• Ce genre de catalogues revendicatifs (peu importe en vérité de qui ils émanent et avec quelle sincérité !) sont toujours intéressants pour situer le centre de gravité idéologique du mouvement au moment où nous parlons.

    On observe donc ici une plateforme tout de même globalement plus "sociale", avec moins de propositions antagoniques entre elles et moins de mots d'ordre strictement patronaux-droitards ("baisse des chaaaarges", "assez d'assistanaaaat") que les précédents ; quelque chose qui pourrait tout à fait se rattacher à la France Insoumise ou du moins à son courant Kuzmanovic (lequel vient de claquer la porte) ; à moins que ce ne soit, avec la référence au Frexit comme "clé" de tout le reste, de façon très chiffrée ("130 milliards pour le Trésor public"), plutôt la mouvance Asselineau-UPR-Cercle des Volontaires...

    [Voir ici, étudiée par le (macroniste) Nouvel Obs, la précédente liste de revendications sortie fin novembre : https://www.nouvelobs.com/politique/20181129.OBS6307/gilets-jaunes-on-a-decortique-chacune-des-42-revendications-du-mouvement.html]

    La question de l'immigration est abordée de manière assez "timorée" (si l'on se place d'un point de vue faf), pratiquement en queue de peloton et couplée à un programme... anti-Françafrique finalement assez audacieux (bien que loin du compte d'un point de vue anti-impérialiste révolutionnaire, bien entendu), qui là encore peut faire penser à la vision géopolitique mélenchoniste ou Kuzmanovic ou encore évoquer la patte de la mouvance Kémi Seba (plutôt en bons termes avec la mouvance Asselineau-CdV).

    Il n'est finalement question que de "flux migratoires impossibles à accueillir et à intégrer" en ce moment en raison d'une "crise civilisationnelle" que nous traverserions - et quelque part, dire que la "civilisation" capitaliste et la "Modernité occidentale" sont en crise profonde, est-ce complètement faux ? La question est plutôt de savoir si on s'en RÉJOUIT (comme nous...) ou si on le regrette et aimerait pouvoir revenir au "bon vieux temps", comme l'esprit qui se dégage de cette "charte officielle" semble le faire.

    [Pour rappel, ici le recueil de nos positions sur cette question : recueil-d-articles-ou-est-abordee-la-question-migratoire-a148801966 – les migrants ne quittent pas leurs pays, au prix de tous les dangers, pour le plaisir ; ils sont quelque part des "combattants" (des "marrons", dixit Sadri Khiari) anti-impérialistes non-conscients qui viennent en 'Occident pour essayer d'y récupérer un peu de ce que celui-ci a pillé chez eux ; la solidarité envers eux est donc un DEVOIR anti-impérialiste, sans lequel en vérité il n'est pas possible de se prétendre tel ; néanmoins il est aussi vrai de dire que le "devoir d'accueil", si on peut l'appeler ainsi, devrait être proportionné sur chaque kilomètre carré d'Occident à la richesse de celui-ci, à la part de richesse pillée au Sud qu'il accumule et concentre, afin d'éviter les sentiments populaires "à la Michou" ("faut bien que quelqu'un s'pousse pour leur faire de la place" - aux nouveaux arrivants - "et c'est toujours les mêmes, pas ceux d'Neuilly") sur lesquels surfent les Salvini, Orban et bien sûr Le Pen ; il est extrêmement important d'avoir cette analyse radicalement anti-impérialiste du "problème" et, par voire de conséquence, des solutions car il peut aussi exister (et existe) une solidarité avec les migrants purement bobo socedem humanitaire-charitable (qui révulse les masses), ou gauchiste "vide" qui se contente d'incanter "no border ! no border !" avec (comme a là encore pu l'expliquer Khiari) un côté bonne conscience à prix discount.]

    (Commentaire FB) "Si on voit ce genre de truc comme un thermomètre, au sens où c'est un "produit" commercial lancé sur un "marché" et fait pour plaire à ce qui est perçu comme la sociologie du mouvement à l'instant t, alors ses propositions pour la plupart FI-compatible et celle sur la "fin de la Françafrique" montrent une évolution a priori plutôt positive de cette sociologie, plus que si on avait une plateforme de type RN-Maréchal totalement axée contre les taxes, "les charges pour les entreprises" et le "grand remplacement" (même si ils ont gardé, pour ne pas se couper de toute une aile du mouvement, ce fameux point contre "l'immigration incontrôlée pas possible à gérer vu la crise de civilisation (?) qu'on traverse").

    Bon sinon là bientôt il va y avoir le fameux "accord de Marrakech" que les fafs attendent pour lancer une psychose et essayer de reprendre la main."

    Le Mouvement communiste maoïste de Tunisie évoque notamment cette "charte" dans un article qu'il a publié sur le mouvement en cours, et qu'il nous a adressé à la page Facebook de SLP :

    https://mcm-tn.blogspot.com/2018/12/gilets-jaunes-le-droit-linsurrection.html

    Nous leur avons transmis la réponse suivante :

    "La Charte en 25 points émane très probablement d'un parti nommé l'UPR (Union populaire républicaine), néo-gaulliste, dirigé par François Asselineau, dont elle ressemble presque mot pour mot au programme présidentiel de 2017, avec son accent mis sur le Frexit (sortie immédiate et radicale de l'Union européenne), censé rapporter plusieurs milliards d'euros.

    Ces milliards d'euros que coûterait l'Europe à la France, sont censés financer le reste qui ressemble globalement au programme de la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon (ancien trotskyste lambertiste puis longtemps membre du PS).

    Il y a un point assez surprenant, dans un sens presque agréable si l'on ose dire, qui est la liquidation de la Françafrique, la fin du franc CFA etc. etc.

    Ce point indique la proximité de cette mouvance avec le nationaliste panafricain Kemi Seba, parfois à la limite du kémitisme (supériorité raciale noire) et qui n'a jamais hésité à s'associer à l'extrême-droite blanche.

    Et cette mesure est censée servir à la suivante, qui est un arrêt de l'immigration vers le continent européen, dans un esprit tout de même assez xénophobe, même si dans l'idéal, bien sûr, on ne peut que souhaiter que les gens n'aient plus besoin de quitter leurs pays et de risquer leurs vies pour immigrer en Europe où au mieux ils serviront de quasi esclaves.

    Donc ce n'est pas un programme "révolutionnaire", pas plus qu'il n'émane "des gilets jaunes" qui n'ont ni unité organisationnelle ni véritable direction. C'est un programme qui émane de militants ou sympathisants UPR qui participent au mouvement, et qui le lui "proposent" comme mots d'ordre.

    Il est vrai cependant que le fait que ce programme soit devenu "viral", plutôt qu'un autre qui aurait été plus d'extrême-droite "classique" ("à bas les charges sur les entreprises" = salaire différé, "dehors les immigrés" mais sans parler des causes de l'immigration etc.), montre tout de même que le centre de gravité du mouvement évolue vers la gauche (disons des positions que ne rejetterait pas Jean-Luc Mélenchon), ce qui est positif.

    Les masses apprennent dans la lutte et semblent, dans un souci (en plus) d'unir largement (de ne pas exclure "bêtement" des parties des classes populaires), en apprenant petit à petit à s'écouter entre secteurs populaires différents, s'éloigner des "fantaisies" (comme disait Lénine) LES PLUS réactionnaires et au service de la tendance générale au fascisme.

    Néanmoins, cette idée d'Occident "en crise de civilisation" donc ne pouvant plus accueillir de prolétaires migrants ; ou encore l'idée d'une sortie de l'Union européenne comme solution "magique" (comme si tout allait bien, tout était parfait en France avant 1993 et le Traité de Maastricht...) ; restent encore des "fantaisies réactionnaires".

    Un pays européen, par exemple, qui quitterait brutalement l'Union tout en restant dans une économie capitaliste, tomberait dans une crise économique sans précédent qui ferait passer la Grèce de 2012 pour un paradis sur terre !

    On est donc encore loin d'une véritable conception révolutionnaire marxiste, de nature à permettre une véritable révolution. Nous continuons d'y travailler, et d'utiliser ce mouvement pour répandre le plus possible ces conceptions dans les masses populaires."


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  • On l'aura compris, inutile de se voiler la face : dans le mouvement des Gilets Jaunes, derrière ce gigantesque et fascinant soulèvement populaire peut-être sans précédent depuis Mai 68, se profile omniprésente l'ombre sinistre de la droite radicale... et notamment de diverses tendances putschistes, depuis l'assez grotesque illuminé Éric Fiorile avec son "Conseil National de Transition" jusqu'aux éléments (un peu plus "sérieux") qui appellent à la nomination de Pierre de Villiers à Matignon ; prônant le renversement par la force des institutions "illégitimes" qui auraient "vendu le pays", afin de "restaurer sa souveraineté".

    [De fait, avec ce Christophe Chalençon appelant à la prise de pouvoir militaire de Pierre de Villiers, l'ex-UNI ex-UMP et actuellement DLF Benjamin Cauchy ou encore l'inclassable et trouble (et dit-on ex... macroniste) Jacline Mouraud, se sont finalement constitués les "Gilets Jaunes libres" ; autrement dit le rebut de tous les primo-porte-paroles autoproclamés qui voulaient un mouvement strictement sur des objectifs droitiers, et voient la situation leur échapper complètement... Représentant, de fait, l'option d'une sortie fasciste de la crise actuelle à l'intérieur même (enfin... soi-disant !) du mouvement.]

    Mais faut-il craindre, de ces tendances, qu'elles réussissent réellement à prendre le pouvoir... ou plutôt AUTRE CHOSE ?

    "Nous voulons les colonels (titre original : Vogliamo i colonelli) est un film italien réalisé par Mario Monicelli, sorti en 1973.

    Des extrémistes de droite tentent d'organiser un coup d'État en Italie. Mais leur maladresse et leur stupidité les font échouer lamentablement… Le réalisateur se plaît à décrire, sur le ton de la farce grinçante, les désastreuses entreprises d'activistes nostalgiques du fascisme.

    La fin du film est cependant amère et contient en guise de morale de la fable un avertissement politique clair.

    Même si le coup d’État fomenté par Tritoni/Tognazzi et ses affidés néofascistes sombre dans le cafouillage et le ridicule, un gouvernement de droite classique, parlementaire, profitant opportunément de l'émotion du pays et agissant sous couvert de maintien de l'ordre public républicain, n'en impose pas moins des lois liberticides comme l'interdiction des grèves, des manifestations et des rassemblements de plus de trois personnes."

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Nous_voulons_les_colonels


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  • Seine-Saint-Denis : des échauffourées à Aubervilliers et Pantin

    https://www.rtl.fr/actu/justice-faits-divers/seine-saint-denis-des-echauffourees-eclatent-a-aubervilliers-et-pantin-7795789423

    Plusieurs jeunes ont incendié des poubelles et dégradé du mobilier urbain à proximité du carrefour des Quatre Chemins, non loin de la porte de la Villette.

    Poubelles en feu, abribus brisés, et un véhicule enflammé... Des images, d'abord issues des réseaux sociaux, montrent de violents incidents aux portes de Paris ce lundi 3 décembre au matin, au niveau du carrefour des Quatre Chemins, à cheval sur les communes d'Aubervilliers et de Pantin, toutes deux situées en Seine-Saint-Denis. La station de métro Aubervilliers, sur la ligne 7, est fermée, a annoncé la RATP. Peu avant 12h30, les trains passaient toujours sans marquer l'arrêt.

    Selon une source policière, citée par l'AFP, près de 200 jeunes avaient investi la rue. Une poignée d'entre eux avaient revêtu un gilet jaune. sept personnes ont été interpellées, selon une source policière. Vers 11 heures, le calme est revenu sur les lieux.

    Devant le lycée professionnel Jean-Pierre-Timbaud, situé avenue de la République à Aubervilliers, un véhicule était en flammes, retourné, a constaté RTL à 10h30. La situation était tendue avec quelques dizaines de jeunes attroupés bloquant la rue. Si les pompiers n'ont pas pu intervenir dans un premiers temps, ils étaient en cours d'intervention à 10h45, encadrés par les forces de l'ordre. Des poubelles ont également été incendiées, du mobilier urbain dégradé et un magasin de téléphonie a été pillé.

    Plus d'une centaine de lycées bloqués en France

    Geoffrey Carvalhinho (Les Républicains), un élu municipal de Pantin contacté par RTL.fr, raconte être passé tôt ce matin sur la zone en proie aux incidents, entre 7h45 et 7h50. "Un feu est parti vers 8 heures. Il y a eu des casseurs qui criaient 'on va tout casser', Macron démission', Révolution'", relate-t-il.

    La semaine passée, des poubelles avaient été mises à feu devant le lycée Jean-Pierre-Timbaud à Aubervilliers, avait relaté Le Parisien. En fin de matinée ce lundi, le ministère de l'Éducation nationale a annoncé que plus d'une centaine de lycées étaient bloqués ce matin. Un mouvement aux revendications disparates. Les syndicats lycéens ont expliqué protester contre Parcoursup et les réformes du bac et du lycée, et l'un d'eux a évoqué son soutien aux "gilets jaunes" pacifistes.

    Pour Geoffrey Carvalhinho, cela ne fait aucun doute : "Je pense que malheureusement ce sont des jeunes casseurs" qui "veulent reproduire ce qu'ils ont vu à la télé samedi". Pour l'heure, il est prématuré de préjuger d'un quelconque lien entre les incidents.


    Et puis et puis... un se divise en deux et face à la tournure prise par les évènements, face aux jonctions sociales potentiellement explosives qui pourraient se faire, non seulement des syndicats de policiers appellent déjà à l'intervention de l'armée et Castaner dit n'avoir "aucun tabou", mais la droite du mouvement, comme le très droitier vauclusien Christophe Chalençon (lire ici : Christophe-Chalencon.pdf), voyant les choses lui échapper, propose déjà ses "solutions"... du genre finales :

    Un porte-parole des "gilets jaunes" réclame la nomination du général de Villiers comme Premier ministre

    https://www.europe1.fr/societe/un-porte-parole-des-gilets-jaunes-reclame-la-demission-du-gouvernement-et-la-nomination-du-general-de-villiers-comme-premier-ministre-3812579

    Invité de la Matinale d'Europe 1 lundi, Christophe Chalençon, porte-parole des "gilets jaunes" dans le Vaucluse, a réclamé la démission du gouvernement d’Édouard Philippe et la nomination du général de Villiers à sa place.

    EXCLUSIF

    Une remise à plat complète du système, voilà ce que réclament bon nombre de "gilets jaunes" depuis trois semaines. Christophe Chalençon, porte-parole du mouvement dans le Vaucluse, est de ceux-là. Au micro de Nikos Aliagas lundi matin sur Europe 1, il a demandé "la démission du gouvernement actuel", et est allé jusqu'à proposer le nom d'un candidat au remplacement d’Édouard Philippe.

    Le général de Villiers à Matignon. "Moi, je verrais bien un général de Villiers à la tête du gouvernement. Il a servi la France de gauche ou de droite. Aujourd'hui, c'est un homme de poigne qu'il faut à la tête du gouvernement", défend Christophe Chalençon. L'ancien chef d'état-major des armées Pierre de Villiers avait démissionné avec fracas le 19 juillet 2017 après avoir été recadré par Emmanuel Macron. Le gradé avait critiqué les économies de 850 millions d'euros réclamées aux armées, dans un contexte de restrictions budgétaires générales. Sa démission, fait sans précédent sous la Ve République, avait été la première crise majeure du quinquennat Macron. "Nous demandons à avoir un véritable commandant, c'est-à-dire une femme ou un homme qui va prendre au sérieux le devenir de la France", précise le "gilet jaune".

    Le Premier ministre en fâcheuse posture. Jugé trop ferme ou maladroit dans sa gestion d'un dossier qui s'enlise, Edouard Philippe voit sa position fragilisée ces dernières semaines. Le fiasco, vendredi après-midi, de son rendez-vous avec les porte-parole des "gilets jaunes", n'arrange pas les choses, l'exécutif ne pouvant nouer un dialogue constructif avec le mouvement. Après les violences de samedi, le locataire de Matignon a réitéré son invitation. "Nous étions invités mais nous avons demandé à ce que le rendez-vous soit repoussé à demain pour que l'on soit davantage structurés, et surtout pour peaufiner les revendications qui ne sont, à mon sens, pas assez fortes", indique Christophe Chalençon. "Nous attendons confirmation."

    En milieu de matinée lundi, Matignon a annoncé qu'une délégation de "gilets jaunes" serait reçue mardi après-midi.

    "Tout le monde survole le problème". Plus globalement, pour le représentant des "gilets jaunes", il faut bel et bien en finir avec la politique de ces "40 dernières années". En 2008, il portait déjà ce combat en se présentant aux législatives. Il réclamait la création d'assemblés citoyennes, qui fait aujourd'hui partie des revendications des "gilets jaunes". "Tout le monde survole le problème. Tout le monde veut mettre des petites rustines à une chambre à air qui est très crevée", dénonce-t-il sur notre antenne. Le porte-parole met en garde : "Aujourd'hui, le gouvernement essaie de négocier quelques poignées de cacahuètes, mais le mal est beaucoup plus profond. (…) Si aujourd'hui rien n'est fait, je pense qu'aux Européennes, nous ouvrons un large chemin à l'extrême-droite." (tiens tiens... même si lui peut difficilement être qualifié autrement, que d'extrême-droite, voilà qu'il agite lui aussi la menace du "pire" pour justifier un gouvernement d'exception !)

    [De fait, ce Christophe Chalençon a fini par rejoindre aux côtés de l'ex-UNI ex-UMP et actuellement DLF Benjamin Cauchyou encore de l'inclassable et trouble (et dit-on ex... macroniste) Jacline Mouraud, les "Gilets Jaunes libres" autrement dit le rebut de tous les primo-porte-paroles autoproclamés qui voulaient un mouvement strictement sur des objectifs droitiers, et voient la situation leur échapper complètement... Représentant, de fait, l'option d'une sortie fasciste de la crise actuelle à l'intérieur même (enfin... soi-disant !) du mouvement.]


    Que fait actuellement de sa vie le général De Villiers ? Qui est-il, et quels intérêts sert-il ?

    Peut-on croire sérieusement qu'il ferait une autre politique... que celle des gens qui sont ses CLIENTS ?

    « J’ai créé ma société de conseil. En matière géostratégique, de management, de leadership, d’exercice de l’autorité. » Via cette structure, il travaille « un jour par semaine » pour le très huppé Boston Consulting Group (BCG).

    Son mantra, qu’il enseigne à des parterres de cadres de haut vol ? « La performance passe d’abord en remettant l’homme au centre. » Ses contrats vont de la PME jusqu’aux géants du CAC 40. Ce passage au privé n’a rien d’un reniement. « L’armée n’a pas le monopole du service. Je sers mon pays puisque ce sont des entreprises françaises », dit-il, tranquille.

    http://leparisien.fr/politique/la-nouvelle-vie-de-pierre-de-villiers-general-sans-reserve-05-08-2018-7843845.php


    Un homme entre la vie et la mort à Toulouse, une dame âgée touchée par une grenade DÉCÉDÉE à Marseille !

    http://ekladata.com/wWJ5h3qa8SJviaArZnIDoQKpN0o.png

    http://ekladata.com/B1wnMRj61ddyQYsM8RwFYRvHfxo.png



    La répression judiciaire : 



    Un syndicat de police parle de "mouvement insurrectionnel" et réclame le droit de tirer (présomption de légitime défense) :

    #GiletsJaunes : dernières news


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  • Non, cette scène n'est pas tirée d'une fiction post-apocalyptique... :

    #GiletsJaunes : le 1er décembre en quelques images

    "Les masses sont la lumière même du monde. Elles sont la fibre, la palpitation inépuisable de l'histoire...

    Quand elles parlent tout tremble, l'ordre chancelle, les cimes les plus hautes s'abaissent, les étoiles prennent une autre direction, parce que les masses font et peuvent tout."

    Abimael Guzmán Gonzalo

    La Marche Rosa Parks qui se tenait (dans le plus grand calme par contre) dans un autre secteur de Paris :

    #GiletsJaunes : le 1er décembre en quelques images

    Beau portfolio ici : https://www.bricelegall.com/Mobilisations/Collectif-Rosa-Parks

    Intervention d’Houria Bouteldja à l’issue de la marche :

    http://indigenes-republique.fr/beaufs-et-barbares-comment-converger/

    "L’antiracisme politique est sur la place !

    Aujourd’hui premier décembre, #Paris est en ébullition. Aujourd’hui à Paris, la révolte gronde. Aujourd’hui à Paris, la répression sévit aux Champs-Élysées comme elle a sévit contre le mouvement social et en particulier contre les habitants des quartiers depuis l’instauration de l’état d’urgence.

    Aujourd’hui, nous sommes fiers de battre le pavé parisien pour porter haut et fort nos revendications contre le #racisme d’État, la guerre sociale et l’impérialisme, comme nous sommes fiers de partager avec d’autres franges du mouvement social, ici ou aux Champs-Élysées, une colère et une contestation qui va en grandissant.

    Il faut le reconnaître, l’explosion des gilets jaunes sur la scène politique écrase notre actualité comme elle a écrasé la manifestation féministe « #NousToutes », qui a pourtant mobilisé plus de 40 000 personnes.

    Il faut le dire également, les gilets jaunes ne sont pas nos ennemis radicaux comme ils ne sont pas nos alliés naturels. Nous partageons avec eux le problème de la vie chère, l’inquiétude de la guerre sociale déclarée contre les plus démunis et une critique radicale du gouvernement Macron. Si nous convergeons tactiquement avec eux sur ces points précis et si nous endossons ce mot d’ordre : « Macron démission », nous divergeons sur le caractère social-chauvin de leur plateforme dont celui qui demande plus de moyens à la police ou plus de répression contre les migrants.

    Je le répète ici, le chauvinisme franchouillard ne souillera pas les héritiers de Rosa Parks. En effet, si nous menons un combat antiraciste, celui-ci sera toujours articulé à un anti-impérialisme sans concession. Sinon, nous ne serions que de vulgaires intégrationnistes, des aspirants à la blanchité ou, pour le dire autrement, des #GiletsJaunes qui, si l’on en croit leurs revendications, cherchent à améliorer leur sort à l’intérieur du cadre national sans s’interroger sur les conditions géopolitiques objectives qui permettent notre confort plus ou moins relatif à l’intérieur de l’Hexagone. Peu leur importent les guerres faites par la France pour maintenir son hégémonie politique et économique sur le monde, peu leur importe le commerce juteux des ventes d’armes à l’Égypte ou l’Arabie Saoudite, peu leur importe la surexploitation des Africains pour l’extraction et le pillage des matières premières nécessaires pour la préservation de nos emplois. Comme l’a dit ce frère africain : « ce n’est pas le carburant qui coule dans vos voitures, c’est le sang des Africains. »

    C’est la raison pour laquelle l’antiracisme du collectif Rosa Parks est un #antiracisme anti-impérialiste. Et si cette exigence s’impose à nous, elle doit aussi s’imposer aux gilets jaunes ou au mouvement social dans son ensemble, comme elle doit s’imposer aux féministes et aux organisatrices de la manif « Nous Toutes ». L’alliance durable entre les « beaufs » et les « barbares » se fera à ces conditions.

    Nous disons ici :
    Pas d’antiracisme sans anti-impérialisme.
    Pas d’anticapitalisme sans anti-impérialisme.
    Pas de féminisme sans anti-impérialisme.

    Notre autonomie n’est donc pas une coquetterie. C’est une exigence supérieure. Mais celle-ci ne doit pas nous confiner au dogmatisme politique.

    C’est pourquoi aujourd’hui nous nous mobilisons à la fois contre, avec et séparément des gilets jaunes. Contre eux à cause de leur chauvinisme. Avec eux contre Macron et contre la répression dont ils sont victimes. Séparément pour affirmer notre projet : Justice, Dignité ou rien !

    Houria Bouteldja, membre du PIR

    #LesGantsNoirs #FormonsUnSeulBloc"


    Chez "nos amis" les droitards/fachos :

    #GiletsJaunes : le 1er décembre en quelques images

    Ici à 2 minutes 30 environ :

    Ce qu'elle dit en fait, c'est être favorable à ce que fait... Macron : augmenter le net en rognant sur le brut ("on trouvera l'pognon ailleurs"...), mais en moins 'limité' ("ça a commencé à être fait mais c'est trop limité"). Le Pen = Macron en pire, point barre.

    Évidemment, ses petits fachos de soutiens ne sont pas contents LOL :

    #GiletsJaunes : le 1er décembre en quelques images et textes#GiletsJaunes : le 1er décembre en quelques images et textes

    Dans le même style :

    #GiletsJaunes : le 1er décembre en quelques images et textes

    [De fait, avec le Christophe Chalençon appelant à la prise de pouvoir militaire de Pierre de Villiers, l'ex-UNI ex-UMP et actuellement DLF Benjamin Cauchy ou encore l'inclassable et trouble (et dit-on ex... macroniste) Jacline Mouraud se sont finalement constitués les "Gilets Jaunes libres" ; autrement dit le rebut de tous les primo-porte-paroles autoproclamés qui voulaient un mouvement strictement sur des objectifs droitiers, et voient la situation leur échapper complètement... Représentant, de fait, l'option d'une sortie fasciste de la crise actuelle à l'intérieur même (enfin... soi-disant) du mouvement.]

    À Lyon :

    #GiletsJaunes : le 1er décembre en quelques images

    Paris : le nazi Yvan Benedetti a été viré du rassemblement des gilets jaunes samedi après-midi


    Tolosa/Toulouse :

    #GiletsJaunes : le 1er décembre en quelques images


    Bordeaux :

    #GiletsJaunes : le 1er décembre en quelques images

    Marseille :



    Sur les groupes Gilets Jaunes, des gens "tain les casseurs arrêtez faites chier quoi" ; et en réponse BEAUCOUP, beaucoup, vraiment beaucoup de "oui mais en même temps C'EST COMME EN 68 si on veut se faire entendre il faut passer par là" :

    #GiletsJaunes : le 1er décembre en quelques images et textes#GiletsJaunes : le 1er décembre en quelques images et textes#GiletsJaunes : le 1er décembre en quelques images et textes#GiletsJaunes : le 1er décembre en quelques images et textes#GiletsJaunes : le 1er décembre en quelques images et textes#GiletsJaunes : le 1er décembre en quelques images et textes#GiletsJaunes : le 1er décembre en quelques images et textes#GiletsJaunes : le 1er décembre en quelques images et textes


    https://www.mediapart.fr/journal/france/011218/la-bataille-de-l-egalite

    La révolte des « gilets jaunes » est un événement pur : inédit, inventif et incontrôlable. Comme tout surgissement spontané du peuple, elle déborde les organisations installées, bouscule les commentateurs professionnels, affole les gouvernants en place. Comme toute lutte sociale collective, elle s’invente au jour le jour, dans une création politique sans agenda préétabli, où l’auto-organisation est le seul maître du jeu. Comme toute mobilisation populaire, elle brasse la France telle qu’elle est, dans sa diversité et sa pluralité, avec ses misères et ses grandeurs, ses solidarités et ses préjugés, ses espoirs et ses aigreurs.

    Devant l’inconnu, la première responsabilité du journalisme est, avant de juger, de donner à entendre pour chercher à comprendre. C’est ce que Mediapart s’est efforcé de faire depuis le début en prenant le temps d’aller y voir, au plus près du terrain, rencontrant une diversité de motivations, de générations et de milieux, montrant l’implication inédite des retraités et la forte présence des femmes (lire notamment les reportages de Mathilde Goanec et François Bonnet). En ne se limitant pas à la chronique fait-diversière des incidents racistes, anti-migrants ou anti-journalistes, qui ont parfois émaillé et discrédité la mobilisation, nos reportages ont ainsi mis en évidence l’authentique conscience politique qui traverse cette révolte spontanée : d’une part, la perception aiguë de l’injustice sociale ; d’autre part, l’exigence forte d’une démocratie radicale.

    La question fiscale a servi de révélateur social. Tout un peuple a compris que le pouvoir sorti des urnes en 2017 assume sans vergogne une politique au bénéfice d’intérêts économiques socialement minoritaires. Emmanuel Macron a sciemment appauvri l’État au bénéfice des ultra-riches, tout en faisant peser sur les revenus du plus grand nombre les conséquences d’une politique de classe qui ruine triplement les solidarités : en affaiblissant les services publics de tous, en allégeant les impôts d’une minorité et en augmentant ceux de tous les autres. Largement documentée sur Mediapart (lire notamment les articles de Romaric Godin), la froideur des chiffres s’est soudain muée en chaleur des indignations.

    Le 2 août dernier, avant même que survienne la révolte des « gilets jaunes » contre la taxe carbone, le ministère des comptes publics publiait la situation du budget de l’État à fin juin 2018, soit à la moitié de l’année. Comme l’a d’emblée souligné Alternatives économiques, il en ressortait déjà qu’à périmètre constant, les recettes fiscales avaient reculé de 2,4 % par rapport au premier trimestre 2017, baisse qui, en volume, est en réalité de 4,5 %, si l’on tient compte de l’inflation, soit un trou énorme de 14 milliards d’euros sur l’année. Or ce recul est dû, et seulement dû, à l’injustice fiscale de la politique gouvernementale : tandis que les taxes qui pèsent sur le plus grand nombre ont continué d’augmenter, la chute des recettes fiscales vient des cadeaux faits aux entreprises et aux fortunés. À périmètre constant, entre le premier semestre 2017 et le premier semestre 2018, leur recul est de 10,5 % pour l’impôt sur les sociétés et de carrément 39 % pour l’impôt de solidarité sur la fortune, supprimé pour un impôt sur la fortune immobilière, les droits de succession et l’imposition du capital !

    Les « gilets jaunes » ne se révoltent pas contre l’impôt mais contre son injuste répartition. La meilleure preuve en est qu’ils demandent des services publics dotés et accessibles, défendent à leur tour ce qui fait tenir ensemble une société – des écoles, des hôpitaux, des commissariats, des transports, etc. Comme tout un chacun, ils savent que ces services publics sont financés par l’impôt, cette « contribution commune indispensable » dont la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 rappelait déjà, en son article 13, qu’« elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés ». Ce qui n’est plus supportable, c’est qu’elle soit, tout au contraire, inégalement répartie. Ce qui n’est pas admissible, c’est que le peuple acquitte de plus en plus d’impôts, alors même que l’État réduit les services qu’il lui rend, à cause de l’ampleur considérable des cadeaux fiscaux consentis aux entreprises et aux très riches.

    L’autre lucidité politique portée par cette révolte concerne le déni de démocratie. L’usage égalitaire des réseaux sociaux, le refus des récupérations partisanes, la volonté de filmer les rencontres avec les autorités, l’élaboration collective de cahiers de doléances, l’invention spontanée de nouveaux modes d’action, etc. : autant de symboles d’une exigence démocratique nouvelle, quelles que soient les tensions ou les contradictions qui la traversent. Soudain, le peuple s’empare de la question institutionnelle qui, dès lors, prend vie et corps au-delà des programmes politiques et des colloques savants. Par l’évocation de référendums, l’exigence de concertation, la demande de délibération, les « gilets jaunes » disent que la démocratie ne se réduit pas au droit de vote. Et qu’une démocratie où le peuple souverain perd tout pouvoir une fois qu’il a voté, congédié du débat politique et invité à faire silence, n’en est plus une.

    Cette exigence radicalement démocratique affronte de plein fouet l’aveuglement monarchique de la présidence Macron. Après s’être faite sur la promesse d’une « révolution démocratique profonde » (sic), l’improbable élection d’un outsider de la politique professionnelle s’est traduite par une accentuation des pires travers de cette dernière sous la Ve République : pouvoir d’un seul se comportant en propriétaire de la volonté de tous ; personnalisation autoritaire de la décision politique autour du « moi » présidentiel ; majorité soumise aux désirs, erreurs et errements du monarque élu, jusqu’à tolérer l’affaire Benalla ; clientèle d’intérêts privés largement récompensée par une présidence absolutiste qui s’en fait la fondée de pouvoir au détriment de l’intérêt commun.

    Emmanuel Macron n’est évidemment pas le premier président à illustrer cette régression démocratique. Mais deux caractéristiques de sa présidence aggravent son cas, au point de nourrir un rejet passionnel et virulent qui évoque, alors qu’il est encore au début de son quinquennat, la toute fin de la présidence de Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981). Ce sont d’abord les circonstances de son élection face à l’extrême droite : au lieu de prendre en compte le sens de ce vote (nous le lui avions rappelé avant son élection), qui n’était pas d’adhésion massive mais d’obligation contrainte, au lieu de tenir compte de sa diversité et de ses contrastes par une pratique participative et délibérative du pouvoir, il s’est comporté comme si son socle de 18 % des électeurs inscrits du premier tour lui donnait un chèque en blanc pour agir, fût-ce au détriment des 82 % restants (nous le lui avons de nouveau rappelé un an plus tard).

    À cette inconscience irresponsable, tant pour l’avenir elle fait, de nouveau, le jeu de l’extrême droite, s’est ajouté un exercice personnel du pouvoir tissé de morgue et de mépris. S’il va volontiers au contact, ce président-là ne peut s’empêcher d’y faire la leçon. Il prétend savoir par avance, et mieux que les premiers concernés, ce qui est bon pour le peuple, qu’il évoque souvent comme s’il lui était extérieur, sinon étranger – ah, ces « Gaulois réfractaires » ! Cumulant mépris de classe – les plus riches – et de caste – les plus diplômés –, il incarne, par son comportement dans l’exercice du pouvoir, une politique de l’inégalité où il y a des supérieurs et des inférieurs, des esprits forts et des volontés faibles, des inclus et des exclus, des vernis et des malchanceux. L’idéologie de la réussite individuelle, au détriment des solidarités collectives, épouse l’hybris d’une aventure personnelle, cette démesure qui ne s’autorise que d’elle-même.

    Du terrain fiscal – la question sociale – au débat politique – la question démocratique –, le mouvement des « gilets jaunes » renouvelle l’exigence d’égalité qui a toujours été le ressort des combats émancipateurs. Le 10 décembre prochain, on fêtera l’adoption à Paris, il y a 70 ans, de la Déclaration universelle des droits de l’homme, dont l’affirmation préalable que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits » se traduit en exigences démocratiques et sociales déclinées en 30 articles. Ce droit d’avoir des droits, de les défendre, de les revendiquer et de les inventer, ouvre en grand les possibles politiques, déplaçant des montagnes de conservatisme, bousculant des siècles de préjugés, renversant des dominations qui se croyaient inébranlables. Car c’est un énoncé sans frontières qui se dresse face à tous les tenants des inégalités naturelles : sans distinction d’origine, de condition, d’apparence, de croyance, de sexe ou de genre, nous sommes égaux en droits et en dignité.

    Selon sa traduction politique, ce « n’importe qui » démocratique est au cœur de l’avenir du mouvement des « gilets jaunes ». La sympathie active que lui déclarent droites et extrêmes droites entend l’entraîner vers une égalité trahie, celle où ne sont concédés des droits qu’à celles et ceux qui nous ressemblent, dans l’entre-soi des identités closes et fermées, repliées sur elles-mêmes, excluant les autres dans la diversité des préjugés – xénophobes, racistes, sexistes, homophobes, etc.

    À l’inverse, les convergences revendiquées par les mouvements sociaux dans leur pluralité plaident pour un surgissement des causes communes de l’égalité : salariés en lutte, comme le sont ces temps-ci les infirmières et les travailleurs des raffineries ; étudiants et lycéens contre l’augmentation des frais universitaires ; femmes de #NousToutes contre les violences sexistes et sexuelles ; populations discriminées en raison de leur origine, de leur apparence ou de leur croyance, à l’instar du mouvement #RosaParks ; gays et lesbiennes pour l’ouverture de la PMA à tous ; solidaires et hospitaliers en défense de l’accueil des migrants, etc.

    L’avenir n’est pas écrit, tant ici l’événement est maître, sans avant-garde autoproclamée ni appareil dominant. Mais, plutôt que de tenir à distance cet inédit qui les déborde et les dépasse, tous les tenants d’une République démocratique et sociale devraient mener cette bataille de l’égalité auprès des « gilets jaunes » et avec eux. S’abstenir, rester spectateur ou dubitatif, en retrait ou en réserve, ouvrirait encore plus la voie aux forces de l’ombre qui, aujourd’hui, en France et en Europe, comme à l’échelle du monde entier, entendent remplacer l’égalité par l’identité, le droit de tous par le privilège de certains.


    1 commentaire

  • [27/12] "Classement des revendications à Toulouse après l’AG des gilets jaunes... Et là c’est la surprise, je relis, je relis encore mais y a pas 'instaurer une dictature', 'tuer les Juifs, les Arabes et les homos'... Mais que va faire BFM ? Un Photoshop ?"

    #GiletsJaunes

    Prouvènço, 20/12/2018

    Gilets jaunes Marseille centre-ville, bulletin quotidien d’info

    Jeudi 20 décembre

    Action de blocage à la SEITA de Vitrolles ce matin, de 5h à 13h. En ce jour où les policiers obtiennent des augmentations grâce à notre mouvement, la commissaire a fait du zèle et a pris sur son jour de repos pour venir nous déloger.

    Une action qui s’est menée sous haute surveillance : la Police avait peur d’éventuels braquages... La Seita, c’est Fort Knox ! Des armées de condés, mais les GJ n’ont rien lâché et aucun camion n’est sorti, sauf deux camions à vide.

    Répression et organisation

    Aujourd'hui La Ciotat a été en tête d'affiche. Il y a 19 jours, huit Ciotadens avaient refusé la comparution immédiate. Ils avaient été placés en mandat de dépôt. Tout jouait contre eux, d'une part certains s'étaient filmés sur Facebook, d'autre part certains d'entre eux avaient été arrêtés en possession de gants, matraques, et autres. Seulement voilà lorsqu'un mouvement est fort, et que tout le monde est solidaire, eh bien on a plus de chances de s'en sortir.

    Quelle démonstration de force des Ciotadens cet après-midi : près d'une centaine d'entre eux s'étaient mobilisés pour soutenir les soi-disant casseurs. Ils sortent libres, sous contrôle judiciaire.

    Dans la même journée, un lycéen de Périer a pris 3 mois ferme pour des violences, alors qu'aucun policier accusateur n'a eu la moindre interruption de travail. Le dossier était vide, en tout cas bien plus vite que celui des Ciotadens : casier vierge, jet de bouteille vide... Seulement voilà, pour des raisons qu'on ne développera pas ici, le copain lycéen n'a pas eu droit à un rassemblement de soutien. Au tribunal c'est comme au boulot: sans la solidarité tes collègues, tu perds toujours.

    Bien entendu, pendant ce temps-là, les force de répression ne sont pas restées les bras croisés. Pendant que tout le monde soutient les copains à Marseille, la police intervient sur le péage du haut de La Ciotat et embarque Aïssa, un des copains présents au moment de l'intervention.

    L'attaque du péage n'est pas due au hasard. Cela a lieu dans toute la région : les CRS tentent en ce moment d’évacuer le rond-point de Morales à Port-de-Bouc, sont intervenus à la Barque il y a quelques jours, Pont de l'Étoile, La Ciotat, Avignon, bref de partout où on tente de s'organiser.

    Depuis quelques jours, les interventions des flics sur les lieux de blocage se font moins courtoises : gazage, matraquage, arrestations, voilà le dialogue systématique qui s’engage avec les autorités.

    Cette violence se poursuit au tribunal où comparutions immédiates et mises sous mandats de dépôt se succèdent.

    Les peines prononcées sont d’une lourdeur disproportionnée au regard des faits reprochés, la seule logique c’est celle de la dissuasion, le but est de faire mal, de faire peur : d’un côté la figure du casseur pyromane assoiffé du sang de Vinci, qui sert à légitimer les mutilations infligées aux manifestants tous les week-end depuis un mois, de l’autre des gilets jaunes seraient plus raisonnable et condamneraient les actions supposées violentes d’une partie des leurs.

    La violence nous l’avons découverte en manif, sur les lieux de blocage au contact des forces répressives employées pour nous faire taire. Aucune dissociation avec les interpellés.
    Si vous êtes témoins d’une arrestation lors d’une tentative de déblocage ou en manif appeler ce numéro: 07.53.24.35.51.

    À Toulouse une action à été menée par les GJ avec blocage d’un restau du groupe ELIOR. Ce groupe de triste mémoire pour ses employés Marseillais, qui viennent d'être condamnés en cassation à rembourser des dommages et intérêts qui avaient été attribué en première instance. La firme et sa bande d'avocats ont obtenu la restitution de 2,8 million d'euros ! Il serait temps de montrer à Elior de quel bois on se chauffe, ici aussi...

    Solidarité avec les incarcérés. Les laisser seul c’est s’affaiblir.

    Point d’information/organisation du lundi au vendredi de 17h30 à 19h
    à l’angle de la Canebière et de la rue de Rome.

    - On veut organiser des rassemblements pour les gilets jaunes emprisonnés, faire des rassemblements devant les maisons d’arrêt, rentrer en contact avec les familles, les proches... Ceux qui veulent y participer peuvent nous contacter.

    - On demande à toutes les personnes de Marseille de se joindre à nous pour faire un point fixe permanent et une réunion d’organisation, parce qu’on a maintenant le nombre pour exister dans la ville.

    DEMAIN : Covoiturage à Marseille allées Gambetta à 4h30 pour partir en action. Proposez vous, contactez nous.

    *********************************************************************************

    La liste des revendications des "représentants des Gilets Jaunes" (à la représentativité tout de même assez contestée par la base...) sur la QUESTION MIGRATOIRE :

    http://ekladata.com/qOY4iOZ_HTLq5txTD1wiK_rv1Bo/Zero-SDF.pdf

    "• Que les causes des migrations forcées soient traitées.

    • Que les demandeurs d'asile soient bien traités. Nous leur devons le logement, la sécurité, l'alimentation ainsi que l'éducation pour les mineurs. Travaillez avec l'ONU pour que des camps d'accueil soient ouverts dans de nombreux pays du monde, dans l'attente du résultat de la demande d'asile.

    • Que les déboutés du droit d'asile soient reconduits dans leur pays d'origine.

    • Qu'une réelle politique d'intégration soit mise en œuvre. Vivre en France implique de devenir français (cours de langue française, cours d'histoire de France et cours d'éducation civique avec une certification à la fin du parcours)."

    - Un truc dont la solution s'appelle la révolution anticoloniale et anti-impérialiste mondiale.

    - Un truc qui est le minimum d'humanisme qu'on pouvait attendre.

    - Un truc impossible à mettre en œuvre, tout le monde ou presque est débouté ; déjà l’État trouvera ça trop cher et deuxièmement, les gens qui ont quitté leur pays pour de bonnes raisons dans tous les cas, c'est pas pour y retourner, donc ils vont pas te le dire c'est quoi leur vrai pays, pauvre nœud ; c'est pour ça que la plupart des reconduites se font à la frontière immédiate (pour essayer de revenir dès le lendemain).

    - Pas d'intégration possible à un truc qui n'existe pas, la France ça n'existe pas, la France c'est une prison des peuples déployée sur 1000 ans à partir des environs immédiats de Paris, la France c'est de la merde, en finir avec la France.

    Lire : recueil-d-articles-ou-est-abordee-la-question-migratoire

    ******************************

    Aujourd'hui mercredi 28/11 à Lyon, une initiative dont on n'a pas encore d'information sur le succès, mais d'un genre à multiplier partout !

    Quoi, en effet, de plus scandaleux que le prix des transports en commun dans certaines villes, les contrôles permanents et les amendes à des personnes qui n'ont parfois simplement... pas eu le temps de valider leur ticket avant que le chauffeur ne bloque les machines !!

     

    MER, 28 NOV

    Transports communs gratuits Blocage des machines à Perrache  

    "Pour un transit écologique, pour la gratuité des transports en commun (1€90 le ticket en ce moment, en attendant l'augmentation imminente !) : blocage des machines oblitératrices à la station de métro Perrache."

    ***********************************************

    Articles de presse, réflexions/analyses et témoignages directs de la journée du 24 novembre :


    - Revue de presse sur les évènements qui ont secoué la capitale :


    - L'analyse de Rafik Chekkat sur le site État d'Exception (peut-être l'une des plus complètes et meilleures du moment) :

    http://www.etatdexception.net/de-quelle-couleur-sont-les-gilets-jaunes/

    Une femme noire insultée et prise à partie, un couple d’homosexuels humilié, une femme musulmane forcée de retirer son voile, des migrants raillés et remis aux gendarmes, des tabassages en règle, des Marseillaises entonnées à pleins poumons, des bloqueurs qui applaudissent les forces de l’ordre et ne cachent pas leur sympathie pour Marine Le Pen…

    Les violences et prises de position de ce type, qui se sont multipliées depuis la première journée d’action du 17 novembre et les jours suivants, ont de quoi nous faire sérieusement réfléchir sur la teneur et l’évolution du mouvement des « gilets jaunes ». La cour assidue que lui font des personnalités politiques d’extrême-droite n’arrange rien à l’affaire.

    Alors de quelle couleur sont au juste ces « gilets jaunes » ? Y répondre signifie examiner la composition raciale d’un mouvement spontané et hétérogène qui ne s’est pas construit sur des bases racistes mais qui laisse toutefois un espace pour que s’exprime le racisme. Il s’agit également d’interroger la coloration politique d’une mobilisation qui échappe – pour le moment –aux grandes centrales syndicales, aux partis, ainsi qu’aux catégorisations politiques classiques, et qui apparait comme un exutoire pour des colères éparses mais réelles.


    A16 : les dockers du port de Calais se joignent aux gilets jaunes

    Pour qui ces violences sont-elles minoritaires ?

    Rapportés aux 300 000 bloqueurs répartis le 17 novembre sur quelque 2 000 sites, les actes de violence mentionnés plus haut ont été qualifiés de « minoritaires », y compris par celles et ceux qui les ont condamnés fermement[1]. Mais pour qui ces actes sont-ils minoritaires ? Qu’est-ce que cela peut bien faire à une femme traitée de « sale noire » de savoir qu’ailleurs, sur d’autres sites, cela se serait sans doute mieux passé pour elle ?

    La perspective d’actes isolés et minoritaires est de celles qui nient toute subjectivité aux victimes. Doit-on qualifier d’anecdotique la mort d’une centaine de femmes chaque année, tombées sous les coups de leurs compagnons, au motif que des dizaines de millions de femmes sont toujours en vie ou que quantité d’hommes ne lèvent pas la main sur leur compagnes ? Et que dire alors des crimes policiers, des agressions racistes, homophobes ? A partir de combien d’actes de violence de ce type cela devient-il grave, préoccupant ?

    Répondre « pas tous les gilets jaunes », de la même manière qu’on rétorque « pas tous les Blancs » (lorsqu’on parle de racisme), « pas tous les hommes » (lorsqu’on parle du patriarcat), « pas tous les Arabes » (quand on parle de négrophobie), traduit la volonté d’ignorer l’expérience vécue par les victimes et de ramener la discussion vers des entités plus vastes qu’il s’agit alors de dédouaner (le pays, le groupe communautaire, etc.).

    Indétermination politique

    Nous comprenons que des personnes appartenant à des groupes minorés puissent alors rejeter en bloc le mouvement des « gilets jaunes » et refuser de s’y mêler. Mais nous pensons aussi qu’au moment où nous écrivons ces lignes, la situation n’est pas figée.

    A Quimper, la sympathie pour la police a laissé place à des affrontements violents avec les forces de l’ordre venues déloger sans ménagement les bloqueurs[2]. A Saint-Nazaire, les « gilets jaunes » ont lancé un appel sans équivoque[3]. La hausse du SMIC et le rétablissement de l’ISF figurent parmi les revendications des bloqueurs à La Réunion. On compte parmi les « gilets jaunes » de Marseille des personnes mobilisées contre l’habitat indigne…

    L’idée n’est pas d’opposer à travers ces quelques exemples une face lumineuse des blocages à une autre plus sordide, mais de relever que ce mouvement, qui s’écarte des sentiers balisés de la contestation, part réellement dans tous les sens. Porté par des personnes qui se sentent écrasées et dépossédées, il traduit un élan collectif et un réel espoir de changement (même confus). Il charrie aussi avec lui les rapports de domination existants dans la société. Son caractère horizontal, désordonné, l’expose à ces violences. Mais, répétons-le, la situation n’est pas figée.

    (©Photo d’illustration – Le Républicain Sud-Gironde)

    Le fond de l’air est raciste

    Et puis, à qui ferons-nous croire que nous sommes surpris de voir des manifestations de racisme parmi les « gilets jaunes » ? N’y a-t-il pas au sein de ce mouvement autant de violence et de racisme qu’il y en a au sein de n’importe quel tribunal ou de n’importe quelle école de France ?

    A ceci près que la violence des « gilets jaunes » s’exprime de manière crue et directe, et s’expose à une dénonciation immédiate sur les réseaux sociaux. Juges et professeurs (nous aurions pu prendre d’autres exemples) bénéficient en revanche de tout le poids de l’institution et disposent d’un arsenal juridique et symbolique de violences qu’ils peuvent exercer au quotidien sur les justiciables, les élèves ou leurs parents.

    Bien évidemment qu’il y a eu et qu’il peut encore y avoir des actes racistes au cours des blocages. Dans le contexte actuel, la question serait plutôt comment pourrait-il ne pas y en avoir. Sans vouloir minimiser ou relativiser les violences commises, pourquoi devrions-nous tirer un bilan définitif des unes alors que nous vivons au quotidien sous l’effet des autres ? « En vérité, écrivait Frantz Fanon, y a-t-il donc une différence entre un racisme et un autre ? Ne retrouve-t-on pas la même chute, la même faillite de l’homme[4] ? »

    Frantz Fanon

    La contestation, un privilège ?

    Le mouvement des « gilets jaunes » met en branle des populations dont on peine à trouver le dénominateur commun, sinon qu’elles sont animées d’une défiance plus ou moins grande vis-à-vis des partis, qu’elles revendiquent une baisse des taxes et la démission de Macron (parfois les deux), et qu’elles vivent principalement en milieu rural, en banlieue ou dans un entre-deux périurbain. Et puis qu’elles sont majoritairement blanches. Et cette donnée a son importance.

    Dans une société structurellement raciste, tout mouvement collectif d’envergure se doit d’apparaitre neutre du point de vue racial (c’est-à-dire d’être très majoritairement blanc) sous peine de se voir qualifié de « communautariste ». Et même quand le mouvement est majoritairement porté par des Blanc.he.s, il est des questions (liées aux réfugié.es, à l’islam, à la police, etc.) qui sont jugées clivantes et qu’il est conseillé de ne pas mettre en avant si le mouvement veut bénéficier de relais médiatiques et politiques.

    Au cours des derniers jours, de nombreuses comparaisons ont été faites entre le traitement médiatique et policier réservé aux révoltes de l’automne 2005 et celui jugé plutôt complaisant à l’égard des « gilets jaunes » (même si en certains points la répression a pu être musclée et qu’en cas de prolongement du mouvement la tonalité du discours des médias dominants risque de changer). Pour compréhensibles qu’elles soient, ces comparaisons opèrent un nivellement par le bas et finissent par qualifier de privilège (ne pas subir de féroce répression et être disqualifié dans les médias) ce qui devrait être de mise pour tout mouvement social.

    Le traitement médiatique et policier des contestations se fait – en partie – sur la base de critères racistes[5]. L’île de La Réunion est depuis quelques jours totalement paralysée sans que la presse ne s’en fasse particulièrement l’écho. La situation atteint pourtant un point critique : le couvre-feu a été décrété, la répression des forces de l’ordre est particulièrement brutale et les autorités encouragent même les commerçants à former de véritables milices pour lutter contre des violences qualifiées d’ « illégitimes ». Or le contexte économique, basé sur les relations de type colonial que la France entretient avec cette île de l’Océan Indien, est tout à fait différent de celui de la métropole. Les prix y sont en moyenne 7% plus chers qu’en France métropolitaine, le taux de chômage des 15-64 ans dépasse les 35% tandis que le taux de pauvreté avoisine les 40%[6]. Cela explique pourquoi ce sont les franges les plus pauvres de la population qui se trouvent actuellement en première ligne de la contestation.

    David Chane/Quotidien de la Réunion/MaxPPP

    Cassandre et augures de gauche

    Ce qui se passe en ce moment à La Réunion nous montre comment des demandes tout à fait légitimes sont disqualifiées et réprimées. Dans un tout autre contexte, combien de personnes ont refusé de soutenir les aspirations des populations syriennes au motif que parmi les opposant.es à Bachar al-Assad figurent des éléments jugés infréquentables ? Après tout, nous pouvons rejeter en bloc le mouvement des « gilets jaunes » avec la même morgue et la même bonne conscience que celles et ceux qui ont rejeté tout aussi en bloc les mots d’ordre et réalisations des révolutionnaires syrien.nes, tirant prétexte des ingérences étrangères, de l’intervention de groupes « djihadistes », de la « complexité » de la situation, etc.

    En Algérie, la séquence politique ouverte à la faveur des révoltes d’octobre 1988 (dont nous venons de célébrer le trentième anniversaire), a vu un certain nombre de forces politiques concurrentes appeler à une réforme constitutionnelle pour mettre fin au régime de parti unique  et instaurer des élections, la liberté de la presse, de réunion, etc. Fallait-il, au nom d’un certain purisme, condamner en masse les révoltes au motif que l’agitation créée pourrait bénéficier à des acteurs politiques jugés peu fréquentables ? Combien de démocrates ont préféré soutenir le statu quo dictatorial en Tunisie et en Egypte au nom de la lutte contre le « péril islamiste »?

    Et puis lors des révoltes de l’automne 2005, souvenons-nous des tribunes et prises de position médiatiques qui s’étaient multipliées pour dénoncer l’apolitisme et le « communautarisme » des révoltés, le caractère aveugle des violences et dégradations commises. « Pourquoi brûlent-ils la voiture de leur voisin ? », « mais qu’est-ce qui leur prend de s’attaquer à une bibliothèque, à une crèche ? », pouvait-on lire ou entendre alors.

    En voyant dans tout mouvement populaire qui lui échappe le retour de la « bête immonde », dans toute mobilisation pour la Palestine la manifestation d’un antisémitisme virulent, ou derrière toute velléité d’organisation politique en « banlieue » la marque d’un dangereux « communautarisme », une grande partie de la gauche s’est détournée du sort de franges entières de la population et se montre de plus. Pour que les subalternes obtiennent ses faveurs, leur lutte se doit d’être diaphane. Avec des effectifs de plus en plus réduits, cette gauche qui se veut progressiste est réduite à l’heure actuelle aux rôles de Cassandre et d’augures :

    Longtemps, « la gauche », sous toutes ses espèces, s’est présentée aux yeux du peuple comme vecteur, incarnation de tous les possibles politiques, de tous les programmes de renversement de l’oppression, de toutes les utopies et autres « alternatives ». Aujourd’hui, l’habit de lumière de toutes ces espérances est en lambeaux, mais « la gauche » conserve cette ultime réserve de légitimité : à défaut d’incarner un autre avenir possible, elle persiste en tant que conservatoire du « moindre mal », et c’est là son dernier et misérable sortilège[7].

    Pour conclure (provisoirement)

    A la veille du second tour de la présidentielle, d’aucuns nous promettaient d’en finir avec Le Pen dans les urnes et de s’occuper ensuite de Macron dans la rue. Aujourd’hui que l’occasion leur est donnée d’ébranler sérieusement la majorité présidentielle, ces mêmes personnes ne trouvent pas de mots assez durs pour condamner de manière définitive l’ensemble des « gilets jaunes ».

    Personne ne soutient que les violences qui ont eu lieu lors des blocages sont anecdotiques et qu’il nous faut à tout prix nous y exposer et nous en satisfaire. Nous avons quantité de raisons de nous détourner de ce mouvement. Personne ne nous en voudra si nous restons chez nous à compter les points en jouant à la police des mœurs progressistes. Nous pouvons à l’inverse prendre le pari, comme beaucoup l’ont déjà fait, d’accompagner le mouvement (en son sein ou à côté) afin d’amplifier la contestation[8].

    Une chose est certaine : si nous attendons qu’un mouvement soit parfaitement homogène et réponde à toutes nos attentes pour y prendre part, nous risquons d’attendre longtemps. Car la politique prend précisément naissance « dans l’espace-qui-est-entre-les-hommes » et « se constitue comme relation[9]. » Entre un soutien béat et une disqualification définitive se dessine la ligne de crête sur laquelle nous devons avancer.

    Un gilet jaune à Caen / © CHARLY TRIBALLEAU / AFP

    Notes

    [1] Gilets jaunes : on y va?, Expansive.info, 20 novembre 2018.
    [2] Les gilets jaunes à l’épreuve des agressions racistes et homophobes, Rouen dans la rue, 19 novembre 2018.
    [3] https://www.facebook.com/jeanmarc.watellet/videos/10205352948579477/.
    [4] Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, éditions du Seuil, 1972, p. 70.
    [5] Les contestations impulsées par des « racisé.es » ne sont évidemment pas les seules à faire l’objet d’un traitement d’exception. Les grands médias se montrent particulièrement partiaux et virulents dans leur couverture de certains mouvements sociaux, à travers notamment leur focalisation sur les « casseurs », l’ « essoufflement », le « ras-le-bol » d’une population « prise en otage », etc. Ces procédés de disqualification se font presque toujours dans un contexte de forte répression policière.
    [6] D’après les statistiques établies par l’Insee : https://www.insee.fr/fr/statistiques/1405599?geo=DEP-974.
    [7] Alain Brossat, Le sacre de la démocratie, Anabet éditions, Paris, 2007, p. 130.
    [8] Tenter de ramener les « gilets jaunes » dans le giron des mobilisations balisées (du type manifestations), ou pousser pour qu’il se structure en vue de lui donner un débouché électoral, n’est certainement pas lui rendre service.
    [9] Hannah Arendt, Qu’est-ce que la politique ?, Paris, Éditions du Seuil, 1995, p. 42-43.


    - Quelques réflexions nôtres sur tout cela et (le grand débat évidemment à l'"extrême-gauche") le "classement" politique du mouvement :

    "Histoire qu'on se comprenne bien sur ce que nous pensons de tout ça :

    Pour nous ce mouvement est tout de même largement encadré par l'extrême droite.

    C'est tout simplement le FN et autre ultra-droite qui essayent d'activer leur réseau de cadres tout beau tout neuf mis en place ces dernières années. Peut-être pas le tout premier appel (de Priscilla Ludosky) mais ils ont scruté le Net, sont tombés dessus et s'en sont emparés, sans quoi ce serait resté un bide comme il y en a 250 par jour sur les réseaux sociaux.

    Mais ça n'empêche pas (c'est ce que n'ont pas compris les gauchistes de salon et les empoweré-E-s sorosiens - donc macronistes fondamentaux - Humanity in Action comme on en croise ici et là dans les discussions) d'essayer de l'infiltrer pour leur foutre au cul le plus possible, voire les laisser gros-jean comme devant là où des jonctions sur une base disons du moins ouvrière (sur une base décoloniale on va dire qu'il ne faut pas rêver) se feraient. Ça oui."

    "Mais sinon, autant sur cette question de Fly Rider que celle de la composition de la journée de Paris, je vais te dire ce que je pense.

    Je pense que personne n'a fumé la datura stranium. Et que tout le monde a 'raison'.

    Il y a des cadres d'extrême droite, bien identifiés, pas de problème. Et puis il y a leurs ouailles... 'Patriotes' (bleu-blanc-rouge et Marseillaise), anti-système, confusionnistes, effectivement fascisants, donc tu as raison. Mais en même temps... et c'est ça qui est terrible dans le fascisme qui est une tendance et non une affaire de morale, ce ne sont pas des monstres. Ce ne sont pas (on découvre soudainement que ce ne sont pas quand on les approche) les caricatures qu'on s'en fait dans nos milieux. Et donc ceux qui disent les avoir côtoyé, avoir discuté avec sur les Champs et n'avoir rien perçu de franchement droitier/faf, voire avoir ressenti un discours ambiant plutôt de gauche, ont raison aussi, ne mentent pas et n'ont pas rêvé."

    "Si tu veux que je te dise : TOUS les dirigeants plus ou moins autoproclamés de ce mouvement sont apolitiques comme mon cul c'est du poulet.

    Tous roulent pour une boutique ou une autre, juste que parfois on ne s'en rend pas compte parce que c'est tellement groupusculaire que personne n'en a jamais entendu parler.

    Par contre ce qui est en train de se passer, c'est que la situation leur échappe. Très largement.

    Je pense pas que le plus optimiste d'entre eux attendait autant de monde en fait. Bien au delà de ses capacités à contrôler tout ce monde.

    C'est un peu comme le coup du gars qui met sa fête d'anniversaire sur Facebook et se retrouve avec 2.000 personnes devant chez lui lol"

    Ainsi sur Toulouse (Occitanie), le très droitier (ancien syndicaliste étudiant UNI, membre de Debout la France) porte-parole autoproclamé Benjamin Cauchy, manifestement rejeté dans ce rôle par la majorité des Gilets Jaunes locaux, a dénoncé sur BFM TV une "radicalisation" et une "infiltration" du mouvement (par la gauche radicale évidemment, dans son esprit) et annoncé s'en retirer pour fonder les "Citrons", un think tank anti-fiscal :

    https://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/face-a-la-radicalisation-des-gilets-jaunes-benjamin-cauchy-lance-le-mouvement-citron-1120256.html

    "Au sujet de la liste de revendications parue lundi 26 (effectivement assez "poujadistes", mais bon, surtout portées par 8 individus sans réellement quoi que ce soit qualifiable de mandat démocratique pour les porter) :

    C'est un inventaire à la Prévert de revendications contre tout ce contre quoi les gens râlent, parfois des problèmes tout à fait sérieux, mais qui est impossible et surtout ne peut avoir de cohérence, est forcément antagonique entre une revendication et l'autre si on reste dans le cadre du capitalisme. C'est surtout ça le schmilblik.

    "Baisse des charges patronales" : ben carrément fin, dans le socialisme y a plus de patrons, comment pourraient ils payer des charges ?

    "Les charges", bon, TOUS les patrons (personnes salariant des gens) gueulent contre, même ceux du CAC40. Mais on va dire que le cri sur lequel on prendra la peine de se pencher est celui des PETITS patrons.

    Et eux ben (sans même parler des milliers d'auto-entrepreneurs aujourd'hui qui sont des salariés déguisés, mais bon eux n'ont pas de salariés donc pas de "charges" à ce niveau), quoi qu'on en dise, ce sont aussi les victimes de tout un système.

    Un système qui multiplie les petites entreprises qui travaillent pour les plus grandes, qui travaillent elles-mêmes pour les plus grandes encore, ce qu'on appelle la sous-traitance ou externalisation ; et ces petites entreprises consistent eh ben en des salariés au SMIC et pratiquement sans aucun droit (on peut aujourd'hui considérer le droit du travail inexistant au dessous de 20 salariés)... et un pauvre con qui se dévoue pour être le patron et qui bien souvent, TRÈS très souvent, gagne MOINS à la fin du mois que ses salariés au SMIC.

    Alors il dit qu'il en "marre des charges", normal. Sauf que ce n'est pas la solution bien entendu : les charges sont le salaire de ses salariés, leur salaire différé.

    La solution elle est d'en finir avec ce système, c'est à dire le capitalisme.

    "Lutter contre l'assistanat" : dans le socialisme il n'y a plus d'assistanat car plus d'armée de réserve dont on essaye de faire tout de même une force de consommation. Tout le monde a un travail digne et utile dont il vit dignement.

    "Fin des régimes spéciaux" : les régimes spéciaux sont des régimes de secteurs dont les syndicats ont mieux travaillé. Il n'y aura plus cette différence entre secteurs où les syndicats ont été forts et ceux où ils l'ont moins été. Tout le monde aura le même régime de retraite, nivelé par le haut.

    Disons que, en réalité, en ce 21e siècle et surtout dans ce qu'on appellera "l'opposition de droite" au macronisme (que l'on peut peut-être désormais prendre comme "borne" de référence), on a plus affaire à des mouvances qu'à des militants d'organisations bien précises et périmétrées.

    Il y a ainsi par exemple une mouvance "facho" au sens strict, "ultra-droite" comme dirait Castaner, sur laquelle personne "de gauche", de "progressiste" n'est susceptible de se méprendre ; comme Alexandre Gabriac par exemple, issu des Jeunesses Nationalistes de l'Œuvre Française, passé à Civitas (groupe catholique traditionnaliste très actif dans la Manif pour Tous, avec lequel il participe aux Gilets Jaunes en Savoie) et lié sans aucun doute au Bastion Social, à l'Action Française subitement ressuscitée ces dernières années (au moins un membre, au syle... metal/biker avec un foulard à fleurs de lys sur la tête, était présent à Lyon place Bellecour le 24) ; les choses se "recyclant" en permanence sous ces différents sigles.

    Et puis il y en a d'autres plus "confusionnistes" et "passe partout" ; voire, quand on dit "passe partout" on pense à une manœuvre consciente d'infiltration/manipulation, mais il peut en réalité s'agir d'individus totalement sincères sur ces idées, cette conception du monde qu'ils défendent.

    Ainsi par exemple le breton Maxime Nicolle "Fly Rider", dont nous avions partagé (avec quelques réserves esquissant déjà ce qui va suivre) la vidéo "contre le racisme et d'appel aux quartiers", pourrait nous sembler se situer (au doigt mouillé) quelque part entre le Cercle des Volontaires, Étienne Chouard, le site Les-Crises et Jean-Claude Michéa (à lire par exemple ici sur Les-Crises... et de fait, il ne dit pas non plus que des aberrations !), les idéologies de "démocratie directe" etc. ; faisant parfois référence (apparemment) à un "Conseil National de Transition" qui renvoie à celui d'Éric Fiorile et sa tentative (quelques dizaines de personnes) de "coup d’État pour la souveraineté populaire" le 14 juillet 2015, autrement dit une idéologie un peu "Wikileaks" de mise en place insidieuse (sur des arguments juridiques parfois hasardeux...) d'une "dictature totale de ceux d'en haut" et d'urgence pour "ceux d'en bas" de réagir et sauver la souveraineté populaire ; "intégratio-différentialiste" mettant en avant son expérience personnelle dans la dernière colonie directe de la Réunion (secouée d'ailleurs très fort par le mouvement, et de fait seul territoire à ce jour à avoir obtenu une - petite - victoire) comme modèle de "cohabitation de toutes les communautés sans s'prendre la tête et en mettant de côté les trous du cul" (entendre : "racailles" et "islamistes") sous les auspices de l'oriflamme tricolore ; réellement (et de manière selon nous néophyte), quoi que l'on puisse penser du fond, très très fin politique et jouissant par voie de conséquence d'un énorme succès sur Facebook.

    Ceci est en fait un révélateur de deux grandes questions qui traversent notre époque : la fracture raciale dans les classes populaires (avec le privilège blanc vis-à-vis des indigènes), et la question également prégnante du gauchisme postmoderne de contre-révolution préventive qui hégémonise la gauche radicale.

    Car ces gens (même ceux qui, comme Nicolle, agissent en "cadres" dans le mouvement actuel ne sont pas à notre sens des leaders politiques chevronnés, mais des "ouailles" des quelques intellectuels centraux de cette mouvance "confu") pourraient en fait être dans, ou du moins à la lisière du camp de la révolution s'ils n'étaient pas :

    - fondamentalement hostiles aux "p'tites racailles", à "trop" de migrants, et bien sûr apeurés du "terrorisme islamiste" (personne n'a vraiment envie de se faire truffer de plomb en buvant une mousse à une terrasse, me direz-vous) ; phénomènes indigènes dont ils n'ont pas d'analyse scientifique matérialiste, enfermés qu'ils sont dans leur privilège blanc occidental (dont ils ont d'autant moins conscience qu'ils peuvent arguer que leur vie n'est pas facile) ;

    - foncièrement rebutés par le postmodernisme campussier ambiant de l'extrême-gôche, et le spectacle que celle-ci donne de manière générale (entre-soi militant, division et chapellisme d'étiquette, mépris intellectuel des masses, imbécillité totale de certaines pratiques "ultra-révolutionnaires", routine et inefficacité des pratiques "classiques") ; l'impression, presque, parfois, d'avoir effectivement affaire à une "aile gauche" du "Système" gauche-caviar recyclé dans le macronisme.

    Reste dans tous les cas, comme faits certains que :

    - Un mouvement "apolitique" relève du mythe. Affronter un gouvernement qui mène une politique, est politique. On peut certes considérer judicieux, lorsqu'une masse populaire subit un même problème ou ensemble de problèmes donnés, de ne pas cliver et diviser cette masse, rejeter des gens hors du mouvement selon qui a voté quoi (ou pas voté : abstention, blanc, nul) aux dernières élections (beaucoup pour ne pas dire l'immense majorité de ces choix dans l'urne ayant de toute façon été une erreur...), en essayant de "coller" au maximum à la problématique donnée et en ne mettant pas en avant d'agenda de "recrutement" partisan trop évident. Mais dès qu'il y a un mouvement pour ou contre quelque chose il y a évidemment politique, et de plus, plus tôt que tard va se poser la question de la bonne approche, des bonnes méthodes à adopter, des bonnes solutions au problème à revendiquer, ce qui va encore donner lieu au sein même du mouvement à des débats politiques. Les figures de proue, militants chevronnés de longue date ou improvisés sur le tas, ont des idées et une conception du monde et sont qu'ils le veuillent ou non des leaders politiques. L'on voit simplement une forme de "sélection naturelle" s'opérer (au nombre de likes, de followers, bref au succès sur les réseaux sociaux) au profit de ceux qui ont le plus, ou se découvrent des talents de rassembleurs et savent montrer de la détermination sans être clivants (les cultures et les "centres de gravité" politiques, et donc ce qui apparaît "trop clivant" n'étant au demeurant pas tous les mêmes

    - Cet "apolitisme" est implicitement, mais de manière évidente dirigé contre ce qui milite d'habitude lorsque "ça conteste"... c'est à dire les syndicats et la gauche radicale ; sur des griefs, sur un spectacle que ceux et celle-ci donnent, que nous pourrions dans une très large mesure partager. Mais à mesure que le mouvement avance... on s'aperçoit (et les gens, les Gilets Jaunes "de base", découvrent également) que tout ce qui est reproché ne relève pas d'une "nature" de la gauche radicale ou syndicale mais de la... "nature humaine", ou mieux dit, que nous comme eux faisons partie de la société et ne pouvons pas ne pas être imprégnés de ses tares. Comme dans toute bonne gauche radicale qui se "respecte", on commence à observer chez les Gilets Jaunes des luttes de pouvoir pour la prééminence et le "porte-parolat" du mouvement, des intrigants qui avancent leurs petites ambitions et agendas personnels de façon plus ou moins habilement dissimulée (certains se faisant griller et rejeter par la base), des clivages entre légalistes et partisans de "rompre" les cadres légaux fixés à la contestation, "radicalisés" raisonnés ou (comme dans toute mobilisation de gauche) irresponsables ; une émergence de "représentants" dont se pose la question de la légitimité, de la conformité des intérêts qu'ils portent dans leurs revendications avec ceux de la base, et qui pourraient se retrouver demain reçus à Matignon pour "négocier" et sans l'ombre d'un doute, donner à toute une partie de la base le sentiment de "trahir" ; etc. etc. Bienvenue au club ! Les Gilets Jaunes "dégoûtés" et étrangers à la politique militante, surtout de gauche, découvrent tout doucement sur le tas ce qui fait notre quotidien depuis que nous militons pour (autant que nous le pouvons) changer les choses ; et petit à petit "un se divise en deux".

    Voilà ce que nous pouvons dire à ce stade."

    #GiletsJaunes

    - Témoignages directs :

    "Retour à chaud sur cette journée :

    Nous avions fait le choix de ne pas écouter la préfecture et d'aller à la Concorde, lieu initial du rassemblement. Très vite, on se rend compte que beaucoup, beaucoup de monde ont pris la même décision, malgré l'interdiction.

    Il est totalement impossible de compter le nombre de gilets jaunes présents à Paris ce 24 novembre. Des groupes de plusieurs centaines de personnes se constituent et déambulent tout autour des champs, allant jusqu'à Madeleine, Haussmann voir même St Lazare. Mais les chiffres de la préfecture (et des médias) sont largement sous estimé. Par moment, de véritable marée jaune se constituaient (et pas que sur les champs).

    Si les CRS bloquent les principaux axes d'entrée sur les Champs, ils ne peuvent empêcher les gilets jaunes d'accéder à "la plus belle avenue du monde" par d'autres petites rues. Résultat : malgré les très nombreuses charges, canon à eau et centaine de gaz lacrymo, les Champs deviennent le terrain d'occupation de millier de manifestants. Parfois coupés entre eux par des CRS. Au point que par moment, ce sont les CRS qui se retrouvent "nasser". Des énormes barricades se montent. Des feus prennent de partout. Tout cela dans une ambiance assez "festive" et "déterminée".

    Contrairement à ce que certains médias ont affirmé ce samedi, ce rassemblement n'a pas du tout été orchestré ou pris en main par l’extrême droite. Pas plus qu'elle n'a été prise en otage par des autonomes / anarchistes.

    Durant toute la journée, nous avons été très attentif à cette menace fasciste. Si nous ne pouvons pas prétendre avoir été partout à tout moment de la journée, nous pouvons tout de même témoigner que nous n'avons assisté à aucun dérapage raciste/sexiste/homophobe. Nous avons vu quelques drapeaux français. Plusieurs Marseillaises ont été chanté, par des milliers de personnes, y compris ceux qui été en train de monter les barricades, allumer les feux ou affronter les CRS. Clairement, ces Marseillaises étaient plus proches de celle entendues cet été pendant la Coupe du Monde que de celles chantées aux meetings du Front National. [On peut aussi émettre l'hypothèse que pour 90% ou plus des classes populaires blanches d'Hexagone, la Marseillaise et le drapeau bleu-blanc-rouge c'est "la Révolution", celle de 1789, le seul référent révolutionnaire qu'ils connaissent... Macron est le roi à qui on va aller "couper la tête" ; voilà sans doute l'imaginaire collectif dans lequel placer ces symboles qui pour nous et beaucoup de monde, sont évidemment aussi associés à des choses beaucoup plus négatives.]

    L'une des choses les plus frappantes aura été la solidarité totale des gilets jaunes entre eux. Solidarité face aux attaques policières. Mais solidarité aussi dans les pratiques de luttes. Si tous n'ont pas monté des barricades ou allumer des feux, personne ne s'y est opposé, bien au contraire.

    Les médias et le gouvernement tenteront sûrement d'expliquer que les "débordement des champs" ont été le fait des 200 ou 300 casseurs. Tous ceux présents ce samedi 24 novembre aux Champs peuvent affirmer le contraire. Il n'y avait pas 300 casseurs d'un côté et 10 000 gilets jaunes de l'autre. Il y avait 20 000 ou 30 000 gilets jaunes déterminés et laissant chacun exprimer sa colère selon ses préférences.

    Cette journée sur le terrain avec les gilets jaunes nous conforte dans l'idée que la construction de l'image du mouvement faite par les médias est caricaturale et mensongère.

    Ce mouvement est composé de personnes aux profils, convictions et méthodes très diverses. L'unique point commun pourrait être celui du "ras le bol". Mais on distingue aussi ce rejet d'un pouvoir des riches pour les riches, par les riches. Cela ne fait pas des gilets jaunes un mouvement de gauche, ni un mouvement anti-capitaliste. Mais de nombreux gilets jaunes ont en eux ce dégout pour l'injustice sociale."

    "Alors non, définitivement ce n'était pas l'ultra-droite sur les Champs, c'est de la grossière propagande (je suis resté toute la journée et j'ai parlé à beaucoup de monde).

    Déjà c'était vraiment de toutes tendances identifiables (gauche comme droite), mais surtout c'était en fait totalement a-partisan, AUCUN drapeau ou signe de parti politique, la plupart des slogans (qui n'étaient que très rarement sur des pancartes, mais étaient écrits sur les gilets) tournaient autour du clivage peuple/salariés/pauvres vs élites/Macron/patrons.

    L'ultra-droite qui met des keffiehs, qui porte des dreads, qui signe "ACAB", qui écrit "mort aux riches", "rends l'ISF", j'ai même lu "non aux racistes" ou encore le "fâché pas facho", et par ailleurs une partie de Noirs/Arabes (pas beaucoup mais pas rien non plus), j'en veux tous les jours - après il y avait aussi des gens d'extrême-droite c'est vrai, un drapeau avec le Sacré cœur vendéen par exemple, des "on est chez nous", quelques soraliens, mais ce n'était pas la dominante, ni en terme de participants ni dans la coloration politique qui se dégageait de l'ensemble.

    À mon avis s'il y a une tendance majoritaire c'est celle de l'abstentionnisme, des gens avec peu de capitaux politiques, qui expriment un sentiment d'inégalité avant tout et enragé, de ras-le-bol, des soulés du système en fait (bien qu'ils ne soient pas les plus pauvres, plus des petites classes moyennes et le haut des classes populaires). Le seul mot d'ordre commun c'était "Macron démission". Je n'ai pas lu une seule fois un truc en rapport avec le FN ou Le Pen.

    Et au passage ce n'était pas vraiment une manif, c'était au mieux une manif insurrectionnelle, sinon une émeute franchement, toute la journée a consisté à défier les keufs pour essayer d'aller à l’Élysée, non avec une poignée de jeunes excités comme en fin de manif de gauche, mais avec des gens de tout âge dont beaucoup n'en avaient pas l'habitude.

    Et une bonne ambiance ma foi, un sentiment de solidarité, de "faire peuple" malgré les profils différents, ce n'est pas ordinaire, pas de cortèges ou de chapelles (syndicales, partisanes ou autres) qui scindent voire clivent, tout le monde au même niveau, des soulés qui se rassemblement en fait - sur un mode populiste transpartisan (donc un peu confusionniste c'est vrai), en miroir du macronisme qui génère cela car il en est l'exact opposé, un rassemblement "élitiste" gauche-droite.

    Et puis des barricades (avec tout ce qu'on trouvait sur place), des feux à tout-va, les Champs complètement défoncés, les pavés enlevés comme en 68, c'était un mood insurrectionnel. S'il y avait eu plus de gens de gauche et les quartiers populaires en masse, c'était la révolution ;)"

    "Petit compte rendu à chaud en mode gonzo de la manif gilet jaune aux Champs de samedi. J'y étais, je vous dis ce que j'y ai vu parce que j'en peux plus de lire tout et n'importe quoi sur ce qui s'est passé, surtout dans nos milieux...

    Je suis arrivé à 14h sur les champs. Le lieu était déjà investi par les Gilets jaunes, alors que la préfecture n'avait pas autorisé l'investissement de ce lieu. On m'a raconté que les manifestants pour rentrer sur l'avenue avaient fait fuir un maigre barrage de police qui prétendait bloquer leur avancée. Et dès qu'ils sont rentrés, automatiquement ils ont commencé à édifier des barrages et à faire des feux pour prendre possession des lieux en quelque sorte. Les flics se sont postés au bas des champs pour, j'imagine, que les GJ n'aille pas vers l'Elysée. Et, à partir de là on a assisté à une sorte de ZAD inconsciente sur l'avenue, plutôt sympathique, avec une pointe avancée, composé de jeune prolo blanc, style white trash, qui se sont mis à harceler systématiquement les forces de police postés au bas. Aucune opposition n'était visible parmi la masse des GJ devant les techniques employées (barrage, feux de joie, harcèlement des keufs, etc., etc.). Moi j'ai même entendu, venant de petit blanc provinciaux, une sorte de sympathie pour ces techniques émeutière ("on est comme à la prise de la Bastille"). C'est ça qui m'a le plus frappé. C'est que tous ces gens, qui pour la plupart n'avaient sûrement pas l'habitude de manifester (pour preuve, il n'y avait quasiment aucune banderole, aucun drapeau, toutes ces personnes sont venus sans autre apparat que leur gilet), tous ces gens donc, instinctivement se sont mis à employer des gestes qu'on voyait plutôt dernièrement dans le cortège de tête. Pour preuve que cet imaginaire insurrectionnel ou émeutier traverse de larges couches de la société, bien au-delà des jeunes étudiants radicaux parisien adeptes des mouvements totos.

    Après en ce qui concerne la composition sociologique du mouvement, c'est très dur à évaluer. Mais je pense malgré tout qu'il y avait énormément de prolos, très blancs et venant majoritairement de province. Sur leur gilet il y avait marqué l'endroit d'où ils venaient. Des Savoyard, des Lorrains, des accents du Sud, beaucoup beaucoup de Bretons (les plus visibles car eux ils ramènent obligatoirement leur drapeau). Après il y avait sûrement des groupes d'extrême droite. Un pote nous a dit qu'il avait vu Hervé Ryssen par exemple (leader d'extrême droite ultra antisémite). Ils se baladaient par petits groupes, assez reconnaissables, car généralement attifés avec leurs fringues distinctifs, perlés de petits drapeaux français un peu partout. Mais leur seul mode d'intervention c'était en gros de lancer des Marseillaise pour galvaniser la foule. Mais c'est clairement pas eux qui étaient à la manœuvre dans les affrontements avec les keufs. Non là c'était plus des jeunes prolos white trash, avec leur canette de 8.6, qui faisaient preuve d'un beau courage. Tu voyais que c'était un peu leur première fois dans ce bail émeutier, dans le fait qu'ils n'étaient pas du tout cachés comme peuvent l'être les black blocs dans le cortège de tête. Ils y allaient le visage découvert, tout à fait reconnaissable.

    Et c'est vrai que plus les heures avançaient plus la composition raciale des jeunes qui agressaient avait tendance à changer. Alors qu'au début c'était vraiment que des white trash qui faisaient le boulot, on a vu peu à peu s'agréger des lascars de cité avec eux. Ça faisait plaisir à voir (donc raté pour le fantasme, "c'est l'Action Française ou le GUD qui étaient en première ligne", devant la situation qui prenait forme j'imagine mal le gudard lancer des cailloux avec Mohamed, c'est pas tellement "race des seigneurs" comme truc). Moi je suis parti vers 18h mais je suppose que ce phénomène "d'indigénisation" s'est accentué dans la soirée. On connait la propension de la jeunesse des quartiers un peu chaude à "zbeulifier" les champs le soir venu.

    Après il faut pas rêver non plus. C'est pas vrai, comme je l'ai lu sur le mur de quelqu'un, que les banlieues étaient de la partie. Il y avait quelques éléments mais ils ne sont pas venus en nombre. Je pense même que s'ils étaient venus plus nombreux ça aurait pu mal tourner dans la manifestation. Dans le sens où il y aurait peut-être eu des formes de réaction raciste de la part de certains GJ. En vrai cette question de la "convergence" entre les "barbares et les beaufs" comme le dit Houria Bouteldja, sera très difficile à opérer.

    Après sur le caractère raciste ou plus modestement droitier du mouvement, ça ne m'a pas paru vraiment flagrant. Un exemple : il n'y avait pratiquement aucun drapeau français. Ou du moins on en voyait beaucoup moins que dans une manif Mélenchon ou une manif officiellement d'extrême droite. J'ai vu aussi beaucoup de gilets jaunes où il était marqué "Gilet jaune mais pas raciste", "Gilet jaune antifasciste" etc. etc. ; encore un exemple pour montrer que cette prégnance des idées d'extrême droite était beaucoup moins forte qu'on l'a dit, j'ai vu la journaliste du Quotidien interroger plusieurs gilets jaunes. J'ai écouté ce qu'ils disaient. Et franchement c'était plutôt censé et progressiste. Ils disaient tous que la question écologique était importante mais qu'il fallait se soucier du pouvoir d'achat. Ils parlaient de l’ISF, du fait que la taxe écologique ne va pas vraiment à l'écologie, etc., etc... bref, très loin pour ce que j'ai entendu du discours vulgairement poujadiste. Il y a même un moment où un vieux a commencé à parler de "l'assistanat" qui était trop fort en France. Les gens qui étaient là se sont énervés et il a pas pu finir sa réponse. Pareil, y a un autre mec qui a commencé à délirer sur les juifs, les autres manifestant l'ont viré manu militari...

    Par contre le seul chant qu’ils connaissent et ça ça craint je trouve, c'est la Marseillaise. C'est vraiment le seul symbole qui a été utilisé massivement qui peut à la rigueur rattacher cette manif à la droite. Mais je pense qu'ils la chantent comme ils la chanteraient le soir d'un match de l'équipe de France de foot. Ça n’a pas plus de portée politique que ça en fait. Le "on est chez nous" que plein de gauchistes utilisent pour dire que cette manif c'étaient des affreux fachos, moi je l'ai pas entendu. Par contre j'ai entendu "Et la rue elle est à qui ? ELLE EST A NOUS" ça oui... J'ai même entendu pendant des charge de manifestant des "AHOU AHOU AHOU". Pas de "tout le monde déteste la police" ça c'est sûr !! Mais vraiment une grande hostilité au keuf, ça ça m'a vraiment étonné je dois dire. C’était pas le traditionnel "la police avec nous", les gens était majoritairement ulcéré par les CRS !!

    Après en ce qui concerne la forme émeutière qu'a pris la manif, c'était un peu la concrétisation de ce que rêvent les appellistes style "Comité Invisible". Une manif qui part dans tous les sens, pas du tout encadré par les appareils traditionnels, et qui s'étend dans plein de rue adjacente, en sorte qu'elle soit relativement incontrôlable par les forces de répression. Ça devait être l'horreur pour les services d'ordre. Après je pense qu'il y avait une forme d'impréparation de la préfecture. Car aucune rue adjacente aux Champs n'étaient bloqué, les gilets jaune pouvaient aller et venir sans aucun problème et foutre le zbeul dans des des rues parallèle à l'artère principale. C'était même marrant parce que par endroit les GJ sortaient des champs super facilement ; t'en voyais siroter une bière en terrasse à une rue de l'avenue et ensuite tranquillou, revenir histoire de re-balancer quelque cailloux sur les CRS. Comme s'ils allaient reprendre des forces avant de repartir au combat. "Les émeutiers au camping" quoi !! (LOL)

    On a vu quand même que la répression était moins forte que pendant la Loi Travail. Beaucoup moins de gaz lacrymo, j'ai pas vu de charge vraiment hardcore sur les manifestants. Pas trop d'incursion pour interpeller dans la manif... on voit quand même que les CRS ont la main moins lourde quand il s'agit des gilets jaunes.

    Avec mon pote on s'est fait la réflexion, la grande différence entre nos manifs et celle de samedi aux Champs, c'est la force physique des gilets jaune. Et ça ça fait vraiment une grande différence. Rien que pour faire des barrages qui ont un minimum de gueule, eux ils arrivent à déplacer des trucs trop lourd, du coup leurs barrages servent vraiment à quelque chose. Alors que nous nos barrage sont vraiment miskine. Un travailleur reste plus balaise qu'un pauvre étudiant y a pas à tortiller....

    Voilà, je pense avoir fait le tour....si j'ai vu quand même pas mal de gauchiste, des gamins de l'ex Mili par exemple, tout fou d'être là et de balancer des pierres avec des gens qui leur ressemblent pas trop pour une fois. Et tous les gauchiste que j'ai rencontré était super enthousiaste devant la tournure que prenaient les événement."

    Et puis hélas, dans une autre grande ville, bien moins réjouissant :

    "Sur Lyon centre c'est fini, la mauvaise nouvelle c'est que les fafs ont complètement pris la tête du truc, la bonne (si on veut, disons que c'est déjà ça) c'est que ça n'a plus rien de populaire, RIEN À VOIR avec samedi dernier (malgré un temps pourri alors et magnifique aujourd'hui), ni en quantité de monde ni en caractère populaire et multiracial.

    Ceci après que samedi dernier déjà, le Bastion Social ait pris et monopolisé la tête de la manifestation.

    Je reproduis ici un commentaire posté ailleurs :

    Ben écoute XXXXXX samedi dernier peut-être.

    Parce que là la vérité dont je viens d'être témoin c'est que la semaine dernière c'était effectivement populaire, y avait de tout, des braves pères et mères de familles qui se lèvent tôt, des Arabes, des femmes voilées, des Noirs rastas... 10 fois plus de monde qu'aujourd'hui alors qu'il faisait un temps pourri.

    Aujourd'hui, je parle à Lyon centre hein pas Feyzin ni sur les péages ou quoi : des militants FN et ultra droite. Y avait RIEN d'autre. Ni de ce qu'on pouvait entendre ni de voir les dégaines que bon, on connaît (quand même). Malgré un temps magnifique. 200 personnes à tout péter si je fais une estimation de cégétiste hein, pas de flic.

    Le Bastion Social a tranquillement pris la tête du cortège.

    Le plus funky restait encore le gars style biker avec un drapeau royaliste en cape et un bandana à fleurs de lys, je dis ça par rapport à la cohérence avec le drapeau des coupeurs de la tête à Louis XVI, c'était sincèrement le décalage punk qui rendait le tableau sympathique, je sais pas si le week-end prochain je vais pas faire pareil tiens.

    Voilà où ça en est sur Lyon centre.

    Voilà ce que ça donne "pas de politique" à sens unique."

    Un casseur témoigne : « on a été débordés par les Gilets Jaunes »

    https://rouendanslarue.net/un-casseur-temoigne-on-a-ete-debordes-par-les-gilets-jaunes-paris-24-novembre/

    Ce récit retrace une part des événements qui ont eu lieu ce samedi 24 novembre à Paris. Il fait part de ce que nous avons vécu et ne prétend pas être exhaustif.

    Nous arrivons sur les Champs-Élysées vers 14h30, en plein affrontement, au beau milieu des barricades. Face à la répression policière, la foule semble au premier abord désemparée. Chaque tir de gaz lacrymogène s’accompagne d’une salve de grenades désencerclantes ou explosives (GLI-F4) et parfois de jets du canon à eau. Chaque fois les manifestants battent en retraite dans une course folle pour finalement revenir à la charge face aux lignes de CRS. Malgré la zizanie générale, les gilets jaunes – bien plus nombreux que les 8 000 annoncés par le gouvernement ! – ne faiblissent pas : des barricades sont sans cesse construites, enflammées puis reconstruites. Comme d’habitude, les manifestants ne manquent pas d’humour : très vite des engins de chantier sont « réquisitionnés » et commencent à sillonner la place, conduits par des gilets jaunes rigolards. Une voiture de la Brigade Anti Criminalité est pillée puis brûlée sur l’avenue.

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    La police commence sérieusement à dégager l’avenue des Champs Élysée à partir de 17h environ. Autour des Champs, des groupes se dispersent, d’autres se forment, beaucoup persistent à rester, bien décidés à aller « chercher Macron » à l’Élysée. On a jamais vu ça, notre groupe composé de centaines de personnes est un patchwork de tous les milieux et tous les âges allant du père de famille ouvrier au jeune de banlieue énervé. On tente tant bien que mal de se rendre à l’Élysée mais les forces de l’ordre parviennent à nous en éloigner à coup de lacrymo et de grenades.

    À la Madeleine, on aperçoit un gilet jaune qui s’est fait interpellé par un escadron de CRS. Aussitôt des hués retentissent et tout le monde se rapproche pour réclamer sa libération. Les policiers prennent peur et tentent de disperser les assaillants avec une grenade désencerclante mais les manifestants ripostent illico : une magnifique reprise de volley leur renvoie la grenade entre les pattes. Sous la pression, les CRS reculent et libèrent le type. Une arrestation a été évitée ! Une nuée jaune s’engouffre ensuite dans les ruelles, un véhicule de police déboule, la tension monte, c’est le chaos, un plot de chantier traverse les airs et atterit sur le pare-brise. La voiture fuit tant bien que mal par une rue adjacente sous les hourras de la foule.

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    Retour aux Champs-Élysées. Un homme aurait perdu des doigts à cause d’une grenade. La colère gronde, la foule est prévenue et se dirige vers l’avenue. « Tout le monde déteste la police ! ». Les Champs sont littéralement occupés, l’avenue est à nous, nous sommes quelques milliers. Moment d’accalmie surréaliste pendant la tempête : des lampions s’élèvent dans le ciel, un football s’improvise, les gens soufflent et prennent le temps de discuter. Bouteille de maalox à la main, on vient nous voir : « -C’est quoi ça ? -Du maalox, ça protège contre les lacrymos. -Ah ouais trop bien ! Vas-y j’peux m’en mettre ? ».

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    La mi-temps est de courte durée : les CRS chargent, cette fois ils veulent nous évacuer pour de bon. Les canons à eau remontent rapidement l’avenue et contournent les barricades enflammées jusqu’à la place de l’Étoile qui baigne dans le gaz lacrymogène. À l’Arc de Triomphe, les manifestants se dispersent à nouveau en groupes de plusieurs centaines de personnes. L’agitation est totale, tout le monde met du cœur à l’ouvrage, les habitués de la casse se retrouvent spectateurs de leurs propres pratiques. Les barrières et le matériel de chantier sont déployés sur la route avant même qu’on ait pu les atteindre. Quoi qu’en est dit le gouvernement, c’est bel et bien une foule hétéroclite poussée par la rage qui prend part à l’émeute. Les forces de l’ordre nous talonnent, tout le monde s’échine à les tenir à distance et à les ralentir. De nouvelles barricades sont élevées, des brasiers constellent la chaussée. On n’en croit pas nos yeux. Un Franprix échappe de peu au pillage mais tous ne sont pas si chanceux, le mobilier urbain est attaqué et une banque qui a le malheur de se trouver là n’est pas épargnée.

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    Notre groupe se disperse finalement aux abords de la place de l’Étoile. La fête se termine : la place a été reprise par la police et la circulation est rétablie. Quelques manifestants irréductibles brandissent des fumigènes. L’un d’eux se fait littéralement casser la main par un tir de LBD (balles de caoutchouc). Chaque heure passant, le sentiment de sympathie à l’égard de la police qui animait la foule s’est transmué en défiance pour tout ou partie des gilets jaunes qui ont tenu les Champs. Lentement la conclusion s’impose : ils ne nous rejoindront pas. Il y a longtemps que le quartier le plus bourgeois de la capitale n’avait vu un peuple en colère sous son balcon.


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    23/11 Blocages de raffineries et jonction du mouvement avec les syndicats qui se fait sentir :

    Le dépôt pétrolier de La Mède bloqué par des Gilets Jaunes et des manifestants CGT

    https://www.francebleu.fr/infos/transports/le-depot-de-carburant-de-la-mede-dans-les-bouches-du-rhone-bloque-par-des-manifestants-cgt-et-des-1542886606

    Le dépôt pétrolier de La Mède était paralysé ce jeudi par une grève à l'appel de la CGT, plusieurs salariés grévistes occupant le rond-point d'accès à la plateforme Total, déjà bloqué par des "gilets jaunes", a-t-on appris de source syndicale.  La direction de la plateforme, jointe par l'AFP, n'était pas en mesure en début de matinée d'évaluer l'impact de la grève sur le fonctionnement de l'entreprise qui compte quelque 330 salariés. 

    Selon Fabien Cros, élu CGT, la grève de 24 heures reconductible, est suivie par 87% des salariés postés jeudi matin. "Des négociations salariales annuelles de branche se sont ouvertes aujourd'hui. C'est un jour de mobilisation sur tous les sites face aux menaces de suppressions d'emplois", a-t-il déclaré à l'AFP.  "Aucun produit pétrolier n'entre ou ne sort du dépôt", a-t-il encore affirmé, précisant que quelque 150 grévistes CGT distribuaient des tracts sur le rond-point d'accès au site, où une cinquantaine de "gilets jaunes" ont installé depuis plusieurs jours un barrage filtrant. 

    Toutefois la CGT s'est défendue d'avoir rejoint les "gilets jaunes" même si les revendications sur le pouvoir d'achat sont les mêmes. "On n'oppose pas les luttes, tout est bon contre Macron. Il y a un ras-le-bol total", a indiqué un gréviste CGT sur place.

     Opération gilets jaunes à la raffinerie Total La Mède dans les Bouches-du-Rhône Opération gilets jaunes à la raffinerie Total La Mède dans les Bouches-du-Rhône © Maxppp -

    La CGT et les Gilets Jaunes bloquent plusieurs raffineries Total

    http://www.lefigaro.fr/societes/2018/11/22/20005-20181122ARTFIG00279-plusieurs-sites-de-total-bloques-par-des-grevistes-et-des-gilets-jaunes.php

    Plusieurs sites de Total étaient affectés jeudi par un mouvement de grève à l'appel de la CGT, et lié à des négociations salariales, et qui dans certains cas s'ajoutent à des blocages de «gilets jaunes». La CGT se défend d'avoir rejoint le mouvement.

    En plus de le payer cher, les Français vont-ils subir une pénurie de carburant? «Les expéditions de produits des raffineries de Normandie, Grandpuits et Donges sont bloquées en raison d'un mouvement social lié aux négociations annuelles obligatoires qui ont lieu aujourd'hui au niveau de la branche», a indiqué une porte-parole de Total. «Le dépôt de la bioraffinerie de La Mède est également concerné», a-t-elle ajouté.

    » LIRE AUSSI - «Toute la France à Paris» samedi: la mobilisation désorganisée des «gilets jaunes»

    Solidarité avec les «gilets jaunes», ou volonté de profiter du climat social en engageant un bras de fer avec la direction? Selon des sources syndicales, le dépôt des Bouches-du-Rhône était paralysé jeudi par une grève à l'appel de la CGT, plusieurs salariés grévistes occupant le rond-point d'accès à la plateforme Total, déjà bloqué par des «gilets jaunes». Selon Fabien Cros, élu CGT, la grève de 24 heures reconductible était suivie par 87% des salariés postés (en équipes successives alternantes, ndlr) jeudi matin. «C'est un jour de mobilisation sur tous les sites face aux menaces de suppressions d'emplois», a-t-il déclaré à l'AFP. «Aucun produit pétrolier n'entre ou ne sort du dépôt», a-t-il ajouté, précisant que quelque 150 grévistes CGT distribuaient des tracts sur le rond-point d'accès au site, où une cinquantaine de «gilets jaunes» ont installé depuis plusieurs jours un barrage filtrant.

    «Tout est bon contre Macron»

    Honnête, la CGT s'est défendue d'avoir rejoint les «gilets jaunes», même si les revendications sur le pouvoir d'achat sont identiques. «On n'oppose pas les luttes, tout est bon contre Macron. Il y a un ras-le-bol total», a indiqué un gréviste CGT, joint par téléphone. À la raffinerie de Feyzin (Rhône), Michel Lavastrou, délégué CGT, a fait état d'une «grève depuis mardi et jusqu'à 22 heures ce soir», également liée aux négociations salariales de branche en cours. «Environ 65% du personnel posté suit actuellement le mouvement. L'impact sur la production est limité puisque le mouvement n'a été lancé qu'il y a 48 heures», a-t-il précisé. Une trentaine de gilets jaunes occupaient encore jeudi matin un rond-point à proximité de la zone de livraison, et filtraient le passage des camions, selon des employés de la raffinerie.

    » LIRE AUSSI - «Gilets jaunes»: les organisations syndicales en ordre dispersé

    À la raffinerie de Donges, la CGT comptabilisait «65 à 80% de grévistes» en moyenne sur les trois équipes devant se relayer sur 24 heures à partir de mercredi 21 heures, selon le délégué syndical Christophe Hiou. Durant ce mouvement non-reconductible, «l'ensemble des débits» ont été diminués et «aucun camion ou bateau» n'a quitté la raffinerie, mais ni l'usine ni l'oléoduc qui dessert le dépôt de Vern-sur-Seiche, au sud de Rennes, n'ont été arrêtés totalement, a-t-il précisé. Jeudi après-midi, la direction avait elle recensé 61,1% de grévistes au sein de l'équipe travaillant de 13 à 21 heures. Mais sur les 650 employés de l'usine, la moitié seulement travaille en roulement de huit heures. Parmi l'autre moitié qui travaille uniquement de jour, «aucun» gréviste n'était recensé, a-t-elle précisé. La direction a également noté des «barrages filtrants» mais «aucun blocage» de la raffinerie par les «gilets jaunes».

    » LIRE AUSSI - Alexandre Devecchio: «Quand les intellectuels voyaient venir les “gilets jaunes”»

    Des négociations annuelles de salaires en cours

    Les négociations annuelles obligatoires (NAO) entre les organisations syndicales et l'UFIP (Union française des industries pétrolières) ont débuté dans la matinée à Paris. Les syndicats réclament entre 2% et 2,5% de hausse de la grille des salaires. «Le patronat propose pour l'instant +1%, c'est notoirement insuffisant», estime Laurent Grizon, président de la CFE-CGC Pétrole, premier syndicat de la branche du pétrole devant la CFDT (2e) et la CGT (3e). «C'est en négociation», a simplement indiqué un porte-parole de l'UFIP, sans donner de détail chiffré.

    Et puis, opérations en cours (aujourd'hui même) contre le "Black Friday", journée symbole d'hyper-consommation apparue ces dernières années :

    Les Gilets Jaunes veulent transformer le "Black friday" en "Yellow friday" et s’attaquer à l'économie

    https://www.lci.fr/social/les-gilets-jaunes-veulent-transformer-le-black-friday-en-yellow-friday-et-s-attaquer-a-l-economie-2105402.html

    MOBILISATION – Tandis que le mouvement entre dans son septième jour, les Gilets jaunes comptent désormais mener des actions pour perturber les soldes de ce vendredi.

    Après les ronds-points et en attendant le rassemblement prévu samedi à Paris, les Gilets jaunes ont un nouvel objectif : le "Black friday", ce jour de soldes importantes importé des États-Unis marquant traditionnellement, outre-Atlantique, le coup d’envoi de la période des achats de fin d’année, qu’ils veulent transformer, pour l’occasion, en "Yellow friday". Leur idée : ne plus perturber le Français lambda, mais s’attaquer à l’économie, et donc indirectement à l’État.

    Outre les raffineries, les dépôts de carburant et quelques centres d’impôts, ce sont les commerces et les transports de marchandise qui seront pris pour cible ce vendredi. Pour ce faire, plusieurs appels ont été lancés, ces dernières heures, sur les réseaux sociaux, notamment à travers un groupe Facebook spécifiquement dédié au "Black friday" qui comptait, jeudi soir, soit quelques heures après sa création, déjà plus de 2000 membres.

    "Que les gens puissent ressortir des grandes surfaces sans payer"

    En parallèle, le syndicat Force ouvrière (FO) de Transpole, qui gère les transports en commun de l’agglomération lilloise, apporte son soutien aux Gilets jaunes et annonce son intention de mener des actions pour perturber les soldes de ce vendredi. "Nous ne pouvons pas encore dire sous quelle forme nous allons faire cela mais effectivement, il risque d’y avoir des perturbations sur le réseau dans la journée", indique en effet à 20 Minutes Angelo Savoca, secrétaire général de FO Transpole.

    Difficile d’y voir clair sur la réalité des actions à venir, le mouvement étant confus et imprévisible par essence mais, à échelle locale, de nombreux commerces et entrepôts s’inquiètent. Les Hauts-de-France restent l’une des régions les plus mobilisées, avec pas moins de huit points de blocage toujours tenus par des manifestants dans le Pas-de-Calais et l’Aisne, selon la préfecture.

    Dans le Vaucluse, Le Dauphiné Libéré relate la tenue de plusieurs réunions jeudi soir concernant le "black friday". À Bollène, près de 500 personnes se sont données rendez-vous ce vendredi à 8h30 pour bloquer un Leclerc et un Intermarché. Des participants ont même suggéré de faire en sorte "que les gens puissent ressortir des grandes surfaces sans payer", avant que la proposition ne soit finalement rejetée... Non loin de là, à Loriol-du-Comtat, 350 Gilets jaunes, en marge de leur plan d’attaque de la grande distribution, ont même créé l’assemblée citoyenne de Carpentras, et désigné deux porte-parole : Cécile Poulette, infirmière à l’hôpital, et Christophe Dutalloir, marchand forain. Signe qu’ils ne comptent pas en rester à ce vendredi noir. 

    Ces "gilets jaunes" qui veulent bloquer le Black Friday 

    Black Friday : les Gilets Jaunes visent les centres commerciaux en Seine-Maritime

    https://actu.fr/economie/black-friday-gilets-jaunes-visent-centres-commerciaux-seine-maritime_19725297.html

    Les Gilets jaunes profitent vendredi 23 novembre 2018, du Black Friday pour perturber les abords de centres commerciaux en Seine-Maritime. Certains ont fermé. Détails.

    Ils avaient annoncé vouloir transformer le Black Friday en Yellow Friday. En Seine-Maritime comme ailleurs en France, les Gilets jaunes sont donc passés à l’action vendredi 23 novembre 2018, au matin. 

    « Les centres commerciaux ciblés plus durement »

    Selon la préfecture de Seine-Maritime, les zones commerciales ont particulièrement été visées par les Gilets jaunes, vendredi. Une situation qui était « annoncée », selon le directeur de cabinet de la préfète, Benoît Lemaire : « Les centres commerciaux sont ciblés plus durement sur le département à l’occasion du Black Friday. »

    En Seine-Maritime, les principales zones touchées ce matin ont été : Tourville-la-Rivière, Montivilliers, Gonfreville-l’Orcher et  le magasin E.Leclerc à Saint-Étienne-du-Rouvray. La zone commerciale de Barentin, près de Rouen, et le magasin SuperU de Gournay-en-Bray, dans le pays de Bray, ont également été visés par des actions Yellow Friday.

    Aux alentours de midi, la zone commerciale de Barentin ne faisait plus l’objet d’un barrage, ni celle de Saint-Etienne-du-Rouvray. Et vers 12h30, la police est intervenue à Tourville-la-Rivière.

    Des fermetures à cause des manifestations

    Le centre E.Leclerc de Gonfreville-l’Orcher a fermé ses portes à cause de l’action des Gilets jaunes, vendredi. La direction ne se prononce pas sur l’heure d’une éventuelle réouverture du magasin. 

    Dans la matinée c’est le Leclerc Drive des Docks Vauban au Havre qui a rappelé tous ses clients pour annuler leurs commandes et pour le moment, là encore, la plateforme ne précise pas quand elle pourra rouvrir.


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  • Blog du Collectif Rosa Parks

    Il n’y aura pas de front large contre le régime de Macron ou contre le fascisme qui s’annonce si l’immigration et les banlieues qui constituent quelques millions d’âmes sont ignorées.

    Pour les gilets jaunes, le pari est gagné ! Cette mobilisation inédite et sans précédent témoigne de l’existence d’un profond mécontentement chez les classes populaires en voie de paupérisation méprisées par le pouvoir et les élites. Il serait faux et condescendant de n’y voir qu’une manipulation de l’extrême-droite d’autant que ses initiateurs réfutent toute entreprise de récupération partisane. Ce mouvement spontané ne peut pas être compris sans les mises en échec successifs du mouvement social contre la loi Travail et plus tard des grèves de la SNCF et d’autre part, sans l’existence d’un exécutif arrogant, trahissant de manière éhontée l’histoire sociale du pays et cédant de manière outrancière aux lois du marché. La mobilisation du 17 novembre et sa force d’identification représentent incontestablement une colère juste en ce qu’elle vise prioritairement un pouvoir replié sur lui-même, fermé et déterminé à détruire le pacte social.

    Pour autant, cette spontanéité qui fait toute son originalité et sa fraîcheur n’en charrie pas moins de fortes contradictions qu’il est important de prendre en compte pour ne pas tomber dans une adhésion béate. C’est précisément sa spontanéité et sa porosité qui permet à l’extrême-droite lepéniste et à certains syndicats de police de s’y associer et de lui donner bon gré, mal gré une coloration poujadiste et chauvine, d’autant que la mobilisation a déjà été entachée par des actes racistes scandaleux, des actions odieuses contre les migrants et d’autres clairement réactionnaires. Enfin, la revendication légitime de la baisse du carburant ne peut en aucun cas se substituer à un mouvement généraliste dont l’objectif principal serait la justice sociale pour tous.

    S’il faut soutenir les gilets jaunes pour les raisons ici évoquées, et dénoncer vigoureusement la répression dont ils ont fait l’objet, il revient à l’ensemble des franges qui constituent le mouvement social de charpenter et de donner un véritable contenu politique aux revendications des gilets jaunes. L’antiracisme politique fait partie du mouvement social et comme toutes ses composantes, il est interpellé. Le collectif Rosa Parks qui réunit différentes sensibilités de cette mouvance a déjà fait sienne l’idée d’une convergence réelle mais exigeante car le constat est là : l’immigration post-coloniale et les habitants des banlieues, qui cumulent les discriminations en tout genre, sont de fait aussi les laissés-pour-compte de ce système inégalitaire. Le racisme qui frappe de manière systématique quelques millions de non-blancs structure le champ social aussi sûrement que l’exploitation des ouvriers, hiérarchisant et distinguant à l’intérieur des classes prolétaires, un corps social légitime et pleinement incorporé à la nation, d’un corps illégitime constituant dans les faits une « France d’en bas » et une « France d’en-dessous de la France d’en bas ». Cela se traduit par une surveillance policière accrue, une ghettoïsation spatiale et sociale et une mise au ban politique, par des campagnes de diabolisation, des groupes politiques qui osent dénoncer cette situation. Si la hausse du carburant est une cause suffisamment légitime pour être endossée par les forces du mouvement social, qu’en est-il de la destruction des services publics, de l’état d’urgence, des violences policières ou des migrants qui meurent par dizaines de milliers dans la Méditerranée ?

    Disons-le clairement : il n’y aura pas de front large contre le régime de Macron ou contre le fascisme qui s’annonce si l’immigration et les banlieues qui constituent quelques millions d’âmes sont ignorées. C’est pourquoi, le collectif Rosa Parks a mis au cœur de sa démarche le racisme d’État mais aussi la lutte contre cette guerre sociale faite à tous et aux plus pauvres en particulier, la crise des migrants et les guerres impérialistes, questions fondamentales qui interrogent le grand désordre du monde.

    Depuis son lancement, l’initiative du collectif Rosa Parks a fait des émules et amplifie son audience. Plusieurs tribunes ont été publiées :


    À ce propos, nous nous réjouissons que des syndicats aient déjà déposé des préavis de grève formels en vue de la journée de la disparition. C’est indéniablement un pas de plus vers la reconnaissance et la prise en compte des discriminations racistes au travail.

    Nous appelons tous les habitants des quartiers comme des zones rurales, les populations qui subissent le racisme et tous ceux qui subissent de plein fouet les mesures néolibérales bref, tous les « Noirs, Jaunes, Rouges, Gris, Blancs et pas très clairs » à :

    • disparaître avec nous le 30 novembre des réseaux sociaux, des universités et de lycées, des lieux de travail et à boycotter la télé et les grandes surfaces et
    • réapparaître le 1er décembre sous la forme d’une Marche pour l’Égalité, la Justice et la Dignité au départ de Nation, un gant noir au poing.


    Nous espérons que celles et ceux qui appellent à manifester le 1er décembre pour plus de justice sociale se joindront à nous. C'est une occasion historique qui se présente, celle de pouvoir allier toutes les revendications d'égalité, de justice et de dignité. Ne pas saisir cette opportunité constituerait une erreur politique majeure. Les syndicats et les gilets jaunes avec nous ! Et avec des gants noirs !

    Collectif Rosa Parks : Des gilets jaunes au(x) gants noirs, égalité, justice, dignité ou rien !

    Une situation assez particulière que nous avons peu évoquée jusque-là, est celle de la colonie de la Réunion, où le mouvement a pris la tournure d'affrontements extrêmement violents qui ont conduit à la décision de geler pour trois ans, sur l'île, l'augmentation pseudo-"écologique" des prix du carburant ; mais dans le même temps hélas, l’État colonial vient de décider d'envoyer... l'armée : 

    Collectif Rosa Parks : Des gilets jaunes au(x) gants noirs, égalité, justice, dignité ou rien !

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    Autres prises de position anticoloniales intérieures

    - Un militant antiraciste politique à titre personnel :

    "Je poste ici mon avis personnel sur le contexte politique actuel et la position que devrait tenir l'antiracisme politique.Bien entendu, cela n'engage que moi. (C'est un peu long, désolé.)

    - Pourquoi le 1er décembre j’irai à la manifestation Rosa Parks et pas à celle des Gilets Jaunes -

    Je pense que, comme à peu près tout le monde, l’antiracisme politique, a été pris de court par l’ampleur du mouvement des Gilets Jaunes. 300 000 personnes dans la rue le 17 novembre, 100 000 le 24 et nul doute qu’ils seront tout aussi nombreux le 1er décembre. Plus encore, il a été pris de court par le niveau de la contestation sociale actuelle, car, le 1er décembre, ce ne sont pas seulement les Gilets Jaunes qui appellent à manifester, mais bien plusieurs pans de la société, comme la CGT ou bien encore les syndicats étudiants pour contester la hausse faramineuse des frais d’inscriptions des étudiants étrangers.

    Dans tout ce bouillonnement il y a l’antiracisme politique qui appelle les indigènes à disparaître le 30 novembre et réapparaître, lors d’une manifestation, le 1er décembre. Les dates de ces journées d’action, qui se sont décidées au sortir du Bandung du Nord en mai 2017, avaient été choisies en l’honneur de Rosa Parks, cette femme afro-américaine qui, le 1er décembre 1955, refusa de céder sa place dans le bus et ainsi refusa de se plier aux lois ségrégationnistes des États-Unis, devenant alors un symbole de la lutte antiraciste.

    Lorsque les dates ont été fixées, l’antiracisme politique était loin de se douter qu’il y aurait alors un tel niveau de contestation sociale, avec comme point d’orgue l’image forte de personnes vêtues de gilets jaunes montant des barricades sur les Champs-Élysées. Ainsi, les appels à manifester le 1er décembre se multiplient, allant de la simple « alliance » à une manifestation autonome. L’effervescence est telle que certains des militants de l’antiracisme politique craignent que leur manifestation soit noyée dans le flot des autres contestations sociales, en particulier celle des Gilets Jaunes. Ce fut le cas en partie pour la Marche contre les violences faites aux femmes qui, malgré son succès incontestable (30 000 personnes à Paris), a bénéficié d’une couverture médiatique bien plus faible. Est-ce que l’antiracisme politique court le même risque ? Assurément. Mais il le court dans tous les cas, l’antiracisme politique est constamment soit ignoré soit dépeint négativement par le champ médiatique blanc.

    Reste que la question de la stratégie à adopter face aux Gilets Jaunes, mouvement qui occupe le devant de la scène politique et médiatique depuis plusieurs semaines et mobilise dans les rues un nombre important de personnes, a suscité de nombreux débats au sein de l’antiracisme politique. Que faire ? Devant ce casse-tête il ne faut pas s’enfermer dans une dualité simpliste qui opposerait deux choix : celui de les rejoindre ou celui de les rejeter. Il est nécessaire d’adopter un point de vue plus complexe, mais surtout une réponse qui puisse assurer une stratégie essentielle de notre camp : la préservation de notre autonomie et la priorisation de nos initiatives.

    Il est encore bien difficile de définir de manière certaine le mouvement des Gilets Jaunes, tant celui-ci est protéiforme et sans direction politique claire. S’il a pris forme à partir de la contestation de l’augmentation des prix des carburants, les revendications se sont depuis élargies et diversifiées, en étant parfois même contradictoires. Il est aussi difficile de se prononcer sur sa composition, elle paraît relativement hétérogène, mais nous pouvons légitimement penser que nous nous trouvons devant un mouvement rassemblant les Blancs de classe moyenne ou « petits-moyens », peu structuré dans le mouvement social et politique habituel, et ne se concentrant pas seulement sur Paris mais sur l’ensemble du territoire. Ils représenteraient ainsi la « France qui souffre en silence », ces petits-Blancs, que certains appellent les « beaufs », et dont personne ne se soucierait si ce n’est quelques tentatives du Front National, Debout La France ou encore la France Insoumise...

    Quelle attitude l’antiracisme politique doit adopter face à ce mouvement à la forme et aux revendications flottantes ? Sa position était attendue d’autant plus que des actes racistes ont été perpétrés durant ces journées de mobilisation, que ce soit une femme musulmane à qui l’on a demandé de retirer son voile ou alors des migrants livrés à la police. Évidemment, ces agissements ne peuvent que scandaliser au plus haut point chaque militant antiraciste, et il est urgent de lutter activement pour qu’ils ne se reproduisent plus. Mais il ne faut être ni naïfs, ni idéalistes, il ne faut pas tomber non plus dans le moralisme en condamnant l’ensemble du mouvement. Nous vivons dans une société dont les structures sont foncièrement racistes, il est alors totalement absurde d’imaginer qu’un mouvement spontané, composé en plus de personnes peu présentes dans le champ militant classique, ne soit pas hanté par ce racisme. Une société réactionnaire produit logiquement des citoyens relativement réactionnaires. Il faut ajouter à cela que la mobilisation des Gilets Jaunes est habitée de toutes les contradictions que nous retrouvons dans notre société, ainsi à côté des actes racistes nous pouvons trouver des actions de solidarités envers des non-Blancs.

    Surtout, le fond de la colère qui anime les Gilets Jaunes est légitime. Les a priori sur l’antiracisme politique décrivent ce dernier comme un courant politique qui essentialise l’ensemble des Blancs et les voit comme des privilégiés qui ont forcément la belle vie. Rien n’est plus faux. L’antiracisme politique ne nie pas la souffrance des « petits-blancs », des « beaufs », de la « France d’en bas ». Simplement, il affirme que quitte à être au bas de l’échelle sociale, en termes de classe, il est toujours plus avantageux d’être blanc, que les indigènes se trouvent généralement en dessous de cette « France d’en bas », et surtout que les indigènes font face à des problématiques que même les plus dominés des Blancs n’ont pas à subir, comme les violences policières ou la discrimination à l’embauche. Les indigènes ont des intérêts propres, qui amènent des objectifs propres, ils veulent la dignité, la justice, l’égalité. Cela passe impérativement par la lutte contre tous les racismes et toutes les discriminations mais aussi contre les politiques sociales et culturelles qui les alimentent, contre les mentalités héritées de la colonisation et tirées du nationalisme républicain si populaire actuellement. Sans oublier la lutte contre les politiques néocoloniales de la France à l’égard de ses anciennes et actuelles colonies.

    Ces particularités de la condition indigène doivent conduire l’antiracisme politique à ne pas transiger sur son autonomie. La colère des petits-blancs est légitime, je le répète. Toutefois, si effectivement le mouvement est encore informe, il penche dangereusement sur sa droite, que ce soit par l’attirance directe pour l’extrême-droite, ou alors par une forme de social-chauvinisme dont l’un des principaux mots d’ordre est la « souveraineté nationale ». Pour enrayer cette dynamique il est nécessaire, si l’on souhaite avoir une perspective révolutionnaire, d’accompagner ce mouvement et de tenter de radicaliser ses acteurs dans le sens opposé. Car si l’antiracisme est toujours critique envers ce qu’il nomme « la gauche blanche », je pense qu’il préfère toujours une radicalisation à gauche plutôt qu’à droite. Mais ce travail doit être fait - et ne peut être fait que - par nos plus proches alliés de la gauche blanche. Cette tâche n’incombe pas à l’antiracisme politique, d’autant plus que les principales propositions faites pour le moment ne vont pas dans le sens de ses intérêts et de ses combats. Le concept de souveraineté nationale chère à une partie de la gauche pourrait effectivement profiter, indirectement mais aussi secondairement, aux indigènes de France, mais il va à l’encontre de nos positions anti-impérialistes.

    Au-delà même des revendications portées par les Gilets Jaunes qui ne correspondraient pas à celle de l’antiracisme politique, les rejoindre pose d’autres problèmes, remettant en cause son autonomie même. Dans le livre Black Power, Charles V. Hamilton et Stokely Charmichael (Kwame Ture) ont consacré un chapitre entier aux relations à entretenir avec les mouvements blancs et aux coalitions. Durant de nombreuses pages dans lesquelles ils ont insisté sur la nécessité d’établir un mouvement noir fort et autonome, cette priorité est mise en exergue quand la question des coalitions est abordée. L’idée de coalition n’est pas, selon eux, à bannir, mais il est primordial de dégager les bases politiques sur lesquelles elle pourrait être viable, et cela d’autant plus que malgré son taux de radicalité, un Blanc « ne peut finalement échapper à l’influence toute-puissante que la blancheur de sa peau exerce dans une société raciste - sur lui et sur les Noirs. » (p100).

    Tout d’abord, la condition sine qua non à toute coalition est la présence de forces politiques constituées. Or, cette condition ne me semble pas être remplie dans le cas qui nous intéresse ici. L’antiracisme politique, ou même un mouvement des quartiers populaires, ne bénéficie pas encore, à mon humble avis, d’une base sociale conséquente qui légitimerait une telle alliance, et risque de servir seulement de « caution indigène ». L’antiracisme politique reste une force en cours de construction, et cette construction autonome devrait rester sa priorité, surtout si l’on souhaite ensuite nouer des alliances. De même, parler de coalition avec les Gilets Jaunes pose problème car ce n’est pas un groupe politique structuré et organisé, il me paraît très hasardeux de s’allier à un mouvement qui n’a pas lui-même défini ses propres contours.

    La deuxième nécessité à l’idée d’une coalition est que le camp blanc d’en face affirme la volonté de remettre en question les structures racistes de la société dans laquelle il évolue et qui lui accorde des privilèges malgré tout, en exploitant davantage les indigènes. Il faut se méfier des comparaisons hâtives, surtout celles qui amènent à penser que les indigènes et les « beaufs » partagent au fond, malgré quelques particularités, les mêmes conditions et, surtout, que nos intérêts sont les mêmes, « les Noirs ne peuvent se permettre de prétendre que ce qui est bon pour l’Amérique blanche convient automatiquement au peuple noir » (p105). Il faut aussi garder en tête les intérêts de nos frères et sœurs du Sud. Bien souvent défendre les intérêts des citoyens du Nord se fait à leur détriment. Les Gilets Jaunes, qui se sont mobilisés avant tout pour protester contre l’augmentation du prix des carburants, n’échappent pas à ce constat. Pour répondre à leurs revendications, nul doute que l’État français accentuera le pillage des richesses du Sud à travers une politique impérialiste qui n’a jamais été pointée du doigt dans le mouvement.

    La troisième nécessité pour garantir qu’une coalition soit durable est qu’elle doit être conclue par deux camps égaux, or cela ne me semble pas être le cas dans le contexte actuel. Si l’antiracisme politique a gagné de nombreuses batailles depuis une dizaine d’années, et que son discours commence à être incorporé par une partie du champ politique de manière positive, en particulier dans la gauche radicale, il est toutefois loin d’être hégémonique. Une grande partie du champ politique rejette totalement notre combat, et le champ médiatique ne cesse de nous dépeindre sous les pires aspects, la dernière intervention d’Houria Bouteldja au Nouvel Observateur le démontre.

    Nous n’avons pas le rapport de force qui nous permet de peser face aux mouvements des Gilets Jaunes, qui, malgré quelques critiques opportunistes du gouvernement qui le renvoie à une manifestation d’extrême-droite, profite d’une mansuétude toute particulière, même lorsqu’ils vandalisent les Champs-Élysées. Je n’ose imaginer la couverture médiatique mais surtout le niveau de répression policière si cela avait été perpétré par des indigènes. Ils profitent d’un soutien populaire plus important que l’antiracisme politique, en grande partie parce qu’ils sont perçus comme plus légitimes pour protester. Ils représenteraient la « France qui souffre en silence », celle qui n’en peux plus, celle qui ne souhaite plus baisser la tête et qui ose maintenant manifester. Abdelmalek Sayad montrait que l’indigène est perçu comme un « invité » en France, et en tant qu’invité il n’a pas le droit de se plaindre, car ce serait un flagrant manque de savoir-vivre pour quelqu’un qu’on héberge déjà généreusement. Pour les Gilets Jaunes, c’est l’inverse, leurs souffrances sont vues comme plus injustes que celles des indigènes, et leurs colères plus légitimes, parce qu’ils souffrent alors même qu’ils sont chez eux ! Ils souffrent dans leur propre maison ! Et parfois ils souffrent encore plus que les invités qui profitent grassement sans rien faire !

    Le rapport de force entre l’antiracisme politique et les Gilets Jaunes est donc bien trop inégal pour espérer qu’une coalition pérenne et juste puisse voir le jour. Oui, des Gilets Jaunes peuvent appeler, et de manière tout à fait sincère, à ce que les indigènes, les « jeunes de banlieues » comme ils les appellent, les rejoignent pour lutter ensemble, mais comme le souligne les auteurs de Black Power « la politique est le produit d’un conflit d’intérêts, non d’un conflit de consciences. [...] Ce ne sont pas la morale et les sentiments qui résoudront ces conflits, et les Noirs doivent le comprendre. Aucun groupe ne devrait contracter des alliances ou des coalitions en se fiant à la « bonne volonté » de ses alliés. » (p115-116). Et le risque, face à ce déséquilibre du rapport de force est de voir l’antiracisme politique, et ses combats, noyé par ceux des Gilets Jaunes.

    Reprenons les quatre conditions préalables et essentielles que nous indiquent S. Carmichael et C. V. Hamilton, pour qu’une coalition soit viable :
    1 - la reconnaissance des intérêts respectifs des parties prenantes ;
    2 - la conviction, des deux côtés, que c’est en fonction de cet intérêt que l’alliance se fonde ;
    3 - l’acceptation du fait que, dans cette coalition, chaque partie possède une part indépendante de pouvoir et ne dépend de personne pour la prise de décision ;
    4 - la conscience que cette coalition se fait sur des objectifs bien précis, clairs et identifiables et non sur des buts abstraits, généraux et vagues.

    Il apparaît alors que ces conditions sont loin d’être remplies, et qu’il faut alors se prémunir de toute coalition trop hâtive.

    Je ne suis pas par principe contre la coalition avec les Gilets Jaunes, et je n’interdis à personne de le faire. Mais en tant que militant de l’immigration et des quartiers qui revendique son autonomie, je pense que les coalitions doivent se faire d’égal à égal avec des objectifs précis, et non pas sur des principes creux. Certes, le contexte actuel est agité, et il est normal de craindre de ne pas s’accrocher au bon wagon de l’histoire. Mais il est important de raison garder, de prendre du recul, et ne pas se laisser non plus emporter sans réfléchir par le mouvement. L’antiracisme politique œuvre depuis des années pour se constituer en force souveraine et autonome, et alors qu’il semble gagner de plus en plus de terrain, il serait dommage d’en perdre dans des coalitions incertaines avec un mouvement qui priorise les intérêts d’un partie du groupe social blanc. Dans le contexte actuel, et encore plus dans cette effervescence sociale, je pense qu’il est important de garder notre cap, que l’antiracisme politique continue à se constituer comme une force politique autonome qui a vocation à bouleverser le champ politique, et non pas nouer simplement des coalitions pour exister. L’antiracisme politique doit préserver sa propre identité, ses propres stratégies, ses propres valeurs, ses propres mots d’ordre et ses propres objectifs, et prendre conscience du rôle qu’il a à jouer.

    Je ne m’oppose pas aux Gilets Jaunes, mais je ne rejoins pas non plus le mouvement. Je comprends la colère qui anime ses acteurs, tout en déplorant les dérives racistes qui ont pu se manifester, et qu’il faut combattre. Et il me semble que le meilleur moyen de lutter contre ça n’est pas de se noyer dans les Gilets Jaunes, en courant le risque d’être inaudible, mais de se constituer à côté, de manière autonome, en faisant entendre les objectifs, et en défendant nos intérêts, à nous indigènes du Nord.

    Je ne condamne pas non plus les personnes qui ont fait le choix de rejoindre ce mouvement, je peux même comprendre les raisons de leur choix, j'expose simplement ici mon opinion.

    C'est par conviction profonde que je me place plus que jamais du côté du Collectif Rosa Parks. Si je disparais le 30 novembre, ce n’est pas pour réapparaître aux côtés des Gilets Jaunes, mais plutôt auprès des miens, les indigènes du Nord. Le 1er décembre nous réapparaîtrons plus fort pour dire que nous aussi, nous existons, nous aussi nous avons toute légitimité à protester, à montrer notre colère et à revendiquer nos droits. Le 1er décembre nous marcherons sur Paris en portant fièrement et dignement les couleurs de l’antiracisme politique et en mettant en avant les intérêts des indigènes qui semblent être oubliés dans cette effervescence sociale."

    - Le Comité Adama appelle à manifester samedi 1er décembre aux cotés des gilets jaunes.

    Les quartiers populaires sont confrontés aux mêmes problématiques sociales que les territoires ruraux ou périurbains - dits "périphériques" - touchés par la politique ultra libérale de Macron.

    Nous aussi nous habitons des territoires enclavés, même à proximité des grands centres urbains.

    Nous aussi, habitant.es des quartiers populaires, nous travaillons le plus souvent dans les secteurs les plus précaires pour des salaires de misère.

    Nous aussi nous devons parfois faire plusieurs heures de voiture pour nous rendre sur nos lieux de travail : dans des usines, dans des entrepôts, dans le nettoyage industriel ou encore dans le secteur de la sécurité. Pour beaucoup parmi nous, c'est aussi le chômage, qui atteint 40% dans certains quartiers.

    À ces inégalités sociales, s'ajoutent le racisme, les humiliations quotidiennes et les violences policières. Violences policières auxquelles les gilets jaunes sont aussi confrontés aujourd'hui à leur tour. Après celui contre la loi Travail, c'est maintenant le mouvement des gilets jaunes qui connait cette répression.

    Ne laissons pas le terrain à l'extrême-droite, et réaffirmons nos positions contre le racisme à l'intérieur du mouvement des gilets jaunes.

    Faisons alliance à égalité, avec nos spécificités, contre le régime Macron qui détruit nos vies, et qui nous laisse agoniser chaque fin de mois pour parvenir à nourrir nos familles.

    Nous appelons tous les habitant.es des quartiers populaires à venir massivement se battre pour leur dignité le samedi 1er décembre. Comme le font les habitants de La Réunion qui nous ont montré la voie.

    Avec le soutien de l'Action Antifasciste Paris-Banlieue, Plateforme d'enquête militante.

    Le comité Adama rejoint les Gilets Jaunes : « Ce n’est pas une alliance au prix d’un renoncement politique »

    https://www.bondyblog.fr/reportages/cest-chaud/gilets-jaunes-quartiers-comite-adama/

    Par Yassine Bnou Marzouk
    Le 27/11/2018

    Le Comité Adama appelle à manifester samedi 1er décembre aux côtés des gilets jaunes, contestation populaire contre la politique d’Emmanuel Macron. Une décision lourde de sens. Youcef Brakni, l'un des porte-paroles du comité Adama, explique au Bondy Blog les raisons de cette alliance avec un mouvement décrié suite à quelques dérives racistes. Entretien.

    Le Bondy Blog : Quelle a été la principale motivation pour soutenir la mobilisation des gilets jaunes ?

    Youcef Brakni : Même si le mouvement proteste contre la hausse des taxes, il s’agit en réalité d’une grogne générale issue de la France dite « rurale », à l’abandon et qui subit de plein fouet les politiques libérales. De façon spontanée, elle a décidé d’exprimer son ras-le-bol en sortant dans la rue comme nous l’avons fait lors de la mort d’Adama Traoré, le jour de son anniversaire. Il y a des similitudes dans la mise en forme de ces mouvements : comme nous, ils viennent de la base, de personnes qui ne sont pas forcément dans des partis politiques ou syndicats. L’autre point : les mêmes problématiques sociales sont partagées par les gilets jaunes et les quartiers populaires. En effet, les quartiers sont aussi enclavés, quand bien même ils seraient à proximité des grands centres urbains, à l’image des quartiers nord de Marseille par exemple. Ils rencontrent aussi des problèmes de transport, de mobilité. Nous connaissons aussi le temps important qu’il faut pour se rendre à son lieu de travail, pour effectuer les tâches les plus ingrates du capitalisme, pour un salaire de misère qui partira principalement dans l’essence.

    Globalement, les gilets jaunes sont descendus dans la rue pour vivre dignement, pas pour chasser de l’Arabe ou du Noir.

    Le Bondy Blog : Devant l’urgence de la mobilisation, n’avez-vous pas peur de faire des alliances politiques avec un mouvement certes disaparate mais comprenant des individus évoluant à l’extrême droite ?

    Youcef Brakni : Je ne considère pas que ce soit l’extrême droite qui soit à la tête de ce mouvement, quand bien même, par opportunisme, elle essaie de récupérer cette contestation. Je connais des gilets jaunes qui, soutiens du comité Adama Traoré, guident certaines mobilisations. On a des gilets jaunes complètement divers ; on a parfois eu des réactions racistes qui ont tout de suite été dénoncées au niveau national. La majorité de ces personnes est écrasée par le système, laissée à l’abandon. Quand ça fait vingt ans que la droite et la gauche servent de courroie de transmission au discours du Front national, il est normal que la classe populaire y soit sensible. Globalement, les gilets jaunes sont descendus dans la rue pour vivre dignement, pas pour chasser de l’Arabe ou du Noir. Lors des discussions concrètes avec les gilets jaunes, ils savent que nous ne sommes pas leurs ennemis ; il ne s’agit pas d’un racisme élaboré comme on peut le voir dans les élites qui, par opportunisme politique, veulent surfer sur les peurs pour éviter la question sociale. Il ne faut pas jeter la pierre aux gilets jaunes, je suis persuadé qu’avec du dialogue, leur racisme s’écroule.

    Le Bondy Blog : Comment voyez-vous cette alliance entre certains mouvements de quartiers populaires et les gilets jaunes ?

    Youcef Brakni : En fait, ce type de démarche, ce n’est pas nouveau. Le Mouvement de l’Immigration et des Banlieues (MIB), par le biais de Tarek Kawtari, avait déjà mis en place des tentatives d’alliance avec le monde rural, avec la critique de ces deux poids deux mesures lorsqu’il s’agit de se déplacer facilement vers le Larzac mais qu’il est, en même temps, difficile de traverser le périphérique pour soutenir les quartiers populaires. C’est tout le défi du Comité Adama de déplacer le centre de gravité politique pour l’amener dans les quartiers politiques. Sinon, il sert à rien de se réclamer de la gauche, du progressisme ou encore d’affirmer lutter pour l’égalité et la justice.

    Aujourd’hui, il s’agit de faire prendre conscience aux couches sociales les plus défavorisées ayant subi la désindustrialisation, que leur situation n’est pas due à l’immigration mais au libéralisme

    Le Bondy Blog : Ces tentatives de convergence des luttes n’ont pas duré. Pourquoi ? Quelles différences y a-t-il avec les gilets jaunes ?

    Youcef Brakni : Jusqu’ici, ça [la convergence des luttes, ndlr] a échoué parce que nous nous inscrivons dans un héritage des luttes des années 70-80 qui étaient dans les usines. Mais aujourd’hui, il n’y a plus d’espace de socialisation où l’on puisse créer des mouvements de masse. Il faut savoir que le Mouvement des Travailleurs Arabes à Marseille a fait une grève de 24h suivie par 20 000 ouvriers contre les ratonnades, les crimes racistes. L’enjeu est maintenant de reconstruire des espaces et à travers le comité Adama, nous pouvons créer un socle fort pour les quartiers populaires. Avec des bases solides, nous pourrons aller discuter avec les mouvements sociaux, le monde rural en leur faisant une proposition claire afin de nouer des causes communes : par exemple, les violences policières qui touchent les mouvements écologistes comme à Bure, la mobilisation contre la Loi Travail, ou encore, actuellement, avec les gilets jaunes, des personnes âgées se faisant gazer alors qu’elles ne présentaient aucune menace. Aujourd’hui, il s’agit de faire prendre conscience aux couches sociales les plus défavorisées ayant subi la désindustrialisation, que leur situation n’est pas due à l’immigration mais au libéralisme, qui veut toujours en avoir plus et délocalise. Néanmoins, pour faire cause commune, il faut qu’ils entendent que le racisme s’ajoute à cette lutte, et qu’il a des conséquences destructrices sur nos vies.

    Le Bondy Blog : Quel est l’équilibre à respecter dans cette alliance politique avec le mouvement des gilets jaunes ?

    Youcef Brakni : Ce n’est pas une alliance au prix d’un renoncement politique. Nous ne faisons pas des alliances avec des personnes qui sont ouvertement racistes. Je suis convaincu que c’est par l’expérience de la lutte en commun qu’on arrivera à changer les mentalités, à faire bouger les lignes. Cela ne se fera pas dans des textes théoriques de 50 pages ni sur les réseaux sociaux, mais bel est un bien par une démonstration acharnée contre ce traitement raciste qui est fait aux quartiers populaires.

    Le Bondy Blog : Dans votre communiqué, vous évoquez le mouvement des gilets jaunes de la Réunion. En quoi sont-ils un exemple pour vous ?

    Youcef Brakni : Nous partageons avec la Réunion un traitement commun ; ce sont des populations noires pour la plupart, et qui subissent un racisme. Nous sommes solidaires d’eux et estimons qu’ils montrent la voie car ils ont obtenu le gel des taxes pour une durée de trois ans ; cela témoigne du rapport de force mais aussi du niveau d’organisation. Cela montre aussi la fébrilité de l’État devant une population mobilisée malgré sa relégation et le racisme qu’elle subit.

    Propos recueillis par Yassine BNOU MARZOUK

    ********************************************************

    Lire aussi l'analyse de Rafik Chekkat (État d'Exception) :

    https://www.etatdexception.net/de-quelle-couleur-sont-les-gilets-jaunes/


    Et le discours d'Houria Bouteldja à l'issue de la Marche Rosa Parks du 1er décembre :

    http://indigenes-republique.fr/beaufs-et-barbares-comment-converger/

    "L’antiracisme politique est sur la place !

    Aujourd’hui 1er décembre, Paris est en ébullition. Aujourd’hui à Paris, la révolte gronde. Aujourd’hui à Paris, la répression sévit aux Champs-Élysées comme elle a sévit contre le mouvement social et en particulier contre les habitants des quartiers depuis l’instauration de l’état d’urgence.

    Aujourd’hui, nous sommes fiers de battre le pavé parisien pour porter haut et fort nos revendications contre le racisme d’État, la guerre sociale et l’impérialisme, comme nous sommes fiers de partager avec d’autres franges du mouvement social, ici ou aux Champs-Élysées, une colère et une contestation qui va en grandissant.

    Il faut le reconnaître, l’explosion des gilets jaunes sur la scène politique écrase notre actualité comme elle a écrasé la manifestation féministe « Nous Toutes », qui a pourtant mobilisé plus de 40 000 personnes. Il faut le dire également, les gilets jaunes ne sont pas nos ennemis radicaux comme ils ne sont pas nos alliés naturels. Nous partageons avec eux le problème de la vie chère, l’inquiétude de la guerre sociale déclarée contre les plus démunis et une critique radicale du gouvernement Macron. Si nous convergeons tactiquement avec eux sur ces points précis et si nous endossons ce mot d’ordre : « Macron démission », nous divergeons sur le caractère social chauvin de leur plateforme dont celui qui demande plus de moyens à la police ou plus de répression contre les migrants.

    Je le répète ici, le chauvinisme franchouillard ne souillera pas les héritiers de Rosa Parks. En effet, si nous menons un combat antiraciste, celui-ci sera toujours articulé à un anti-impérialisme sans concession. Sinon, nous ne serions que de vulgaires intégrationnistes, des aspirants à la blanchité ou, pour le dire autrement, des gilets jaunes qui, si l’on en croit leurs revendications, cherchent à améliorer leur sort à l’intérieur du cadre national sans s’interroger sur les conditions géopolitiques objectives qui permettent notre confort plus ou moins relatif à l’intérieur de l’Hexagone. Peu leur importe les guerres faites par la France pour maintenir son hégémonie politique et économique sur le monde, peu leur importe le commerce juteux des ventes d’armes à l’Égypte ou l’Arabie Saoudite, peu leur importe la surexploitation des Africains pour l’extraction et le pillage des matières premières nécessaires pour la préservation de nos emplois. Comme l’a dit ce frère africain : « ce n’est pas le carburant qui coule dans vos voitures, c’est le sang des Africains. »

    C’est la raison pour laquelle l’antiracisme du collectif Rosa Parks est un antiracisme anti-impérialiste. Et si cette exigence s’impose à nous, elle doit aussi s’imposer aux gilets jaunes ou au mouvement social dans son ensemble, comme elle doit s’imposer aux féministes et aux organisatrices de la manif « Nous Toutes ». L’alliance durable entre les « beaufs » et les « barbares » se fera à ces conditions[1].

    Nous disons ici :
    Pas d’antiracisme sans anti-impérialisme.
    Pas d’anticapitalisme sans anti-impérialisme.
    Pas de féminisme sans anti-impérialisme.

    Notre autonomie n’est donc pas une coquetterie. C’est une exigence supérieure. Mais celle-ci ne doit pas nous confiner au dogmatisme politique. C’est pourquoi aujourd’hui nous nous mobilisons à la fois contre, avec et séparément des gilets jaunes. Contre eux à cause de leur chauvinisme. Avec eux contre Macron et contre la répression dont ils sont victimes. Séparément pour affirmer notre projet : Justice, Dignité ou rien !"

    Et encore Houria Bouteldja (sur FB) :

    "Les grandes âmes reprochent aux Gilets Jaunes de ne pas être un mouvement pur, à savoir il porte en lui le sexisme, l'homophobie et le racisme. Ok, mais il est impossible qu'un mouvement spontané émanant d'une société sexiste, raciste et homophobe, et principalement composé de blancs des classes moyennes et basses, moyennement politisées (car exclues des espaces de politisation) y échappe. Il n'en est pas moins légitime pour exiger sa part de dignité. Ceux qui font mine de découvrir les « tares » du peuple et de s'en offusquer soit sont des naïfs, soit de faux naïfs dont le seul objectif est de nuire à cette mobilisation.

    Si on a une perspective révolutionnaire, il serait plus intelligent d'accompagner ce mouvement et de le radicaliser positivement plutôt que de lui cracher dessus. Et que ce soit clair : je suis la première à m'inquiéter du racisme qu'il peut charrier. À bon entendeur. 

    Par contre, toujours selon notre tradition qui consiste d’abord à défendre l’intérêt indigène, nous avons estimé que c’est le rôle de la gauche blanche de les soutenir sur le terrain. De faire ce travail parce malgré tout la cible des Gilets Jaunes c’était clairement l’État. Si ce mouvement, réprimé par la police, est d’accord pour converger contre le racisme, tant mieux : on ira alors tous dans la même direction." (post du 19/11) 

    "Il est heureux que les gauches radicales prennent leurs responsabilités et participent pleinement à cette insurrection des Gilets Jaunes dont elles se méfiaient et dont il aurait fallu comprendre le caractère "flottant" dès le départ.

    La tendance nationaliste n'est pas à ce point fixée qu'il faille abandonner le travail d'hégémonisation pour amener le mouvement vers des revendications plus radicales de justice sociale et de remise en cause du pouvoir macronien. Il n'en reste pas moins que le PIR a été parmi les premiers à dénoncer la fatalité d'un basculement dans l'extrême droite et à critiquer le purisme de certaines postures qui attendent d'un mouvement spontané qu'il soit "propre" pour agir.

    Mais comment se fait-il que le PIR, supposé "raciste anti blanc" ait été plus clairvoyant sur les GJ que d'autres franges de gauche supposées défendre la France d'en bas ? Une partie de la réponse se trouve dans le fait que d'abord nous ne sommes pas romantiques et que notre connaissance du monde indigène nous montre que l'indigénat est très, très loin d'être "propre", qu'il est traversé par plein de contradictions et qu'il est tendanciellement tout sauf progressiste.

    Notre matérialisme politique nous pousse à rentrer ces données dans notre logiciel et à obliger nos partenaires à nous considérer comme des acteurs politiques avec toutes les tares qui sont les nôtres comme nous y invite ce proverbe algérien : "Mon futur mari doit m'accepter même avec la morve qui coule de mon nez".

    Ainsi la connaissance de notre peuple, nous permet de saisir plus intuitivement les profondeurs du peuple blanc, elles-mêmes souvent réac. Sans n'avoir aucune illusion sur la spontanéité chauvine des prolos blancs, nous ne confondons pas racisme, nationalisme et chauvinisme et nous ne succombons pas au fatalisme qui voudrait que le choix blanc soit nécessairement un choix fasciste.

    Ainsi le matérialisme politique ne suffit pas. Il faut y ajouter l'amour révolutionnaire, ce souffle spirituel qui ne réduit pas les humains à leurs simples intérêts économiques mais tente de réenchanter le monde.

    Pour l'heure, les GJ n'ont pas suffisamment de cet amour révolutionnaire pour susciter l'adhésion des habitants des quartiers et de l'immigration même si une partie, la plus intégrée économiquement, s'engage dans la révolution jaune, d'où notre distance vis à vis d'un mouvement qui porte d'abord et avant tout les aspirations des classes blanches déclassées ou en voie de l'être. Cela étant dit, nous ne savons pas où cette insurrection va nous entraîner ni de quoi demain sera fait.

    Le 1er décembre, nous manifestions avec les organisations de l'immigration au sein du collectif Rosa Parks pour affirmer nos revendications propres et notre autonomie tout en mêlant nos voix à celles et ceux qui réclament "Macron démission!", mais nous restons sur le pont pour continuer d'exiger la fin de ce régime profondément arrogant, méprisant et injuste, convaincus que l'immigration et ses descendants ont toujours un rôle clef à jouer dans les moments historiques.

    En attendant, tout notre soutien aux lycées de banlieues en grève qui subissent une double voire une triple discrimination, aux étudiants non européens qui dénoncent l'augmentation des frais d'inscription, aux migrants et sans pap' qui se mobiliseront en masse le 18 décembre prochain.

    Sinon (et avec la permission de Guénolé) : Macron au goulag !

    Sinon bis : lisez ou relisez ce texte les-beaufs-et-les-barbares-sortir-du-dilemme. Il est très bien. C'est moi qui l'ait écrit ! :)"

    (Ou encore) "Dans mon livre, je m'adressais déjà aux Gilets Jaunes (mais pas qu'à eux) :

    "Vous l’aurez compris, je ne m’adresse pas à vous indistinctement. Vous êtes traversés par de nombreuses contradictions dont celle de classe. Je ne parle qu’à deux catégories d’entre vous : D’abord, les prolos, les chômeurs, les paysans, les déclassés qui progressivement renoncent au politique ou glissent inexorablement du communisme vers le Front National, les minorités régionales écrasées par quelques siècles de centralisme forcené et l’ensemble des laissés pour compte, que vous nous aimiez ou pas. En un mot, les sacrifiés de l’Europe des marchés et de l’Etat, de moins en moins providentiel et de plus en plus cynique. Ensuite, aux révolutionnaires qui ont conscience de la barbarie qui vient. Parce qu’elle n’est plus qu’à quelques encablures de nous. Et elle va nous dévorer. J’ai l’impression que l’heure a sonné. Tout a une fin. Votre système immunitaire s’affaiblit. Le vernis se craquèle. Votre statut social se dégrade. Le capitalisme sous sa forme néolibérale poursuit son œuvre impitoyable. Il grignote vos acquis sociaux ou pour le dire d’une manière plus juste, vos privilèges. Jusque-là, pour sauver la social-démocratie, c’est-à-dire vos intérêts de classe moyenne blanche, vous vous êtes servis de nous. Vous nous avez sommés de voter utile. Nous avons obéi. De voter socialiste. Nous avons obéi. Puis de défendre les valeurs républicaines. Nous avons obéi. Et surtout de ne pas faire le jeu du Front National. Nous avons obéi. En d’autres termes, nous nous sommes sacrifiés pour vous sauver, vous. Deux guerres mondiales effroyables vous ont laissé des souvenirs douloureux. « Plus jamais ça ! » Vous continuez à brailler ce vœu pieux en mode disque rayé mais ces psalmodies n’ont pas plus d’impact que le gazouillis des oiseaux. Vous ne voulez plus alimenter le ventre de la bête immonde parce que par le passé elle vous a dévorés, sauf que c’est la bête immonde qui vous alimente et avec laquelle vous dévorez le monde. Alors, vous plébiscitez le statu quo. Nous payons l’addition. Tandis que votre ventre mou s’agrippe à la social-démocratie, vos radicaux s’agitent. Une partie regarde vers le fascisme, une partie vers nous. Mais cette alliance entre égaux vous répugne. D’habitude, vous ne nous tolérez que parrainés par vous. Mais il se pourrait qu’au moment où sonne le glas, vous soyez obligés de nous envisager. Bien sûr, vous aurez toujours le choix du fascisme mais comme tous les choix, il n’est pas fatal. Je profite de ce moment d’intimité pour vous faire une confidence.

    Je méprise la gauche qui vous méprise sûrement autant que nous, peut-être plus. Je la méprise férocement. À votre ressentiment, votre peur du déclassement, vos frustrations légitimes ou pas, elle a opposé, à ceux d’entre vous qui étaient « beaufs » et gras du cheveu, la main jaune de SOS racisme, une sorte de talisman ou peut-être de gousse d’ail, qui sait ? Baltringue ! Feignant de vous combattre, elle vous a nourris. Parfois, elle vous a devancé. Vous êtes même restés médusés devant sa passion islamophobe. Quant à la gauche ouvrière, elle a renoncé à vous. Vous avez renoncé à elle. De cela, je ne vous blâme pas. Du reste non plus d’ailleurs car je ne suis pas moraliste. Vous trouvez refuge dans les bras de la sainte nation contre cette Europe qui vous trahit et que certains n’hésitent pas à qualifier de « contre révolution par anticipation ». Mais combien de temps pensez-vous qu’elle vous protégera contre les assauts du Capital ?""

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    Article de Wissam Xelka, militant du PIR

    http://indigenes-republique.fr/quartiers-populaires-et-gilets-jaunes-memes-galeres-meme-combat/

    Sur la question de Christophe Guilluy, évoqué dans l'article, lire aussi ici

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    Quelques réflexions nôtres, rapides, sur cette question du positionnement indigène (colonisé-intérieur) face au mouvement :

    "L'alliance des 'beaufs' et des 'barbares' EST l'alliance qui fera la révolution.

    Procès de Chicago, où les gauchistes de campus Hoffmann et Rubin plantent Bobby Seale et ont un procès séparé de privilégiés blancs de classe moyenne intellectuelle ; vs White Panthers et Young Patriots issus de la redneckerie raciste et qui ont été de vrais alliés, que le grand Fred Hampton a su sentir.

    Mais une telle convergence veut dire la révolution imminente, et donc qu'elle se fasse demain, que la révolution soit pour demain...

    Ce qui n'est pas le cas, on le sait très bien. Déjà avec les White Panthers et les Young Patriots on parlait de petits blancs représentatifs (allez) de 5% de tous les petits blancs du pays, on était au tout tout début d'un processus, et Hampton s'est fait cribler de balles par les porcs vu la menace qu'il représentait.

    Il y a encore énormément de chemin devant. Un chemin fait de critique (qu'est l'antiracisme politique) et d'autocritique (que les 'beaufs' reçoivent et comprennent l'antiracisme politique, comprennent leur position privilégiée et sa fonction dans le système). Il y en a au moins pour 20 ans.

    Les Gilets Jaunes et les mobilisations indigènes peuvent participer de la même zone de turbulence actuelle, secouant le système, mais ça ne veut pas dire côte à côte sur les mêmes barricades, arrêtons de fumer. Ça ne veut surtout pas dire sans autonomie ; dont un exemple a été donné le 1er décembre, parallèlement à la guérilla urbaine des Gilets Jaunes autour de l'Arc de Triomphe, par la manifestation #RosaParks.

    Oui, être 'avec' les Gilets Jaunes pour ne pas laisser le terrain aux fascistes est d'abord le rôle des gauchistes de ce monde petit-blanc de la France d'en bas dont on rit de l'accent, comme nous ; pas d'indigènes que ça pourrait mettre en danger de mort.

    Il y a des appels à la 'convergence', typiques de l'extrême-gauche blanche des grandes villes, qui sont beaux sur le papier mais restent abstraits et déconnectés du réel, inconscients du caractère extrêmement prolongé de la lourde tâche d'y parvenir. Dans le meilleur des cas, c'est à dire lorsqu'il ne s'agit pas tout simplement de se faire mousser, de faire du 'buzz' dans le 'milieu', et de chercher à réunir les 'ramassis' sociaux d''illettrés' sous son éclairée guidance conçue comme la seule capable de les faire tenir ensemble (en règle générale, bien ou moins bien intentionnées, ces démarches ne sont suivies en masse ni d'un côté ni de l'autre de la 'convergence' fantasmée)."

    [Ou encore]

    "Oui, il y a toujours un côté "enfant gâté" (dont le jouet ne marche plus et là ben y a plus de sous pour en racheter un autre) dans tout mouvement de contestation à l'intérieur d'une métropole impérialiste. C'est un fait, et étant valable pour les gilets jaunes, ça ne l'est pas moins pour n'importe quel mouvement social mené par les syndicats et l'extrême-gauche.

    Mais il faut regarder au delà de ce prime abord.

    La crise d'une métropole est TOUJOURS une bonne chose pour les colonies (et maintenant les néo-). Il y a toujours plus de parti à en tirer que d'une métropole stable où les masses sont contentes et font bloc avec le pouvoir.

    Il y a de cela pléthore d'exemples historiques, et en vérité pas vraiment de contre-exemples.

    Jamais autant de colonies ne se sont libérées que lorsque la métropole était en crise, voire en effondrement complet de la pyramide du pouvoir.

    Déjà en 1789, il était tout à fait possible de qualifier les peuples de France d'enfants gâtés : ils avaient des colonies, ils dominaient culturellement l'Europe comme les US dominent le monde aujourd'hui, et les masses travailleuses avaient de loin le meilleur niveau de vie de tout le continent.

    Pourtant il y a eu la Révolution, et cet effondrement intérieur de la métropole française a permis Haïti, a lancé une vague de soulèvements populaires dans toute l'Europe balayant les ordres anciens (même si encore aujourd'hui 2 siècles plus tard il reste beaucoup à accomplir), etc. etc.

    Espagne occupée par Napoléon, puis ravagée par les affrontements entre libéraux et absolutistes sur fond de mouvements populaires => indépendance des colonies d'Amérique latine, certes au profit des colons blancs essentiellement, mais point de départ d'un processus qui se poursuit aujourd'hui.

    Les "petits soucis" traversés par la France entre 1914 et les années 60, guerres mondiales et situation sociale tendue, occupation étrangère, ont de la même façon contribué, MÊME si ce ne fut pas forcément de "bon cœur", MÊME si ce ne fut pas la volonté (ni un "geste généreux") de ceux qui y luttaient, il n'est pas question de cela ; ont contribué, donc, à la fin du colonialisme direct (sauf dans les actuels "DOM-TOM", et encore ce statut constitue une réforme du colonialisme).

    EN MÊME TEMPS bien sûr que les luttes des peuples concernés. Ça va de pair, c'est une dialectique.

    Depuis, certes, le colonialisme direct a été remplacé par le néocolonialisme qui finalement, économiquement parlant marche "mieux" au bénéfice des métropoles (rapporte encore plus...) ; mais son effondrement aura été un premier pas qui en appelle un deuxième, que la crise qui secoue actuellement l'Occident favorisera assurément à son tour.

    Oui, un Occidental quel qu'il soit, gilet jaune ou syndicaliste ou catalan, qui conteste l'ordre social de la métropole où il vit est toujours quelque part un "enfant gâté".

    Mais en ébranlant la stabilité de la métropole, il favorise mécaniquement et dialectiquement la lutte des colonies (et néo-), même s'il n'en a pas conscience voire s'il leur voue un mépris suprématiste blanc le plus total.

    L'inverse est d'ailleurs également vrai. Les luttes des (néo)colonies, en enrayant la "pompe" à richesses vers l'Occident, favorisent la crise sociale de celui-ci et donc les soulèvements d'"enfants gâtés" qui en retour les servent.

    C'est une dialectique."

    Un article du Monde qui expose relativement bien la problématique du rapport des "quartiers" (qui ne se confondent pas, il faut encore le rappeler, avec "les non-Blancs" et dans lesquels une grande partie de ceux-ci ne vivent pas) au mouvement des Gilets Jaunes :

    Ou encore, sur le Bondy Blog (avec un titre d'ailleurs assez trompeur, par rapport à la réalité des propos des interrogé-e-s, méthode évoquant tristement une "certaine presse" à laquelle on pensait le Bondy étranger...) :

    [De certains propos rapportés, associatifs notamment, se dégage parfois quelque chose de dérangeant, comme une forme de légalisme : on craint que "tout soit encore ramené à ceux qui seront violents"... comme si c'était le problème ; un discours de nature à laisser sentir les gens qui ne veulent pas perdre leurs subventions des municipalités, ou leurs "programmes" de soutien au micro-entrepreneuriat du type "Entreprendre en banlieue" (Attali, PlaNet Finances) ou Humanity in Action (Soros).]

    [Et puis bon, si l'on veut poser les choses de manière très prosaïque : le mouvement (son point de départ en tout cas) est un mouvement des classes populaires à mobilité contrainte et perpétuellement "taxée" (prix du carburant, péages, radars...).

    Tandis que "les quartiers/banlieues", au sens où on l'entend quand on en parle (qui n'est pas tout à fait leur réalité, mais bon), c'est à dire les ghettos et plus spécifiquement encore leur population jeune (15-30 ans) ultra-majoritairement frappée par le chômage voire l'exclusion complète du marché du travail, sont plutôt des lieux de confinement, d'assignation (raciale !) à résidence, donc d'immobilité – le fameux "tenir les murs"...

    À condition, répétons-le encore une fois, d'avoir une vision très restrictive des "banlieues"-"quartiers". Si (déjà) l'on entend par "banlieue" tout ce qui n'est pas les centre-villes, ce ne sont pas forcément des quartiers pauvres (mais admettons qu'on ne l'entende qu'ainsi et exclue les banlieues résidentielles huppées ou "moyennes +"), et encore moins uniquement des ghettos clairement délimités de l'extérieur ; il y a des zones entières, comme par exemple à Lyon au-delà de la voie ferrée qui passe à Part-Dieu, où des pâtés, des bâtis de standings très différents sont disposés littéralement à côté les uns des autres. L'on sait déjà (inutile de le répéter) qu'il n'y a pas que des indigènes (non-blancs) qui y vivent, même s'ils sont souvent majoritaires dans ce qu'on appelle "les cités" (autre terminologie) ; et que tous les indigènes n'y vivent pas (il n'y a peut-être pas d'"indigénat intérieur" plus "oublié", d'ailleurs, que celui qui ne vit pas dans ces quartiers aux portes des grandes villes sur lesquels sont braqués les projecteurs des sociologues, universitaires et "experts" en tout genre !). Ainsi les zones urbaines classées "sensibles" (ZUS) abritent-elles un peu plus de 4 millions de personnes, 7% de la population totale de l'Hexagone... alors que l'on compte au moins le double sinon le triple d'indigènes non-blancs (et que, on l'a dit, ils ne sont pas complètement les seuls à y vivre : d'après cet article du Monde de 2011, ils en représenteraient un peu plus de la moitié de la population - si l'on trace une équivalence avec "issus de l'immigration", ce qui ne serait même pas exact puisqu'il y a aussi des personnes issues d'une immigration européenne relativement récente, portugaise ou autre ; et 64% en région parisienne). Il n'y a pas que des jeunes, et pas que des gens au chômage le plus total ; il y a des gens (beaucoup) qui ont un emploi, parfois stable, parfois précaire (intérimaire, uberisé), et qui souvent peut impliquer des déplacements motorisés et un budget carburant important ; des gens qui ont donc pu très tôt rejoindre le mouvement sur ces revendications premières, mais bien entendu, pas sous une banderole "les banlieues rejoignent les gilets jaunes"... etc. etc.

    Un témoignage en ce sens :

    "Pour ne pas être dans la caricature, il faut dire qu’il y a des gilets jaunes dans les quartiers populaires.

    Ils ne sont pas l’image d’Épinal de la banlieue, ce sont les vrais gens, pas des caricatures.

    Alors forcément ils sont moins visibles, moins identifiables en tant que tels par un regard au prisme déformé par le mépris intériorisé ou par les préjugés.

    À plusieurs reprises, alors que j’étais avec des gilets jaunes de quartiers populaires, ou/et issus de l’immigration, des journalistes et des gilets jaunes nous demandaient où étaient la banlieue, les Noirs, les Arabes.

    Et pourtant ils étaient là, sous leurs yeux, mais ils ne les voyaient pas car cela ne correspond pas à l’image qu’ils en ont.

    Il aurait fallu que la banlieue casse, brûle, courre pour qu’ils la reconnaissent. Qu’elle soit bien virile, jeune et surtout violente.

    Des femmes précaires, des vieux, des étudiants, des fonctionnaires, des petits patrons, ce n’est pas assez la banlieue pour eux. Ce sont juste des gens normaux.

    Certains gilets jaunes attendaient avec impatience que la banlieue s’embrase. Comme si, cette fois elle avait le droit d’être furieuse, qu’on l’autorisait à participer à l’insurrection populaire et qu’elle y gagnerait le droit d’être une bonne française.

    Ce mouvement des gilets jaunes, c’est celui des pauvres, des invisibles et des humiliés. Des anciens résignés, des zombies de la citoyenneté. 

    Le degré de résignation, la méfiance ancrée envers les institutions, la défiance envers l’Etat et la Nation (raciste et islamophobe) , la fracture avec ceux qui décident, les quartiers populaires connaissent bien.

    Peut-être trop justement, pour avoir massivement enfilé le gilet."]


    1 commentaire

  • ... c'est quelque part ENFIN, dans une société finalement moins (et de moins en moins) vouée à la production qu'à la CONSOMMATION ("prophétie d'Hobson" réalisée) ; où le Capital nous paye d'une main, de l'ordre de 10 ou 20 fois plus qu'au Maroc ou au Bangladesh, notre travail (ou sinon on touche les aides sociales), mais pour... nous reprendre cette somme de l'autre par la consommation et les prélèvements, péages, amendes etc., car tel est (en Occident) le mécanisme ; un mouvement qui ose enfin sauter un pas essentiel : celui de la la GRÈVE DE LA GRATUITÉ, de la grève de la consommation et du claquage de thune ; à coups de week-ends sur les rassemblements-blocages plutôt que dans les centres commerciaux, et d'opérations péage gratuit (il ne manquerait plus, tant qu'à bloquer les dépôts de carburant, que les gens s'y servent gratuitement de quoi faire leur plein LOL ! mais bon là le gouvernement enverrait le GIGN et les automitrailleuses direct, donc pas sûr qu'il y ait suffisamment de téméraires dans le mouvement pour cela).

    C'est pour ça que ce serait vraiment formidable que la gauche radicale en particulier syndicale, les "expérimentés" de la lutte sur le volet des revenus, de ce qui rentre dans les portefeuilles des ménages populaires, se joignent au mouvement comme ici et là des sections d'entreprise, des unions locales voire départementales commencent à le faire (quelques exemples ici : luttes-syndicales-ouvrieres-rejoignent-gilets-jaunes.pdf).

    Alors après, évidemment, il s'agit là d'un mouvement de la société entière et (donc) de la société telle qu'elle est... C'est à dire une société où au premier tour de la présidentielle l'an dernier plus de 16,5% des inscrits ont voté pour Marine Le Pen, un peu plus de 15,5% pour François Fillon et 3,65% pour Nicolas Dupont-Aignan (pour ne prendre que les candidats les plus "à droite", réactionnaires, et sans vouloir nier que des conceptions de merde puissent exister chez les autres !) ; tandis que 22,23% se sont abstenus sans forcément en penser moins que les électeurs des candidats précités, ou en étant comme qui dirait "de droite ET de gauche", "le bon qu'il y a des deux côtés" mais version "d'en bas" pour reprendre la conception laclau-mouffienne (c'est à dire pas le "de droite et de gauche" macronien "d'en haut" économiquement ultra-libéral et - tout relativement cependant, certainement pas face aux migrants par exemple - "progressiste" sur le plan "sociétal"), comme Maxime Nicolle alias "Fly Rider" (intérimaire en Bretagne) avec son appel (que d'aucuns pourront s'amuser à trouver "soraloïde") à "évacuer le racisme" de la mobilisation pour que "les Arabes" aient "l'occasion de montrer qu'ils sont avec nous et que les trous du cul ne sont qu'une petite minorité qui se retrouvera de côté comme les racistes" (mots d'"enfant" politique qui réalise l'intérêt d'unir les classes populaires sur un intérêt commun, du haut de son "expérience à la Réunion", mais mots d'une valeur finalement infiniment plus grande que tous les grands blablas gauchistes sur la "convergence des luttes", paternalistes et jamais suivis d'effet) https://www.facebook.com/groups/113011902965556/permalink/119491898984223/.

    Il y a de toute façon bien longtemps que plus personne d'un minimum "calé" politiquement ne peut sérieusement croire, une traître seconde, que les mobilisations "classiques" c'est à dire syndicales, et même étudiantes-lycéennes (a priori plus "progressistes") soient totalement exemptes de tout individu aux conceptions (même "vaguement") sexistes voire homophobes (ou pire, aux actes derrière de grands discours "safe"), racistes ou du moins islamophobes de type "Charlie", anti-"racailles" lorsque les quartiers viennent (à l'occasion) foutre un peu le boxon en manif, anti-"terroristes" sans analyse plus poussée (pourtant terriblement nécessaire), complaisantes avec le colonialisme sioniste parfois (surtout dans les milieux ultra-gauches intellectuels), etc. etc. À la limite, que ces positions ou agissements soient défendus par des individus "militants" ne fera que rendre le salmigondis argumentaire plus insupportable.

    Comme nous l'a enseigné Engels dès le 19e siècle, on ne fait pas la révolution avec des anges purs descendus du ciel mais avec les "démons" que sont les masses populaires telles qu'elles sont, produit de la société pourrie que nous combattons ; des masses populaires qu'il ne faut en réalité même pas chercher à "éduquer" jusqu'à les rendre politiquement "parfaites" à nos yeux, mais seulement à amener, en tenant fermement le cap que nous nous sommes fixé, jusqu'à un basculement de légitimisme de l'État bourgeois sous ses variantes de droite comme "de gôche" vers notre camp ; et l'économiste Frédéric Lordon, disant une fois n'est pas coutume quelque chose d'un semblant d'intérêt révolutionnaire, d'ajouter que "ceux à gauche qui pensent qu’ils ne feront la révolution qu’avec un peuple révolutionnaire constitué de leurs exacts semblables, attendront la révolution longtemps".

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    [Petit billet, quelques réflexions encore]

    Il est possible de dire dans un sens que le ghetto racial, le colonialisme intérieur (et le traitement inhumain des nouveaux migrants qui arrivent) est un crime du système capitaliste impérialiste, colonialiste déjà à l’extérieur, dans lequel la gôche a (déjà) historiquement plus que sa part mais bon, on pourra à la rigueur s’amuser à dire « surtout de la droite », ou alors d’une gôche qui ne le serait « pas vraiment ».

    Mais par contre… la situation de désert politique des bassins d’emplois périphériques en déshérence, des Rust Belts peuplées de petits blancs aujourd’hui gilets jaunes, est d’abord et avant tout un crime, une faute politique lourde de la gôche blanche (y compris « radicale »).

    La gôche blanche, y compris « radicale », qui au lieu de s’efforcer en priorité que les gens y restent de gôche, c’est-à-dire à moitié potables, s’est mise en tête d’avoir absolument pour « potes » de credibility, de prendre la direction politique des minorités non-blanches… qui n’en ont jamais RIEN, mais alors rien eu à péter d’elle ni besoin d’elle pour s’organiser et lutter depuis des siècles.

    Résultat : elle ne s’est jamais massivement ralliée les non-Blancs, qui n’en ont rien à battre de sa gueule et de ses sermons. D’ailleurs, même si on prend les luttes de genre par exemple, elle n’a pas réussi non plus à prendre totalement la tête de ces « minorités » là, puisque l’on voit de plus en plus de féministes ou de personnes LGBT de droite (ou pensant de droite, du moins), ou au contraire, allant vers des positions révolutionnaires authentiques.

    Et de l’autre côté… elle a complètement abandonné le populo blanc « beauf », « sans dents », à sa lamentable condition et à l’hégémonie de la droite et de l’extrême-droite, qui l’ont habilement surpassée en misérabilisme dans cette direction.

    « L’indigène discordant n’est pas le seul point aveugle de la gauche radicale. Il y en a un autre : c’est le prolétaire blanc. En effet, comme l’a souvent répété Sadri Khiari, la gauche radicale n’arrive pas à rompre avec son matérialisme froid qui l’empêche de comprendre le besoin d’histoire, d’identité, de spiritualité et de dignité des classes populaires blanches. Une dignité qui ne soit pas seulement la dignité de consommer. Les prolos français qui ont voté pour Sarkozy ou Le Pen n’attendent pas seulement d’eux qu’ils augmentent leurs salaires. Ils votent pour des « valeurs », quoiqu’on puisse penser de ces valeurs. Et à des valeurs, on n’oppose pas 1500 euros mais d’autres valeurs ; on oppose de la politique et de la culture. La question de la dignité est une porte d’entrée trop négligée. Cette dignité bafouée a su trouver auprès de ceux qu’on appelle les « petits blancs » en France ou encore les « white trash » aux États-Unis une voix souterraine pour s’exprimer, c’est l’identité. L’identité comme revers vicieux de la dignité blanche, et qui sous cette forme n’a trouvé comme traduction politique que le vote FN, puisque ces petits blancs sont « trop pauvres pour intéresser la droite, trop blancs pour intéresser la gauche » (la gauche institutionnelle, s’entend), pour reprendre la formule d’Aymeric Patricot.

    (...) Les prolétaires blancs ont leurs zones grises mais ils ont aussi leur dignité. Il n’est pas souhaitable, comme il ne serait pas très généreux de notre part, de croire que le prolétariat blanc est condamné au fascisme. Si cette tendance est indéniable, ils sont aussi nombreux à démissionner du politique, à s’abstenir, à résister et oui, à vivre dans leurs contradictions de prolos méprisés. Quoiqu’on en dise, ce mépris n’est pas seulement un mythe entretenu par l’extrême-droite. Il est au cœur de la dévitalisation d’une gauche satisfaite d’elle-même, qui donnant d’une main des leçons d’antiracisme moral aux petits blancs, apprenait de l’autre l’intégration républicaine aux immigrés. À ces deux extrémités, deux camps qui se regardent en chien de faïence, et une expérience commune : la négation de dignité. » – Houria Bouteldja, "Les Beaufs et les Barbares".

    D’où le résultat actuel ; d’où l’idéologie qui se dégage des revendications du gilet jaune moyen, en dépit de tous les efforts d’une gauche mélencho-syndicale, et même en bonne partie « radicale », finalement entrée (opportunément, opportunistement ?) dans la danse pour tirer le truc vers la gauche.

    Et la meilleure encore dans tout ça... c'est que parmi, ou à côté en tout cas de ces petits blancs « oubliés » réside aussi, surtout dans les vieux bassins industriels sinistrés, en quantité tout sauf négligeable, un... « indigénat oublié » ; venu il y a 50 ans là où il y avait du boulot c’est-à-dire (à l'époque) partout, y compris au « cul » de la Lorraine ou de l'Occitanie (La Sala/Decazeville par exemple) ; loin des fameuses « banlieues » que la pensée gauchiste associe systématiquement à « victimes du racisme » ; très, trop loin des grandes villes et de leurs campus.

    Voilà le constat de l’étendue du désastre.

    Il est temps de se remettre en question : la gauche blanche, surtout radicale pour le coup (car bon les socedems ne sont pas là pour ça, ils font toujours avancer l’égalité sur le dos d’un Autre), révolutionnaire, n’a pas pour rôle d’aller se présenter en sauveuse et guide éclairée d’un monde colonisé (extérieur et intérieur aux métropoles) qui n’a pas besoin de ses lumières (avec ou sans majuscule).

    Elle a pour rôle d’aller d’abord s’assurer (en travaillant entre autres, selon nous, à une rupture intellectuelle à base d’histoire populaire authentique avec le « roman national » français et « civilisationnel » européen) que ses congénères soient sinon des porteurs de valises, du moins pas, ou le moins possible des ennemis de la révolution mondiale qui comme l’histoire l’a toujours montré se déploie à partir des grandes périphéries impérialisées de la planète, et de leurs prolongements immigrés au « cœur du monstre » occidental.

    Voilà où était, où aurait dû être sa tâche ! Celle qui appartient aujourd’hui à ceux qui veulent y croire encore, pour espérer parvenir à un véritable internationalisme domestique (intra-métropole) comme planétaire de libération.

    [Et puis bon, si l'on veut poser les choses de manière très prosaïque : le mouvement (son point de départ en tout cas) est un mouvement des classes populaires à mobilité contrainte et perpétuellement "taxée" (prix du carburant, péages, radars...).

    Tandis que "les quartiers/banlieues", au sens où on l'entend quand on en parle (qui n'est pas tout à fait leur réalité, mais bon), c'est à dire les ghettos et plus spécifiquement encore leur population jeune (15-30 ans) ultra-majoritairement frappée par le chômage voire l'exclusion complète du marché du travail, sont plutôt des lieux de confinement, d'assignation (raciale !) à résidence, donc d'immobilité – le fameux "tenir les murs"...

    À condition, répétons-le encore une fois, d'avoir une vision très restrictive des "banlieues"/ "quartiers". Si (déjà) l'on entend par "banlieue" tout ce qui n'est pas les centre-villes, ce ne sont pas forcément des quartiers pauvres (mais admettons qu'on ne l'entende qu'ainsi et exclue les banlieues résidentielles huppées ou "moyennes +"), et encore moins uniquement des ghettos clairement délimités de l'extérieur ; il y a des zones entières, comme par exemple à Lyon au-delà de la voie ferrée qui passe à Part-Dieu, où des pâtés, des bâtis de standings très éloignés sont disposés à très faible distance les uns des autres. L'on sait déjà (inutile de le répéter) qu'il n'y a pas que des indigènes (non-blancs) qui y vivent, même s'ils sont souvent majoritaires dans ce qu'on appelle "les cités" (autre terminologie) ; et que tous les indigènes n'y vivent pas (il n'y a peut-être pas d'"indigénat intérieur" plus "oublié", d'ailleurs, que celui qui ne vit pas dans ces quartiers aux portes des grandes villes sur lesquels sont braqués les projecteurs des sociologues, universitaires et "experts" en tout genre !). Ainsi les zones urbaines classées "sensibles" (ZUS) abritent-elles un peu plus de 4 millions de personnes, 7% de la population totale de l'Hexagone... alors que l'on compte au moins le double sinon le triple d'indigènes non-blancs (et que, on l'a dit, ils ne sont pas complètement les seuls à y vivre : d'après cet article du Monde de 2011, ils en représenteraient un peu plus de la moitié de la population - si l'on trace une équivalence avec "issus de l'immigration", ce qui ne serait même pas exact puisqu'il y a aussi des personnes issues d'une immigration européenne relativement récente, portugaise ou autre - et 64% en région parisienne). Il n'y a pas que des jeunes, et pas que des gens au chômage le plus total ; il y a des gens (beaucoup) qui ont un emploi, parfois stable, parfois précaire (intérimaire, uberisé), et qui souvent peut impliquer des déplacements motorisés et un budget carburant important ; des gens qui ont donc pu très tôt rejoindre le mouvement sur ces revendications premières, mais bien entendu, pas sous une banderole "les banlieues rejoignent les gilets jaunes"... etc. etc.]

    ******************************************************

    Houria Bouteldja, sur FB le 19/11 :

    "Les grandes âmes reprochent aux Gilets Jaunes de ne pas être un mouvement pur, à savoir il porte en lui le sexisme, l'homophobie et le racisme. Ok mais il est impossible qu'un mouvement spontané émanant d'une société sexiste, raciste et homophobe, et principalement composé de blancs des classes moyennes et basses, moyennement politisées (car exclues des espaces de politisation) y échappe. Il n'en est pas moins légitime pour exiger sa part de dignité. Ceux qui font mine de découvrir les « tares » du peuple et de s'en offusquer soit sont des naïfs, soit de faux naïfs dont le seul objectif est de nuire à cette mobilisation.

    Si on a une perspective révolutionnaire, il serait plus intelligent d'accompagner ce mouvement et de le radicaliser positivement plutôt que de lui cracher dessus. Et que ce soit clair : je suis la première à m'inquiéter du racisme qu'il peut charrier. À bon entendeur. 

    Par contre, toujours selon notre tradition qui consiste d’abord à défendre l’intérêt indigène, nous avons estimé que c’est le rôle de la gauche blanche de les soutenir sur le terrain. De faire ce travail parce malgré tout la cible des Gilets Jaunes c’était clairement l’État. Si ce mouvement, réprimé par la police, est d’accord pour converger contre le racisme, tant mieux : on ira alors tous dans la même direction."

    ******************************************************

    "Tu es gilet jaune quand tu sais que tu seras à découvert en milieu ou à la fin du mois. Quand tu gagnes moins de 1500 euros par mois, que l'on te dit que tu as le droit à la prime d'activité, mais il faut être célibataire, isolé et dans la merde pour l'avoir cette prime d'activité. Quand tu n'as pas le droit aux APL parce que ton salaire dépasse de 30 euros ; quand tu es handicapé ou en ALD, ASS, que tu touches une pension d'invalidité. Quand les infos de TF1 te balancent l'arrivée de la prime de la rentrée scolaire, et la prime de Noël mais que pour toi ça reste juste une annonce, quand tu la demandes tu peux pas l'avoir. Quand tes listes de courses deviennent vitales pour ton compte en banque. Tu es gilet jaune quand tu as un smartphone payable en 4x. Mais t'es aussi gilet jaune quand le paiement en 4x ou en 10x devient ta seule issue pour gouter au confort. Quand tu peux plus te permettre les croissants alors que tu as des invités le dimanche. Tu es gilet jaune quand tu connais par cœur le goût des pâtes Panzani. Quand tu as déjà goûté toutes les sauces tomates possibles et inimaginables pour changer le goût de tes plats, ou de tes pâtes. Tu es aussi gilet jaune quand tu essaies de mettre 100 euros de côté, mais c'est seulement pour 1 mois, car le mois d'après il faudra payer les factures. Tu es gilet jaune, quand tu voudrais bien acheter des habits à tes enfants, mais que tu vas juste te contenter des ventes de fringues d'occasion parce que même Kiabi c'est une source de découvert pour ton compte en banque. Tu es gilet jaune pourquoi aussi ? parce que, tous les mois, tu vois les factures défiler et tes loisirs s'envoler. Ah, pas de cinéma, parce que EDF est tombé. Ah... pas de McDo pour les enfants, parce que la taxe d'habitation est là, même mensualisée. Tu es aussi gilet jaune quand tu sais que de payer la tournée à tes potes au bar te mèneras tout droit à un calcul de comptable pour pas finir à découvert à la fin du mois. Tu es aussi gilet jaune, quand tu peux pas aller voir ta famille à l'autre bout de la France parce que 60 euros d'autoroute et 110 euros de gazole, c'est juste pas possible pour toi. Tu es aussi gilet jaune, quand tu sais que ça fait 3 ans que t'es pas parti en vacances, mais que tu pars dans la famille pas trop loin, histoire de te "dépayser" un coup quoi. Tu es gilet jaune, quand ta grand mère de 80 ans gagne une misère mais sa place n'est pas sur un rond point, elle a déjà fait Mai 68. Quand tu vois l'agriculteur à côté de chez toi, vendre ses vaches, et vendre son matériel parce que sa passion et devenue une prison financière. Cette liste n'est bien sûr qu'exhaustive de tout ce qu'il se passe en France. Ce n'est pas un mouvement de bœufs, de cassos, de bouseux des campagnes, non Mesdames, Messieurs. Ceci est le battement de cœur de la France, une France en tachycardie, qui va finir en crise cardiaque. Et pourquoi ? parce qu'elle souffre et les personnes qui détiennent les médicaments nous en privent !"

    *********************************************************

    Le reportage de la revue militante Ballast, très intéressant aussi à ce sujet de "qui sont les Gilets Jaunes ?" :

    Et puis :

    Résultats d'une première enquête sociologique menée par le Centre Émile Durkheim de Bordeaux publiée par Le Monde. Il en ressort que : les gilets jaunes sont d'abord issus des classes populaires (33,3% d'employés, 14,4% d'ouvriers) et comptent un grand nombre d'inactifs dans leurs rangs (25,5%) ; sont essentiellement des primo-manifestants, qui se déclarent apolitiques, ni de droite ni de gauche, mais se classent à plus de 40% à gauche quand il y a affiliation revendiquée à une formation politique, contre 4,7% à l'extrême droite ; la forte dimension sociale du conflit et la centralité des revendications sur les conditions matérielles d’existence participent à une exceptionnelle visibilité des femmes dans un mouvement très largement mixte ; le pouvoir d'achat, les inégalités fiscalité et la question démocratique et institutionnelles constituent les thèmes majeurs de mobilisation. Ces données statistiques font donc voler en éclats la représentation spontanée (ou politiquement intéressée à le discréditer) d'un mouvement de nature poujadiste et/ou nationaliste et xénophobe :

    "Les deux principales motivations des personnes mobilisées apparaissent donc comme étant une plus grande justice sociale (qu’il s’agisse d’un système fiscal faisant davantage participer les plus aisés, d’une meilleure redistribution des richesses ou encore du maintien des services publics) et la demande d’écoute de la part du pouvoir. Au contraire, les revendications nationalistes, liées notamment à l’identité ou à l’immigration, sont très marginales, démentant l’idée d’un mouvement qui serait noyauté par les électeurs ou les militants du Rassemblement National. Comme le souligne le sociologue Alexis Spire, auteur de Résistances à l’impôt, attachement à l’État (Seuil, 312 pages, 22 euros), c’est avant tout le sentiment d’injustice fiscale, plus prégnant chez les classes populaires, qui explique cette mobilisation."

    http://ekladata.com/Qui-sont-les-Gilets-Jaunes.pdf

    Selon une autre enquête parue dans l'Humanité :

    https://www.humanite.fr/enquete-les-gilets-jaunes-ont-ils-une-couleur-politique-665360

    Les Gilets Jaunes...

    Ou encore... disons-le tout net, sur le site de Vincent Présumey que nous tenons pour un ennemi politique ("Printemps républicain", islamophobe, PIR-basher, pro-NaziMaïdan etc.), mais néanmoins (avant de comprendre que c'était lui...), et en dépit de quelques points discutables ("sans que l'on puisse parler de racisme" au sujet des points anti-migrants des "plateformes" GJ, référence fantasmatique à son cher Maïdan etc.), intéressant par son aspect descriptif assez "clinique" du mouvement réel en cours (et en tout cas LOL MDR ça doit lui faire drôle que les sales "stalino-maoïstes" que nous sommes soutiennent le mouvement sur une analyse globalement similaire à la sienne, et les "racialistes" du PIR, à leur manière et avec de nécessaires critiques, aussi !) :

    Une réponse (sur Facebook) au commentaire suivant :

    "C'est toujours étonnant de dire c'est notre boulot et de ne pas travailler sur des outils, sur des stratégies, ne pas échanger d'expériences concrètes ici et maintenant... Sur le reste je suis globalement d'accord... loin de moi l'idée de prendre de haut quiconque dans le cas des GJ. Je suis aussi d'accord qu'il y a "des" GJ, et pas les GJ...

    Je remarque aussi qu'il y un différence entre les GJ des grandes villes qui seraient proche des bobos et ceux des extérieurs, de la ruralité qui n'ont pas le même capital culturel ; A ce sujet, j'avais écrit un truc comme ça à une amie après avoir passé quelques heures sur un rond point... :

    Je ne faisais pas partie de leur culture, je n'avais pas leurs codes... J'avais pleins de clés qui n'ouvraient aucunes de leur portes... Je ne pouvais pas entrer chez eux... Ils sont dans une maison qui n'est pas la mienne, et dont je n'ai en fait jamais fait partie. La mienne s'étant avec le temps éloignée à des années lumières de la leur... C'est cette distance infinie qui m'a le plus frappé...

    Je me suis demandé qui (intellectuellement) leur parle à eux...?

    Parce que pour une grande par le problème est là, nous cherchons à nous émanciper... sans eux en fait.

    Qui écrit, pense, pour eux... ? pour qu'ils et elles s'émancipent... Que valent nos grands discours , nos écrits, et je pense aussi aux confs gesticulées et autres outils éducpop, s'ils ne sont pas fait pour eux, pour qu'ils leur soient accessibles , qu'ils puissent s'en emparer et les faire leurs... Or rien de tout ça n'est fait.... Quand je vois les derniers textes de Lepage, c'est pas pour eux...

    Ce mouvement devrait nous interroger sur notre capitalisme culturel, que nous cultivons jalousement sans jamais penser à ,en quels termes le partager... Nous sommes pour le partage des richesses, mais que faisons-nous de notre capital culturel, on le partage mais qu'entre-nous..."

    (la réponse) Si je donne une réponse qui n'engage que moi (et quelques gens qui pensent comme moi), forcément elle n'engagera que moi et je ne sais pas si elle fera l'unanimité.

    Mais allons-y : pour moi les "outils, stratégies" consistent tout simplement en un principe matérialiste politique "de base", qui est la QUESTION DU POUVOIR.

    Pousser, dans ce qu'expriment les gens (de ce mouvement actuel ou d'un autre), ce qui va dans ce sens : celui du pouvoir et de sa conquête.

    Quand les gens expriment (de façon semi-progressiste ou réactionnaire) des "souffrances", pour reprendre le jargon misérabiliste ambiant, ce qu'ils expriment avant tout est une dépossession : celle du pouvoir sur leurs existences.

    La "clé" intellectuelle, elle est là. Il n'y a pas de "lumières" à leur apporter, mais simplement à partir de ce qu'ils expriment pour y capturer et mettre en avant ce qui pose la question du pouvoir et de sa conquête.

    C'est comme ça qu'on peut avancer dans le bon sens.

    La question du racisme et de l'extrême-droite ? C'est quoi la perspective politique de ça ? C'est quoi, un "modèle" de ces idées au pouvoir ? Orban, par exemple. Et Orban, depuis quelques jours des milliers de personnes se soulèvent contre lui pour une histoire d'autoriser 400 heures supplémentaires de travail par an, payables jusqu'à 3 ans plus tard. Beau revers de la médaille "populiste"...

    Ce sont des choses sur lesquelles il faut s'appuyer. L'extrême-droite, le "populisme" facho ce n'est pas pour les masses le POUVOIR. Pas plus que Mélenchon d'ailleurs, sauf que c'est 100 fois plus violent pour certaines catégories déterminées (non-blancs, LGBT etc.), pour encore moins de POUVOIR pour le "corps légitime" de la nation, rien de plus que l'illusion de se sentir supérieur à quelqu'un pendant qu'on leur fait les poches.

    Après les rétropédalages (sur les revendications les plus sociales) des leaders de droite et d'extrême-droite (de la classe politique et du mouvement lui-même) ces dernières semaines, leur refus du "blocage de l'économie", les négociations des Italiens avec Bruxelles sur leur "budget du peuple" élagué de toute part, ce qu'il se passe en Hongrie est une excellente chose pour barrer la route à l'extrême-droite comme débouché politique de la colère ; à condition bien sûr de savoir s'en saisir et faire l'agit-prop qu'il faut dessus. Qui dans les masses de GJ est insensible à la question des heures supps illimitées et non payées ? Leur revendication la plus droitière (reprise des années Sarko) c'est qu'elles soient nettes d'impôts et de "charges" pour l'employeur. Pas qu'on puisse faire quasiment 3 mois supps par an et que ça soit payé à la Saint Glinglin.

    Le RIC, avec ses potentialités dangereuses (référendums racistes), peut lui aussi être attaqué sur le fait que ce n'est pas le POUVOIR : ça reste (avec la barre "déclencheuse" à franchir) un système de consultation de temps en temps, au demeurant sur les seules questions que les détenteurs du pouvoir voudront bien voir posées ; en aucun cas un outil de contrôle permanent sur les décisions qui régissent notre quotidien. C'est là-dessus qu'il faut l'attaquer. 

    Comme ça on peut même de proche en proche arriver jusqu'à poser l'incontournable question de l'impérialisme. Car gagner en niveau de vie et en illusion de "pouvoir" démocratique sur le dos des autres, du Sud global surexploité, ce n'est pas non plus LE pouvoir : ça implique de s'en remettre à l'appareil politico-militaire qui permet de contrôler et d'exploiter ces pays. Ça implique l'impossibilité de rompre avec le cadre de l’État-nation, qui est le pouvoir de la bourgeoisie, qui ne PEUT PAS être le pouvoir du peuple, ou deS peupleS que renferment ses frontières.

    Poser la question du pouvoir permet pas à pas (il ne faut évidemment attendre aucun résultat "magique" et immédiat) de pulvériser autant le réformisme bourgeois incarné par Mélenchon, que plus sûrement encore le populisme d'extrême-droite.


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  • http://nosinfo.org/index.php/rubricas/politica/item/821-les-anges-les-gilets-jaunes-et-le-chemin-de-la-revolution-en-occitania

    [Lire aussi nos deux précédents articles d'arguments et d'analyses : au-lendemain-du-weekend-fatidique-retour-sur-le-mouvement-des-gilets-jaunes - mouvement-du-17-novembre-quelques-reflexions-et-debats]

    Les anges, les gilets jaunes et le chemin de la révolution en Occitània.

    Début octobre une pétition est lancée par une jeune femme sur internet contre l’augmentation du prix de l’essence. En effet le gouvernement a augmenté les taxes de 7 centimes de plus sur le diesel et 4 centimes sur l’essence en 2018. En un an, le gazole a grimpé de 23 % et l’essence de 14 %. La pétition est devenue virale et de nombreuses personnes ont appelé à bloquer l’État français le 17 novembre en arborant le gilet jaune. Plus de 80% des citoyens français trouvent légitime ce mouvement, et pour cause. 

    Malheureusement les gens de gauche et la gauche sont totalement coupés des masses et ne savent donc pas sur quel pied danser. Les syndicats ne soutiennent pas ce mouvement (sous prétexte de la présence de l’extrême droite), mais logiquement la nature ayant horreur du vide cela permet à l’extrême droite d'essayer de s'en emparer. Pire l’argument écologique est utilisé pour discréditer ce mouvement, comme si cette révolte était une volonté délibérée de polluer. La position sur les gilets jaunes est encore un bel exemple de la faillite totale de la social-démocratie et du gauchisme. 

    Pourtant il serait simple de constater que la majorité des travailleurs dépendent de leur voiture pour travailler, donc vivre. On dépense en Hexagone en moyenne 3 300 € pour son véhicule dont 1 500 € d’essence par an, soit 125 € par mois. Mais il faut noter que beaucoup de travailleurs vivent souvent dans les périphéries, l’accès à la propriété étant impossible dans les centres villes, et roulent donc plus que les citadins qui ont d’ailleurs accès à un réseau de transport en commun. Pour le peuple des campagnes la situation est encore plus complexe, la voiture étant juste obligatoire pour faire n’importe quelle chose de la vie courante. L’Occitània est un territoire où la ruralité est encore très forte, nous sommes donc très sensibles à cette problématique. Le salaire médian français est de 1700 €, on voit donc que la voiture est un poste de dépense important. Le prix élevé de l’essence est dû aux taxes et non aux spéculations du marché mondial du pétrole, l’État ponctionne 60% sur chaque litre, c’est un des impôts les plus élevés et injuste car touchant plus les pauvres que les riches. Tout le monde se rend compte, de plus, que même si le baril baisse cela ne se reflète pas à la pompe. De plus, l’augmentation de l’essence va se répercuter sur l’alimentation et toute notre vie car 88% des marchandises sont transportées par camion. Le gouvernement veut de plus rogner sur l’avantage fiscal sur l’essence que les routiers ont. Les artisans vont devoir aussi augmenter leurs prix car ce sont des professions où la mobilité est nécessaire. Les paysans seront eux aussi affectés. Bref, l’ensemble des travailleurs vont être touchés, possesseurs d'un véhicule ou non.  

    Le propriétaire d’une voiture est devenu l’esclave de l’outil, car la voiture dans cette société est incontournable. Les gilets jaunes posent justement cette problématique au fond. 

    Au vu de tout cela, il est très problématique que la gauche ne soutienne pas ce mouvement sous prétexte qu’il serait poujadiste. Comment la révolte contre l’augmentation de l’essence peut-elle être du poujadisme, quand cela touche toute la société comme nous l’avons vu ? Que le RN et toute l'extrême droite essayent de s’emparer de cela est bien normal, ils ont compris le sens profondément populaire de la révolte, à nous de les en empêcher.   

    Un système impérialiste mondial en crise. 

    Les classes populaires et l’ensemble du peuple voient leur niveau de vie violemment attaqués par l’augmentation de tout. C’est l’expression de la crise mondiale du système impérialiste. L’impérialisme français est en crise et l’État pour pallier à la baisse des profits doit ponctionner toujours plus les masses populaires qui forcément vont réagir. La gauche, qui historiquement luttait contre l’impôt injuste, a complètement laissé ce sujet central à l’extrême droite. Est-il juste de ponctionner les gens de manière toujours plus inégalitaire sans qu’ils n’aient aucun contrôle sur les dépenses ? Bien sûr, on nous répondra qu’ils peuvent voter, mais qui croit encore que le Parlement croupion décide de quoi que ce soit (52% d’abstention aux législatives de 2017 soit 20 millions de personnes). 

    L’impérialisme français a été affaibli par la crise et la lutte pour le repartage, une nouvelle néo-colonisation, absorbe d’importantes finances. De plus, le caractère ultra-concentré de l’État autour de Paris fait que le reste de l’Hexagone sert pour financer les méga-projets capitalistes ou de prestige parisien (Grand Paris, Jeux olympiques, etc.). Les élus locaux et régionaux le dénoncent de plus en plus virulemment. Le caractère parasitaire de la capitale crée un profond déséquilibre des territoires, accentué par la métropolisation recréant le même phénomène localement.  

    Aller au principal. 

    Dans tout mouvement, et encore plus quand il est spontané et populaire, il y a toujours deux lignes qui s’affrontent. Une qui va vers la réaction et l’autre vers la révolution. Si aucune organisation révolutionnaire n’oriente le mouvement dans le bon sens il va spontanément vers la réaction, cela ne peut être différent dans une société capitaliste imprégnée d'idéologie réactionnaire. C’est central de comprendre cela car sinon on se coupe des masses. Aucun mouvement spontané ne peut aboutir à quelque chose de parfait. 

    Il faut toujours voir quel est l’élément principal de tout phénomène. Est-ce que dans notre cas c’est le fait que ce soient des petits entrepreneurs, ce qu’on appelle la petite bourgeoisie, qui ait lancé l’appel ? Ou encore, le fait qu’une des vidéos les plus vue ait été celle d’un militant d’extrême droite ? Ou au contraire le fait que cette mobilisation a, dès le début, dépassé le cadre corporatiste pour embrasser quelque chose de plus profond, de plus grand, de bien plus important ?  

    Engels disait très justement qu’on ne fera pas la révolution avec des anges mais avec les hommes du vieux monde, du vieux système, qui sont de fait des démons car produits du système. C’est-à-dire que les masses populaires sont le reflet (comme les autres classes) du système économique - politique - culturel. C’est-à-dire qu’on ne va pas faire la révolution avec des gens parfaits. Les gens ne sont pas spontanément à la base révolutionnaire, sinon à quoi servirions-nous, nous révolutionnaires ? Par contre, ils ont ce que Gramsci appelait le bon sens : une capacité spontanée à comprendre les problèmes, mais sans outils théoriques pour aller au fond des choses. C’est à nous révolutionnaires de faire ce travail d’analyse et d’explication, mais en premier, il faut aller rencontrer les masses pour enquêter, en plus de la participation au mouvement. 

    Spontanément le mouvement a refusé les étiquettes politiques et syndicales, et pour cause, les masses ont compris que les mobilisations sont biaisées par le jeu des directions syndicales*. Que les syndicats ne défendent pas les droits des travailleurs comme il faudrait tandis que les partis politiques font partie du système de domination. Cela a d’ailleurs été souligné que, dans ce mouvement, il y avait plein de gens qui ne venaient pas aux manifestations syndicales. Les masses apprennent, la preuve, il y a quelques années, elles n’auraient jamais pensé à avoir comme principal moyen de lutte le blocage des flux. Aujourd’hui, c’est devenu la forme principale et pour cause, le capitalisme fonctionne à flux tendus. Le gouvernement le sait, Castaner l’avait affirmé, le 13 novembre, très clairement sur BFMTV : « Je demande qu’il n’y ait aucun blocage total. (…) Partout où il y aura un blocage, et donc un risque pour les interventions de sécurité et aussi la libre-circulation, nous interviendrons ».

    Le mouvement a, dès le début, dépassé la question des impôts pour laisser apparaître de nombreuses revendications sociales, touchant aux retraites, aux salaires, etc., en un mot à la vie quotidienne. Un fond vraiment politique est aussi apparu, demandant la démission de Macron, du gouvernement et de nouvelles élections législatives. Bien sûr, tout cela reste dans le cadre de l’État, c’est décousu, mais cela donne un vrai aperçu de la situation. Le gouvernement ne s’y est pas d’ailleurs trompé : "Ceux qui prétendent organiser et qui en réalité veulent désorganiser le pays, ne veulent pas respecter la démocratie, doivent assumer leur responsabilité". On voit donc ce qu'est la démocratie pour le gouvernement : la défense du capital ! 

    Ce qu’il se passe est l’expression concrète que ce sont les masses qui font l’histoire. Les organisations révolutionnaires ont comme devoir d’ouvrir le chemin, de les orienter dans ce labyrinthe tortueux qu’est le chemin vers la révolution. 

    Le chemin de la révolution. 

    La révolution se développe toujours des périphéries vers les centres, au niveau mondial, comme local. L’Occitània ne va pas déroger à cette règle. En 2005 les banlieues s’insurgeaient, la gauche là aussi avait été dépassée. Ces violentes émeutes démontrèrent profondément le potentiel révolutionnaire immense qui sommeille dans les périphéries colorées de nos villes. En 2018 c’est l’autre périphérie, la blanche, qui se révolte à sa façon car les conditions de vie sont différentes. Ces deux révoltes nous donnent les lieux où nous devons mener notre travail politique et le chemin que va suivre la révolution. Le monopole médiatique n’a cessé de le révéler, c’est la province, la France d’en bas, la périphérie qui se révolte face au centre dirigeant, aux élites, au spectacle des centres métropolitains où « tout va bien ». C’est la première fois qu’une telle mobilisation touche tout le territoire. 

    L'Occitània s'est beaucoup mobilisée, ce n’est pas étonnant, elle concentre une énorme pauvreté (entre 17 et 20% de la population le long de la Garonne, le long de la Méditerranée), avec d’énormes écarts dans la société dûs au rééquilibrage démographique nord-sud et bien sur la tradition de lutte anti-impôt, anti-centraliste séculaire. Là aussi nous voyons l’axe par où va passer la révolution en Occitània.  

    C’est évidemment l’expression séculaire de la division villes-campagnes/périphéries de la société capitaliste.  

    L’occitanisme politique a tout intérêt à prendre en main toutes ces problématiques et à aller vers nos masses, sinon nous pouvons dire au revoir à tout réveil révolutionnaire de notre nation. Elle servira encore et toujours aux appétits politicards des cliques parisiennes et à la réaction.  

    Le dispositif écologique outil de domination. 

    L’argument le plus cynique est sûrement celui de l’écologie. La salariée qui doit faire 50 kilomètres par jour pour travailler est-elle responsable de l’organisation sociale qui résulte du capitalisme monopoliste ? Est-elle responsable de la concentration dans les métropoles du capital, du prix de l’immobilier qui la pousse loin de son lieu de travail ? Est-elle responsable de la destruction du transport ferroviaire ? Non, bien sûr que non, le prolétariat, les classes populaires en général n’ont aucun pouvoir dans le système capitalo-parlementaire. Ils ne peuvent avoir d’incidence sur l’organisation territoriale et sur tout le reste. Il est évident qu’on ne doit plus polluer et continuer à détruire la planète, mais pour cela il faut changer de système radicalement. Le plus gros pollueur est de loin le transport maritime, celui qui nous amène nos fringues, nos chaussures, nos IPhones, et tout le reste. Le transport aérien pollue énormément et pourtant les Occidentaux n’ont jamais autant voyagé à travers le monde. 

    Le problème est là, les pays impérialistes sont les plus grands pollueurs du fait de leur domination sur le monde, du fait qu’ils produisent de moins en moins les marchandises de consommation courante.  

    Il nous faut donc lutter pour réindustrialiser chez nous, en dépensant beaucoup moins d’énergie et de matières premières. Il faut réorganiser entièrement le territoire pour supprimer la différence entre villes et campagne en déconcentrant les métropoles. Il nous faut radicalement changer notre mode de vie, entre autres en baissant notre niveau de consommation, c'est-à-dire de gaspillage. Pour cela, il faut construire une société socialiste avec une planification économique et donc arracher le pouvoir des mains de la bourgeoisie. Les révolutionnaires ne doivent pas attendre que les masses changent spontanément mais doivent les changer par la lutte en étant toujours à leurs côtés, en les comprenant. 

    Lutter et découvrir notre peuple. 

    Voilà notre tâche actuelle à nous occitanistes révolutionnaires, lutter aux côtés de notre peuple, apprendre à le connaître, l’accepter comme il est. Ça va nous obliger, bien sûr, à remettre en cause beaucoup de nos a priori mais surtout à nous transformer. Notre peuple se transformera dans la lutte et grandira, tout comme nous. S’il choisit des chemins erronés, c’est que c’est nous qui sommes erronés. Tout est en ébullition, l’étalage de marchandises des grand centres métropolitains n’arrive plus à cacher l’inéluctable, les masses se mettent en mouvement, l’Histoire revient sur le devant de la scène. Les classes populaires, et en premier lieu le prolétariat, ont les ressources nécessaires pour en finir avec ce système d’exploitation, elles ont tout intérêt à en finir avec l’impérialisme. L’hyper concentration du pouvoir, de l’économie, de l’idéologie fait que le chemin pour la révolution et la véritable libération ne peut passer que par le réveil de la conscience nationale occitane. Une véritable libération ne peut se faire que dans le cadre occitan et internationaliste, en laissant par derrière le cadre de l’État français qui recréera vis-à-vis de nous toujours les mêmes schémas de domination. Voilà la véritable essence d’un occitanisme révolutionnaire et socialiste. Certes d’immenses questions sont encore à régler, d’autres apparaîtrons, mais nous les résoudrons en avançant, en tombant, en nous relevant. 

    Ce mouvement comme tout mouvement est amené à se finir, il va peut-être gagner, mais il n’aura pas réglé la question de fond, celle du pouvoir. Tant que le plus grand nombre n’exercera pas le pouvoir pour défendre nos intérêts, nous ne pourrons vraiment en finir. Pour cela, il faut nous organiser politiquement, lutter de manière réfléchie et ordonnée, penser et comprendre notre monde.

    L’ODPO a été créée pour justement créer ce cadre et ces conditions à la libération nationale et sociale d’Occitània.  

    À bas la république des voleurs et des parasites ! 

    Òsca la Republica socialista occitana !"

    * La source de cet article provient du site www.odpo.org.
     


    * Sur la question du rejet des syndicats, sans qu'il ne s'agisse nullement de nier les milliers de petits syndicalistes d'entreprise qui "mouillent le maillot" au quotidien (parfois tout seuls, souvent au prix d'être sur les "listes noires" du patronat etc.), mais simplement de prendre conscience d'un sentiment bien réel qui doit nous servir d'électrochoc :

    Télécharger « Les gilets jaunes ne veulent pas des drapeaux rouges des syndicats.pdf »


    ET AUX DERNIÈRES NOUVELLES, non loin de là :

    "Il y a quelques minutes à Montauban, un bloc de 200-300 personnes bloque et tient têtes aux chtar ! Le sud du Quercy montre l'exemple! Gazage, charge, flashball, et réponses."

    https://www.facebook.com/groups/173048836970054/permalink/189192522022352/

    ********************************

    Appel aux Occitanistes !

    http://nosinfo.org/index.php/occitania/item/823-crida-ais-occitanistas-appel-aux-occitanistes

    Combien de temps les occitanistes vont-ils rater le rendez-vous avec l’Histoire et leur peuple ?

    Combien de temps n’allons-nous pas assumer notre mission historique ?

    Depuis plus d’une semaine une mobilisation secoue l’Occitània entière. Depuis plus d’une semaine des gens se mobilisent nuit et jour pour garder les points de blocage. Depuis plus d’une semaine des gens s’organisent totalement seuls sans l’appui des grands partis ou des syndicats. Depuis plus d’une semaine les militants de l’ODPO – Organisation Democratique du Peuple Occitan – se mobilisent dans différents points de l’Occitània de l’Ouest (Tolosa, Pau, Montauban).

    Nous pouvons donc témoigner que :

    Ce mouvement rassemble principalement des employés, des ouvriers, et en moindre proportion des petits artisans et des petits paysans.

    Ce mouvement est bien au-delà des simples problématiques d’augmentation de l’essence : il touche à la politique directement. Il exprime une profonde révolte des classes populaires, des travailleurs envers la classe politique, la politique de salon, l’État, la situation sociale, l’exclusion géographique etc.

    Ce mouvement n’est pas d’essence d’extrême droite ou de droite, comme nous l’avons dit il rassemble des gens des classes populaires contre l’injustice. C’est un mouvement spontané et populaire, et donc par essence imparfait. Les médias diffusent en boucle des actes racistes, mais nous voulons rappeler que la majorité de ces actes se passent en France (au-dessus de la Loire !) et pas en Occitània (pensez occitan, vivez votre géographie). Quoi qu’il en soit notre peuple n’est pas un ange, il porte toutes les stigmates de ce monde réactionnaire et décadent, comme nous tous.

    Ce mouvement est l’expression de la révolte des périphéries et des campagnes occitanes oubliées par l’État et les métropoles.

    Ce mouvement est l’expression de la vivacité de notre peuple, de sa combativité, de son génie organisationnel. C’est la continuation d’une longue tradition de révoltes (1907, la Guerre des Demoiselles, la résistance populaire contre l’invasion française, les jacqueries – auquel il a été souvent comparé dans les médias français – etc.). Il révèle la profonde capacité à l’auto-organisation des masses et donc leur capacité à pouvoir se gouverner par elles-mêmes.

    Pour tout cela, nous appelons tous les occitanistes véritablement intéressés par l’occitanisme profond, c’est-à-dire l’occitanisme politique :

    - À ne plus être français et à penser donc en OCCITAN : qui est dans la rue, dans les campagnes et banlieues en train de bloquer ? Nous appelons donc à se saisir de chaque événement pour faire avancer la noble et juste cause occitane. À ne plus écouter le vieux monde repu dans les directions partidaires, syndicales, et agences de presse franchimandes.

    - À soutenir inconditionnellement leur peuple, à l’aimer et à le servir. À accepter toute ses scories et contradictions avec la volonté de les changer dans la lutte.

    - Ne pas laisser ce mouvement à la direction de l’extrême droite, porter la Vielha crotz a l’astrada sur les blocages face au torchon tricolore, le Se Canta face à la Marseillaise. Venir contrer le discours réactionnaire et venir apprendre à écouter des gens que nous n’entendons jamais. L’occitanisme a la chance, pour une fois, de ne pas avoir la vieille gauche française dans les pattes.

    - À éteindre leur télé, ne plus lire la presse du monopole médiatique et venir sur les blocages participer pour se mettre à l’école des masses au niveau organisationnel. Quelle plus grande leçon que de voir le blocage des flux comme mode spontané de lutte. L’occitanisme doit s’emparer radicalement de ces méthodes.

    - À venir vivre simplement ce moment historique de rupture.

    Cette RÉVOLTE est fondamentalement juste ! Rappelons-nous que le peuple n’oublie pas. Il n’oubliera pas ses soutiens mais il n'oubliera pas non plus les indécis, les moralisateurs, les sophistes et tout ceux qui se cachent dans le nid douillet du système.

    Ce mouvement aura une fin, mais il y en aura d’autres et bien plus puissants, dans ce sens nous appelons toutes et tous les occitanistes à s’organiser politiquement et à reprendre le chemin tortueux et embroussaillé de l’émancipation sociale et nationale.

    Comme les huguenots emmurés par les français :

    TENIR, TENIR, RESISTIR !

    Depuis les blocages dans les campagnes et les périphéries occitanes.

    Les anges, les gilets jaunes et le chemin de la révolution en Occitània (Novèlas OccitàniaS)

    [Vu sur Facebook : https://www.facebook.com/RoccuGaroby/posts/992950750908879]

    2018, l'année de la révolte des territoires !

    Dans une France au conservatisme dépassé, au centralisme ankylosé et au jacobinisme suranné, 2018 aura été l'année de la révolte des territoires. Il est plus que temps de structurer cette révolte ! 

    "Le jacobinisme, ce cancer bien français"

    Alors que tous les pays d'Europe ont, durant les 50 dernières années, tous évolué vers plus de décentralisation, plus d’évolution, plus d'autonomie, plus de fédéralisme voire même plus, la France a traversé les 5 dernières décennies dans le formol! Incapable de se réformer, incapable de se repenser, incapable de se restructurer, elle est demeurée semblable à elle-même, dépassée. Dépassée par l'histoire, dépassée par les événements et désormais dépassée par la révolte des territoires.

    En effet, en 50 ans, aux mesures technocratiques et bureaucratiques, les gouvernements de droite comme de gauche n'ont jamais été à la hauteur ou alors, pour les très - mais très - rares exemples de gouvernements courageux, ils n'ont pas osé défier l'administration centrale à la française composée de tous ces énarques dont le formatage est tel qu'il leur est impossible de voir le monde, la vie et la réalité au-delà du périphérique. C'est de là qu'est née la révolte des territoires.

    "La Corse ouvre le bal"

    En 2018, cette révolte a commencé en Corse. Au sortir de l'élection territoriale de décembre 2017 remportée par les nationalistes avec une majorité absolue des sièges (41/63) et des voix (56,5%) dans une quadrangulaire (!), Paris aurait dû ouvrir les portes du dialogue, les portes de la paix, les portes de l'espoir.

    Que nenni ! Paris a tout fermé et à double tour d'abord avec un discours glacial, martial et réquisitorial d'Emmanuel Macron, qui a démontré l'étendue de son talent d'énarque pour fouler au pied la démocratie, lui, l'éphémère candidat du "pacte girondin". Puis avec une succession de visites ministérielles toutes aussi inutiles qu'improductives puisque les portes avaient été fermées, verrouillées puis condamnées. 

    Mais, heureusement et évidemment, les Corses ne se sont pas laissés intimider. Nationalistes ou pas, les Corses ont refusé ce mépris de Paris, ce déni de démocratie et continuent de demander pacifiquement, démocratiquement et publiquement le respect du vote des Corses. 

    La révolte de la Corse, c'est le refus d'un peuple de se soumettre à un État qui lui refuse son droit à l'existence. Cette révolte des territoires, elle vient de loin, de très loin, de très très loin dans le temps et dans l’espace, c'est un combat vieux de plusieurs décennies!

    Car, in fine, une autre révolte des territoires a marqué l'année 2018, c'est le résultat surprenant du référendum en Kanaky : 43,3% de votes pour l'indépendance quand les sondages, l'administration coloniale et Paris, sa capitale, imaginaient que les voix pour la liberté seraient cantonnées au rang de témoignage largement sous le seuil des 30%.

    Là aussi, que va faire Paris ? Va-t-elle considérer que le statu quo est viable ou va-t-elle enfin se mettre autour de la table et discuter de tout sans préalables ni tabous ? Poser la question, c'est déjà y répondre un peu tant Paris est incapable de raisonner démocratiquement car, n'en doutons pas, c'est de la révolte des territoires que naîtra le rapport de force nécessaire pour faire plier l'establishment et non d'un changement intramuros. 

    "La révolte prend partout"

    L'année 2018, c'est l'année de la révolte des territoires un peu partout. L'Alsace supprimée, éliminée et enterrée par les socialistes et la droite a connu une deuxième jeunesse grâce... aux Alsaciens qui ont refusé de disparaître au profit d'un technomachin appelé le ''Grand Est''. Paris n’a concédé que des miettes mais des miettes qui n'auraient jamais existé sans la mobilisation des autonomistes alsaciens. Des miettes qui sont loin de suffire car le Peuple alsacien n'est toujours pas reconnu mais qui prouve que de la révolte des territoires peuvent naître des avancées. 

    2018, c'est aussi l'année de la Bretagne et de sa réunification. Plus de 100 000 signatures collectées en Loire-Atlantique pour une consultation sur la réunification de la Bretagne, soit plus de 10% du corps électoral, l'équivalent d'une pétition de près de 5 millions de personnes à l'échelle de la France ! Quelle a été la réaction des élites parisiennes – ou parisianisées mais élues dans les territoires ? Circulez, il n'y a rien à voir ! Il ne peut et il n'y aura pas de consultation ou de référendum. À croire que les Pays de la Loire, région sans identité parce que sans territoire, sont ''uns et indivisibles''. On aura tout vu pour défendre l'indéfendable statu quo. 

    Mais les Bretons, et les autonomistes bretons en tête, se battent, depuis des décennies, pour que Nantes revienne en Bretagne, elle qui a toujours été bretonne. Ils n'abandonneront pas devant les arguments lapidaires et péremptoires d'une administration complètement dépassée. La révolte ne fera que s'amplifier.

    2018, c'est toujours la révolte des Catalans qui refusent de perdre leur identité et d'être fondus dans une région Occitanie qui nie le pays catalan. C'est aussi le retour du débat sur la fusion des 2 départements savoyards et de la création d'une région Savoie. C'est la bataille des provençaux pour renommer la PACA "Provence" et non "Région Sud", le plus technocratique des noms possibles proposé par le Président de la PACA, Renaud Muselier. C'est, enfin, la montée en puissance de la collectivité d'agglomération du Pays basque. 

    2018 c'est, enfin, l'année de la création d'un groupe parlementaire autour de la question des territoires : ''Libertés et Territoires'' avec nos 3 députés nationalistes corses, Jean Felix Acquaviva, Michel Castellani et Paul-André Colombani ainsi que l'autonomiste breton Paul Molac.

    "Et les gilets jaunes?"

    Bref, 2018 c'est l'année des territoires et de leur révolte. Et comment parler de révolte sans parler des ''gilets jaunes'' ? Une partie du message porté par les ''gilets jaunes'' c'est justement la lutte contre la fracture territoriale, celle-là même que les autonomistes et indépendantistes combattent.

    Il existe de véritables convergences sur ces thèmes-là et seule la convergence des luttes peut permettre de faire sauter le verrou parisien et son jacobinisme qui est le véritable cancer de la France. Elle en mourra tôt ou tard sauf à entreprendre une thérapie de choc, qui passe par la fin de la domination des corps ''d'élite" parisiens sûrement trop intelligents et trop subtils pour être compris par les peuples vivant dans les territoires. Cela passe par la mise en place d'un fédéralisme différencié allant jusqu'à une autonomie de plein exercice et de plein droit et la reconnaissance de tous les peuples, de leur langue et leur culture. 

    Si 2018 a été l'année de la révolte, 2019 doit être celle de la récolte pour tous les territoires car, face au conservatisme dépassé, au centralisme ankylosé et au jacobinisme suranné de Paris, la diversité qui nous unit est notre plus grande force. Révoltés de tous les territoires, unissons-nous !

     

    Feu sur les jacobinards ou plutôt les bonapartistes "de gauche" et autres néo-thermidoriens à la BarèreFeu sur les jacobinards ou plutôt les bonapartistes "de gauche" et autres néo-thermidoriens à la BarèreFeu sur les jacobinards ou plutôt les bonapartistes "de gauche" et autres néo-thermidoriens à la BarèreFeu sur les jacobinards ou plutôt les bonapartistes "de gauche" et autres néo-thermidoriens à la BarèreFeu sur les jacobinards ou plutôt les bonapartistes "de gauche" et autres néo-thermidoriens à la BarèreFeu sur les jacobinards ou plutôt les bonapartistes "de gauche" et autres néo-thermidoriens à la BarèreFeu sur les jacobinards ou plutôt les bonapartistes "de gauche" et autres néo-thermidoriens à la BarèreFeu sur les jacobinards ou plutôt les bonapartistes "de gauche" et autres néo-thermidoriens à la BarèreFeu sur les jacobinards ou plutôt les bonapartistes "de gauche" et autres néo-thermidoriens à la BarèreFeu sur les jacobinards ou plutôt les bonapartistes "de gauche" et autres néo-thermidoriens à la Barère

    Feu sur les jacobinards ou plutôt les bonapartistes "de gauche" et autres néo-thermidoriens à la Barère


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  • Un témoignage direct on the road :

    "J'ai traversé aujourd'hui la France d'Est en Ouest, pour aller de Chambéry à la réunion publique du NPA 36 à Saint-Gaultier (oui, ça existe...). C'était impressionnant ! Y avait du gilet jaune facho, avec leurs drapeaux BBR tout moisis, et du bon gilet jaune, avec des tracts parfois pas mal du tout. Avec comme point commun, la haine de Macron qui est en train d'exploser les records d'impopularité de Hollande et il faut reconnaître que la barre était haute. Mais le plus frappant, c'est la force du mouvement dans les zones rurales : j'ai traversé l'Allier, le Cher et l'Indre et c'est couvert de gilets jaunes, avec des slogans sur le dépérissement des campagnes. Bref, un petit côté jacquerie faite par ce que Marx appelait des 'paysans parcellaires'..."

    Voilà qui devrait suffire en soi à renvoyer dans les tréfonds du ridicule les chiffres surréalistes avancés par le Ministère de l'Intérieur de Castaner-je-danse-le-mia (chemise ouverte chaîne en or qui brille), parlant de... 125.000 mobilisé-e-s dans tout l'Hexagone, chiffres sans doute 4 ou 5 fois inférieurs à la réalité gilets-jaunes-2000-rassemblements-124000-personnes et finalement nettement revus à la hausse à plus de 280.000 au terme du terme de la journée leprogres.fr/le-jour-j-des-gilets-jaunes ; de très nombreuses personnes évoquant le chiffre d'un million, ou plus d'un demi-million en tout cas.

    Nous y étions pour notre part, ni "pour" ni "contre" mais en "journalistes rouges" que nous sommes ; mais au cœur d'une grande ville, donc par définition pas vraiment "là où ça se passe". La mobilisation était pour autant loin d'être ridicule comparée à bon nombre de journées syndicales, surtout lorsqu'un mouvement n'en est qu'au lancement, un jour de surcroît assez peu béni par la météo.

    Est-il besoin de s'étendre kilométriquement ? Nous ne le croyons pas : ce mouvement des Gilets Jaunes n'est rien d'autre, à l'échelle cette fois de tout l'Hexagone, que le mouvement des Bonnets Rouges de l'automne 2013 qui n'avait alors concerné que la Bretagne ; et tout ce que nous avions écrit alors peut donc être repris tel quel http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/bonnets-rouges-mouvement-des-ouvriers-et-des-paysans-bretons-de-l-automne-2013.

    [Une petite différence que l'on notera cependant : alors que la "gauche de la gauche", hors Bretagne, était restée à peu près de bout en bout majoritairement hostile aux Bonnets Rouges, elle apparaît cette fois-ci, de Mélenchon jusqu'à Lutte Ouvrière en passant par des gens "bluffés" par la première journée de mobilisation une fois celle-ci achevée, nettement plus "open"... Peut-être qu'une leçon aura, depuis 2013, été apprise ; à moins que ce ne soit qu'il y a un spectre que les Gilets Jaunes ne portent (a priori) pas en eux, ou alors très minoritairement : celui du "régionalisme" et du "séparatisme".]

    Une grogne fiscale contre un impôt généralisé et "flat" (non progressif, frappant de la même somme le smicard et le cadre supérieur à 5.000 euros par mois), perçu comme injuste et touchant tout le monde (c'était le cas aussi de l'écotaxe, bien qu'indirectement : répercussion sur les prix pour le consommateur, sur le budget des entreprises donc sur l'emploi etc.), pas seulement les salariés d'une entreprise en plan social, d'un secteur en "restructuration" ou dépendants d'un régime de retraite ; et qui converge avec tous les problèmes du quotidien des classes populaires, et tous leurs ressentiments.

    Une mobilisation de la "France d'en bas" voire "du sous-sol", blanche... mais pas que : dans les grandes villes (comme celle où nous étions) ou les bassins industriels multiraciaux, ce n'était certes pas une marée de la "Nation indigène" comme une manif pour la Palestine ou contre les violences policières, mais loin d'être d'une blanchité éclatante et écrasante non plus...

    Voir :

    Au lendemain du week-end "fatidique" : retour sur le mouvement des Gilets Jaunes
    En bleu, et d'autant plus que foncé, la fRance des périphéries de relégation, où sans la bagnole pour faire 40 km de trajet aller-retour quotidien, on ne travaille pas...

    Une gigantesque "jacquerie" (le terme a souvent été employé) de ces "beaufs" dont Houria Bouteldja du PIR a récemment, au Bandung du Nord début mai, évoqué la nécessaire et inéluctable convergence avec les "barbares" (non-blancs) http://indigenes-republique.fr/les-beaufs-et-les-barbares-sortir-du-dilemme ; et encore, il est question de cette dichotomie mais... les "barbares", qui étaient comme on l'a dit bel et bien présents là où ils sont géographiquement implantés, ne peuvent-ils pas eux aussi avoir des préoccupations... de "beaufs" ? Comme on a pu le voir, il semble bien que oui.

    Par ailleurs, il est toujours bon de rappeler que la population active dans l’État français métropolitain c'est ça :

    Au lendemain du week-end "fatidique" : retour sur le mouvement des Gilets Jaunes

    Les "petits patrons" c'est à dire les artisans, commerçants et chefs d'entreprise c'est 5 ou 6% de la population active ; les agriculteurs (au demeurant souvent plus pauvres que les salariés au SMIC, tout comme d'ailleurs une bonne part des indépendants et même petits employeurs), autour de 2%.

    92 ou 93% de la population active est salariée ; il est donc impossible qu'une mobilisation de plus d'un demi-million de personnes n'ait pu consister qu'en des "petits patrons" (sachant qu'existe aussi de plus en plus, dans le cadre des "reconversions" économiques, un auto-entrepreneuriat qui n'est qu'un salariat déguisé, pour permettre à l'ancien employeur devenu "client" unique de payer moins cher...). Quant aux 15-16% de "cadres et professions intellectuelles supérieures", c'est étonnant combien ils se rapprochent étrangement des 20% de personnes interrogées plutôt défavorables au mouvement, LOL !

    Alors bon, après, n'allons pas non plus nous bercer d'illusions. La question est en fait moins de savoir si ce mouvement est "de droite" ou "de gauche", que le fait qu'il soit d'abord et avant tout... un mouvement social comme un autre.

    C'est à dire revendicatif, axé sur une ou quelques revendications bien précises et nullement sur la prise du pouvoir. Ni la Révolution d'Octobre, ni la Marche sur Rome ne sont l'objectif de quiconque hormis peut-être quelques éléments très minoritaires ; les fantasmes dans un sens comme dans l'autre sont absolument ridicules.

    Que les gens soient "entendus", des "solutions" proposées et tout le monde rentrera dans ses chaumières. Dans le cas contraire, la mobilisation continuera un mois, deux mois puis s'essoufflera, même sans journées de grève avec perte de salaire. Voilà (aussi) la réalité.

    Et puis bien évidemment, un million de "beaufs" lâchés dans la nature, cela donne un aperçu assez fidèle d'une France qui a voté à 34% pour Marine Le Pen et où comme qui dirait "de ceux qui n'ont rien, la blanchité est le seul bien" ; et ce n'est malheureusement pas toujours reluisant : des actes réactionnaires ont été commis comme l'agression raciste d'une conductrice noire à Cognac en Charente, d'une musulmane voilée en Picardie ou d'un conseiller municipal homosexuel dans l'Ain ; et des propos anti-migrants, anti-"Arabes" ou anti-"racailles" ont hélas pu être entendus en de (trop) nombreux endroits.

    [À ce sujet :

    Au lendemain du week-end "fatidique" : retour sur le mouvement des Gilets Jaunes

    Et puis et puis et puis... : www.facebook.com/groups/113011902965556/permalink/119491898984223 !!

    "Appel aux banlieues d'un des principaux animateurs de la lutte des gilets jaunes... Écoutez ça c'est juste incroyable, c'est un appel aux banlieues, et très clairement "aux Arabes" (en soulignant qu'il faut nommer cette réalité), aux Noirs, aux musulmans (des tas d'éléments en ce sens, sur le halal sur les blocages par ex...) et à "toutes les personnes d'origine étrangère", "à toutes les cités"... Très clair sur l'interdiction de tout propos raciste sur les réseaux et les blocages, ce sont les racistes, ceux qui sont là pour le racisme, qui doivent être écartés du mouvement. Une page "Paris blocage national" avec les départements de banlieue et des sens interdits dessus comme visuel va être ouverte."

    [Bon alors oui certes, si on écoute l'intégralité du discours ça a un côté "tous ensemble citoyens français", "sans s'arrêter à ceux qui foutent la merde", ce n'est pas franchement à la pointe de la réflexion antiraciste politique, bref, en un mot c'est le "Jacky" qui parle aux "Jackys" pour leur expliquer la "connerie" des "généralités" racistes qui "nous divisent" face à ceux qui "nous la mettent" ; et il ne fait même aucun doute que des professionnels du gauchisme soucieux de garder leur monopole de la politisation voudront y voir "du Soral", étant vrai que le discours peut avoir des ressemblances (mais depuis quand Soral est-il autre chose qu'un "buzzer" internétique qui a su s'emparer d'un discours "dans l'air du temps" dont il savait qu'il pourrait largement séduire ?)... Mais c'est justement ce qui en fait la nouveauté, et le caractère remarquable !]

    Lire aussi : rouendanslarue-gilets-jaunes-a-l-epreuve-agressions-racistes-homophobes.pdf]

    Pour autant, ce mouvement est bel et bien là et fait partie de l'époque, de la "dignité du réel" comme dirait un vieil ami.

    Il pose, sur le devant de la scène, une force sociale et politique qui tôt ou tard devra bien trouver sa place dans la révolution ; qui comme le rappelait un camarade ne se fait pas avec des anges purs descendus du ciel mais avec les gens du peuple tels qu'ils sont, pour les transformer en transformant la société ; et qui en vérité ne consiste pas non plus, contrairement à une idée reçue, à "trouver ce qu'on va bien pouvoir dire" à "Jacky" pour au terme de la discussion l'avoir transformé en révolutionnaire bolchévik impeccable, mais à construire avec NOS FORCES révolutionnaires (minoritaires), en étant là où il faut et comme il faut, un RAPPORT DE FORCE qui fasse "basculer le légitimisme", basculer l'allégeance des masses de l'État bourgeois sous ses variantes de droite ou "de gôche" vers le camp de la révolution.

    Nous avons pu observer directement des camarades syndicalistes encore très rétifs, pour ne pas dire hostiles à "manifester avec les fachos" au matin de samedi, revenir complètement sur leur position le soir et estimer désormais qu'il faut absolument en être, que le contraire serait suicidaire pour le mouvement ouvrier etc.

    Au lendemain du week-end "fatidique" : retour sur le mouvement des Gilets Jaunes

    Au lendemain du week-end "fatidique" : retour sur le mouvement des Gilets Jaunes

    Au lendemain du week-end "fatidique" : retour sur le mouvement des Gilets Jaunes

     Encore un point de vue intéressant :

    https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/blog/171118/les-gilets-jaunes-annoncent-les-gilets-rouges-venir-par-jacques-chastaing

    "Comment imaginer que les militants ouvriers pourront reprendre demain le train train des journées saute mouton ou corporatistes sans avoir à l'esprit face aux jérémiades des directions syndicales sur le soi-disant manque de combativité des ouvriers non syndiqués, que ceux qui ont justement montré dans cette mobilisation détermination et efficacité, étaient ces derniers."

    "La mobilisation réussie du 17 novembre a été initiée par des secteurs de la petite bourgeoisie, petits patrons notamment du BTP, artisans, professions libérales, travailleurs indépendants... sur la question de la baisse des taxes sur les carburants. Elle s'est ensuite élargie rapidement sur le même terrain revendicatif à de simples salariés de zones périurbaines ou des campagnes obligés de prendre leur véhicule pour aller travailler ou se déplacer. Enfin elle s'est accrue plus largement de vastes secteurs de salariés de toutes conditions ou de retraités et a alors déplacé l'axe des revendications des carburants vers un ras-le-bol généralisé dénonçant tout à la fois l'ensemble des taxes indirectes mais aussi la vie chère, les attaques contre les retraités, le blocage des salaires et des pensions, la dégradation des services publics, le favoritisme à l'égard des riches et des gros patrons, le mépris gouvernemental envers les pauvres, etc.

    Du coup, cette mobilisation qui avait la particularité d'être contre les taxes n'était pas pour moins d'État. La plupart des manifestants dénonçaient ainsi non pas tant les taxes pour elles-mêmes que leur utilisation au profit exclusif des riches au détriment des services publics, de l'environnement, de la population. Ainsi cette mobilisation n'est pas à part mais se situe totalement dans le climat général de mobilisation sociale qui existe dans le pays depuis trois ans.

    Ce n'est pas un « OSNI » un Objet Social Non Identifié, comme le disent certains. Sa particularité vient d'une part de l'absence en cet automne de mobilisation un tant soit peu sérieuse organisée par les directions syndicales qui apparaissent de plus en plus comme co-organisatrices du recul tellement elles sont obnubilées par des négociations avec le gouvernement et d'autre part de l'abandon du terrain social par les directions politiques de gauche qui n'offrent que la lointaine et creuse perspective des élections européennes.

    Dans ces circonstances, il a suffi que le vide politique ainsi laissé face aux attaques de Macron qui continuent pourtant de plus belle et l'incapacité pour le moment du milieu ouvrier combatif à bousculer ses propres organisations, soit rempli par une mobilisation des classes moyennes pour que les classes populaires s'en emparent et lui donnent une toute autre coloration que celle qu'aurait espéré une extrême droite aux aguets. Car si le danger de l'extrême droite est bien réel, si elle peut à tout moment et très rapidement tenter d'instrumentaliser des milieux populaires en l'absence du mouvement ouvrier, si on pouvait le craindre au début de cette mobilisation, la coloration générale du 17 n'était, dans son ensemble pas du tout celle-là.

    Et plus que cela, ironie de l'histoire, même si c'est la petite bourgeoisie qui dans un premier temps a occupé le vide laissé par les organisations ouvrières, la participation populaire ensuite des couches de travailleurs les plus humbles et les moins organisés à cette initiative, petits employés, ouvriers de petites entreprises, auto-entrepreneurs, chômeurs, précaires, salariés retraités – et pour la majorité c'était leur première mobilisation de leur vie a permis à ce mouvement populaire du 17 novembre dans son ensemble de franchir une étape.

    Il s'est hissé par sa détermination et l'efficacité de cette détermination au niveau global politique que le mouvement ouvrier devrait avoir pour faire face aux attaques du gouvernement et du Medef, celui d'une contestation sociale d'ensemble et déterminée.Et par là, c'est l'ensemble du mouvement ouvrier qui va être porté à cette ambition. Il est difficile en effet de penser qu'il n'y ait pas un avant et un après 17 novembre. Ce mouvement va exercer une pression sur l'ensemble des travailleurs organisés.

    Ce n'est pas nouveau puisque j'avais déjà signalé dans des articles précédents comment les secteurs les moins syndiqués de la classe ouvrière, femmes, migrants, salariés sans qualification avaient joué un rôle déterminant dans les mobilisations de cette dernière année mais de manière relativement invisible pour l'ensemble. Cette fois, il n'est pas possible d'imaginer que les militants ouvriers pourront reprendre demain le train train des journées d'action syndicales saute mouton ou corporatistes sans avoir à l'esprit face aux jérémiades des directions syndicales sur le soi-disant manque de combativité des ouvriers non syndiqués, que ceux qui ont justement montré dans cette mobilisation, détermination et efficacité, étaient justement ces derniers.

    C'est le manque de détermination des directions syndicales qui pèche et non celui de la base ouvrière. Il ne s'agit pas chacun dans son coin de se lancer dans le dur labeur du recrutement syndical et de l'explication mais de proposer une politique d'ensemble déterminée. Cela signifie que la perspective de la construction de la grève générale illimitée – seule suite réaliste aux actions type 17 novembre sera plus que jamais posée aux salariés les plus conscients et aux équipes militantes combatives. Une grève générale pas seulement pour telle ou telle revendication fut-elle salariale mais qui pose le problème de reprendre tout ce que le Medef, Macron et ses prédécesseurs nous ont volé, c'est-à-dire le problème du pouvoir et avec cette question la nécessité d'un véritable programme de transition pour aller vers une société meilleure.

    Jacques Chastaing 17 novembre 2018"

    Le syndicat SUD PTT 35 (Rennes) sur les (bonnes) raisons de la colère :

    http://www.rennes-info.org/Gilets-jaunes-Syndicalement-incorrect

    "SUD PTT 35

    Plusieurs centaines de milliers de personnes se sont retrouvées sur les 2500 points de blocage le 17 novembre. C’est manifestement un succès. Parmi eux de nombreux salariés des petites entreprises, en CDD, intérimaires, dans des territoires à la périphérie des grandes villes, des retraités aussi, etc… Bref, la population dans sa diversité subissant la fragmentation et l’éclatement de la société sous les coups de boutoirs de la financiarisation capitaliste.

    Parmi eux aussi, de nombreux adhérents et militants syndicaux qui malgré le silence embarrassé des confédérations syndicales ont participé à ce mouvement. Pour dissuader ces militants syndicaux d’y participer, on a tout entendu et notamment le fait que ce mouvement était un mouvement de « fachos ».

    S’il y a plus de 300 000 fachos actifs dans l’hexagone il est grand temps de prendre son passeport et de quitter le pays. Mais tel n’est pas le cas !

    UNITÉ DE CEUX QUI COMPTENT EN CENTIMES

    CONTRE CEUX QUI COMPTENT EN MILLIARDS

    Ce qui ne passe plus c’est l’injustice, l’incohérence et l’hypocrisie.

    Car la réalité de l’année 2018 est celle-ci : Frais bancaires : +13%, Carburant : +12%, PV stationnement : +130%, Assurances : +3 à 5%, Mutuelle : +5%, Timbres poste : +10%, Carte grise : +15%, Tabac : +10%, Abonnement bus : +3%, Péage routier : +1,3%, Gaz : +7%, Forfait hospitalier : +15%, Abonnement vélib : +30%, Contrôle technique automobile : +23%, Cantine scolaire : +1 à 3%, Fioul domestique : +36%, Électricité : +17%, CSG : +21,7%....

    Quant aux retraites, c’est -1,7% et le smic : +1,2%, tandis que les salaires stagnent globalement.

    Pendant ce temps, le gouvernement Macron a supprimé l’impôt sur la fortune qui rapportait plus de 4 milliards d’euros !! Ce n’est donc pas un « ressenti » contrairement à la langue de bois gouvernemental.

    De plus, le discours sur la transition énergétique et écologique est incohérent et contradictoire.

    Par exemple, la prime pour mettre un véhicule roulant à la casse n’a rien d’écologique mais a tout de l’anticipation d’une crise de surproduction de l’automobile. Il faut vendre ce qui va être produit et donc inciter à casser un véhicule roulant !

    Par exemple, la concentration des centres de tri de La Poste (passer de 110 à 28 en 6 ans) oblige les courriers postés à Brest à faire 300 kilomètres pour être triés par les machines à Rennes (Pic de Rennes Armorique) et 300 kilomètres pour repartir à Brest pour être distribués ! 600 kilomètres en camion pour…rien !

    L’incohérence du discours est résumée dans ces deux exemples que nous pourrions multiplier à l’infini…

    A cela s’ajoute bien entendu, le creusement des inégalités qui s’accentue au niveau national comme au niveau mondial. Il devient insupportable que la financiarisation capitaliste arrose quelques milliers de milliardaires sur la planète pendant que les peuples galèrent !

    Si bon nombre d’entre nous avons participé individuellement, isolément aux mouvements des 17 et 18 novembre, nous avons bien l’intention d’y participer de manière très organisée.

    Considérant que la lutte contre les injustices sociales et fiscales est juste,

    Considérant aussi que la lutte pour une augmentation substantielle du pouvoir d’achat est juste.

    Considérant que notre combat est une lutte de transformation sociale,

    Le syndicat SUD-PTT appelle à manifester avec les gilets jaunes

    Le bureau départemental

    Rennes le 19 novembre 2018"

    Ou encore, cette fois d'un militant panafricaniste révolutionnaire :

    http://joseseseko.overblog.com/2018/11/le-fourre-tout-des-gilets-jaunes.html

    "Les multiples points de rassemblement des gilets jaunes, le 17 novembre, ont mobilisé plusieurs dizaines de milliers de personnes en France. Ce mouvement né de la contestation d'une hausse de la taxation du prix du carburant, a l'ambition de s'inscrire dans la durée, en demeurant un fourre-tout qui attire les différents râteliers, ayant même quelques similitudes avec le mouvement Nuit Debout du printemps 2016.

    "Macron démission !" C'est le cri général scandé par les gilets jaunes depuis le samedi 17 novembre, date de lancement de la mobilisation contre la hausse de la taxation du prix du carburant. Selon le ministère de l'Intérieur, plus de 280.000 personnes auraient pris part à ce mouvement, réparti sur 2.000 points de rassemblement, dont 1.200, paraît-il, sur la place de la Concorde, à Paris. Ces gilets jaunes faisaient plus ou moins du blocage routier, dans l'ensemble de l'Hexagone. Ce qui conduisit parfois à des situations dramatiques comme la mort de Chantal Mazet, dans la Savoie, percutée par une automobiliste accompagnant sa fille chez le médecin. J'en profite pour adresser mes plus sincères condoléances auprès de la famille de la défunte.

    Messages opposés

    Sur les images qui ont circulé sur les réseaux sociaux dans la journée du 17 novembre, on y voit des choses diamétralement opposées. D'un côté, des photos et des témoignages indiquant une attitude pour le moins nationaliste, avec des slogans hostiles aux exilé(e)s, ou des articles de presse locale relevant une agression à caractère raciste à Besançon (Doubs) ou islamophobe à Saint-Quentin (Aisne)

    D'un autre côté, des gilets jaunes affichaient ou scandaient des messages anticapitalistes. Plusieurs gilets jaunes avaient écrit un message appelant à une remise en place de l'ISF, dénonçant ainsi la politique fiscale favorable aux riches de la part d'Emmanuel Macron. Ou encore un gilet jaune que j'ai rencontré sur la rue du faubourg Saint-Honoré, à Paris, qui est venu non seulement pour critiquer la décision du gouvernement, mais aussi défendre une vision décroissante, estimant qu'on devient dépendant de beaucoup de choses, notamment de la voiture, défendant l'idée d'une politique favorable aux transports en commun, surtout dans les campagnes, qui ont une disparition progressive des divers services publics au fil du temps.

    Fourre-tout citoyenniste

    Si on devait donner une image quelque peu caricaturale du mouvement des gilets jaunes, c'est un peu un fourre-tout citoyenniste. Pourquoi ce qualificatif ? Parce que ces citoyen(ne)s pensent qu'en montrant leur colère, ils arriveraient à leur fin, et là où ça devient carrément pathétique, c'est qu'ils croient (naïvement) que la police et la gendarmerie pourraient se ranger de leur côté. Du côté de la place de la Concorde et de la rue du faubourg Saint-Honoré, ça clamait à plusieurs reprises "la police avec nous !". Mais les forces de l'ordre social, notamment les CRS leur ont fait savoir qu'ils n'enlèveraient pas le casque et qu'ils emploieront leur matériel. Ce qui n'a pas manqué vu qu'ils ont gazé sur la rue du faubourg Saint-Honoré, au niveau de l'ambassade des États-Unis, à quelques dizaines de mètres du palais de l'Élysée. De même qu'en cas d'absence d'écoute à leurs sommations, ils utiliseraient les armes.

    Au lendemain du week-end "fatidique" : retour sur le mouvement des Gilets Jaunes

    Ce citoyennisme n'est pas nouveau. Il était déjà présent du temps de Nuit Debout, mouvement né au printemps 2016 contre la Loi Travail, où certains membres de Nuit Debout croyaient que les forces de l'ordre social se rangeraient de leur côté à un moment donné. D'autres éléments de comparaison peuvent se faire avec Nuit Debout. Les gilets jaunes semblent être peu structurés, avec une volonté de ne pas avoir de figure de proue, d'être à distance des syndicats - ou du moins leurs directions confédérales -, et encore moins de connaître une récupération politique. Une attitude similaire chez Nuit Debout, à la différence près que l'axe politique tenu par ce mouvement était connoté à gauche, voire à l'extrême-gauche, et qu'il était affirmé dès le départ. Ce qui n'est pas le cas des gilets jaunes. Du moins, a priori.

    Un autre point de similitude entre les gilets jaunes et Nuit Debout, c'est l'attitude des mass media. Dans les deux cas, il y a une exposition médiatique très importante, avec plus ou moins de mépris exprimé à l'antenne, mais toujours mieux vu qu'une manifestation classique, menée par des syndicats, qui sont unanimement dénigrés dans les mass media, dans la plus pure tradition anti-syndicale made in France. Cela étant, Nuit Debout avait droit à une certaine clémence jusqu'à ce que le pseudo-philosophe Alain Finkielkraut se fasse renvoyer, à juste titre, de Nuit Debout, et là, le dénigrement devint total. Pour l'instant, ce n'est pas entièrement le cas des gilets jaunes. Mais cela dépendra de l'évolution du mouvement dans les prochains jours."

    Le mouvement, qui quelque part quand on y pense a déjà consisté en un blocage des flux, de ce mouvement perpétuel qui caractérise nos sociétés occidentales du 21e siècle ; ainsi que, très présent dans les grandes zones commerciales périurbaines, en un investissement politique de l'ESPACE ANTIPOLITIQUE par excellence (les citadelles de la "société de consommation") ; s'oriente à présent comme lors de la mobilisation contre la Loi Travail en 2016 vers un blocage des dépôts de carburant :

    https://www.bfmtv.com/societe/pourquoi-les-gilets-jaunes-bloquent-les-depots-de-carburant-1569558.html

    "La mobilisation se fait économique. Ce lundi matin, les gilets jaunes ont mis le cap sur les dépôts de carburant. Cinq, au moins, sont d'ores et déjà à l'arrêt tandis qu'un porte-parole des manifestants revendiquent "une dizaine" de sites bloqués. 

    La mobilisation des gilets jaunes change de visage. Ce lundi matin, ils se sont tournés vers les dépôts de carburant, bloquant plusieurs d'entre eux. Selon nos informations, cinq sites sont d'ores et déjà bloqués : les dépôts de Vern-sur-Seiche, près de Rennes, de Portes-lès-Valence, dans la Drôme, de Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône, de Port de la Palice-La Rochelle, et de Lespinasse, près de Toulouse. Aucun poids-lourd ne sort ni n'entre dans ces structures. 

    "Nous aussi on maintient le cap" 

    Et, selon Benjamin Cauchy, un des porte-paroles des "gilets jaunes", le chiffre est à revoir à la hausse. Sur RMC, il a assuré qu'une "dizaine de dépôts de carburant" étaient bloqués en France. "On veut désormais bloquer les raffineries et les dépôts industriels pour avoir un impact économique", a-t-il ajouté. L'effort se porte aussi sur les routes.  Ainsi, le mouvement a entravé le péage de l'autoroute A6 à hauteur de Villefranche-sur-Saône, au nord de Lyon. 

    Interrogée ce lundi matin sur notre antenne, Laëtitia Dewalle, représentante des "gilets jaunes" dans le Val-d'Oise, a réfuté tout revirement, faisant référence au passage aux mots du Premier ministre la veille : "Un changement de stratégie ? Non, nous maintenons nous aussi le cap, et avec fermeté. On avait dit que des routiers nous rejoindraient, ainsi que des agriculteurs, tout ça est en train de se mettre en place."

    Vers la paralysie ?

    Et, si la forme a varié, c'est justement en raison de l'entrée en scène de ces nouveaux acteur. Laëtitia Dewalle a ainsi expliqué les blocages par le fait que le mouvement relève désormais de "professionnels qui ont pris la relève et non plus des citoyens à pied".

    Pour notre éditorialiste économique, Nicolas Doze, ces blocages peuvent être décisifs mais il estime qu'ils font sortir les manifestants du cadre de la légalité :

    "Il est certain que c’est en bloquant ce type de sites que vous paralysez le pays, que vous provoquez des pénuries et des files d’attente devant les stations, c’est très très efficace. Il faut rappeler que le droit de manifester est un droit constitutionnel mais il prévoit que l’on manifeste contre ses dirigeants, il ne prévoit que l’on manifeste contre son pays, ça c’est illégal et bloquer des sites et des dépôts de carburant, c’est tout simplement illégal."

    Robin Verner"

    Sur les conséquences du blocage des "temples de la consommation" :

    https://www.bfmtv.com/economie/les-gilets-jaunes-ont-ils-reussi-a-plomber-l-economie-francaise-samedi-1569922.html

    "Le volume des achats par carte bancaire a chuté de 26% le samedi 17 novembre par rapport au samedi précédent. Et la fréquentation des centres commerciaux a baissé de 39%, samedi. Les blocages de route et d'accès aux grandes surfaces par les "gilets jaunes" pourraient avoir dissuadé les Français de faire leurs emplettes.

    Alors que les patrons redoutent que les blocages ralentissent l'économie, la forte mobilisation des "gilets jaunes" sur les routes, samedi 17 novembre, a eu un effet négatif et visible sur la consommation des Français ce jour. Une conséquence particulièrement sensible alors que la période des achats de Noël bat son plein. Les paiements par carte bancaire ont chuté de 26% d'un samedi sur l'autre, selon les statistiques du groupement cartes bancaires. Ces transactions sont passées de 50,933 millions à 37,634 millions en une semaine, sur une seule journée, alors que le samedi est un jour d'affluence dans les commerces. La baisse constatée atteint encore 21% par rapport au samedi 3 novembre, il y a deux semaines.

    La fréquentation des centres commerciaux a chuté sur 3 jours

    Ces statistiques sur les achats par carte bancaire en berne, le samedi 17 novembre, sont corroborées par celles du conseil national des centres commerciaux (CNCC). Celui-ci évoque un recul de 39 % sur la journée du samedi, alors qu'ont été constatées une hausse de 13 % par rapport au niveau habituel le vendredi 16 novembre après 18h pour des "achats de précautions", puis une nouvelle hausse de 54 % pour les commerces ouvrant le dimanche 18 novembre pour des  "achats de rattrapage".

    Au total, sur les trois jours (vendredi 16, samedi 17 et dimanche 18 novembre) du week-end dernier, le CNCC constate "une fréquentation en baisse de 18,5 % par rapport aux niveaux habituels" sachant que ces chiffres cumulent les données de 170 centres commerciaux, galeries marchandes et parcs d’activité commercial, abritant plus de 10.000 commerces.

    [NDLR d'après une autre source : "D'après le cabinet Nielsen, les hypermarchés et supermarchés ont vu ce jour-là leur chiffre d'affaires baisser de 35% en moyenne, en raison des fermetures de points de vente et du blocage des accès à certains magasins. "Si certains commerçants ont pu récupérer dimanche une partie de l'activité perdue la veille, ce report n'est pas suffisant : au global sur le week-end, la perte de chiffre d'affaires est d'au moins 30%", assure de son côté le Conseil du commerce de France."]

    Les bijoutiers horlogers déplorent une baisse de 68% de leur activité

    De son côté, l’Union de la bijouterie horlogerie révèle que ses adhérents ont constaté en moyenne une baisse de 68% de leur chiffre d’affaires durant le week-end dernier. "Alors que les résultats annuels des commerçants dépendent en grande partie de ce moment de l'année, les boutiques désertées les mettent en péril. Ces blocages risquent de ne pas inciter les français à reporter leurs achats, mais à se tourner vers les géants du web" s'alarme ce syndicat de commerçants professionnels.

    Les stations service étaient la cible des manifestants

    Nul doute que les nombreux blocages de route et des accès à certaines grandes surfaces en régions ainsi que ceux des centres commerciaux abritant des stations service, très ciblées par les gilets jaunes, ont dissuadé de nombreux Français d'effectuer leurs courses ou de faire leur plein de carburant ce samedi, jour traditionnel d'affluence dans les commerces.

    En outre, à côté des manifestations, et des blocages, le boycott des cartes bancaires faisait partie des mots d’ordre de cette journée. Ainsi, sur l’un des groupes Facebook de la manifestation des gilets jaunes dans l’Indre, une participante écrivait: "Privilégier les petits commerçants mais en payant en LIQUIDE". Certains manifestants appelaient aussi les commerçants à faire de leur côté la grève des TPE (Terminaux de Paiement bancaires)."

    [Lire aussi : le-patronat-appelle-les-gilets-jaunes-a-ne-pas-bloquer-l-economie.pdf]

    Au lendemain du week-end "fatidique" : retour sur le mouvement des Gilets Jaunes

    "Dans le cadre des manifestations gilet jaune aujourd'hui à Nîmes j'ai participé avec un drapeau palestinien symbole de la résistance et un t-shirt BDS, avec une pensée aux réfugiés climatiques et à l'occasion les réfugiés palestiniens. Mon initiative a eu beaucoup de succès et j'étais étonné par la sympathie des participants à la cause palestinienne"

    Au lendemain du week-end "fatidique" : retour sur le mouvement des Gilets Jaunes


    1 commentaire

  • (on comprend mieux pourquoi Roudier s'est arraché de ce groupe, effectivement né... facho - "Jeune Languedoc" - dans la foulée de 68 mais ayant ensuite radicalement tourné casaque et dont le principal meneur, Jean-Louis Lin, devait mourir assassiné en lien plus que probable avec son engagement anti-impérialiste, pour la Palestine en particulier - c'était l'époque de l'assassinat de Curiel, Goldman etc.)

    Article sur le racisme en Occitanie dans Pòble d'Oc n°28 (octobre 1977) :

    "Une fois de plus, le racisme a tué, tué lâchement, tué bêtement. L'affaire Navajo, ce docker marseillais qui a assassiné un travailleur maghrébin et qui était bien connu pour ses propos et pratiques raciste sur son lieu de travail, est là pour nous montrer que le mal est bien là, parmi nous les Occitans. Il n'est guère de peuple qui soit exempt de ce fléau et l'Occitan, malheureusement, ne fait pas exception, mais, par ailleurs, il n'est point de peuple qui puisse se dire révolutionnaire s'il n'extirpe pas, au préalable, de semblables réactions.

    Réactions viscérales dira-t-on... voire ! L'homme, l'Occitan, ne naît pas raciste comme il ne naît pas avec telle ou telle étiquette politique. Il le devient et un jour il s'y complaît. Il serait hypocrite de réagir par la seule condamnation individuelle, ce serait trop facile. On ne tue jamais le crime avec le criminel, c'est l'histoire de l'homme qui nous l'apprend. On n'extirpe vraiment le crime qu'en extirpant ses causes objectives : les causes sociales qui déterminent le geste criminel.

    Et là c'est un autre problème, car la réponse au racisme anti-arabe, pour ne prendre que celui qui est le plus répandu sur l'Occitanie méditerranéenne, c'est surtout la remise en cause intégrale de tous les clivages sociaux qui s'interposent entre les immigrés et les autochtones. C'est l'urbanisme des ghettos (que Marseille a le triste privilège d'avoir), c'est la division du travail selon l'origine, c'est l'éducation raciste sur la civilisation et la culture arabe. C'est aussi la mise en foyer et le refus actuel de l'immigration familiale, ce sont les renvois et les expulsions, c'est la bourgeoisie et ses groupes racistes qui ont tout intérêt à la division des travailleurs, c'est l'impérialisme français qui a besoin d'une bonne dose de chauvinisme national. Il n'y a pas d'effet sans cause et de racisme sans société responsable.

    Aussi les militants révolutionnaires occitans seront toujours au premier rang pour défendre l'intégrité des droits des immigrés en Occitanie. Pour nous, il n'y aura pas d'Occitanie autre qu'une Occitanie pour tout le monde."

     Ce qui est dit là est littéralement antiraciste politique !

     

    Grandiose !! En 1977 quoi...


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  • [Lorsqu'une question n'est pas simple, vive le débat sain et constructif, franc et ouvert pour avancer ensemble vers la juste approche ! (en "normal" le "pour", en italique le "contre")]

    "C'est peut-être parce qu'on peut bien être de droite et même d'extrême-droite, et pour autant que quand tu vis dans une cambrousse paumée et mal desservie, le choix c'est "prendre la voiture ou manger"... https://www.mediapart.fr/.../dans-l-orne-pour-certains...

    J'ai envie de dire qu'à un moment donné, si on ne raisonne pas par cause : est-ce que la cause, ce qui est revendiqué, est juste ou pas (pas question pour moi, par exemple, d'aller manifester pour "les immigrés dehors", "la peine de mort pour la racaille" ou même pour l'union sacrée Charlie anti-terroriste-islamiiiiiste et ce, même avec des gens "de gauche" !!) ; mais uniquement en termes que ce soit soutenu et organisé par des gens d'accord avec nous (de ces 5 ou maximum 10% d'accord avec nous qu'il y a dans la population), la question qui se pose est : c'est quand qu'on s'étend ? C'est quand qu'on conquiert des positions, même petites dans un premier temps, d'hégémonie ?"

    "Oui mais dans ces cas là, faut dire aussi que Ruffin se joint a la mobilisation, que la CGT sur certaines régions-villes également, qu'il y a énormément de gens qui votent a gauche qui se joignent à ce truc, qu'il y a des personnes lambda pas fachos qui se mobilisent tout simplement....

    Penser que ce mouvement est majoritairement constitué de fachos et de réacs est une erreur je pense.

    Les révoltes dites des "jacqueries" en Occitània étaient sur des mots d'ordre fiscaux au passage.

    Pourquoi la "gauche" devrait délaisser cette grogne à l'extrême-droite ou à la droite dure ? Sachant que la grogne est légitime.

    Depuis 2-3 semaines beaucoup d'orga et d'individus posent la complexité de cette mobilisation, en se questionnant sur la prise de position à avoir et je crois que ça révèle pas mal de choses."

     "Très majoritairement les syndicats se désolidarisent et c'est bien normal ! On est pas dans la stratégie politique là.

    Et oui y aura pas que des fachos et on le dit depuis le départ. Mais par contre, le cœur de la mobilisation est sur la base même de l'extrême droite, du populisme interclassiste qui n'abolira jamais la disparité économique, et qui au contraire pourra l'accentuer. C'est le terreau fertile pour laisser ceux qui ont les pratiques de subordination. Il faut être patient, attendre la suite, car les contradictions émergeront toutes seules. Les intérêts de classe se confrontent naturellement, et c'est là où un vrai boulot sera à faire. Car si ce truc en est là, c'est bien par l'appui médiatique, qui n'a de cesse de descendre les mouvements sociaux. L'ennemi de classe est à la manœuvre, même si y a un risque de débordement. 

    Pour répondre à XXX, je pense pas qu'on pourra avancer des positions socialistes dans ce fourre tout. Il sera bien temps d'être là après, et en force ! Et très vite aussi. C'est aux confédérations syndicales de se bouger aussi."

    "Parce que ce n'est pas tout le temps le cas et partout ? On ne vit pas 24 heures sur 24 dans une société où il n'est pas évident d'avancer des positions anticapitalistes, une société dirigée par la droite via les médias ?

    C'est sûr que dans une manif où ne viennent que des gens de gauche, où on se retrouve l'espace d'une demi journée à 10.000 camarades ou semi-camarades concentrés, là il n'y a pas de problème, on peut parler de tout avec tout le monde dans cette petite société temporaire de 10.000 personnes.

    Mais pas avec des gens qui ne sont pas déjà convaincus, par un minimum de dénominateur commun qu'on appellera de gauche. La journée d'action bientôt s'achève et on revient à la vraie vie qui n'est pas ça.

    Je comprends d'autant moins la position de certains syndicalistes d'entreprise, que eux pourtant ils connaissent ça, prêcher au quotidien à des gens pas forcément convaincus...

    Donc pourquoi ne pas voir cette journée comme l'équivalent de débarquer, comme nouveau salarié et militant syndical, dans une entreprise où il y a des gens de toute opinion politique, des gens qui votent FN, des libéraux même, du moment qu'ils pensent avoir leur augmentation, des je-m'en-foutistes, des résignés convaincus que ça sert à rien de lutter et que ça changera rien, bref un échantillon de la société exactement comme il y aura le 17 novembre ?"

    "Il n'y aura jamais aucun mouvement populaire spontané pur, ça n'existe pas. Engels disait qu'on ne fait pas la révolution avec des anges mais avec les hommes de la vieille société (qui sont des démons). Le rôle d'un révolutionnaire c'est d'orienter le mouvement vers une ligne rouge et pas fasciste. Sans la bagnole les masses peuvent pas bouffer, les classes populaires sont dans les périphéries des villes, doivent prendre la voiture, je ne parle même pas des populations rurales. Le prix de l'essence c'est 60% d'impôt et l'impôt c'est du vol en système capitaliste. Et le vrais CŒUR de l'affaire c'est la crise du système impérialiste qui ruine l'état et donc augmente le poids sur les masses. 80% des gens soutiennent donc soit les gens sont cons, soit la gauche est sacrément à la ramasse. Pour moi les masses font l'histoire donc c'est tout vu."

    "La gauche est à la ramasse, c'est sûr et certain, et depuis un sacré moment.

    Mais qu'est-ce qui fait que la sauce prend ? Et est-ce qu'on doit s'associer à une démarche, même populaire, si elle favorise un contre sens aux luttes qu'on mène ?

    Je reste persuadé que les intérêts de classe scinderont le mouvement à un moment ou à un autre. Mais je suis tout autant persuadé que se mêler à ça sera contre productif si on espère avoir une chance de gagner en puissance par la suite."

    "Il faut s'y joindre et surtout l'orienter vers le bon côté sinon spontanément ça va vers la droite, c'est évident dans une société dominée par le capitalisme. Il y a des contradictions de fou dans le peuple, principalement dans les classes les plus dominés (patriarcat, religion, tendance au soutien réac etc.) donc notre taf c'est d'accepter ça et de le transformer. Si les gens étaient spontanément révolutionnaire pourquoi il y aurait des révolutionnaires ? Sinon ce mouvement n'est qu'un mouvement donc il va se finir, mais aura t'on gagné des gens à la révolution ou laisser l'extrême droite capitaliser cette JUSTE (je tiens à la redire) colère des masses."

    "La colère peut être juste et l'expression de la colère moins. Oui il faut en être, s'y mêler, totalement d'accord. Mais pas en manifestant avec, pas en s'associant à cette mascarade. Si spontanément ça gueule, il fait aussi spontanément se mettre à réfléchir sur l'orientation à y donner et jouer la carte de la stratégie, organiser des débats etc. On coupera pas l'herbe sous le pied à l'extrême droite et au patronat en leur donnant du poids.

    Un mouvement aussi relayé par la bourgeoisie pose des pions de propagande dans la mobilisation ! Le prolo est impacté par les taxes et le coût de la vie, mais c'est le patronat, les sociétés de transport, tout simplement ceux et celles qui utilisent du carburant, qui ont tout intérêt à s'appuyer sur la grogne pour obtenir des avantages ! Et un samedi, c'est aussi un curseur de l'orientation politique !

    Si ça continue, là je me bougerais pour aller bosser sur des revendications de fond, j'irais appuyer vu que clairement, la stratégie sera d'impacter sur la production. Mais un samedi, le message est clair !

    Par contre sur ton regard sur l'impérialisme, je ne peux que te rejoindre."

    "Il faut y aller organiser dans ces trucs et aider à organiser et l'orienter dans le bon sens. C'est comme ça que se bâtit la révolution pas autrement. Vue la réaction du gouvernement je pense que c'est pas tant l'ami du patronat ce type de truc. Bloquer les flux c'est l'angoisse majeure du capitalisme actuel, c'est d'ailleurs pour ça que les syndicats n'utilisent pas ça comme principale arme d'action. C'est toujours les masses qui poussent vers ça car elles voient bien que les manifs ou grèves sont inopérantes.

    Tout le monde utilise le carburant : 88% des marchandises sont convoyées par camion ! Donc le prix de la bouffe et de TOUT est impacté. Qu'une partie du patronat s'appuie sur ça c'est normal, par contre il faut que nous aussi on s'y appuie parce que les mecs qui manifestent c'est pas des patrons."

    "Ce qui est fondamental c'est vraiment la rupture avec la "scène" telle qu'elle existe : les orgas qui sont des sections syndicales (pour qui j'ai le plus grand respect par ailleurs) proclamées orgas, ou des black blocs totos éventuellement peints en rouge, sans parler des cercles de discussion postmos. Il faut revenir au peuple, auX peupleS au pluriel, aux beaufs et aux barbares, sortir de l'enfer de l'entre soi militant."

    "Oui, l'extrême-gauche blanche reste foncièrement réfractaire aux beaufs. À qui elle est normalement sensée s'adresser."

    => "Complètement. On l'a déjà vu avec les Bonnets rouges en 2013. Ces gens vivent dans leur monde, dans l'entre soi et ne se rendent même pas compte qu'ils abandonnent "le peuple" dont il se réclament et que celui-ci ira trouver les réponses là où il les trouve c'est à dire au FN pour les Blancs, ou chez Soral ou dans le "communautariiiiiisme" tant décrié pour les non-Blancs. [sans parler de toutes les municipalités de banlieue parisienne passées "étonnamment" à la droite de type UDI en 2014...]

    Ils ne savent même plus qu'il existe un monde à plus de 10 km de leurs campus où ils viennent en trottinette ou en vélo urbain. Un monde où si t'as pas de bagnole tu fais rien, tu crèves de faim même tout simplement, puisque les foyers ne sont plus autosuffisants potager-poulailler comme avant et le Super U est à 15 km. Donc je veux bien qu'il faille à brève échéance sortir du pétrole, mais on propose quoi aux gens, comme alternative ?"

    Petite "biblio" :

    https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/17-novembre-les-renseignements-ont-identifie-les-initiateurs-des-gilets-jaunes-7795592198

    https://rmc.bfmtv.com/emission/17-novembre-certains-syndicalistes-rejoignent-discretement-le-rang-des-gilets-jaunes-1566269.html

    https://journal.lutte-ouvriere.org/2018/11/14/17-novembre-ne-pas-laisser-le-terrain-lextreme-droite_114932.html

    https://www.ensemble-fdg.org/content/prix-de-lessence-taxes-et-impots-faire-reculer-emmanuel-macron

    https://lecourrier.ch/2018/11/13/gilets-et-rires-jaunes/ : "Ce qui est présenté comme une taxe écologique n’est en fait qu’un transfert de la fiscalité des riches sur les pauvres. Elle pèsera cinq fois plus sur les revenus des 10% des ménages les plus modestes que sur les 10% les plus nantis. En d’autres mots, il s’agit de reprendre dans la poche des automobilistes ce qui a été donné aux plus riches via la suppression de l’ISF."

    https://rouendanslarue.net/gilets-jaunes-en-voiture-notes-sur-le-17-novembre/

    Un superbe texte (de Denis Robert, journaliste d'investigation ayant notamment révélé l'affaire Clearstream, il prendra également en 2019 la direction du Média de la France Insoumise) :

    https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=10155665507661960&id=702736959

    "Pour Gaby, mon Gilet Jaune

    J'avais un oncle il s'appelait Gaby. Je l'aimais bien. Il était gazier. J'étais gauchiste. Il avait un grand poster de JM Le Pen dans son garage. On buvait des bières en réparant des bagnoles. Passons. Des années plus tard, j'avais fait un grand papier dans Libé pour expliquer comment le FN et Le Pen arrivaient à monter la tête de types bien comme Gaby. Deux pages. July (Serge) le patron m'avait félicité genre : « Enfin un journaliste qui ne les prend pas avec des pincettes ». Pourquoi je parle de Gaby et pourquoi je pense à lui en ce moment ? À cause des Gilets Jaunes. Gaby bossait à Gaz de France (son cousin, mon pater, bossait à EDF). Ils bossaient 7 jours sur 7 sans trop compter. Il y avait les lignes à réparer, les tuyaux à aligner. La chaleur des pauvres à assurer. Ils étaient fonctionnaires. On partait en vacances dans les tentes bleues de la CCAS. Passons. 

    Pourquoi j'en viens à évoquer ce passé vermoulu ? Les Gilets Jaunes… L'injustice fiscale. La plupart des éditorialistes et des politiques n'y comprennent que dalle à cette colère. Emmanuel Macron et son armée de républicains en marche ont compris eux. Et ils commencent à flipper. À passer des consignes. À jouer de la carotte et du bâton. Vu d'ici, c'est pitoyable. Je ne sais pas ce qu'il adviendra de ce mouvement basique et populaire, si la stratégie du pouvoir va fonctionner, mais cette colère n'a rien à voir avec le réchauffement climatique et très peu avec le diesel. Les gens à l'origine des Gilets Jaunes le disent depuis le début. Ils en ont assez d'être pris pour des pigeons, des vaches à traire, des décérébrés du bulbe, des sans honneur. Ils veulent se révolter. Il se révoltent. Gaby bossait à Gaz de France donc. Il y a usé sa santé. Il est parti en retraite sans se douter qu'on allait vendre Gaz de France à Suez en 2007. Quand je dis vendre, je déconne. Offrir serait plus adéquat. Une histoire de prédateurs et d'hommes politiques très compromis. Sarkozy, Hollande Villepin, Royal, Coppé, Longuet… Tous vont œuvrer avec des responsabilités diverses à cette prédation consentie. Je ne vais pas développer ici (lisez notre livre, « les prédateurs » en vente partout). 

    Tonton Gaby casse sa pipe. GDF devient Engie. Méthode Suez, extrême capitalisme. On pressure et on défiscalise à mort. Non seulement, se chauffer devient un luxe mais Engie, avec la bénédiction des politiques, Macron de chez Rothschild en tête, envoie ses bénéfices au Luxembourg (27 milliards en 2015, passez l'info à Google). L’État français se prive de 2 milliards d'impôts. Alors que nous, cochons de payeurs, on raque. On raque. Et on regarde passer les trains et les prédateurs qui se goinfrent. Et on ne doit rien dire. Et on doit – sous prétexte de réchauffement climatique, sous prétexte de récupération politique – fermer sa gueule. Ben non.

    Ce qui se prépare ici, c'est une jacquerie. Le message est clair et éminemment politique. Les pauvres en ont marre d'avoir froid, de jouer du crédit le 15 du mois, de faire des demi pleins. Alors qu'à la télé, ils entendent chaque jour se raconter une histoire qui n'est plus la leur. Alors que leur président déroule le tapis rouge à ceux qui ne paient pas d'impôts, Frère, Desmarais, Bolloré, Arnault… Ceux qui font croire qu'ils nous sont indispensables, qu'ils sont des premiers de cordées. Foutaise. Demain, avec le fantôme de Gaby je serai gilet jaune à donf.

    Les beaufs et les cols blancs de Saint Germain n'ont rien compris, ce n'est pas un mouvement marqué à droite. Ni vraiment à gauche. C'est punk. No future dans ce monde-là.

    (Bon j'me grouille j'ai un train pour le salon des lanceurs d'alerte, maison des Métallos à Paris ce soir et demain)."

    Des blocages ont déjà commencé en... Belgique :

    https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_gilets-jaunes-blocage-de-sites-petroliers-en-wallonie

    https://www.rtbf.be/info/societe/detail_gilets-jaunes-deja-des-blocages-d-axes-routiers-pres-de-charleroi-et-namur

    RECUEIL COMPLET :

    http://ekladata.com/Gilets-jaunes.pdf

     


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  • https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=2038556709763778&id=1831983277087790

    [Marselha] Marcha de la colèra

    Plus de 8.000 personnes se sont rassemblées hier à Marseille pour manifester leurs colères après l'effondrement d'immeubles délabrés qui a fait 8 morts à Noailles.

    C'est tout une politique de la ville qui est remis en question, nombreux sont les habitats insalubres et en mauvais états.

    Cela s'inscrit 3 semaines après le début du bétonnage de la Plaine, un projet global avoisinant les 13 millions d'euros et où entre autres, un mur au coût de 400.000€ a été érigé pour contenir toute résistance.

    La manifestation d'hier s'est terminée par quelques affrontements, il y aurait plusieurs arrestations.

    https://www.facebook.com/streetpoliticsfrance/videos/705091489871135/

    Noailles, la Plaine, nécro-métropolisation de Marseille - "Mais qu'ils ne crient pas victoire trop vite, Marseille se défend !"



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  • (Pour mémoire : alsace-les-lignes-en-train-de-bouger-a-la-jc)

    Rassemblement et défilé organisé en commémoration de la Révolution alsacienne de Novembre 1918, qui débutait il y a donc tout juste 100 ans.

    https://www.facebook.com/jc.basrhin/posts/1074118276082457

    On notera la profusion de Rot un Wiss, le drapeau rouge et blanc LÉGITIME de l'Elsass militairement annexée, mettant fin à un début de révolution prolétarienne, par les troupes françaises dans la foulée de ces évènements :

    [Retour sur "les lignes en train de bouger" du côté des JC en Alsace]

    "Hier nous avons fièrement commémorer le centenaire du Conseil ouvrier de Strasbourg durant lequel le drapeau rouge flottait au sommet de la cathédrale.

    De cette expérience nous retiendrons que la sociale-démocratie joue toujours un rôle contre-révolutionnaire. En Alsace elle hâtait l’arrivée des troupes françaises afin de mettre fin au pouvoir des soviets d’ouvriers et de soldats. À Berlin elle faisait feu sur la révolution spartakiste.

    La sociale-démocratie ne peut se conforter ailleurs que dans le parlementarisme bourgeois, nous prolétaires préparons la révolution armée et le pouvoir ouvrier, nous n’avons rien à attendre de ceux qui trahissent à chaque mandat.

    « L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes » Marx

    C’est notre classe, notre combat le drapeau rouge flottera ! Pour la paix et le socialisme, organise ta colère !"


    Le texte complet publié par le MJCF 67 :


    CENTENAIRE DU NOVEMBRE ROUGE DE 1918 EN ALSACE-MOSELLE

    http://uecstrasbourg.over-blog.com/2018/11/il-y-a-100-ans-le-drapeau-rouge.html

    L’histoire locale et nationale est rapportée et expliquée avec le point de vue de la classe dominante dans une société donnée : de fait, l’histoire de toutes les périodes de lutte des deux derniers siècles en particulier est façonnée par la bourgeoisie à son stade impérialiste, c’est à dire l’aristocratie financière pourrissante qui a laissé derrière elle tout le caractère progressiste et révolutionnaire qu’elle prétend incarner encore aujourd’hui. Novembre 1918 marque donc la fin de la Première Guerre mondiale et soulage pour un temps malheureusement bref la souffrance des peuples d’Europe (mais pas, rappelons-le, des colonies disputées par les belligérants) et en particulier des classes laborieuses ─ le prolétariat et la petite paysannerie sur qui pèse le plus lourd de la guerre. Mais si l’historiographie française retiendra, en ce qui concerne l’Alsace-Moselle, son retour à la République française, les événements révolutionnaires et le rôle actif du prolétariat pendant cette période semblent avoir été mis sous le tapis.

    Nous, Jeunes Communistes du Bas-Rhin, profitons donc de l’occasion du centenaire du mois de novembre 1918 pour rappeler que ce mois fut teinté du rouge de la révolution prolétarienne : ce fut bien la Räterepublik, la République socialiste des Conseils d’Alsace-Lorraine, qui s'imposa comme mot d’ordre du prolétariat alsacien et mosellan pendant ces quelques jours durant lesquels le drapeau rouge flotta sur la cathédrale et sur les mairies de nombreuses villes de la région.

    Rappel historique

    Novembre 1918 signe la fin de la guerre impérialiste pour la répartition des richesses et de la main d’œuvre entre les monopoles internationaux. À l’aube de ce mois de novembre, l’Allemagne impériale se voit obligée de battre en retraite face aux armées françaises et britanniques et de toute évidence ne va pas tarder à devoir accepter l’armistice au vu de la mauvaise tournure que prend pour elle le conflit mondial. Les années de guerre extrême qui ont envoyé des millions d’ouvriers et de paysans pauvres mourir au champ de bataille et qui entraînèrent disette et misère au sein de la classe laborieuse, cristallisèrent partout les antagonismes existant entre la classe capitaliste et le prolétariat, notamment en Allemagne. Le pays était un parfait terreau révolutionnaire duquel naquirent plusieurs insurrections à travers le territoire germanique. Les soldats exténués par la guerre ─ qui sont, dans les armées de conscription de toute l’Europe du 20ème siècle, des ouvriers et des paysans et non pas des militaires de métier ─ étaient à la tête du mouvement de colère qui animait les masses populaires et étaient décidés à ne plus mourir pour une guerre dont il ne se faisait plus d’illusion. C’est dans ce contexte que les soldats de la Marine allemande de Kiel refusèrent de partir dans un assaut suicidaire contre l’armée britannique au cours de la fin du mois d’octobre. Ainsi les groupes de soldats ─ dont 16 000 Alsaciens et Mosellans ─ se lancèrent dans une mutinerie qui aura pour effet la destitution des généraux de Kiel et l’établissement de conseils ouvriers en charge de la ville.

    Très vite les soldats alsaciens trop longtemps séparés de leur terre se mettent dans l’idée de porter la révolution sur le territoire alors allemand du Reichsland Elsaß-Lothringen (Reichsland d’Alsace-Lorraine) qui correspond plus ou moins à l’Alsace et la Moselle. Le 10 novembre, sitôt arrivés à Strasbourg, les marins révolutionnaires mettent en place des conseils de soldats et d’ouvriers basés sur le modèle de la révolution bolchevique (Rat, conseil, soviet) qui inspire toujours le mouvement révolutionnaire des années plus tard. De Mulhouse jusqu’à Metz se constituèrent ces soviets mettant en place des mesures sociales importantes en augmentant les salaires, établissant une préquelle de sécurité sociale.

    Bien sûr ces mesures n’étaient pas du tout au goût de la bourgeoisie locale qui commença dès l’arrivée des révolutionnaires à organiser la contre-attaque des forces bourgeoises. Ainsi le social-démocrate Jacques Peirotes qui travaille activement au retour des troupes françaises en Alsace, s’empare de la mairie de Strasbourg et s’autoproclame maire de la ville à l’aide de ses amis. Le conseil municipal se présenta comme un contre-pouvoir aux conseils ouvriers dans lesquels les socialistes révolutionnaires militent pour la création d’une République socialiste d’Alsace-Lorraine sous le slogan « ni Allemands, ni Français ni neutres : le drapeau rouge a triomphé ! ».

    Le 13 novembre ils hissèrent fièrement le drapeau rouge au sommet de la cathédrale de Strasbourg, en signe de victoire de la Révolution !

    Cet acte a convaincu Peirotes de hâter l’arrivée des troupes françaises pour un « retour à l’ordre » au plus vite, comprenez pour « mater la révolution prolétarienne ». Le mot d’ordre de la bourgeoisie alsacienne (alors allemande) est clair et affiché sur les murs de quartiers huppés de la ville : « plutôt français que rouge ».

    Le 22 novembre à l’arrivée de l’armée française dans Strasbourg, la bourgeoisie locale accueille avec grand enthousiasme le président Poincaré contre qui elle avait pourtant déclaré la guerre 4 ans auparavant. Voilà comment la bourgeoisie aidée par la sociale-démocratie a désarmé et réprimé le prolétariat, à l’image de l’assassinat des spartakistes par le SPD à la même époque.

    L’échec des révolutionnaires

    Le conseils de soldats et d’ouvriers à Strasbourg et dans toute l’Alsace-Moselle et leur portée révolutionnaire n’auront finalement duré que quelques jours, entre l’arrivée des premiers mutins révolutionnaires le 9 et l’arrivée de l’armée française le 22, et leur influence n’aura pas réussi à se concrétiser en mouvement de masse. Il y a divers facteurs qui ont conduit à cet échec.

    Premièrement, si la situation fin octobre et début novembre est propice à l’action révolutionnaire des masses en Alsace, l’idéologie dominante reste très petite-bourgeoise et une partie influente de la population idéalise l’Alsace française d’avant 1870, notamment les anciens combattants. Ainsi quand les révolutionnaires défendent la position matérialiste du socialisme non pas allemand ou français mais prolétarien, seul capable de combattre l’impérialisme, ces paroles ont du mal à faire leur chemin dans les classes intermédiaires, objectivement dans le camp du prolétariat mais subjectivement soumises aux positions bourgeoises. Les révolutionnaires eux-mêmes sont hésitants quant à la tactique à adopter, en témoigne leur refus de s’attaquer à la propriété privée et leur relative bienveillance à l’égard des opportunistes dont le rôle dans la tournure prise par les événements est également très déterminant.

    En effet, les socialistes chauvins, Jacques Peirotes à leur tête, sabotent les efforts révolutionnaires et font tout pour que triomphe non pas le socialisme, qui en parole leur est très cher, mais bien la bourgeoisie française. Non seulement la mairie “socialiste” auto-proclamée, à l’image de la Douma municipale de Petrograd pendant la révolution russe, joue le rôle de contre-pouvoir direct aux conseils ouvriers, opposant ordre bourgeois à ordre prolétarien, Garde Civile à Garde Rouge, mais ces pions de la bourgeoisie investissent nombres de conseils pour y freiner le progrès des positions révolutionnaires. Dans certaines villes, ce sont des entrepreneurs et des propriétaires qui se hissent à la tête des conseils. On comprend ainsi la difficulté pour les révolutionnaires comme le président du conseil de Strasbourg le sergent Rebholz à pousser les masses à l’action non pas seulement contre l’Allemagne mais contre la bourgeoisie, quel que soit l’État capitaliste qui la représente, à se saisir des outils de pouvoir et à poser les bases pour cette République des Conseils déclarée mais non concrétisée. À son habitude, la social-démocratie opportuniste et de fait chauvine reprend la propagande contre-révolutionnaire bourgeoise, qui pour sa part présente les révolutionnaire comme des agents de l’Allemagne, pour justifier ses positions tout en prétendant représenter le socialisme. En effet Peirotes commentera ainsi ses choix et ses démarches pour hâter les troupes françaises en pointant la menace de l’Allemagne profitant du désordre de la révolution pour récupérer l’Alsace et la Moselle ; menace complètement fictive considérant l’état d’instabilité du pouvoir allemand secoué par la même vague révolutionnaire.

    Ainsi, avec l’approche des troupes françaises, les révolutionnaires sont contraints de renoncer à la construction d’un pouvoir ouvrier, constatant le résultat insuffisant de son activité pendant les quelques jours de ce Novembre rouge, qui s’est limitée à des hausses de salaires et des garanties sociales assez rudimentaires, certes importantes à l’époque mais ne donnant pas les outils du pouvoir à la classe ouvrière. En fait, cette activité aura surtout consisté à assurer le maintien de l’ordre pour empêcher les pillages qui menaçaient de causer des pénuries et des épisodes de trouble civils. Conscients et frustrés de ces conclusions amères comme le témoigne la dernière séance du soviet de Strasbourg le 20 novembre, les révolutionnaires descendent le drapeau rouge de la cathédrale, immédiatement remplacé par le tricolore pour accueillir l’armée de la République française.

    L’Alsace-Moselle sous la France

    Le mouvement autonomiste en Alsace a été largement récupéré par les réactionnaires qui ne présentent l’identité alsacienne que comme une entité fixe mise en péril par des pratiques religieuses ou culturelles d’une partie de la population issue de l’immigration récente. Ces fantasmes identitaires du grand remplacement à l’alsacienne aveuglent complètement les « autonomistes » actuels qui ne parlent que très peu voire pas du tout de la seule domination culturelle existante en Alsace-Moselle : celle de l’État français. En effet le Peuple alsacien est victime d’une répression culturelle de la part de la bourgeoisie française qui vise à détruire la culture alsacienne au profit d’une culture « bleu blanc rouge » jacobine.

    Effectivement, dès le retour des troupes françaises en Alsace-Moselle et après de nombreuses fêtes visant à rétablir l’ordre et la tradition républicaine mis à mal par l’expérience des conseils ouvriers, un tri va être fait entre les Alsaciens pour déterminer leur degré d’appartenance à la France. Ainsi plusieurs cartes d’identité seront mises en place selon que vous soyez enfant d’Alsaciens, d’Allemands ou d’une union entre un.e Allemand.e et un.e Alsacien.ne. Dès lors, tous ne bénéficiaient pas des mêmes droits civiques et certains étaient considérés comme des étrangers à qui on ne peut faire confiance ─ trop germaniques pour se sentir sincèrement français. Voilà donc comment s’entama une purge culturelle visant à faire disparaître la culture alsacienne par l’interdiction de l’usage de la langue régionale, l’établissement sans transition du français dans toutes les institutions publiques et l’interdiction d’accès aux Alsaciens et Mosellans aux hauts postes administratifs locaux entièrement tenus par des Français de l’intérieur à l’image des pratiques coloniales.

    Aujourd’hui encore la langue alsacienne et son accent sont des traits culturels moqués et assimilés à une appartenance à l’Allemagne. La récente disparition de la région Alsace au sein du “Grand Est” est l’aboutissement de la négation d’une identité alsacienne propre par l’État français. Si aujourd’hui l’alsacien n’est plus pratiqué par la majorité de la population alsacienne, c’est seulement à cause de l’acharnement répressif du pouvoir français à vouloir faire taire les Alsaciens.

    Quel différence l’allégeance à la bourgeoisie française a-t-elle alors apporté aux travailleurs alsaciens en 1918 ? Aucune si ce n’est celle d’être à nouveau traités en ennemis de la nation, incapables de se défendre au sein de l’entreprise car ne maîtrisant pas la langue du maître.

    De plus, le rattachement de l’Alsace-Moselle à la France fut surtout l’occasion pour la bourgeoisie française d’en piller les ressources. Dans son cours d’économie alsacienne à la faculté de droit et des sciences politiques de Strasbourg, le professeur Laufenburger cite entre autres l’exemple des usines de sidérurgie de la Moselle, qui « [...] en tant que propriétés allemandes, furent liquidées et cédées aux producteurs métallurgiques français à des prix notablement inférieurs à leur valeur réelle » (quelques centaines de millions de francs à peine pour une valeur de 8 milliards). Très vite, des dizaines de milliers d’ouvriers des mines et métallurgies seront forcés au chômage, plus encore au chômage partiel, et l’État français ne fera charité qu’à une fraction extrêmement faible de cette masse de travailleurs privés d’emplois, tandis que les salaires chutent bien en dessous du niveau moyen pour la France de l’intérieur et que l’impôt professionnel et celui sur les salaires montent bien au-dessus. Parallèlement, la répression contre les militants ouvriers se fait d’autant plus dure, avec interdiction de réunion, censure des journaux ouvriers, etc (voir [4]). En bref, le capital impérialiste qui écrase les peuples, les cultures, le travail.

    Conclusion

    En tant que communistes, l’objectif n’est pas pour nous de faire du folklore nostalgique des expériences révolutionnaires des derniers siècles, tournés vers le passé, mais bien de rester ancrés dans la situation présente, tournés vers les futures tournures que prendront la lutte des classes dans notre société et dans le monde. Si nous prenons le temps de commémorer le centenaire des conseils de soldats et d’ouvriers en Alsace-Moselle, c’est bien parce que nous en tirons des leçons historiques sur les rôles des différentes parts de la société en période révolutionnaire.

    D’une part nous y voyons les problématiques posées à des révolutionnaires qui, à peine de retour chez eux et avec un laps de temps très faible, ne parviennent pas à trouver dans les masses un appuis franc et déterminé pour mener la construction des outils du pouvoir ouvrier face à la bourgeoisie. Toute situation révolutionnaire ne mène pas nécessairement à un mouvement révolutionnaire d’ampleur, capable de renverser le pouvoir. En l’occurrence, le pouvoir bourgeois se maintient pendant ce mois de novembre 1918 en Alsace-Moselle : par la mairie de Peirotes, par la Garde Civile, et même par les soviets eux-mêmes, non résolus à toucher à la propriété privée, à la terre, aux moyens de production, et dont l’action consistera finalement en majeure partie à assurer l’ordre et à mettre en place des mesures sociales purement économiques sans portée politique révolutionnaire, qui seront balayées plus tard par le pouvoir français.

    D’autre part, cette expérience confirme en effet la qualité d’alliés objectifs de la bourgeoisie réactionnaire de la social-démocratie opportuniste, qui sous les conditions de l’impérialisme prend la forme du social-chauvinisme : la défense de la patrie (bourgeoise), de la république (bourgeoise), de la démocratie (bourgeoise) etc. Vouloir cacher ou amoindrir les antagonismes des classes, les subordonner à une cause idéaliste, tel est l’attitude opportuniste qui pouvait se comprendre il y a 200 ans alors que le socialisme et la compréhension matérialiste de la société étaient encore confus, mais qu’on ne peut et ne doit pas pardonner à l’ère de l’impérialisme.

    Ici, le schéma opportuniste présente la France comme la patrie républicaine salvatrice face à l’Allemagne impériale belliqueuse. Or l’une comme l’autre représentent les intérêts d’une bourgeoisie encline à sacrifier en masse sa population pour sauvegarder sa puissance économique. Les Alsaciens à qui on promit la paix et le pain sous l’égide de la France déchanteront d’ailleurs bien assez vite en voyant leur culture et leur langue détruite et leur terre préparée à devenir un tombeau à ciel ouvert, un champ de bataille pour une nouvelle manifestation des monstruosités de l’impérialisme.

    Ces points permettent de mieux appréhender la question toujours actuelle des revendications autonomistes en Alsace notamment. Depuis le soviet de Strasbourg sous le mot d’ordre « Ni Allemands, ni Français, ni neutres », l’idée d’une Alsace indépendante a fait son chemin, mais nous devons soulever des positions erronées dans le mouvement autonomiste qui est aujourd’hui largement conduit par une petite-bourgeoisie locale frustrée du poids de l’État français qui pèse sur elle.

    « Ni neutres » c’est la partie importante de ce slogan, profondément prolétarien, qui refuse de substituer la domination d’une bourgeoisie locale à celle d’une bourgeoisie française ou allemande. L’autonomie du Peuple alsacien, c’est l’autodétermination du Peuple alsacien, autrement dit une Alsace aux mains des travailleurs et travailleuses d’Alsace, quelles que soient leurs origines d’ailleurs. Le prolétariat n’est pas « neutre » car il est international, et c’est sous son action révolutionnaire que tous les peuples pourront vivre libres, débarrassés du parasite bourgeois qui revendique haut et fort la liberté et l’autonomie et dans le dos prépare la guerre et la soumission au capital.

    MJCF 67 - Mouvement des Jeunes Communistes du Bas-Rhin

    Sources

    [1] “Un soviet à Strasbourg”, extrait du journal Politis, le Citoyen, 10/17.11.1988

    [2] “Novembre 1918, La République Soviétique d’Alsace”, par Adrien Courtinel

    [3] “Quand le drapeau rouge flottait sur la Cathédrale”, documentaire de 2009 écrit et réalisé par Jean-Noël Delamarre

    [4] “L’Alsace-Lorraine sous le joug”, discours prononcé par Maurice Thorez à la chambre des députés le 4 Avril 1933

    [5] “Ordre et désordre dans la fête : Les fêtes de réception des troupes françaises en Alsace en Novembre 1918”, Jean-Claude Richez


    Et puis au beau matin du 11 novembre, jour – pour nous – de commémoration des millions de sacrifié.e.s de tous les Peuples de l’État français, d'Europe et des colonies (declaration-du-11-novembre), un évènement... inattendu, c'est le moins que l'on puisse dire :


    Le Rot und Wiss flotte sur la cathédrale de Strasbourg !

    [Retour sur "les lignes en train de bouger" du côté des JC en Alsace]

    En ce matin du 11 novembre Strasbourg voit flotter sur la flèche de la cathédrale le Rot und Wiss, vraisemblablement hissé dans la nuit, action dont les auteurs ne sont pas encore identifiés (voir l'article de France Bleu Alsace [1]). Le drapeau rouge et blanc symbolise l'autonomie de l'Alsace, et c'est un symbole que se partagent à la fois les autonomistes alsaciens comme le parti Unser Land et les divers communistes ou militants de la gauche au sens large qui prennent position sur cette question. Un rapide exposé de notre position sur la question alsacienne est donné en 6ème point de nos textes d'orientation [2].

    L'action est donc fortement symbolique puisqu'elle se produit aujourd'hui où l'on célèbre le centenaire de l'armistice signé le 11 novembre 1918 qui consacre la fin de la Première Guerre mondiale. Cette date se place aussi dans le contexte des événements révolutionnaires de tout le mois de novembre en Alsace-Lorraine, qui verra la formation partout dans la région de conseils ouvriers et de soldats dont nous commémorions la naissance mercredi dernier [3]. En effet il y a 100 ans, c'était le drapeau rouge qui flottait sur la cathédrale ! Nous avons rédigé un article sur ces événements [4] dans lequel nous traitons de la question alsacienne plus en détail, et où nous exposons aussi notre position vis à vis des mouvements autonomistes alsaciens. Notre position est donc claire, l'Alsace ne souffre que d'une oppression économique et culturelle : celle de la classe capitaliste dont les intérêts s'expriment via l'État français. Ainsi nous revendiquons une autonomie de classe pour l'Alsace, dont la seule expression possible et pérenne est la construction du socialisme.

    Si donc nous sommes clairs sur nos désaccords avec la grande part des autonomistes alsaciens qui n'ont pas une position révolutionnaire prolétarienne et idéalisent une culture fixée de l'Alsace, nous soutenons la portée symbolique de cette action qui rappelle que le Peuple alsacien a autant souffert sous le drapeau français que sous le drapeau allemand. L'armistice signé le 11 novembre 1918 n'est pas une fin de la guerre offerte par la France et ses alliés aux peuples, ce sont les peuples eux-mêmes, et en particulier les travailleurs, qui se sont soulevés contre la guerre et ont permis d'y mettre fin, comme l'illustre la mutinerie de la flotte allemande qui lança un mouvement révolutionnaire dans toute l'Allemagne. La France n'a donc pas sauvé le Peuple alsacien de la guerre, et au contraire elle l'y plongera plus cruellement encore pour défendre ses profits en 1939.

    Nous exprimons donc le dégoût le plus sincère envers les représentants de la bourgeoisie française, libéraux et social-chauvins, dont la condamnation politique de cet acte sous prétexte d'un devoir de respect pour la date du 11 novembre est une offense au Peuple alsacien et à l'Histoire. Des propos tels que ceux tenus par Alain Fontanel, 1er Adjoint au Maire de Strasbourg chargé de la culture dans son tweet en réaction à cet événement [5] dénotent du caractère chauvin et volontairement ou non ignorant de l'Histoire. Célébrer le centenaire de l'armistice par le Rot und Wiss plutôt que par le tricolore est bien plus respectueux pour les milliers d'Alsaciens qui ont vécu la guerre, la disette, la négation de leur identité et la construction des champs de mort de la Seconde Guerre mondiale, dictées de concert par les États capitalistes qui aujourd'hui encore nourrissent le chauvinisme pour détourner la colère des opprimés.

    La paix ne vient pas d'en haut, elle vient d'en bas, et elle vient armée. Organise ta colère !

    MJCF 67 - Mouvement Jeunes Communistes du Bas-Rhin

    Sources :

    [1] Article de France Bleu Alsace daté du dimanche 11 novembre 2018 : "Le drapeau alsacien Rot un Wiss hissé illégalement sur la cathédrale de Strasbourg"
    https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/le-drapeau-alsacien-hisse-illegalement-sur-la-cathedrale-de-strasbourg-1541928836

    [2] Textes d'orientation adoptés à la Conférence fédérale du MJCF 67 (30 septembre 2017)
    http://uecstrasbourg.over-blog.com/2017/10/textes-d-orientation-adoptes-a-la-conference-federale-du-mjcf-67.html

    [3] Commémoration du centenaire du Conseil ouvrier de Strasbourg
    https://www.facebook.com/jc.basrhin/posts/1074118276082457

    [4] Notre article sur le centenaire du Novembre rouge alsacien : "Il y a 100 ans : le drapeau rouge"
    http://uecstrasbourg.over-blog.com/2018/11/il-y-a-100-ans-le-drapeau-rouge.html

    [5] Tweet du 1er Adjoint au Maire de Strasbourg chargé de la Culture, Alain Fontanel : https://twitter.com/AlainFontanel/status/1061536116443103232


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  • Un nouveau texte maoïste du Brésil, qui pousse encore un peu plus en avant l'analyse de la situation actuelle et des tâches des révolutionnaires.

    [Lire : sur-la-situation-au-bresil-un-article-maoiste]

    Il est ainsi expliqué que les élections, la "farce électorale" comme ils disent, n'ont été de toute façon que la comédie de ratification "démocratique" d'un COUP D’ÉTAT MILITAIRE RAMPANT déjà en cours depuis les soulèvements populaires de 2013-2014 et qui a conduit à la destitution de Dilma Rousseff en 2016, à l'emprisonnement de Lula etc. [brésil-coup-d-état-article-libé.pdf - brésil-régression-bastamag.pdf].

    Ce qui peut quelque part nous amener à nous demander si le fascisme "proprement dit", tel qu'on entend le mot au sens strict (Italie de Mussolini, Allemagne nazie etc.), n'a pas au fond toujours ou presque été cela : comment donner une façade civile et de "volonté générale", quand ce n'est pas carrément "révolutionnaire", à ce qui est en dernière analyse une prise de pouvoir de l'état-major pour éradiquer la "subversion" et/ou courir à la guerre expansionniste ; que ce soit en Italie, en Espagne ou au Portugal où il n'y a de toute façon eu (pronunciamiento et guerre civile de 1936-39, coup d’État militaire de 1926) ni élections ni même réel mouvement populaire fasciste de masse, en Allemagne même si ensuite dans le cours de la guerre mondiale l'armée "privée" du NSDAP, la Waffen SS, supplantera la caste militaire "traditionnelle", etc. etc.

    Et puis plus près de nous, en 2009, au Honduras dont nous avions beaucoup parlé aux débuts de Servir le Peuple : ayant déjà (de base) combiné sortie de l'armée dans les rues et vote parlementaire, le coup d'État contre le président Manuel Zelaya (qui s'était rapproché du Venezuela chaviste et du Brésil de Lula...) avait lui aussi été "avalisé" 5 mois plus tard par l'élection à la présidence de l'ultra-conservateur Pepe Lobo (avec là aussi une énorme "abstention", de refus de cette farce électorale mais aussi certainement de gens empêchés de voter), histoire de faire plus "propre", mettant ainsi fin aux sanctions internationales qui avaient dans un premier temps frappé le petit pays d'Amérique centrale.

    Autrement dit, donc, on n'y pouvait rien ; les choses étaient déjà décidées en "haut lieu" et une victoire (forcément d'une courte tête) du candidat social-réformiste n'aurait pas empêché à brève échéance, peut-être après une contestation des résultats et un début de Maïdan (des guarimbas - barricades - fascistes comme au Venezuela), et/ou une guerre de sabotage économique ou autre, un coup de force cette fois ouvertement militaire ; il ne servait donc à rien d'apporter une quelconque légitimité à cette mascarade en votant dans de telles conditions (si beaucoup parmi les 42 millions d'abstentionnistes l'ont été volontairement, souvent par déception vis-à-vis du PT, ou suivant les consignes des maoïstes là où ceux-ci ont une influence, il est également probable que, surtout dans le "Far West" de l'intérieur profond, beaucoup de gens ont été empêchés de voter, si ce n'est pas carrément forcés de voter Bolsonaro, dans des contextes locaux où il pouvait être plus difficile de voter Haddad que de voter HDP à Diyarbakir en juin dernier !).

    Ceci au-delà du fait que, disons-le une fois pour toute, la position marxiste-léniniste-maoïste face à ce type de situation se situe en effet en rupture avec la logique de Fronts populaires de l'Internationale communiste des années 1930, qui soit n'ont pas réussi à arrêter bien longtemps la montée du fascisme, soit n'ont dans tous les cas conduit qu'à la soumission des communistes au réformisme bourgeois et à ses pires tares (social-chauvinisme, colonialisme etc.). Lénine parlait de "soutenir (les réformistes) comme la corde soutient le pendu", mais la question mérite d'être posée de l'intérêt qu'il y a à soutenir un pendu, c'est à dire un corps mort ; et la corde qui le soutient, à notre connaissance, est passive, ne bouge pas et ne se consacre à rien d'autre... Sans compter que la social-démocratie de l'époque pouvait encore représenter, pour les masses de travailleurs, des conquêtes de bien-être immédiates d'un certain intérêt (bien que revenant aussi à les "acheter" et les "domestiquer") ; hypothèse sociale-démocrate peu ou prou disparue aujourd'hui (sous Lula dans les années 2000 on a pu observer une certaine amélioration de la situation des couches les plus pauvres, mais dès la décennie suivante l'économie "émergente" est entrée en crise et tout s'est rapidement dégradé ; c'est globalement sur un "modèle social" PT complètement moribond que Bolsonaro vient de remporter ce que les camarades appellent sa "victoire à la Pyrrhus").

    Et puis les Fronts populaires des années 1930 partaient déjà, pour commencer, de l'analyse qu'il y avait une bourgeoisie divisée : une fraction voulait restructurer le système en crise par le fascisme, l'autre par la social-démocratie. Si cette dernière ne pouvait l'emporter, faire pencher la balance en sa faveur qu'au prix de concessions énormes au mouvement communiste et aux travailleurs, il pouvait peut-être à la rigueur y avoir un coup à jouer... Mais que dire si, de toute évidence, on a une bourgeoisie qui a en écrasante majorité choisi son camp et qui dans tous les cas passera en force si d'aventure la petite fraction démocrate-humaniste-sociale-libérale pouvait se prévaloir d'une légère majorité des masses populaires (comme dit dans notre précédent article, le vote Bolsonaro n'est pas un vote populiste protestataire dans lequel le système enferme confortablement "les petits, les sans-grades" qui autrement risqueraient d'être révolutionnaire : il est, comme le vote Sarkozy en 2007, un clair vote de classe, un vote intrinsèquement lié à la propriété, d'autant plus massif que les gens possèdent un patrimoine ekladata.com/bolsonaro.jpg et bien entendu, dans un pays qui n'est rien d'autre qu'une colonie devenue "indépendante", un patrimoine qui va généralement de pair avec la clarté de la peau ou du moins un certain degré d'"européanité culturelle" carte-raciale.jpg carte-résultats.jpg...) ?

    Nous savons (nous en avons déjà rencontré) qu'il y a des gens pour qui ces camarades maoïstes, "dont on aimerait savoir - d'ailleurs - ce qu'ils représentent réellement sur le terrain", seraient des "irresponsables" qui "préfèreraient" pour ainsi dire que "le peuple souffre" pour qu'ait enfin lieu "leur sacro-sainte guerre civile révolutionnaire" (souvent sur le ton typiquement postmoderne d'essayer d'arracher des larmes sur le dos des "opprimés" et de faire passer les révolutionnaires pour des monstres sans cœur). Mais alors, ces gens ne sont en réalité même pas des kautskystes... Car pour le socialiste allemand Karl Kautsky, l'idée était qu'à force de victoires électorales et de réformes votées par la social-démocratie, la Réaction bourgeoise abolirait sa propre pseudo-légalité "démocratique" et descendrait sur le terrain de la guerre civile, mettant la révolution à l'ordre du jour. Autrement dit, même pour celui qui est considéré aujourd'hui comme le père spirituel du "socialisme démocratique" réformiste, JAMAIS il n'a été question que le "changement pour de bon" survienne sans passer par une phase de grande violence de la part de privilégiés ne voulant rien lâcher, violence à laquelle le peuple exploité devra répondre.

    JAMAIS à cette époque (ni encore bien après) il n'était considéré par PERSONNE que l'on pourrait, en votant encore et encore pour ce qu'on appellera "la gauche", éviter ad vitam æternam jusqu'à la liquidation complète de toute exploitation et oppression que les exploiteurs, les dominants, les possédants menacés ne lancent lorsqu'ils le jugent nécessaire (éventuellement enrobée de mobilisation réactionnaire de masse) une violente contre-offensive pour préserver leurs intérêts, qu'il n'y aura alors d'autre choix que d'affronter par une supérieure violence. C'est dire, un peu, le niveau auquel est tombé (pour ne pas dire s'est effondré) le gauchisme "radical" occidental d'aujourd'hui, tout à ses geignements postmodernes sur "les z'opprimé-E-s" gna gna gna, quand on voit le type d'arguments que rencontre, lorsque nous la faisons connaître, la position de boycott de la "farce électorale" brésilienne exprimée et explicitée ci-après...

    Enfin, le champ lexical du texte (notamment les références récurrentes au peuple "et à la nation") laissent à penser que la "victoire électorale" - ratification "démocratique" d'un coup d’État militaire de Bolsonaro est en partie analysée comme une invasion impérialiste, en tout cas la mise en place d'un gauleiter US au Brésil ; s'inscrivant dans ce que nous avons pu analyser comme la grande accélération en cours de la Quatrième Guerre mondiale non-déclarée qui dure depuis la fin de la Troisième (la "Guerre froide") en 1990.

    Sur la situation au Brésil : nouvel article d'A Nova Democracia

    https://anovademocracia.com.br/no-217/9831-o-fim-de-um-sistema-politico-podre-e-a-vitoria-de-pirro-de-um-fascista

    La fin d'un système politique pourri et la victoire à la Pyrrhus d'un fasciste


    Jamais, dans toute l’histoire du Brésil contemporain, la farce que représentent les élections n’était apparue aussi clairement au grand jour. Tel est le stade avancé de putréfaction de tout le système politique de gouvernement du vieil État de la grande bourgeoisie et des propriétaires terriens, serviteurs de l’impérialisme, principalement US. Tout est en décomposition accélérée. Ceci a été démontré par le fait même que les deux candidats au second tour de l'élection présidentielle ont été massivement rejetés : au-delà du fait que 42 millions de personnes ont boycotté le scrutin, la majorité de ceux qui ont voté l'ont fait non pas par adhésion au candidat de leur choix ou à ce qu'il disait défendre, mais uniquement par rejet de la figure du candidat adverse. Ceci est dû au très faible niveau de la campagne, en plus de tout le cirque des horreurs, de la corruption, de la négligence, du cynisme, du crétinisme, des mensonges, de la supercherie et de toutes les sortes de bassesses qui ont toujours caractérisé toutes les farces électorales.

    Se tenant dans un contexte de crise politique prolongée, ces élections n’ont été considérées par personne de sensé comme un enjeu en tant que telles. Le temps de "l’union, de la paix et de la tranquillité" vanté par le nouveau président élu, ses partisans et tout le monopole de l’information est loin d’être arrivé, bien au contraire. La gravité de la crise politique, qui s'exprime dans la lutte acharnée des forces politiques ne peut s’expliquer uniquement par les passions idéologiques de celles-ci en tant que telles. Il s’agit plutôt d’un conflit de plus en plus violent entre groupes au pouvoir, représentant les fractions des classes dirigeantes locales pour le contrôle et l’hégémonie au sein de la machine étatique. Cette lutte entre fractions sert à décider, d’un côté, qui perdra le moins dans la grave crise économique que connaît le pays. Elle permet aussi de décider des moyens qui seront employés pour restructurer le vieil État afin de conjurer cette crise et ré-impulser le capitalisme bureaucratique dépassé et menacé d'effondrement.

    Cet affrontement, hier entre le PT et le PSDB, et lors de cette élection entre le PT et Bolsonaro, a été revêtu d'une pseudo polarisation artificielle entre respectivement gauche et droite hier, et gauche et extrême droite aujourd'hui. Tous les partis et leurs candidats s’accusent mutuellement de tous les maux mais de fait, ne se contredisent que sur les questions de société ; car en dehors de cela tous sans aucune exception ont défendu et pratiqué, au niveau tant exécutif que législatif, avec seulement des différences de nuances dans la forme, la même politique économique dictée et imposée par l’impérialisme yankee, ainsi que par le maintien de ce système d'exploitation et d'oppression du peuple et d'assujettissement de la nation.

    Sur la situation au Brésil : nouvel article d'A Nova Democracia

    Un bon exemple en a été donné lors de ces élections par Bolsonaro, qui accuse le PT de vivre de mensonge mais qui a menti stupidement en le qualifiant de "gauche" et même, dans son délire, de "communiste"... Le PT n’a absolument rien de "gauche", et bien évidemment encore moins de "communiste" ; pas plus d'ailleurs que les révisionnistes du PCdoB qui le soutiennent. Cette pseudo "gauche" a gouverné pendant 14 années en appliquant la même politique que le PSDB ; politique que Bolsonaro va à présent appliquer de façon plus radicale.

    Le PT a gouverné en cooptant les mouvements populaires afin de les domestiquer et de les soumettre au "pacte" social pour ainsi amortir la lutte des classes. Il a, dans ce but, usé tant de l’assistanat "social" trompeur que de la répression brutale contre les organisations combattives de classe qui refusaient la complaisance avec lui. Tout ceci n'a été que tromperie et illusion que la crise du capitalisme bureaucratique a jetée à terre. Les classes dominantes exploiteuses n'ont, en réalité, fait qu'utiliser le PT pour freiner la lutte des classes ; puis l'ont jeté après usage comme un kleenex. Tout n'a été qu'une gigantesque enfumade : faire croire aux masses populaires que l’on pouvait améliorer la vie sans toucher aux moindres privilèges de la canaille qui parasite notre peuple et notre nation ; une enfumade se faisant passer pour "de gauche", conte de fée alimenté par le monopole médiatique d'opposition et la Réaction anticommuniste fanatique désormais au pouvoir.

    L'échec du PT et de ses gouvernements a donc fini par arriver, au bout du compte, comme avant lui celui du PSDB de Cardoso [président de 1995 à 2003] ; en simplement plus grave car venant postérieurement, mais cela aurait été la même chose avec n’importe quel autre parti politique bourgeois. L’échec et la crise seront encore plus violents avec les prochains gouvernements qui se succèderont. Il n'a pas été difficile pour la Réaction, la Rede Globo [chaîne de télévision créée sous la dictature militaire, et bien évidemment farouchement d'opposition tout au long du règne du PT] en tête, prenant appui sur le furieux mécontentement et les protestations des classes populaires mais surtout sur les cris des dites "classes moyennes" et leurs "manifestations civiques" contre la corruption, de rendre le PT responsable de tous les maux accumulées depuis des décennies voire des siècles, entamant ainsi sa base de "gouvernabilité" – qui, tétanisée par l’opération Lava Jato et cherchant à l’étouffer, a serré les rangs pour la destitution de Dilma Rousseff.

    Ainsi a été fabriqué le bouillon de culture pour la vague réactionnaire que nous connaissons actuellement, transformée ensuite en la bolsonarade manipulée idéologiquement avec la déroute de la gauche et se concluant finalement dans la farce électorale pour apporter, trompant une nouvelle fois le peuple, la légitimité du suffrage populaire au coup d'État militaire contre-révolutionnaire.

    De la même façon que les gouvernements antérieurs, celui de Bolsonaro échouera, tout comme ceux qui suivront. L’élection du capitaine en retraite depuis 28 ans est une victoire à la Pyrrhus remportée au cri de bataille d’Itararé [bataille qui n'a jamais eu lieu, au cours de la "révolution" de 1930, NdT]. Elle n'a été que l'aboutissement d'un processus déclenché par l’intervention militaire, afin de donner à celle-ci une légitimité face à la nation ; tandis que la base de toute la situation actuelle n'est autre que la décomposition accélérée du capitalisme bureaucratique sur ses bases viciées et pourries, au sein de la crise générale de l'impérialisme mondial.

    Sur la situation au Brésil : nouvel article d'A Nova Democracia

    Cette crise ne peut faire que s'aggraver étant donné qu'à son épicentre réside la crise de décomposition de l’impérialisme US, dont les soubresauts de la Bourse de New York font trembler toutes les bourses du monde, annonçant de nouveaux et plus grands encore effondrements. Les affrontements inter-impérialistes grandissants, principalement de la superpuissance hégémonique unique US et de ses alliés contre la superpuissance nucléaire russe et ses alliés, laissent présager une exploitation accrue des travailleurs et un pillage toujours plus grand des pays opprimés.

    Afin de faire face à la grave crise générale traversée par notre pays, les impérialistes US se sont mis d'accord avec la Réaction intérieure pour instaurer un régime fort, militaire, déguisé le plus possible en démocratie, qui leur est nécessaire pour imposer au peuple et à la nation cette plus grande exploitation, la dépossession de leurs droits restants et le pillage encore plus effréné des richesses naturelles.

    Dans cette situation cependant, à la différence de 1964, les yankees ne seront pas en mesure d’apporter le moindre dollar pour sortir le pays d’une telle crise économique : ils ne contribueront que militairement à la contre-révolution, comme ils ont déjà commencé à le faire en envoyant des centaines de véhicules blindés à l’Armée réactionnaire brésilienne.

    La révolte des masses, qui a déjà commencé, se retournera inéluctablement contre le vieux système pourri d'exploitation et d'oppression tout entier.

    RÉVOLTE POPULAIRE ET COUP D'ÉTAT MILITAIRE CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRE PRÉVENTIF

    Le cours récent de l'histoire du pays, fait de crise économique, sociale, politique et morale d'un système obsolète, a été également marqué par de croissantes révoltes populaires contre l'exploitation et la violence du vieil État latifundiaire-bureaucratique. Bien qu'encore dispersées, mais tendant à s'unifier, comme on a pu le voir lors des évènements de de 2013-2014, les luttes des paysans pour la terre, les grèves de travailleurs et autres employés, comme celle des camionneurs, ont depuis un bon moment déjà allumé le voyant rouge d'alerte des gardiennes du système, à savoir les Forces Armées réactionnaires. Par le biais de leur Haut Commandement, elles ont ainsi mis en œuvre un plan de coup d’État militaire contre-révolutionnaire préventif censé anticiper le soulèvement général des masses, entre collusions et affrontements internes – divergences et luttes entre l'extrême-droite et la droite – pour définir comment l'opérer, pour terminer par se mettre d'accord autour de sa ratification à travers la farce électorale, avec le général Mourão au poste de vice-président.

    De par la nature et les antécédents historiques de ces secteurs réactionnaires, il n'y aurait même rien de saugrenu à voir dans l'attaque au couteau contre Bolsonaro un coup monté pour susciter l'émotion et justifier la suspension des élections et une intervention militaire. En tout cas, quelle qu'ait été l'intention, le résultat s'est avéré encore meilleur tant cet attentat manqué l'a positionné en victime et a propulsé sa candidature.

    Pour autant, la crise non seulement va se poursuivre mais va s'aggraver de manière explosive. Aucun gouvernement issu de la farce électorale qui vient de se tenir n'est susceptible d'y mettre un coup d'arrêt, et de sortir le pays de l'ornière dans l'immédiat ni même à moyen terme. La crise, en débouchant sur l'établissement d'un régime "militaire en civil" et soi-disant issu des urnes, ne fait que sceller l'échec total d'un système de gouvernement corrompu sans pour autant pouvoir mettre fin à la corruption endémique du vieil État, inhérente à l'ordre semi-colonial et semi-féodal.

    Une telle issue, en tant que mouvement contre-révolutionnaire préventif, place de fait les Forces Armées au centre du jeu et ainsi la crise ira peu à peu frapper au cœur même du système, engendrant une situation qui pourra se transformer en plus grande crise militaire encore, répression généralisée et massacres à grande échelle et en conséquence opposition à la violence réactionnaire par une plus grande violence révolutionnaire, une guerre civile révolutionnaire.

    ÉLEVER LA RÉSISTANCE POPULAIRE À UN NIVEAU SUPÉRIEUR

    Face à la situation de grand danger d'une violente révolte populaire, le plan impérialiste US de renforcer la militarisation du continent, au-delà de ses bases militaires de Colombie et du Pérou – comme nous pouvons déjà le voir dans notre propre pays avec les activités de hauts fonctionnaires yankees prétendument face au problème migratoire vénézuélien, et sur le plan militaire, sous couvert de "coopération scientifique" autour de la base d'Alcântara – se combine avec le coup d'État militaire en cours. La stratégie de long terme de ce plan est d'attiser et provoquer des conflits frontaliers (déjà au programme avec le Venezuela, et à l'avenir avec la Bolivie) pour les faire évoluer en guerres réactionnaires de plus grande ampleur servant de prétexte à des interventions militaires indirectes par l'intermédiaire de "forces multilatérales de pays" de l'OEA, de l'ONU etc., généralisant ce type de conflits pour camoufler la nature de classe des crises internes aux pays comme le nôtre, détournant l'attention afin de conjurer le péril de la révolution démocratique, nécessaire et inéluctable. Les étincelles des révoltes populaires, transformées en incendie révolutionnaire pourraient en effet bien se répandre à travers tout le continent sud-américain.

    Les véritables révolutionnaires de notre pays doivent rapidement élever leur niveau d'activité dans la mobilisation, la politisation et l'organisation des bases populaires, pas à pas, et tous et toutes les activistes dévoués aux intérêts du Peuple et de la Patrie doivent abandonner dès à présent leurs illusions réformistes et se préparer sérieusement à une lutte révolutionnaire dure et prolongée, pour combattre la Réaction mesure après mesure en élevant constamment les niveaux d'organisation de l'avant-garde et des masses.

    À bas la Réaction et le fascisme !

    Yankees go home !

    Vive la Révolution de Nouvelle Démocratie !

     

    Sur la situation au Brésil : nouvel article d'A Nova Democracia


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  • Ce samedi 27 octobre 2018, deux rassemblements ont eu lieu en Occitània pour l'autodétermination du Peuple kanak.

    http://nosinfo.org/index.php/internacionalisme/item/817-kanaky-rassemblements-en-occitania

    Plusieurs organisations étaient représentées, il y a eu des prises de parole du PIR, de Kanaks et de l'ODPO (voir ci-dessous).

    À notre connaissance, il y a eu pour le moment des rassemblements de soutien pour la Kanaky uniquement à Paris (en septembre), en Occitània et en Corse...

    Rassemblements de solidarité avec #Kanaky en Occitània

    Discours n°1 :

    "Le 4 novembre prochain, les habitants de Kanaky iront voter pour un référendum qui determinera si celle-ci doit devenir un nouvel État indépendant.

    [http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/kanaky-rassemblement-tolosatoulouse-a148453838]

    Soyons clairs : les dés sont pipés, la Kanaky est une colonie de peuplement où le Peuple kanak est devenu minoritaire sur sa propre terre. L’impérialisme français a d'autre part beaucoup à perdre, l’île détient en effet entre 20 % et 30 % des réserves mondiales connues de nickel et elle augmente sa zone économique exclusive (ZEE) maritime de 1,5 millions de km². C’est donc un pivot de l’impérialisme française dans le Pacifique. Tout porte donc à croire que ce référendum n'existe que pour être perdu. Nous ne croyons plus à l’"humanisme" de la République depuis longtemps.

    Quoi qu’il en soit nous ne prendrons pas parti dans la stratégie des différentes organisations indépendantistes kanaks, nous n’en avons pas la prétention, nous tenons plutôt à apprendre de leurs luttes.

    Nous sommes ici pour affirmer que la Kanaky doit être indépendante, c’est un droit inaliénable. L’État français doit quitter le Pacifique et toutes les régions du monde. Nous sommes ici pour affirmer notre soutien sincère et plein aux masses kanaks en lutte. Nous tenons à saluer ce peuple millénaire qui n’a jamais cessé de lutter avec dignité contre le colonialisme, la barbarie et l’impérialisme.

    Les évènements de la grotte d’Ouvéa (1988) ont montré le vrais visage de la République, celle d’un système qui n’hésite pas à torturer, massacrer pour maintenir son pouvoir.

    Il devrait avoir des dizaines de rassemblement dans tout l’État français pour soutenir l’indépendance, mais la gauche est absente. Elle ne veut pas s’attaquer au pré carré français, pas toucher à l’impérialisme, pire, elle le défend ! La vérité c’est qu’elle profite des royalties que procure l’impérialisme et peu importe que tout cela provienne du pillage de masse des pays dominés.

    Nous voulons dire à tous nos camarades kanaks que nous soutiendrons leur combat peu importe le chemin qu’il prendra. Nous voulons aussi leur dire que nos portes leur seront toujours ouvertes s'il en est besoin."

    Rassemblements de solidarité avec #Kanaky en Occitània

    Discours n°2 :

    "J’aimerais poser 3 questions aux Toulousains ici présents :

    - Savez-vous que signifie Basso Cambo, le Miralh, Esquirol, les Trois Cocus, Empalot, Balma, les Argoulets etc ?

    - Qui connait Raimon Trencavel, Bernard Délicieux, Pierre de Brugère, Joan Cavalier, Pierre Grellety, Ailhaud de Volx ?

    - Qui sap un drin la lenga nosta aquiu ? Arres ?

    Voilà trois questions pour démontrer l’entreprise de dénationalisation et d’aliénation que connait notre peuple. Il y a 100 ans j’aurais fait ce discours totalement en occitan et tout le monde aurait compris, originaire d’ici ou d’ailleurs. Il y a 100 ans tout le monde parlait occitan.

    Ce n’est pas un accident de l’histoire, une erreur, ou bug mais le résultat de deux choses :

    - La première, la conquête politico- militaire de l’Occitània par les Français commencée lors de la Croisade il y a 800 ans ; conquête qui a permis de donner le jour à l’État français moderne et ouvert la porte de l’Afrique et de la colonisation.

    - La seconde : l’application d’une politique pensée, planifiée, organisée par l’État français, depuis le XIXe siècle, visant à faire disparaître la communauté linguistique occitane et donc notre nation. Cet acte politique porte un nom : cela s’appelle un ethnocide.

    En République française, l’ethnocide est "progressiste". On détruit l’occitan pour que nous soyons tous égaux ! C’est au nom de l’égalité, de la laïcité et contre le communautarisme qu’on détruit une culture, une langue vieille de mille ans. Qu’on aliène un peuple qui ne sait même plus ce que signifient ses noms de familles, ou les noms de ses villes, de ses rues, de ses montagnes. Bref son univers proche. On bâtit une histoire totalement étrangère et bien souvent mensongère aux gens d’ici.

    François Hollande nous disait dans un discours qu’il n’y a pas d’accès à la culture, au jugement, si on ne maîtrise pas le français. Voilà un homme de gauche assurément français. Voilà le colonialisme, l’impérialisme le plus violent et immonde, celui qui se pare du progrès.

    La répression linguistique, culturelle, nationale de fait, le mensonge historique sont constitutifs de la République française, car elle est née sur la négation du fait multinational de l’Hexagone. Une République dominée par la bourgeoisie française qui s’est fortifiée dans la colonisation outre-mer. Nous sommes toujours au temps de la 3e République de Jules Ferry, où il fallait imposer le français en métropole et soumettre par la force, le pillage, les massacres, les nations d’Afriques et d’Asie. Notre ethnocide en cours n’est qu’une des multiples facettes de la construction de l’État français, bâti sur le génocide colonial, sur les guerres de rapines impérialistes et la répression de la classe ouvrière.

    Il n’est qu’une facette de l’oppression et de l’impérialisme. Mais tout cela ne serait pas si grave si la "gauche", et j’y mets des guillemets, n’avait pas adhéré volontairement ou tacitement à ce projet. Que de mépris n'avons-nous pas reçu, nous défenseurs des "patois arriérés" ! Que de regards de pitié pour ce combat, dans la glorieuse capitale universelle des droits de l’homme ! On ne voudrait tout de même pas revenir en arrière ! Non, assurément pas.

    Mais voilà, les temps changent... La crise mondiale du système impérialiste provoque une crise de civilisation, une crise identitaire. La France est dans la tourmente, elle se disloque. Et quand il y a le feu on appelle le pompier social-démocratie, la gauche ressort les drapeaux tricolores, la Marseillaise ! Vite, les musulmans veulent bouleverser notre mode de vie ; « nous sommes tous Charlie » ; à bas la province qui veut balkaniser la France ! À bas le drapeau rouge, vive le Peuple français intercontinental de Paris à Nouméa.

    On fabrique des ennemis intérieurs : la France puissance nucléaire est menacée par le hallal à la cantine. Les défenseurs des langues nationales piétinées sont des agents de l’Allemagne. Rien d’étonnant, en réalité, dans un pays ou Eric Zemmour est considéré comme un intellectuel.

    La propagande est puissante, violente, elle est déversée quotidiennement dans les médias. Et pourtant des dizaines milliers de gens ont voté pour Occitanie comme nom de région, certes seulement un tiers de notre nation mais quand même ! Nous avons eu 5 grandes manifestations de masse, 35 000 personnes ont défilé à Tolosa en 2012 pour la langue occitane ! Nous sortons lentement mais sûrement de notre torpeur.

    Quiconque accepte cet ethnocide est du côté de l’oppression nationale, du côté de la préservation de l’État bourgeois et de la domination impérialiste. Nous ne pouvons construire une nouvelle maison sur des fondations aussi pourries, il faut tout raser, réétudier les plans et rebâtir. Rien ne pourra se faire sans l’acceptation que la France est multinationale et qu’il y a une nation occitane qui a le droit de vivre, de s’emanciper, de s’autodéterminer.

    Nous premiers indigènes des Français, nommés ainsi dans les Statuts de Pamiers en 1212, statuts de type colonial visant à régir la société occitane fraîchement conquise, nous tendons la main, ou plutôt notre poing aux derniers, nous l’espérons, des indigènes.

    Nous tendons notre poing à tous ceux et celles qui veulent en finir avec l’impérialisme français aux quatre coins du monde, de Nouméa au 93, de la Castelana à Pointe-à-Pitre ! Nous devons nous unir, nations sans État, peuples sous domination coloniale directe, indigènes d’Hexagone et bien sûr le prolétariat blanc 100 fois trahi par les bateleurs de foire.

    Il y a une autre chose que nous partageons avec l’immigration coloniale : la légitimité très forte de nos luttes. Nous comme pòple començèt, peuple premier de cette terre ; et vous les indigènes comme peuple sur le dos duquel s'est bâtie la richesse de ce pays.

    Je voudrais citer et paraphraser Houria Bouteldja, militante du Parti des Indigènes de la République, des camarades, des sœurs et des frères, et l'un de nos vrais soutiens honnêtes, car désintéressé : "Assumons la rupture, la discorde, la discordance. Gâchons le paysage et annonçons des temps nouveaux. Décidons de ne pas imiter, d’inventer et de nous sourcer ailleurs".

    Ils nous disent 1789, répondons 25 juin 1218, jour de la mort de Simon de Montfort !!

    Oui les temps nouveaux sont arrivés, ayez confiance, ayez foi dans la justesse de nos combats ! Ne tremblons pas devant l’ennemi car rien n’est éternel ; hier, Tamanrasset c’était "la France" ; l’Occitanie sort de sa torpeur, alors rejoignez-nous pour bâtir un nouveau pays pour un nouvelle vie !

    Vive la Nation occitane indépendante.
    Vive la République populaire d'Occitanie.
    Vive le socialisme !
    Vive la Kanaky !
    Vive la lutte indigène !
    À mort l’impérialisme !"

    Source : odpo.org

    Rassemblements de solidarité avec #Kanaky en Occitània

    Toulouse, rassemblement pour la #Kanaky du 27/10/2018,
    Parti des indigènes de la république
    Intervention de Kossi Paul

    A émergé pendant la campagne du référendum en Kanaky une polémique quant à la constitution des listes électorales. Les critères d'inscription sur les listes électorales mis à jour pour l'occasion ont permis de réduire considérablement le poids politique du Peuple kanak. Si certains se scandalisent (à raison) de cet effort évident de minorisation politique de nos frères kanaks, n'est il pas qu'une énième manifestation de la politique coloniale de l'état français ?

    En 1950 déjà, au lendemain de la départementalisation d'une partie des colonies d'outre-mer, la loi du 30 juin instaure une indexation de la rémunération des fonctionnaires civiles et militaires dans les colonies, consacrant ainsi le privilège économique des membres de l'administration coloniale. En 1957, ces taux sont revalorisés pour atteindre en Guyane 40% de plus que le salaire de métropole, 175% en Polynésie et entre 73 et 93% selon les communes en Kanaky, ceci donc à l'aube du coup d'état qui mènera à l'avènement de la Vème République. Cette volonté d'encourager les métropolitains à venir participer à l'entreprise coloniale s'adresse aussi au reste de la population. Celle-ci est ainsi encouragée à prendre sa retraite dans les DOM-TOM pour profiter de jusqu'à 75% de majoration de sa pension. En Polynésie, pas d'impôt sur le revenu. Des cadeaux fiscaux énormes sont aussi offerts aux investisseurs français, notamment par la loi Girardin. Cette loi encourage particuliers et entreprises à contribuer à la main mise sur l'immobilier contre une réduction d'impôt qui varie entre 25 et 64% de la valeur du bien neuf pour les particuliers et jusqu'à 50% (voire 60% dans les TOM). Ainsi, fonctionnaires, civils, retraités, investisseurs et entreprises : c'est l'ensemble de la population française qui est invitée à se repaître des fruits de l'exploitation coloniale.

    Du côté des populations colonisées, cette minorisation ne se vit pas que sur le plan électoral. Quand bien même les natifs et autres descendants d'Africains déportés restent les groupes majoritaires, l'essentiel du pouvoir économique est concentré dans la main des descendants de colons et des métropolitains. Avocats, fonctionnaires de police, exploitants agricoles, médecins, juges… La majorité de ces fonctions restent dans les mains des agents du colonialisme. Et "toupannan"(pendant) que l’étendue du privilège colonial s'accroît, face au chômage, au manque d'établissements de formation et au carcan économique colonial, l'émigration des indigènes aussi. Au point de causer, en Martinique par exemple, dépeuplement et vieillissement de la population locale (vieillissement d'autant accru par l'arrivée en masse des retraités français).

    C'est dans ces contextes de marginalisation économique et politique nauséabondes qu'ont eu lieu les référendums concernant l'indépendance ou l'autonomie des colonies françaises. Mais l'heure de nous-mêmes a depuis longtemps sonné ! Malgré ces facteurs, le Peuple kanak constitue encore la communauté la plus importante en Kanaky.

    Quel que soit le choix stratégique entre participation massive au scrutin ou boycott, le Parti des Indigènes de la République soutient de façon inconditionnelle la résistance au joug colonial et la lutte pour l'indépendance du peuple de Kanaky.

    Rassemblements de solidarité avec #Kanaky en Occitània

    Toulouse, rassemblement pour la #Kanaky 27/10/2018
    Parti des indigènes de la république
    Intervention de Hammel Julien

    Il faut toujours se méfier des référendums sur l’indépendance des colonies occupées par la fRance.

    Un peu d’histoire, revenons aux référendums sur l’indépendance des Comores en 1974. Le résultat pour l'indépendance est de 99 % à Mohéli, Anjouan et en Grande Comore. Mayotte vote, à plus de 63 %, pour le maintien dans la République (française). Globalement, au niveau de l'archipel, 95 % des votants se déclarent pour l'indépendance. Les partisans de l'indépendance pensaient que la France se conformerait au droit international concernant l'indivisibilité des entités coloniales. Le secrétaire d'État français aux DOM-TOM justifiait, le 26 juillet 1974, l'organisation d'une consultation globale dans l'archipel en disant qu'« on ne peut concevoir une pluralité de statuts pour les différentes îles de l’archipel ». Toutefois, la France, après la tenue de la consultation, ne va pas interpréter les résultats globalement mais île par île, pour des raisons tant politiques que juridiques. On peut citer par exemple que : l'entité du territoire n'a été formée qu'à partir de 1946, voire 1961 pour certains ; l'article 1er de la loi précise « les » population et non pas « la » population, ce qui justifierait l'interprétation du résultat île par île ; en mars 1975, une délégation de parlementaires se rend sur place, et son rapport met en avant l'article 53 de la Constitution de 1958 qui précise que « Nulle cession, nul échange, nulle adjonction de territoire n'est valable sans le consentement des populations intéressées ». C'est l'argument principal qui va être utilisé par le gouvernement français pour traiter à part le cas de Mayotte. Cette interprétation a été fortement discutée par les juristes. Ils ont débattu d'une part de la possibilité d'appliquer cet article à une sécession, d'autre part de la qualification de Mayotte comme « territoire » au sens de cet article alors que ce n'était qu'une partie du Territoire des Comores. Le Parlement entérine la décision du gouvernement de Jacques Chirac de suivre cet avis le 3 juillet. Le 6, Ahmed Abdallah déclare unilatéralement l'indépendance de l'État des Comores indépendantes. Pas pour longtemps, car le 3 août 1975, il est renversé par un coup d'État organisé par Ali Soilih et le mercenaire français Bob Denard sur l'île de la Grande Comore.

    L’impérialisme français ne respecte pas les résultats des urnes quand il s’agit de préserver ses intérêts impérialistes. La Kanaky détient presque 40% des ressources mondiales de nickel, donc l’impérialisme français et ses alliés ne se laisseront pas faire, et risque après l’indépendance de la Kanaky, de fomenter un néo-colonialisme et un néo-impérialisme de type génocidaire comme ce qui se passe au #Kongo depuis la fin du XXe siècle.

    Rassemblements de solidarité avec #Kanaky en Occitània

    Rassemblements de solidarité avec #Kanaky en Occitània


    2 commentaires

  • [Texte écrit avant, mais déjà dans la perspective certaine de l'élection de Bolsonaro, qui vient donc de remporter la présidence fédérale du Brésil par 55% des suffrages exprimés (plus de 30% - 40 millions ! - d'abstentions ou de votes blancs ou nuls).]


    http://nosinfo.org/index.php/rubricas/politica/item/819-analyse-de-la-situation-bresilienne-ce-n-est-que-le-point-de-depart-apenas-o-ponto-de-partida

    Ce n'est que le point de départ (Apenas o ponto de partida)

    Igor Mendes

    https://anovademocracia.com.br/noticias/9763-apenas-o-ponto-de-partida 

    Sur la situation au Brésil - un article maoïste

    Ne pas participer à la farce électorale, ne pas légitimer ce grotesque jeu aux dés pipés, est la seule réponse qui prépare le terrain aux luttes de demain.

    Le premier tour des élections a consacré la nette victoire de Jair Bolsonaro (PSL), obtenant quelques 49 millions de suffrages, sur Fernando Haddad du PT. Dans les États fédérés, les alliés de la première ou dernière heure de l'ancien capitaine ont souvent réussi une rapide ascension face à leurs concurrents et détrôné quelques figures de proue de la politique traditionnelle du pays. Chefs d'entreprises, juges, militaires pullulent à présent comme représentants de la "nouvelle politique" avec la bénédiction de Dieu, de la Bourse et de l'évêque Edir Macedo (mais pas forcément dans cet ordre).

    Quelle hypocrisie ! Ce sont ces bureaucrates, ces entrepreneurs nouveaux riches qui piétinent au quotidien le peuple le plus pauvre dans les terribles engrenages juridiques, policiers et administratifs du vieil État réactionnaire. Si les parlementaires corrompus rédigent les lois, ce sont ces messieurs soi-disant "éthiques" qui les font appliquer à fer et à feu contre les masses populaires, pendant qu'ils jouissent de salaires exorbitants et de toutes sortes d'avantages financés par ce même argent public dont ils se prétendent gardien. Derrière cette façade "respectable" s'abritent d'anciens producteurs de films pornos, des tueurs professionnels ou encore des politicaillons du petit clergé, dans le spectacle abject qu'est devenue la politique officielle du pays.

    La vérité est qu'une partie importante des masses, faute de trouver une alternative qui représente clairement ses intérêts et assommée par des années de récession et de sous-emploi, a pu se laisser attirer par les sirènes de ceux qui parlent le plus fort contre "tout ça". Ceci nous est démontré par le fait que tous les principaux partis de la "Nouvelle République" [depuis la fin de la dictature militaire, 1985, NdT], et non moins voire plus que les autres le PT, ont subi la défenestration de leurs vieux caciques et une perte considérable de sièges dans le législatif comme l'exécutif [il faut aussi rappeler à ce stade que le PT a été poussé dans la tombe, au bord de laquelle l'avaient mené 13 ans de gestion "de gauche" du capitalisme semi-colonial, par le coup d'État parlementaire de 2016 et la persécution judiciaire de ses principaux dirigeants]. Il est également nécessaire de souligner que quelques 30% de l'électorat, 40 millions de personnes, ne se sont pas présentées devant les urnes ou ont voté blanc ou nul, taux le plus important depuis des décennies [dans un pays où le vote est obligatoire NdT]. Ceci montre sans équivoque l'illégitimité de ces élections, comme institution capable de représenter réellement la volonté populaire.

    De fait, lorsque nous voyons la Bourse monter et le taux de change du dollar baisser face à la monnaie nationale à mesure que Bolsonaro progresse dans les prévisions, il apparaît clairement que le "marché", ce gouvernement invisible, a déjà choisi son camp. Ce qui vient corroborer la thèse, depuis toujours défendue dans nos colonnes, que les élections ne sont rien de plus qu'un grotesque jeu aux dés pipés.

    En définitive, quelle est la signification de la victoire promise du duo Bolsonaro-Mourão ?

    Il faut d'abord le dire fermement : ce sera une victoire à la Pyrrhus, pour la simple et bonne raison que leur gouvernement représentera des intérêts diamétralement opposés à ceux de l'immense majorité du peuple brésilien. Bien qu'il puisse, à court terme et de prime abord, présenter une apparence de solidité, s'appuyant sur un Congrès National caractérisé par son inertie vis à vis de quiconque occupe le Palais présidentiel, il ne tardera guère à être démasqué. Deux types de contradictions minent d'ores et déjà la chape de plomb ultra-réactionnaire : celles entre la cupule dirigeante et ses bases, puisque, contrairement à ce que celle-ci prétend, elle gouvernera en faveur de "tout ça", de l'ordre établi, frustrant les espoirs de "rupture" de ses électeurs ; et celles au sein même de la cupule elle-même, déjà partagée entre une aile dite ultralibérale, liée au secteur bancaire international, qui voudrait privatiser tout ce qui peut l'être, et une autre affirmant vouloir "préserver les secteurs stratégiques", s'identifiant avec les secteurs bureaucratiques du capital monopoliste (militaires au discours patriotiques).

    Un exemple éloquent des contradictions insolubles sous-jacentes est la question des impôts. Prenons la grande propriété agraire, l'agro-business : ceux-ci ne survivent, de fait, qu'au prix de massives subventions d'État, que ce soit sous la forme de crédits, ou de déductions fiscales, et leur soutien ne sera garanti que tant que l'ensemble de la population restera écrasé d'impôts pour les soutenir ainsi. L'État "minimal" promis ne sera ainsi minimal que pour ce qui concerne les droits sociaux de la majorité, et conservera sa "grosseur" actuelle pour ce qui est de distribuer les privilèges à une minorité. La vaste "classe moyenne" de petits et moyens propriétaires (dans le commerce, les transports, les services, l'industrie etc.), pour férocement "bolsonariste" qu'elle soit, finira par recevoir la facture de tout cela. Son enthousiasme actuel pourrait bien  alors se retourner en son contraire.

    La crise, quoi qu'il arrive, se poursuivra et avec elle l'insatisfaction populaire et la contestation. Le 28 octobre ne signifiera ni sa résolution, ni un quelconque grand "retour en arrière", pour furieuse que tende à se faire la lame de fond anticommuniste, mais seulement le point de départ d'une nouvelle grande vague de secousses politiques qui déferlera inévitablement.

    Le grand projet de conciliation nationale représenté au long des dernières décennies par le PT, a échoué et s'évanouit à vue d'œil. Depuis les Journées de Juin [2013], la lutte des classes au Brésil se radicalise rapidement. Marx nous a expliqué que la révolution sera l'œuvre de ceux qui n'ont rien à perdre que leurs chaînes. Ce que nous pouvons voir est que la gauche officialiste du pays, enchaînée par mille petits liens à l'ordre ancien, représente ceux qui ont quelque chose à perdre, qui sont nostalgiques du temps où les secousses sociales ne venait pas sous leurs fenêtres les priver de leur stabilité et les arracher à leur routine chérie. Et ce, pour ne pas parler de ceux qui ont carrément fait fortune depuis les hautes sphères de l'appareil réactionnaire d'État.

    Le PT, appuyé par le révisionnisme du PCdoB et autres faux communistes, qui a vendu au long des dernières décennies l'indépendance du mouvement ouvrier et populaire, l'a démobilisé, dépolitisé et converti en un inoffensif appendice de la démocratie bourgeoise, nous a conduits là où nous sommes. La montée de l'extrême-droite n'a pas surgi de nulle part, par volonté divine ou loterie. Elle s'explique par le processus historique. La prétention à remplacer la lutte des classes par le populisme assitancialiste, tout en appliquant toutes les recettes économiques de l'impérialisme, s'inscrit dans l'offensive générale de la contre-révolution mondiale déchaînée depuis les années 1980 et n'a fait que tromper une grande partie des masses. Tous ceux qui n'ont fait qu'alimenter des illusions quant à une prétendue transformation pacifique et indolore de le société brésilienne, exclusivement menée par en haut, respectueuse "des autorités et des lois" (nous savons bien dans quelles classes ces autorités se recrutent et qui leurs lois servent...), recueillent aujourd'hui ce qu'ils ont semé et parmi eux, ceux qui s'identifient sincèrement aux véritables intérêts des classes populaires doivent réfléchir avec les plus grands sérieux et honnêteté à tout cela.

    [Lire : http://ekladata.com/Bresil-paye-erreurs-PT.pdf]

    Les réformistes traitent le phénomène réactionnaire comme extérieur à la lutte des classes, dans une supposée lutte entre "civilisation et barbarie", fort peu convaincante pour les miséreux qui connaissent déjà de près la barbarie aux portes des hôpitaux ou dans les files de sans-emploi. Ils ne veulent pas vaincre le Talon de Fer de la Réaction dans une lutte à mort, mais le tenir en laisse avec les lois de la propre bourgeoisie. En fin de compte, il ne leur reste qu'à se lamenter du désordre. Ces personnes, qui ont lu les philosophes bourgeois, ont cru pieusement que la démocratie bourgeoise était réellement démocratique, éternelle et immuable. Lima Barreto, il y a un siècle, devançait de loin ces intellectuels contemporains lorsqu'il s'exclamait : "La loi... Quelle farce, quelle escroquerie pour dépouiller les faibles et les naïfs !"1.

    Le processus de réactionnarisation de l'État bourgeois et grand propriétaire terrien, au service de l'impérialisme, est inévitable. Quelle autre forme de gouvernement est compatible avec une aussi brutale concentration de rente, de terres, des millions de personnes sans ou en sous-emploi et une économie toujours plus agro-minéro-exportatrice ?

    Ceci est un chemin sans marche arrière. Dans les faits, la Réaction n'a pas et n'a jamais eu la moindre hésitation à piétiner ses propres lois si ses intérêts l'exigent. Critiquant les illusions constitutionnelles si caractéristiques de toute une pseudo-gauche opportuniste et électoraliste, expression typique de l'idéologie petite-bourgeoise, Lénine disait : “Si le pouvoir politique d'État se trouve entre les mains d'une classe dont les intérêts coïncident avec ceux de la majorité de la population, alors il est certes possible de gouverner l'État en réel accord avec la volonté majoritaire. Mais si le pouvoir politique se trouve aux mains d'une classe dont les intérêts ne sont pas ceux de la majorité, alors quelque gouvernement 'selon la majorité' que ce soit devient un leurre et outil de répression de cette majorité. N'importe quelle république bourgeoise nous montre des centaines et des milliers d'exemples de cela. Pour cette raison, toute la question, si celle-ci est posée en termes matérialistes et marxistes et non juridico-formels, consiste à exposer cette divergence d'intérêts et combattre la tromperie des masses par la bourgeoisie”2.

    Non seulement les régimes fascistes, mais même les constitutions les plus démocratiques ont toujours prévu des mesures extrêmes, des états d'exception contre les rébellions de masse. Les libertés démocratiques sont pour nous un moyen de préparer les grandes batailles à venir, et doivent en ce sens être défendues, mais pas comme un prétexte pour renoncer à ces batailles, qui tôt où tard feront rage.

    L'opposé du fascisme, en dernière analyse, n'est pas la démocratie bourgeoise mais la révolution prolétarienne.


    Notes :
    1 - Lima Barreto, “O cemitério dos vivos, p. 85. 
    2 - Lénine, “Sur les illusions constitutionnelles”, éditions Avante!, Œuvres choisies en 6 tomes, tome 3 p. 303.

    Sur la situation au Brésil - un article maoïsteSur la situation au Brésil - un article maoïste

    Sur la situation au Brésil - un article maoïste

    Relire : http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/bresil-le-fasciste-bolsonaro-en-tete-l-heure-de-verite-a-sonne-a148856184

    [Complément - sur la sociologie du vote Bolsonaro (discussion FB)]

    Au Brésil le vote Bolsonaro est de classe, de race sociale et ne déborde chez les pauvres et les non-Blancs que sur une classique thématique sécuritaire (faut dire que là-bas on ne risque pas juste un arrachage de portable, la misère fait que la violence au sein du peuple est grande), et un discours de "vous aussi en étant travailleurs vous pouvez devenir riches", qui ici serait macronien. Il n'y a AUCUNE rhétorique 'sociale', populiste, anti-'élites' etc.

    "Oui, ce sont surtout les classes moyennes et supérieurs blanches qui votent Bolsonaro. Reste qu'aucun mouvement de gauche n'arrive à rassembler en masse. Le vote PT etair davantage un vote d'opposition que d'adhésion contrairement à celui de Bolsonaro."

    Voilà... Et ça c'est ce qui manque souvent aux extrêmes droites européennes (même si les gens adhérent toujours un peu plus qu'on ne le dit, comme pour les excuser).

    Par contre le vote Sarkozy en 2007 se caractérisait par être un vote d'adhésion et le vote Royal un vote non à Sarkozy. La sociologie de ces votes d'ailleurs était sûrement la plus proche de celle au Brésil aujourd'hui. Sauf que Bolsonaro serait un Sarkozy qui appliquerait vraiment le programme Buisson...

    Erdogan par exemple, c'est la Turquie "noire" (karatürk), comprendre "profonde", "bouseuse".

    Et de la même façon, la Lega c'est l'Italie du Nord "noire" et le M5S l'Italie du Sud "noire". Le vote des Italiens de l'étranger (gens plutôt éduqués, relativement aisés) pour le centre gauche est édifiant.

    Modi en Inde, c'est l'Inde "noire", profonde, religieuse et nationaliste contre le Congrès de l'Inde éduquée et ouverte sur la modernité mondialisée. Les subalternes de Spivak votent largement plus pour le BJP que pour la gauche dont elle essaye d'être un think tank.

    Et au Venezuela, le chavisme lui aussi est quelque part l'expression et l'affirmation d'un Venezuela "noir", ayant petit à petit engendré une bourgeoisie ou des cadres administratifs et militaires, face aux élites "traditionnelles".

    Bolsonaro par contre, ce n'est pas du tout ce phénomène. Le vote des Brésiliens de l'étranger, en sa faveur, est là encore éloquent (les Brésiliens de l'étranger ont plutôt un profil aisé-éduqué... parce que sinon on pourrait dire que les Turcs de l'étranger sont aussi massivement erdoganistes, mais ce n'est pas la même sociologie du tout).

    Vraiment, c'est un vote très ressemblant à celui pour Sarkozy en 2007. Oui, il y a quelques CSP+ qui ont voté 'progressiste' Haddad, ou centriste au premier tour, mais c'est une goutte d'eau. Bolsonaro reste un vote de possédants contre les pauvres et de Blancs contre les non-Blancs, avec quelques non-Blancs pas bien riches qui ont voté pour lui sur des réflexes micro propriétaires sécuritaires.

    Ici on disait que "les jeunes, plus ils étaient diplômés plus ils votaient Royal ou Bayrou"... Sauf que la réalité dans ce pays c'est qu'un faiblement diplômé qui a appris un bon métier à 16-18 ans, à 25 ans il gagne autour de 2 000 € par mois, a une baraque avec jardin et une bagnole, c'est un petit proprio. Alors que celui qui sort à peine de 5 ou 6 ans de fac gagne de quoi survivre à McDo ou en centre d'appel, ou fait des stages à peine rémunérés. Dans les faits le vote Sarko restait un vote de compte en banque et les bureaux de vote des quartiers "difficiles" avaient sortis jusqu'à 80% de bulletins Royal (sans doute pas par adhésion à son programme). Les adhérents du MEDEF et de la CGPME : 95% Sarkozy, etc. [voir ici et ici].

    (Blabla postmo de merde gna gna gna prout prout) "Genre en europe les gens adhèrent pas a l extrême droite, ms c est pas possible ce déni et genre les brésiliens sont des cons qui adhèrent a ces idées, bolsonaro n est pas un nazi, dc déjà on parle pas des mêmes choses en termes d extrême droite....et à quel moment c est pertinent de comparer france et brésil et ns parler du vote en faveur de Sarkozy ? La race et la classe suffisent pas, c est bcp plus compliqué, vous avez oublié le genre. Tiens on remarquera que les hommes, même racisés, votent bien plus réac que les femmes, oh tiens donc serait-ce parce qu au Brésil il y a eu un énorme combat des femmes et qu elles sont actives politiquement et que ca en gêne bcp ? Femmes dont vous ne parlez jamais et qui sont les premières en lignes de mire, vue que le droit à l IVG a été remis en cause dès dimanche soir. Le Brésil n est pas la France. Voici ici un aperçu de qui a voté quoi...ds ce graphique vous pouvez voir que l analyse vote surtout blanc en faveur de bolsanoro ne tient pas réellement...sinon il aurait pas fait autant."

    Et le vote des femmes blanches ? Je tiens à ma main, mais je pense pouvoir la mettre à couper qu'on a une majorité de l'ordre de 55% pour Bolsonaro comme pour Trump.

    "Ms je minore pas le vote des blancs, je dis que bcp de racisés ont voté pr lui ! et que ce sont justement les précaires qui ont le moins voté pr lui et les femmes bon sang même blanches vous croyez qu elles veulent voter pr un mec violeur et qui les insulte et remet en cause l IVG ? oh ca va aller ?"

    Elles l'ont bien fait pour Trump (les blanches), à hauteur de 53%. Seule race aux US où les femmes ont majoritairement voté pour lui (seule race qui a majoritairement voté pour lui tout court en fait... et un peu plus les hommes que les femmes).

    Par contre c'est vrai que pas que des Blancs ont voté pour lui. Déjà il y a beaucoup de Blancs déclaratifs qui pour les Brésiliens vraiment blancs (blancs à nos yeux) ne le sont pas, comme le footballeur Ronaldo. Il y a aussi (différence avec les US ou ici) des régions où le vote n'est pas libre, voire moins libre qu'en Turquie, mais 'conseillé' par des pistoleros (Rondônia, État métis afro-indigène, luttes énormes, 72% pour Bolsonaro... mais genre 40% d'abstention par contre). Il y a les églises évangéliques. Et enfin il y a le sentiment micro propriétaire axé sur l'insécurité, le risque de vol (qui là-bas peut souvent s'accompagner de grandes violences ou de meurtre) et les 'solutions' radicales contre ça.

    Les femmes d'ailleurs craignent l'insécurité autant que les hommes, voire plus. Un mec qui parle de régler ça à la mitrailleuse peut facilement gagner leurs suffrages même si il est anti IVG et myso revendiqué.

    Sur la situation au Brésil - l'analyse maoïste d'A Nova Democracia

    "Ms la gauche n est pas molle au Brésil....il y a un rapport de force tres dur et complexe..."

    Oui ça c'est vrai.

    Il y a même de la gauche tellement pas molle qu'elle avait pour consigne le boycott et le sabotage par tous moyens de la 'farce électorale'. Et de fait c'est ce que 40 MILLIONS de personnes, 30% de l'électorat, ont fait.

    Si on prend le Rondônia : il compte 1,8 millions d'habitants, ce qui fait dans les 1,25 millions d'électeurs.

    Pourtant, les résultats que l'on voit sur cette image totalisent 825.000 personnes ayant voté (72% pour Bolsonaro...).

    Ça s'explique d'une part parce que pour beaucoup de gens il n'y a pas la liberté démocratique de voter pour qui ils veulent : il y a des pistoleros, des milices de grands propriétaires et soit tu votes Bolsonaro soit tu votes rien, mais pas Haddad.

    Et d'autre part parce que les maoïstes qui y sont bien implantés avaient pour consigne le boycott (et de poursuivre les occupations de terres, qui sont nombreuses, et se préparer à la guerre).

    Il résulte de ces deux facteurs un gros tiers d'abstentionnistes.

    Là par exemple ça n'a certainement pas voté :

    https://anovademocracia.com.br/noticias/9751-a-nova-democracia-visita-areas-revolucionarias-em-rondonia-em-breve-serie-especial-sobre-a-luta-no-estado

    "Par contre j'ai du mal avec cette logique du boycott du vote quand on fait face à un tel danger. Il faut être pragmatique, la radicalité ne doit pas l'empêcher."

    Ce n'est pas irresponsable si on se prépare sérieusement à la lutte et que ce n'est pas du blabla et du jeu de rôle grandeur nature. Comme ici quoi.

    Ici oui, l'an dernier, si Le Pen avait été annoncée gagnante ou même ric rac, ça aurait été irresponsable.

    Disons que les maoïstes locaux ont d'abord une analyse du PT, qui est, bon, la somme toute assez classique analyse communiste révolutionnaire de la social démocratie :

    "Le PT, appuyé par le révisionnisme du PCdoB et autres faux communistes, qui a vendu au long des dernières décennies l'indépendance du mouvement ouvrier et populaire, l'a démobilisé, dépolitisé et converti en un inoffensif appendice de la démocratie bourgeoise, nous a conduits là où nous sommes. La montée de l'extrême-droite n'a pas surgi de nulle part, par volonté divine ou loterie. Elle s'explique par le processus historique. La prétention à remplacer la lutte des classes par le populisme assitancialiste, tout en appliquant toutes les recettes économiques de l'impérialisme, s'inscrit dans l'offensive générale de la contre-révolution mondiale déchaînée depuis les années 1980 et n'a fait que tromper une grande partie des masses. Tous ceux qui n'ont fait qu'alimenter des illusions quant à une prétendue transformation pacifique et indolore de le société brésilienne, exclusivement menée par en haut, respectueuse "des autorités et des lois" (nous savons bien dans quelles classes ces autorités se recrutent et qui leurs lois servent...), recueillent aujourd'hui ce qu'ils ont semé et parmi eux, ceux qui s'identifient sincèrement aux véritables intérêts des classes populaires doivent réfléchir avec les plus grands sérieux et honnêteté à tout cela.

    Les réformistes traitent le phénomène réactionnaire comme extérieur à la lutte des classes, dans une supposée lutte entre "civilisation et barbarie", fort peu convaincante pour les miséreux qui connaissent déjà de près la barbarie aux portes des hôpitaux ou dans les files de sans-emploi. Ils ne veulent pas vaincre le Talon de Fer de la Réaction dans une lutte à mort, mais le tenir en laisse avec les lois de la propre bourgeoisie. En fin de compte, il ne reste qu'à se lamenter du désordre. Ces personnes, qui ont lu les philosophes bourgeois, ont cru pieusement que la démocratie bourgeoise était réellement démocratique, éternelle et immuable. Lima Barreto, il y a un siècle, devançait de loin ces intellectuels contemporains lorsqu'il s'exclamait : La loi... Quelle farce, quelle escroquerie pour dépouiller les faibles et les naïfs !"

    Ensuite, ils pensent que qui va gagner les élections est de toute façon décidé par avance en haut lieu :

    "De fait, lorsque nous voyons la Bourse monter et le taux de change du dollar baisser face à la monnaie nationale à mesure que Bolsonaro progresse dans les prévisions, il apparaît clairement que le "marché", ce gouvernement invisible, a déjà choisi son camp." (+ que bon il y avait un candidat du PT, un seul, qui pouvait gagner haut la main, c'était Lula et on l'a mis en taule).

    Ça aussi d'ailleurs, ça peut jouer pour se positionner ici par rapport à Le Pen : quelle est la position du Medef ? Des hauts fonctionnaires ? Des hauts cadres de la police, de l'armée ? Pour qui votent-ils ? Quel est leur souhait ?

    Donc leur idée serait que le PT a été au pouvoir 13 ans pour remplir un certain rôle, et maintenant Bolsonaro pour en remplir un autre.

    En gros, le phénomène Bolsonaro (politicien de 3e zone il y a encore qqs années) serait la nomination de Challe pour y mener le genre de plan du même nom, parce que l'état major militaire et l'oligarchie sentent que "ça monte" (pas uniquement les maoïstes, qui n'ont effectivement pas encore le niveau des Philippines ou de l'Inde et encore moins du Népal, mais les luttes en général).

    Donc dans leur esprit la décision en haut lieu est prise, il faut voir comment on va affronter la nouvelle situation et ça ne sert à rien d'aller voter pour des gens dont le rôle pour l'oligarchie est révolu et qui sont programmés pour perdre.

    [EN FAIT il est possible de dire que oui, le vote Bolosonaro est d'abord et avant tout un vote DE CLASSE... et derrière, ce sont les classes qui au Brésil (sans être "racialement pures") ont une forte coloration raciale. Il n'y a pas, comme aux États-Unis... et dans une certaine mesure en Europe, deux pays parallèles, les Blancs du SDF au milliardaire et les non-Blancs idem, et les Blancs pauvres qui vont (souvent bien plus que les riches !) voter pour l'extrême-droite par agrippage au "privilège blanc" qui leur reste quand ils n'ont (presque) plus rien.

    41% des Brésiliens les plus modestes ont voté Bolsonaro. Et si parmi eux (admettons) 25% sont blancs (car ça existe, là-bas - de fait, les statistiques dont nous pouvons disposer portent sur les deux "extrêmes déciles" : les 10% les plus riches comptent près de 80% de Blancs, les 10% les plus pauvres 22,6% seulement), ces 25% de pauvres blancs n'ont pas significativement plus voté Bolsonaro que les autres et le cas échéant l'ont fait pour les mêmes raisons (sécuritaires micro-propriétaires, désaveu du PT et propagande sur la "corruption" de celui-ci, propagande des églises évangéliques) et non parce que blancs, par "réflexe blanc". Et la majorité des pauvres blancs ou pas n'ont pas voté pour lui (mais pour Haddad, ou se sont abstenus). Ce que sont d'abord et avant tout les Blancs pauvres au Brésil, c'est rares et lorsqu'ils existent ils sont largement ce que Sadri Khiari qualifierait d'indigénisés (c'est à dire pas foncièrement mieux considérés par les Blancs riches, et même les riches en général que les non-Blancs partageant la même condition sociale).

    Et à l'autre bout de l'échelle sociale, le quart le plus riche de la population a donné une majorité écrasante de plus de 70% au candidat fasciste là encore indépendamment du teint des peaux (il suffit de voir les footballeurs multimillionnaires Ronaldinho ou Neymar par exemple), en tant que riches, mais le fait est aussi qu'une minorité (peut-être le quart, ou moins) de ces Brésiliens riches sont ce que nous qualifierions de non-blancs et sans doute moins encore se définissent eux-mêmes comme tels (les statistiques raciales sont basées sur une auto-définition de chaque personne).

    À la rigueur pourrait-on évoquer l'existence, assez fondée sur les données sociologiques et statistiques, d'un "autre Brésil" qui serait la Région Sud + l’État de São Paulo : peuplement massif par des millions d'immigrants européens arrivés entre (principalement) 1850 et 1950 et de fait, pratiquement 80% de Blancs (64% à São Paulo) contre 47% au plan national ; des revenus moyens de l'ordre de 25% supérieurs à la moyenne nationale de 1 268 R$, voire 35% (1 712 R$) à São Paulo... et, sans surprise, un vote pour Bolsonaro bien de l'ordre de 60 à 70% en moyenne au 2e tour, rarement inférieur à 40% et n'hésitant pas à tutoyer les 100% dans nombre de municipalités, comme on peut le voir sur les graphiques ci-après (qui montrent au contraire, pour le Nordeste qui serait pour ainsi dire l'antithèse sociologique du Sud, un vote Bolsonaro assez nettement indexé sur le revenu moyen (renda média) des communes mais pas vraiment sur la proportion de Blancs, de toute façon faible...).]

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    Encore une autre analyse intéressante (qui résume à peu près tout de la situation en fait, avec un point de vue assez matérialiste) :

    https://www.liberation.fr/debats/2019/07/02/le-retour-du-bresil-colonial_1737589

    Ce 1er juillet, Jair Bolsonaro aura complété les six premiers mois de son gouvernement. Les déboires dont il est l’objet sont, en dernière analyse, liés à la nature hétéroclite de la base sociale qu’il s’est construite, typique d’un populisme d’extrême droite : des axes d’agitation sans rapport les uns avec les autres, pour satisfaire séparément tels ou tels secteurs convergeant vers un Bonaparte sauveur.

    Dès 2012, début du mandat de Dilma Rousseff, j’avais été frappé par la haine de l’élite conservatrice pour le gouvernement du Parti des travailleurs (PT) au pouvoir depuis 2003. Mais le contexte économique très favorable permettait au président Lula de satisfaire et l’élite et le peuple. Ainsi, une importante «classe moyenne» émergea, celle-là même qui, touchée par la crise, voyant un abîme s’ouvrir sous ses pieds, sera au cœur de la base sociale de Bolsonaro.

    C’est bien de haine qu’il s’agissait, d’autant plus incongrue que, au fur et à mesure que la crise économique atteignait le pays, la politique de Dilma Rousseff devenait de plus en plus néolibérale.

    Pourquoi l’élite conservatrice ne pouvait-elle ne serait-ce que tolérer une politique peu ou prou social-démocrate ? Pourquoi ce profond conservatisme a-t-il réussi à conquérir une base de masse hétéroclite permettant l’élection d’un aventurier d’extrême droite ? Pour comprendre, il faut revenir loin en arrière.

    Le 7 septembre 1822, l’indépendance du Brésil fit exploser l’Empire portugais. Elle eut un caractère unique : c’est l’État portugais lui-même, réfugié à Rio depuis 1807 quand les armées napoléoniennes envahirent le Portugal, qui refusa de rentrer - il l’aurait pu dès 1811. Existe-t-il un autre cas au monde où le souverain choisit de rester en sa colonie alors même qu’il peut rentrer dans sa métropole ?

    L’indépendance tint plus d’une révolte fiscale que d’une libération nationale. Il s’agissait d’une indépendance sans décolonisation. Ce sont les colons qui prirent le pouvoir et créèrent une colonie autocentrée : le fait que le pays soit indépendant ne signifie pas qu’il ne soit plus une colonie. Quand les colons rhodésiens ont refusé, en 1965, l’indépendance noire prévue par Londres et ont déclaré une indépendance blanche, la Rhodésie est évidemment restée une colonie. Les indépendances d’Amérique ont toutes été des indépendances sans décolonisation, elles ont créé des États coloniaux. On confond trop souvent indépendance et décolonisation. Mais le cas brésilien est extrême puisque l’indépendance fut proclamée par l’héritier du trône du pays colonisateur.

    Cet Império brasílico devint lentement brésilien. On peut dater l’achèvement du processus à 1889 après qu’un coup d’État conservateur eut chassé la princesse Isabel qui avait aboli l’esclavage l’année précédente, et eut proclamé une République parfaitement coloniale. Contrairement à ce qui se passa aux États-Unis avec la guerre de Sécession, ce n’était pas un secteur industriel de la bourgeoisie brésilienne qui avait le pouvoir mais bien l’élite des planteurs coloniaux. C’est elle qui va lentement, sans rupture, passer à la plantation moderne par la marginalisation de la main-d’œuvre noire et l’importation de millions d’Européens. Cela s’est produit ailleurs en Amérique mais on a ici deux caractéristiques combinées. D’une part, les «indigènes» (Indiens) n’étaient plus qu’une toute petite minorité de la population, en raison des épidémies, des massacres et du métissage - ils sont aujourd’hui entre 0,4 % et 0,6 % de la population, d’où la faiblesse des luttes anticoloniales. D’autre part, les Noirs formaient la grande majorité de la population (ils sont environ 52 % aujourd’hui), d’où une «peur structurelle» dans cette élite blanche terrorisée par l’exemple de Haïti.

    Depuis, le Brésil a changé. Mais l’élite n’a jamais connu une révolution décoloniale, elle est lentement devenue une bourgeoisie capitaliste surtout latifundiaire et peu industrielle, sans jamais cesser d’être une élite coloniale. Le rapport de cette élite au peuple n’est pas seulement celui du capitaliste au prolétaire, mais encore largement celui du maître à l’esclave, celui de la «Casa Grande» à la «Senzala». Une mesure qui provoqua de la haine envers Dilma Rousseff fut, en 2013, la loi garantissant aux servantes de vrais droits sociaux : dimanche férié, contrat de travail, cotisations sociales, 44 heures hebdomadaires, paiement d’heures supplémentaires. Cette loi fut un outrage au paternalisme autoritaire de la Maîtresse et du Maître : la servante était une prolétaire autonome. Cela rompait le rapport de la Casa Grande à la Senzala pour lui substituer le rapport patron-employé. C’était intolérable.

    Il est insupportable à cette élite extrêmement blanche alors que le peuple est profondément métissé, d’accepter ne serait-ce que de timides réformes sociales. Elle se tait quand elle ne peut faire autrement - popularité de Lula, économie florissante -, mais dès que la situation empire, elle exige de reprendre l’entièreté de ses privilèges, capitalistes et coloniaux.

    J’insiste sur «… et coloniaux». Ce n’est pas un hasard si la conquête coloniale va reprendre. Jair Bolsonaro et les siens ne méprisent pas seulement les indigènes comme un grand propriétaire peut mépriser des paysans pauvres, ils les méprisent comme un colon méprise une race inférieure et conquise. Jair Bolsonaro dit vouloir forcer les indigènes à «s’intégrer», c’est-à-dire à disparaître comme nations et sociétés distinctes. Il a fait passer la délimitation des terres indigènes et des quilombos sous la compétence du ministère de l’Agriculture, le ministère des grands propriétaires ruraux.

    Les Indiens ne sont plus qu’une infime minorité mais ils gênent en occupant des espaces parfois très réduits dans le Sud et, a fortiori, étendus dans le Nord. Ce qui est intolérable pour les planteurs n’est pas tant la superficie mais qu’elle ne soit pas cultivée et exploitée de manière productiviste : les Indigènes sont, selon le classique mépris du colon pour le colonisé, naturellement incapables et fainéants, ce qui ne relève pas seulement d’un mépris de classe patronal. Cette élite non moderne refuse la moindre remise en cause de son habitus. Elle est conforme à la colonialité de l’espace brésilien.

    Je crois qu’il y a beaucoup de cela dans l’élection de Jair Bolsonaro, en sus de la crise économique, de la corruption imputée seulement au PT, des fake news, des néopentecôtistes, des problèmes de sécurité, des secteurs militaires d’extrême droite, du racisme, de l’homophobie… Si ces caractéristiques contemporaines ont pris corps, c’est bien parce que l’élite capitaliste-coloniale est, structurellement, mentalement, incapable de consentir à quelque mesure sociale que ce soit. La contradiction, qui peut se révéler explosive au sein des partisans du régime, est que, historiquement, l’armée brésilienne a été plutôt modernisatrice (ce qui ne veut pas dire démocratique) alors que cette élite profondément conservatrice reste façonnée par sa peur face au peuple noir majoritaire. Elle s’exprime ainsi par le «BBB» - balle, bœuf, Bible…

    Bien qu’ultra-minoritaire, l’élite a réussi à construire temporairement une hégémonie politique embrassant de vastes secteurs du peuple. Nombre d’autres facteurs d’explication existaient déjà précédemment. Mais sa radicalisation à droite a été, je crois, le «plus» qui a permis au reste de prendre corps, face à un PT tétanisé par l’emprisonnement de Lula et ayant perdu toute capacité de mobilisation populaire.

    Michel Cahen historien de la colonisation portugaise, et directeur de recherche CNRS à Sciences-Po Bordeaux

    Sur la situation au Brésil - l'analyse maoïste d'A Nova Democracia

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    Et puis voici enfin la traduction d'un second et plus long texte, publié celui-là après le second tour, qui pousse encore un peu plus en avant l'analyse de la situation actuelle et des tâches des révolutionnaires.

    Il est ainsi expliqué que les élections, la "farce électorale" comme ils disent, n'ont été de toute façon que la comédie de ratification "démocratique" d'un COUP D’ÉTAT MILITAIRE RAMPANT déjà en cours depuis les soulèvements populaires de 2013-2014 et qui a conduit à la destitution de Dilma Rousseff en 2016, à l'emprisonnement de Lula etc. [brésil-coup-d-état-article-libé.pdf - brésil-régression-bastamag.pdf].

    Ce qui peut quelque part nous amener à nous demander si le fascisme "proprement dit", tel qu'on entend le mot au sens strict (Italie de Mussolini, Allemagne nazie etc.), n'a pas au fond toujours ou presque été cela : comment donner une façade civile et de "volonté générale", quand ce n'est pas carrément "révolutionnaire", à ce qui est en dernière analyse une prise de pouvoir de l'état-major pour éradiquer la "subversion" et/ou courir à la guerre expansionniste ; que ce soit en Italie, en Espagne ou au Portugal où il n'y a de toute façon eu (pronunciamiento et guerre civile de 1936-39, coup d’État militaire de 1926) ni élections ni même réel mouvement populaire fasciste de masse, en Allemagne même si ensuite dans le cours de la guerre mondiale l'armée "privée" du NSDAP, la Waffen SS, supplantera la caste militaire "traditionnelle", etc. etc.

    Et puis plus près de nous, en 2009, au Honduras dont nous avions beaucoup parlé aux débuts de Servir le Peuple : ayant déjà (de base) combiné sortie de l'armée dans les rues et vote parlementaire, le coup d'État contre le président Manuel Zelaya (qui s'était rapproché du Venezuela chaviste et du Brésil de Lula...) avait lui aussi été "avalisé" 5 mois plus tard par l'élection à la présidence de l'ultra-conservateur Pepe Lobo (avec là aussi une énorme "abstention", de refus de cette farce électorale mais aussi certainement de gens empêchés de voter), histoire de faire plus "propre", mettant ainsi fin aux sanctions internationales qui avaient dans un premier temps frappé le petit pays d'Amérique centrale.

    Autrement dit, donc, on n'y pouvait rien ; les choses étaient déjà décidées en "haut lieu" et une victoire (forcément d'une courte tête) du candidat social-réformiste n'aurait pas empêché à brève échéance, peut-être après une contestation des résultats et un début de Maïdan (des guarimbas - barricades - fascistes comme au Venezuela), et/ou une guerre de sabotage économique ou autre, un coup de force cette fois ouvertement militaire ; il ne servait donc à rien d'apporter une quelconque légitimité à cette mascarade en votant dans de telles conditions (si beaucoup parmi les 42 millions d'abstentionnistes l'ont été volontairement, souvent par déception vis-à-vis du PT, ou suivant les consignes des maoïstes là où ceux-ci ont une influence, il est également probable que, surtout dans le "Far West" de l'intérieur profond, beaucoup de gens ont été empêchés de voter, si ce n'est pas carrément forcés de voter Bolsonaro, dans des contextes locaux où il pouvait être plus difficile de voter Haddad que de voter HDP à Diyarbakir en juin dernier !).

    Ceci au-delà du fait que, disons-le une fois pour toute, la position marxiste-léniniste-maoïste face à ce type de situation se situe en effet en rupture avec la logique de Fronts populaires de l'Internationale communiste des années 1930, qui soit n'ont pas réussi à arrêter bien longtemps la montée du fascisme, soit n'ont dans tous les cas conduit qu'à la soumission des communistes au réformisme bourgeois et à ses pires tares (social-chauvinisme, colonialisme etc.). Lénine parlait de "soutenir (les réformistes) comme la corde soutient le pendu", mais la question mérite d'être posée de l'intérêt qu'il y a à soutenir un pendu, c'est à dire un corps mort ; et la corde qui le soutient, à notre connaissance, est passive, ne bouge pas et ne se consacre à rien d'autre... Sans compter que la social-démocratie de l'époque pouvait encore représenter, pour les masses de travailleurs, des conquêtes de bien-être immédiates d'un certain intérêt (bien que revenant aussi à les "acheter" et les "domestiquer") ; hypothèse sociale-démocrate peu ou prou disparue aujourd'hui (sous Lula dans les années 2000 on a pu observer une certaine amélioration de la situation des couches les plus pauvres, mais dès la décennie suivante l'économie "émergente" est entrée en crise et tout s'est rapidement dégradé ; c'est globalement sur un "modèle social" PT complètement moribond que Bolsonaro vient de remporter ce que les camarades appellent sa "victoire à la Pyrrhus").

    Et puis les Fronts populaires des années 1930 partaient déjà, pour commencer, de l'analyse qu'il y avait une bourgeoisie divisée : une fraction voulait restructurer le système en crise par le fascisme, l'autre par la social-démocratie. Si cette dernière ne pouvait l'emporter, faire pencher la balance en sa faveur qu'au prix de concessions énormes au mouvement communiste et aux travailleurs, il pouvait peut-être à la rigueur y avoir un coup à jouer... Mais que dire si, de toute évidence, on a une bourgeoisie qui a en écrasante majorité choisi son camp et qui dans tous les cas passera en force si d'aventure la petite fraction démocrate-humaniste-sociale-libérale pouvait se prévaloir d'une légère majorité des masses populaires (comme dit dans notre précédent article, le vote Bolsonaro n'est pas un vote populiste protestataire dans lequel le système enferme confortablement "les petits, les sans-grades" qui autrement risqueraient d'être révolutionnaire : il est, comme le vote Sarkozy en 2007, un clair vote de classe, un vote intrinsèquement lié à la propriété, d'autant plus massif que les gens possèdent un patrimoine ekladata.com/bolsonaro.jpg et bien entendu, dans un pays qui n'est rien d'autre qu'une colonie devenue "indépendante", un patrimoine qui va généralement de pair avec la clarté de la peau ou du moins un certain degré d'"européanité culturelle" carte-raciale.jpg carte-résultats.jpg...) ?

    Nous savons (nous en avons déjà rencontré) qu'il y a des gens pour qui ces camarades maoïstes, "dont on aimerait savoir - d'ailleurs - ce qu'ils représentent réellement sur le terrain", seraient des "irresponsables" qui "préfèreraient" pour ainsi dire que "le peuple souffre" pour qu'ait enfin lieu "leur sacro-sainte guerre civile révolutionnaire" (souvent sur le ton typiquement postmoderne d'essayer d'arracher des larmes sur le dos des "opprimés" et de faire passer les révolutionnaires pour des monstres sans cœur). Mais alors, ces gens ne sont en réalité même pas des kautskystes... Car pour le socialiste allemand Karl Kautsky, l'idée était qu'à force de victoires électorales et de réformes votées par la social-démocratie, la Réaction bourgeoise abolirait sa propre pseudo-légalité "démocratique" et descendrait sur le terrain de la guerre civile, mettant la révolution à l'ordre du jour. Autrement dit, même pour celui qui est considéré aujourd'hui comme le père spirituel du "socialisme démocratique" réformiste, JAMAIS il n'a été question que le "changement pour de bon" survienne sans passer par une phase de grande violence de la part de privilégiés ne voulant rien lâcher, violence à laquelle le peuple exploité devra répondre. 

    JAMAIS à cette époque (ni encore bien après) il n'était considéré par PERSONNE que l'on pourrait, en votant encore et encore pour ce qu'on appellera "la gauche", éviter ad vitam æternam jusqu'à la liquidation complète de toute exploitation et oppression que les exploiteurs, les dominants, les possédants menacés ne lancent lorsqu'ils le jugent nécessaire (éventuellement enrobée de mobilisation réactionnaire de masse) une violente contre-offensive pour préserver leurs intérêts, qu'il n'y aura alors d'autre choix que d'affronter par une supérieure violence. C'est dire, un peu, le niveau auquel est tombé (pour ne pas dire s'est effondré) le gauchisme "radical" occidental d'aujourd'hui, tout à ses geignements postmodernes sur "les z'opprimé-E-s" gna gna gna, quand on voit le type d'arguments que rencontre, lorsque nous la faisons connaître, la position de boycott de la "farce électorale" brésilienne exprimée et explicitée ci-après...

    Enfin, le champ lexical du texte (notamment les références récurrentes au peuple "et à la nation") laissent à penser que la "victoire électorale" - ratification "démocratique" d'un coup d’État militaire de Bolsonaro est en partie analysée comme une invasion impérialiste, en tout cas la mise en place d'un gauleiter US au Brésil ; s'inscrivant dans ce que nous avons pu analyser comme la grande accélération en cours de la Quatrième Guerre mondiale non-déclarée qui dure depuis la fin de la Troisième (la "Guerre froide") en 1990.

    Sur la situation au Brésil : nouvel article d'A Nova Democracia

    https://anovademocracia.com.br/no-217/9831-o-fim-de-um-sistema-politico-podre-e-a-vitoria-de-pirro-de-um-fascista

    La fin d'un système politique pourri et la victoire à la Pyrrhus d'un fasciste


    Jamais, dans toute l’histoire du Brésil contemporain, la farce que représentent les élections n’était apparue aussi clairement au grand jour. Tel est le stade avancé de putréfaction de tout le système politique de gouvernement du vieil État de la grande bourgeoisie et des propriétaires terriens, serviteurs de l’impérialisme, principalement US. Tout est en décomposition accélérée. Ceci a été démontré par le fait même que les deux candidats au second tour de l'élection présidentielle ont été massivement rejetés : au-delà du fait que 42 millions de personnes ont boycotté le scrutin, la majorité de ceux qui ont voté l'ont fait non pas par adhésion au candidat de leur choix ou à ce qu'il disait défendre, mais uniquement par rejet de la figure du candidat adverse. Ceci est dû au très faible niveau de la campagne, en plus de tout le cirque des horreurs, de la corruption, de la négligence, du cynisme, du crétinisme, des mensonges, de la supercherie et de toutes les sortes de bassesses qui ont toujours caractérisé toutes les farces électorales.

    Se tenant dans un contexte de crise politique prolongée, ces élections n’ont été considérées par personne de sensé comme un enjeu en tant que telles. Le temps de "l’union, de la paix et de la tranquillité" vanté par le nouveau président élu, ses partisans et tout le monopole de l’information est loin d’être arrivé, bien au contraire. La gravité de la crise politique, qui s'exprime dans la lutte acharnée des forces politiques ne peut s’expliquer uniquement par les passions idéologiques de celles-ci en tant que telles. Il s’agit plutôt d’un conflit de plus en plus violent entre groupes au pouvoir, représentant les fractions des classes dirigeantes locales pour le contrôle et l’hégémonie au sein de la machine étatique. Cette lutte entre fractions sert à décider, d’un côté, qui perdra le moins dans la grave crise économique que connaît le pays. Elle permet aussi de décider des moyens qui seront employés pour restructurer le vieil État afin de conjurer cette crise et ré-impulser le capitalisme bureaucratique dépassé et menacé d'effondrement.

    Cet affrontement, hier entre le PT et le PSDB, et lors de cette élection entre le PT et Bolsonaro, a été revêtu d'une pseudo polarisation artificielle entre respectivement gauche et droite hier, et gauche et extrême droite aujourd'hui. Tous les partis et leurs candidats s’accusent mutuellement de tous les maux mais de fait, ne se contredisent que sur les questions de société ; car en dehors de cela tous sans aucune exception ont défendu et pratiqué, au niveau tant exécutif que législatif, avec seulement des différences de nuances dans la forme, la même politique économique dictée et imposée par l’impérialisme yankee, ainsi que par le maintien de ce système d'exploitation et d'oppression du peuple et d'assujettissement de la nation.

    Un bon exemple en a été donné lors de ces élections par Bolsonaro, qui accuse le PT de vivre de mensonge mais qui a menti stupidement en le qualifiant de "gauche" et même, dans son délire, de "communiste"... Le PT n’a absolument rien de "gauche", et bien évidemment encore moins de "communiste" ; pas plus d'ailleurs que les révisionnistes du PCdoB qui le soutiennent. Cette pseudo "gauche" a gouverné pendant 14 années en appliquant la même politique que le PSDB ; politique que Bolsonaro va à présent appliquer de façon plus radicale.

    Sur la situation au Brésil - l'analyse maoïste d'A Nova Democracia

    Le PT a gouverné en cooptant les mouvements populaires afin de les domestiquer et de les soumettre au "pacte" social pour ainsi amortir la lutte des classes. Il a, dans ce but, usé tant de l’assistanat "social" trompeur que de la répression brutale contre les organisations combattives de classe qui refusaient la complaisance avec lui. Tout ceci n'a été que tromperie et illusion que la crise du capitalisme bureaucratique a jetée à terre. Les classes dominantes exploiteuses n'ont, en réalité, fait qu'utiliser le PT pour freiner la lutte des classes ; puis l'ont jeté après usage comme un kleenex. Tout n'a été qu'une gigantesque enfumade : faire croire aux masses populaires que l’on pouvait améliorer la vie sans toucher aux moindres privilèges de la canaille qui parasite notre peuple et notre nation ; une enfumade se faisant passer pour "de gauche", conte de fée alimenté par le monopole médiatique d'opposition et la Réaction anticommuniste fanatique désormais au pouvoir.

    L'échec du PT et de ses gouvernements a donc fini par arriver, au bout du compte, comme avant lui celui du PSDB de Cardoso [président de 1995 à 2003] ; en simplement plus grave car venant postérieurement, mais cela aurait été la même chose avec n’importe quel autre parti politique bourgeois. L’échec et la crise seront encore plus violents avec les prochains gouvernements qui se succèderont. Il n'a pas été difficile pour la Réaction, la Rede Globo [chaîne de télévision créée sous la dictature militaire, et bien évidemment farouchement d'opposition tout au long du règne du PT] en tête, prenant appui sur le furieux mécontentement et les protestations des classes populaires mais surtout sur les cris des dites "classes moyennes" et leurs "manifestations civiques" contre la corruption, de rendre le PT responsable de tous les maux accumulées depuis des décennies voire des siècles, entamant ainsi sa base de "gouvernabilité" – qui, tétanisée par l’opération Lava Jato et cherchant à l’étouffer, a serré les rangs pour la destitution de Dilma Rousseff.

    Ainsi a été fabriqué le bouillon de culture pour la vague réactionnaire que nous connaissons actuellement, transformée ensuite en la bolsonarade manipulée idéologiquement avec la déroute de la gauche et se concluant finalement dans la farce électorale pour apporter, trompant une nouvelle fois le peuple, la légitimité du suffrage populaire au coup d'État militaire contre-révolutionnaire.

    De la même façon que les gouvernements antérieurs, celui de Bolsonaro échouera, tout comme ceux qui suivront. L’élection du capitaine en retraite depuis 28 ans est une victoire à la Pyrrhus remportée au cri de bataille d’Itararé [bataille qui n'a jamais eu lieu, au cours de la "révolution" de 1930, NdT]. Elle n'a été que l'aboutissement d'un processus déclenché par l’intervention militaire, afin de donner à celle-ci une légitimité face à la nation ; tandis que la base de toute la situation actuelle n'est autre que la décomposition accélérée du capitalisme bureaucratique sur ses bases viciées et pourries, au sein de la crise générale de l'impérialisme mondial.

    Cette crise ne peut faire que s'aggraver étant donné qu'à son épicentre réside la crise de décomposition de l’impérialisme US, dont les soubresauts de la Bourse de New York font trembler toutes les bourses du monde, annonçant de nouveaux et plus grands encore effondrements. Les affrontements inter-impérialistes grandissants, principalement de la superpuissance hégémonique unique US et de ses alliés contre la superpuissance nucléaire russe et ses alliés, laissent présager une exploitation accrue des travailleurs et un pillage toujours plus grand des pays opprimés.

    Afin de faire face à la grave crise générale traversée par notre pays, les impérialistes US se sont mis d'accord avec la Réaction intérieure pour instaurer un régime fort, militaire, déguisé le plus possible en démocratie, qui leur est nécessaire pour imposer au peuple et à la nation cette plus grande exploitation, la dépossession de leurs droits restants et le pillage encore plus effréné des richesses naturelles.

    Dans cette situation cependant, à la différence de 1964, les yankees ne seront pas en mesure d’apporter le moindre dollar pour sortir le pays d’une telle crise économique : ils ne contribueront que militairement à la contre-révolution, comme ils ont déjà commencé à le faire en envoyant des centaines de véhicules blindés à l’Armée réactionnaire brésilienne.

    La révolte des masses, qui a déjà commencé, se retournera inéluctablement contre le vieux système pourri d'exploitation et d'oppression tout entier.

    RÉVOLTE POPULAIRE ET COUP D'ÉTAT MILITAIRE CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRE PRÉVENTIF

    Le cours récent de l'histoire du pays, fait de crise économique, sociale, politique et morale d'un système obsolète, a été également marqué par de croissantes révoltes populaires contre l'exploitation et la violence du vieil État latifundiaire-bureaucratique. Bien qu'encore dispersées, mais tendant à s'unifier, comme on a pu le voir lors des évènements de de 2013-2014, les luttes des paysans pour la terre, les grèves de travailleurs et autres employés, comme celle des camionneurs, ont depuis un bon moment déjà allumé le voyant rouge d'alerte des gardiennes du système, à savoir les Forces Armées réactionnaires. Par le biais de leur Haut Commandement, elles ont ainsi mis en œuvre un plan de coup d’État militaire contre-révolutionnaire préventif censé anticiper le soulèvement général des masses, entre collusions et affrontements internes – divergences et luttes entre l'extrême-droite et la droite – pour définir comment l'opérer, pour terminer par se mettre d'accord autour de sa ratification à travers la farce électorale, avec le général Mourão au poste de vice-président.

    De par la nature et les antécédents historiques de ces secteurs réactionnaires, il n'y aurait même rien de saugrenu à voir dans l'attaque au couteau contre Bolsonaro un coup monté pour susciter l'émotion et justifier la suspension des élections et une intervention militaire. En tout cas, quelle qu'ait été l'intention, le résultat s'est avéré encore meilleur tant cet attentat manqué l'a positionné en victime et a propulsé sa candidature.

    Pour autant, la crise non seulement va se poursuivre mais va s'aggraver de manière explosive. Aucun gouvernement issu de la farce électorale qui vient de se tenir n'est susceptible d'y mettre un coup d'arrêt, et de sortir le pays de l'ornière dans l'immédiat ni même à moyen terme. La crise, en débouchant sur l'établissement d'un régime "militaire en civil" et soi-disant issu des urnes, ne fait que sceller l'échec total d'un système de gouvernement corrompu sans pour autant pouvoir mettre fin à la corruption endémique du vieil État, inhérente à l'ordre semi-colonial et semi-féodal.

    Une telle issue, en tant que mouvement contre-révolutionnaire préventif, place de fait les Forces Armées au centre du jeu et ainsi la crise ira peu à peu frapper au cœur même du système, engendrant une situation qui pourra se transformer en plus grande crise militaire encore, répression généralisée et massacres à grande échelle et en conséquence opposition à la violence réactionnaire par une plus grande violence révolutionnaire, une guerre civile révolutionnaire.

    ÉLEVER LA RÉSISTANCE POPULAIRE À UN NIVEAU SUPÉRIEUR

    Face à la situation de grand danger d'une violente révolte populaire, le plan impérialiste US de renforcer la militarisation du continent, au-delà de ses bases militaires de Colombie et du Pérou – comme nous pouvons déjà le voir dans notre propre pays avec les activités de hauts fonctionnaires yankees prétendument face au problème migratoire vénézuélien, et sur le plan militaire, sous couvert de "coopération scientifique" autour de la base d'Alcântara – se combine avec le coup d'État militaire en cours. La stratégie de long terme de ce plan est d'attiser et provoquer des conflits frontaliers (déjà au programme avec le Venezuela, et à l'avenir avec la Bolivie) pour les faire évoluer en guerres réactionnaires de plus grande ampleur servant de prétexte à des interventions militaires indirectes par l'intermédiaire de "forces multilatérales de pays" de l'OEA, de l'ONU etc., généralisant ce type de conflits pour camoufler la nature de classe des crises internes aux pays comme le nôtre, détournant l'attention afin de conjurer le péril de la révolution démocratique, nécessaire et inéluctable. Les étincelles des révoltes populaires, transformées en incendie révolutionnaire pourraient en effet bien se répandre à travers tout le continent sud-américain.

    Les véritables révolutionnaires de notre pays doivent rapidement élever leur niveau d'activité dans la mobilisation, la politisation et l'organisation des bases populaires, pas à pas, et tous et toutes les activistes dévoués aux intérêts du Peuple et de la Patrie doivent abandonner dès à présent leurs illusions réformistes et se préparer sérieusement à une lutte révolutionnaire dure et prolongée, pour combattre la Réaction mesure après mesure en élevant constamment les niveaux d'organisation de l'avant-garde et des masses.

    À bas la Réaction et le fascisme !

    Yankees go home !

    Vive la Révolution de Nouvelle Démocratie !

     

    Sur la situation au Brésil : nouvel article d'A Nova Democracia


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  • https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/langues-regionales-vif-debat-entre-paul-molac-france-insoumise-assemblee-nationale-1450337.html

    "Vous vous trompez si vous ne montrez que de la bienveillance envers ces écoles. En effet, elles véhiculent parfois des idéologies identitaires anti-républicaines" a ainsi déclaré Alexis Corbière, précisant quelques instants plus tard : "Monsieur Le Fur, lorsque vous dites que des familles souhaitent que leurs enfants parlent la langue de leurs parents, on peut entendre votre argument. Mais faisons attention : je suis élu en Seine-Saint-Denis où beaucoup de Français ont des parents dont la langue n’est pas une langue régionale. Comment accueillons-nous cette situation ? Quand des gens voudront apprendre le portugais ou l’arabe, langues de leurs parents ou de leurs grands-parents, que leur dirons-nous ? Notre réponse ne peut pas être à géométrie variable."

    Sans aller (encore une fois) jusqu'à comparer les oppressions, qui n'ont rien à voir, le bonapartiste de gauche Corbière met là en lumière une continuité historique fondamentale : celle de l'État-"nation" qui se prolonge dans l'Empire ; duquel les indigènes viennent ensuite à leur tour (le "prolongeant" en quelque sorte) dans la métropole État-"nation" pour s'y ajouter à sa multinationalité réelle, que le républicard de base qu'il est, s'essuyant le front, se demande de plus en plus comment gérer ; comment faire pour que les larbins parlent comme leurs maîtres afin de "penser comme eux et ne bouger que dans les limites qu'ils leur auront fixées".

    Ce qu'il met en lumière (en y exprimant son opposition...), c'est : frappe l'État-"nation", tu affaibliras l'Empire ; frappe l'Empire, tu affaibliras l'État-"nation".

    Et dans l'autre sens c'est aussi une manœuvre classique de Mélenchon, qui lui est radicalement hostile aux langues régionales (et même aux accents prononcés, on l'a vu), d'instrumentaliser l'arabe contre, en mode (dans sa période sénateur de l'Essonne) "les langues minoritaires ? par chez moi dans l'Essonne, la première c'est l'arabe !" (comprendre dans ce propos une prétendue opposition d'un prétendu multiculturalisme francilien open sur the world - mais chacun bien à sa place hein, attention ! - aux "bouseux identitaires" avec leurs "patois")*.

    [* C'est là un classique gauchiotte, aussi bien FI-enteux qu'ultra-gauche, que de piocher les problématiques coloniales et état-nationales et les dresser les unes contre les autres au gré des humeurs, ou plutôt des intérêts du moment. Encore que bon, en général ce sont plutôt "les galériens blancs" et "la lutte de classe" qu'ils vont prendre et brandir contre les questions coloniales-raciales ; parce que nos questions nationales, on ne sait pas pourquoi on dirait vraiment qu'elles leur empestent les doigts.

    Là on a le cas sur les questions du droit aux langues (parce que oui oui, ce sont des questions POLITIQUES). Un coup c'est Mélenchon qui tokenise l'arabe en mode regardez les "vraies" langues minoritaires où elles sont, contre nos "patois". Le coup d'après c'est Corbière qui présente l'arabe comme une... menace (le portugais on se demande un peu ce qu'il vient faire là...), laissant entendre que les langues "régionales" bon "ça va", mais faudrait pas avec les écoles hors-contrat/contrôle ouvrir une boîte de Pandore (lourdement sous-entendu : arabo-islamiste).

    Ou sinon, les gens qui se découvrent soudainement antiracistes et arabophiles quand il s'agit de stigmatiser les Corses comme de gros Néandertaliens (sur-les-recents-evenements-racistes-survenus-en-corse sur-les-derniers-evenements-en-corse).

    Les gens qui, quand on parle Bretagne - Occitanie - Pays Basque - Corse etc., vont nous brandir les dernières colonies ("DOM-TOM"), la Françafrique voire même la Palestine : "nan mais z'avez pas un peu honte, de vous prétendre colonisés ??" (ni nous ni un certain nombre autour de nous ne nous prétendons tels, et personne à notre humble avis, dans les mouvements "régionalistes", ne le prétend DANS LES PROPORTIONS de l'Afrique ou de la Palestine, mais c'est pas grave).

    Mais attendez un peu que la Palestine vienne violemment sur le devant de la scène, un peu comme en 2014, et là... ce seront les dernières colonies et la Françafrique (suivies de près par les luttes internes aux pays arabes) CONTRE la Palestine : "gna gna gna quand c'est l'chlordécone en Martinique et la Françafrique et les Printemps arabes écrasés on les voit jamaiiiiis (ah bon ?) les pro-pals"...

    Ce qui est juste ballot, et que tous ces gens ont un peu perdu de vue, c'est qu'il existe entre autres choses une Plateforme syndicale des Nations sans État, ou encore diverses rencontres internationales (comme les plus célèbres, celles de Corte en Corse) dans lesquelles les peuples en lutte des dernières colonies côtoient et reconnaissent et respectent tout à fait les luttes de ceux d'Europe... Dommage !

    Ce sont là leurs méthodes dilatoires bien rodées, au fond très dans la ligne postmoderne : prendre les problématiques et les utiliser les unes contre les autres dans la certitude d'avoir toujours le dernier mot ("Jack of all trades, master of none, installer son petit universalisme par accumulation de points de vue où son avis seul sera pleinement légitime").

    Au fond, ça rejoint un peu la méthode hyper-critique d'un certain Bob récemment décédé... LOL, ça leur ferait sûrement pas plaisir qu'on leur dise ; raison de plus (peut-être) pour le faire :D :D :D

    Il est absolument VITAL (et ils l'ont compris) de casser le continuum État-"nation" - Empire.]

    Alors ensuite, le truc c'est que les propos en apparence assez ambigus de Corbière donnent lieu à des interprétations divergentes : pour les tenants des langues "régionales", "il nous compare à Daesh" (en gros, et donc ouin ouiiiin, vite vite il faut clamer urbi et orbi son allégeance aux "valeurs civilisées") ; pour d'autres au contraire, les langues régionales ne le dérangent pas vraiment et c'est surtout "le racisme et l'islamophobie" de son propos (qui opposerait "bonnes" langues "régionales" et "mauvaises" langues minoritaires "non-régionales" comme l'arabe) qui est pointé du doigt.

    D'autres voudront y voir au contraire (pour citer une intervention sur les réseaux sociaux) quelque chose de plutôt positif : "Il parle d'"idéologies identitaires antirépublicaines" à propos de ceux qui défendent les langues régionales, ce qui est inacceptable. En revanche, et là il faut ouvrir les oreilles, sa comparaison avec les langues des non-blancs, qui sont stricto sensu des langues minoritaires ou même titre que les langues régionales et sont donc a priori protégées par la charte européenne sur les langues minoritaires, est destinée à montrer que leurs revendications éventuelles de faire des écoles immersives ne seraient pas moins légitimes. Et ça, Molac et bon nombre d'autres régionalistes ne parviennent pas à le concevoir (et ne sont donc pas moins racistes que Corbière). Et ça, c'est bien que ce soit dit en séance publique à l'Assemblée Nationale."

    En réalité, au delà de cette apparence prêtant à confusion, sa position obéit à une logique tout à fait cohérente ; il faut simplement pour cela s'y pencher avec un peu de précision, et peut-être (déjà) lui laisser la parole pour la préciser.

    Sa position concrète il la donne là : https://twitter.com/alexiscorbiere/status/979746957827690497

    "Je suis pour l'enseignement des langues régionales ds le service public. Je comprends qu'il y ait des écoles privées pour ces langues, ms je dis attention aux établissements hors-contrat ! Je souhaite un CONTRÔLE [mis en majuscule par nous NDLR] par l'éducation nationale."

    Il dit qu'il n'est pas hostile aux langues régionales et souhaite même leur enseignement public ; qu'il n'a rien non plus contre l'enseignement privé (sous contrat)... toutes choses qui au fond et après tout ne mangent pas de pain ; dont il a, concrètement, compris la faible menace représentée pour la "Républiiiique une et indivisible" et ses hiérarchies territoriales (Servir le Peuple milite VRAIMENT pour que nos mouvements se dé-focalisent de cette question des langues, certes préoccupante surtout en fRance - où l'on va lentement mais sûrement vers leur disparition - mais le centralisme parisien, les rapports sociaux inter-territoriaux ne se résument pas à ça ; pour prendre une contre-exemple absolu : il n'y a pas vraiment eu d'éradication du créole, parlé à tous les coins de rue, en Karayib et Larényon, pourtant ce n'en sont pas moins des colonies, opprimées largement un cran au-dessus du Pays Basque ou de la Bretagne !!).

    MAIS PAR CONTRE, "attention" aux établissements hors-contrat.

    Car par "hors-contrat", il faut traduire : hors-CONTRÔLE. Pourquoi ? Parce qu'il n'est pas con, et il sait que ces établissements comme les calandretas ou les ikastolak ou les Diwan sont portés par des associations, quoi que celles-ci en disent, POLITISÉES. Politisées à gauche ou à droite mais dans tous les cas, pas vraiment dans le sens du patriotardisme républicard tricolore qu'il appelle de ses vœux.

    C'est d'ailleurs bien ainsi que certains intervenants comprennent (enfin... malcomprennent aussi en même temps) l'enjeu :

    "La FI n'est pas contre l'enseignement des langues régionales à l'école ! Elle préfère que cet enseignement soit encadré par l'éducation nationale comme ça se passe dans beaucoup d'écoles publiques actuellement. Les écoles Diwan sont des écoles associatives et non publiques. C'est un débat à avoir je pense..."

    "Les langues régionales et minoritaires doivent avoir un vrai statut. Et, en tout état de cause, le personnel enseignant le breton, le catalan, le portugais, l'arabe ou le wolof, peut et doit être fonctionnaire de l'éducation nationale ou personnel sous contrat soumis à un programme et à l'inspection du ministère. Cela éviterait que Corbière raconte n'importe quoi."

    [Réponse de la part d'un camarade]

    "En l'occurrence c'est ce pour quoi il affirme (sur Twitter) être : l'enseignement public ou sous contrat.

    Parce qu'en l'occurrence, hors-contrat est à ses yeux synonyme de HORS CONTRÔLE.

    C'est pour ça que, contre des écoles en langues nationales minoritaires hors contrat qu'il SAIT (il est pas con) toujours relativement politisées (pas forcément à gauche, mais contre la République une et indivisible, la communion Marseillaise-BBR obligatoire, bref), il brandit l'épouvantail, la "boîte de Pandore" potentielle des écoles en arabe où s'inculquerait l'"extrémisme".

    Parce qu'il sait que c'est la grande psychose du moment. Mais de manière générale, ce qu'il veut surtout c'est qu'il puisse y avoir contrôle sur les programmes et le contenu des cours."

    C'est là que, comme il vient d'y avoir le débat sur l'apprentissage de l'arabe comme "remède" à l'"extrémisme", et la forte contestation de cette idée gouvernementale par toutes les forces d'opposition à LREM, il en remet une petite couche avec ça et, effectivement, il vient greffer cette problématique sur l'autre, dans le rôle d'épouvantail absolu par les temps qui courent. Comme archétype de politisation potentielle "ultra-dangereuse" des écoles hors-contrat ; archétype "comme par hasard" pas choisi (justement) au hasard : l'arabe, l'islam etc. etc. (donc oui, comme on ne pouvait guère s'attendre à autre chose d'un mélenchoniste, c'est islamophobe).

    Plus globalement (donc), et en résumé, par rapport aux multiples interprétations qui ont pu être faites de ses propos : Alexis Corbière n'est "hostile par principe" à l'enseignement d'AUCUNE langue, ni "régionale" ni... (tout simplement) étrangère, ce que sont l'arabe, le portugais ou encore le wolof (qui pourrait sérieusement se dire contre l'enseignement de langues étrangères vivantes du vaste monde qui nous entoure ??) ; MAIS, ce sont ses propres mots on-ne-peut plus clairs sur Twitter, SOUS LE CONTRÔLE vigilant de la Républiiiique ; CAR SINON, et là il parle absolument de TOUS les cas de figure, des "idéologies identitaires anti-républicaines" risqueraient d'être propagées...

    [Et nous bien sûr... coooomme des connaaaards LOL, nous disons VIVE les idéologies identitaires anti-républicaines !!]


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  • Le 4 novembre, les habitants de la Kanaky seront appelés aux urnes pour décider si leur pays deviendra ou non un nouvel État indépendant.

    Malgré ce référendum d’autodétermination, les dés sont pipés du fait de la mainmise coloniale de la France sur l'archipel et de sa politique d'ethnocide, via une colonisation de peuplement, visant à rendre la population originelle minoritaire sur la terre de ses ancêtres.

    Nous devons soutenir soutenir le Peuple kanak parce que :

    - Kanaky ce n'est pas la France, mais un territoire occupé et colonisé.

    - Les Kanak ont le droit imprescriptible de retrouver leur souveraineté nationale pour se construire comme peuple libre, indépendant et émancipé.

    - Nous avons le devoir politique d'être toujours du côté des opprimés.

    - La politique française d'outre-mer est un puissant ressort de la domination impériale notamment au travers d'une immense ZEE (zone économique exclusive) maritime, grande comme le Canada et dont la Kanaky est un pivot (de fait, elle en représente... 14% !).

    - Soutenir le Peuple kanak c'est aussi prendre conscience que la France mène en Hexagone même une politique d'ethnocide envers les nationalités et les cultures autochtones (occitane, bretonne, basque, catalane, corse, alsacienne, arpitane etc.) [de même que, comme nous avons pu l'évoquer dans un récent article, les minorités nationales issues de l'immigration postcoloniale] qu'elle voudrait voir disparaître à tout jamais, afin que "parlant comme [nos maîtres], nous pensions comme [eux] et ne bougions que dans les limites [qu'ils] nous auront fixées".

    Cessons d'accepter l'inacceptable !

    Nous appelons tous les révolutionnaires, progressistes, démocrates et occitanistes à venir soutenir le Peuple kanak, car sa lutte à de nombreux égards est la nôtre.

    ODPO - Organisation Démocratique du Peuple Occitan


    Rassemblement

    SAMEDI 27 OCTOBRE à 13h30

    Métro Jean Jaurès - Toulouse

    https://www.facebook.com/events/579928422459962/

     

    [Version Òc (gascon)]

    Tot-a-s amassas per la Kanaky libra !

    Lo 4 de noveme los poblans de Kanaky que seràn aperats a las urnas entà decidir se la Kanaky vaderà un naveth estat independent. A maugrat d’aqueth referendum d’autodeterminacion los dats que son pipats deu hèit de la dominacion coloniau de la França sus l'isla, de sa politica d'etnocide e de poblament.

    Be devem sostiéner lo Pòple kanak pr’amor que :

    - La Kanaky n’ei pas la França mes un territòri occupat e colonizat.

    - Los Kanaks qu’an lo dret imprescriptible de tornar trobar la soberanitat nationau entà’s definir com un pòple libre, independent e emancipat.

    - Que devem per dever estar tostemps deu costat deus opprimits.

    - La politica de delà-mar francesa qu’ei un ressòrt poderós de la dominacion imperialista notadament via l’imense ZEE (Zone Économique Exclusive) on la Kanaky ei un pivòt.

    - Sostiéner los Kanaks qu’ei tanben préner consciença que la França mia en Hexagòne ua politica d'etnocide contra las nacions e las culturas autoctònes (occitana, bretona, basca, catalana, còrse, alsaciana, arpitana, etc.) que vòu véder desaparéisher.

    Estanquèm-se d’acceptar l’inacceptable !

    Qu’aperam tots los revolucionaris, progressistas, democratas e occitanistas a viéner sostiéner lo Pòple kanak, pr’amor la loa luta qu’ei un mirader de la nosta.

    ODPO - Organisacion Democratica del Pòple Occitan
     

    #Kanaky #Rassemblement #TolosaToulouse

    ******************************************************************

    Kanaky est l'une des plus anciennes colonies françaises du Pacifique ; celles-là mêmes qui confèrent à l'impérialisme français la deuxième zone économique exclusive maritime au monde, juste derrière les États-Unis et devant l'Australie, avec plus de 10 millions de km² dont les eaux de l'archipel représentent déjà quelques... 1,4 millions (14%).

    Après le célèbre capitaine écossais Cook qui lui donne le nom de "Nouvelle-Calédonie" (Calédonie est l'ancien nom de l’Écosse), en 1774, elle est abordée par La Pérouse en 1788 suivi par D'Entrecasteaux quelques années plus tard ; des missionnaires religieux s'y établissent dès les années 1840, catholiques français mais aussi... protestants britanniques, si bien que dans une course de vitesse entre puissances, elle est déclarée officiellement colonie française en 1853 ; et comme en Australie par les Anglais, sa colonisation est notamment envisagée à cette époque par le biais de... forçats, condamnés par les tribunaux à la déportation sur ces terres lointaines.

    Le Peuple indigène kanak (qui a réussi déjà à imposer ce nom, qui ne prend pas de pluriel) n’a cessé depuis lors de se battre pour redevenir un peuple libre et maître de son destin : grands soulèvements de 1878 et de 1917, refus de la conscription lors des guerres mondiales (car il fallait alors, comme tant d'autres peuples s'en souviennent, et il n'y avait "aucun problème" à être "français" !) ; et puis bien sûr les violents et tragiques "évènements" de 1984-88, marqués entre autres douloureux souvenirs par l'exécution du révolutionnaire anticolonialiste Éloi Machoro par le GIGN en janvier 1985, et culminant entre les deux tours de la présidentielle 1988 dans le crime de guerre de la grotte d'Ouvéa, où 19 militants indépendantistes seront massacrés de sang froid par les forces colonialistes.

    Kanaky : encore un appel à rassemblement - Occitània - Tolosa (Toulouse)Pour les Kanak, la colonisation c’est la spoliation de leurs terres et tout un ensemble de discriminations et de relégations – salaires, emploi, niveau de vie, logement, santé, éducation… – sur le fondement d'un racisme ("primitifs" etc.) précisément FAIT pour justifier leur dépossession de leur propre pays, considéré en son temps (comme l'Australie proche) terra nullius, terre "d'aucun peuple" digne d'être considéré humain, par les premiers explorateurs. De fait, estimée à une centaine de milliers au début de la colonisation, la population indigène n'était plus que de... 27 000, soit une division par quatre, au début du 20e siècle.

    Mais Kanaky est aussi, c'est important de le noter car il n'y en a plus beaucoup, la dernière colonie de PEUPLEMENT outre-mer*, avec une forte population de colons européens, les fameux Caldoches : un total de quelques 73 000 Français et Européens (+ environ 20 000 métis) parmi lesquels d'ailleurs 37 000 "métros" carrément nés en métropole et venus comme fonctionnaires, militaires, entrepreneurs ou cadres d'entreprises etc., sur 270 000 habitants ; face à une grosse centaine de milliers de Kanak ; auxquels s'ajoutent avec l'exploitation du nickel et autres activités économiques d'autres communautés issues de l'immigration vietnamienne, chinoise ou indonésienne, tahitienne et polynésienne, ou encore de Wallis et Futuna, petite possession "française" plus au Nord ne servant de fait que de réservoir de main d’œuvre et comptant... deux fois plus d'émigrés en Kanaky que d'habitants sur place !

    Encore aujourd'hui, il est clair que la France colonialiste fera tout pour préserver là-bas ses intérêts économiques qui consistent notamment en quelques... 40% des réserves mondiales de nickel, en plus comme on l'a dit d'une position stratégique dans le Pacifique Sud.

    De fait, face à la revendication indépendantiste qui s'exprime depuis plus de 40 ans, selon une stratégie éprouvée et également utilisée ailleurs, elle organise et entretient la mise en minorité des Kanak dans leur propre pays ; ce qui n'est pas nécessairement difficile avec la force d'attractivité d'un territoire "européen" à l'autre bout du monde ; et voyez encore que lorsqu’ils tentent de dénoncer cela, il se trouve non seulement des colons (bien sûr) et des personnes des autres communautés dont l’État français entretient soigneusement l'anti-indépendantisme, mais aussi des éléments de la GAUCHE hexagonale ou "métro" sur place... pour les traiter de "xénophobes" !

    Après plus d’un siècle et demi de lutte, donc, et à l'issue des "évènements" des années 1980 et du massacre d'Ouvéa, les Kanak ont réussi à imposer le principe de leur droit à l’autodétermination, qui doit s'exprimer au travers d'un référendum.

    Mais, plus de 30 ans après les "accords" signés à Matignon entre la délégation indépendantiste menée par Jean-Marie Tjibaou et le nouveau Premier ministre d'alors, Michel Rocard, la tenue de la consultation n'a cessé d'être reportée sine die ; la date initialement prévue de 1998 ne débouchant en fait, avec Lionel Jospin, que sur un... "Matignon 2" renvoyant lui-même à "entre 2014 et 2018" c'est-à-dire cette année, deadline absolue en principe.

    Le principal point d'achoppement portant, de fait, sur la délimitation du CORPS ÉLECTORAL autorisé à y participer, avec une question de durée de résidence sur place que l’État colonial souhaite évidemment... la plus courte possible, en faveur de ses "métros" venus tout droit d'Hexagone ainsi que de l'immigration récente (asiatique ou polynésienne) réputée fidèle ; tandis que les Kanak (ces "xénophobes" !) la voudraient au contraire la plus longue possible, en faveur du peuple autochtone et dépossédé qu'ils sont.

    Finalement, un référendum se tiendra donc le 4 novembre prochain pour décider de l'avenir politique de la colonie des antipodes. Mais l'impérialisme français, on l'a dit, n'a certainement pas l'intention de laisser tomber facilement près de la moitié du nickel mondial et 14% de sa ZEE maritime ; et ceci laisse craindre toutes les manipulations   des "bruits" à ce sujet (non-inscription de milliers de Kanak sur les listes, inscriptions frauduleuses, modification de la loi ouvrant le corps électoral à des personnes non-citoyennes etc.) courent déjà...

    Dès lors, face non seulement à l'enjeu historique pour le Peuple kanak mais aussi à cette possibilité de coup d’État électoral de Paris, il est du DEVOIR de toute personne anticolonialiste et anti-impérialiste conséquente, ou simplement attachée à la justice et à la démocratie entendue comme droit inaliénable des peuples à décider de leur destin, de se MOBILISER pour affirmer et réaffirmer avec force le droit de Kanaky à l'autodétermination.

    Puisqu'on en a parlé, LA GAUCHE HEXAGONALE, et ce aussi bien modérée-bourgeoise que tout à fait "radicale", a toujours eu avec le colonialisme, le droit des peuples en général, et Kanaky en particulier une histoire "complexe"...

    Envisagé au départ, on l'a dit, comme colonie pénitentiaire, l'archipel voit ainsi débarquer dans les années 1870 les prisonniers déportés de la Commune de Paris. Pour autant, seule une toute petite minorité d'entre eux dont la célèbre Louise Michel sauront montrer un soutien, ou même simplement une "compréhension" envers le grand soulèvement kanak qui éclatera quelques années plus tard, en 1878.

    Un siècle plus tard, lorsque éclatent les évènements en 1984, c'est encore une fois la gauche, certes bourgeoise, mitterrandienne, mais la gauche, alliée au PCF et remplie d'anciens trotskystes (comme Mélenchon ou Cambadélis), qui est au pouvoir et "gère" en décrétant l'état d'urgence ; dépêche Edgard Pisani comme "super"-gouverneur-proconsul et couvre les exactions des colons d'extrême-droite et de la gendarmerie.

    Aujourd'hui, face au référendum actuel, encore une fois tant du côté "modéré"-bourgeois que "radical", elle semble plutôt faire preuve d'une certaine léthargie, à moins que ce ne soit un silence gêné... ou parfois, comme on a déjà pu l'observer l'année dernière sur la Catalogne, d'un timide voire semi- voire pourquoi pas très enthousiaste "soutien" du moment que "très loin, c'est très bien", mais en n'en restant pas moins "réservée", "frileuse" voire franchement hostile dès lors qu'il est question des luttes de peuples comme les Bretons, les Corses ou les Occitans, ou d'antiracisme politique (anti-impérialisme "intérieur" des communautés "prolongement" des peuples colonisés ou néocolonisés en Hexagone) juste devant sa porte.

    Il ne manque plus que surgissent ceux qui soutiennent "absolument", "totalement", "inconditionnellement" les luttes des peuples (et de "tou-te-s les oppriméEs") mais en pensant décider eux quand et comment depuis un local parisien ou quelque campus de grande métropole, pour que le tableau opportuniste soit complet...

    Un panorama opportuniste contre lequel notre époque, les temps qui courent, imposent de plus en plus de livrer un COMBAT POLITIQUE.

    Oui, car c'est là quelque chose avec lequel nous avons "grandi" politiquement en étant quotidiennement confronté : nous pensons profondément, et ce même s'il est évidemment des degrés d'oppression qui ne sont pas comparables entre eux (par exemple, on sait que vers 1900 la colonisation avait divisé la population kanak originelle par quatre...), que le soutien à la lutte du Peuple kanak doit nécessairement s’accompagner d'une réflexion urgente et d'une reconnaissance de la domination et même de l'ethnocide exercé par le même État français contre TOUS les peuples qu'il emprisonne dans les mailles de son filet.

    L’État français domine depuis des siècles, et tente depuis des décennies de faire carrément disparaître de son territoire des nations historiques dominées (occitane, catalane, basque, corse, bretonne, alsacienne, flamande, arpitane). Pour assurer le contrôle économique et social absolu de Paris sur ces territoires, il en fait ni plus ni moins que disparaître les peuples (sans violence ni liquidation physique des personnes, ce que signifie ethnocide par opposition à génocide), en tout cas en tant qu'ensembles sociaux d'individus ayant conscience de l'être, par l'usage d'une langue par exemple : nous avons ainsi en Occitanie, pour 16 millions d'habitants, seulement 8 000 enfants scolarisés en occitan alors qu'il faut normalement que 30% d'une tranche d'âge apprenne une langue pour assurer sa survie.

    Et la gauche (encore elle...), par choix et (surtout) par filiation idéologique (avec les courants les plus centralisateurs de la Révolution bourgeoise de 1789, ou de la IIIe République, grands... colonialistes par ailleurs), se complait dans cette situation et n'aborde la question que du bout des lèvres, jamais comme quelque chose de véritablement important...

    Le nationalisme français est aujourd'hui extrêmement présent à gauche : la "grandeur de la France", la "Patrie des Droits de l'Homme", les "valeurs de la République" etc. etc. ; faisant le lit de l'extrême-droite et de la Réaction. Il ne remet jamais en cause les fondements de l’idéologie bourgeoisie basée sur le mensonge de l’État-"nation" appelé "France".

    Tout mouvement qui se veut en rupture avec un système ne peut faire l'impasse de l'analyse profonde de ce système, même si cela remet en cause beaucoup de ses certitudes et "zones de confort".

    Soutenons les Kanaks plus que jamais, tout en tuant l'hypocrisie bourgeoise et petite-bourgeoise française : NON il n'y a pas qu'une seule nation en France, ni un seul peuple, une seule culture ou une seule langue !!

    À Paris, un ensemble de collectifs et d'organisations anti-impérialistes, anticolonialistes et antiracistes politiques a déjà organisé un meeting de solidarité le 19 septembre : collectifantiguerre.org_article109 facebook.com/FUIQP.ParisBanlieue/photos/ FUIQP.ParisBanlieue/posts/ ; initiative que nous saluons.

    Tolosa, capitale du Lengadòc historique, de l'Occitània centrale première conquête fondatrice de la France, ne sera pas en reste.

    Per Kanaky e tots lei Pòbles oprimits de la Preson França, ENDAVANT !

    Kanaky : encore un appel à rassemblement - Occitània - Tolosa (Toulouse)

    * Sur tous ces points, lire par exemple l'exposé qu'en fait le FUIQP :

    #Kanaky #Rassemblement #TolosaToulouse


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  • Le négationnisme de la Shoah est la RANÇON de sa DÉS-HISTORICISATION TOTALE et du caractère "surnaturel" que cela lui confère ; générant (surtout lorsque couplé à la justification du sionisme, ou à la relativisation d'autres d'autres crimes contre l'humanité) un "appel d'air" au "un truc pareil, ce n'est pas possible, ce n'est pas crédible", et aux tentations de négation.

    Certes oui, il y a une "communauté" des négationnismes comme volonté de minimiser ou nier les crimes de la suprématie blanche-occidentale QluN8.png ; et il ne fait pas de doute que c'est ce qui animait un militant idéologique comme Faurisson ; mais nous parlons ici en termes de MASSES, de réception (même partiellement) de masse de ces théories.

    Le négationnisme de la Shoah a dans ce cadre une spécificité, strictement corrélée à la spécificité (l'"unicité") absolue que veut lui conférer l'historiographie.

    Le négationnisme des autres crimes contre l'humanité consiste rarement en une négation absolue des atrocités perpétrées, mais plutôt en une tentative de relativisation et (justement) de SUR-historicisation : "c'était il y a longtemps", "c'étaient les mœurs de l'époque" (concernant typiquement le Maafa, holocauste de la déportation esclavagiste des Africain-e-s) et "c'est heureusement révolu" ; c'étaient les mentalités de l'époque, heureusement révolue, et "il y a quand même eu des aspects positifs" (colonisation) ; le bilan d'un personnage historique comme Napoléon "ne peut pas se résumer" à son action en Haïti ou en Guadeloupe ; "tout le monde en ce temps-là (surtout les Arabes !), et même encore bien après nous, a fait pareil" ; etc. etc.

    Même le négationnisme turc du génocide arménien n'est pas une négation qu'il y ait eu d'importants massacres, mais une tentative d'en diminuer l'ampleur et surtout de les contextualiser : les Arméniens étaient armés par la Russie contre la Turquie, eux aussi avaient commis des massacres, etc.

    Les ressorts sont un peu similaires vis-à-vis du génocide rwandais : personne ne nie l'ampleur des massacres (ce serait difficile à l'ère de l'information...), mais "c'était la guerre civile", et "dans ces pays-là, ça finit vite comme ça", et cette guerre "c'est le FPR qui l'a commencée", et bien sûr "c'est comme ça chez les Noirs" et l'Occident, la France en particulier, ne portent aucune responsabilité.

    Tous ces discours, tant chez les idéologues (Gallo, Pétré-Grenouilleau, Péan, les leaders politiques turcs) qu'en termes de masses expriment bel et bien une volonté plus ou moins consciente, mais toujours sous-jacente de défendre et préserver la suprématie du groupe national dominant (européen/occidental, turc) ; de façon, il faut le dire hélas, assez hégémonique ; et bien évidemment, à quelques rares exceptions près n'ont de "prise" que sur lui, le peuple mis en accusation, et pas (bien évidemment) sur les peuples victimes (sauf quelques "supplétifs" heureux de l'être) ni (surtout) sur des groupes nationaux complètement étrangers à l'affaire.

    Sur la Shoah, une conscience claire que la chose telle que décrite est abominable et indéfendable, débouche par voie de conséquence sur une tentative de démontrer que cela n'a JAMAIS eu lieu : les Juifs auraient simplement été internés dans des camps où, à raison de plusieurs millions de déporté-e-s, une grosse centaine de milliers seraient mort-e-s de maladies ou de malnutrition dans le contexte de crise d'approvisionnement de la fin de la guerre. Ni les chambres à gaz, ni les massacres par balles des Einsatzgruppen n'auraient "jamais" existé.

    Évidemment, à la SOURCE DE LA SOURCE de telles théories se trouvent des individus (comme Faurisson, ou maintenant Reynouard) qui pensent que le nazisme était un excellent régime politique, qu'il faudrait d'ailleurs rétablir, et qui tentent ainsi de le réhabiliter. Mais la question ici est plutôt la "prise" que ces théories peuvent trouver sur une partie des masses populaires.

    Car cette "prise" existe bel et bien. Il y a encore une quarantaine d'années, dans une Europe où vivaient encore des millions d'anciens complices, plus ou ou moins actifs ou passifs, du nazisme et de ses régimes collaborateurs, elle avait bien évidemment une base sociale "naturelle".

    Il est par ailleurs frappant de constater que c'est vers les années 1970 (on fait parfois de la série télé US Holocauste - 1978 - un jalon temporel de référence, bientôt suivi du très-long-métrage Shoah de Claude Lanzmann, sorti en 1985) qu'émerge une historiographie propre de la Shoah, "extraite" des crimes nazis "en général"... et strictement à la même époque que commencent à devenir réellement audibles les thèses négationnistes (Faurisson, Bochaca, Butz, Verbeke, Institute for Historical Review etc.) - du moins, émises auparavant par d'anciens nazis ou collabos, elles ne rencontraient pas un très grand écho.

    Aujourd'hui, une grande partie des masses blanches européennes a fini par "intégrer" la "religion de la Shoah" entendue en ce sens de "sacrifier", "mettre au piquet" historiographique de la civilisation occidentale l'Allemagne de cette douzaine d'années où régna le nazisme, et les divers régimes collaborateurs de la Seconde Guerre mondiale, afin par ce "sacrifice" "refondateur" de re-confirmer la supériorité civilisationnelle de l'Occident. POUR AUTANT, la diffusion des thèses négationnistes ou "simplement" de l'incrédulité envers une telle ampleur du génocide reste loin d'être négligeable en leur sein ; couplée parfois à un vieux fond antisémite "anticapitaliste des imbéciles" qui peine peut-être plus à mourir que l'association bourgeoise réactionnaire "Juifs = démocratie avancée, égalitarisme, socialisme, communisme, menace pour l'ordre", désormais largement hors-sujet.

    Et puis il y a leur diffusion, à ne pas exagérer, mais tout sauf négligeable, dans les masses du Sud global ou originaires de lui ; concrètement, et systématiquement, autour de la question de la Palestine : "la Shoah sert de justification au droit à l'existence d'Israël, à son occupation de la Palestine et à ses crimes" = la Shoah est "forcément" un mensonge de propagande qui doit être démystifié.

    On parle souvent des "réactions négationnistes" relevées dans les établissements scolaires "sensibles" des "territoires perdus de la République" ici ; mais il existe d'autres cas de figure de bien plus grande ampleur encore : ainsi les dits "Arabes israéliens", autrement dit les Palestiniens musulmans ou chrétiens emprisonnés dans le territoire officiel de l’État d'Israël, et ayant fini par accéder à une citoyenneté de seconde zone, sont scolarisés dans des établissements israéliens qui mettent bien évidemment la Shoah au centre de leur propagande sioniste (le sionisme qui aurait "sauvé" ceux venus avant, puis "enfin offert une patrie" aux rescapé-e-s). Pour autant, parmi ces Arabes (donc) "les plus éduqués et sensibilisés" au sujet de la planète (la visite à Yad Vashem est pour ainsi dire obligatoire)... la non-croyance à l'existence du génocide, ou du moins à son ampleur "officielle" est absolument hégémonique.

    Est-il utile, devant cela, de se poser encore 30.000 questions quant à la corrélation entre mise de la Shoah au service de la propagande sioniste et tendance (relevant parfois de la bravade...) à vouloir la nier ; et quant à l'idée que la solution se résume à envoyer les gens se "sensibiliser" à Yad Vashem ou à Auschwitz ? Ce n'est sans doute pas (ou très peu) dans ce but qu'un Faurisson a jadis élaboré ses thèses, MAIS c'est bien dans celui-là que celles-ci sont récupérées et, de la sorte, maintenues en vie...

    QUOI QU'IL EN SOIT, les discours négationnistes de la Shoah ne pourront être combattus efficacement qu'en commençant, déjà, par restituer cette tragédie dans son CONTINUUM HISTORIQUE, celui de l'impérialisme, de la "Modernité occidentale" et de ses méthodes déchaînées déjà auparavant... et encore depuis contre des centaines de peuples à travers la planète : non pas un évènement "exceptionnel" et "aberrant", mais la simple mobilisation de moyens nouveaux à l'époque (années 1940) au service de politiques de déportation, travail forcé et extermination de populations entières n'ayant (hélas) rien d'extraordinaire au regard de l'histoire des 5 derniers siècles ; et certes, cette fois, non pas au fin fond de l'Afrique ou de l'Asie du Sud-Est, mais contre des victimes arrêtées au coin des rues qui sont les nôtres au quotidien...

    Et en cessant, ensuite, de vouloir conférer à ce crime contre l'humanité une exceptionnalité presque "surnaturelle" (qu'il n'a pas...) afin de, plus encore que "justifier" l'entreprise sioniste (c'est presque secondaire...), l'ériger en "arbre cachant la forêt", focalisant sur lui tous les regards et minimisant à côté de son horreur supposément "exceptionnelle" tous les crimes impérialistes ou étatiques-modernes antérieurs comme postérieurs ; et "sauver" ainsi, au "prix" (commode) de l'expulsion de 12 ans de l'histoire d'un pays (et quelques années d'"une partie" de quelques autres...) de son sein, la "civilisation" occidentale.

    Nous pouvons à ce sujet vous inviter à lire, par exemple, l'excellent Johann Chapoutot :

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/ultra-interessant-au-regard-de-ce-que-slp-a-pu-maintes-fois-ecrire-sur-a134301666

    Ou encore ces quelques modestes réflexions émises à l'époque de la "grande affaire Dieudonné", début 2014 :

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/reflexion-theorique-loi-gayssot-lois-antiracistes-et-memorielles-antif-a114072232


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  • Il règne en ce moment même au Xinjiang, parfois appelé également "Turkestan oriental chinois", territoire du Peuple ouïghour, une situation visiblement tragique sur laquelle (par contraste "étonnant" avec le Tibet du "gentil" Dalaï-Lama ex-esclavagiste féodal et réactionnaire comme pas deux, mais coqueluche de tous les bobos occidentaux de merde bouffeurs de quinoa) plane un assez lourd silence radio des médias mainstream, mis à part quelques articles dans la presse conservatrice-atlantiste (Figaro, Atlantico) ou libérale-libertaire (Libé, Nouvel Obs) la plus anti-chinoise (dont la sinophobie, disons, parvient à compenser et même par moment surpasser l'islamophobie)...

    Il faut dire que les cibles, ici, sont des MUSULMAN-E-S ; raison pour laquelle c'est d'abord par les médias dits (en bon langage républicain) "communautaires", ou les publications de la mouvance décoloniale sur les réseaux sociaux, que nous parvient l'information.

    Tâchons en quelques points d'y voir clair.

    - L’État chinois vient donc d'admettre (précisément, d'avaliser par une loi du 9 octobre), après plusieurs années de dénégations ou du moins de justifications alambiquées, avoir procédé à "l'internement" pour "rééducation" de plusieurs centaines de milliers, peut-être 1 million de Ouïghours (qui seraient un peu plus de 10 millions) ; "rééducation" visant à lutter contre ce que l'on appellerait ici la "radicalisation islamiste", mais qui dans les fait, consiste à imposer par matraquage une allégeance "patriotique" à Pékin et à anéantir des pratiques culturelles faisant partie intégrante de leur identité et de leur conscience nationale - manger halal, pas de porc ni d'alcool, prière, jeûne du ramadan etc. etc. (certaines de ces vexations, comme les forcer à manger du porc ou boire de l'alcool, sont au demeurant totalement ridicules puisqu'en islam la contrainte, la nécessité ou l'insu "annulent" le péché de violation des interdits alimentaires) :

    http://ekladata.com/chine-repression-ouighours.pdf

    Cette région autonome de la République "populaire" (effectivement, sur le papier constitutionnel, autonome contrairement à nos peuples prisonniers et dernières colonies directes de l’État français) est en réalité sous état d'exception depuis pratiquement une dizaine d'années (ou un gros quart de siècle mais surtout une dizaine d'années), après que la résistance nationale ouïghoure face à la botte de l’État central et à la colonisation de peuplement (contrairement aux mythes répandus au sujet du Tibet, toujours peuplé à 92% de Tibétains, il y a bien une minorité - 45% - de Ouïghours au Xinjiang, face à quelques 41% de Chinois han et 14% d'autres nationalités - pour la plupart apparentées, Kazakhs, Kirghizes, Huis etc.*) ait évolué vers une lutte armée (attentats, émeutes etc.) se revendiquant généralement de la foi islamique et parfois du djihad (quelques dizaines, à la rigueur centaines de Ouïghours seraient par ailleurs effectivement engagés dans des organisations dites djihadistes sur d'autres fronts de la planète).

    [* Il convient de préciser à ce titre (sinisation-du-xinjiang, voir aussi le cas de la capitale Ürümqi) que contrairement au Tibet, toujours vassal de l'Empire chinois mais relativement isolé sur ses hauts plateaux, le Xinjiang qui consistait ni plus ni moins qu'en la Route de la Soie a de très longue date connu une importante présence chinoise (nullement liée donc à l'horrible "communiiiisme"), qui pouvait s'élever au tiers de la population totale sous la dynastie Qing (1644-1912) avant de tomber à 6% en 1949 (après 3 décennies et demi de total effondrement intérieur de la Chine et donc de "rapatriement" des marchands, militaires, fonctionnaires etc.), lors de la prise de contrôle du territoire par l'Armée populaire, puis de remonter à la proportion d'un tiers vers l'époque de la Révolution culturelle - par ailleurs, comme pour toute province de tout grand État industrialisé en tant qu'"enclos à force de travail", on trouve également et de plus en plus (surtout depuis environ 40 ans de développement économique à tout crin dans l'"économie socialiste de marché") des Ouïghours hors du Xinjiang, concrètement, comme migrants de travail.]

    Sur la situation actuelle des Ouïghours en République "populaire" de Chine

    - Il apparaît cependant que les choses n'ont pas toujours été ainsi, et clairement pas sous Mao ni même jusqu'en 1989, date de la terrible répression du "Printemps de Pékin" (que l'on peut considérer comme le moment du triomphe total du capitalisme en Chine, dans la perspective de devenir un pays impérialiste). C'est particulièrement important à rappeler, car si un intérêt pouvait exister pour les médias de l'impérialisme (prenant le risque de paraître "pro-islamistes" aux yeux d'une partie de leur lectorat...) de mettre en avant cette terrible persécution, ce serait celui-là : semer la confusion régime chinois actuel = "communisme" et jeter encore de l'huile sur le feu, creuser encore le fossé entre les forces essentielles pour la lutte anti-impérialiste mondiale que sont les révolutionnaires marxistes d'un côté et la résistance nationale des peuples majoritairement musulmans de l'autre (à titre d'exemple : http://www. desdomesetdesminarets.fr/2018/10/13/persecution-des-ouighours - "Leur seul tort est leur religion farouchement combattue par les héritiers de Karl Marx"...).

    Pour toute analyse marxiste sérieuse et digne de ce nom, la Chine ultra-capitaliste actuelle (et depuis près de 40 ans) n'a absolument rien de "socialiste" ni de "marxiste" sinon dans le décorum (servant d'équivalent pour sa "révolution industrielle" d'un - disons - régime bonapartiste autoritaire) ; de notre point de vue maoïste, la contre-révolution des tenants de la "voie capitaliste" y a été opérée sous la conduite de Deng Xiaoping dans les années suivant la mort de Mao (1976, jusqu'à disons la dernière Constitution promulguée en 1982).

    [Lire par exemple : Chine-chasse-aux-étudiants-marxistes.pdf]

    - Selon le quotidien Libération, certes né maoïste dans les années 1970 mais n'ayant plus grand-chose aujourd'hui (ni depuis longtemps) de fanatiquement pro-Pékin, loin de là, "le Xinjiang a longtemps été un monde à part exempté de la politique de l’enfant unique, où se pratiquait un islam ancien et modéré (sic... toujours le besoin d'insister sur ce genre de truc, enfin bref) à 3 000 kilomètres de Pékin. Le ouïghour, langue apparentée au turc et qui s’écrit en caractères arabes, était pratiqué partout, le mandarin ne s’apprenait qu’au collège deux heures par semaine. Les fonctionnaires chinois d’ethnie han étaient rares et discrets. « Mais après la révolte de 1989 et la chute de l’URSS, le Parti communiste chinois a craint que le Turkestan oriental ne fasse sécession. Il a entamé une politique dite d’assimilation, qui est en fait une destruction de notre culture, de notre langue, de notre identité religieuse », explique le juriste Mehmet Tohti, cofondateur de l’association Congrès mondial ouïghour."

    https://www.liberation.fr/planete/2018/08/29/ouighours-les-camps-secrets-du-regime-chinois_1675335

    Ensuite de quoi, "les émeutes de 2009 et une série d’attentats qui ont fait plus d’une centaine de victimes, et l’enrôlement de dizaines de Ouïghours dans les rangs de l’État islamique en Syrie ont renforcé la répression"...

    [Lire aussi, très bon, dans le Monde Diplo : « Les Ouïgours à l’épreuve du « vivre-ensemble » chinois, par Rémi Castets (Le Monde diplomatique, mars 2019).pdf »

    Ou encore cet article, que l'on peut également qualifier de factuel et plutôt équilibré : « Grave attentat dans une mine de charbon d’Aksu. - Informations et actualité Chine - QuestionChine.net.pdf » (au sujet d'un des multiples attentats-massacres à l'arme blanche qui ont eu lieu là-bas depuis les années 2000, car il faut aussi le rappeler, la lutte des séparatistes ouïghours, ce n'est pas non plus tout peace and love !)

    "La polémique sur les causes profondes des troubles ne cesse pas. Le Congrès Mondial des Ouïghours a certes récemment reconnu l’impact du radicalisme islamiste, ciblant par ailleurs l’influence de la Turquie. Mais il continue à stigmatiser la brutalité de la répression chinoise contre la mouvance religieuse et la pratique de l’Islam, cause première de la fracture ethnique.

    Pékin accuse en revanche l’intrusion d’agitateurs externes, attisant à la fois les haines religieuses et le séparatisme politique. L’aggravation de la situation et du potentiel de tensions à venir se lit peut-être dans l’augmentation du nombre d’écoles islamiques clandestines, signalée par une étude publiée par le centre d’études d’Al Jazeera.

    Parallèlement à la construction de mosquées officielles dont le nombre explose (plus de 10 000 érigées seulement entre 2006 et 2011), témoignant de l’augmentation de la foi religieuse dans la province, l’emprise des organisations d’écoles coraniques souterraines animées par des groupes salafistes basés au Moyen Orient s’étend hors des contrôles policiers.

    Leur nombre prolifère à mesure que les Ouïghours ressentent comme des vexations, voire des agressions, les intrusions de la police dans leur pratique religieuse dont certaines manifestations jugées trop ostentatoires sont réprimées (obligation de s’inscrire au Parti, harcèlement des fonctionnaires pratiquant le ramadan, chasse au voile intégral [qui certes dans la région n'est pas "traditionnel" : la tenue traditionnelle des femmes ouïghoures est plutôt comme ça terredasie.com/100-ans-de-mode-ouighoure], au port de la barbe).

    Beaucoup d’attaques terroristes récentes trouvent leurs causes dans la répression de rassemblements interdits ou les fouilles aux domiciles de suspects, suite à des dénonciations anonymes.

    La quadrature du cercle à laquelle le régime doit faire face est la suivante : après des décennies de développement de la province où les Han bénéficièrent de traitements privilégiés et entretinrent peu de contacts avec les Ouïghours au point que dans les années 2000 tous les voyageurs dans la province notèrent que les communautés vivaient côte à côte sans se mêler [1], la vieille revendication d’indépendance du « Turkestan oriental » se double aujourd’hui d’une pression islamiste radicale. La conjonction de ces deux menaces qui se potentialisent l’une l’autre, contribue à durcir les répressions qui, elles-mêmes, attisent le feu de la révolte ethnique et religieuse stimulée par la proximité avec le Pakistan, l’Afghanistan et l’Asie Centrale.

    Note(s) :

    [1] Le gouvernement de la RPC a pourtant souvent protégé les musulmans contre les attaques blessantes. En 1989, il avait interdit le livre Xing Fengsu (coutumes sexuelles) après de violentes émeutes à Lanzhou et Pékin des Musulmans Hui qui jugeaient que le livre insultait l’Islam. En 2007, lors de l’année du cochon, le Parti avait interdit les images de porcs sur les calendriers et, lors de l’attaque contre Charlie Hebdo en France, la presse officielle du régime avait condamné les caricatures de Mahomet. Le Global Times avait même accusé Charlie Hebdo d’attiser l’affrontement entre civilisations. La prudence du pouvoir vise d’abord à protéger les Musulmans de Chine souvent objets de discriminations et de harcèlements. Mais la prévenance officielle s’est surtout exercée au profit des Hui très intégrés à la culture chinoise. Les Ouïghour qui véhiculent aussi un projet sécessionniste ne bénéficient pas de la même tolérance."]

    Il n'y a donc aucune difficulté à imaginer que le régime chinois, toujours fin stratège, ait su profiter du climat mondial actuel pour associer lutte contre le "terrorisme" (avec cette résistance ouïghoure de tendance parfois djihadiste) et renforcement de sa mainmise sur cet immense territoire (3 fois l'Hexagone !) que l'on sait regorger de ressources indispensables à sa position mondiale de nouvel impérialisme concurrent de l'Occident ; par ailleurs principal point de départ des fameuses "Nouvelles Routes de la Soie", ce qui en fait de plus en plus un enjeu géostratégique majeur ; en s'attaquant à travers "l'extrémisme religieux" (soigneusement "confondu" avec) à ce qui forme en réalité l'avant-garde de sa conscience, et donc de sa RÉSISTANCE nationale.

    De manière générale, d'après certaines sources (mais là encore, à voir sur quoi elles se basent réellement...), cette "volonté de puissance" "social"-impérialiste se traduirait politiquement par l'émergence depuis le début de la décennie, autour de Xi Jinping, d'une tendance en rupture avec la ligne léniniste, "soviétique" quant aux nationalités, et favorable à un modèle plus "jacobin"-assimilateur (ici en anglais : What is the Communist Party’s goal in Xinjiang_ - The Washington Post.PDF).

    - MAIS PAR CONTRE, à partir de là, on ne peut qu'inviter le lecteur ou la lectrice à une certaine prudence, un certain recul critique par rapport à TOUT ce qui se dit ; non pas forcément quant à la réalité des faits, mais peut-être par rapport à certaines possibles exagérations ; surtout émanant de "sources" telles que Free Asia (née contre la Chine révolutionnaire de Mao, mais toujours active contre le - désormais - concurrent impérialiste chinois de l'Occident), ou encore les médias des pays pétro-wahhabites du Golfe... Dès lors qu'il s'agit de viser et de jeter l'opprobre sur l'"intrus" dans la "communauté internationale" des puissances géopolitiques : celui qui était encore une sorte de protectorat, presque une colonie il y a à peine 70 ans !

    Dans le registre des tenants "campistes" de la défense de Pékin, et du "fake" au sujet de la répression au Xinjiang, l'on peut citer cet article publié sur Investig'Action de Michel Collon, dont la conclusion somme toute équilibrée pourrait également résumer notre position : 

    https://www.investigaction.net/fr/ouighours-que-se-passe-til-au-xinjiang/

    "Il y a des raisons de se poser des questions sur ce qui se passe au Xinjiang et sur les choix qui ont été faits par la Chine en matière de lutte contre le terrorisme. Mais il est clair qu’il y a aussi une grande campagne de propagande qui est a été lancée autour de cela, et que celle-ci ne vise pas à connaître la vérité ou à défendre les droits humains, mais à préparer la confrontation contre la Chine. C’est une raison de plus d’être très prudent avec les informations que nous recevons."

    [Exemple parmi d'autres de désinformation grossière : selon le "Centre de Recherche pour le Turkestan et l'Azerbaïdjan", organisation basée aux Pays-Bas, les retombées radioactives des essais nucléaires chinois dans le secteur du Lop Nor auraient causé la mort de "200.000" à "un demi-million" de personnes, avec encore dans les années 1990 "85.000 personnes habitant dans la zone contaminée", etc. etc. Pourtant, l'Encyclopædia Britannica (en ligne, 2009) indique dans son article consacré que ce territoire, consistant en une vaste étendue de marécages salés (débouché du fleuve Tarim qui se perd dans les sables du désert à cet endroit), n'a plus connu de peuplement permanent depuis qu'une épidémie en a chassé les rares tribus ouïghoures qui l'occupaient dans les années 1920... !! (Pour rappel, sur les conséquences sanitaires des essais français au Sahara et en Polynésie, dont les donneurs de leçons feraient mieux de s'occuper : Conséquences_sanitaires_des_essais_nucléaires_français - la France a procédé à 210 essais entre 1960 et 1996, 50 aériens et 160 souterrains, contre 45 seulement pour la Chine, dont 23 aériens... comment imaginer alors autre chose que des retombées sur les populations au pire similaires, et certainement pas "un demi-million de morts" ??)]

    Il faut avoir à l'esprit par exemple, sans nier le fond de réalité de l'oppression du Tibet, y compris parfois sous Mao (où les tendances droitistes tendant déjà à voir les "provinces reculées" comme des colonies pour le futur capitalisme chinois, comme les tendances gauchistes aux exactions "civilisatrices" contre les "peuples arriérés", existaient dans le Parti et l'appareil d’État un peu comme ici sous la Révolution bourgeoise), ce que l'on peut ou a pu entendre au sujet du "génocide tibétain" ; en termes d'allégations ne tenant pas debout comme par exemple "1,2 million de morts depuis 1950" (population à l'époque...  1,2 million justement ; aujourd'hui 3,3 millions pour la région autonome, à 93% de nationalité tibétaine contrairement aux allégations de "majorité chinoise désormais" ce qui n'est même pas vrai à Lhassa - 82% de Tibétains ; 6,5 millions en ajoutant ceux des provinces limitrophes où ils sont effectivement minoritaires, mais reconnus comme nationalité dans les districts où ils vivent en majorité ; vous imaginez alors, un peu, les proportions délirantes et contraires à tout bon sens démographique attribuées à ce prétendu "génocide" ; etc. etc.).

    À cet épineux sujet, assez central dans l'anticommunisme de gôôôche bobo-socedem, libéral-libertaire, mais aussi fréquemment brandi par les gauchistes (anars, trotskystes etc.) toujours friands de génocides chez les autres (et moins volubiles s'agissant des crimes contre l'humanité sur lesquels se sont construits leurs propres États bourgeois), l'on peut lire notamment les papiers de l'excellent Domenico Losurdo : la-chine-le-tibet-et-le-dalai-lama - le-tibet-l-imperialisme-et-la-lutte-entre-progres-et-reaction

    [Lire aussi, comme les 3 "jalons" essentiels de la situation au Tibet sous la République vraiment populaire de Mao, pour essayer de sortir un peu (ça reste Wikipédia hein... mais c'est assez riche en informations) des idées toutes faites : Accord en 17 points sur la libération pacifique du TibetSoulèvement tibétain de 1959 - Révolution culturelle au Tibet (la situation au Xinjiang, à l'époque, a de toute évidence connu le même type de complexité).]

    - La position de la Turquie d'Erdogan (le Peuple ouïghour étant musulman mais aussi turcophone...) sur la question tend ces dernières années à évoluer vers un certain silence, ou au "mieux" à se payer purement de mots. Il faut dire que depuis 2016, face au soutien occidental à Rojava, aux suspicions envers l'Occident d'être derrière la tentative de coup d’État "güleniste" de cette année-là et (quoi qu'il en soit) aux condamnations par celui-ci des purges qui ont suivi, le régime AKP d'Ankara a eu tendance à se rapprocher grandement du bloc impérialiste "oriental" russo-chinois ; la Chine étant notamment son principal appui dans la perspective de rejoindre les fameux BRICS turquie-brics.pdf (qui deviendraient alors BRICST, ou peut-être simplement "RICST" vu qu'avec le coup de barre fasciste pro-occidental au Brésil, voilà...), ce qui dans un contexte de véritable guerre monétaire que lui livre Washington (pas au niveau du Venezuela certes, mais un peu quand même) lui donnerait accès à la Nouvelle Banque de Développement réservée aux membres du "club" (et dont heureusement le siège a été fixé à Shanghai en Chine, parce que si c'était au Brésil comme envisagé à un moment, voilà quoi...).

    Ainsi, en dépit du fait qu'historiquement (y compris du temps du kémalisme et de Mao...) le nationalisme ouïghour ait été très lié à l’État turc et à ses discours pantouraniens, on ne voit pas en ce moment le "Sultan" particulièrement "en pointe" sur ce dossier...

    Sur la situation actuelle des Ouïghours en République "populaire" de Chine

    EN RÉSUMÉ :

    - La Chine utilise sans l'ombre d'un doute le prétexte, bien dans l'air du temps, d'une "campagne anti-terroriste" (anti-terrorisme "islamiiiiste") pour, EN CONTOURNANT (car sinon... pourquoi y aurait-il besoin d'un tel prétexte ?) sa propre Constitution qui accorde (sur le papier) aux nationalités périphériques de la République "populaire" une reconnaissance nationale et une autonomie politique dont les peuples niés et les dernières colonies des États européens n'oseraient rêver, asseoir sa mainmise sur le Xinjiang comme "colonie intérieure" au service de sa "volonté de puissance" impérialiste ; en brisant préventivement toute velléité de résistance nationale ouïghoure et en se "garantissant" (relativement) en cela un silence "gêné" des Occidentaux qui risqueraient, en montant au créneau, de se mettre en porte-à-faux vis-à-vis des discours anti-"islamiiiiistes" dont ils abreuvent quotidiennement leurs "opinions".

    [Concrètement : si un pays est capitaliste, inséré dans le Système capitaliste mondial (et aujourd'hui tous le sont pour ainsi dire, même Cuba, la Corée du Nord ou la Transnistrie...), alors il va pratiquer ce que David Harvey appelle le spatial fix ekladata.com/David-Harvey.pdf"le capitalisme ne peut jamais véritablement résoudre ses crises, il peut seulement les déplacer dans l’espace, en relançant l’accumulation du capital dans des régions où les rapports capitalistes sont encore à l’état embryonnaire, jusqu’à l’arrivée de la prochaine crise" ; "intraduisible, ce terme évoque à la fois un nouvel ancrage géographique dans la quête de ressources ou de débouchés, mais aussi le caractère temporaire d'une telle solution, à l'image du bien-être momentané d'un « fix » de drogue".

    La seule question va alors être OÙ, au détriment de quelles populations, planter l'"aiguille" de ce "fix"Et bien évidemment, les populations qui ne risquent pas trop de susciter l'émoi et (encore moins) les envie d'ingérence des chevaliers blancs impérialistes à la BHL-Goupil vont automatiquement se trouver désignées comme cibles faciles. C'est le cas des Ouïghours du Xinjiang, avec leur mouvement national réputé "noyauté" par un islam politique avec lequel l'Occident, depuis les attentats du 11 septembre 2001, a définitivement cessé de "jouer"...]

    - SOLIDARITÉ avec le Peuple ouïghour persécuté par l’État contre-révolutionnaire, "social"-FASCISTE chinois. D'un bout à l'autre de la planète, sans JAMAIS de "bon" ni de "mauvais" oppresseur, LE CAMP DES PEUPLES EST NOTRE CAMP

    - Mais dans le contexte actuel, à ne jamais perdre de vue, d'accélération de la Quatrième Guerre mondiale non-déclarée en cours depuis la fin de la Troisième (la Guerre froide) ; avec une Chine rivale capitaliste-impérialiste de l'Occident ; attention à une trop soudaine mobilisation médiatique, de trop soudaines et abondantes larmes de crocodiles des médias mainstream occidentaux à ce sujet. ÉVITER de se faire hâtivement mobiliser par un camp impérialiste (l'Occident) contre un autre (la Chine).

    Qui irait par exemple, en Syrie du Nord, dénier le droit aux Kurdes de faire face à des gens qui, quelles que soient les (même excellentes) raisons de la haine qui les anime, les considèrent comme des "impies" et des "satanistes" et leurs réservent le sort adéquat ; tout en en profitant pour desserrer un peu l'étouffant étau "jacobin" arabiste pesant sur eux depuis 7 décennies, et se constituer une base arrière contre l’État turc qui les piétine depuis près d'un siècle ? Pour autant, on a hélas vu comment cette belle cause a malheureusement tourné - ou plutôt été détournée...

    Et il peut en être absolument de même avec toutes les plus JUSTES causes de la planète, tant l'impérialisme, les impérialismeS dont il ne faut pas oublier la pluralité et la lutte entre eux, sont capables en la matière de tous les opportunismes.

    On a cité les Kurdes de Rojava ; on pourrait encore rappeler comment avec des individus comme Soral ou Chatillon, la Palestine elle-même, la résistance antisioniste du Machrek arabe peut être mobilisée au service d'une certaine vision, ou du moins "proposition" géopolitique adressée à l'impérialisme français... Dès l'époque de la Première Guerre mondiale, les Irlandais récupérés par l'impérialisme allemand contre l'Empire britannique ; les Arméniens, les Grecs, les chrétiens d'Orient et les Arabes récupérés par le bloc France-Angleterre-Russie pour dépecer l'Empire ottoman allié de l'Allemagne, etc. etc.

    Pour simple rappel : au nombre d'une dizaine de millions, les Ouïghours persécutés représentent quelque chose comme 0,6% des musulmans de la planète. Tout comme les 15 ou 20 millions habitant la Fédération de Russie, et donc potentiellement victimes de ses répressions, en représentent autour d'1%. La quasi totalité des autres (plus de) 98% sont, quant à eux, bel et bien principalement la proie de l'Occident, en Palestine, en Afghanistan et ailleurs ; et c'est sans compter les milliards de damnés de la terre non-musulmans...

    Il n'y a pas 3 siècles, mais une soixantaine d'années, la France colonialiste (au rapport pour le moins lointain avec "les héritiers de Karl Marx", sauf à inclure la SFIO de Guy Mollet dans cette définition...) appliquait exactement le même système d'internement des populations pour les matraquer des "bienfaits" de sa "civilisation" en Algérie : 2 millions de personnes soit un tiers de la population algérienne rurale...

    Mais c'est sûr, il n'est de "bonne" indignation que sélective et les persécutions, les massacres, les crimes contre l'humanité c'est toujours "mieux", plus commode à dénoncer lorsque c'est chez les autres ; surtout lorsque c'est (pour parler clairement) entre "barbares", entre non-Blancs !

    Il ne faut pas verser dans le campisme, dans une lecture purement géopolitique du monde et nier  l'oppression de ceux dont l'oppresseur est supposément dans le "bon" camp ; comme l'aurait sans doute fait ici le (malgré tout) regretté Losurdo, ou comme ceux qui soutenaient les soulèvements arabes jusqu'à ce que leur onde de choc atteigne les rivages de la Syrie "anti-impérialiste", attribuant dès lors toute juste résistance populaire contre l'oppression à la "Main de l'Empire" ; MAIS il faut bien évidemment toujours garder ce genre de facteurs à l'esprit pour que, comme disait Lénine, "le fait que les directions (des) mouvements (de résistance/libération nationale) pourraient les trahir en les associant politiquement et administrativement à l'impérialisme (puisse être) une raison de dénoncer leurs chefs" (et de ne pas se laisser embrigader dans des campagnes de propagande impérialiste au service de la guerre mondiale non-déclarée, etc.), "mais pas de condamner ces mouvements (la "raison de se révolter" qui les porte) en tant que tels".

    [Il faut aussi bien expliquer, comprendre et faire comprendre ici que le problème n'est pas que des peuples soient "ensemble", "amis", fédérés ; et non "séparés pour le plaisir de l'être" : c'est même, au contraire, le principe et le but de toute conception communiste du monde !

    Le problème est lorsque le rapport social entre deux peuples, nations, est un rapport de DOMINATION, d'oppression, de surexploitation du peuple dominé.

    C'est le concept que nous avons pu maintes fois répéter ici 3bVv_BxTLf7zai9k.png : séparation avec ce qui est réactionnaire, domine, opprime ; mais FÉDÉRATION sur des bases DÉMOCRATIQUES, égalitaires, dans une commune perspective émancipatrice pour les peuples ainsi unis, oui, 100 fois oui !

    Le problème n'est donc pas que les Ouïghours, ni quelque peuple que ce soit, Tibétains, Mongols ou autres, soient "liés" à la Chine ; fut-ce comme entité politique autonome d'une même République populaire. Il n'est pas, sous une forme juridique comme sous une autre, ce que l'on pourrait appeler une sorte de "panasiatisme" qui ne serait pas, en tant que tel, plus absurde que de parler de panafricanisme ou de panaméricanisme latino-caraïbe à la Guevara (être, en tant que peuples d'un continent proie de l'impérialisme, "ensemble"/unis pour être plus forts que divisés, instrumentalisés par l'impérialisme les uns contre les autres etc.). La Chine ne s'est pas "abattue du ciel" sur le Xinjiang, le Tibet ni aucune de ses "régions autonomes" que ce soit (ni n'exerce ou n'a exercé, ou du moins tenté de le faire, "de nulle part" son influence en Corée, en Birmanie, au Vietnam-Laos-Cambodge etc.) : il existait des liens historiques séculaires voire millénaires, tributaires dixit Samir Amin, d'"allégeance" vis-à-vis de Pékin ; une "communauté de civilisation" ; et la République populaire est ainsi arrivée sur cette base en proposant de "ressusciter" ces liens, cette "grande famille" (c'étaient les mots officiels), sous la forme de régions à large autonomie (où la révolution pourrait éventuellement avancer à "petits pas", comme au Tibet au début), ou d'amitié et de coopération entre États voisins...

    [Très intéressant aussi, mais malheureusement uniquement disponible en anglais : Maoist National Theory]

    [Et sur le même complexe processus en URSS : http://revueperiode.net/guide-de-lecture-aux-marges-de-la-revolution-russe ; ou encore : Marx-Lenine-bolcheviks-et-l-islam-Drweski.pdf]

    Le problème ce sont les bases saines, égalitaires, respectueuses, démocratiques sur lesquelles doit être établie une telle union ; et leur éventuelle absence au profit d'un rapport de domination ; ce qui est le cas d'espèce que nous offre ici - désormais - la Chine au Xinjiang (il est sans doute, il faut le dire, pour le moins ardu d'établir et de maintenir entre une nation d'un milliard d'individus, industrialisée, à l'économie en développement galopant, et une autre "reculée", rurale et 100 fois moins peuplée, au territoire immense et assez inhospitalier mais bourré de ressources précieuses, des rapports qui ne soient pas de domination...).

    De même que l'union d'un certain nombre de peuples (la quasi totalité de ceux précédemment prisonniers de l'Empire tsariste) au sein de l'URSS, puis de son "bloc" de pays "frères", si elle pouvait se justifier 100 fois (sur le principe) par la belle idée de former un grand "bloc" eurasiatique de peuples "plus forts ensemble" face à un Occident capitaliste-impérialiste rêvant de les écraser, a malheureusement échoué à se consolider sur la base d'un réel consentement démocratique entre tous, à "rayer de la page du temps" la domination grande-russe sur les autres peuples qui était la substance de l'"unité" tsariste antérieure, et a ainsi fini par se disloquer.

    Un rapport de domination qui peut tout à fait se déguiser ou du moins "incuber" ("faire son nid") sous des discours "civilisateurs" pseudo-altruistes, d'"apporter le progrès" (face parfois, en effet, à des archaïsmes sociaux effrayants comme au Tibet) ; et même, donc, sous des discours "ultra-révolutionnaires" de "chasseurs de réactionnaires" dans le style de la clique Iejov-Khrouchtchev de la "Grande Terreur" soviétique des années 1937-38 ou des "représentants en mission" de la Convention à la Fouché-Tallien-Barras-Fréron en 1793-94 quelques-verites-sur-la-revolution-bourgeoise, et, donc, de certains gardes rouges chinois ou du moins formés en (et revenus de) Chine han sous Mao. Ce type de contradictions (et de gouffre dans lequel verser...) est pour ainsi dire intrinsèque à toute expérience révolutionnaire de grande ampleur.]

    *******************************************************

    [Complément-synthèse] 

    - Il y a eu deux Républiques indépendantes du Turkestan oriental, l'une et l'autre d'inspiration plutôt panislamique et panturquiste. La première en 1933-34 [dans le contexte ultra-troublé des Guerres du Xinjiang et de la Rébellion Kumul, rébellion ouïghoure qui se ligua avec la clique du général hui Ma Zhongying pour renverser Jin Shuren, le seigneur de la guerre de la clique du Xinjiang, espérant rétablir ainsi le khanat de Kumul ; le Kuomintang, qui voulait lui aussi se débarrasser de Jin à cause de ses liens d'alliance avec l'URSS, soutenait la rébellion tout en feignant de le reconnaître comme gouverneur légitime ; histoire de dire "un peu" la complexité, digne pratiquement du conflit syrien aujourd'hui, et non la simplicité qui en satisferait certes beaucoup, de l'histoire de la région à cette époque, dans laquelle le conflit actuel plonge ses racines !] a été écrasée par le "gouverneur" (très autonome) nommé par le Kuomintang, avec l'aide de l'URSS (il était craint qu'elle ne s'allie avec l'agitation basmashi qui sévissait alors en Asie centrale soviétique). C'est son drapeau qui est (généralement) encore utilisé par les indépendantistes ouïghours aujourd'hui. La seconde, entre 1944 et 1949, a été plutôt soutenue par l'URSS dans la mesure où s'annonçait déjà la Guerre froide et dans quel camp allait être Tchang Kaï-shek ; elle a été supprimée ensuite sur accord Staline-Mao, juste avant la prise de contrôle du territoire par l'Armée populaire (on accuse Staline d'avoir fait assassiner ses dirigeants qui devaient se rendre à Pékin pour signer le traité avec Mao, mais bon, sans que ce ne soit totalement à exclure, les "révélations" d'"anciens du KGB" sorties en 1991, méfiance...).

    - L'existence, par la suite, d'un courant séparatiste plutôt pro-soviétique n'est pas forcément à exclure en effet ; les raisons qu'en propose [un intervenant révisionniste-campiste anti-maoïste rabique] peuvent en tout cas être cohérentes et crédibles. Il faudrait creuser le sujet.

    - Les sources citées peuvent bien être ce qu'elles sont : la Chine a reconnu, avalisé légalement recourir à l'internement "rééducatif" de plusieurs centaines de milliers voire un million de Ouïghours. [Notre révisio-campiste brejnévoïde] essaye-t-il de nous faire croire que la "branche de Daesh" locale compte un million de membres ? Daesh est une organisation fasciste financée par des oligarques réactionnaires arabes (ou d'autres pays musulmans), dans l'ombre ou plus ou moins en lien avec des secteurs d’État "profond" rappel-encore-une-fois-necessaire ; et qui comptera toujours au moins quelques dizaines de partisans PARTOUT où existe un TERREAU... Un terreau du type de ce traitement que subissent les Ouïghours, tout particulièrement depuis 1989. Ou du type de ce qu'il s'est passé en Irak, mais là ça ne posera évidemment pas de problème à [notre intervenant] de le dénoncer (puisque c'est l'Occident, le "Camp du Mal"). Et dans d'autres pays encore ; parfois de la main des "mauvais" impérialismes, parfois de celle des "bons" (ironie). Ce raisonnement est au demeurant valable pour toute force non-défendable par nous qui pourrait exister ; une force pilotée par l'Occident par exemple, ou la Turquie, les Saoud etc.

    - L'objet premier de cet article n'est pas d'exonérer à tout prix la période maoïste, mais plutôt de parler de la situation actuelle en indiquant que 1°/ il se passe bien quelque chose de critiquable, 2°/ attention cependant à la récupération occidentale (de propagande) de cette affaire, contre l'"intrus" parmi les puissances impérialistes actuelles, le pays qui il y a encore 70 ans était une véritable colonie... 3°/ la Chine actuelle n'est marxiste que sur le papier, ces agissements n'ont rien à voir avec être "les héritiers de Karl Marx" (et le faire croire fait bien l'affaire de l'Occident, en instituant une fracture entre deux forces de résistance mondiale majeures, l'islam résistant et le marxisme), 4°/ ces agissements ne sont "rien" à côté de ce que l'Occident a pu infliger depuis 2 siècles au moins aux peuples de culture musulmane (sans même parler des autres), c'est d'ailleurs pour ça que, même s'il essaye d'en tirer profit, il est gêné aux entournures pour monter au créneau et Pékin en profite. La France par exemple, il n'y a pas 3 siècles mais 60 ans, a enfermé 2 millions d'Algériens (sur 9 ou 10, 6 ou 7 ruraux) dans des camps de regroupement pour les y matraquer des "bienfaits" de la colonisation française.

    - Losurdo peut être intéressant lorsqu'il rapproche la situation des régions "reculées" (Tibet, Xinjiang) sous Mao de toute la complexité, le caractère contradictoire aussi bien de l'insurrection que de la répression (et des excès de celle-ci parfois) d'une Vendée-Chouannerie sous la Convention française ("la Révolution culturelle, en déclenchant une lutte indiscriminée contre toute forme d’« obscurantisme » et d’arriération, a traité le Tibet à l’instar d’une gigantesque Vendée à réprimer ou à catéchiser avec une pédagogie hâtive, mise en acte par des « partisans des Lumières » intolérants et agressifs provenant de Pékin et des autres centres urbains"). Voilà. Par contre, bien évidemment, on ne peut pas être d'accord avec sa caractérisation de la Chine actuelle comme "socialiste", "en NEP à durée indéterminée", dans le "Camp du Bien" (bien que nous secondarisions toujours son "mal" par rapport à "notre" impérialisme occidental) et "mieux" qu'à l'époque...


    Histoire d'être parfaitement juste et équilibré, petit recueil d'articles EN FAVEUR de la position du gouvernement chinois dans cette affaire :

    https://www.legrandsoir.info/l-accusation-de-genocide-de-la-chine-portee-par-le-departement-d-etat-americain-repose-sur-l-utilisation-abusive-de-donnees-et.html

    "Lyle Goldstein, spécialiste de la Chine et professeur de recherche au département de recherche stratégique et opérationnelle du Naval War College, a déclaré à The Grayzone que le fait que Zenz qualifie de ’génocide démographique’ l’approche chinoise à l’égard des Ouïghours est ’ridicule au point d’être insultant pour ceux qui ont perdu des proches dans l’Holocauste’.

    Goldstein a déclaré que l’approche chinoise du Xinjiang ’est une posture plus répressive que nous le voudrions, mais ce n’est certainement pas un génocide’."

    https://www.investigaction.net/fr/ouighours-que-se-passe-til-au-xinjiang/

    "Il y a des raisons de se poser des questions sur ce qui se passe au Xinjiang et sur les choix qui ont été faits par la Chine en matière de lutte contre le terrorisme. Mais il est clair qu’il y a aussi une grande campagne de propagande qui est a été lancée autour de cela, et que celle-ci ne vise pas à connaître la vérité ou à défendre les droits humains, mais à préparer la confrontation contre la Chine. C’est une raison de plus d’être très prudent avec les informations que nous recevons."

    https://www.investigaction.net/fr/?s=Xinjiang

    https://www.legrandsoir.info/xinjiang-quelques-photos-dont-la-derniere-est-etudiee-pour.html


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