• Il y a une question qui mérite qu'on s'y penche, c'est "vive la Palestine sans l'antisionisme".

    Lorsque des dizaines, centaines voire milliers de Palestiniens sont massacrés, il est à la portée de beaucoup de monde de trouver que c'est horrible, et de dénoncer l'odieux comportement d'Israël.

    Mais il n'en reste pas moins que la mobilisation antisioniste arabe/musulmane/non-blanche est toujours vue comme aussi "problématique"...

    En fait, beaucoup aimeraient pouvoir s'indigner du sort des Palestiniens "tranquilles", sans avoir affaire à ça. Dénoncer les crimes contre l'humanité, le colonialisme, l'impérialisme, tout ce qu'on voudra, mais que tout reste bien sous contrôle... gauchiste blanc.

    "Vive la Palestine sans l'antisionisme"

    Souvenir de 2014 : Ils ont semé la hoggra, ils ont récolté l'Intifada !

    Relire notre dossier de l'époque : http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/sionisme-gaza-ete-2014-a137388228

    Et sur le "rojavo-pro-palestinisme" : http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/le-neo-menchevisme-ocalaniste-et-rojaviste-et-la-question-de-la-palest-a144731940


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  • Nous pensons que le fait de parler, pour une nation opprimée, de nationalisme "inclusif" est encore une façon de passer sous les Fourches Caudines du "progressisme au service de l'Ordre" de la "Fin de l'Histoire", par lequel l'impérialisme cherche à "nazifier" tout ce qui représente un défi pour lui (mais ce n'est, il faut le dire, pas étonnant de la part du Sinn Féin vu le tour réformiste pris par ce parti depuis les Accords de Paix des années 1990, eux-mêmes archétypes de "Fin de l'Histoire").

    Le nationalisme d'une nation opprimée n'a pas à être "inclusif", terme flou, anti-politique et profondément MORAL.

    Le nationalisme d'une nation opprimée, qui est un patriotisme révolutionnaire et la conscience de classe de son peuple ouvrier et paysan, offre en tant que tel "l'asile aux étrangers bannis de leur patrie pour la cause de la liberté" et à ceux qui sont obligés de la fuir parce qu'ils crèvent de faim, de "marronner" de ces plantations esclavagistes géantes des temps modernes comme l'explique brillamment Sadri Khiari ici : texte-excellent-rejoint-ce-que-nous-avons-toujours-dit.

    "Il le refuse aux tyrans" et à ceux qui viennent dominer, exploiter, déposséder la population.

    C'est tout... Cela n'a rien à voir avec une quelconque "inclusivité" pour montrer qu'on est "gentil" dans un monde où il ne faut plus être "méchant".

    https://www.irishnews.com/news/northernirelandnews/2018/06/06/news/dup-compared-to-european-far-right-parties-1348878/

    "Sinn Féin is a progressive, Irish republican and proud nationalist party which is committed to the establishment of a united, 32 county, Irish sovereign republic," Ms Anderson said.

    "The far-right have mutated civic nationalism into the narrow nationalism of the DUP, Golden Dawn, the AFD, Front National, Fidesz, and the English Defence League.

    "Nationalism mutates when it is mixed with regressive, socially divisive and economically discriminatory politics that are not in the interests of the nation. Sinn Féin have made it clear that the far right have no place in Ireland. Irish nationalism is progressive, outward looking and inclusive."

     

    Nationalisme "inclusif"


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  • La démocratie est UNE FORME de la dictature d'une classe, donc une forme possible de la dictature bourgeoise comme peut l'être l'absolutisme (déjà plus bourgeois que féodal), l'autoritarisme disons bonapartiste, ou (apparu au 20e siècle) le fascisme.

    Elle l'était déjà sous l'Antiquité esclavagiste : démocratie athénienne... pour les citoyens, soit 10% de la population contre 90% d'esclaves (ça rappelle un peu notre monde actuel avec ses démocraties libérales occidentales et ses pays dominés ou "émergents" généralement autoritaires, non ?). À côté, il y avait des monarchies despotiques totalement absolutistes, des régimes oligarchiques comme Rome etc.

    De même elle sera une forme possible de la dictature du prolétariat, mais pas la seule. La Terreur rouge en est une autre et même Trotsky pourrait en parler. Dans tous les cas, comme les démocraties DE CLASSE précédentes, elle sera la démocratie d'abord et avant tout pour une classe : le prolétariat (+ la masse paysanne pauvre là où elle existe) ; et moins pour les autres.

    Le communisme, société sans classes ni État ni exploitation, donc sans dictature de classe, ce n'est pas la démocratie... c'est le communisme (mais c'est dans plusieurs siècles en admettant que la prochaine prise de pouvoir socialiste dans un pays un peu important ait lieu d'ici 2050...).

    "Les Fronts populaires, c'était bien une défense de la démocratie bourgeoise non ?"

    Oui. Mais ça s'inscrivait (en principe, ça a certes pu dériver ensuite) dans une stratégie très précise et "guidée" ;-)

    Il y avait deux formes de dictature de la bourgeoisie, "démocratique" et fasciste ; et tendanciellement, une évolution de toutes les "démocraties" vers le fascisme.

    On "soutient" la "moins pire" des deux, celle qui laisse le plus de marge aux communistes pour travailler politiquement, contre le fascisme qui est certes un phénomène politique terrifiant, effroyable, sanguinaire pour tous les militants de la justice sociale, mais qu'il faut savoir voir aussi (dans sa définition donnée à l'époque par Dimitrov, de dictature réactionnaire terroriste ouverte) comme une "installation du Pouvoir bourgeois en position d'assiégé" (Derbent).

    Une fois le fascisme écrasé, et les pays où il régnait conquis par les communistes ou du moins sièges de mouvements communistes puissants, on "plume la volaille" "démocrate" bourgeoise ou social-démocrate (qui a l'époque, consistait encore en des "possibilistes" du mouvement ouvrier). Telle était l'idée...

    Cela n'avait rien à voir avec une défense dans l'absolu, et pour tout dire apeurée de la "démocratie" bourgeoise.

    Et il s'agissait alors d'une "démocratie" bourgeoise certes imparfaite, inexistante (déjà pour commencer) dans les colonies, un peu "utopique" en réalité, n'ayant jamais réellement existé que sur le papier ; mais PAS de la "démocratie" actuelle de CONTRE-RÉVOLUTION PRÉVENTIVE et d'association Capital-Travail ayant "digéré" (fut-ce sous une forme réformiste keynésienne) la "restructuration" fasciste du capitalisme en crise générale (lire ici et ici) ; préférant mille fois (pour défendre les intérêts du Capital) le "en même temps" macronien, l'abrutissement anti-politique et consumériste de masse et même le "progressisme au service de l'Ordre" fascisme-anti-politique-3e-part (et de la domination impérialiste ! fascisme-anti-politique-4e-part), y compris assuré par ce qu'il reste de la "social-démocratie" dans sa mutation-dégénération finale, à n'importe quel gang fasciste aussi "respectabilisé" soit-il ; ne s'y résolvant qu'après d'âpres négociations pour sauver le dogme économique néolibéral comme récemment en Italie italie-#breakingnews...

    Telle que nous l'avons aujourd'hui, nous obligeant FORCÉMENT à repenser certains schémas !


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  • (il faut dire que son pote Pedro a réussi son petit coup de maître parlementaire, et va maintenant à tous les coups chercher à capitaliser politiquement sur la "détente"...)

    Vu sur Internet :

    "Nous sommes solidaires du Peuple catalan dans sa lutte ; et comme nous l'avons dit explicitement, de TOUS ET TOUTES les réprimé-e-s là-bas quelle que soit leur appartenance politique.

    Mais nous sommes, aussi... "Français", des Peuples de l’État dénommé "France".

    Hollande, NOUS L'AVONS EU PENDANT 5 ANS, et nous avons maintenant celui qui a été l'un de ses plus proches conseillers à l’Élysée, puis son Ministre de l’Économie.

    Nul, en Catalogne ou ailleurs, s'intéressant un peu à l'actualité du moins, n'ignore sans doute les grandes luttes sociales qui ont eu lieu contre la Loi Travail en 2016 sous sa présidence, et maintenant contre la politique de son successeur et ex-ministre Macron.

    Une politique assez éloignée, il faut le dire, du type de mesures adoptées ces dernières années par le Parlement catalan et invalidées par le Tribunal constitutionnel espagnoliste : JqqAJ2Ic.png (attisant ainsi encore et encore la soif d'indépendance).

    D'autre part, il faut rappeler que l’État français ce ne sont pas seulement les Peuples de la "métropole" bien connus de nos camarades catalans (Catalans du Nord déjà, et Bretons, Basques, Occitans, Corses, Alsaciens etc.), mais aussi une dizaine de véritables colonies dites d'"outre-mer" ("DROM-COM") et la moitié d'un continent, l'Afrique, où les pays ne sont "indépendants" que de nom, les présidents des présidents de conseil départemental et les ambassadeurs de France des préfets.

    Une moitié de continent où Hollande a mené sous sa présidence deux "opérations de police", au Mali et en Centrafrique ; la première plutôt bien accueillie dans une moitié du pays mais disons "moins" dans l'autre intervention-imperialiste-francafricaine-au-mali ; la seconde voyant s'initier un début de massacres de masse contre la minorité musulmane "associée" à la formation politique chassée du pouvoir vers-un-nouveau-genocide-francais-en-centrafrique.

    Il a par ailleurs poursuivi l'engagement militaire tricolore dans l'occupation impérialiste de l'Afghanistan ; systématiquement appuyé le droit d'Israël à "se défendre" (massacrer les Palestiniens) et fait réprimer les mobilisations de solidarité en 2014 sionisme-gaza-ete-2014 (le Parti socialiste est peut-être celui où Israël compte le PLUS d'ardents défenseurs ! on pourrait citer à ce titre un certain Manuel V., désormais candidat Ciutadans à la mairie de Barcelone...) ; et lancé à partir de la même année l'engagement militaire impérialiste en Irak et en Syrie (reprise de Mossoul en Irak : 10.000 victimes civiles au moins, bataille de l'Euphrate-Raqqa en Syrie : au moins 3.500 ou 4.000 - voir ici aussi), tout en proclamant l'état d'urgence et faisant perquisitionner plusieurs milliers de familles pour le seul fait d'être musulmanes (quelques dizaines seulement de ces perquisitions ont permis de découvrir des éléments un tant soit peu répréhensibles).

    Tant mieux pour lui si, à la manière d'un Jimmy Carter, il se découvre une fois quitté le pouvoir une vocation de grand défenseur international de la démocratie et des peuples ; alors que sous sa présidence... voilà quoi.

    MAIS NOUS, nous ne nous associerons pas à son entreprise de com' à ce niveau-là. C'est ainsi. Ce n'est pas du sectarisme politique, mais de la fidélité à soi-même ; condition nécessaire pour servir loyalement les autres.

    De même que, solidaires de Carles Puigdemont condamné à l'exil politique par le néofranquisme, et souhaitant l'"effacement de la page du temps" du scélérat 155 et donc son retour à la Présidence de la Generalitat, nous nous réservons néanmoins le droit d'exprimer notre désaccord lorsqu'il salue les 70 ans de "l'indépendance" d'Israël, en réalité déportation des 3/4 d'un Peuple et confiscation de sa terre.

    Le plus cocasse, qui arrivera sans doute connaissant les réseaux sociaux, serait que nous nous voyions traiter de "staliniens"... alors que tout ce que l'on place généralement sous cet épithète, suivi aveugle de "sauveurs suprêmes", langue de bois et absence d'esprit critique, est précisément tout ce que nous refusons ; sur cette page comme ailleurs, tout en restant dans les limites du respect, comme il se doit dans la solidarité internationale, des choix de lutte du Peuple catalan que nous soutenons et de ses choix de chefs de file."

    Quand Hollande nous fait son petit show de "solidarité" avec la Catalogne

    [À noter que les groupes de solidarité avec la Catalogne qui relayent et font de la pub à ce genre de choses, sont eux-mêmes relayés posts-1923471067704590 (bon, ce coup-là avec Hollande ils n'ont pas osé, certes, quand même) par les menchéviks des temps modernes dont il a beaucoup été question au sujet de Rojava... Comme c'est étrange !!]


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  • Oui, il est effectivement possible que le "dialogue" se renoue. Qu'une forme de nouveau pujolisme renégocie et rénove le "Pacte" de 1978 de la bourgeoisie catalane avec Madrid, ce qui avait déjà été tenté au milieu des années 2000 avec le nouvel Estatut.

    Une bourgeoisie catalane qui n'a en vérité agi ces dernières années pour la Souveraineté que poussée au derrière, un peu par ERC mais surtout par les organisations populaires de base comme la CUP, l'ANC et maintenant (depuis la Déclaration Unilatérale d'Indépendance et la proclamation de la République) par les CDR.

    Un Estatut de 2006 dont la mutilation totale par le Tribunal constitutionnel madrilène, conjointement avec la crise économique qui éclatait alors, avait largement contribué à lancer le Procés ; et dont le retour sous sa forme initiale (mais comment, puisque le Tribunal constitutionnel a AUSSI et TOUJOURS des juges nommés par le PP ?) pourrait peut-être "dégonfler" le soutien à l'indépendance de la moitié de la population au tiers, voire moins.

    Oui... jusqu'à la prochaine crise, et au nouveau durcissement fasciste de l’État qu'elle entraînera. Ne nous leurrons pas : on sait ce que vaut, aujourd'hui en Europe, la politique de quoi que ce soit qui porte l'étiquette "socialiste" ; notre État français en a fait l'expérience pendant 5 ans et vit maintenant sous la botte de l'un des plus éminents anciens ministres de cette politique ; et de toute façon (et de surcroît), Sanchez dans son alliance équilibriste avec Podemos en a maximum pour 2 ans (s'il n'y a pas d'élections anticipées)... avant un très probable raz-de-marée orange de Ciudadanos.

    Et sera-t-il simplement possible de faire comme si presque 10 ans d'histoire catalane n'avaient jamais existé ?

    Toutes ces années de mobilisations populaires, de luttes, d'école permanente de participation démocratique à la base ; pour des millions des travailleurs et travailleuses, de jeunes et de retraités, de Catalans de souche aussi séculaire que les chênes verts d'Osona... comme issus de l'immigration ibérique de l'époque franquiste et maintenant latino-américaine, maghrébine, africaine ou européenne de l'Est ; non pas simplement pour une Catalogne indépendante "pour une Catalogne indépendante", mais bien souvent (dans cette mobilisation populaire) CONTRE l'agent, le gendarme péninsulaire de la "mondialisation" néolibérale laminant les conditions de vie du Peuple travailleur, que représente le Pouvoir de Madrid ; POUR un autre modèle de société ; TOUT CECI permettra-t-il que "passe" aussi simplement que cela un éventuel "deal" opportuniste au sommet, dans les "hautes sphères", et dans le seul intérêt d'une petite minorité ?

    L'avenir nous le dira...

    http://www.liberation.fr/planete/2018/06/03/avec-pedro-sanchez-l-heure-du-degel-de-la-crise-catalane-a-t-elle-sonne_1656298

    http://www.lepoint.fr/europe/catalogne-torra-prete-serment-et-interpelle-sanchez-02-06-2018-2223574_2626.php

     

    Le nouveau Premier ministre socialiste et les sécessionnistes pourraient…
    liberation.fr
     
     

    "Tout changer pour que rien ne change"...

    "Tout changer pour que rien ne change"...

    "Tout changer pour que rien ne change"...


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  • Aníbal Quijano, qui vient de s'éteindre à 90 ans, a été un grand théoricien anticolonialiste et anti-impérialiste dans la lignée de Mariátegui, dont la sincérité n'est pas à mettre en doute ; mais qui n'a malheureusement pas su assumer ce que devait être la forme de la destruction de la colonialité du pouvoir qu'il dénonçait, c'est à dire, la forme qu'elle a prise dans son propre pays au cours des années 1980 et 1990 : la Guerre populaire guerre-populaire-au-perou.

    Son modèle se situait plutôt du côté de la politique menée en Bolivie depuis 2006 par Evo Morales ("expression la plus claire d’une crise de la colonialité du pouvoir"), dont on sait aujourd'hui, au bout de 12 ans, qu'elle est à la libération indigène anticoloniale ce que la social-démocratie est à la révolution socialiste retour-situation-amerique-du-sud ; une "sortie pacifique de la colonialité" en quelque sorte, colonialité qui est un système de domination et d'exploitation... or l'on sait, scientifiquement, que l'on ne sort pacifiquement d'AUCUN système de domination d'une classe/position sociale sur une autre (on peut lire à ce sujet le leader indigène historique Felipe Quispe : bolivie-felipe-quispe-le-dernier-mallku).

    Disons qu'il a été L'INTELLECTUEL qui a un peu prolongé, développé, mais surtout réussi à FAIRE PASSER Mariátegui (le "Gramsci de l'Amérique du Sud") dans les hautes sphères universitaires du continent et d'Occident, où en tant que coco il n'était forcément pas trop le bienvenu de prime abord... Mais ceci, au prix de cela : mettre en avant une "rupture" pacifique, syndicaliste et électorale avec le Pouvoir colonial dénoncé ; et non RÉVOLUTIONNAIRE par la Guerre du Peuple, contrairement à Gonzalo et au PCP ; autrement dit donc, un prolongement réformiste de Mariátegui comme Gramsci en a lui aussi connu des dizaines d'exemples. C'est dommage, car sur l'analyse c'est une œuvre tout à fait admirable.

    #Quijano

    https://www.cairn.info/revue-mouvements-2007-3-page-111.html

    https://www.cairn.info/revue-multitudes-2008-4-page-97.htm

    http://indigenes-republique.fr/race-colonialite-et-eurocentrisme/


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  • (Secours Rouge) Communique-du-FDLP-sur-la-mort-de-Razan-An-Najjar

    Le Front Démocratique pour la Libération de la Palestine a publié le 1er juin, à Gaza, une déclaration suite à l’assassinat vendredi de l’infirmière Razan An-Najjar (voir notre article) :

    Le FDLP annonce la mort de sa martyre, l’héroïque camarade Ashraf Razan An-Najjar, membre de l’Union des Comités de Travail féminin - Union des Femmes du Front Démocratique- qui a été tuée en accomplissant sa tâche humanitaire et nationale, en portant secours aux blessés dans la Marche du Retour du vendredi "De Gaza à Haïfa, le même sang et la même destination". Le FDLP salue le rôle noble et humanitaire joué par la martyre Razan qui participait régulièrement aux Marches pour le retour et la fin du blocus, semaine après semaine, au service de notre peuple, en assistant les blessés. Il affirme que le sang de sa camarade Razan témoigne du terrorisme de l’État occupant israélien et de son agression permanente contre notre peuple. Il salue également et loue les masses fidèles de notre peuple qui ont participé massivement à la dixième Marche du retour vendredi, et estime que cette participation confirme sa détermination à faire face à la politique d’occupation, à se battre pour le retour et la fin du blocus. Il a appelé les organisations internationales dédiées à la défense des droits humains à documenter l’assassinat de sang-froid de la martyr Razan de la part des forces de l’occupation israélienne, alors qu’elle aidait les blessés avec son collègues des Comités médicaux.

     

      À jamais une héroïneÀ jamais une héroïne


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  • La phrase d'un camarade il y a quelques jours : "L'UE absout, à tout le moins, les politiques racistes et discriminatoires les plus effroyables (cela on s'en rend compte en effet, des eaux de Lampedusa aux torrents glacés du Briançonnais...), mais elle ne tolère pas qu'on remette en cause la loi d'airain de son dogme économique" ; vient de prendre terriblement tout son sens.

    Paolo Savona, l'économiste anti-euro, n'est plus au Ministère des Finances de la nouvelle proposition de gouvernement de Giuseppe Conte, appuyé par les populistes fascisants du M5S et les fascistes indiscutables de la Ligue (ex- "du Nord"). Cette proposition est donc validée par le Président de la République.

    L'Italie aura donc un gouvernement populiste de droite radicale qui, le "pacte de stabilité budgétaire" et la "crédibilité du pays sur les marchés financiers" étant saufs, pourra tranquillement jouer son rôle de "plus longue matraque" dressée au-dessus des têtes du prolétariat et des affamés du Tiers Monde semi-colonial venus chercher quelques miettes de ce qu'on a volé à leurs pays en Europe impérialiste (après tout, rien de "nouveau" sinon d'un point de vue très français avec notre "cordon sanitaire" entre droite et FN : la Ligue a déjà été de tous les gouvernements Berlusconi, et à des postes importants ; et des formations similaires comme l'UDC suisse, le FPÖ autrichien - "pionnier" du genre en l'an 2000, l'Autriche se retrouvant à l'époque "suspendue" de l'Union européenne... pour quelques mois - ou le Parti du Peuple danois ont déjà participé à des gouvernements de coalition)... 

    http://www.liberation.fr/amphtml/planete/2018/06/01/l-italie-a-un-gouvernement-eurosceptique-et-tres-a-droite_1655834

    Notre analyse au moment du "blocage" (il y a quelques jours) reste cependant totalement valable pour comprendre, expliquer et combattre le fascisme du 21e siècle :

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/petite-revue-de-presse-sur-la-situation-actuelle-28-05-2018-a144840230

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/la-situation-en-italie-confronte-la-ligne-du-n-pci-au-mur-de-la-realit-a144861312


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  • Le (n)PCI est probablement l'organisation qui a développé à ce jour la "Pensée" la plus aboutie sur l’État italien dans lequel il lutte ; analyse que nous avons reprise intégralement dans cet article : etat-bourgeois-contemporain-questions-nationales-et-luttes-de-classe-l-italie

    Il est également l'organisation qui s'est, selon nous, le plus sérieusement penchée sur la question de la Guerre populaire dans un pays européen en termes de MISE EN ŒUVRE CONCRÈTE, ce sans quoi la notion reste un pur slogan : gramsci-et-la-theorie-de-la-guerre-populaire-en-pays-capitaliste-tres-avance-1ere-partie et 2e partie ; en faisant le lien, indispensable à notre sens, entre la désormais reconnue universalité MLM de la Guerre populaire comme stratégie révolutionnaire du prolétariat et la pensée de Gramsci, "transmission" (selon nous) du léninisme en Europe occidentale sur-la-question-de-gramsci-de-ses-theses-societe-civile.

    Pour ce que l'on peut qualifier d'étape "zéro", "préparatoire" de cette Guerre populaire, il a établi un Plan Général de Travail que nous pouvons également dans une très large mesure faire nôtre : plan-general-de-travail-n-pci

    LE PROBLÈME c'est qu'un "front" de travail de masse de ce Plan Général (le 2e), tout à fait correct en tant que tel, celui d'"intervenir" ("faire irruption") dans le "spectacle" des périodes électorales de la "démocratie" bourgeoise (piliers de la "société civile") pour ne pas laisser la seule bourgeoisie mobiliser les masses populaires dans ces périodes, a pris une importance totalement disproportionnée ; la constitution et la victoire électorale d'un "Bloc populaire" devenant littéralement en soi une "attaque au cœur de l’État" susceptible de faire ensuite "aller les choses très vite" ; et que l'on est ainsi passé progressivement mais assez rapidement, en quelques années, de candidatures (locales) de "Bloc populaire" générées par le Parti à (une nouvelle loi durcissant les conditions pour se présenter)... un soutien à des candidatures "gauche de gauche" (Refondation "communiste" à Massa, Giuliano Pisapia l'ex-avocat d'Öcalan à Milan, le procureur "de gauche" anti-corruption De Magistris à Naples), puis carrément... une espèce de fascination totalement irrationnelle pour le Mouvement populiste 5 Étoiles (M5S) de Beppe Grillo, envers et contre toutes les droitisations radicales (sur l'immigration, les minorités sexuelles, les syndicats etc.) de son discours.

    À présent, cette ligne politique se trouve confrontée au "mur du réel" puisque le M5S, premier parti du pays au Parlement, en alliance avec... la Ligue (Lega) d'ultra-droite raciste et poujadiste (que le (n)PCI a en principe toujours combattue comme tous les "ballons d'essai de fascisme") et derrière elle ni plus ni moins que Berlusconi (!!), s'est trouvé en position de former un gouvernement ; avant que (certes) le Président de la République n'y oppose son veto et ne nomme un "technocrate" pour expédier les affaires courantes en attendant de faire re- (et si possible "bien") voter le bon peuple : petite-revue-de-presse.

    [Sachant que quelques jours plus tard, l'économiste anti-euro Paolo Savona recalé, le gouvernement Ligue-M5S verra finalement le jour... Et les faits sont donc là, lorsque l'on se penche un instant sur le déroulé des faits : né dans les mobilisations "No Berlusconi" de la fin des années 2000, le M5S de Di Maio est devenu, avec pratiquement le double de voix (32% contre 17%) et de députés (227 contre 125), l'idiot utile d'un Matteo Salvini lui-même homme de paille d'un Berlusconi trop grillé par ses propres frasques et ses politiques de Premier ministre des riches (de 2001 à 2006 puis 2008-2011) pour assumer en personne le devant de la scène"Le 18 avril suivant (les élections du 4 mars 2018), le président Sergio Mattarella charge la nouvellement élue présidente du Sénat, Maria Elisabetta Alberti Casellati, de sonder la coalition de droite et le Mouvement 5 étoiles quant à faisabilité d'un gouvernement de coalition. Le M5S réitère sa proposition de coalition avec la Ligue, ainsi que son opposition à une participation du parti de Silvio Berlusconi, le qualifiant de l'« incarnation de tous les maux de la vieille classe politique ». (...) Le 7 mai, constatant l'échec des négociations et le maintien par l'ensemble des partis de leurs points de blocages respectifs, Mattarella annonce son intention de nommer un nouveau gouvernement neutre et apolitique, qui serait chargé des affaires courantes en attendant l'organisation d'élections anticipées, possiblement en juillet. Les sondages prévoient alors un maintien de la situation de blocage à défaut d'un changement de loi électorale, le M5S, et les coalition de centre gauche et de centre droit conservant leurs intentions de votes respectives. Au sein de cette dernière, cependant, une tendance vers un important report des voix de Forza Italia vers la Ligue est souligné (c'est de fait, après quelques mois de gouvernement, l'origine des nouveaux sondages qui donneraient à la Ligue de Salvini près de 30% des intentions de vote en cas de nouvelles élections : un report massif des électeurs du reste du "centre-droit" et notamment de Berlusconi). L'annonce du président Mattarella semble provoquer un sursaut chez la Ligue et le M5S, qui s'étaient publiquement opposées à la formation d'un tel gouvernement de transition. Les deux partis demandent alors officiellement au président de surseoir à sa décision afin de leur permettre d'arriver à un accord. Le même jour, Silvio Berlusconi annonce que son parti ne s'oppose plus à la formation d'une coalition l'excluant. Forza Italia ne votera pas la confiance à un éventuel gouvernement de coalition Ligue-M5S, mais ne quittera pas pour autant la coalition de centre droit. Cette décision fait ainsi sauter le verrou bloquant les négociations à droite".

    FONDAMENTALEMENT (pour bien comprendre le système politique italien), si la Ligue existe politiquement en Italie, depuis ses débuts (années 1990), c'est avec le soutien de la droite "classique" et en particulier (plus que des "post-fascistes" de l'Alliance Nationale) de Berlusconi, dans les dites "coalition de centre-droit" (comprendre : du centre à la droite la plus dure). Elle a ainsi, sous les gouvernements de celui-ci (1994-95, 2001-2006 et 2008-2011), régulièrement occupé des ministères régaliens (Justice, Intérieur, Budget-Économie etc.). Elle doit encore à ces dernières élections de mars, dans le double système à la fois à la proportionnelle et de circonscription, 49 de ses 125 députés et 21 de ses 58 sénateurs au fait d'avoir été investie par la coalition (chargée de la représenter, sans autre candidat de droite face à elle) en circonscription. Si elle était mise au ban par le reste de la droite, comme le Front National (qui fait de meilleurs scores !) ici, ce serait beaucoup plus compliqué pour elle ! Si elle est désormais, avec plus de 17% des suffrages, la première force dudit "centre-droit", c'est parce que 1°/ Berlusconi, qui s'est grillé avec ses conneries, est sur la touche, et 2°/ elle a abandonné son nordisme pour adopter une stratégie nationale, se rebaptisant simplement "la Ligue" (exit "du Nord").

    Ensuite de quoi, le M5S premier parti du pays en tant que tel (hors de toute coalition) avec plus de 32% des voix, et donc indispensable à la formation d'un gouvernement par qui que ce soit, opposait (pour conserver son précieux "capital" électoral) une fin de non-recevoir à toute idée d'alliance avec le "centre-droit" dans son ensemble, c'est à dire Berlusconi inclus... mais pas avec la seule Ligue, largement suffisante pour avoir une majorité tant à la Chambre qu'au Sénat. Il fallait simplement pour cela (les coalitions ayant tout de même un caractère assez vital pour chacun de leurs membres...) que Berlusconi y "autorise" son allié, en disant que cela ne romprait pas la coalition pour les échéances futures... ce qu'il a finalement fait. Revenant ainsi quelque part un peu au pouvoir, au travers de son ancien second couteau ligueur devenu première force de la droite, et avec l'alliance... de ses prétendus opposants les plus acharnés.

    Voilà donc à quoi a servi le "parti de la rupture" que nous a chanté durant toutes ces années le (n)PCI ! Un "parti"-mouvement dont il est presque possible de se demander, avec son populisme attrape-tout profondément anti-politique et ses positions réactionnaires anti-immigration... ou pour l'"interdiction des syndicats" (oui oui !), s'il n'a pas tout simplement TOUJOURS été conçu comme une opposition de confort et un contre-feu face à la colère populaire qui montait, par les grands partis du "système" le Parti démocrate et Forza Italia...]

    Les faits sont là : la théorie était que "face à la crise", la "mobilisation populaire" (vote "anti-système" massif) pousserait les "sommets" dudit système à "accepter la formation" d'un tel "Gouvernement de Bloc populaire" ; ensuite de quoi les dits "sommets" se réorganiseraient, prépareraient leur contre-offensive et (rapidement) "descendraient sur le terrain de la guerre civile" qui permettrait, en la gagnant, d'instaurer le socialisme. Or, ce que l'on constate c'est que 1°/ d'abord, de "Bloc populaire" "de gauche" (au sens, disons, d'un minimum de lien avec l'histoire et les valeurs historiques du mouvement ouvrier et prolétaire rural) il n'y a pas l'ombre du bout de la queue (la formation la plus "à gauche", niveau Hamon disons, Libres et Égaux de Pietro Grasso, ne récolte que 14 députés et 4 sénateurs...), et 2°/ ensuite, le "Bloc populaire" comme bien réelle expression de "l'Italie d'en bas", mais sur une ligne populo-fasciste, se voit tout bonnement fermer les portes du pouvoir (loin de "sommets" "forcés à accepter" quoi que ce soit) par le simple exercice des pouvoirs constitutionnels du Président (garant des traités internationaux et européens) et en réponse grogne, fulmine, mais ne prépare aucune sorte de soulèvement populaire généralisé susceptible d'entraîner une "rupture révolutionnaire" vers le socialisme ; tout juste capable qu'il est de commettre des attentats racistes sur des immigrés sans défense comme à Macerata fusillade-raciste-de-macerata-ligue-du-nord.

    EN RÉALITÉ, ce crash politique ne prend pas seulement racine dans la disproportion (prise au fil des années) du 2e front "irruption dans le spectacle de la démocratie parlementaire bourgeoise" du PGT, mais aussi et surtout (de manière certes liée) dans une erreur d'analyse, une erreur de "Pensée" du Parti au sujet du "Système Italie" : le (n)PCI donne en effet une importance exagérée au rôle de l’Église catholique et autres résidus de féodalité dans l’État et le système capitaliste italien, faisant littéralement de celui-ci ("République pontificale") un État pontifical déguisé, qui serait de surcroît une pure "courroie de transmission" des grandes puissances impérialistes comme les États-Unis ou l'Allemagne.

    Il est vrai que le Vatican, qui n'est pas seulement des prêtres faisant des sermons, mais une puissance financière considérable, joue un rôle important dans l’État italien où se trouve son siège (sous la forme d'un micro-État au centre de Rome). Il est tout aussi vrai, et correctement analysé, que l'Italie est un État de révolution bourgeoise tardive et donc inachevée, où la bourgeoisie a plus composé avec la féodalité qu'elle ne l'a réellement combattue et brisée, notamment dans le Sud (où ce fait sous-tend le phénomène des mafias) ; comme en fait dans toute l'Europe du Sud, mais l'on pourrait aussi, si on analyse la féodalité au regard de la structure de la propriété foncière, regarder du côté... des Îles Britanniques, pourtant terres de révolution bourgeoise (là) particulièrement précoce (17e siècle) grande-bretagne-grande-propriete !

    Et il est vrai que pour toutes ces raisons, comme (déjà) analysé par les marxistes des années 1910 ou 1920, l'Italie est un "petit impérialisme mendiant" ou "en haillons", faible et tard-venu dans le partage impérialiste de la planète, et tendant à se "vassaliser" à des impérialismes plus puissants pour se faire sa petite "place au soleil" : à la remorque des Alliés franco-britanniques durant la Première Guerre mondiale, puis de l'Allemagne nazie à partir de 1935 et pendant la Seconde, puis des États-Unis et des grandes puissances de l'OTAN ensuite, durant la Guerre froide, et "à la botte" de l'axe France-Allemagne dans la construction impérialiste européenne. Vaincue (écrasée) militairement en 1945, il est au demeurant logique qu'elle se soit longtemps retrouvée vis-à-vis des vainqueurs dans une situation de "souveraineté limitée", tout comme l'Allemagne et le Japon (à l'économie pourtant beaucoup plus puissante) ; situation dont ces deux derniers ne sortent tout doucement que depuis les années 1980, alors l'Italie...

    Mais le (n)PCI donne à ces faits de manière très subjective, non-étayée par des données scientifiques probantes, une importance tout à fait disproportionnée.

    Il y a en Italie une grande bourgeoisie oligarchique qui se pavane en effet dans des espèces de loges semi-catholiques semi-maçonniques comme la P2, professe une idéologie sociale-libérale de type démocrate-chrétienne (le dernier "vrai pape" à avoir régné sur les États pontificaux, Pie IX, avant de se crisper devant la menace d'une république et de la disparition de son État, avait lui-même entamé des réformes catholiques-libérales et donné naissance à cette idéologie), et fait montre de la plus grande servilité envers les grandes institutions politico-économiques européennes (Commission, BCE) et internationales (FMI, Banque mondiale, OMC etc.). Mais ceci conduit le (n)PCI à penser qu'il faudrait, en quelque sorte, instaurer via le "Bloc populaire" et y compris des expressions politiques ultra-populistes de la petite et moyenne bourgeoisie (telles que le M5S) une "vraie" république bourgeoise "démocratique" (qui n'a jamais existé, en effet), dans une optique (également) de "libération nationale" vis-à-vis des grandes puissances ; quelque chose qui serait de façon aboutie la tentative qu'ils décrivent (et c'est d'ailleurs largement vrai) au sujet du... fascisme ("le fascisme était aussi l'ultime tentative de la bourgeoisie pour se rendre pleinement maître du pays et donc également politiquement autonome de l'Église", "à cet aspect du fascisme correspondent un effort et un dynamisme exceptionnels de la bourgeoisie pour renforcer la structure économique et politique du pays", "une grande partie des innovations sur le plan structurel dont a vécu aussi le régime DC : banque centrale, industrie d'État, grands travaux publics, structures pour la recherche, consortiums agricoles, organismes de prévoyance, etc.", "en somme, les innovations et les institutions dont le résultat est la création d'un système de capitalisme monopoliste d'État") ; afin de permettre (face à la "contre-offensive" de l'oligarchie qui suivrait inévitablement) de "passer" ensuite au socialisme.

    Sauf que (comme le (n)PCI l'a bien expliqué également) le fascisme de Mussolini a finalement échoué dans cette tâche, échoué à briser tout cela (poids de la grande propriété, qu'il est né pour défendre, et de tous les rapports sociaux féodaux, poids de l’Église, soumission à une ou des puissances impérialistes plus importantes), comme toute démarche semblable est vouée à échouer ; tout simplement parce qu'il y a des états de fait (État bourgeois tardivement constitué et arrivé dans l'"arène" internationale) avec lesquels aucun "volontarisme" bourgeois aussi "spectaculaire" soit-il (comme l'était le fascisme) ne peut rompre, qu'il ne peut "révolutionner" au stade parachevé de l'impérialisme et des monopoles ; car seul le peut le socialisme à travers la Guerre populaire.

    En gros, c'est comme si l'on soutenait (encourageait les gens à voter pour, etc.)... Erdogan et son alliance avec les Loups Gris car (c'est un fait absolu et que nous avons analysé) il représente la Turquie "noire", "profonde", "d'en bas" contre l'élite "moderne" et "laïque" de la Turquie "blanche", "européenne-occidentale" du Nord-Ouest ; cherchant lui aussi (en dernière analyse) à faire "vivre" et prospérer la bourgeoisie capitaliste "des entrailles" du pays, à affirmer celui-ci comme puissance régionale sur la scène internationale etc. etc. ; sauf que là (à la limite) on a vraiment un pays dominé, semi-colonial, et un peuple (ouvrier, paysan et petit-bourgeois) turc sunnite "noir" tout aussi opprimé par l'impérialisme que les minorités nationales sur lesquelles tend à se focaliser unilatéralement la gauche radicale occidentale... CERTES, mais un peuple qu'il n'est (cependant) pas question de prendre tel quel, dans ses idéologies et expressions politiques telles qu'elles sont actuellement ; l'idéologie (sans doute) du gendarme qui coupait à la scie les pieds du camarade Kaypakkaya en 1973 (sur ordre et pour le compte, certes il est vrai, de l'idéologie "turque blanche" kémaliste) ; mais qu'il faut au contraire œuvrer avec acharnement à arracher à ces idéologies réactionnaires pour l'amener sur la voie de la révolution démocratique, arracher à la direction de "sa" bourgeoisie, de ses "parvenus" dont Erdogan est le représentant parfait, et qui eux ne sont "opprimés" que de façon très relative.

    Dénoncer le mauvais sort que lui prépare l'impérialisme (erdogan-est-un-fasciste turquie-kurdistan-elections-anticipees voila-ca-y-est), sous forme de "révolution colorée", et derrière lui au pays et donc aux masses populaires ; dénoncer (impitoyablement !) l'opportunisme pourri, innommable en la matière, d'une certaine "gauche" pseudo-"radicale" orientaliste qui s'associe à ces plans en réduisant le fascisme turc à sa seule personne, murmurant déjà pour certains la possibilité de voter au second tour (puisque le candidat HDP Demirtaş n'y sera très probablement pas)... pour le candidat du CHP kémaliste (l'ennemi historique et absolu du Peuple ouvrier et paysan !!), c'est une chose ; comme il est également tout à fait possible de dénoncer le coup de force bruxello-germano-présidentiel en Italie et les politiques (ou plutôt, la poursuite de politiques) qu'il annonce ; mais cela ne signifie en aucun cas un soutien actif, positif et idéologique à l'AKP.

    En Italie, on l'a dit et le constat s'impose, les populismes sont une voie condamnée à l'échec. En vérité, même un régime fasciste au sens "spectaculaire-totalitaire" des années 1920-30-40 n'est plus à l'ordre du jour et ne peut plus exister aujourd'hui. Il y a la RÉALITÉ d'un ordre capitaliste mondial en crise terminale, qui s'adapte et se restructure au fil de l'eau face à cette crise pour maintenir le taux de profit du Capital. Les populismes plus ou moins fascisants, comme la Lega et le M5S, soit acceptent de devenir "responsables" face à cette indispensable restructuration permanente, se contentent (à la rigueur) d'être une "plus longue matraque" pour réprimer les masses populaires, et peuvent alors accéder au pouvoir et s'y maintenir ; soit persistent dans leur programme économique et social "rupturiste" utopique et s'en verront claquer les portes au nez, faille-t-il passer par le recours aux mesures les plus "exceptionnelles" prévues par la Constitution (à laquelle rappelons-le, le droit européen = traités internationaux est supérieur). Et face à cela... leur LÉGALISME de petits bourgeois "frondeurs" et "pétitionnaires" mais tout sauf révolutionnaires, agrippés tels Harpagon à leur petit patrimoine, ne fera rien et aura des années durant éduqué les masses populaires à ne rien faire (car c'est surtout cela le populisme d'aujourd'hui, à la différence des fascistes en chemises noires ou brunes ou autres de l'entre-deux-guerres).

    En Italie... comme ailleurs, car c'est partout pareil. Repartons dans un nouveau parallèle : lorsque nous avons analysé l’État espagnol, nous avons dit qu'il fonctionnait au fond comme un "pacte" entre bourgeoisies "nationales-réelles" (des véritables nationalités qui le composent : Castille, Aragon, Catalogne, Pays Basque, Andalousie etc.), "pacte" certes maintenu de façon "un peu autoritaire" pendant 40 ans sous Franco mais voilà, et "refondé" depuis (Régime de 1978) ; et "pacte" (surtout) tenant par le fait que toutes ces bourgeoisies, y compris parfois dans leurs rodomontades souverainistes comme en Catalogne ou au Pays Basque, ont besoin de Madrid, besoin de l’État central pour défendre par la FORCE ARMÉE leurs intérêts contre ceux (qu'ils soient "de souche" séculaire ou immigrés) qui n'ont rien à perdre, tout à gagner et la rage au ventre vide.

    Eh bien en réalité, ce schéma est extrapolable comme suit dans toutes les situations : "ceux d'en bas", les populistes petits et moyens bourgeois ou travailleurs d'esprit tel, ce sont les bourgeoisies nationales de la Péninsule ibérique ; et "ceux d'en haut", "la caste", "l'oligarchie mondialiste" qu'ils dénoncent, c'est l’État de Madrid. ILS RÂLENT... mais dans le fond ils en ont BESOIN pour protéger leurs intérêts, leur petit bas de laine, contre ceux de "plus bas encore" ; et râler ce n'est pas (c'est tout sauf) faire ou même préparer une révolution.

    Les discours que disons (pour faire court) la "gauche" morale qualifie d'"extrême-droite" ne sont (puisque les "valeurs" ne sont jamais que l'expression de la centralité d'"esprit" de classe) rien de plus ni de moins que l'expression de cela ; à la fois conséquence et marque irréfutable de cette incapacité à rompre réellement avec ceux (le Grand Capital, le "Système") contre qui ils gueulent du matin au soir.

    Si à notre enthousiasme pour la situation actuelle en Catalogne le disputent l'inquiétude et même une forme de pessimisme, c'est en raison de cela, de cette "centralité d'esprit" petite et moyenne-bourgeoise finalement incapable (à notre sens) de se débarrasser réellement du "bouclier" confortable de l’État espagnol et (ou, a minima) de l'"Ordre" européen derrière celui-ci ; ce qui peut là aussi s'exprimer parfois (bien que "limité" par la nécessité absolue d'alliances ou de neutralités bienveillantes à gauche, les seules possibles) par des propos xénophobes anti-immigrés (du Sud global ou du Sud péninsulaire) ou encore les déclarations d'amour pro-sionistes de Puigdemont ; et c'est absolument la même chose partout.

    TOUT ce qui peut tenir des propos fascisants ou réacs, droitards (et concernant le M5S, cela fait tout de même plus de 5 ans que nous et d'autres tirons la sonnette d'alarme auprès du (n)PCI), démontre par là-même être résolument incapable de la moindre rupture avec le "Système". TOUT ce qui est ainsi réagira toujours, face aux "masses dangereuses" et vis-à-vis de la "caste" grande-bourgeoise monopoliste, exactement comme le (n)PCI décrit la bourgeoisie italienne de 1945 face au peuple en armes communiste : "Le risque qu’en Italie, la classe ouvrière conduise les masses populaires à instaurer le socialisme, n'avait jamais été aussi grand. Pour conjurer le risque, la bourgeoisie s’en remit complètement à l'Église et à l'impérialisme américain. Ses velléités de gouverner politiquement le pays cessèrent définitivement." (c'est en l'occurrence, on l'a dit, très exagéré de notre point de vue ; mais cela permet néanmoins d'illustrer ce "réflexe" qui enchaîne à tout jamais les "râleurs" populistes, comme avait pu l'être après tout la "bourgeoisie prolétaire" italienne soutenant le fascisme, aux "ploutocrates" contre lesquels ils râlent).

    CE QU'IL FAUT, c'est précisément mener au sein des larges masses populaires une lutte impitoyable contre cet esprit d'accrochage à sa tirelire qui rend impossible de rompre réellement avec "ceux de tout en haut".

    Construire une CONCEPTION RÉVOLUTIONNAIRE DU MONDE (cela aussi le (n)PCI en a beaucoup parlé, il a même été l'une des seules organisations en Europe à autant marteler cette nécessité...), la défendre, l'arborer... et la diffuser (car il ne s'agit pas que de "pratique", "agir" n'est pas tout !) ; et ainsi, développer la Guerre populaire progressivement, en cercles concentriques, sur des années et des années, à la hauteur de la "quantité" de masses populaires acquises à sa cause.

    Et certainement pas se mettre à la remorque de n'importe quoi qui "bouge en masse" ; de mouvements et de discours populistes qui sont précisément l'expression d'une ABSENCE (ou quasi-absence) de conception, de "Pensée", de culture révolutionnaire dans les masses ; et non d'un "début d'existence".

    La "merde" idéologique sous toutes ses formes (car il y en a bien sûr d'autres que le populisme fascisant, notamment tout ce qui se rattache au "progressisme de contre-révolution préventive" finalement encore plus totalement à la botte - lui - de "ceux d'en haut") ne peut pas être transformée en or. Tout ce qu'elle peut, c'est être balayée par la PRÉSENCE d'une Pensée communiste dont elle est justement le résultat de l'absence.

                  La situation en Italie confronte la ligne du (n)PCI au mur de la réalité

    Quelques éclaircissements supplémentaires en commentaires Facebook :

    Citation du Plan Général de Travail : "Le rôle du (nouveau) Parti communiste italien est de guider la classe ouvrière pour faire de l'Italie un nouveau pays socialiste et de diriger, à partir de ce résultat, le reste des masses populaires dans la transition du capitalisme au communisme. Le (n) PCI remplit ce rôle en contribuant ainsi à la révolution prolétarienne mondiale. La stratégie du Parti est la Guerre populaire révolutionnaire de longue durée. Nous accomplissons actuellement la première phase, celle de la défensive stratégique. Notre rôle dans cette phase consiste en l'accumulation de forces révolutionnaires."

    La dernière phrase du passage que tu cites contient déjà une de ces failles. Ça nous choquait déjà (un peu) à l'époque, les faits l'ont confirmé depuis. Non, la défensive stratégique de la GPRLD (GPP) N'EST PAS une "accumulation de forces", ce qui est contradiction avec tout ce qui est clamé partout par ailleurs, que la GPRLD comme stratégie universelle du prolétariat n'est justement pas, est justement une RUPTURE avec la stratégie révisionniste d'accumuler des forces en mode syndicalo-légaliste en attendant les "conditions mûres".

    L'accumulation de forces est ce qu'on peut appeler la "phase préparatoire" ou "l'étape zéro" (et c'est une accumulation QUALITATIVE et non quantitative, ce qui était la faille de tous les PC kominterniens devenus révisionnistes). C'est, en clair, la phase de "forger le Parti de cadres" du PCP dans les années 70. C'est la phase dans laquelle sont concrètement tous les Partis MLM du monde entier sauf en Inde et aux Philippines (GPP en défensive stratégique), Turquie-Bakur (défensive stratégique de basse intensité, lutte en cours contre une tentative de liquidation), et au Pérou et au Népal (réorganisation générale après revers stratégique ou/et liquidation révisionniste).

    Bien sûr qu'on ne part pas en GPP avec 5 (ou même 50 ou 100) tondus, "propagande par le fait" et les masses suivront ! Ce n'est pas mon opinion, c'est un FAIT prouvé par l'Histoire depuis 150 ans. Ce serait de l'anarchisme des années 1900, ou ce qu'a tragiquement tenté de faire la RAF, ou encore les CCC qui s'en sont brillamment autocritiquées ensuite. Il faut se préparer, et y aller quand on est prêts. Mais ceci n'est pas la défensive stratégique, qui est DÉJÀ la GPP lancée.

    La défensive stratégique c'est DÉJÀ la GPP et c'est un stade où pour prendre un exemple concret, la mairie de Naples ou de Massa ne te laisse pas organiser tous les étés une fête populaire avec pignon sur rue et drapeaux au vent, scène et sono colossale pour accueillir Dead Prez etc., et le flic municipal du coin qui vient boire un coup tranquille.

    Ils ont le droit d'en être encore à ce stade ! Et ils ont le droit de penser que pour commencer sérieusement une GPP en Occident, il faut que le Pouvoir bourgeois descende un minimum sur le terrain de la guerre civile, du coup de force, du piétinement de sa propre légalité-vitrine démocratique (tu vas me dire, en France on y est déjà un peu, les gouvernants font ce que bon leur semble, les flics ont de plus en plus tous les droits pire que sous Pasqua ou Sarkozy... alors en Italie, avec des lois qui datent du fascisme...). Ils ont le droit, c'est un VASTE et éternel débat dans le MLM occidental, qui ne sera tranché que par les faits (et pas forcément avec le même verdict dans tous les pays, je dirais).

    Mais qu'ils ne disent pas que c'est de la défensive stratégique, c'est à dire déjà la GPP. En Italie, qui a connu une décennie et demi de lutte armée de niveau quasi irlandais, ça ne passe pas... On attend quelques années "de voir", mais au bout d'un moment le recrutement se tarit, l'accumulation de forces (justement) tant quantitative que qualitative ne se fait pas.

    Et c'est aussi ce qui conduit à sacraliser les "axes" ("fronts") d'un Plan Général de Travail qui est un plan de phase préparatoire, et non de GPP lancée. À ne pas voir le problème quand ça se déséquilibre et que le "front" le plus incrusté dans la légalité bourgeoise, puisqu'il s'agit d'intervenir dans ses mises en scène électorale, devient disproportionné ; que d'une agit-prop autour de candidatures générées (pourquoi pas) on passe à "voter et faire voter" pour des candidats bourgeois (des "marionnettes" du "petit théâtre"...) ; et ainsi de suite.

    C'est le résultat d'une conception selon laquelle le début de la GPP, c'est la naissance du Parti ; et donc tout ce que fait le Parti est de la GPP.


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  • ... puisqu'il est à la tête d'un État semi-colonial (et de surcroît Prison des Peuples) fasciste, né sous sa forme actuelle en 1920-23, qu'il a simplement "pris" pour le faire fonctionner à son compte, celui de la fraction bourgeoise qu'il représente et celui de ses ambitions de grandeur personnelles. C'est, d'un point de vue matérialiste, mathématique.

    Mais l'HITLÉRISATION fog-erdogan-est-il-un-nouvel-hitler d'un dirigeant semi-colonial... parmi 150 autres (puisque TOUS les États semi-coloniaux sont quelque part fascistes, la "démocratie" bourgeoise, si tant est qu'elle existe vraiment quelque part, ne PEUT PAS y exister - Mariátegui) ; sortant d'une analyse matérialiste scientifique des choses pour entrer dans le nouvel "internationalisme" humanitaro-moral mise-a-mort-internationalisme-proletarien ; c'est tout aussi mathématiquement le signe que quelque chose se prépare.

    Quelque chose que nous avons (parmi les seuls) expliqué ici turquie-kurdistan-elections-anticipees-l-heure-de-verite-approche et ici voila-ca-y-est ; et que s'apprêtent à appuyer joyeusement tous les néo-menchéviks rojavalâtres de la planète (lire tous les articles ici : recapitulatif-articles-rojava, en particulier celui-ci la-question-de-rojava-est-devenue-un-enjeu-ideologique-international ou celui-là rojava-encore-un-article-interessant qui n'est pas de nous mais pose très bien les choses, vues tout particulièrement "de l'intérieur" d'un ultra-gauchisme occidental hégémoniquement rojavamaniaque).

    Erdogan n'est ni plus, ni moins un fasciste que Bachar el-Assad. En ce sens, MILLE révoltes populaires y compris ARMÉES contre lui sont sur le principe tout à fait légitimes.

    La Turquie est d'autre part un pays où, de longue date d'ailleurs (vous savez, du temps où régnait la "laïcité" que nos menchéviks œuvrent à ramener au pouvoir...), existe dans certaines régions une GUERRE POPULAIRE guidée par le marxisme-léninisme-maoïsme ; de basse intensité certes, car la Guerre populaire est ainsi : elle n'a d'intensité que celle que ses bases rouges populaires, l'appui franc et sincère des masses, lui donnent ; et elle ne se met pas à la remorque d'une fraction bourgeoise ou d'une autre pour s'en donner artificiellement plus.

    Mais L’INGÉRENCE IMPÉRIALISTE (la "révolution colorée") dans ce genre de contradictions internes à un pays, c'est la garantie ou du moins la forte possibilité du même chaos qu'en Syrie : la GUERRE CIVILE RÉACTIONNAIRE qui jette travailleurs contre travailleurs pour des projets politiques qui ne sont de leur intérêt ni d'un côté ni de l'autre.

    En l'occurrence, comme nous l'avons expliqué : fascisme kémalo-"güleniste" "turc blanc" contre fascisme erdogano-loup-gris "turc noir" ; alignement géopolitique total sur l'Occident vs tropisme plus "asiatique" et expansionnisme régional "néo-ottoman".

    [Lire : qu-est-ce-que-l-akp et  clarifications-question-erdogan]

    Le second régnant depuis 15 ans dans une dynamique autocratique toujours plus caractérisée et, depuis 2015, le retour de la répression-massacre tous azimuts au Bakur (Kurdistan du Nord) ; le premier... ayant quant à lui régné pendant 80 ans dans des rivières de sang, de la répression des Kurdes (déjà) de Cheikh Saïd, raison (d'ailleurs) de la fuite et de la présence de beaucoup de Kurdes en Syrie, aux massacres du Dersim en 1937-38, et de la junte des années 1970 assassinant atrocement le camarade Ibo et des milliers d'autres à celle du "Pinochet turc" Kenan Evren dans les années 1980 (début, notamment, d'un nouveau conflit au Kurdistan qui fera 40.000 victimes).

    Ni l'un ni l'autre ne sont la voie de la RÉVOLUTION DÉMOCRATIQUE ANTI-IMPÉRIALISTE, seule voie de la Libération des Peuples là-bas comme ailleurs.

    Voilà la responsabilité politique que, devant l'Histoire, les néo-menchéviks porteront demain.

    Ibo réveille-toi, ils sont devenus fous !!

    Erdogan est un fasciste...

    "Son offensive sur l'Algérie" (bombonne de gaz de la fRance) LOL houlà...
    Aurait-on l'impression de comprendre quel est le problème ?


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  • La situation en Italie continue d'illustrer à la (lamentable) perfection l'étau contre-révolutionnaire préventif, garant de la dictature du Capital, dans lequel se débattent désespérément les masses populaires européennes : face à l'"alternative" pourrie, réactionnaire sur toute la ligne, des populismes M5S et leghiste ; voici maintenant le blocage, en mode coup de force institutionnel du Président de la République, des garants de la soumission à la BCE et à la Commission de Bruxelles (elle-même présidée par l'ancien Premier ministre du pays-banque qu'est le Luxembourg) : L'Italie s'enfonce dans une crise politique majeure

    "Non à quelqu'un qui professe la sortie de l'euro. Il en va du respect de l'épargne des ménages" ; a laconiquement lâché le Chef de l’État. En perspective donc, la formation d'un gouvernement d'"affaires courantes" (Carlo Cottarelli, ancien fonctionnaire du FMI...) et de nouvelles élections d'ici la fin de l'année.

    Petite revue de presse sur la situation actuelle - 28/05/2018

    Comme a pu le résumer parfaitement un camarade : "L'UE absout, à tout le moins, les politiques racistes et discriminatoires les plus effroyables (cela on s'en rend compte en effet, des eaux de Lampedusa aux neiges du Briançonnais...), mais elle ne tolère pas qu'on remette en cause la loi d'airain de son dogme économique."

    Ou encore :

    "Quoi qu'on pense de Lega et M5S et de leur alliance  – et on peut sans doute, à part soi, en penser le plus grand mal –, l'expérience italienne démontre à nouveau, s'il était encore besoin après la Grèce en 2015 et, auparavant, les référendums sur la constitution européenne en 2005, que les institutions européennes ne cessent de déjuger la souveraineté populaire. Qu'il faut décidément, dans le cadre des institutions européennes, "bien voter". Ou bien s'attendre à ce que votre vote soit désavoué par des manœuvres dilatoires. Qui peut donc, dès lors, encore croire que ce cadre soit réformable ?

    S'acharner à dire qu'il est réformable, à plaider pour le réformer sans s'interroger, au préalable, sur sa "réformabilité" (et malheureusement s'interroger sur le fait que le nom d'Europe est devenu, pour beaucoup et notamment les classes populaires, le nom d'une forme de dépossession démocratique et économique) c'est se condamner – l'expérience nous le dit une fois de plus, elle a trop été réitérée pour ne pas devenir l'index d'une constante, d'une quasi-loi – à nourrir les forces de désintégration les plus dangereuses et, par un paradoxe qui n'est qu'apparent, saper et détruire les fondements élémentaires du projet européen (la paix, la prospérité, mais aussi et peut-être d'abord la démocratie).

    Après Jean-Claude Junker donc, "il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens" ; voici en effet la déclaration du président de la République italien, Sergio Mattarella, suite à son refus de nommer Paolo Savona, un économiste réputé eurosceptique, comme ministre des finances (et non pas son refus de nommer des ministres issus des rangs, notamment, de la Lega) :

    « J’avais annoncé à M. Conte que j’accorderai une attention particulière à certains ministères. Il m’a présenté une liste que j’ai acceptée en tous points, à l’exception du choix du Ministre de l’Économie. Dans mon rôle de garant, je ne pouvais pas accepter un choix qui aurait pu conduire à la sortie de l’Italie de l’euro et provoquer les inquiétudes des investisseurs italiens et étrangers. »

    Ce jour est un jour noir de plus pour l'Europe, son avenir, et ce qu'avec Jacques Derrida on pourrait appeler son idée."

    Bon, on n'est pas obligé de partager (et nous ne les partageons pas) tous les présupposés et les conclusions sociales-démocrates de cette publication, mais voilà, le tableau de la situation y est bien décrit. Cherchant la porte de sortie à la crise qu'elles traversent (pays des "PIGS" en lourde crise économique depuis la fin des années 2000, pas totalement sous tutelle comme la Grèce mais largement "sous surveillance" de l'UE, de sa Banque centrale et du FMI, gouvernement "technocratique" - Mario Monti - chargé de "redresser la situation" par des remèdes de cheval entre 2011 et 2013), les masses populaires travailleuses se sont tournées vers des formations populistes ; avec pour résultat maintenant le "barrage" institutionnel des "Gardiens du Temple", pouvant s'appuyer en cela sur les craintes (largement fondées par ailleurs) d'un chaos économique et d'un effondrement du pouvoir d'achat et de l'épargne, sans compter celles (à juste titre également) de tous les défenseurs des droits démocratiques, des opprimé-e-s de race et de genre... Situation bloquée, l'ordre règne sous le ciel.

    Il serait presque possible en la matière (dans une certaine mesure) de reprendre notre analyse sur la Turquie, avec ses Turcs "blancs" et "noirs" qui sous-tendent le clivage kémalistes-centre-droit/Erdogan-extrême-droite : les populistes c'est l'Italie "noire", "inculte", "béotienne", le Sud (M5S) comme le Nord (Lega) profonds, marqués soit dit en passant par le plus important tissu de petites et d'auto-entreprises en Europe, hier fan club du "milliardaire parti de rien" Berlusconi ; tandis que c'est l'Italie "blanche", aisée-éduquée, "métropolitaine-mondialisée" qui vote pour le "centre-gauche" des professeurs d'économie européistes et sociaux-libéraux, lequel n'arrive en tête du vote populaire que dans quelques bastions du Centre (Toscane, Romagne), la "Vraie Italie" culturelle (le Nord étant lui la région-capitale économique, et le Sud la "colonie intérieure" etat-bourgeois-contemporain-questions-nationales-luttes-de-classe-italie...), et en dehors de cela... à Milan, Turin et Rome, les grandes métropoles "ouvertes sur le monde". Une opposition devenue le fondement de la vie politique avec le recul général du mouvement ouvrier organisé.

    En attendant, force est de constater que les coups d'État pour installer au pouvoir des Chicago Boys élus par personne (comme Cottarelli) ne sont plus fascistes... mais "antifascistes" (certes pas par souci des millions de personnes qu'un tel gouvernement pourrait opprimer, mais seulement de la "stabilité budgétaire" et de la "crédibilité du pays sur les marchés financiers"). La "petite phrase que Churchill n'a jamais prononcée" ("les fascistes de demain se diront antifascistes") semble être devenue une effarante réalité – doublement, car les populistes évincés vont évidemment hurler au... "fascisme" des européistes, donc se poser eux aussi en "antifascistes" !

    Petite revue de presse sur la situation actuelle - 28/05/2018

    Ici, les choses sont un peu différentes car non seulement le populisme de gauche qui gravite autour de Mélenchon semble (malgré des personnalités comme Kuzmanovic) beaucoup plus loin que le M5S d'une alliance avec l'extrême-droite, mais une telle victoire aux élections législatives ne pourrait que suivre celle d'un-e candidat-e populiste à la présidentielle, sans possibilité donc de blocage de ce côté-là. À voir alors ce qu'il se passerait, car il est bien évident qu'à moins que la FI et/ou le FN aient mis beaucoup d'eau dans leur vin d'ici là, les "partenaires" européens autour de l'Allemagne ne l'entendraient pas plus de cette oreille : on pourrait alors avoir une situation de chaos économique et social s'acheminant vers une guerre civile entre bourgeoisies pro-UE et souverainiste ; avec peut-être une intervention des forces armées (garantes des institutions républicaines), mais celles-ci mêmes sont très partagées entre gros fachos nationalistes et "démocrates"-chrétiens ou "gaullistes sociaux" plus européistes.

    De toute façon, qu'on le veuille ou non, l'économie commande au politique dans le système capitaliste et l'intégration européenne des économies est (sur le continent du moins) désormais totale, rendant pour ainsi dire impossible d'en sortir en claquant la porte : dans une telle situation de victoire populiste souverainiste, sauf à être la Grande-Bretagne et n'en avoir jamais vraiment fait partie, l'hypothèse la plus probable serait donc le rétropédalage et... deux pour le prix d'un, le néolibéralisme sauce bruxelloise PLUS l’État policier décomplexé, youpi (en Grèce où c'est déjà arrivé, mais avec des socedems bon teint alliés à des nationalistes de droite en position très minoritaire, on peut encore dire que ce n'est pas la catastrophe) !

    Bref... On n'y est pas encore de toute façon ; d'ici que de 34% l'année dernière Le Pen atteigne 50-51% (score lui-même garantie de grandes difficultés à gouverner derrière...) dans un scrutin-duel éliminatoire, sans possibilité de combinazione à l'italienne, il y a à notre (humble) avis de la marge (sauf, encore une fois, à avoir mis beaucoup d'eau dans son vin d'ici là).

    EN ATTENDANT, puisqu'on a parlé de Mélenchon (largement au centre de l'initiative), la "Marée populaire" appelée samedi dernier dans plus de 100 villes d'Hexagone s'est avérée être... le genre de tsunami que provoque un pet de sardine ; par exemple ici à Lyon :

    Petite revue de presse sur la situation actuelle - 28/05/2018

    Le fascisme postmoderne dont Jupiter-Macron est littéralement l'archétype, au service du "réajustement" néolibéral du corporatisme Capital-Travail, pourrait effectivement se résumer par cette phrase des Matérialistes.com il y a quelques années : "le fascisme, c'est quand il ne se passe rien" (le problème... c'est qu'ils ont appelé à voter pour lui en mode "antifasciste" à la présidentielle !). C'est un peu le constat de situation qui s'impose à l'heure actuelle.

    La défaite sur les retraites en 2010, puis contre la Loi Travail en 2016, puis contre toutes les politiques de Macron depuis un an, nous a amené inexorablement à la situation de la Grande-Bretagne après Thatcher ou de l'Allemagne après les "réformes" Hartz : un microcosme militant parfois spectaculaire, comme cela a toujours été le cas en Allemagne, et ici avec les "casseurs" et le désormais grandissant "cortège de tête" ; mais DANS LE FOND, dans les masses qui voient leurs conditions de travail et de vie se dégrader jour après jour, il ne se passe rien.

    Sinon parfois les sirènes du populisme, avec au bout du chemin le "barrage" électoral massif de la "raison" démocratique-libérale... et la continuité ; à moins que "ça ne passe" de justesse et alors, coup de force de la "raison" le temps pour le bon peuple d'y revenir lui-même tout doucement.

    Pendant ce temps-là, des gens safe se "déconstruisent". LOL ! Tout va bien...

    Et encore nous ne parlons là (par charité) que des luttes sociales ; et pas de la NULLITÉ ABSOLUE qui règne depuis le début de la décennie (au moins) sur l'ANTI-IMPÉRIALISME, face à des interventions pour garantir les intérêts des monopoles occidentaux qui se sont littéralement démultipliées ; quand cela n'a pas carrément été... un SOUTIEN pur et simple à une telle intervention sous couvert de ses troupes au sol "progressistes" et de la "lutte contre la barbarie (islamo-) fasciste" : en Syrie ! À l'exception de la large mobilisation... des quartiers populaires et des colonies intérieures contre les bombardements israéliens à Gaza en 2014 ; mais avec pour conséquence des torrents de calomnies déversés contre elle : au-cas-ou-il-serait-utile-de-le-preciser - grande-manif-contre-les-crimes-sionistes-a-paris

    La seule chose intéressante (pour y revenir) de cette journée de mobilisation de samedi aura été, à Paris, un "carré de tête" "pimenté" AFAPB-videos-1509898802471781 mobilisant les quartiers populaires autour de l'anticapitalisme mais aussi et surtout de l'anticolonialisme intérieur (antiracisme politique) et de l'anti-impérialisme, sous le flambeau de la Palestine et de la tragique et concomitante actualité là-bas : la-palestine-apres-le-massacre-du-14-mai.

    Une initiative qui aura amené une sorte de "grand remplacement" (LOL !) dans le désormais traditionnel cortège de tête ; avec d'un côté une population nouvelle et de l'autre un boycott des habituels gauchistes petits-bourgeois blancs de merde, qui nous ont pondu ce texte : pas-dantisemitisme-ni-dans-les-corteges-ni-dans-les-tetes (ici "pour archives" au cas où  : lignes-de-cretes.pdf).

    Enfin bon... "Sans nous", boycott, pour le moment (on n'a donc "pas vu" les auteur-e-s de ce misérable torche-cul, c'est logique) ; mais si la dynamique illustrée par ce "carré de tête" des quartiers populaires devait continuer à monter en puissance, ce pourrait être la prochaine fois "hors de nos luttes, hors de nos vies"... autrement dit un appel à ATTAQUER PHYSIQUEMENT ce genre de cortège.

    Car ce à quoi nous avons affaire ici, c'est bel et bien à des SA ; des néo-SA "philosémites" de la défense du monopole petit-bourgeois blanc sur le militantisme "radical", et de la nullité en matière d'anti-impérialisme (dont l'antiracisme politique n'est qu'un prolongement comme anticolonialisme intérieur) secret de l'impuissance des luttes de classe en métropole.

    Il sera facile de dire que ces gens-là "sont ultra-minoritaires", "ne sont pas là", "n'existent pas" (ben oui, logique si pour le moment leur politique est le boycott quand les "communautaristes antisémites" se ramènent) ; mais la réalité, c'est que dans une telle action ils seraient en mesure de mobiliser derrière eux 25 ou peut-être 30% d'un cortège de tête ou d'un black bloc disons "classique".

    À moins que, n'ayant effectivement pas le rapport de force, ce soient la LDJ ou tout simplement les flics qui s'en chargent ; mais nos gauchistes se chargeront alors du nerf essentiel de la guerre aujourd'hui, le "soldat opinion", autrement dit (comme déjà en 2014) de mobiliser la gauchisterie contre les réprimé-e-s en les couvrant de calomnies et les faisant passer pour l'agresseur "fasciste".

    Tout le génie de la contre-révolution préventive de notre époque, c'est que désormais la première ligne de police politique est INTERNE au milieu militant "radical". En Mai 68 il y avait 50 courants, et certains étaient de la grosse merde de notre point de vue, et réciproquement, nos ancêtres de la Gauche prolétarienne étaient des grosses merdes du leur. Mais en dehors des véritables flics infiltrés (il y en avait), PERSONNE ne jouait un véritable rôle de flics, de police politique interne au mouvement comme aujourd'hui. C'est ce qui a changé ; c'est l'évolution, la quintessence de la contre-révolution préventive...

    Puisque l'on a beaucoup parlé ici de coup de force, nous pourrons terminer en évoquant la Catalogne ; où le Régime néofranquiste de 1978 poursuit le blocage et maintient l'article 155 (mise sous tutelle de la "communauté autonome") au prétexte que la nouvelle Generalitat ne lui plaît pas et compte (encore une fois) des ministres emprisonnés ou poursuivis et en exil : nomination-gouvernement-catalan-empeche-maintient-le-155 coup-detat-juridique ; tandis que dans le même temps se déchaîne une campagne... "progressiste au service de l'ordre" catalogne-enjeux-radicalisation-reactionnaire-des-independantistes centrée sur la personnalité du nouveau Président (finalement) élu Quim Torra, pour des propos "racistes anti-espagnols" qui relèvent certes d'un aspect du nationalisme bourgeois catalan particulièrement déplorable et que nous combattons (le côté "du Nord", "européens" contre le Sud "tiers-mondiste", "arriéré", "fainéant" de la Péninsule...), mais qui n'ont rien d'exceptionnels ni de nouveaux dans ce courant politique (y compris dans sa version "de gauche" ERC) et ne sont pas forcément beaucoup plus graves que les salutations de Puigdemont... à Israël pour son 70e anniversaire, qui n'ont semblé par contre (en dehors de la gauche radicale indépendantiste) déranger personne ! Une campagne relayée jusqu'au Parlement européen par... les Macron locaux, Ciutadans ciudadanos-traduce-textos-torra-parlamento-europeo ; par ailleurs en train d'essayer d'embaucher... Manuel Valls pour la mairie de Barcelone parti-extreme-droite-ciudadanos-propose-manuel-valls-candidat-barcelone et sans doute trop heureux de faire oublier ainsi leur (pour la plupart) pas-si-lointain passé franquisto-phalangiste.

    Là encore, c'est à une "loi d'airain" du Système Europe (l'intégrité inviolable des États membres, comme gardes-chiourmes "sûrs" de la force de travail) que l'on a affaire... sauf que bon nombre à la "gauche de la gauche" ne l'ont pas compris (par contre), et persistent à voir la "balkanisation" comme une "arme de Berlin et Bruxelles".

    Voilà le panorama de ce que peut nous inspirer la situation. Défaitiste ? L'on pourrait être tentés de le dire.

    Mais NON, car la révolution, le Sens de l'Histoire inexorable vers le communisme, ne connaît pas la "défaite" : seulement des détours.

    La situation que nous avons sous les yeux, est justement une situation de laquelle il n'y a de porte de sortie que la RÉVOLUTION ; et pour cela les révolutionnaires, les luttes de classe sous toutes leurs formes particulières (libérations nationales, libération antiraciste politique des colonies intérieures) doivent entrer en RÉORGANISATION GÉNÉRALE.

    Ce qui certes, nous assumons de le penser, passe aussi par des politiques de TOLÉRANCE ZÉRO vis-à-vis de ce qui dans la "gauche radicale" forme les trois mâchoires en étau de la contre-révolution préventive 1 - 2 - 3 - 4 (dogmatisme sectaire, mouvementisme antipolitique et ultra-gauchisme plus ou moins postmodernoïde) ; et qui représente possiblement un bon tiers de ses troupes à la gauche de Mélenchon et du vieux PCF (évidemment et hélas nettement plus en incluant ceux-ci, les Verts ou encore le hamonisme, c'est-à-dire la social-démocratie proprement dite). À commencer par le genre d'auteurs de l'ignoble attaque "philosémite" contre le "carré de tête" parisien du 26 mai ; ou encore les projecteurs de fantasmes gaucho-impérialistes sur Rojava... mais la liste est encore bien plus longue.

    Petite revue de presse sur la situation actuelle - 28/05/2018


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  • ... c'est une division du peuple orchestrée par la contre-révolution du Pouvoir et de l'impérialisme.

    C'est comme les paysans bretons écrasant les Communards parce qu'on leur avait dit que c'étaient des "sans Dieu" et qu'ils allaient leur confisquer leurs 4 chèvres, 3 cochons et un pommier ; alors que leur intérêt réel était d'être à leurs côtés.

    C'est la fitna injectée dans ce qui devrait, pour tous les révolutionnaires démocratiques anti-oligarchie et anti-impérialistes, être l'alliance naturelle ; ouvrière - paysanne - prolétaire informelle - intellectuelle révolutionnaire ; et non celle avec les libéraux "progressistes" bourgeois larbins de l'Occident (lire ici l'excellent Joseph Massad : hypotheses.org).

    Ne pas se laisser faire, riposter aux attaques bien sûr ; mais toujours avoir cela à l'esprit ; et avancer en gagnant le cœur des masses pour lesquelles Dieu n'est en réalité que le nom antique du matérialisme dialectique (Diamat), du mouvement dialectique de la matière et du Sens de l'Histoire, et tel le mot d'ordre sur lequel les masses d'Asie centrale se mobilisaient dans l'édification du socialisme soviétique, le communisme "est l'accomplissement des prophéties coraniques" (ou bibliques), rien d'autre que le nom scientifique que nous mettons désormais sur la Fin des Temps des anciens textes sacrés... Des masses, autrement dit, 100 fois plus proches d'un communiste que d'un libre-penseur bourgeois chantre de l'individu et pensant qu'il n'y a rien au-dessus de lui, que l'Histoire humaine ne va nulle part, que seule compte la réalisation individuelle etc. etc.

                         Les islamistes et les communistes qui se frappent dans les pays arabes/musulmans...Les islamistes et les communistes qui se frappent dans les pays arabes/musulmans...

    Religion et révolution : un texte essentiel de 2021


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  • http://collectifantiguerre.org/spip.php?article99&lang=fr

    Mort suite à des violences policières le 19 juillet 2016, Adama Traoré, a laissé derrière lui une famille qui se bat pour la vérité et la justice autour des conditions de son décès. La réponse du pouvoir est celle du harcèlement et de la persécution : quatre de ses frères sont ou ont été emprisonnés – avec défense même de revenir à Beaumont-sur-Oise –, sa mère a été inquiétée à plusieurs reprises, et de nombreux jeunes de son quartier sont réprimés, voire jetés en prison. Une grande manifestation organisée en juillet 2017 a vu le déploiement d’un dispositif policier très soutenu avec l’usage de drones de surveillance, de barrages et une forte présence militaire sur son parcours de Persan au quartier de Boyenval à Beaumont-sur-Oise.

    Cette forme combinée de l’intimidation policière et militaire s’est déployée de manière significative lors d’un événement familial dans le quartier de Boyenval à Beaumont-sur-Oise le 28 avril dernier (un après-midi boxe avec les enfants du quartier, en mémoire d’Adama, avec entre autres la championne du monde Aya Cissoko et de nombreux habitants des quartiers voisins). Le déploiement militaire des troupes armées de Sentinelle Vigipirate, accompagnées d’un véhicule de la gendarmerie, a succédé aux multiples passages des forces de l’ordre en patrouille (sept véhicules en quatre heures d’événement). Sept militaires se sont déployés sur le terrain même où les enfants s’initiaient à la boxe, dont cinq aux extrémités et deux à l’approche.

    Le Collectif Ni guerres ni état de guerre dénonce cette intervention ainsi que le cadre sécuritaire permettant ces débordements.

    Le Collectif dénonce :

    * La répression policière à laquelle s’ajoute le déploiement militaire comme moyen d’intimidation.

    Il apparaît ici que la police et la gendarmerie peuvent appeler en renfort les troupes armées de l’opération antiterroriste Sentinelle. Les relations déjà tendues entre la préfecture et les habitants des quartiers populaires, spécialement ceux issus de différents vagues d’immigration, prennent un tour nouveau. Qu’un parc accueillant des gamins pour un tournoi de boxe soit considéré comme un territoire « sensible », objet de « menace terroriste », en dit long sur la volonté de contrôle et d’intimidation exercée à l’encontre d’une partie de la population.

    * La prétendue « mission de protection des populations » promue par l’armée et soutenue par les médias.

    Le ministère des Armées estime normale la présence des militaires de l’opération Sentinelle lors de tout rassemblement de population (et sans que celle-ci ne le demande) afin de « renforcer la protection des participants contre une éventuelle menace ».

    L’intervention infondée du 28 avril est scandaleuse et gravissime : elle montre que l’état d’urgence est entré dans la vie quotidienne, en visant avant tout les populations racialisées. L’état d’urgence, l’état d’exception, devient la norme après la loi de « sécurité intérieure » d’octobre 2017.

    C’est pourquoi le Collectif Ni guerres ni état de guerre appelle à dénoncer vigoureusement cet « état normal » où l’armée est omniprésente et à soutenir les initiatives et la lutte des proches d’Adama Traoré.

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/familletraore-a127789340

    https://www.facebook.com/notes/la-verite-pour-adama/communique-du-28-mars-appel-pour-bagui-traore-le-25-avril-2017-a-versailles/257854624625043

    Adama Traoré, la répression de la police, le déploiement de l’armée et la justification anti-terroriste


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  • "Il nous faut aussi préciser le concept de «Culture Occidentale». Pour nous ce concept n'est pas scientifique, mais raciste. La Société capitaliste a voulu l'imposer au monde pour camoufler la réalité du mouvement de l'Histoire. Mais pour le rejeter, nous devons le vider de son contenu. Ici, donc, et pour nous, le concept de «Culture Occidentale» est pris pour ce qu'il est, à savoir la Culture de la Société Capitaliste, telle qu'elle a émergé depuis la Renaissance, et telle qu'elle prétend aujourd'hui régenter le monde.

    Sous cet angle, le marxisme n'est pas partie de la Culture Occidentale. Il en est la négation. Si aujourd'hui il apparaît, notamment pour beaucoup de ceux qui sont encore sous le joug, direct ou indirect, de l'impérialisme et de ses formes d'expression culturelle, comme faisant partie de cette Culture Occidentale, c'est que les courants marxistes actuellement dominants qui ont émergé de ce monde capitaliste n'ont pu se désaliéner complètement de la Culture acquise et n'ont pas poussé jusqu'au bout et dans tous les domaines la négation des structures du monde capitaliste et de sa Culture. Une des conséquences en est l'ignorance, sinon le mépris, de la part de ces courants, des problèmes du monde colonial et ex-colonial."

    Abraham Serfaty

    http://www.lehman.cuny.edu/deanhum/langlit/french/souffles/s12/3.html

    Deux paragraphes d'un grand monsieur, qui expriment ce que nous avons toujours cherché à dire


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  • "Le 7 novembre 1915, dans les territoires du Sud contrôlés par sa guérilla, Zapata fit promulguer une Loi du Travail qui prévoyait la journée ouvrée de 8 heure, l'interdiction du travail pour les moins de 14 ans, la gestion des fabriques par des coopératives de travailleurs, le salaire minimum garanti etc. Une telle législation naissait du cœur même de la révolution paysanne, de matrice indigène communaliste. C'est à dire que, par définition, elle ne s'inscrivait pas dans l'optique urbaine, différente, de la COM [Casa del Obrero Mundial, "Maison de l'Ouvrier Mondial", le grand syndicat révolutionnaire anarcho-syndicaliste de l'époque] et par voie de conséquence, dans son autonomie formative, ne prenait pas en compte des revendications telles que le contrôle des propriétés étrangères, l'égalité de traitement et de salaire entre travailleurs mexicains et étrangers [étrangers c'est à dire immigrés... européens, pour l'essentiel à l'époque, formant généralement le gros des troupes anarcho-sydicalistes ou socialistes révolutionnaires dans tous les pays d'Amérique latine, et dont on peut par ailleurs se demander si l'"inégalité de traitement" était vraiment en leur défaveur...], le droit de grève ou encore un statut protecteur pour les syndicats. Toutes choses qui, naturellement, faisaient partie du bagage de la COM.

    Il ne fait aucun doute que les deux programmes auraient aisément pu converger et se compléter, si seulement la COM l'avait demandé, mais... il y avait un "mais", qui allait avoir un poids déterminant pour la suite des évènements : la majorité des zapatistes cultivaient des sentiments RELIGIEUX, et dès lors... les jeux furent faits !

    La funeste conclusion de cela fut en effet qu'entre l'alliance avec ceux qui étaient des révolutionnaires intransigeants, mais non-athées, et celle avec la bourgeoisie capitaliste agraire et urbaine représentée par Carranza, le purisme athéiste anarchiste de la majorité des membres de la COM choisit cette dernière ! Et c'est ainsi que mûrit une opposition, y compris sanglante, entre le mouvement ouvrier organisé et les paysans révolutionnaires.

    Certes ce choix ne fut pas digéré par tous, comme on put le voir lorsque – Carranza ayant fui la capitale, et Villa et Zapata y ayant fait leur entrée – les adhérents de la COM se divisèrent en trois groupes ; la majorité restant avec Carranza, une grande partie de la minorité se ralliant à Villa et le reste à Zapata, parmi lesquels Antonio Díaz Soto y Gama et Luís Méndez.

    En réalité, ce fut Carranza qui se servit de ses nouveaux et temporaires alliés anarcho-syndicalistes : en échange de leur aide militaire (vitale pour lui) contre Villa et Zapata, il leur laissa les mains libres dans l'organisation du travail, ce qu'il pourrait de toute façon révoquer une fois consolidé son pouvoir. Les anarcho-syndicalistes alliés de Carranza formèrent ainsi les bien connus "Bataillons Rouges", qui participèrent à de nombreuses batailles contre les zapatistes dans les alentours de la capitale."

    https://www.anarkismo.net/article/50

    Ce que nous avons là peut paraître "incroyable"... mais n'est en réalité rien de plus que la NORME de la gauche radicale blanche ; car c'est ce que la COM était, d'esprit du moins (cofondée par des exilés de la CNT espagnole, liée à l'"École rationaliste" etc. Casa-del-Obrero-Mundial). Elle fera toujours bloc avec "sa" bourgeoisie blanche contre le "sauvage", le "basané", l'indigène... et le TONNERRE de son soulèvement armé de masse ; sous n'importe quel prétexte et en particulier celui de l'"arriération" ou de l'"obscurantisme" de ce dernier...

    C'est pourquoi nous ne sommes pas de gauche, pas même radicale ; ni de droite ni de gauche, mais MARXISTES ; car comme l'expliquait le grand Abraham Serfaty un-grand-monsieur :

    "Le concept de «Culture Occidentale» est pris pour ce qu'il est, à savoir la Culture de la Société Capitaliste, telle qu'elle a émergé depuis la Renaissance, et telle qu'elle prétend aujourd'hui régenter le monde. Sous cet angle, le marxisme n'est pas partie de la Culture Occidentale. Il en est la négation. Si aujourd'hui il apparaît, notamment pour beaucoup de ceux qui sont encore sous le joug, direct ou indirect, de l'impérialisme et de ses formes d'expression culturelle, comme faisant partie de cette Culture Occidentale, c'est que les courants marxistes actuellement dominants qui ont émergé de ce monde capitaliste n'ont pu se désaliéner complètement de la Culture acquise et n'ont pas poussé jusqu'au bout et dans tous les domaines la négation des structures du monde capitaliste et de sa Culture."

    À bas les sales indigènes "racialistes" et "christiano-gauchistes"... LOL ! Ça ne vous rappelle rien ? Pour certaines choses, l'Histoire semble un éternel bégaiement...

    [Un camarade fait valoir que ce serait plutôt une question d'idéalisme anarchiste, qui va faire avec (parfois) un "brin de mépris" de l'"aliénation religieuse" l'ennemi principal ; citant l'exemple de la lutte principalement anti-religieuse de la CNT-FAI dans l’État espagnol. Nous ne pensons cependant pas que l'on puisse comparer hâtivement ainsi, et ce faisant, écarter du panorama la problématique du racisme et de la "blanchité" du "prolo" blanc ou "blanchi" face aux indigènes sur un  continent colonisé.

    Il est vrai que dans tous les pays européens à la fois industrialisés et très ruraux, il y a eu une tendance à faire de la classe ouvrière une "promotion sociale", méprisant le "cul-terreux arriéré" et s'enchaînant ainsi à la bourgeoisie "progressiste" ; tandis que de l'autre côté le "cul-terreux" la considérait comme une bande de connards hautains, et répondait toujours présent pour enfiler un uniforme et aller la réprimer. Gramsci en parle dans sa Question Méridionale marxists.org gramsci, avec le cas d'une grève à Turin et d'un berger sarde envoyé comme soldat pour la réprimer, qui rencontre un autre Sarde (ouvrier) et discute avec lui, et lui explique que pour lui les ouvriers sont des "messieurs qui gagnent 30 lires par jour" alors que lui, "1 lire et demi au maximum"... Ou encore le cas de "Brest la rouge", l'ouvrière, qui ne parlait pas breton et méprisait les culs-terreux bretonnants de l'arrière-pays. Les instituteurs "hussards noirs" de la Républiiiique, tous "de gauche" voire "socialistes" et même plus tard "communistes", venant "civiliser" nos campagnes et bourgades de "province" souvent opprimées nationales (ou du moins "patoisantes" d'oïl) à coups de "bon français", de morale républicaine tricolore et de "tu seras soldat" ; et les paysans le leur rendant bien en grossissant les rangs de la droite conservatrice – oui, bien sûr, le racisme colonial "civilisateur" n'a finalement jamais été qu'une version "radicale", dans la sous-humanisation des peuples, de cela. Ceci a longtemps (jusqu'à la quasi-disparition des paysanneries) été une arme lourde de contre-révolution préventive.

    Mais justement, cela ne s'applique pas trop à la CNT-FAI espagnole qui est au contraire largement sortie de ce schéma, avec une large base paysanne ; en fait, la seule organisation de l'époque faisant vraiment que dans des régions entières les paysans n'étaient pas unanimement cléricaux et conservateurs. Là, la question a plutôt été celle d'une quadrature du cercle entre combattre une Église première propriétaire foncière du pays, et ne pas heurter le sentiment religieux des petites gens et les offrir sur un plateau aux franquistes. Pas évident... Mais il n'est pas sûr que l'on puisse dire qu'ils l'ont si mal fait que ça et partout, sinon les franquistes n'auraient pas mis 3 ans avec des moyens militaires colossaux pour conquérir les zones républicaines. Au Mexique en revanche, depuis les Lois de Réforme de Benito Juárez (1858-72), il n'y avait plus de grande propriété foncière de l’Église : comme ici avec la Révolution bourgeoise dans les années 1790, elle avait été mise en vente et rachetée par de riches propriétaires séculiers ("réforme" détruisant par la même occasion la propriété collective paysanne indigène...). Les choses était donc très différentes ; l’Église n'était plus une force sociale exploitant directement les paysans, et cet argument ne pouvait pas être invoqué.

    Par contre, puisque l'on parle de la CNT-FAI, la COM a largement été créée en liaison avec des exilés anarchistes espagnols. En fait, TOUT l'anarchisme comme d'ailleurs le marxisme en Amérique latine a été importé ainsi ; se liant, une fois sur place, d'abord à des éléments "progressistes radicaux" (et souvent "libres penseurs", dans une logique d'"éducateurs anti-obscurantistes" du peuple) de la petite bourgeoisie blanche ou "claire". Ensuite, il a été assimilé et a donné de grandes choses ; mais dans un premier temps, que ça nous plaise ou non, ça a posé un problème de blanchité (qui est effectivement un idéalisme, puisque pas l'intérêt matériel réel du "Blanc de peu", mais voilà...) chez ces premiers noyaux de cadres tout droit venus d'Europe ou principalement euro-descendants locaux. Cette affaire du Mexique en est une illustration : les anarcho-syndicalistes ont préféré (en majorité) faire bloc avec l'oligarchie blanche, sous prétexte que les zapatistes étaient religieux (une religiosité assez peu catholique en réalité, plutôt syncrétique avec les croyances indigènes pré-coloniales) ; mais en réalité, surtout parce que c'était un soulèvement indigène ou métis à dominante indigène vu comme "des sauvages" (donc "forcément" obscurantistes et "à la botte des curés" - qui comme souvent dans les soulèvements paysans, pour les petits curés de campagne du moins, avaient en effet tendance à se solidariser de leurs paroissiens).

    Mais on peut le retrouver encore plus tard, et dans le marxisme-léninisme. Vittorio Codovilla était un immigrant italien, dirigeant du Parti communiste d'Argentine et de fait superviseur du Komintern pour toute l'Amérique du Sud, qui a rejeté les thèses de Mariátegui indigenisme-marxiste-mariategui en les renvoyant à du "populisme russe". Sauf qu'aujourd'hui... Mariátegui est une pensée politique dont très au-delà des "gonzalistes" (maoïstes) nous ne pensons pas qu'il y ait un courant anticapitaliste et anti-impérialiste sur le continent, "stalinien" ou anti-stalinien, qui ne s'en réclame pas ; tandis que Codovilla, lui par contre, est resté dans (les poubelles de) l'histoire comme le dirigeant d'un des PC à l'opportunisme le plus pourri, jusqu'au soutien à des coups d’État (contre Perón) etc., de tout celui-ci.

    C'est ce qu'explique Serfaty : le marxisme ne fait pas partie de la "culture occidentale", il en est la NÉGATION. Mais LES MARXISTES c'est autre chose ; et lorsqu'ils arrivent d'Europe sur un continent colonisé, c'est souvent laborieux pour qu'ils se dégagent intellectuellement de la "culture occidentale", "tuent le Blanc" en eux comme qui dirait...]

    À bas les sales indigènes "racialistes" et "christiano-gauchistes"... LOL ! Ça ne vous rappelle rien ? Pour certaines choses, l'Histoire semble un éternel bégaiement...


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  • Ce qu'il se passe, c'est que le dispositif total de contre-révolution préventive post-Guerre froide a fini par réussir à substituer au traditionnel clivage entre droite et gauche bourgeoise, conservatisme libéral et réformisme social, un nouveau prétendu clivage entre "ceux d'en haut" et "ceux d'en bas", entre consensus néolibéral incarné en Europe par le droit communautaire, et mouvements populistes.

    Et ce clivage représente pour les masses populaires un piège ENCORE PLUS mortel que celui d'avant car, comme on a déjà pu le voir en Grèce et maintenant en Italie, une éventuelle alliance des populistes "de gauche"... et de droite est la GARANTIE d'une tranquilité TOTALE pour les intérêts (précisément) de "ceux d'en haut", tant la culture politique forgée par ce populisme est TOTALEMENT étrangère à celle du mouvement ouvrier dont la gauche bourgeoise d'hier était (en partie du moins) issue.

    Syriza-ANEL hier en Grèce, M5S-Lega aujourd'hui en Italie ; le FASCISME MODERNE a désormais atteint la quintessence de son dispositif d'emprisonnement : lorsque les populistes "de gauche" ne livrent pas leur électorat au consensus néolibéral pour "faire barrage à l'extrême-droite" (comme Mélenchon l'année dernière)... ils s'allient avec elle.

    Il ne reste plus d'autre porte de sortie à ce cadenassage que la Guerre du Peuple, dans une autonomie garantie par la conception communiste du monde qu'il nous appartient de diffuser autour de nous.

    https://www.franceinter.fr/monde/italie-les-futurs-dirigeants-demandent-a-la-france-de-se-meler-de-ses-affaires

    Après la Grèce, l'Italie


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  • [Nous ne partageons bien sûr pas toute l'analyse et notamment la foi en le PCV, certes l'un des "moins mauvais", des "plus ML" PC historiques encore existant dans le monde à ce jour, mais à notre avis incapable d'assurer le "dépassement" dont il est question ici, comme en témoigne sa stratégie essentiellement électorale. Mais sinon, dans les grandes lignes, globalement OK... Disons qu'en remplaçant "stratégie du PCV" par "construction d'un authentique PC révolutionnaire (pourquoi pas à partir d'une "fraction rouge" dans le PCV, oui !) et Guerre populaire", on aurait à peu près exactement notre point de vue.]

    Je crois qu'il y a beaucoup de camarades qui ne voient pas la portée des événements au Venezuela, je vais donner mon avis sur les enjeux derrière l'élection d'hier. J'aimerais que les camarades intéressés par la question lisent jusqu'à la fin et qu'ils donnent leurs avis en commentaires.

    Avec la victoire de Maduro d'hier, le mouvement révolutionnaire vénézuélien a effectivement remporté une victoire. Mais ne nous emballons pas, c'est une victoire très immédiate et qui ne garantit en rien le futur du mouvement même dans le court terme.

    [Le mouvement révolutionnaire, oui, au sens d'activité réelle des masses populaires dans le sens du socialisme, telle qu'elle s'exerce depuis 1999 sous l'aspect capitaliste-bureaucratique modernisateur et montée et intégration d'une nouvelle bourgeoisie émergente à la bourgeoisie bureaucratique-compradore, qu'a aussi le "bolivarisme" : discussion-sur-la-gauche-en-amerique-latine-et-la-bourgeoisie-bureaucr retour-situation-amerique-du-sud - etats-bolivariens-notre-position ; lire aussi ces textes de militants marxistes-léninistes (guévaristes) locaux : venezuela-besoin-veritable-revolution - nouveaux-textes-guevaristes-venezuela

    Une réalité populaire révolutionnaire que peut décrire jusqu'à un libertaire comme Ciccariello-Maher ici (expliquant comment les libertaires y compris locaux, et encore plus ceux qui se basent sur leurs analyses en Occident n'ont "rien compris"... mais il serait possible d'en dire autant de bon nombre de maoïstes, y compris du continent et tout à fait respectables par ailleurs, qui tendent à s'arrêter au "spectacle" pseudo-révolutionnaire populiste de la bourgeoisie bureaucratique et à ne pas voir la réalité populaire "dessous", celle-là même qui a en fait poussé des fractions de la bourgeoisie à ce "spectacle" caudilliste de gauche) : La-commune-au-Venezuela-et-les-luttes-pour-la-decolonisation.pdf]

    1) La bourgeoisie commerciale et financière vénézuélienne et l'impérialisme américain et européen ne comptaient pas sur les élections d'hier pour retourner au pouvoir et écraser les conquêtes du mouvement commencé en 1999. Le boycott et la dénonciation des élections, dont l'ingérence impérialiste est une composante fondamentale, sont la première phase de la stratégie réactionnaire. Ils ne présentaient aucune candidature à la hauteur de Maduro, la victoire de ce dernier fait donc paradoxalement partie tant de la stratégie du mouvement révolutionnaire que du mouvement réactionnaire. La suite de la part de ce dernier est le déclenchement d'un soulèvement et potentiellement d'une guerre civile avec intervention militaire impérialiste pour détruire le mouvement révolutionnaire.

    Donc le mouvement révolutionnaire n'a pas remporté une victoire stratégique, tout simplement car il n'y a pas eu de bataille, l'armée adverse refusant de batailler sur le terrain que le mouvement révolutionnaire lui avait proposé. La vraie bataille stratégique est donc à venir et l'impérialisme, ayant sauvegardé ses forces des dégâts qu'une vraie défaite électorale hier aurait supposés, réalisera sa vraie offensive dans pas très longtemps sous la forme d'un soulèvement fasciste à grande échelle. Le camp révolutionnaire de son côté, nécessitait une large victoire hier qui s'est effectivement produite.

    2) Quand je dis "mouvement révolutionnaire" je ne parle évidemment pas que du PSUV de Chávez et Maduro. Je parle du mouvement révolutionnaire permanent (pas au sens trotskiste, encore heureux) provoqué par les contradictions de classes dans le capitalisme qui a commencé comme révolution démocratique en 1999 et qui doit se transformer en révolution prolétarienne. Le Venezuela étant jusque là, et encore aujourd'hui à cause de la configuration de son économie dépendante des grandes concentrations de capitaux étrangers, un pays sous le joug de l'impérialisme, cette révolution démocratique était nécessaire. Alors, pas d'analogies fastoches en France sur une soi disant "révolution nationale" ou "refondation du CNR".

    Le mouvement révolutionnaire trouvait, en 1999, sa meilleure expression dans le parti national-démocratique de Chávez (MVR d'abord et ensuite PSUV), un mouvement d'inspiration petite-bourgeoise qui visait à mieux distribuer les rentes pétrolières parmi la population. Mais bien entendu, cette position ne prévoyait pas le dépassement des logiques capitalistes de propriété, production et accumulation. Il s'est limité à dévier les rentes du pétrole vers les services à la personne, qui ont bien entendu amélioré pendant quelques années le niveau de vie de la population, notamment des secteurs les plus appauvris. Mais ce, au prix de la formation d'une bureaucratie pétrolière d'État issue de la gestion publique capitaliste des rentes pétrolières sans ancrage dans les organisations populaires et ouvrières. Cette bureaucratie est devenue alliée de l'armée, profondément chaviste, et forme aujourd'hui le gros des secteurs dirigeants de la structure de l'État bourgeois au Venezuela.

    Pendant les premières années de la révolution démocratique, la bourgeoisie a opté pour une stratégie conventionnelle de communication de masses + reprise du pouvoir par la voie électorale, qui lui a très bien servi dans des cas similaires dans le continent. Mais au Venezuela la révolution démocratique s'est montrée plus forte qu'ailleurs, gagnant une après l'autre la plupart des élections. Les méthodes de la bourgeoisie commerciale et financière se sont ainsi durcies surtout après la très suspecte mort d'Hugo Chávez en 2013 : boycott économique interne, étranges mafias qui accumulent et spéculent massivement avec les produits basiques importés et la monnaie, blocage commercial et politique impérialiste, politique agressive de prix du pétrole de la part des pays de l'OPEP.

    Le gouvernement du PSUV, profondément marqué par l'alliance des forces sociales (bureaucratique-militaire) sur laquelle il base son existence, ne peut pas donner de solutions au bordel économique provoqué par ces mouvements de la bourgeoisie commerciale et financière étroitement liée à la bourgeoisie monopoliste des pays impérialistes. Ces secteurs dominants dans l'État tirant leur existence des logiques capitalistes de production et accumulation, ne peuvent donner que des solutions capitalistes à des problèmes créés par la bourgeoisie sur la même logique capitaliste. La misère et la pénurie s'installent dans la population face à un gouvernement impuissant.

    3) C'est ainsi qu'on arrive à la situation où on est aujourd'hui. Les contradictions au sein du mouvement se font sentir, la direction du PSUV s'affaiblit. Ses alliances avec les autres partis (dans le Grand Pôle Patriotique Simón Bolívar) deviennent des instruments électoraux à son profit et non des instruments de coordination entre les forces anti-impérialistes. À l'intérieur du PSUV, des secteurs de droite commencent à prendre des positions de plus en plus hésitantes et à agir dans l'ombre pour des concessions à l'impérialisme. Ainsi, après une année de contrôle absolu des structures de l'État par le PSUV, le bilan est extrêmement mitigé : pas de contre-offensive générale contre une droite fasciste atomisée et désorientée après la tentative de coup d'État du printemps 2017 qui a coûté la vie à une quarantaine de personnes, pas de mesures fortes contre la pénurie capitaliste, délaissement de structures productives propriétés de l'État, répression dans certains cas des légitimes manifestations populaires et anti-impérialistes contre la misère.

    À ce stade, le PCV, deuxième force de l'anti-impérialisme au Venezuela, prend une position très claire : dépassement de la crise capitaliste sur la base du mouvement ouvrier et populaire, construction sur cette base de l'économie productive dont le pays manque dramatiquement. Des mesures que l'alliance au pouvoir ne peut pas construire car diamétralement contraires à son essence capitaliste. C'est donc une affaire de classe. Pour cela, la stratégie du PCV passe par la construction d'une alliance de la classe ouvrière avec les secteurs appauvris, sous la direction de la première, qui soit en mesure de construire sur cette base la structure productive qui donnera sa vraie indépendance au pays vis à vis de l'impérialisme et qui garantira la sauvegarde des conquêtes depuis 1999. C'est évidemment le socialisme et la dictature du prolétariat qui sont visés.

    Pour les communistes (les marxistes-léninistes) non vénézuéliens il est urgent de commencer à se positionner différemment devant l'affaire vénézuélienne. Ne pas supporter seulement le mouvement anti-impérialiste, mais la nécessaire direction ouvrière dont il a besoin pour survivre et avancer. Défendre le socialisme, la dictature du prolétariat comme le fait le PCV dans le pays. Ne pas rester sur des analyses superficielles auxquelles on est habitués, les dépasser et voir toutes les contradictions. Apprendre de ce qu'il se passe au Venezuela pour développer notre vision de la lutte de classes. Défendre les conquêtes passées et celles à venir. Le Venezuela sera, dans les mois et les années à venir, un guêpier de la lutte de classes, avec une issue encore incertaine. Soit l'impérialisme l'emporte avec la passivité du PSUV, soit le mouvement avance vers une direction de classe sous le drapeau du PCV. Et nous qui regardons de l'extérieur, devons nous mobiliser en faveur du mouvement révolutionnaire, pour qu'il avance vers l'organisation ouvrière, la destruction de l'État capitaliste et la construction de l'État ouvrier.

    Analyse d'un militant ML sur le Venezuela

    Complément (échange de commentaires) :

    "Faut tout de même se demander pourquoi, après 18 ans d'un pouvoir qui prétend défendre les classes populaires, Maduro obtient 6,2 millions de voix sur 20 millions d'électeurs inscrits et une population de 32 millions d'habitants."

    Parce qu'il y a un essoufflement d'une politique qui n'est pas socialiste ni même "de NEP", additionné à la disparition (sans doute par empoisonnement) de la figure charismatique qui mobilisait sur sa seule personne ; une incapacité à lutter, et même une tendance à renforcer par certaines pratiques (corruption, clientélisme, capitalisme bureaucratique) l'asphyxie économique par l'impérialisme et les oligarques hostiles, etc.

    Bref une nécessité de dépassement, qui A LES BASES pour exister car "sous" ce qui n'a effectivement jamais été que le "spectacle" castro-péroniste d'une restructuration du système et d'un containment des luttes populaires, il existe (justement) toute une vie populaire de mobilisation, d'auto-organisation, d'école permanente de communisme* http://ekladata.com/.../La-commune-au-Venezuela-et-les....

    Reste à trouver la juste voie de ce dépassement, car pour toi ce sera évidemment une rupture menée par les organisations trotskystes ; pour d'autres comme le camarade dont nous avons repris l'analyse ici http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/analyse..., une montée en puissance du PCV ; et pour nous une Guerre populaire maoïste, compliquée et pour tout dire de l'ordre du pur slogan du vivant de la figure "bloquante" de Chávez, mais qui pourrait maintenant tirer profit de l'infinie dérive capitulatrice droitière du PSUV, comme au Brésil où (par contre) la "gauche" de Lula a toujours été droitière et a permis à un grand mouvement maoïste de se développer en démasquant l'opportunisme des directions syndicales, paysannes sans terre (MST), "communistes" (PCdoB etc.) et même dans certains cas trotskystes, etc. ; jusqu'au retour final (par "coup d’État parlementaire") de la droite qui signifie maturité complète des conditions.

    "Si les États-Unis voulaient asphyxier le Venezuela, ils ne lui achèteraient pas 40 % de son pétrole et saisiraient la compagnie vénézuélienne de pétrole aux États-Unis."

    Si les États-Unis voulaient en finir avec le chavisme, ils ne l'asphyxieraient pas mais feraient un coup d’État militaire ou carrément l'envahiraient militairement. Sauf que ce serait politiquement chaud. Il y a 50 millions de travailleurs latinos, aux US, susceptibles de se solidariser  infiniment moins d'Arabes quand il s'agit d'attaquer un pays du Moyen Orient.

    Il y a eu tentative de "mix" entre révolution colorée et coup d’État en 2002 : échec. Puis tentative sur tentative de révolution colorée, et toujours échec.

    Ils ont compris qu'il fallait un ralliement populaire à l'opposition, qu'ils essayent d'obtenir par la crise économique. Mais même ça, ça doit rester discret. Saisir les avoirs de PDVSA aux États-Unis, ça choquerait, mettrait les Russes et les Chinois et peut-être même les Européens vent debout.

    Une intervention militaire est possible mais il faut pour cela que le pays sombre préalablement dans le chaos, que des affrontements fassent des milliers de victimes, et sans doute que ce soit couvert par l'OEA.

    Il ne faut pas que ça fasse comme au Honduras où le coup d’État de 2009 (pourtant relativement "propre" et appuyé par les élus civils), "enfant fait dans le dos" d'Obama (fraîchement élu) par les secteurs bushistes (en mode à la branque et "baroud d'honneur"), s'est retrouvé avec tout le continent contre lui y compris des gouvernements aussi droitards que la Colombie, le Mexique etc. etc. (et tous les grands États européens, bref).

    À la limite il faudrait une méga-affaire de corruption pour amener à un coup d'État constitutionnel interne, comme au Brésil avec Dilma et Lula, ou en Équateur pour fermer la porte à tout retour de Correa et liquider le vice-président chargé par celui-ci de "surveiller" son successeur lenin-moreno-le-gorbatchov-equatorien. Mais là non plus, même si on imagine le régime gangréné par la corruption, ça ne marche pas...

    "La situation de Lula au Brésil est différente : il n'a aucune influence sur l'armée. On peut supposer que Maduro a tout de même pas mal de relais parmi les militaires, dans la foulée de Chávez. Sans compter la rivalité entre la bourgeoisie traditionnelle pro US et la "bolibourgeoisie" qui tient sa richesse du pouvoir chaviste."

    Certes. C'est une base de la solidité du régime. Mais une autre, en dépit du recul de l'enthousiasme lors des grandes messes électorales, reste la base populaire. Ce n'est pas le Brésil où Lula n'a fait qu'envoyer deux fois plus de flics aux pauvres pour leur tirer dessus bresil-nettoyage-social.

    [* De fait il serait même peut-être possible de dire que Chávez était peut-être un élément beaucoup plus "marxisant" qu'on ne pourrait le penser, mais isolé en cela au sein de son propre mouvement bolivarien devenu PSUV et de la "bourgeoisie bureaucratique" de parvenus utilisant l’appareil d’État et les entreprises publiques (notamment les places offertes par la mise à l'écart des "puntofijistes" de l'ultra-lucratif secteur pétrolier...) pour s'enrichir, que sa propre "révolution" avait engendrée : en effet, son système de "communes" qu'évoque Ciccariello (lire aussi ici) avait tout de même (presque) de nets traits... des communes populaires chinoises sous la Révolution de Nouvelle Démocratie maoïste ; en tout cas, était un système visant à assurer une autosuffisance (ce qui fait le plus cruellement défaut au pays !) qui aurait pu éviter la crise actuelle, qui est d'abord et avant tout une crise "alimentaire" d'approvisionnement trop dépendant des importations (pour ce qui est du pétrole, denrée d'exportation, par exemple... plus d'un million de litres d'essence - ce que consomme un automobiliste durant toute sa vie - valent le même prix qu'une boîte de thon !). Mais voilà... dans la foulée (2011) le Comandante commence à développer un cancer et meurt deux ans plus tard ; de nombreuses sources évoquant un empoisonnement ou une irradiation... qui pourrait alors évidemment impliquer la CIA, ou l'opposition oligarchique réactionnaire, mais sans exclure totalement non plus des secteurs de la "bolibourgeoisie" bureaucratique elle-même - ou leur complicité, du moins. Ces communes sont aujourd'hui environ 500... le problème, c'est qu'il en faudrait probablement 10.000 !]


    **************************************************************************************************

    Très intéressant aussi, bien que datant déjà un peu (les chiffres de l'inflation sont maintenant à multiplier par 1.000 !!), un article du Monde Diplo qui analyse les racines de la crise actuelle non seulement dans le travail de sape de l'opposition et de l'impérialisme*, mais aussi dans les failles d'un "socialisme" qui n'a pas su sortir de la rente pétrolière et du "modèle" extractif, de la dépendance aux importations (laissées aux mains du secteur privé hostile), d'une corruption endémique etc. etc. : https://www.monde-diplomatique.fr/2016/12/LAMBERT/56923

    Venezuela, les raisons du chaos


    En novembre, manifestations populaires et tentatives de déstabilisation ont intensifié les convulsions politiques que connaît le Venezuela. Tout au long des années 2000, les réussites — sociales, géopolitiques et culturelles — de la « révolution bolivarienne » d’Hugo Chávez avaient pourtant suscité l’enthousiasme des progressistes par-delà les frontières. Comment expliquer la crise que traverse actuellement le pays ?

    Parfois, la mémoire est cruelle. Le 2 février 1999, à Caracas, un homme au teint mat prononce son premier discours de président. Son nom : Hugo Chávez. « Le Venezuela est blessé au cœur », assène-t-il en citant Francisco de Miranda, héros de l’indépendance. Il décrit la crise « éthique et morale » que traverse alors son pays. Ce « cancer » gangrène l’économie, de sorte que, dit-il, « nous avons commencé à entendre parler de dévaluation, d’inflation ». « Tel un volcan qui travaille de façon souterraine », ces crises économique et morale en ont généré une troisième : la crise sociale. L’ancien militaire formule une promesse : « Cette cérémonie n’est pas une passation de pouvoirs de plus. Non : elle marque une nouvelle époque. (…) Nous ne devons pas freiner le processus de changement et encore moins le dévier : il risquerait de se replier sur lui-même et nous, de nous noyer à nouveau. »

    La mémoire est parfois cruelle, mais les Vénézuéliens ont appris à sourire de ses vexations. « Regarde, ça c’est moi il y a un an, nous lance Mme Betsy Flores en s’esclaffant. Je pesais dix kilos de plus ! Et sur cette photo, c’est Martha. Tu ne la reconnais pas, hein ! À vrai dire, moi non plus. À l’époque, elle avait une vraie paire de fesses. Désormais, on dirait une planche ! » Combien de fois avons-nous vécu la scène ? La quasi-totalité des personnes que nous rencontrons, une ancienne ministre comprise, confessent se contenter régulièrement d’un repas par jour. Et lorsqu’elles s’attablent, les festins demeurent rares : chacun se débrouille avec ce qu’il a pu obtenir dans les boutiques aux rayons clairsemés ou au marché noir, dont les prix reposent sur l’évolution du dollar parallèle. Entre le 11 octobre et le 11 novembre, celui-ci est passé de 1 230 à 1 880 bolivars, soit un bond de plus de 50 %. Comme en 1999, « dévaluation » et « inflation » font partie du vocabulaire quotidien des Vénézuéliens, qui formulent un même constat : leur paie, y compris lorsqu’elle dépasse le salaire minimum, fixé à 27 000 bolivars par mois (1), « ne suffit pas pour survivre ».

    « Dopé à la rente, le Venezuela distribuait les uppercuts »

    Il y a dix ans, la rue frémissait de politique. On y parlait de Constitution, de réduction de la pauvreté, de participation populaire. Et pas seulement à gauche. En 2016, les gens n’ont plus qu’un sujet à la bouche : la nourriture. Celle qu’ils ont réussi à glaner et, surtout, celle qui leur manque ou dont les prix s’envolent. À la mi-novembre 2016, le riz coûtait 2 500 bolivars le kilo, ce qui le renvoyait dans le domaine de l’inaccessible. Domaine où figuraient déjà le poulet, le beurre, le lait ainsi que la farine nécessaire à la confection des arepas, ces galettes de maïs blanc dont raffolent les Vénézuéliens.

    Il y a dix ans, en pleine campagne présidentielle, Chávez présentait les progrès du système de santé comme « l’une de [ses] plus grandes réussites (2)  ». Aucun adversaire sérieux n’aurait songé à le lui contester. Désormais, le pays manque de médicaments. Pas seulement d’aspirine et de paracétamol, mais également d’antirétroviraux et de molécules destinées aux chimiothérapies.

    Il y a dix ans, dans la foulée de dizaines d’autres programmes sociaux, naissait la « mission Negra Hipólita ». Son objectif ? Venir en aide aux sans-abri urbains. Elle fut l’une des premières victimes de la crise. Le spectacle des personnes attendant la sortie des poubelles le soir est redevenu familier, cependant que les rues de Caracas exposent aux regards les mille et un visages de la détresse infantile.

    Inflation, misère et corruption : les forces telluriques que décrivait Chávez lors de sa prise de fonctions sont à nouveau à l’œuvre ; le volcan s’est réveillé. Pour la droite, les choses sont simples : le socialisme échoue toujours. À gauche, où l’on avait appris à voir le Venezuela comme un phare dans la nuit néolibérale, l’incompréhension le dispute à l’incrédulité. Et une question s’impose, celle que formulait déjà le dirigeant bolivarien quand il esquissait le bilan de ses prédécesseurs, en 1999 : comment expliquer que, en dépit de « tant de richesses », « le résultat soit aussi négatif » ?

    « À cause de la guerre économique que nous livrent l’opposition et ses alliés », répond le président Nicolás Maduro, élu en avril 2013, un mois après le décès de Chávez. Les chefs d’entreprise profitent de la chute des cours du pétrole (retombé sous les 40 dollars en 2016 après avoir dépassé les 100 dollars entre 2011 et 2014) pour organiser la pénurie, souffler sur les braises de la colère populaire et préparer le renversement du pouvoir chaviste. Au prétexte d’en rendre compte, le site Dolartoday (3), sis à Miami, orchestre la flambée du dollar parallèle. Ses ambitions politiques ne s’affichent-elles pas clairement à travers un sondage présenté à sa « une » depuis plusieurs semaines ? « Si l’élection présidentielle avait lieu aujourd’hui, pour qui voteriez-vous ? » Parmi les réponses possibles : MM. Henry Ramos Allup, Leopoldo López, Henrique Capriles Radonski, Henri Falcón et Lorenzo Mendoza Giménez, ainsi que Mme María Corina Machado. Tous membres de l’opposition.

    On ne compte plus les analystes proches du pouvoir qui, se rappelant le sort réservé au président chilien Salvador Allende en 1973, défendent cette explication de la situation, comme si elle était vraiment contestée dans le camp progressiste. Or la question qui divise le chavisme est d’une autre nature : l’hostilité de ceux que la « révolution bolivarienne » cherche à priver de leurs privilèges suffit-elle à expliquer le chaos actuel ?

    Membre du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV), M. Sergio Sánchez en a été exclu pour avoir refusé de soutenir un candidat au poste de gouverneur parachuté en dépit de forts soupçons de corruption. Le thème de la « guerre économique » lui évoque une image : « Dopé à la rente pétrolière, le Venezuela est monté sur le ring pour distribuer les uppercuts à la bourgeoisie et à l’empire. Désormais, les anabolisants ont disparu : le gouvernement est dans les cordes. D’un seul coup, il trouve anormal que ses adversaires poursuivent le combat. » Se revendiquant toujours du chavisme, « mais opposé au gouvernement », le militant Gonzalo Gómez formule les choses autrement : « On ne fait pas la révolution en espérant que le capitalisme ne réagira pas. » « D’ailleurs, poursuit-il, il faut distinguer deux attitudes : celle qui consiste à créer les conditions de la crise et celle qui consiste à en profiter. Bien souvent, les patrons se contentent de tirer parti des dysfonctionnements de l’économie. »

    Quand les petites perturbations s’accumulent

    Pour une partie de la gauche, le chaos actuel s’expliquerait par la toute-puissance d’un adversaire capable, dix-sept ans après sa défaite, de produire le déraillement de l’économie. Pour une autre, il découlerait de la trahison de dirigeants cyniques qui auraient passé l’arme à droite. Mais on peut également envisager les processus de transformation sociale comme contradictoires : leurs réussites — considérables dans le cas vénézuélien (4) — engendrent parfois des difficultés qui, faute de réponse, peuvent devenir menaçantes. La chute ne serait donc pas inscrite dans l’amorce, mais dans l’incapacité à corriger les conséquences néfastes de ses choix. C’est la leçon de la « théorie des catastrophes », que Chávez exposait à son auditoire un certain 2 février 1999 : « Selon cette théorie, les catastrophes apparaissent de manière progressive, quand, dans un système donné, se manifeste une petite perturbation qui ne rencontre aucune capacité de régulation, une toute petite perturbation qui n’appelait qu’une toute petite correction. En l’absence de capacité et de volonté d’agir, la première perturbation en rencontre une autre, tout aussi petite, qui ne trouve pas plus de réponse. Et les petites perturbations s’accumulent, jusqu’à ce que le système perde la capacité de les réguler. C’est alors que survient la catastrophe. »

    Quand Chávez arrive au pouvoir, le prix du baril de pétrole est à un plancher historique, proche des 10 dollars : un désastre dont l’explication impose de plonger dans l’histoire du pays. Au début du XXe siècle, la nation caribéenne figure parmi les premiers producteurs de café et de cacao. Et puis elle découvre d’immenses réserves d’or noir… En dix ans seulement, de 1920 à 1930, le secteur pétrolier passe de 2,5 % du produit intérieur brut (PIB) à près de 40 %, l’agriculture dévissant de 39 % à 12,2 % (5). Alors que la crise des années 1930 provoque la chute des cours du café, la plupart des pays de la région dévaluent leur monnaie pour maintenir la compétitivité de leurs exportations et lancer un processus d’industrialisation reposant sur la production locale des biens autrefois importés (« substitution des importations »). Le Venezuela procède à rebours : disposant d’importantes quantités de devises grâce à la rente, il cède à la pression du lobby commercial, qui organise l’importation de tout ce que le pays consomme.

    Chávez se découvre un pouvoir extraordinaire

    Le raisonnement de ces épiciers en costume trois-pièces ? Plus la monnaie locale sera forte, plus les Vénézuéliens pourront consommer, et eux s’enrichir. Entre 1929 et 1938, en pleine crise internationale, Caracas élève la valeur du bolivar de 64 %. L’opération verrouille les portes du commerce international au secteur agricole ; elle lui barre également l’accès aux échoppes nationales, inondées de produits bon marché. En dépit de promesses récurrentes de sortir du modèle rentier depuis lors, le déséquilibre économique s’accroît peu à peu ; et, lorsque Chávez prend les rênes du pays, 85,8 % de la valeur des exportations provient du pétrole (6).

    Avec un prix du brent au plus bas en 1999, l’économie vénézuélienne ressemble à un gros-porteur tracté par un moteur de Mobylette : elle ahane. Le nouveau président a placé la diversification de l’économie au premier rang de ses priorités, mais il mesure qu’elle prendra du temps. Or la patience ne caractérise pas une population fébrile dont les espoirs ont été aiguillonnés par la campagne électorale. La solution passe par une réactivation de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dont aucun des membres ne respecte plus les quotas. L’opération paie : les cours repartent à la hausse. Mais elle entraîne une première perturbation : l’urgence de se libérer des affres de la disette s’estompe devant la tentation de jouir de l’abondance.

    « Les premières années furent très difficiles, se remémore M. Víctor Álvarez, ancien ministre des industries de base et du secteur minier (2005-2006). La presse présentait Chávez comme un clown. Et l’opposition n’a pas choisi la voie de la contestation démocratique. » En 2002, elle organise un coup d’État (qui échouera) avec l’aide des grands médias et de Washington. Pis, poursuit M. Álvarez, « le 10 décembre 2002, le jour même où nous allions lancer un programme visant à renforcer l’industrie nationale en réorientant vers elle les contrats publics, les patrons organisent un lock-out ! ». La grève du secteur privé et des hauts dirigeants du secteur pétrolier (nationalisé) durera deux mois et amputera le PIB d’environ 10 % (7). « Notre projet fut rangé dans un tiroir, dont il n’est jamais ressorti. »

    Les prix du pétrole continuent à grimper, pour atteindre une trentaine de dollars le baril en 2003. Le gouvernement bolivarien dispose des ressources lui permettant de mettre en œuvre les programmes sociaux qui consolideront sa popularité dans les milieux modestes. Incapable de chasser Chávez du pouvoir, l’oligarchie vénézuélienne décide d’exfiltrer son pécule. La fuite des capitaux atteint des montants alarmants : plus de 28 milliards de dollars entre 1999 et 2002, soit près de 30 % de l’ensemble de la richesse produite en 2002 (8). À ce niveau, on ne parle plus de ponction, mais de saignée.

    Alors que les réserves de devises s’effondrent, le pouvoir bolivarien prend la seule mesure adaptée : en février 2003, il introduit un contrôle des changes et fixe la parité entre la monnaie nationale et le dollar (le précédent contrôle des changes avait été interrompu en 1996). À partir de ce moment, l’État se réserve la capacité d’allouer ou non les dollars que lui demande telle ou telle entreprise pour importer. « Chávez découvre qu’il dispose d’un pouvoir extraordinaire, commente M. Álvarez. Non seulement la rente permet de satisfaire les besoins de la population, mais elle offre la possibilité de punir ceux qui avaient conspiré contre le pouvoir en leur refusant les devises. » Privées de dollars, bien des entreprises mettent la clé sous la porte, à moins que leur patron ne fasse amende honorable. « Car la rente garantit enfin la loyauté des entrepreneurs opportunistes. » L’espèce n’est pas rare.

    « La politique du bolivar fort a constitué une subvention à l’ensemble de l’économie, renchérit le sociologue Edgardo Lander. La rente finançait la consommation, voitures de luxe et billets d’avion compris. » Entre 2004 et 2008, le Venezuela connaît une période d’abondance. Le PIB par habitant frôle son niveau de 1977, l’apogée d’une période connue comme le « Dame dos ! » J’en prends deux ! »). Hier considérée comme un piège dont il fallait s’émanciper, la rente retrouve son rôle traditionnel de clé de voûte du modèle économique vénézuélien. Nouvelle perturbation, sans correction…

    Le contrôle des changes ne disparaîtra plus. Conçu comme une mesure temporaire pour lutter contre la fuite des capitaux, « il en devient le principal moteur, explique M. Temir Porras, ancien chef de cabinet de M. Maduro. Pays extrêmement dépendant des importations, le Venezuela affiche une inflation structurelle d’environ 15 à 20 %. Pas le dollar. Fixer une parité avec la devise américaine implique donc de surévaluer sa monnaie. On ne connaît pas de meilleure recette pour détruire la production nationale. Non seulement il devient plus coûteux de produire localement que d’importer, mais le pays redécouvre un négoce particulièrement juteux : l’importation surfacturée, qui permet de mettre la main sur des dollars » .

    L’opération est simple. Imaginons un importateur qui dispose d’un réseau lui permettant d’acheter des bouteilles d’eau à 10 centimes de dollar pièce. Il obtient de l’État des dollars pour en acheter un million qu’il déclare payer 20 centimes pièce par le biais d’une entreprise qu’il aura préalablement créée en dehors du pays. Résultat : l’entrepreneur dispose de 100 000 dollars, qu’il peut écouler sur le marché noir local ou faire sortir du pays. « La culbute est parfois réalisée avant même la distribution du produit, poursuit M. Porras. De sorte que certains importateurs abandonnent les produits dans les hangars, ne vendant que de quoi acheter de nouveaux dollars. » Entre 2002 et 2012, la valeur des importations quintuple, passant d’environ 10 milliards de dollars à 50, un bond bien plus rapide que celui de leur volume. Lucratif, le secteur de l’importation attire du monde : ceux qu’on dénommera bientôt les « bolibourgeois » et que le pouvoir présente comme des « patrons socialistes », mais également des militaires, des hauts fonctionnaires et des malfrats.

    Des taux de profit taquinant les 18 000 %

    Pendant ce temps, la réduction de la pauvreté — l’une des plus grandes réussites de la « révolution bolivarienne » — permet à la population de consommer davantage. Dans un contexte où le pouvoir conteste peu au secteur privé sa mainmise sur les importations, la manne pétrolière qu’il déverse sur la population pour « solder la dette sociale » ruisselle jusque dans les poches des chefs d’entreprise. De sorte qu’en dépit de ses réussites sociales et géopolitiques, le Venezuela retrouve peu à peu sa fonction première dans la division internationale du travail : celle d’exportateur non seulement de pétrole, mais surtout de devises. Selon les calculs du trimestriel Macromet, la fuite des capitaux (surfacturation des importations comprise) aurait atteint 170 milliards de dollars entre 2004 et 2012  (9), soit pratiquement 160 % du PIB de l’année 2004. Un chiffre étourdissant.

    Lorsque la crise financière internationale oriente le cours du pétrole à la baisse, en 2008, la rente ne suffit plus à couvrir la facture des importations. Le pays doit s’endetter. Il tente de limiter les dépenses, notamment en introduisant un double taux de change : un premier, préférentiel, pour les importations jugées stratégiques ; un autre, plus élevé, pour le reste. L’idée n’était pas mauvaise, mais sa mise en œuvre aurait gagné à être précédée d’une analyse des « perturbations » qu’elle avait engendrées dans le passé. Car des dispositifs similaires avaient été instaurés dans les années 1980 puis 1990, avec chaque fois une même conséquence : l’essor de la corruption. Qu’on en juge. En 2016, le Venezuela affiche un taux de change préférentiel de 10 bolivars par dollar et un autre de 657. Obtenir un accès (légal ou non) à la manne du dollar préférentiel pour alimenter le marché courant assure donc un taux de profit stratosphérique de 6 500 %. Que l’on revende ses dollars sur le marché parallèle, et le taux de profit taquine les… 18 000 %. On fait naître des vocations de brigand au moyen de chiffres beaucoup moins élevés.

    « La droite veut mettre le peuple à genoux »

    Or le Venezuela entretient une relation particulière avec la corruption. Ici, l’accumulation capitaliste ne repose pas sur la production de richesse, mais sur la capacité à butiner les ressources qu’administre l’État. Redistribution, clientélisme, népotisme, favoritisme, renvoi d’ascenseur ou simple illégalité, les frontières entre les formes de captation des dollars du pétrole s’avèrent d’autant plus ténues que beaucoup les franchissent plusieurs fois par jour.

    « En 2012, Chávez prend enfin conscience du problème économique, notamment celui lié au taux de change, nous raconte M. Porras, qui a œuvré pour l’éclairer sur la question. Nous avions réussi à le convaincre d’agir. Et… il est tombé malade. » L’instabilité politique provoque un décollage soudain du dollar et de l’inflation, alors que les cours du pétrole recommencent à plonger fin 2014. Le pays redécouvre les pénuries, liées à l’atrophie d’une production locale étouffée par la survalorisation du bolivar et à la chute des importations, étranglées par le manque de devises. « Or, observe M. Álvarez, la pénurie offre le bouillon de culture idéal pour la spéculation et le marché noir. »

    « Brinquebalant, l’édifice tenait grâce à deux clés de voûte, résume Lander : Chávez et la rente pétrolière. » Avec l’annonce officielle du décès du premier, on constate la mort clinique de la seconde. Le modèle socio-économique chaviste s’effondre d’autant plus vite que plus personne, pas même le nouveau président Maduro, n’est en mesure d’opérer la moindre modification d’azimut : la cohésion précaire du camp chaviste ne repose plus que sur la résolution commune à défendre l’héritage du comandante, le meilleur moyen de préserver les équilibres internes — et les prébendes. Il était urgent de changer de stratégie ; chacun s’employa à maintenir le cap. Quitte à mettre en péril certaines conquêtes de la période glorieuse du chavisme.

    L’urgence de « diversifier » l’économie s’incarne désormais dans les projets tels que l’« arc minier de l’Orénoque » : une zone de 111 800 kilomètres carrés (près de quatre fois la superficie de la Belgique) où l’État vient d’autoriser diverses multinationales à extraire or, coltan, diamants, fer, etc., en jouissant d’exonérations fiscales et de dérogations à la réglementation du travail. De la rente pétrolière à la rente minière ? On a connu diversification plus bigarrée.

    En dépit de ses dénonciations récurrentes des méfaits de l’oligarchie importatrice, le pouvoir en préserve la tranquillité. Il ne manque pas de créativité, en revanche, pour imaginer des bricolages tactiques « qui finissent par jeter de l’huile sur le feu de la spéculation », comme nous l’explique M. Álvarez. En 2011, le gouvernement fait passer une loi organique de « prix justes », pour tenter d’imposer un plafond aux prix de produits de base. « Mais ils sont bien souvent inférieurs aux coûts de production, si bien que les gens ont arrêté de produire. » Caracas subventionne par ailleurs certaines importations qu’il met à disposition de communautés organisées, à travers les comités locaux d’approvisionnement et de production (CLAP). Le 11 novembre dernier, dans le quartier de La Pastora, à Caracas, on pouvait ainsi se procurer un gros panier d’aliments (quatre kilos de farine de maïs, deux kilos de riz, deux paquets de pâtes, deux pots de beurre, un litre d’huile, un sachet de lait en poudre et un kilo de sucre) pour 2 660 bolivars. Un prix aussi bas offre la perspective de gains importants sur le marché noir… où finit donc une partie des produits.

    Sur le plan économique, la chute du pouvoir d’achat est telle que l’ajustement structurel a en quelque sorte déjà eu lieu. Rendu plus acceptable par la rhétorique de la « guerre économique », il touche en particulier les personnes qui se conçoivent comme les membres de la classe moyenne : celles-là ne bénéficient pas des programmes sociaux et n’ont pas le temps de faire la queue des heures devant les supermarchés. Elles se trouvent donc plongées dans les « eaux glacées » du marché noir, ce qui finit par aiguiser leur colère contre les plus pauvres qu’eux : ceux qui profiteraient du système, avec lesquels l’État se montrerait « trop généreux »…

    Quid de l’autre grande réussite chaviste, l’approfondissement de la démocratie ? Militant du mouvement social « depuis toujours », M. Andrés Antillano estime que celle-ci « n’était pas seulement un étendard pour Chávez. Elle a toujours été un moyen de mobiliser, de politiser la population ». « Je n’avais jamais vraiment cru aux vertus des élections, confesse-t-il. Mais ici, elles étaient devenues un outil subversif, une force révolutionnaire. » « Étaient » ?

    En 2016, l’opposition parvient à dépasser ses (innombrables) divisions pour demander l’organisation d’un référendum révocatoire, permise par la Constitution de 1999. Bien que se rendant coupable de nombreuses fraudes, elle réussit à recueillir suffisamment de signatures valides pour lancer le processus et obtient le feu vert du Conseil national électoral (CNE). Mais depuis, gouvernement et pouvoir judiciaire — ce dernier ne se caractérisant pas par sa propension à s’opposer à l’exécutif — jonchent le parcours d’obstacles frisant parfois le ridicule. Menace à peine voilée : le 4 mai 2016, M. Diosdado Cabello, l’une des principales figures du chavisme, estimait que « les fonctionnaires chargés d’institutions publiques qui se prononcent en faveur du référendum révocatoire ne devraient pas conserver leur poste ». En procédant de la sorte, « Maduro ne prive pas uniquement l’opposition de référendum, observe M. Antillano. Il nous ôte, à nous la gauche, l’un des instruments-clés du chavisme : la démocratie ».

    « Le référendum, c’est le combat de la droite, pas le mien », rétorque Mme Atenea Jimenez Lemon, du Red de Comuneros, une puissante organisation qui regroupe plus de cinq cents communes à travers le pays. Ces structures qui maillent le territoire national (surtout la campagne) ont constitué le fer de lance du « nouvel État socialiste », reposant sur la participation, qu’imaginait Chávez (lire la recension ci-dessous) [lire aussi à ce sujet Ciccariello-Maher : http://ekladata.com/.../La-commune-au-Venezuela-et-les....]. « Je sais qu’à bien des égards on peut décrire le gouvernement comme contre-révolutionnaire. Mais, pour moi, la gauche critique qui appelle au référendum fait le jeu de la droite. Car si l’opposition gagne, qu’est-ce qu’on fait ? Est-ce que les gens se rendent compte de ce qu’ils nous préparent ? »

    Privatisations en masse, recul de l’État, austérité violente : ici, nul ne se fait d’illusions sur le programme des partis d’opposition. D’ailleurs, rares sont ceux qui souhaitent les voir arriver au pouvoir. En dépit des efforts de certains de ses représentants pour mâtiner de social leurs discours, le principal objectif de la droite consiste à « mettre le peuple à genoux pour nous donner une bonne leçon », analyse Mme Flores. Une sorte de contre-révolution dans la contre-révolution.

    Des hauts fonctionnaires rétifs au changement

    « Tout n’est pas écrit, renchérit Mme Jimenez Lemon. Les communes offrent un moyen d’approfondir la démocratie, de débureaucratiser l’État et de développer la production. » Plaidoyer pro domo ? Non. À gauche, on imagine rarement une sortie positive de la crise actuelle sans renforcement de ce dispositif, créé par Chávez à la fin de sa vie. Seulement voilà : l’ancien président « était comme un révolutionnaire au sein de son propre gouvernement, explique l’ancienne ministre Oly Millán Campos. Il pouvait prendre des décisions allant à l’encontre des intérêts de l’appareil d’État. Sans lui, les communes se heurtent à la résistance des hauts fonctionnaires : pourquoi renforceraient-ils des structures imaginées dans l’optique de les affaiblir, puis de les remplacer ? ».

    Une guerre intestine qui ravit l’opposition

    En 2004, Chávez avait décidé d’organiser le référendum révocatoire qu’exigeait l’opposition en dépit de fraudes avérées. Procéder de la sorte aujourd’hui imposerait-il au chavisme une cure d’opposition ? Pas nécessairement. Une défaite lors d’un référendum organisé en 2016 aurait conduit à de nouvelles élections. En d’autres termes, elle aurait pu offrir à la gauche vénézuélienne ce dont elle semble avoir le plus besoin : une période d’autocritique permettant de sortir des raisonnements tactiques pour penser à nouveau en termes stratégiques. Cette période aurait peut-être permis au chavisme critique de faire entendre sa voix.

    Mais encore eût-il fallu que le pouvoir accepte de prêter l’oreille. À la fin de l’année 2015, l’organisation chaviste Marea socialista a souhaité procéder à son inscription au registre des partis politiques du pays. Fin de non-recevoir du CNE, qui a estimé, sans rire, que le nom de la formation « ne faisait pas » parti politique. De son côté, un procureur a jugé qu’elle ne pouvait pas se réclamer du socialisme… puisqu’elle critiquait le gouvernement. « Le gouvernement discute actuellement avec l’opposition, avec le Vatican et avec l’ambassade américaine, mais avec nous, la gauche critique, il refuse le dialogue », s’amuse un militant de Marea socialista.

    Dans les rangs du chavisme, la bataille fait donc rage, dans un vacarme d’autant plus stérile qu’il n’existe plus de lieu de discussion structuré. D’un côté, les partisans du pouvoir sont de plus en plus discrets. D’un autre, un courant ancré dans la population critique les dirigeants actuels, mais considère que la lutte ne peut avoir lieu en dehors du PSUV, sauf à remettre les clés du pouvoir à la droite. Enfin, un dernier courant, dépourvu de véritable base sociale, regroupe de nombreux anciens ministres, très actifs sur les réseaux sociaux. Ils estiment avec M. Gómez que l’actuelle bureaucratie « constitue une nouvelle bourgeoisie, tout aussi rapace que la précédente et désormais en concurrence avec elle ».

    Cette guerre intestine ravit la droite, qui souhaite détruire l’espoir auquel Chávez avait donné naissance. Elle enchante également les nouveaux oligarques en chemise rouge, lesquels rêvent de transformer la lutte de classes qui les a portés au pouvoir en vulgaire lutte de camps. S’ils devaient l’emporter, les innombrables « perturbations » auxquelles le chavisme n’a pas su répondre auraient assurément enfanté la catastrophe.

    Renaud Lambert

    (1Environ 38 euros sur la base du taux de change officiel. Près de trois fois moins dans une économie dont les prix suivent l’évolution du dollar parallèle.

    (2Elizabeth Nunez, « Chávez touts health care ahead of vote », The Washington Post, 24 novembre 2006.

    (4Lire « Ce que Chávez a rappelé à la gauche », Le Monde diplomatique, avril 2013.

    (5Chiffres tirés de Steve Ellner (sous la dir. de), Latin America’s Radical Left. Challenges and Complexities of Political Power in the Twenty-First Century, Rowman & Littlefield, Lanham, 2014.

    (6Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (Cepalc), 2008.

    (7Lire Maurice Lemoine, « L’opposition vénézuélienne joue son va-tout », Le Monde diplomatique, avril 2004.

    (8Daniela García, « Fuga de capitales : Sello revolucionario », La Verdad, Maracaibo, 1er juillet 2013.

    (9Miguel Ángel Santos, « Venezuela : de la represión financiera a la posibilidad de default » (PDF), Macromet, vol. 1, no 3, Caracas, novembre 2014.


    * À ce sujet, lire aussi cette version (d'un site très pro-bolivarien par contre) :


    Venezuela, tout comprendre sur l'inflation et les pénuries


    Dans deux récents articles nous avons étudié comment « Le Monde » d’avril et mai 2017 a fait passer une insurrection de l’extrême droite au Venezuela pour une « révolte populaire » et imputé à ce qu’il appelle un « régime » les assassinats commis par la droite (1). Ce média use de ce procédé depuis le début des tentatives de déstabilisation en 2013. Le mensonge corollaire, tout aussi gros, que propage « Le Monde » à l’unisson de la Sainte Alliance médiatique, c’est la « crise-humanitaire-comme-faillite-de-la révolution-bolivarienne ».

    La méthode est simple : faire passer les effets pour les causes. Les images de files d’attente interminables, de rayons vides dans les supermarchés, de manque de médicaments, d’inflation galopante, de marché noir endémique… qui servent à la droite locale et internationale de justification à une intervention extérieure ne sont pas, en effet, la « faillite d’un modèle socialiste » mais la conséquence d’une guerre ouverte du secteur privé – 80 % de l’économie – contre la révolution bolivarienne. Une déstabilisation sociale, économique et politique savamment orchestrée que le Chili de Salvador Allende a subie en 1973, et face à laquelle le Président Nicolas Maduro a décrété l’état d’urgence économique en mai 2016, comme le prévoit la Constitution.

    À rebours de l’effet-pour-la-cause et des « décryptages » superficiels repris en boucle par les médias occidentaux, nous proposons une synthèse de l’analyse détaillée sur les causes des difficultés économiques et sociales auxquelles le Venezuela Bolivarien est confronté depuis 2003, réalisée par Pasqualina Curcio Curcio, professeure de sciences économiques à l’Université Simon Bolivar, et publiée dans un document intitulé « Pénuries et inflation au Venezuela » (20/12/2015). Précisons que depuis cette publication, la tendance est à l’amélioration progressive de l’approvisionnement, bien que les prix des denrées restent élevés. Cette hausse constante des prix par le secteur privé est contrée de diverses manières par le gouvernement : par la hausse à répétition du salaire minimum légal, un effort de productivité nationale dans l’agriculture et la distribution massive d’aliments hautement subventionnés aux secteurs populaires à travers le réseau national des CLAP (Comités Locaux d’Approvisionnement et de Production).

    LES PÉNURIES AU VENEZUELA : MYTHES ET RÉALITÉ

    Pasqualina Curcio Curcio

    Pour le dire simplement, la théorie économique admet qu’une pénurie survient lorsque l’offre se contracte et n’arrive plus à faire face à la demande ou bien lorsque la demande augmente mais l’offre n’arrive pas à suivre ou pire encore lorsqu’on observe simultanément une contraction de l’offre et une augmentation de la demande.

    Une contraction de l’offre au Venezuela ?

    En théorie, une contraction de l’offre peut s’expliquer tant par une baisse de la production nationale que par une baisse des importations des biens que l’économie nationale n’est pas en mesure de produire ; les deux facteurs peuvent là encore se combiner. Les pénuries recensées au Venezuela peuvent-elles s’expliquer par ces facteurs ?

    Entre 2003 et 2013, le pays connaît une période de croissance économique et de baisse du taux de chômage (passant de 18% à 8%).

    On ne peut en outre établir aucun lien de corrélation entre l’évolution du PIB et le niveau de pénuries puisqu’à titre d’exemple, on observe une forte hausse des pénuries sur la période 2006-2007 bien que la production augmentait sur cette même période et, au contraire, on note une diminution des pénuries entre 2008 et 2011 alors même que la production chutait (période de récession mondiale). Les pénuries étant principalement alimentaires, on ne peut cependant établir aucun lien empirique entre Produit Intérieur Brut Agricole et le niveau de pénurie puisque le PIBA est soit à la hausse soit stable sur la période observée.

    À ce stade, on peut donc dire que ce n’est pas une chute de la production vénézuélienne qui explique les pénuries qui affligent le peuple et l’économie du Venezuela. Les causes de ces pénuries seraient donc peut-être à chercher du côté des importations… Le Venezuela n’ayant pas encore atteint l’autosuffisance dans de nombreux domaines, il importe un grand nombre de biens et services. Mais là encore, l’indice des importations exprimé en dollars US est en forte augmentation entre 2003 et 2013 et aucun lien de corrélation ne peut être établi avec le niveau de pénurie. Par exemple, entre 2006 et 2007, on observe une hausse de 25% de l’indice de pénurie concomitante avec une hausse de 39% des importations ! Entre 2008 et 2009, une forte chute des importations coïncide en revanche avec une baisse des pénuries…

    Concernant les produits alimentaires importés, on obtient un résultat surprenant d’un point de vue théorique : on enregistre au même moment une augmentation des pénuries et une augmentation des importations de produits alimentaires (exprimés en dollars US) et lorsque les importations baissent, les pénuries baissent ! Les pénuries des produits tant alimentaires que non-alimentaires ne sont donc pas non plus liées à une baisse des importations !

    Étant données ses caractéristiques de pays mono-exportateur de pétrole, l’octroi de devises étrangères de la part de l’État au secteur privé importateur est une nécessité.

    Une partie de l’opposition vénézuélienne reproche au gouvernement vénézuélien de ne pas mettre à disposition assez de devises étrangères aux entreprises privées importatrices. Or, entre 2003 et 2013, c’est une augmentation de plus de 440% du nombre de devises étrangères mises à disposition par l’État.

    Sur l’ensemble de la période étudiée (2003-2013) et en dépit de la forte diminution entre 2009 et 2010 (récession mondiale), la mise à disposition de devises étrangères au secteur privé n’a jamais été inférieure à son niveau de 2004. Il est important de le relever puisque 2004 correspond à l’année où l’on enregistre le niveau de pénurie le plus bas sur l’ensemble de la période 2003-2013 !

    Les pénuries n’ont donc pas grand-chose à voir non plus avec une mise à disposition insuffisante de devises étrangères au secteur privé importateur de la part de l’État.

    À ce stade, voici ce que l’on observe :

    – Les niveaux de production mesurés par le PIB et le PIBA, ont augmenté en moyenne de 75% et 25% respectivement entre 2003 et 2013 ;

    – Le total des importations exprimées en dollars US et, plus spécifiquement, les importations de denrées alimentaires ont augmenté en moyenne d’un peu moins de 390% et d’un peu plus de 570% respectivement entre 2003 et 2013 ;

    – Le nombre de devises étrangères attribuées au secteur privé importateur a augmenté en moyenne d’un peu plus de 440% entre 2003 et 2013 ;

    – L’indice de pénurie, quant à lui, a pourtant augmenté en moyenne de 38% sur la même période.

    Ce n’est donc pas du côté de la contraction de l’offre que l’on peut expliquer les problèmes de pénurie auxquels le monde du travail vénézuélien est confronté.

    Une explosion de la demande que l’offre n’arrive pas à juguler ?

    L’autre piste à étudier est donc l’hypothèse d’une explosion de la demande que l’offre ne serait pas en mesure de satisfaire. Il faudrait, pour confirmer cette hypothèse, vérifier une hausse de la consommation finale des ménages et de l’État plus forte que la hausse de la production et des importations. Nous observons bien une hausse de la consommation tant intermédiaire que finale entre 2003 et 2013 mais le taux de croissance moyen de l’indice de consommation reste toujours inférieur au taux de croissance moyen de la production et des importations. 

    Mais même lors du pic de pénurie en 2006, la production et les importations augmentent plus vite que la consommation. Les pénuries ne trouvent manifestement pas leurs origines ici non plus.

    À ce stade, il n’est pas possible d’établir de lien entre le niveau de pénurie, le niveau de production et des importations et l’indice de consommation au Venezuela. La question demeure entière : comment se fait-il que les biens produits au Venezuela ou importés ne finissent pas dans les rayons des supermarchés vénézuéliens ? On comprend dès lors que les pénuries qu’endure un grand nombre de Vénézuéliens s’expliquent par d’autres facteurs.

    Accaparement, importations fantômes et contrebande : les vraies causes des pénuries

    Une analyse plus fine des importations au Venezuela nous montre très nettement une augmentation des importations exprimées en dollars US bien plus forte que l’augmentation des importations exprimées en kilogrammes bruts à partir de 2003. Entre 2003 et 2013, le Venezuela importe moins de biens et services malgré un plus grand nombre de devises étrangères mises à dispositions du secteur privé par l’État pour l’import. 

    On observe d’ailleurs le même phénomène concernant les seules importations de denrées alimentaires…

    Si cet octroi croissant de devises étrangères au secteur privé importateur ne sert donc pas à importer davantage de biens et services et satisfaire la demande, où ces devises s’évaporent-elles ?

    Comme on l’a vu, le secteur privé importateur dispose de toujours plus de devises étrangères pour importer et qu’il importe toujours moins de biens et services, il est intéressant de confronter ce phénomène à l’évolution des stocks de numéraire et dépôts à l’étranger du secteur.

    On observe bien une augmentation de plus de 230% du stock de numéraire et dépôts détenus à l’étranger par le secteur privé vénézuélien entre 2003 et 2013.

    On comprend qu’une part croissante des devises étrangères accordées par l’État pour l’import est en réalité directement placée à l’étranger. On parle notamment d’importations « fantômes ». Fausses factures, transfert d’argent liquide non déclaré aux douanes et autres combines plus ou moins élaborées ne manquent pas. C’est une véritable fuite de capitaux !

    Mais le placement à l’étranger d’une partie des devises étrangères destinées à l’import ne peut expliquer pas à lui seul, les pénuries. Certains secteurs privés se livrent en effet à un véritable accaparement, c’est-à-dire qu’ils accumulent et stockent massivement des marchandises de même espèce en vue de provoquer leur raréfaction artificielle.

    D’ailleurs, les caractéristiques des biens pour lesquels on recense les principales pénuries ne trompent pas : les pénuries concernent principalement des biens et non des services ; Biens facilement stockables et non périssables : denrées alimentaires (pâtes, lait en poudre, sucres, …), produits d’hygiène personnel, produits d’hygiène, etc ; Biens de première nécessité pour les foyers (de nombreuses pénuries recensées parmi les 20 aliments les plus consommés par le Venezuela) et biens intermédiaires indispensables pour la production de biens et services (pièces de rechange, moteurs de voiture, etc.) ; Biens principalement produits, importés ou distribués par des monopoles et oligopoles privés : farine de maïs, farine de blé, sucre, huile, … Pénuries recensées principalement dans le commerce de détail : un restaurateur se procurera plus facilement de la farine de blé qu’un consommateur final.

    Les biens accaparés par ces oligopoles et monopoles privés sont ensuite déversés sur des marchés parallèles : marché noir local et surtout commerce de contrebande à la frontière avec la Colombie.

    Les pénuries ne sont donc pas le résultat d’un effondrement de la production nationale et/ou d’une baisse des importations consécutive à une baisse des devises étrangères accordées par l’État

    Les causes réelles des pénuries recensées au Venezuela sont donc dans l’ordre :

    – Importations « fantômes » : Diminution des importations malgré un octroi croissant de devises étrangères au secteur privé importateur qui place à l’étranger une part des devises attribuées pour l’import

    – Accaparement sélectif de biens de première nécessité

    Commerce de contrebande

    Les acteurs économiques qui se livrent à ce genre de pratiques frauduleuses poursuivent bien entendu des intérêts économiques puisqu’ils réalisent de juteux profits mais l’appât du gain n’est pas la motivation principale : ce sont des intérêts principalement politiques qui sont poursuivis. En effet, force est de constater que les pics de pénuries coïncident avec des événements politiques majeurs tels que des rendez-vous électoraux et des épisodes de forte tension politique : « coup d’État pétrolier » (2003), référendum constitutionnel (2007), campagne et élection présidentielles (2012-2013).

    Les biens qui sont l’objet de pénuries ne sont d’ailleurs pas choisis au hasard comme on l’a vu, il s’agit de produits de première nécessité : médicaments, aliments de base, pièces de rechange, produits d’hygiène…

    Cette déstabilisation socio-économique qui se traduit par une déstabilisation sociale, vise le monde du travail, cœur de l’électorat chaviste alors que les classes aisées sont épargnées (telesurtv.net/opinion/Ejecutivo-vasco-muestra-supermercados-de-la-clase-alta-en-Caracas-no-falta-nada.html).

    Les manifestations les plus visibles de cette déstabilisation sont bien entendu les files d’attente à l’abord des supermarchés vénézuéliens à l’effet médiatique et psychologique dévastateur ; les images étant abondamment diffusées par les médias et les réseaux sociaux du monde entier.

    Toutes les composantes de l’opposition sont d’ailleurs mobilisées puisque les médias d’opposition tant locaux (majoritaires au Venezuela) qu’internationaux participent également à l’opération de déstabilisation en mettant en place de vastes campagnes médiatiques destinées à générer une psychose et une peur de manquer au sein de la population. À l’image de ce qui s’est passé en France lors de la grève des raffineries de pétrole contre la Loi « Travail » (mai 2016), certaines pénuries sont le résultat de pics de demande momentanés consécutifs à la psychose et la peur de manquer générées par les médias.

    Au Venezuela, ce sont notamment les couche-culotte et le lait en poudre qui en ont fait les frais. Ces pénuries très ciblées ne sont donc pas le résultat d’une soi-disant « faillite» du modèle économique vénézuélien. Ces pénuries sont l’instrument et le résultat d’opérations savamment orchestrées de déstabilisation économique et sociale motivés par des intérêts essentiellement politiques.

    LA MANIPULATION DE LA MONNAIE, LEVIER PRINCIPAL DE LA GUERRE ÉCONOMIQUE

    Dollar parallèle et inflation

    Le deuxième problème qui mine l’économie du pays est le taux d’inflation. L’indice des prix à la consommation révèle deux points d’inflexion en 2007 puis en 2012 pendant lesquels l’augmentation de l’indice des prix s’envole (prix de base 1997) :

    La théorie économique admet que l’indice des prix dépend du total de la demande : une augmentation de la demande a pour conséquence une inflation des prix. Les monétaristes retiennent, en revanche, que l’inflation dépend de la masse de liquidité monétaire en circulation : une plus grande masse de liquidité monétaire stimulera la demande surtout sur le court terme, ce qui engendrera une hausse des prix.

    Cependant, au Venezuela, la fixation des prix n’est pas simplement déterminée par le niveau de la demande et la masse des liquidités en circulation car il existe une variable additionnelle qui rentre en ligne de mire: le taux de change du marché « parallèle » des devises. Pasqualina Curcio-Curcio établit grâce à ses calculs que l’indice des prix est déterminé à hauteur de 70% par le dollar parallèle et par le niveau de la demande à hauteur de 30% seulement.

    Le taux de change parallèle sert donc non seulement de base de référence pour la fixation des prix du marché souterrain (ou « noir » si l’on préfère) mais également pour la fixation des prix dans l’économie « réelle » par un effet-en-chaîne : il suffit de quelques secteurs établissent leur prix en fonction du taux de change du dollar parallèle pour que l’ensemble des secteurs suivent le pas.

    Ce taux de change parallèle fait office de base de référence pour l’ensemble des agents économiques, y compris les agents économiques qui n’ont pas de pouvoir de marché et qui ne peuvent se constituer en monopole ou oligopole : petites entreprises, petites exploitations agriculteurs, petits commerçants, etc…

    Une manipulation délibérée de la monnaie

    Pasqualina Curcio-Curcio démontre que les critères de calcul du taux de change n’obéissent à aucune règle logique connue et que par conséquent, la valeur du dollar parallèle est tout à fait fictive. Le taux de change du dollar parallèle, publié quotidiennement sur internet, est fixé arbitrairement

    Cette fixation arbitraire du dollar parallèle correspond donc à une manipulation du taux de change de la monnaie qui constitue le principal levier de la guerre économique livrée au Venezuela. D’abord, l’inflation induite a pour conséquence directe une perte du pouvoir d’achat du monde du travail qui les contraint à une recomposition du panier des dépenses donnant la priorité aux biens de première nécessité, au transport et à la santé. L’effet en chaîne est la baisse de la demande des biens et services de « seconde nécessité », ce qui provoque une baisse de la production et une montée du chômage. Par ailleurs, le marché parallèle du dollar constitue une incitation aux « importations fantômes » avec les conséquences économiques et sociales que l’on sait : des pénuries source douloureuses pour la population. En effet, l’échange de devises sur le marché parallèle est plus rentable que l’importation de biens et services.

    Dès lors, un cercle vicieux entre inflation/pénurie /maximisation des profits du secteur importateur s’installe : le financement de la guerre économique revient moins cher aux importateurs et la guerre économique s’avère être pour eux une affaire plus juteuse que d’importer.

    Publié le 26 Mai 2017 par Bolivar Infos

    Traduction : Françoise Lopez

    Notes :

    (1) Voir « Comment « Le Monde » invente « la répression » au Venezuela, https://venezuelainfos.wordpress.com/2017/05/20/comment-le-monde-invente-la-repression-au-venezuela/

    et « Le Monde » lâché par la BBC : Stephen Sackur démasque la droite vénézuélienne et ses rêves de coup d’État, https://venezuelainfos.wordpress.com/2017/05/25/le-monde-lache-par-la-bbc-la-droite-venezuelienne-revele-son-objectif-dun-coup-detat/

    URL de cet article : http://wp.me/p2ahp2-2ET


    Intéressant dans le même registre, cette petite chronologie du "harcèlement économique" du pays depuis 2013 :

    https://www.romainmigus.info/2019/01/chronologie-des-sanctions-economiques.html?m=1

    *******************************************************************************************

    Un exemple (sans aller chercher des jobardoïdes façon 'p''c''mlm' d'une certaine époque) et une critique d'une analyse partielle pour ne pas dire partiale, celle du Mouvement marxiste-léniniste Vientos del Pueblo, traduite par VP :

    Mythes et réalités sur le Venezuela et la migration

    Alors bon pour le coup, la guerre économique du secteur privé oligarchique soutenu par l'Occident est complètement niée quoi...

    Le camp chaviste-maduriste est bourgeois, une bourgeoisie bureaucratique de parvenus petits et moyens-bourgeois qui utilisent l'État pour s'enrichir : OK.

    Mais à lire ces textes on a l'impression que cette bourgeoisie a VIRÉ l'autre, la "compradore-usurière", le secteur privé oligarchique, importateur notamment.

    Mais ce n'est pas du tout le cas !

    Et c'est bien au contraire ce secteur qui existe toujours, et sa "cohabitation" antagonique avec le secteur bureaucratique centré quant à lui sur l'exportation (pétrolière), qui sont au cœur de la crise actuelle... 

    Quant à l’Équateur, il n'a jamais même vraiment prétendu à un pseudo-"socialisme du 21e siècle" mais à une "révolution citoyenne" s'assumant beaucoup plus clairement bourgeoise et d'esprit social-libéral "ruisselant" ; aujourd'hui remise en question par le successeur de Correa dans un retour progressif au système oligarchique et kleptocrate antérieur. L'un des résultats ayant été que cela a "mieux marché", car si l'opposition à Correa a toujours été forte et virulente, le pays n'a pas du tout connu le même niveau de déstabilisation permanente que le Venezuela.

    À lire certaines analyses on a vraiment l'impression que les grands capitalistes impérialistes occidentaux, leurs médias, et le secteur privé national honnissent le régime vénézuélien "comme ça gratuitement par plaisir", sans qu'il ne nuise le moins du monde à leurs intérêts ; et qu'ils ne sont en outre absolument pour rien dans les difficultés économiques qu'il rencontre !!

    Ce n'est pas la réalité, ce n'est pas scientifique (et nous dirions, qu'on se le dise, exactement la même chose s'il s'agissait de leurs compatriotes MLM "purs et durs" de Puka Inti - FDLP). C'est une analyse partielle et donc partiale, et ce type d'analyse doit être critiqué dans le mouvement communiste.


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  • https://fr.wikipedia.org/wiki/Ligne_de_masse

    La ligne de masse, c'est donc une méthode de travail qui vise à éviter l'aventurisme gauchiste, ou le "commandisme" (imposer sans discussion son point de vue aux masses, avoir tout compris et elles "rien", faire de la "contrainte en communisme" comme d'autres en religion en quelque sorte)... MAIS AUSSI le suivisme, c'est à dire se mettre à la remorque de leur niveau de conscience actuel, et capituler des idées justes en fonction de cela, ou refuser de traiter des questions qui "n'intéresseraient pas" les masses.

    Car sinon, autant tout simplement ne pas être communiste ; puisque lorsqu'un Parti communiste commence son activité, moins de 5% des masses en général veulent le socialisme et le communisme. Un Parti communiste chinois s'est créé en 1921, avec 13 gars dans une petite maisonnette (57 militants dans tout le pays au total), pour instaurer une société dont à ce moment-là moins de 1% des masses chinoises voulaient.

    Il en va de même pour parler d'antiracisme politique et de révolution indigène décoloniale, chose dont encore à l'heure actuelle, on pourrait dire que la majorité dans les quartiers se fout. Ou d'une indépendance (ou d'un large fédéralisme) socialiste pour l'Occitanie.

    On pourrait encore ajouter non seulement que (comme on l'a déjà dit) "la pratique" d'où viennent les idées justes est L'ACTIVITÉ SOCIALE des masses en général, et non la seule pratique militante de l'organisation révolutionnaire ; mais aussi que les masses ont un présent... ET UNE HISTOIRE. Les "idées et éléments de connaissance, souvent confus et non systématisés" ne se recueillent pas seulement dans la réalité présente des masses, mais aussi dans leur histoire passée. C'est aussi une HISTOIRE d'oppression et de luttes qui fait que l'Occitanie ou la Bretagne ou les colonies intérieures indigènes, ou New Afrika ou Aztlán aux États-Unis sont des réalités historiques, et aussi (de ce fait, donc) des réalités présentes scientifiques, "statistiques", même si tel ou tel individu pris individuellement, ou même 1.000 ou 10.000 individus pris au hasard collectivement (en rencontre-t-on vraiment beaucoup plus dans un travail de "ligne de masse" ?) n'en ont pas ou pas majoritairement conscience.

    [Pour prendre un simple exemple... Lénine n'a, de janvier 1897 à novembre 1905 puis de novembre 1907 à avril 1917, vécu qu'en déportation (en Sibérie) ou en exil (en Suisse et ailleurs) ; et même entre 1905 et 1907, il "dirige les opérations" (en quelque sorte) à Petrograd depuis la Finlande, appartenant certes à l'Empire russe mais jouissant d'une assez large autonomie... Il n'a strictement, au long de ces 20 années cruciales pour la révolution en Russie, jamais été sur le "ter-ter" ; presque PERSONNE dans toute l'histoire des mouvements révolutionnaires n'a eu moins de pratique de terrain que lui ; et pourtant, il est devenu Lénine !! Les arguments "terteristes" tombent ici totalement à plat...]

    De toute façon, si l'on croit au matérialisme dialectique (Diamat) on croit à un Sens de l'Histoire vers le communisme et la libération des peuples, et à ce qu'il FAUT dans chaque situation nationale particulière pour parvenir à cette libération ; il n'existe pas de "choix" humain quant à cet horizon inéluctable de l'humanité (ce que les anciens appelaient "Fin des Temps" ou autre, vers laquelle l'humanité allait par une volonté supérieure appelée "Dieu"), simplement le choix de se placer du bon ou du mauvais côté de la barricade, et le travail des révolutionnaires qui consiste à amener le plus possible de gens du bon côté, pour en avoir le moins possible à combattre en face.

    La ligne de masse est plutôt à concevoir comme une méthode d'"évangélisation" pour gagner ainsi le plus de gens possible aux objectifs révolutionnaires sans "contrainte en communisme", sans brusquerie qui susciterait leur rejet. Elle sert à dégager les idées justes en matière de travail politique, de style de travail, de priorités tactiques ; mais pas de caps stratégiques, qui sont prédéfinis.

    Elle ne sert pas à définir, au sens de "décider", où va le Sens de l'Histoire ; mais simplement à la rigueur à (au sens de) en PRENDRE CONSCIENCE lorsque cette conscience n'est pas encore claire. L'étude scientifique du capitalisme industriel au 19e siècle, et non un "référendum" parmi les ouvriers et les paysans rencontrés, a fait dire à Marx et Engels que le communisme à travers un processus appelé socialisme était l'objectif de l'humanité. Ils ont pu dire de la grosse merde au début sur le colonialisme, puis l'observation de cette réalité concrète les a amenés petit à petit à comprendre qu'il fallait le combattre et que les luttes contre lui étaient justes. L'observation de la réalité politique et sociale, et en premier lieu des partis bourgeois ou socialistes réformistes, a fait dire à Lénine que la Russie n'avait pas besoin d'une révolution bourgeoise et d'un siècle de règne de la bourgeoisie mais pouvait mener une révolution ouvrière-paysanne directement. Rappelons qu'entre 1900 et la Révolution d'Octobre 1917, il a passé en tout et pour tout... moins de 18 mois en Russie, et rarement dans le feu de l'action, se faisant très discret pour échapper à l'arrestation ; tandis que les bolchéviks qu'il dirigeait n'avaient pas (jusqu'à la fin de l'été 1917) d'influence réelle sur les évènements. Les échecs des années 1920 ont amené Mao à comprendre la centralité de la paysannerie pour la révolution en Chine ; et Mariátegui de même au Pérou, cloué dans un fauteuil roulant, pas des masses sur le "ter-ter" le gars... Nous sommes maoïstes parce que nous constatons que, pour le peu qu'il y a de mouvements communistes en lutte actuellement dans le monde, ceux qui se revendiquent MLM sont ceux qui "marchent" le mieux, ceux qui ont les idées les plus justes sur leurs pays respectifs et la situation continentale et mondiale, et les meilleures "solutions" à ces problèmes.

    Mais tout cela n'a pas été "décidé", comme si une autre décision était possible : c'était le Sens de l'Histoire dans ces pays, et cela a simplement été COMPRIS.

    Et aujourd'hui, comme il n'y a pas seulement un présent mais aussi un passé, et déjà 170 ans de socialisme scientifique marxiste et de luttes sur cette base ; et plus encore, 5 siècles de capitalisme sous toutes ses formes partout dans le monde et de luttes contre lui ; il y a probablement beaucoup plus de questions qui ne se POSENT PLUS que d'autres pour lesquelles il faut encore s'assurer par "l'enquête" que le mot d'ordre, l'objectif fixé, est le bon.

    On l'a dit, répétons-le encore une fois : nous SAVONS que le Sens de l'Histoire est le communisme à travers le socialisme, et nous n'allons pas "aux masses" armés d'une autre certitude ; alors pourtant que le mouvement communiste a traversé à partir des années 1980 une phase de grande défaite et de reflux, et que même si ça repart un petit peu, en Occident en 2018, une "enquête" dans une véritable "ligne de masse" devrait conduire à abandonner tout militantisme pour cet objectif dont une large majorité ne veut pas.

    La ligne de masse est donc une méthode de travail pour, à partir de leur "perception diffuse" que "quelque chose ne va pas" et qu'il "faut que ça change" (ce que Gramsci appelait le "bon sens", opposé au "sens commun" aliéné à l'idéologie dominante), amener les masses à la nécessité du communisme et à tous les mots d'ordres justes au regard de cette nécessité.

    ELLE N'EST PAS une méthode pour décider de quoi on va leur parler, à quels objectifs justes on va œuvrer à les rallier : ceci n'est certes pas décidé par pure fantaisie, mais par un travail scientifique d'étude, d'analyse, de réflexion qui ne se réduit pas à "aller écouter les masses".

    De toute façon, encore une fois, s'il en était ainsi on ne se revendiquerait même pas communiste. Ce en quoi la "ligne de masse" a été convertie, et pervertie, c'est tout simplement en une EXCUSE pour ne pas aborder les questions qui "dérangent", qui bousculent les "petits conforts intellectuels" produits des "petits privilèges" par lesquels la classe dominante monopoliste hiérarchise et aliène les unes contre les autres des parties des masses populaires. Comme la libération des colonies intérieures, que ce soit aux States ou en Hexagone, par exemple.

    Sur la ligne de masse


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  • Punchlines FB : #DeLaPratique #LigneDeMasse

    Punchlines FB : #DeLaPratique #LigneDeMasse

     

    [Lénine n'a, de janvier 1897 à novembre 1905 puis de novembre 1907 à avril 1917, vécu qu'en déportation (en Sibérie) ou en exil (en Suisse et ailleurs) ; et même entre 1905 et 1907, il "dirige les opérations" (en quelque sorte) à Petrograd depuis la Finlande, appartenant certes à l'Empire russe mais jouissant d'une assez large autonomie... Il n'a strictement, au long de ces 20 années cruciales pour la révolution en Russie, jamais été sur le "ter-ter" ; presque PERSONNE dans toute l'histoire des mouvements révolutionnaires n'a eu moins de pratique de terrain que lui ; et pourtant, il est devenu Lénine !! Les arguments "terteristes" tombent ici totalement à plat...]


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  • L'islamophobie reposerait sur une "réalité", celle de la "barbarie terroriste islamiste" ; tandis que l'antisémitisme ne reposerait que sur des "fantasmes".

    Mais cet argument est fallacieux. Car dans l'antisémitisme pré-Shoah, la Révolution bolchévique c'était le "Règne du Juif" et déjà "des millions de morts" (les crânes sur lesquels est assis le Juif sur cette affiche de propagande collabo ukrainienne), ainsi que (déjà) des "odieux attentats" comme celui de la cathédrale de Sofia en Bulgarie ou la fusillade de la rue Damrémont à Paris ; l'anéantissement d'une "brillante civilisation européenne", celle de l'aristocratie russe "d'origine nordique" ; et le reste de l'Europe n'y avait échappé que "de justesse" au début des années 1920 grâce à "des héros" comme Mussolini, les Corps Francs allemands avec dans leurs rangs le jeune Hitler, Pilsudski en Pologne, Primo de Rivera puis Franco en "Espagne", Salazar au Portugal etc. etc. Et "d'ailleurs" (pour certains), "la Révolution française et sa Terreur c'était déjà eux", "avec les francs-maçons".

    Comme association à un truc vraiment "trigger", on pouvait difficilement faire mieux ! Et c'est ainsi que les vieux préjugés anti-juifs, ayant longtemps consisté à "limiter leur influence" dans les sociétés post-révolutions bourgeoises, ont conflué dans une machine exterminatrice.

    L'on pourra alors toujours, certes, "ne pas mettre sur le même plan" le marxisme-léninisme et l'islam politique. Ce dernier est, en dernière analyse, un nationalisme bourgeois aux orientations diverses, dépendant beaucoup du contexte local ; prenant parfois la forme d'un expansionnisme régional réactionnaire (Daesh) qui oblige à le combattre mais dans d'autre cas, celle d'une résistance nationale à soutenir contre l'impérialisme et le sionisme (Hamas et JIP en Palestine, Hezbollah au Liban) ; avec les mouvements moros dans le Sud des Philippines ou kashmiris dans le Nord-Ouest de l'Inde, face à un ennemi oppresseur commun, les camarades maoïstes sont dans une démarche de non-agression, etc.

    Et dans tous les cas, un nationalisme bourgeois qui fait chier les monopoles impérialistes dans la "Région intermédiaire" fondamentale pour l'économie mondiale ; et dont la perception comme une menace existentielle pour la "civilisation occidentale" est porteuse des mêmes germes exterminateurs.

    On entend souvent qu'il y aurait une "différence" entre l'islamophobie actuelle et l'antisémitisme :


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