• APRÈS 8 SÈGLES…


    800 ans ont passé depuis la Conquista ; 800 ans de ‘provincialisation’ et de périphérisation dans et par le système étatique-impérial ‘France’... Alors que le capitalisme qui a construit ce système est entré en crise terminale, le prolétariat et les masses populaires d’Occitània commencent à relever la tête. Il est temps de se doter du seul outil conséquent et efficace pour notre Libération révolutionnaire, en tant que Peuple nié et en tant que classes travailleuses exploitées !

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    Le 12 septembre 1213, il y a 800 ans, sur le champ de bataille de Muret près de Tolosa, était scellé dans le fracas des armes et les rivières de sang le sort de nòstra Occitània. Commençait alors, à coup de proconsuls royaux et d'abbés-corbeaux de la "Sainte" Inquisition, la liquidation politique de notre Nation, qui devait déboucher sur le découpage départemental de 1790, le règne des préfets napoléoniens puis ‘républicains’ et enfin, à l’ère des monopoles, sous la sinistre ‘République’ qui devait naître dans la répression-boucherie des Communes et s’achever dans la vergonha des pleins pouvoirs à Pétain, sur la tentative de nous nier jusqu’en tant que Peuple.

    Depuis le début de son règne (1180), le roi franc capétien Philippe II Auguste s’était lancé à la ‘conquête de l’Ouest’ de l’actuel Hexagone, les domaines Plantagenêt, comprenant la partie ouest de l’Occitanie, le duché d’Aquitaine-Gascogne (globalement, nos 'régions' Aquitaine, Limousin et Auvergne) : ainsi naquit l’État français, et Philippe Auguste devint le premier roi de France. En Languedoc en revanche, qui comme la Provence était une mosaïque de fiefs et de cités-États relevant soit du roi d’Aragon-Catalogne, soit du comte de Toulouse (lui-même plus ou moins vassal du premier), la Conquista prit la forme d’une sanglante Croisade, sous le prétexte, au nom de Dieu et du Saint-Père le Pape, d’écraser l’hérésie albigeoise plus connue sous le nom de Cathares, que les nobles occitans étaient accusés de protéger (c’était vrai et au demeurant, la tolérance de notre terre s’appliquait aussi aux Juifs, aux Maures venus d’Andalus et à bien d’autres encore)… Un peu comme, aujourd’hui, l’impérialisme lance ses guerres de rapines au prétexte que tel ou tel pays ‘abrite le terrorisme’ – et on en passe et des meilleures [de fait, selon les travaux récents d'une historienne, les Cathares pourraient même... ne pas avoir existé du tout].

    La direction de la Croisade fut confiée au petit baron francilien Simon de Montfort. Ses hordes du Nord déferlèrent alors sur notre Peuple comme une nuée de sauterelles, pour faire main basse sur ses richesses, s’y tailler des fiefs par l’épée et commettre des atrocités sans nom comme le massacre de Béziers en 1209 (‘tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens !’). La résistance à l’invasion fut d’abord (surtout) l’œuvre de la petite 300px-Cathars expellednoblesse (chevalerie), des comtes Trencavel et des masses populaires. Il faudra plusieurs années pour que le comte de Toulouse, Raymond VI, qui s’était même dans un premier temps rallié à la Croisade ( !), prenne la mesure de ce qui se tramait et se décide à réagir. [Lire ici au sujet de la première décennie de cette Conquête : invasion-de-l-occitanie-centrale-la-croisade-contre-l-heresie-premiere-partie]

    L’année 1213 marqua un tournant avec l’intervention du suzerain des suzerains d’Occitània, le roi Pierre II d’Aragon, auquel le comte de Toulouse fit allégeance. Jusque-là, celui-ci était sans doute trop absorbé… par ses propres ambitions de ‘re’-Conquista ibérique, participant notamment à la bataille de Navas de Tolosa, début de la fin d’Al-Andalus, qui n’apportera pratiquement rien à son royaume mais fera de la Castille la puissance incontestée de la péninsule, annonçant l’État espagnol… qui quelque siècles plus tard rayera l’Aragon et les Estats catalans d’un trait de plume. Dans cette perspective, comme Raymond de Toulouse au début, il avait voulu éviter à tout prix le conflit avec la Papauté et la monarchie parisienne. À présent, le rapport de force allait peut-être enfin changer... Hélas, comme s’il y avait un ‘bon dieu’ matérialiste historique pour punir leurs politiques erratiques et uniquement tournées vers leurs intérêts personnels, l’armée occitano-catalano-aragonaise de Pierre II et Raymond VI sera écrasée sur le champ de bataille. Les rois capétiens n’interviendront directement que quelques années plus tard, avec les successeurs de Philippe Auguste, Louis VIII et ‘Saint’ Louis IX (par ailleurs inventeur de la rouelle pour les Juifs, ancêtre de l'étoile jaune, 7 siècles avant Hitler...), pour anéantir les dernières résistances populaires, nobles et cathares. C’en était fini de l’indépendance politique de notre Nation, ‘confédération’ de fiefs et de républiques urbaines, ‘république aristocratique’ comme l’analysera bien plus tard Friedrich Engels. L’Aquitaine (du Limousin à la Gascogne) sera encore disputée aux rois d’Angleterre jusqu’au milieu du 15e siècle, la Provence semi-indépendante sera définitivement annexée par Louis XI en 1481 et Louis XIII, Louis 1768486817XIV et leurs successeurs jusqu'à la Révolution bourgeoise se chargeront de mettre fin aux dernières semi-indépendances pyrénéennes. Comme souvent dans l’histoire, dans un mode de production (la féodalité) en crise, la classe dominante d’une nation s’est emparée… d’une autre, achetant, soumettant ou liquidant ses élites et s’appropriant ses richesses et ses forces productives : ce que l’on a pris l’habitude, depuis, d’appeler IMPÉRIALISME. Le Royaume de France des Capétiens, de leur aristocratie et de leur bourgeoisie de Cour, future ‘République une et indivisible’ du Grand Capital monopoliste, était né et notre Occitanie en était désormais une province, terme employé aujourd'hui par tout le monde, mais dont tout le monde a tout autant oublié la signification : en latin pro vincia signifie "(pays) précédemment vaincu", pays conquis.

    Cette sanglante tragédie de notre Peuple s'est déroulée, donc, il y a 800 ans... Autrement dit ‘une éternité ; ‘cela remonte à Hérode nous diront certainement, comme pour l’esclavage des Africain-e-s ou le génocide des Amérindien-ne-s, les pourfendeurs habituels de la ‘dictature mémorielle’ – comme si le présent pouvait être autre chose que le fruit du passé et comme si les revendications ‘mémorielles’ tombaient du ciel, sans aucun lien avec la réalité actuelle. Et pourtant ! Que cette sanglante Conquista ne fait-elle penser, aujourd’hui, à tant de guerres et de sanglantes impositions de l’ordre impérialiste à travers le monde ; contre lesquelles se dressent jour après jour les résistances des Peuples, de nos camarades kurdes et palestiniens, des Irakiens et des Afghans, des Mayas du Mexique et des paysans de Colombie, et la forme la plus avancée de ces résistances, la Guerre populaire de nos camarades indiens, philippins, d’Anatolie (État turc) ou du Pérou… Le matérialisme ignore le hasard.

    Il y a 800 ans, lorsque le sang de l’Occitanie égorgée coulait à Muret, à Béziers ou encore à Montségur, le capitalisme voyait le jour. La Conquista de notre Peuple (ainsi que du ‘Grand Ouest’ de la Normandie au Poitou) ne fut ni plus ni moins que l’ACTE DE NAISSANCE… de la ‘France’ comme État moderne, lorsque Philippe II Auguste devint roi de France ; et cet État fut pour les siècles suivants l’instrument politico-militaire de l’aristocratie ‘franque’ liée au monarque, mais aussi d’une classe émergente, la bourgeoisie capitaliste (du Nord mais aussi occitane traître) qui trouvait là, à ce stade de son développement, un grand marché intérieur et le cadre politique adéquat à son activité fondamentale : l’accumulation de richesses.

    Il y a deux sortes de modes de production ‘barbares’ : un mode de production qui émerge, et ne s’embarrasse guère de scrupules dans l’accumulation de ses premières grandes fortunes ; et un mode de production qui agonise et qui, pour défendre les privilèges accumulés, ne recule devant aucun crime. L’État français moderne, du 13e siècle jusqu’à 1789, mariait les deux : un capitalisme émergent en accumulation sauvage, et une féodalité pourrissante dans l’hyper-concentration absolutiste de la propriété éminente. Et, n’en déplaise à nos pourfendeurs de la ‘repentance’, la situation actuelle, l’État français contemporain, œuvre des révolutionnaires bourgeois (notamment Napoléon) qui renversèrent l’absolutisme, et une grande partie de la situation mondiale où l’État français ‘joue un rôle’, sont le produit direct de cette histoire. La Conquista a donné naissance à l’État françaisdragonnades huguenots ; comme la conquête de l’Écosse, du Pays de Galles et de l’Irlande a donné naissance à l’État britannique et la conquête d’Al-Andalus, à l’État castillan puis espagnol. L’État français a donné naissance à l’impérialisme du même nom, d’abord ‘accumulateur primitif’ préindustriel (à l’époque de Louis XIV, Louis XV etc.) puis monopoliste (avec la sinistre IIIe République égorgeuse des Communes). 

    L’État français est né à partir d’un Centre, la région de Paris, siège du pouvoir politique monarchique et du pouvoir économique de l’aristocratie et de la haute bourgeoisie de Cour, qui a soumis par le fer puis la poudre les Peuples de l’actuel Hexagone qu’il a transformés en Périphéries, masses de producteurs taillables et corvéables à merci.

    [Pour citer Kaypakkaya au sujet de l'assez similaire État turc (né simplement plus tardivement et de façon plus "accélérée" et brutale)  : "Quel est l'objectif de l'oppression nationale ? Cet objectif, de manière très générale, est de maîtriser la richesse matérielle de tous les marchés du pays sans avoir de rivaux, pour gagner de nouveaux privilèges, étendre les limites des privilèges actuels et s’en servir. Dans ce but, la bourgeoisie et les propriétaires issus de la nation dominante, afin de conserver les frontières politiques du pays font d’énormes efforts pour empêcher par tous les moyens les régions dans lesquelles vivent plusieurs nationalités de se séparer du pays. Dans les mots du camarade Staline : “Qui dominera le marché ?” [la bourgeoisie du Bassin de la Seine ou occitane, lyonnaise, de Flandre-Artois, ou encore anglo-normande ? les foires de Champagne ou du Languedoc ? etc.]. C’est l’essence de la question. (...) L’oppression des travailleurs des peuples minoritaires acquiert de cette manière une double qualité : premièrement il y a l’oppression de classe utilisée contre les travailleurs afin d’exploiter et d’éradiquer la lutte de classe ; deuxièmement, il y a l’oppression nationale mise en œuvre pour les objectifs mentionnés plus haut contre toutes les classes des nations et des nationalités minoritaires. Les communistes font la distinction entre ces deux formes d’oppression parce que, par exemple, tandis que les bourgeois kurdes et les petits propriétaires s’opposent à la seconde forme d’oppression, ils supportent la première. En ce qui nous concerne, nous sommes opposés aux deux formes d’oppression. Afin d’éradiquer l’oppression nationale, nous supportons la lutte de la bourgeoisie kurde et des petits propriétaires, mais, d’un autre côté, nous devons nous battre contre eux pour mettre un terme à l’oppression de classe."]

    Puis il est allé chercher des périphéries outre-mer, devenant Empire. L’État espagnol (d’abord royaumes de Castille et d’Aragon), de même, est né par la conquête de l’État musulman de Cordoue, puis par la soumission à la Castille de l’Aragon, du León, des Pays catalans et du Pays Basque, des Asturies et de la Galice etc. (se 'réalisant', d'autre part, dans la conquête et la colonisation des Amériques). L’État britannique est né de la conquête anglaise des peuples celtiques : dans ces deux cas, l’ordre imposé aux conquis fut encore plus ouvertement colonial. Et on l’oublie souvent, mais c’est la conquête (13e-15e siècles) et la colonisation, par les Chevaliers teutoniques, des territoires ‘païens’ situés dans l’actuelle Pologne et les Pays baltes qui donnera naissance au royaume de Prusse, lequel fondera entre 1815 et 1871 l’Allemagne actuelle (qui a perdu ces territoires après la défaite du nazisme) : l’Allemagne unifiée est en réalité née du mariage entre cette économie agraire coloniale d’outre-Oder et l’économie industrielle de Rhénanie et Westphalie (acquises par la Prusse en 1815) ; et cet expansionnisme (Drang nach Osten) au détriment des ‘barbares asiatiques slaves’ fondera l’idéologie nazie du Lebensraum (‘espace vital’ supposé s’étendre jusqu’à l’Oural et à la Volga…), l'effroyable Generalplan Ost, etc. Plus près de nous dans le temps, dans le cadre d’une véritable construction d’État par la bourgeoisie seule (et une maison monarchique ‘libérale’), l’État italien est par la conquête et la périphérisation du Mezzogiorno (ancien royaume de Naples + Sardaigne piémontaise depuis 1718), ce qui sera étudié par Gramsci et deviendra un fondamental du marxisme-léninisme transalpin : il ne s’est (absolument) rien passé d’autre en ‘France’, avec le ‘Midi’, mais plus tôt et beaucoup plus étalé dans le temps, sur plusieurs siècles.

    résistance var 1851Dans son texte de référence sur notre ‘France du Sud’, Friedrich Engels, qui fait correctement s’achever la conquête totale à la fin du 15e siècle (après la Guerre de Cent Ans, on pourrait même dire début du 17e pour une bonne partie de la Gascogne), fait ensuite résister nòstra Occitània… pendant 3 siècles, soit jusqu’en 1789. Et, à dire vrai, Engels, qui était un brillant théoricien socialiste mais aussi… un rentier capitaliste et un défenseur assez borgne du ‘rôle historique progressiste’ du capitalisme, fait quelque peu s’arrêter l’histoire quand cela l’arrange ; car le vote démocrate-socialiste de 1848-49, la résistance armée massive (et au contraire très faible au Nord de la Loire) au coup d’État bonapartiste de 1851[1], les Communes de 1871 (Marseille, Narbonne, Toulouse, Limoges etc. ainsi que Lyon et Saint-Étienne, "semi-arpitanes semi-occitanes" par leur population ouvrière) ou encore la Grande Révolte de 1907 c’était encore de la résistance occitane, même s’il n’y avait pas de revendication séparatiste, tout au plus anti-centraliste (mais il n’y en avait pas, non plus, pendant les Guerres de Religion !). Et d'ailleurs, lors de cette Grande Révolte des vignerons et des journaliers viticoles acculés à la famine, près de 7 siècles après la Conquista et il y a à peine trois générations, l'ultra-réactionnaire journal bourgeois le Figaro n'osait-il pas écrire : "Ne vous y trompez pas, c'est un pays à reconquérir comme au temps de Simon de Montfort" ? Et l'Aurore, quotidien phare du républicanisme radical-socialiste alors au pouvoir avec Clemenceau (le Manuel Valls de l'époque...), de renchérir sur des références un peu moins ‘moyenâgeuses’ : "Autrefois, ça n'aurait pas traîné : on aurait déjà appris à ces messieurs des départements fédérés qu'il y a une République une et indivisible, et que cette République ne tolère pas qu'on joue avec elle au séparatisme" (référence aux guerres de la Convention contre le ‘Midi’ girondin ‘fédéraliste’ en 1793)… Exactement comme aujourd'hui même, y compris à 'gauche' (comme une certaine élue marseillaise), d’aucuns allient dénonciation de la 'repentance' ou des 'enchères mémorielles' et appels à une 'bataille d'Alger' dans les quartiers populaires 'difficiles' (peuplés de colonies intérieures) : la continuité historique est ici TOTALE. [Pour un "florilège" de déclarations CONFINANT AU RACISME contre les "méridionaux" et leur "patois" depuis la "Renaissance" jusqu'au 20e siècle, reflets dans la pensée de notre domination politique et économique par l’État central parisien, voir ici : http://www.p-n-o.org/imperialisme_et_racisme_anti_occitan.htm.]

    APRÈS 8 SÈGLES…

    C'est aussi cette période allant du milieu du 19e siècle (avec son héroïque résistance démocratique au coup d’État bonapartiste) à la Seconde Guerre mondiale qui verra en Occitanie comme dans d'autres "provinces" (en Bretagne notamment) un premier mouvement culturel de réaffirmation en tant que Peuple face au centralisme "français" triomphant, avec le connu-de-tout(e)s Frédéric Mistral et son Félibrige (surtout basé en Provence) mais aussi d'autres cénacles (comme la Société d'études occitanes) en Languedoc et ailleurs. Un mouvement hélas essentiellement constitué de notables (alors même que le provençal, le languedocien, l'auvergnat ou encore le gascon étaient encore la langue courante de 90% des ouvriers et des paysans) et souvent conservateur pour ne pas dire réactionnaire (bien que de nombreux "rouges" socialistes et même - après 1920 - communistes en fussent également membres) ; dont beaucoup d'éléments seront sensibles au "compromis" avec le chauvinardisme francouille formulé à la toute fin du 19e siècle par Charles Maurras (lui-même provençal et ancien félibre) et certains même, comme Louis/Loís Alibert (au même titre que de nombreux autres en Bretagne), plongeront sous l'Occupation dans les abîmes de "l'ennemi de mon ennemi est mon ami" : la collaboration ouverte avec les nazis (théories racialistes sur un Peuple occitan "ibère" et espoir, sans doute, de trouver sa place dans l'"Europe des races" qu'étaient supposés vouloir Hitler et ses comparses). Bien entendu, la lutte d'affirmation du Peuple occitan en ressortira après-guerre marquée du même lourd et durable sceau d'infâmie ("argument"-gimmick des jacobinards de tout poil) que son équivalente armoricaine, alors même que l'acculturation produit (et au service) du capitalisme monopoliste bleu-blanc-rouge s'apprêtait à triompher.

    lutte occitaneC’est donc seulement dans les décennies suivant la Seconde Guerre mondiale, dans les forêts de grues et de barres d’immeubles de la ‘reconstruction’ et des ‘Trente Glorieuse’ que nòstra Nacion put sembler anéantie à jamais. Mais à cette même époque, les grandes luttes anti-impérialistes qui secouaient le monde du Vietnam à l’Angola poussèrent une partie de notre Peuple à relever la tête et à se réaffirmer, après trois générations non seulement de suppression politique (celle-ci étant totalement achevée depuis 1789) mais de véritable tentative d’ethnocide, de suppression nationale-culturelle en tant que Peuple. C'était l'époque où l'on pouvait ainsi trouver les marxistes de Lutte occitane (bonne petite présentation au cinquième paragraphe du lien), qui formeront en 1974 un collectif dont le nom-slogan - Volem viure al Païs ! - deviendra célèbre, ou encore les libertaires de la Fédération anarchiste-communiste d'Occitanie (FACO) tandis que les nazillons de Pòble d'Òc, issus de la mouvance d'ultra-droite universitaire montpelliéraine (dont un certain Richard Roudier* qui deviendra le leader local des Identitaires puis de la "Ligue du Midi") et célèbres pour avoir participé à l'agression de Mitterrand au Larzac en 1974 aux côtés de maoïstes et ‘gauchistes’ divers (tandis que Lutte occitane tentait pour sa part de protéger le ‘candidat de la décentralisation’...), étaient eux-mêmes obligés par le fond d'ambiance à se faire passer pour des ‘gauchistes’ ‘libertaires autogestionnaires et anti-impérialistes’... au point que certains finiront par le devenir vraiment !

    Cependant, ce mouvement est resté prisonnier de profondes entraves théoriques : il n'a pas su correctement s'emparer du marxisme révolutionnaire, qui pourtant dirigeait souvent les luttes anti-impérialistes dont il s’inspirait, pour comprendre la Question occitane à sa lumière. S’il connaît par cœur les évènements que nous venons d’exposer et revendique fièrement cette ‘tragédie du Peuple occitan’, il n’a jamais compris leur enchaînement et leur logique matérialiste dialectique... et jamais compris le ferment révolutionnaire formidable que contenaient ses propres revendications, car si la conquête de l’Occitanie a été l'acte de naissance de l’État français capitaliste et impérialiste, la libération de notre Peuple ne peut que signifier sa mort ! Ceci a conduit ce mouvement à la faillite, d’autant plus qu’il ne pouvait pas, comme en Catalogne, compter sur l’appui d’une véritable et puissante bourgeoisie ultra-autonomiste voire indépendantiste : pour des raisons historiques, la grande bourgeoisie occitane est idéologiquement la greve du mineur dans carmaux cartes postales-r0c5702b001(ultra-majoritairement) ‘française’, bien au chaud dans le cadre douillet de l’État français ; elle a pu résister violemment sous l’Ancien Régime mais depuis la Révolution bourgeoise, elle a globalement trouvé son compte (même si c’est en position subordonnée) et ce n’est pas elle qui souffre vraiment de notre négation. La petite et la moyenne bourgeoisie la suivent en grande majorité sur cette position, même si elles peuvent parfois râler (avec un Pierre Poujade par exemple) contre le centralisme et la ‘bureaucratie’ de Paris. S’il y a, en Catalogne ou au Pays Basque, une bourgeoisie dynamique qui se sent (historiquement) ‘parasitée’ par la Castille, dominante politico-militairement mais moins avancée économiquement, en Occitanie la bourgeoisie et autres ‘élites’ nationales ont eu 8 siècles pour se vendre ou disparaître ! Le système dans lequel s'inscrit la bourgeoisie occitane l'implique en position subordonnée : l’État français n'est pas polycentrique comme peuvent l'être l’État espagnol, l'Allemagne ou encore le Canada. Le ‘cœur’ et la ‘clé’ de la question occitane se trouve clairement, totalement et uniquement dans les masses prolétaires et populaires ; il n’y a aucun ‘modèle’ à chercher, pour notre émancipation, au Sud des Pyrénées.

    Le questionnement et la compréhension de ce qui précède a finalement amené, ces dernières années, des militants ‘occitanistes’ de longue date à se saisir de la théorie marxiste et à comprendre, à travers elle, les problèmes contre lesquels ils militaient ; tandis que, de l’autre côté, des communistes révolutionnaires qui ne s’étaient jamais réellement penchés sur la question occitane sont venus à comprendre combien elle était au fondement même de l’existence et, donc, de la continuité de cet État français du Capital qu’ils combattent. Ceci a donné lieu à une très importante (même si, peut-être, encore imparfaite) réflexion et production théorique que l’on peut trouver, notamment, sur les sites Sheisau Sorelh et Servir le Peuple.

    De ce travail théorique ressortent deux conclusions fondamentales :

    carte11°/ Le monde capitaliste que nous connaissons s'est construit à partir de Centres, qui ont concentré au fil des siècles le pouvoir économique, politique et idéologique/culturel, subjuguant des Périphéries où se sont concentrées la misère et l'exploitation ; périphéries en cercles concentriques autour des Centres et de leurs 'antennes-relais', depuis les banlieues-ghettos des grandes métropoles impérialistes jusqu'au plus affamé 'Tiers-Monde'. Ainsi le capitalisme, à partir du moment où il s'est doté d'un bras armé étatique (monarchie absolue puis État bourgeois), a-t-il nié les organisations sociales antérieures. Il est donc logique que la lutte révolutionnaire du prolétariat, négation du capitalisme par le communisme, se déploie des Périphéries en direction des Centres : les Périphéries sont les 'campagnes' de chaque pays et du monde, dans ce qui est la véritable universalité de la Guerre populaire théorisée par Mao et d'autres. Au sein de chaque État capitaliste, les révolutionnaires doivent identifier où sont les 'campagnes' et où sont les 'villes', où sont les Périphéries et les Centres, pour déployer la lutte des premières vers les seconds.

    bc7e7de8Ceci, sans mettre en cause les meilleures et les plus généreuses volontés (laissons de côté les groupes ouvertement ultra-jacobins : POI, CNT-AIT etc.), reste souvent mal compris par beaucoup de personnes et d’organisations révolutionnaires que l’on peut qualifier de ‘centrales’ ; soit de par leur position géographique (‘vraie France’ du Bassin parisien ou ‘centres-relais’ tels Lyon, Nantes etc.) dont elles ne comprennent pas et donc ne remettent pas en question les ‘privilèges’ qui y sont attachés ; soit parce qu’elles perçoivent (consciemment ou non, et à tort ou à raison) leur position/existence sociale comme liée à l’État bleu-blanc-rouge et à l’Empire (fonctionnaires, salariés publics ‘à statut’ ou d’entreprises à commande d’État, aristocrates-ouvriers) ; soit par pure aliénation (sous l’influence des deux premiers cas). Cet État français, elles veulent le transformer en république socialiste, ‘reconnaissant’ éventuellement les ‘cultures régionales’… mais pas le DÉTRUIRE, comme il se doit, pour le remplacer par quelque chose de complètement nouveau, politiquement et socialement, quelque chose qui ne peut d’ailleurs être que l’œuvre des masses en révolution, et non de quelques ‘ingénieurs politiques’ dans un bureau.

    APRÈS 8 SÈGLES…

    2°/ Toute la misère de l''occitanisme' depuis l'après-Seconde Guerre mondiale se résume à s'être placé, pour 90% de ses déjà maigres troupes, dans une perspective RÉFORMISTE (en l’occurrence autonomiste ou 'régionaliste', 'décentraliste', mais eût-elle été indépendantiste comme en Catalogne que pour nous communistes, sans renversement du capitalisme, cela reste du réformisme), ou alors dans une perspective 'autogestionnaire' utopiste, rejetant le marxisme, théorie révolutionnaire gardarem-lo-larzacde notre époque, ce qui revient au même car 'sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire conséquent' (Lénine). Ils n'ont pas envisagé la Question occitane dans le seul cadre qui permette sa résolution : la Révolution prolétarienne mondiale dont la nouvelle vague se lève à présent dans le monde entier ; et l'Occitanie, dans l’État capitaliste français, comme de toute évidence la première 'campagne' dans la lutte révolutionnaire contre celui-ci : la Périphérie (concentration de misère et d'exploitation) la plus grande et la plus peuplée, et de surcroît la plus ancienne ; en fait, la première et fondatrice : c'est précisément de la conquête de nòstra terra et de l'asservissement de nòstre Pòble, il y a 8 siècles, dans le fracas et le sang de Muret, qu'est né le Royaume de France, premier avatar de ce qui allait devenir l'un des principaux États impérialistes de la planète. Faute de placer leur lutte dans cette perspective (la seule correcte), faute de lui donner cette dimension, les 'occitanistes' étaient condamnés à l'échec.

    gaz schiste articleC'est que, n’étant pas ou très ‘vite fait’ marxistes, ils n’ont pas compris le matérialisme dialectique et le matérialisme historique ; ils n’ont pas compris l’Histoire comme un processus de négation de la négation. Engels illustrait cela par l’exemple d’un grain qui en disparaissant donne une plante qui en disparaissant à son tour, donne des dizaines de grains. De la même manière, tout mode de production et tout ‘système’ de société a d’abord nié (aboli, renversé, supprimé) un système inférieur, puis sera nié à son tour par un système supérieur. Le capitalisme, avec son bras armé l’État moderne, a nié le système féodal avec ses ducs, ses comtes, ses barons, ses abbés etc. ; accomplissant par là une douloureuse mais NÉCESSAIRE étape historique pour l'humanité : il a permis un développement sans précédent des forces productives, des sciences et des techniques, arrachant finalement l'humanité à l'impuissance face aux forces naturelles (aléas climatiques, famines, épidémies) ; jamais dans l'histoire le génie humain n'avait été autant stimulé que par la perspective capitaliste d'en tirer un profit financier. D’autre part, et surtout, il a permis l’affirmation de l’humanisme : la reconnaissance et la valorisation de la personne humaine comme maîtresse de son destin, ayant des droits ‘naturels’ et ‘inviolables’ etc. etc., ce qui est logique, car le capitalisme fait de l’être humain le seul propriétaire de sa force de travail, qu’il est certes souvent réduit à vendre, et non plus la propriété d’un maître d’esclave, chose que l’on retrouvait encore au Moyen-Âge dans certaines formes de servage. Tel a été le rôle historique du capitalisme et de l’État moderne ; telle a été la signification de la ‘France’ dans l’Histoire.

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    Mais ce faisant, le capitalisme a aussi démantelé avec une violence inimaginable la communauté populaire précapitaliste (ce que Rosa Luxemburg appelait l'économie naturelle), relativement démocratique et solidaire sous l'autorité féodale qui se contentait de lui prélever régulièrement ses taxes et ‘redevances’ et d’intervenir lorsque l’on faisait appel à elle, mais pour le reste 'faisait sa vie' dans ses châteaux et abbayes ; une communauté populaire traditionnelle dont nous avons eu des exemples jusque très tard – jusqu'en 1789 en fait – avec nos 'républiques' de montagne occitanes (pyrénéennes ou alpines) [de fait l'anéantissement de la langue (thème central pour les "occitanistes" et tous les "régionalistes"/autonomistes/indépendantistes d'Hexagone et d'ailleurs) a été une CONSÉQUENCE de cela, un MOYEN de briser cette cohésion sociale populaire : les jacobins aiment à arguer que le français "nous unit", que "sinon comment ferait-on pour communiquer d'une région à l'autre" etc. etc. mais c'est éminemment FAUX puisque le triomphe du français au 20e siècle a en réalité été celui de l'isolement individuel et de la "juxtaposition des solitudes" dans les grands centres urbains ou les "bassin d'emploi" périurbains plus ou moins sinistrés -  la Cité des Spectres !]. Démantelé en Europe d’abord, comme dans notre Occitanie, puis sur les autres continents où l'irruption de la colonisation européenne entraîna cette fois de véritables génocides, qu’il fallut compenser par l’esclavage des Africain-e-s etc. etc. : en fait, pour les nécessités de son développement, de l’accumulation et de la valorisation du capital, le capitalisme a constamment piétiné d’un côté les valeurs humanistes qu’il générait de l’autre !

    1_8f6fo.jpgCes masses arrachées à leur vie sociale traditionnelle et immémoriale, il en a fait des prolétaires modernes ; et les terres que ses Centres (ses ‘points de départ’) ont peu à peu soumis à la loi de la plus-value, il en a fait des concentrations de misère et d’exploitation, des Périphéries. Mais aujourd’hui, après la révolution industrielle (aux conditions déjà terribles) et l’entrée dans son stade suprême monopoliste et dans sa crise générale quasi-permanente (de 1870 à 1945 puis de 1970 à nos jours), le capitalisme a cessé de jouer tout rôle historique progressiste pour l'humanité : l’heure est venue pour lui d’être renversé, d’être nié, justement par ces Peuples qu’il a transformés en prolétaires, en Périphéries ! L’État moderne français, instrument politique du capitalisme, a anéanti l’Occitanie médiévale ; à présent, c’est son tour d’être anéanti par l’Occitanie comme projet révolutionnaire, l’Occitanie populaire et socialiste, dont la libération sera une petite pierre apportée à l’édifice de la Commune universelle, car le prolétariat et les masses populaires opprimées et exploitées veulent désormais le COMMUNISME.

    José Carlos MariáteguiEt la Commune populaire, cellule de base de la future société communiste, objectif premier de notre lutte révolutionnaire de classe, ne sera finalement rien d'autre que la négation communiste du capitalisme, la négation du capitalisme et de son État moderne qui a lui même nié la communauté populaire précapitaliste ; donc, dans un sens, rien d'autre que la commune urbaine ou la 'république villageoise' occitane médiévale (liquidée par l’État français) à un niveau supérieur, comme pouvaient l'affirmer José Carlos Mariátegui au sujet de la communauté paysanne précoloniale des Andes (ayllu)[2] ou John MacLean pour la communauté 'clanique' écossaise[3], ou même encore… Marx, sur la fin de sa vie, au sujet du mir russe[4]. Mais c'est bien là quelque chose que n'ont jamais compris les 'occitanistes', et sur lequel ils n'ont jamais le moins du monde basé leur combat !

    nouveaux partisansNous en sommes donc arrivés à la conclusion que, dans l’État français, la Question occitane (posée de manière réformiste depuis un demi-siècle par les 'occitanistes') n'a pas d'autre place que dans le cadre général de la révolution prolétarienne ; de la Guerre populaire prolongée qui se déploie depuis les Périphéries de la construction politico-militaire et socio-économique bourgeoise vers les Centres ; nòstra Occitània étant non seulement l'une des Périphéries les plus opprimées en termes de pauvreté, chômage, mépris pour notre peuple et notre écosystème etc., mais aussi et surtout la périphérie FONDATRICE sur laquelle est née l’État français comme projet capitaliste d'exploitation et d'oppression MONDIALE.

    Par conséquent, la Question occitane n'a pas d'autre résolution possible que dans la fondation de l'instrument indispensable aux masses populaires pour mener la lutte révolutionnaire acharnée qui la résoudra : le Parti communiste d'Occitanie

    Ce huitième centenaire de la sanglante bataille du Muret, qui scella la conquête de notre Peuple et, en donnant naissance à l’État français, le sort de tant d'autres sur la planète, est donc l'occasion d'annoncer la formation d'un Comité de Construction pour le Parti communiste révolutionnaire des Terres d'Òc ; instrument de la lutte révolutionnaire de classe dans notre périphérie/'campagne' occitane, en lien avec toutes les autres forces révolutionnaires authentiques de l’État français pour abattre celui-ci, et le capitalisme dont il est le bras armé.

    ÒSCA LO COMITAT DE CONSTRUCCION PEL PARTIT COMUNISTA REVOLUCIONARI DE LAS TÈRRAS D’ÒC !

    PÒPLE D’ÒC ENDAVANT CAP A LA REVOLUCION PROLETARIANA !

    SOCIALISME E LIBERTAT !


            maocbig provence flag 

     

    ENGLISH VERSION HERE :

    Occitany - 8 Centuries Later - A Revolutionary perspective for National and Social Liberation

    THANKS TO COMRADES FOR PUBLISH AND MAKE IT INTERNATIONALLY KNOWN !



    [1] L’Empire, dans l’esprit des masses, c’était les Préfets tout-puissants, nommant les maires etc. : il est donc évident que résister au coup d’État et au retour du bonapartisme c’était refuser cela, c’était vouloir la souveraineté locale du peuple, de la Commune comme collectivité sociale immédiate. Il s'agissait donc d'une résistance des peuples ‘provincialisés’ contre une version ultra-autoritaire de centralisme ‘français’ ; et il est logique que cette résistance ait été très importante en Occitània.

    * Par rapport au commentaire qui nous a été laissé par un ex-membre de l'organisation, citons cet extrait du dossier de la Horde, qui corrobore plus ou moins sa clarification : "Contrairement à la plupart des Identitaires, dont le régionalisme de pacotille se limite à agiter quelques éléments de folklore, l’attachement de Roudier à l’Occitanie et à sa langue, qu’il commence à apprendre adolescent, est à la fois ancien et authentique. C’est également au sein de la lutte régionaliste occitane qu’il fait la connaissance de sa femme Maryvonne, avec qui il fonde en 1971, en compagnie d’un ancien d’Occident, Jean-Louis Lin, le petit mouvement Pòble d’Òc, qui se présente comme « autogestionnaire » et héritier de la Commune de Paris, mais dont la dizaine de militants sont pour l’essentiel issus d’Europe-Action, d’Occident ou d’Ordre nouveau.… Une stratégie confusionniste telle qu’elle fut définie par le Rassemblement socialiste européen, qui invitait les nationalistes à noyauter les milieux gauchistes, et ici appliquée par Roudier, mais sans succès, Pòble d’Òc ayant toujours suscité la méfiance des milieux occitans, qui ne se laissent pas abuser et le qualifient volontiers de fasciste. Quand, au milieu des années 1970, Jean-Louis Lin donne à Pòble d’Òc une orientation internationaliste, en particulier en soutenant le peuple palestinien, et que le mouvement se repositionne comme fédéraliste et libertaire, c’en est trop pour Roudier, qui s’en éloigne en 1976."

    [4]http://bataillesocialiste.wordpress.com/documents-historiques/1881-03-projet-de-reponse-a-vera-zassoulitch-marx/  [Lénine en revanche rejettera ce point de vue, affirmant que le mir n’existait déjà plus depuis longtemps, depuis le 17e  siècle en fait, avec l’émergence en Russie de l’absolutisme et du servage moderne… Mais la question, n’en déplaise à Vladimir Illitch, n’est pas que la communauté populaire précapitaliste existe encore (si en Russie "le paysan était asservi au propriétaire du sol, il ne travaillait pas pour lui-même mais pour le boyard, le monastère, le propriétaire foncier", il en allait exactement de même, depuis des siècles, en Amérique coloniale espagnole et en Écosse sous domination britannique) ; elle est que son souvenir vive encore, même de manière diffuse et non-conceptualisée, dans le cœur des masses et guide leurs aspirations et leurs luttes pour une société meilleure !]

    À lire aussi : La lutte pour le droit à l’autodétermination nationale dans les pays impérialistes, par G. Maj du (n)PCI


  • Commentaires

    2
    Mardi 13 Septembre 2016 à 15:48

    Poble d'Oc est bien issu de Jeune Languedoc non ?

    Ensuite il y a une évolution vers la gauche, factice pour certains mais que je dis bien être sans doute sincère pour d'autres (vous ? Lin ? difficile à dire, je ne suis pas non plus dans la tête des gens).

    Ça n'était pas inintéressant mais comme vous dites, assez "confus" idéologiquement, notre démarche consistant quant à elle à mettre dans la lutte occitane un peu de cette clarté marxiste tant honnie au nom des "100 millions de morts" de la propagande bourgeoise (rappelons que dans les écrits d'Hitler, à peine 6 ou 7 ans après la Révolution d'Octobre on était déjà à 20 ou 30 millions... le décompte va vite en la matière).

    Pour les gens comme votre ancien collègue Roudier, nous pourrions appliquer le même raisonnement (bien que ceux-ci le vomissent) qu'aux "ethnistes" du PNO ou à des identitaires bretons comme Tillenon ou Adsav : "Et notre lutte n'a pas plus quoi que ce soit à voir avec un quelconque remplacement des classes sociales par les nationalités/"identités"/"ethnies" façon Yann Fouéré (L'Europe aux cent drapeaux) ou François Fontan ("ethnisme"), ces représentants de la petite bourgeoisie de leurs nationalités respectives (occitane et bretonne) qui ont constaté un certain nombre de choses (celles que nous constatons nous aussi et que nous venons d'exposer !) mais les ont analysées au prisme de leurs conceptions de classe, débouchant sur cette idée d'un affrontement entre "nationalités" ou "ethnies prolétaires" et "nationalités" ou "ethnies dominantes" en remplacement d'une lutte des classes qui n'était pas de leur intérêt."

    Pour ce qui est de l'UE, il ne s'agit pas d'une remise en cause libérale de l’État (offensive "libérale" antisociale qui n'a pas du tout besoin de l'UE, existe dans des tas de pays comme les USA qui n'ont rien à voir avec elle et ont toute leur "souveraineté", mais qui est simplement le produit du recul du mouvement ouvrier). Il s'agit de l'expression d'un bloc d'intérêts économiques au sein du capitalisme français (dont fait partie rappelons-le la bourgeoisie occitane), joint à des blocs d'intérêts similaires dans les autres pays, et opposé à un autre bloc dont l'expression politique est le souverainisme : http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/quand-un-referendum-chez-la-perfide-albion-provoque-des-fretillements--a119366836

    1
    richaudeau
    Samedi 21 Mars 2015 à 04:56

    Il me paraît grossier de parler de nazillons de Poble d'OC. Poble d'oc a été  peut être confus au départ mais s'est assez rapidement  clarifié à travers schéma pour une révolution occitane.

    J'ai participé à la rédaction de Poble d'oc de 1973 à la fin (1983) et a de nombreuses luttes depuis tant syndicales que politiques.

    Roudier a rompu avec Poble d'oc en 1976  et l'action de Poble d'OC s'est poursuivi pendant 7 ans .

    Je tiens à votre disposition le dossier bilan de Poble d'Oc.

    L'échec des divers mouvements occitans et donc d'une traduction politique de la revendication  occitane mérite une analyse sérieuse la se. Nous avions tous négligé la montée en puissance de l'UE et le fait  qu 'il puisse avoir une remise en cause libérale de l'état.

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