche et l'extrême-gauche à atteindre ces personnes, en s'adapter à ce nouveau format (dont internet), en s'échappant à l'entre-soi militant etc. pour réussir à leur proposer une véritable critique de l'ordre social actuel."

    "C'est qu'on entend aussi souvent que dans "certains quartiers", mal famés n'est-ce pas, il y aurait des individus sans foi ni loi, à la tête de business illégaux, qui seraient prêts à tuer n'importe qui, des gamins, des vieux, pères et mères même, pour préserver ces business et les quelques milliers d'euros mensuels qu'ils leur rapportent.

    Je veux bien le croire !

    Mais à partir du moment où on veut bien le croire, il devient impossible de penser que des gens avec des positions de pouvoir et des leviers lucratifs bien plus importants entre les mains, s'embarrasseraient de scrupules pour les préserver.

    Je ne vois rien de rationnel qui pourrait justifier ce distingo."

    "Plus ça va plus je me demande si l'anti-"conspirationnisme" n'est quand même pas consubstantiel au légalisme et à une certaine idéologie de la "neutralité" de l’État, du moins l'idée qu'il ne peut pas vraiment être ignoble et sans scrupules.

    C'est à dire un peu tout ce dans quoi s'est inscrite la "lutte" sociale dans les années Fin de l'Histoire."

    "C'est surtout un problème d'idéologie d'indépassabilité du capitalisme.

    Le complotisme consiste surtout à rêver d'un bon capitalisme, vertueux (un peu comme ce que voulait Robespierre, de fait), libéré des malfaisants qui ourdissent ignominie sur ignominie.

    Ce n'est pas un hasard si ça c'est développé énormément à partir des années 80-90...

    Et beaucoup, c'est marrant d'ailleurs, à partir de séries américaines (alors que hors US le complotisme est généralement très anti américain et hostile à l'hégémonie de leur culture)."

    "C'est aussi une idéologie de l'impuissance. La plupart des complotistes se complaisent dans leur impuissance et de fait ne militent pas dans les orgas. C'est une justification à la résignation."

    => (réponse) "C'est souvent le cas en ce moment, en lien avec la "Fin de l'Histoire" dont je parlais (dont on sort peu à peu mais lentement) et cette idée hégémonique qu'on ne peut pas faire grand chose contre le monde tel qu'il est, sinon le "moraliser" (au fond, quand on y pense... complotisme, citoyennisme, et antiracisme et autres "sociétalismes" MORAUX ressortent tous de la même matrice !).

    Parfois ça va effectivement au delà de cette idée de simplement "moraliser" (en dénonçant les complots, à la Assange-Snowden quoi), jusqu'à l'idée qu'on ne peut tout simplement RIEN faire à part rester devant son ordinateur avec la satisfaction d'avoir "compris".

    Mais je ne dirais pas que c'est TOUJOURS forcément une idéologie de l'impuissance, non.

    Il ne faut pas jeter aux orties, en bloc, comme "sorélisme", le fait de penser la fonction révolutionnaire des "mythes mobilisateurs".

    C'est à dire que les révolutions dans l'histoire se sont finalement moins faites par l'assimilation par des millions de personnes des grandes théories révolutionnaires (Contrat Social de Rousseau ou Que Faire de Lénine), par cœur à la virgule près, que sur des "mythes", des points de fixation contenant souvent une grande part de fantasme et d'irrationnel, voire sans aucun fond de vérité. La "Grande Peur" de l'été 1789, exemple type. La fixation contre Raspoutine et son influence "satanique" sur la famille tsariste, en Russie juste avant 1917.

    Le fait est qu'il y a aujourd'hui des mécanismes d'abrutissement de masse, c'est un fait... mais que les révolutions du passé, les grandes, ont été faites par des peuples infiniment plus "ignorants" que nous aujourd'hui en Hexagone ! Et pourtant, ils les ont faites.

    Ça me fait dire : peut-être parce que les révolutionnaires de l'époque les prenaient moins de haut. Ils les prenaient comme ils étaient, avec leurs mythes mobilisateurs, leurs visions fantasmatiques-irrationnelles des problèmes, et faisaient simplement en sorte que la mobilisation aille dans le bon sens historique."

    ["Les masses font l'histoire, le Parti les dirige" (Parti communiste du Pérou). C'est à dire qu'on ne fait pas la révolution sans les masses, par "putsch" d'une petite minorité agissante (blanquisme ou aujourd'hui Éric Fiorile lol). Mais on ne la fait pas non plus sans des RÉVOLUTIONNAIRES... qui "prennent" les masses en mouvement et les amènent exactement là où il "faut", c'est à dire à la révolution. Sans quoi ça part dans tous les sens ; ou alors dans le fascisme, lorsqu'un démagogue au service du Capital parvient, lui, à en prendre la direction et les amener là où le Capital veut.] 

    Lire :

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/tres-breves-considerations-conspirationnisme-et-chasse-aux-conspis-les-a114065330


  • Commentaires

    1
    Dimanche 13 Janvier 2019 à 22:15

    Thanks for this post!

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