• C'est vrai, le campisme qui consiste globalement à se bricoler un pseudo Bloc de l'Est de fortune à base de Russie, de Chine et d'Iran, pour en défendre tous les agissements, est un cancer.

    Mais je partage aussi largement ce que dit [le camarade].

    Il faut déjà rappeler qu'il y a un campisme principal dans la gauche radicale d'ici, mais il est comme invisible tellement on baigne dedans et il semble aller de soi : le campisme d'alignement systématique sur la conception occidentale de la "liberté" et de la "démocratie", contre ce que l'Occident désigne comme "dictature".

    On nous dit que cette fois (et c'est vrai) l'agitation en Iran a un vrai fondement social... OK, mais lorsqu'il y a un gros mouvement social en Europe, des grèves, des occupations, de la casse et des affrontements, est-ce que cela veut dire que le RÉGIME du pays est dans le collimateur des manifestants qui veulent le renverser ? Non, ces 40 dernières années cela n'a pas été le cas, et il est bien possible que ce ne le soit pas non plus en Iran, en dehors de quelques éléments que les médias occidentaux vont bien sûr nous montrer.

    Ce qui est certain en tout cas, c'est que l'Iran ne peut pas être PLUS dégagé qu'il ne l'est de l'étau impérialiste, dans le cadre d'un système capitaliste. C'est-à-dire que seule une révolution populaire démocratique et anti-impérialiste, ininterrompue vers le socialisme et le communisme, donc sous direction communiste au travers de ce qu'on appelle une GUERRE POPULAIRE, peut amener un système politique et social SUPÉRIEUR à celui qui existe actuellement*.

    Tout autre changement de régime n'apporterait au Peuple ouvrier et paysan iranien que PLUS, et non moins d'impérialisme (et ceci est, serions-nous tentés de dire, le cas de tous ces régimes que les vieux révisios du "Collon Club" - appelons-le ainsi - qualifieront d'"anti-impérialistes" ou de "résistants", tels que le Venezuela, Cuba et autres "gauches" d'Amérique latine, l'Afrique du Sud du récent virage anticolonial Ramaphosa-Malema ; la "terrible" Corée du Nord ; les nouveaux "sociaux"-impérialismes russe et chinois bien sûr ; mais aussi largement désormais la Turquie d'Erdogan auquel non, hors la victoire des camarades du TKP/ML, rien, pas même une prise de pouvoir du HDP "progressiiiste" n'est "préférable" – position de conception du monde posée ici : reflexion-fondamentale-de-conception-du-monde-anti-imperialisme-a159123522).


    [* Au fond, tous ces régimes "résistants" à l'hégémonie économique et culturelle "atlantique", que d'aucuns nommeront "anti-impérialistes" ou d'autres encore "idéocraties" (régimes où l'idéologie et l'"idéal" sont centraux), en dehors de la Russie et de la Chine qui sont des impérialismes (certes de très second rang, les États-Unis et leur bloc occidental restant la superpuissance mondiale unique), relèvent de ce que l'on appelle classiquement en langage MLM des régimes bourgeois bureaucratiques, dont on peut dire en substance que :

    "La bourgeoisie bureaucratique, ce sont plutôt des gens qui à la base sont des "révolutionnaires" nationalistes bourgeois [ou pourquoi pas, bien sûr, des révisionnistes issus de révolutions socialistes liquidées...] ; mais dans un contexte où la domination impérialiste rend la révolution bourgeoise impossible. Typiquement, le Kuomintang en Chine : ça a été un parti révolutionnaire au départ. Ou encore, le kémalisme en Turquie. Mais cela peut aussi s'appliquer au Destour de Bourguiba en Tunisie, au FLN algérien, au MNR bolivien ou au PRI mexicain, au nassérisme ou au baathisme arabes, ou encore à des démarches modernisatrices comme celle des Pahlavi en Iran... comme à leurs successeurs de la "révolution islamique" ; bref, à une liste interminable de cas de figure.

    Sauf que comme, on l'a dit, une véritable révolution bourgeoise est impossible sous la domination de l'impérialisme, ces forces finissent tôt ou tard par retomber dans la dépendance et devenir eux aussi des intermédiaires de celui-ci ; sous cette forme, donc, "bureaucratique". En ce sens, il est effectivement possible de dire que quelque part le castrisme, à Cuba, est retombé dans la dépendance et devenu une bourgeoisie bureaucratique au service de l'URSS, etc.

    De fait, le caractère révolutionnaire bourgeois échoué (car impossible) de ces processus rejoint la nécessité impérialiste de modernisation de la production à son service (une certaine "arriération" étant, souvent, ce qui a provoqué le mécontentement...).

    Mais dans cette compréhension des choses, il faudrait donc alors établir une distinction entre lorsque ces régimes bureaucratiques sont "consolidés" comme nouveaux intermédiaires de l'impérialisme (fût-ce un impérialisme rival de celui dont ils se sont libérés initialement), et lorsqu'ils ne le sont pas encore ; en tout cas, lorsqu'ils sont encore dans la phase où ils jouent un rôle positif pour la condition des masses du pays, et assez souvent dans ces circonstances, peuvent être la cible de contre-attaques féroces de leur ancien maître et de ses alliés ; offensives impérialistes contre lesquelles ils doivent être fermement défendus."

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/sur-le-capitalisme-bureaucratique-des-pays-domines-et-le-pretendu-fasc-a114096444

    Ce qui signifie quelque part, en attendant, que les gouvernements de la planète peuvent finalement être classés en deux catégories : ceux auxquels seule une révolution socialiste serait supérieure, comme expliqué ci-dessus ; et ceux auxquels, outre une révolution socialiste, serait également préférable un régime ami de ceux auxquels seule une révolution socialiste est supérieure... à vous de voir lesquels vous classer dans cette catégorie :) :) À vous de voir lesquels vous voulez classer dans cette catégorie !]


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  • Un point (important) dans l'actuelle scission et controverse qui frappe le Parti communiste révolutionnaire (PCR) du Canada (lire ici Nous sommes les Continuateurs et ici rechercher-la-verite-des-faits-une-reponse-aux-soi-disant-continuateur-e-s), est que la position historique du Parti sur la question des Premières Nations autochtones (recueil ici), élaborée et maintenant défendue par le noyau originel qui est maintenant le camp dit des Continuateurs (principalement basé à Montréal), serait supposément "limitée" et devrait être "dépassée".

    C'est ce que le camp opposé, qui compte des Québecois en son sein mais est principalement issu de l'expansion du Parti au Canada anglophone, affirme.

    Alors du coup... Nous disons par avance à ces camarades tout notre enthousiasme de les voir enfin dépasser ces "limites" de la ligne historique des Continuateurs, en laissant les révolutionnaires des Nations autochtones s'auto-organiser (puisque ce sont des nationalités distinctes et opprimées) et en déclarant sans ambiguïté que 85% du territoire de la Fédération doit leur être restitué.

    Bon... Peut-être que ces camarades, qui connaissent bien l'histoire comme l'actualité du mouvement communiste mondial, pourraient nous répondre "POSDR" et "TKP/ML" (deux Partis qui ne raisonnaient et ne raisonnent pas ainsi).

    Mais le POSDR était un Parti social-démocrate qui n'a dépassé, avec le léninisme, les limites du "marxisme" social-démocrate que dans le feu de la lutte. Après Octobre, le PCbUS constitué alors a bien été conçu comme une fédération de Partis nationaux, bien que les Russes n'aient pas un Parti propre à eux (ils étaient directement membres du PCbUS).

    Quant au sujet du TKP/ML :

    1. Le TKP/ML a toujours et depuis le début affirmé clairement le droit des Kurdes à l'auto-détermination, et à longtemps été le seul Parti communiste de Turquie à le faire.

    2. Le TKP/ML est de fait un Parti kurde (80% de Kurdes dans ses rangs).

    3. Il y a beaucoup d'autres nationalités et communautés en Turquie, que les Turcs et les Kurdes : Arméniens, Lazes, Arabes, quelques Grecs résiduels, les Alévis qui sont une communauté religieuse (en partie kurde).

    4. Toutes ces nationalités et communautés, y compris les Turcs sunnites... sont opprimées (par l'impérialisme et l'oligarchie à son service). C'est la raison pour laquelle Kaypakkaya a aussi toujours fermement lié l'auto-détermination des Kurdes, et de toute autre nationalité anatolienne, à la Révolution démocratique dans tout l’État. Pourquoi ? Eh bien tout simplement, parce qu'il savait qu'une autre voie pour la "libération nationale" d'une de ces nationalités pourrait être utilisée par l'impérialisme pour se renforcer dans la région, et ainsi opprimer les autres. Ce à quoi les faits sont aujourd'hui en train de donner raison... La voie petite-bourgeoise, menchévique-libertaire pour la "libération" kurde s'est transformée en arme pointée contre la Nation arabe ; et faute de lien avec les masses turques, n'a fait que renforcer Erdogan et maintenant renforce Akşener qui promet pire encore, un retour pur et simple à la politique des années 1980.

    Tout ceci est évidemment hors-sujet au Canada. Les Canadiens blancs ne sont pas une nation opprimée par l'impérialisme (pas même - plus même - les Québecois/francophones aujourd'hui, bien qu'ils puissent subir une certaine hégémonie anglo-saxonne dans un océan continental anglo-saxon), et l'auto-détermination des Premières Nations ne peut donc pas être utilisée pour les "opprimer" encore plus. Les fédéralistes ont pu par le passé essayer de les jouer contre le souverainisme québecois (en prétendant que l’État fédéral leur offrirait plus de garanties qu'un Québec indépendant), mais cela n'a pas marché car ça ne pouvait pas marcher, et le Québec est désormais un pays quasi-souverain.

    Par conséquent, si les Premières Nations sont qualifiées de nations distinctes et opprimées, colonisées, le seul aboutissement de cette logique et "dépassement" possible des supposées "limites" de la position historique du PCR (la plus avancée, sur cette question, de toutes les organisations communistes canadiennes depuis toujours) est de proclamer clairement que ces 4% de la population doivent se voir restituer (pour commencer !) tous les territoires où ils sont majoritaires, ce qui représente pratiquement 85% des presque 10 millions de km² de territoire fédéral

    Comme vous le savez peut-être, il y a "deux Canadas" : le Canada dit "utile", très majoritairement blanc, le long de la frontière avec les États-Unis... et le Canada ENCORE PLUS UTILE, qui concentre sur et sous son sol toutes les ressources en minerai, hydrocarbures, bois, eau, énergie et matières premières, et sans lequel le Canada "utile" n'est d'aucune... utilité.

    Alors, sûrs et certains, donc, que nos camarades anticolonialistes super-déconstruits du PCR ("majo", "non-Montréal") vont déclarer une telle chose ? Présenté comme cela vient de l'être... je n'en suis plus si sûr.

    [English]

    One (important) point into Canada's Revolutionary Communist Party's ongoing split and controversy, is the Party's historical line about country's First Nations, elaborated and now upheld by Montreal-centered original nucleus and now Continuators part, would be "limited" and have to be "superated".

    That's what the opposing part, counting Quebecois inside but mainly born from Party's expansion in English-speaking Canada, claims.

    So... We're telling beforehand the enthusiastic we are to see theses comrades superating these so-called limits of Continuators line about Native nations, allowing their revolutionaries to self-organize (since they're distinct and oppressed nations) and stating clearly 85 pcts of the Federation's territory must be given them back.

    Well, perhaps will these comrades, well-informed about World's communist movement and histoire, would answer "RWSDP" and "TKP/ML" (two parties which didn't and don't think that way)...

    But RWSDP was a social democratic party which superated, with Leninism, the limits of "Marxist" social democracy in the fire of struggle. After October, CPbSU was a federation of national parties (except for Russians, who were directly members of CPbUS).

    About TKP/ML :

    1. TKP/ML always firmly stood for Kurdish self-determination, and has long time been the only Communist Party in Turkey standing so.

    2. TKP/ML is actually a Kurdish party (80 pcts Kurds inside).

    3. There are much more nationalities and communities in the Turkish state, than Turks and Kurds : Armenians, Lazes, Arabs, some remaining Greeks, Alevis which are a religious community (partly Kurdish)

    4. All these nationalities and communities, including the Sunni Turkish one... are oppressed (by imperialism and its tied oligarchy). That's why Kaypakkaya firmly tied Kurdish and any Anatolian nationality's self-determination to Democratic Revolution in the whole state. Why ? Because he knew, another path for "national liberation" of one of these nationalities could be used to enforce imperialism in the area and so, oppress the others. That's what facts are actually proving today... Petty bourgeois, Libertarian-Menshevik path for Kurdish "liberation" has been changed into a weapon against Arab nation ; and not linked with Turkish masses, only strengthened Erdogan and now is strengthening Aksener who will be far worse even, a complete turn back to 1980s policies.

    This is obviously off topic in Canada. White Canadians aren't an oppressed nation (neither Quebec/French-speaking Canadians now, even if suffering Anglo Saxon hegemony in a continental Anglo Saxon ocean), and First Nations self determination will therefore never be used to "oppress" them more... Federalist tried to play them against Quebec nationalism (pretending Federation offered more guarantees than an independent Quebec), but it didn't work because it couldn't and Quebec is now more than half sovereign.

    So, if First Nations are qualified distinct and oppressed, settled nations, the only way to "superate" supposed "limits" in Historic RCP's stance (the most advanced ever, about this issue, among every Canadian communist organizations in History) is to state clearly these 4% of the federal population must get back (to start !) all territories where they're a majority, which means 85 pcts of the close to 10 millions sq. kms... 

    As you perhaps know, there are "two Canadas" : the "useful" one, mostly white, along US border... and the MORE USEFUL EVEN one which has upon and under ground all gem, oil, gas, wood, water, raw material and energetic resources, and without which "useful" Canada is useless.

    Sure our super deconstructed anticolonial RCP comrades will state that ? Presented the way i've just done, i'm not so sure anymore...

    Une prise de position, sur un seul point, dans l'actuelle controverse canadienne

    Une prise de position, sur un seul point, dans l'actuelle controverse canadienne


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  • ... et d'en être arrivé à des conclusions diamétralement opposées à celles des principaux représentants du "gonzalisme" dans l'État français, les matérialistes-point-com.

    Nous en sommes en effet venus, à travers les réflexions de Gonzalo sur le fascisme, à l'idée que finalement le dualisme démocratie bourgeoise / fascisme n'existe en fait PLUS. Ni l'un ni l'autre n'existent plus (en Occident).

    À la rigueur, des mouvements à proprement parler fascistes existent là où ils relèvent la tête après s'être faits défoncer et fermer leurs sales gueules par les communistes (devenus certes ensuite révisionnistes) pendant 45 ans : en Europe de l'Est. Ou dans un pays encore économiquement arriéré comme la Grèce.

    Mais nos sociétés occidentales sont passées en quelque sorte à travers la "lessiveuse" de l'ère des fascismes (des années 1920 aux années 1970 au plus tard), puis de la Guerre froide avec le fascisme en arrière-plan (réseau Gladio etc.), pour déboucher à l'époque qui est la nôtre sur un dispositif total de contre-révolution préventive qui ne nécessite plus d'être modernisé radicalement par un fascisme "spectaculaire-révolutionnaire". Si un "tour de vis" répressif est nécessaire, il sera tranquillement effectué par l’État sans besoin d'un changement spectaculaire de régime. 

    C'est, finalement, un peu la thèse que le PCmF avait commencé à esquisser dans les années 2000 sous le nom de fascisme moderne.

    Concrètement : il n'y a pas besoin que le FN (par exemple) prenne le pouvoir et organise des défilés aux flambeaux de chemises bleues marines, sous le regard de la Führer (du samedi soir ?) trônant sur une tribune monumentale. Le PS ou les Républicains, ou la République En Marche (encore mieux car "prenant le bon à droite et à gauche") peuvent tranquillement mettre en œuvre toutes les mesures "fascistes" nécessaires au Capital, tout en conservant les formes de la "démocratie" bourgeoise et de l'"État de droit" parlementaire.

    Et il est même possible de dire que ce dispositif... une grande partie de la "gauche radicale" en FAIT PARTIE. Une grande partie de la "gauche radicale" n'est pas, ce n'est pas exactement le propos, "l'ennemi principal" (qui stratégiquement, à long terme, est la bourgeoisie impérialiste, qui ne s'embarrassera plus d'apparences "de gauche" lorsque confrontée à un véritable mouvement révolutionnaire), mais disons le premier (car le plus proche) "anneau de fer" qui empêche l'éclosion d'un mouvement révolutionnaire véritable (armé d'une Pensée totale pour comprendre et donc abattre le système), et qu'il faut donc briser.

    C'est cette interprétation qu'il est possible de donner, par exemple, aux propos des Indigènes de la République : "parce qu'elle est l'alliée privilégiée, la gauche est l'adversaire première". Alliée privilégiée parce que certes, si la gauche (même révolutionnaire) occidentale, et même russe n'a jamais brillé par une compréhension lumineuse des luttes anticoloniales/anti-impérialistes et de leur rôle MOTEUR pour la révolution planétaire (même les propos de Zinoviev à Bakou, souvent cités en exemple, et qui étaient certes une rupture considérable pour l'époque, restent empreints d'un profond paternalisme "civilisateur"...), c'est toujours dans son champ et jamais ailleurs qu'ont pu être trouvés les alliés de ces luttes, les anti-impérialistes conséquents, les "porteurs de valises". Mais adversaire première parce qu'elle est, et aujourd'hui plus que jamais dans ce dispositif total dont nous venons de parler, cet "anneau de fer" qui avec sa certitude tranquille de détenir la Vérité et sa promptitude aux procès en sorcellerie, empêche d'émerger les idées véritablement révolutionnaires.

    Les Indigènes disent cela, mais les maoïstes authentiques et conséquents, ou encore les affirmateurs des Peuples nationaux absorbés et niés par la construction étatique bourgeoise française, pourraient en dire tout autant : c'est bien évidemment d'abord parmi les personnes ayant une sincère conscience "de gauche" que nous pouvons gagner des éléments à nos idées, bien plus que chez les électeurs FN (encore que...), en tout cas les gens de droite. Mais les "gardiens du Temple" de "la gauche", y compris "radicale", du "progressisme"... sont aussi ceux qui nous livrent une guerre sans relâche pour nous faire taire et nous isoler ; un obstacle finalement beaucoup plus problématique devant notre travail politique que la menace physique des fascistes (qu'un peu de muscle et d'entraînement aux sports de combat permet finalement "facilement" d'affronter), et qui souvent littéralement précède la répression d'État, qui nous frappe dans l'action (dans l'État "démocratique" de contre-révolution préventive on a le droit de penser ce qu'on veut, ce qui est interdit c'est d'agir), mais pas dans la diffusion de nos idées !

    Bref, voilà...

    ************************************************************

    [Les trois définitions du fascisme :

    Dimitrov : "dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier" (des monopoles capitalistes impérialistes). La violence répressive est ici un élément central.

    Gonzalo : la violence, la terreur répressive, ne sont pas l'aspect principal car les classes dominantes les ont toujours exercées contre les classes exploitées... et la révolution a elle-même le devoir de les exercer contre les exploiteurs. Le fascisme est surtout un gigantesque mouvement par lequel le capitalisme se restructure pour surmonter sa crise générale, dans une pseudo-unité "corporatiste" d'intérêts entre les classes, dans les pays impérialistes ; et par la même pseudo-unité "corporatiste", se met en place le capitalisme bureaucratique dans les pays semi-féodaux semi-coloniaux.

    - Vers 1870, Marx critique le colonialisme comme (entre autres choses) une situation dans laquelle les forces armées capitalistes se "forment" à des méthodes qui pourront ensuite être "rapatriées" en métropole contre la classe ouvrière. La troisième définition, celle de Césaire, s'inscrit finalement dans le prolongement de cela : les fascismes auront été un gigantesque "rapatriement" des méthodes coloniales (qui jusque-là, outre-mer, ne choquaient pas grand-monde) en Europe, contre les mouvements ouvriers ou dans les guerres de rapine sur le continent même. S'agissant là aussi de violence et de terreur, elle rejoint celle (dont Césaire était contemporain) de Dimitrov ; mais en insistant plus fortement sur l'origine coloniale des méthodes terroristes, et le fait qu'elles ne dérangeaient personne dans ce contexte extra-européen où elles étaient l’œuvre des "démocraties" bourgeoises. De plus, cette oppression "fasciste" que subissent en permanence les peuples colonisés ou dominés par l'impérialisme favorise (Losurdo) "l'égalité entre Blancs", c'est à dire les surprofits de l'impérialisme redistribués aux classes populaires des métropoles pour les "aristocratiser". C'est à dire, dans un sens, le "corporatisme" dont Gonzalo fait la caractéristique centrale du fascisme...

    Nous aurions tendance à penser qu'il faudrait chercher une articulationun recoupement entre les deux premières ; afin de séparer le fascisme d'un côté de la social-démocratie, de la "gauche" réformiste bourgeoise en général qui pourrait elle aussi correspondre à la définition de Gonzalo (avec cependant le fait que, dans les pays impérialistes du moins, cette "gauche" bourgeoise... n'existe plus vraiment, tout au plus un social-libéralisme en "ajustement structurel" néolibéral permanent qui serait en fin de compte la confluence commune des "démocraties sociales de marché" et des fascismes du siècle dernier), du moins ne pas faire preuve vis-à-vis d'elle d'un sectarisme qui "désoriente la classe ouvrière dans la lutte contre son pire ennemi" (sur-le-front-populaire-antifasciste-dimitrov), surtout dans les pays du "Sud global" (comme les régimes "de gauche" sud-américains retour-situation-amerique-du-sud) qui sont peut-être les derniers où (en se confrontant un peu à l'impérialisme) un semblant de réformisme social peut exister ; et de l'autre de la "terreur blanche classique" façon Thiers écrasant la Commune ou dictateurs bananiers d'Amérique centrale ou d'Afrique... Et ce en ayant toujours à l'esprit la troisième, qui permet de comprendre beaucoup de choses, fait d'une certaine manière le lien entre les deux autres, et permet de rester toujours d'un anti-impérialisme conséquent !

    Pour compléter, on ne peut que conseiller de lire ce très intéressant document de l'immense marxiste-léniniste est-allemand Kurt Gossweiler ; dont l'analyse du fascisme est de toute utilité face à un certain nombre d'"élucubrations" sur le sujet qui peuvent prévaloir dans l'antifascisme d'aujourd'hui :

    http://ekladata.com/-V5rhA4Y_xtKc5BoVxT-BfhUUnQ/Des-racines-du-fascisme-et-de-ses-variantes.pdf]

    [* Insurrection du capitalisme contre sa propre crise générale tel que l'a en dernière analyse défini SLP il y a quelques années, avec sur le plan économique un pragmatisme selon le diagnostic de cette crise : dans l'entre-deux-guerres c'était donc plutôt "trop de laisser-faire-laisser-passer" et d'indifférence envers les travailleurs, donc souvent des discours interventionnistes/"socialisants" voire "anticapitalistes", alors que dans la nouvelle crise depuis les années 1970 c'est plutôt "trop de bureaucratie-charges-assistanat" qui domine...

    CONCRÈTEMENT, en Occident :

    - le capitalisme connaît une première grave crise, une première phase de sa première crise générale dans les années 1870-80, dont il sort par le partage impérialiste total de la planète ;

    - MAIS ceci ne fait que conduire à la guerre impérialiste totale (tout un tas de petits conflits qui culminent dans la Première Guerre mondiale), et surtout à une deuxième phase de la première crise générale, encore plus terrible, qui culmine en 1929 et dans la Grande Dépression qui suit : il surmonte cela, comme nous venons de le voir, par les fascismes ou alors les politiques keynésiennes ;

    - MAIS l'"économie sociale de marché" (et la société de consommation) sur laquelle cela débouche montre elle aussi ses limites avec la nouvelle crise générale qui éclate dans les années 1970 : là, les politiques interventionnistes antérieures sont "diagnostiquées" comme "le problème" et l'on s'achemine vers des politiques économiques dites "néolibérales", tout en gardant les sociétés fermement encadrées dans un dispositif de contre-révolution préventive totale ; avec comme épiphénomène de la crise et "groupe de pression", à la fois think tank et "épouvantail" pour mener les pires politiques réactionnaires au nom de la "démocratie", la "montée" des "populismes" d'extrême-droite...

    Dans les pays semi-coloniaux, "indépendants" dès l'entre-deux-guerres ou accédant à l'"indépendance" après la Seconde, le capitalisme bureaucratique au service de l'impérialisme se met d'abord en place à travers le même type de politiques dirigistes-étatistes que les fascismes et les keynésianismes occidentaux des mêmes années 1920 à 1970 ; puis à partir de 1975-80, au plus tard après la chute du bloc soviétique auquel certains étaient liés, s'impose là aussi le "néolibéralisme", parfois (assez souvent) associé au début à une "contre-subversion" ultra-violente ; avant le retour ici et là (années 2000) de gouvernements "de gauche" (Venezuela etc.)... ou même pas, "challengeant" l'impérialisme occidental hégémonique en se liant à la Russie et/ou à la Chine, au "nouveau tiers-mondisme" des "BRICS" etc., sans cependant faire en termes de "rupture" avec le capitalisme et l'impérialisme ne serait-ce que du Salvador Allende ; et la tendance des dernières années semble montrer une dynamique de "reprise en main" occidentale de tout cela (déstabilisation et quasi-capitulation de la "révolution" au Venezuela, liquidation par le successeur de Correa en Équateur, chute du PT de Lula-Dilma par un "coup d’État légal" au Brésil et du kirchnerisme par défaite électorale en Argentine ; renversement de Mugabe au Zimbabwe et maintenant démission de Zuma en Afrique du Sud ; dégagement électoral programmé d'Erdogan en Turquie, qui n'a d'ailleurs même pas mené de politique vraiment anti-occidentale et encore moins anti-"néolibérale", pas plus qu'Assad entre 2000 et 2011 d'ailleurs ; sans même parler de la "réorganisation de palais" en Arabie saoudite ; le tout dans une ambiance en développement de "nouvelle Guerre froide" contre la Russie et l'Iran).]

    [Encore des réflexions intéressantes en commentaire FB :

    "Dimitrov a désigné comme fasciste l'aile terroriste ouverte (selon ses propres mots), terroriste anticommuniste (c'était ce qui l'intéressait), de tout un ensemble de régimes (sans exception dans le monde, en fait, sauf les pays socialistes et les démocraties populaires bien sûr !) entre les années 1920 et 1960 grosso modo, qui ont traduit politiquement l'entrée dans l'ère des monopoles, économiquement antérieure de quelques décennies (disons un demi-siècle)... Et qui ont abouti à l'État capitaliste monopoliste (ou bureaucratique-comprador néocolonial) tel que nous le connaissons et qui perdure aujourd'hui, mais désormais au service du néolibéralisme et non plus de l'"association Capital-Travail" des Trente Glorieuses (ou du "développement" dans le Tiers Monde).

    Donc oui, quelque part tous les régimes de la planète aujourd'hui sont "plus ou moins fascistes".

    Quant à la question du Front populaire et avec qui, on n'est pas non plus forcément obligés de retomber dans ce même "coup de barre" sans doute excessif, torsion du bâton dans l'autre sens après les excès inverses de la "3e période" (qui n'était d'ailleurs pas, non plus, la caricature de sectarisme buté et sans aucun tort des socedems de leur côté, qu'en font les anticommunistes de gauche et les trotskos aujourd'hui).

    Surtout maintenant avec l'absorption totale de la social-démocratie dans le système "fasciste moderne" justement. Une social-démocratie qui ne fait plus du tout partie du mouvement ouvrier, alors qu'encore un peu quand même en 1935."]

    [Ou encore (bien expliqué) :

    "Le fascisme était une phase que DEVAIT traverser le monde capitaliste pour se restructurer dans le contexte de crise générale caractérisée par les deux guerres mondiales puis la Guerre froide, les krachs financiers comme celui de 1929, la montée des luttes sociales avec le succès à travers le monde de révolutions socialistes.

    Dans les États les plus faibles ou affaiblis, il a pris des formes "totalitaires" de parti unique, militarisation de la société et terreur blanche ouverte. Ailleurs, il a pu rester un bismarckisme conservant les formes de la démocratie parlementaire. Dans les États "indépendants" (de plus en plus nombreux) du "Tiers Monde", mise en place du capitalisme bureaucratique par des régimes autoritaires "modernistes" (que ce soit le kémalisme turc ou les Pahlavi iraniens).

    Là où le mouvement ouvrier était assez puissant, et en même temps pas trop radical, prêt au dialogue, on a à la rigueur eu à la place la social-démocratie, le travaillisme etc. ; ou une forme de partage du pouvoir entre une telle gauche et une droite jamais loin des tentations fascisantes (on pourrait qualifier ainsi la France des Trente Glorieuses).

    Mais dans tous les cas, ce qui était commun était l'imposition du règne total du Capital financier.

    Depuis les années 1970 et surtout 80, ce règne total a pris le virage d'une nouvelle restructuration, face à une nouvelle crise, qui est ce qu'on appelle le néolibéralisme.

    Cette phase se caractérise, de par le recul du mouvement ouvrier et la disparition du camp socialiste, à la fois par le rejet des politiques sociales-démocrates ou keynésiennes, et par l'absence (globalement) de formes "totalitaires" terroristes ouvertes.

    C'est ce qu'on appelle le Fascisme Moderne.]


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  • qui n'est pas une force "anti-impérialiste" pour la simple et même raison que le Japon fasciste "libérant" l'Asie des colonialistes européens et US ne l'était pas ; Daesh que l'on pourrait qualifier, de façon caricaturale mais c'est pour mieux frapper et pénétrer les esprits, d'"expansionnisme régional privé de Dubaï".

    Mais cet indéniable fait militaire, démocratique si l'on peut dire, s'est converti en un problème politique mondial.

    Le Donbass devait être sauvé des griffes des nazis ukrainiens (qui quant à eux étaient soutenus, et non combattus par le bloc impérialiste euro-US). Mais ceci n'a pas conduit, et HEUREUSEMENT, à voir en l'eurasiste pro-Poutine (et soutien du Donbass, évidemment) Alexandre Douguine l'idéologue révolutionnaire du 21e siècle.

    En revanche il s'est développé un culte gauchiste d'Öcalan, du PKK et des YPG/YPJ, de leur idéologie foireuse, LIQUIDATRICE de toute conception matérialiste scientifique du monde, et de leur pratique au service de l'impérialisme occidental dans le repartage impérialiste de la Syrie ; ou un centrisme, un libéralisme dans la critique de cela, au nom de "la lutte" ; qui sont devenus un problème MONDIAL pour le mouvement révolutionnaire communiste/anticapitaliste.

    Un autre point qu'il est important de souligner ici, est que ce n'est pas une question de "couilles" d'oser émettre ces critiques ; que ce serait devenu "plus facile" maintenant que le Comité central légitime du TKP/ML a parlé, et qu'un certain nombre de choses deviennent évidentes.

    C'est une question d'ANALYSE CONCRÈTE DE LA SITUATION CONCRÈTE. Rojava DEVAIT être défendu en 2014-2015, voire même jusqu'au premier semestre 2016 ; un soutien DÉMOCRATIQUE et bien sûr critique, mais pouvant inclure sans problème l'envoi de brigadistes internationaux pour s'y battre (bon, une première question à ce moment-là aurait pu être pourquoi ceci était beaucoup plus compliqué s'agissant du Donbass...). À peu près tous les scénarios de devenir de cette expérience politique étaient possibles ; mais l'un d'entre eux, celui de l'écrasement militaire par Daesh, des massacres atroces, de la réduction en esclavage sexuel de la population féminine, devait être absolument rejeté et mis en échec.

    À présent, déjà en 2017 et maintenant début 2018, les choses ont changé de nature, les différents "possibles" se sont progressivement refermés jusqu'à ne laisser qu'une seule réalité, l'actuelle, et la position des révolutionnaires authentiques, matérialistes, doit par conséquent changer.

    Si l'on se replonge dans les articles de Servir le Peuple sur le sujet, les réserves, les craintes pour l'avenir de l'expérience de Rojava ont toujours été présentes. Simplement, le scénario principalement envisagé à l'époque était qu'une fois bien "utilisé.e.s" pour vaincre Daesh, les Kurdes soient abandonnés à la merci des États irakien et syrien, et surtout de l’État turc qui viendrait "sécuriser" la région avec son armée et des groupes "rebelles" liés. Mais ensuite, ce scénario ne s'est en fait pas réalisé : la Turquie ne s'est vue laisser qu'une petite zone entre Jarabulus et le canton d'Efrin, afin de la "calmer" ; et le soutien occidental aux Forces démocratiques syriennes sous direction des YPG/YPJ, et à la désormais "Fédération de Syrie du Nord", s'est fait toujours plus direct et pérenne, organique...

    Cette "Fédération de Syrie du Nord" est désormais devenue l'unique possible protectorat, "part de gâteau" du bloc impérialiste incarné militairement par l'OTAN, dans un pays où la victoire du régime baathiste et de ses parrains russes est il faut le dire écrasante. Mais cela semble peu importer aux chefs de file internationaux de la "Rojavamania", du moment que l'imagerie médiatique du truc est tellement "progressiste" (comme la Géorgie menchévique et marionnette de l'impérialisme pouvait l'être)... et surtout, que cela permet de "prouver" (soi-disant) que le plus strict matérialisme dialectique marxiste est sans utilité pour qu'une "révolution" triomphe.

    C'est pourquoi il est désormais devenu IMPOSSIBLE d'être un authentique révolutionnaire communiste (et non un révisionniste, opportuniste de droite ou "de gauche") et de continuer à soutenir activement, à mener une lutte idéologique pour le soutien à la "Fédération de Syrie du Nord".


    [English]

    Kobane had to be saved from ISIS, which isn't an anti imperialist force for the very same reason Japan fascism "freeing" Asia from European and US colonialism wasn't ; ISIS we can qualify, some caricaturally but to better hit and penetrate minds, a "Dubai private expansionnism".

    But this undeniable, "democratic" in some way, military fact has changed itself in a worldwide political problem.

    DONBASS had to be saved from Ukrainian Nazis (which were, them, SUPPORTED and not fought by Euro-US imperialism). But this didn't lead, LUCKILY, to see in pro Putin Eurasist (and obviously Donbass supporter) Alexander Dugin the new great ideologue of the 21st century.

    On the other hand, on Rojava solidarity's basis has developed a leftist cult of Öcalan, PKK and YPG/J, their fucked-up ideology which is LIQUIDATION of any scientifical and materialist worldview and their practice serving Western imperialism in a new imperialist sharing of Syria ; or a centrism, a liberalism in criticizing this, in the name of "the struggle" ; all this becoming an INTERNATIONAL problem for the revolutionary communist, anticapitalist movement.

    Something else important to point out here, is this isn't a matter of "courage" to dare criticize this way ; something which would have got "easier" now, after TKP/ML's legitimitate CC statement, and many things more getting evident.

    This is a matter of CONCRETE ANALYSIS OF THE CONCRETE SITUATION. Rojava HAD TO BE defended in 2014, 2015 and even up to 2016 ; a DEMOCRATIC and of course critical support, but even through sending International Brigades to fight there (well, a first question then would have been why was it so much more complicated for Donbass...). Every kind of scenario, for the future of this political experience, was then possible ; but one of these, the one of military crushing by ISIS, horrendous mass killings, sex slavery for female population, had to be absolutely rejected and thwarted.

    But now, yet in 2017 and now on the begginings of 2018, things have changed their nature. Different "possible" becomings have been closed until remaining only one reality, today's one, and genuine revolutionaries', materialists' stance shall consequently change.

    If we newly read Servir le Peuple's article about this issue, we can see reservations, fears for Rojava's future have always been present. Simply, the principally envisaged scenario then was, after having been "used" enough to defeat ISIS, the Kurds would be let down by imperialism at mercy of Iraqi, Syrian and above all Turkish state, which would have come to "ensure" the area with its Army and tied "rebel" groups.

    But then, this scenario didn't become reality. Turkey only got a small zone between Jarabulus and Efrin, on purpose to "calm" it down ; and Western support to YPG/J-led SDF, and now called "Northern Syria Federation", has come everyday more direct and everlasting, organic...This "Northern Syria Federation" has now become the only possible protectorate, "cake's share" of the imperialist block militarily embodied into NATO, in a country where Baathist regime's and its Russian godfather's victory is now clearly overwhelming.

    But this doesn't seem to matter a lot to "Rojavamania"'s international prominents, as long as the thing's broadcasted image still is "progressive" (as Menshevik and imperialism's puppet Georgia could be).... and above all, as long as it allows to (supposedly) "prove" Marxist dialectical materialism useless to make a "revolution" triumph.

    That's why it's now gone IMPOSSIBLE to be a genuine revolutionary communist (not a revisionnist, a right or "left" opportunist) and still actively support, wage an ideological struggle on support to "Northern Syria Federation".


    1 commentaire

  • ... selon laquelle la définition du fascisme n'est pas à rechercher dans le degré de violence, mais dans le CORPORATISME, la négation de la lutte et la recherche de la collaboration entre les classes (lire ici par exemple) ; est de nature à surprendre.

    Alors bon, comme on a déjà eu plusieurs fois l'occasion de le dire dans les pages de ce site, il y a le contexte : en héritier de Mariátegui (qui le disait déjà), Gonzalo rappelle que dans un pays semi-colonial et marqué par des rapports sociaux féodaux tel que le Pérou, la démocratie libérale bourgeoise ne PEUT PAS réellement exister, et que dès lors qu'entrés dans la modernité avec un capitalisme bureaucratique, tous ces pays sont quelque part "fascistes". Et périodiquement, face à une crise marquant les limites d'un cycle, le capitalisme bureaucratique s'y réorganise, souvent à travers des régimes de "spectacle" populiste comme typiquement le péronisme en Argentine. Le Parti communiste du Pérou de Gonzalo s'est ainsi grandement construit sous et face à une junte militaire "de gauche" (Velasco, 1968-75), qui avait procédé à des nationalisations, une réforme agraire et s'était rapprochée de Cuba et de l'Union soviétique. Qualifier ce régime de "fasciste" ou "social-fasciste" était, pour bien placer les choses dans leur contexte, un moyen de dire que les communistes luttent pour la révolution démocratique qui signifie le POUVOIR DU PEUPLE et qu'un régime de réformes bureaucratiques "par en haut" n'est pas cela ; de tracer une ligne de démarcation claire avec les autres Partis "communistes" révisionnistes qui le soutenaient ; et de forger un Parti de cadres en acier trempé, ne recrutant que les éléments les plus déterminés et insusceptibles de dérives réformistes, afin de lancer plus tard la Guerre populaire... le jour (17 mai 1980) des premières élections "démocratiques" depuis plus de 15 ans, qui devaient ramener au pouvoir le vieux routard conservateur Belaunde Terry.

    Mais ces propos de Gonzalo, lorsqu'il les tient, n'ont clairement pas vocation à être uniquement contextuels. C'est bien de manière générale qu'il affirme "incomplète" la définition classique du fascisme par le mouvement communiste (Dimitrov). Et à bien y réfléchir... il est effectivement possible de percevoir en ce qu'il dit une portée universelle.

    Car ce dont Gonzalo cherche peut-être à nous parler par là, c'est de la possibilité d'un "fascisme sans fascisme", un fascisme sans terreur répressive réactionnaire ouverte ni "spectacle" totalitaire militarisé ; et il se pourrait bien que ce fascisme... soit ce dans quoi nous vivons sans même nous en rendre compte.

    Concrètement : un dispositif total de contre-révolution préventive qui ne nécessite plus d'être modernisé radicalement par un fascisme "révolutionnaire" ; où si un "tour de vis" répressif est nécessaire, il sera tranquillement effectué par l’État sans besoin d'un changement spectaculaire de régime ; où il n'y a pas besoin que le FN (par exemple) prenne le pouvoir et organise des défilés aux flambeaux de chemises bleues marines sous le regard de la Führer (du samedi soir ?) trônant sur une tribune monumentale ; le PS ou les Républicains, ou la République En Marche (encore mieux car "prenant le bon à droite et à gauche") pouvant mettre en œuvre toutes les mesures "fascistes" nécessaires au Capital tout en conservant les formes de la "démocratie" bourgeoise et de l'"État de droit" parlementaire.

    Voilà l'interprétation possible de sa position qui est potentiellement très intéressante. Loin (très loin), bien sûr, de certains gauchistes qui s'en réclament (ici, lesmaterialistes.com) et pour lesquels ne seraient finalement "fascistes" que les régimes qui de par le monde tentent un peu de défier l'impérialisme occidental (Venezuela de Chavez, typiquement), tandis qu'ici, ne serait fasciste que l'extrême-droite déclarée type Front National et il faudrait, par antifascisme, voter Macron !

    Peut-être, en réalité, que pour parler de fascisme nul n'est mieux placé que l'un de ses admirateurs déclarés, le général argentin Juan Perón :

    "Le fascisme italien a conduit les organisations populaires à une participation effective dans la vie nationale qu'elles n'avaient jamais connues auparavant. Avant l'accession de Mussolini au pouvoir, il y avait la nation d'un côté, et les travailleurs de l'autre ; et les seconds n'avaient strictement aucune implication dans la première. (...) Je me suis alors dit que ceci devait être la forme politique du futur, c'est-à-dire la véritable démocratie populaire, la véritable démocratie sociale."

    Inclure (en apparence) le "bon peuple", qui dans le même temps de pur producteur devient aussi consommateur (réalisateur de la valeur ajoutée, du profit), dans le corps légitime de la nation bourgeoise, voilà ce qui a été la grande œuvre politique du 20e siècle, tant de la part de la social-démocratie ou du social-libéralisme "citoyen" que du fascisme...

    Il y a une situation capitaliste pré-fasciste que décrit Perón, où la nation est foncièrement la nation de la classe bourgeoise et les masses travailleuses n'en font pas réellement partie, et ne s'y identifient d'ailleurs pas vraiment (force est de constater d'ailleurs, comme une constante historique, que tous les pays ayant connu des régimes à proprement parler fascistes étaient des pays de révolution bourgeoise passablement tardive - postérieure à 1850 - et encore marqués par une forte féodalité) ; situation que la première crise générale du capitalisme (des années 1870 à la Seconde Guerre mondiale), avec ses guerres mondiales etc. vient rendre impossible. Le fascisme (en Italie et dans un certain nombre de pays) répond alors à cette problématique et permet de surmonter la crise et sa situation révolutionnaire à l'ordre du jour* ; pour déboucher sur un système capitaliste rénové où les masses laborieuses sont désormais pleinement inclues (en mode corporatiste, "association Capital-Travail", "si l'entreprise va bien les salariés vont bien", producteurs ET consommateurs sur le modèle fordien) dans la "société civile" (Gramsci). 

    [Une "association" cependant, dans cet esprit de "sacrifice" et de "mobilisation générale" pour "redresser l'économie" après les années noires de la crise de 1929, loin d'être toujours paradisiaque pour les travailleurs même les plus "aryens" qui soient (à mettre en parallèle avec l'actuelle politique néolibérale d'"efforts" demandés aux travailleurs pour "maintenir la compétitivité" et "sauver le modèle social" etc. etc.) : Lacroix-Riz-analyse-historique-du-fascisme-allemand.pdf... Mais néanmoins bien réelle et, comme l'expose bien ce document, VOULUE par les plus hautes institutions financières des pays concernés et internationales de l'époque (les ancêtres de nos actuels FMI, BCE etc.) !]

    La "métropole comme usine totale"... Dans l'État français, on pourrait presque faire remonter les prémisses de cette logique à l'idéologie républicarde de la IIIe République, de la "Belle" Époque ; raison pour laquelle peut-être, hors la situation exceptionnelle de l'occupation allemande, il n'y a pas eu besoin d'un régime proprement fasciste ! [lire ici]

    Et c'est vrai que si l'on écarte cet aspect "corporatiste", et d'entrée du capitalisme dans une nouvelle ère en surmontant sa première crise générale, pour ne garder que l'aspect violent, il peut être difficile de distinguer le fascisme de n'importe quelle "terreur blanche" antérieure. Les Versaillais ont massacré plus de Communards en une semaine sanglante de mai 1871, que le régime de Vichy et l'occupant nazi de résistants pendant toute la Seconde Guerre mondiale : la violence ne peut donc suffire à elle seule à définir le fascisme, et d'ailleurs, comme le dit également Gonzalo, la révolution est elle aussi violente et il y a là le danger d'un antifascisme purement moraliste, et non scientifique et politique.

    Si une certaine confusion semble, donc, se dégager des propos de Gonzalo, si l'on serait tenté de lui rétorquer que sa définition du fascisme comme corporatisme pourrait tout aussi bien s'appliquer à la social-démocratie, au social-christianisme, à toutes les formes de travaillisme et de keynésianisme, à la société de consommateurs de manière générale, c'est peut-être... que confusion il y a ; et qu'il cherche à exprimer sa peine à voir la différence entre le fascisme et la "démocratie" bourgeoise post-première crise générale ! Si l'on voulait encore prolonger et approfondir sa pensée ici, en terre occidentale, on pourrait peut-être ajouter que la blanchité, le confort de la "zone de l'être" (Fanon), joue bien sûr un rôle essentiel dans la construction de ce lien corporatiste entre travailleurs et exploiteurs (et du coup, si des millions d'"ambassadeurs" de la "zone du non-être" font irruption dans la citoyenneté légale... il y a un problème).

    Le fascisme explicite, militarisé, de terreur répressive s'est développé à la suite du coup de tonnerre d'Octobre 1917 face à des Partis communistes organisés et déterminés, conscientisés et armés d'une conception du monde.

    À quoi pourrait bien servir un tel fascisme en Occident aujourd'hui, alors que règne le néant politique et idéologique, le tout se vaut et on s'en fout de tout, le comprend-rien-à-rien ; que le dernier argument politique disponible est "ta gueule"  ; et que la gauche dite radicale n'est même pas capable de voir le problème avec ce qu'elle soutient en Syrie, la ligne politique d'Öcalan et le fait que celle-ci dirige la lutte qu'elle encense, rappeler ces évidences marxistes et léninistes étant être un connard ?

    L'analyse rejoint un peu, ici, celle que le PCmF des années 2000 avait pu développer sous le nom de thèse du fascisme moderne.

    Les droites radicales populistes, comme le FN dans l’État français, sont elles-mêmes moins des "partis fascistes" au sens de l'entre-deux-guerres que des organes de lobbying pour un "tour de vis" sécuritaire et éventuellement un réalignement géopolitique (contre l'alignement inconditionnel sur la superpuissance US) ; des mauvaises herbes nauséabondes qui fleurissent sur ce terreau en décomposition, des symptômes de ce néant intellectuel, au "croisement" (comme nous avons déjà pu le dire) de la déshérence sociale et du privilège blanc ; en réalité, seuls quelques petits groupes d'extrême-droite (très marginaux) de type Casapound font réellement de la politique (et connaissent pour cela, pour cette même raison, la même marginalité que les communistes révolutionnaires).

    C'est à ce terreau de néant intellectuel et politique qu'il faut en réalité principalement s'attaquer aujourd'hui, plus qu'à l'extrême-droite populiste symptôme. L'"antifascisme" aujourd'hui, c'est peut-être tout simplement la bataille pour le MATÉRIALISME et la POLITIQUE, contre la dictature du rien !!

     

    [Les trois définitions du fascisme :

    Dimitrov : "dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier" (des monopoles capitalistes impérialistes). La violence répressive est ici un élément central.

    Gonzalo : la violence, la terreur répressive, ne sont pas l'aspect principal car les classes dominantes les ont toujours exercées contre les classes exploitées... et la révolution a elle-même le devoir de les exercer contre les exploiteurs. Le fascisme est surtout un gigantesque mouvement par lequel le capitalisme se restructure pour surmonter sa crise générale, dans une pseudo-unité "corporatiste" d'intérêts entre les classes, dans les pays impérialistes ; et par la même pseudo-unité "corporatiste", se met en place le capitalisme bureaucratique dans les pays semi-féodaux semi-coloniaux.

    - Vers 1870, Marx critique le colonialisme comme (entre autres choses) une situation dans laquelle les forces armées capitalistes se "forment" à des méthodes qui pourront ensuite être "rapatriées" en métropole contre la classe ouvrière. La troisième définition, celle de Césaire, s'inscrit finalement dans le prolongement de cela : les fascismes auront été un gigantesque "rapatriement" des méthodes coloniales (qui jusque-là, outre-mer, ne choquaient pas grand-monde) en Europe, contre les mouvements ouvriers ou dans les guerres de rapine sur le continent même. S'agissant là aussi de violence et de terreur, elle rejoint celle (dont Césaire était contemporain) de Dimitrov ; mais en insistant plus fortement sur l'origine coloniale des méthodes terroristes, et le fait qu'elles ne dérangeaient personne dans ce contexte extra-européen où elles étaient l’œuvre des "démocraties" bourgeoises. De plus, cette oppression "fasciste" que subissent en permanence les peuples colonisés ou dominés par l'impérialisme favorise (Losurdo) "l'égalité entre Blancs", c'est à dire les surprofits de l'impérialisme redistribués aux classes populaires des métropoles pour les "aristocratiser". C'est à dire, dans un sens, le "corporatisme" dont Gonzalo fait la caractéristique centrale du fascisme...

    Nous aurions tendance à penser qu'il faudrait chercher une articulation, un recoupement entre les deux premières ; afin de séparer le fascisme d'un côté de la social-démocratie, de la "gauche" réformiste bourgeoise en général qui pourrait elle aussi correspondre à la définition de Gonzalo (avec cependant le fait que, dans les pays impérialistes du moins, cette "gauche" bourgeoise... n'existe plus vraiment, tout au plus un social-libéralisme en "ajustement structurel" néolibéral permanent qui serait en fin de compte la confluence commune des "démocraties sociales de marché" et des fascismes du siècle dernier), du moins ne pas faire preuve vis-à-vis d'elle d'un sectarisme qui "désoriente la classe ouvrière dans la lutte contre son pire ennemi" (sur-le-front-populaire-antifasciste-dimitrov), surtout dans les pays du "Sud global" (comme les régimes "de gauche" sud-américains retour-situation-amerique-du-sud) qui sont peut-être les derniers où (en se confrontant un peu à l'impérialisme) un semblant de réformisme social peut exister ; et de l'autre de la "terreur blanche classique" façon Thiers écrasant la Commune ou dictateurs bananiers d'Amérique centrale ou d'Afrique... Et ce en ayant toujours à l'esprit la troisième, qui permet de comprendre beaucoup de choses, fait d'une certaine manière le lien entre les deux autres, et permet de rester toujours d'un anti-impérialisme conséquent !

    Pour compléter, on ne peut que conseiller de lire ce très intéressant document de l'immense marxiste-léniniste est-allemand Kurt Gossweiler ; dont l'analyse du fascisme est de toute utilité face à un certain nombre d'"élucubrations" sur le sujet qui peuvent prévaloir dans l'antifascisme d'aujourd'hui :

    http://ekladata.com/-V5rhA4Y_xtKc5BoVxT-BfhUUnQ/Des-racines-du-fascisme-et-de-ses-variantes.pdf]

    [* Insurrection du capitalisme contre sa propre crise générale tel que l'a en dernière analyse défini SLP il y a quelques années, avec sur le plan économique un pragmatisme selon le diagnostic de cette crise : dans l'entre-deux-guerres c'était donc plutôt "trop de laisser-faire-laisser-passer" et d'indifférence envers les travailleurs, donc souvent des discours interventionnistes/"socialisants" voire "anticapitalistes", alors que dans la nouvelle crise depuis les années 1970 c'est plutôt "trop de bureaucratie-charges-assistanat" qui domine...

    CONCRÈTEMENT, en Occident :

    - le capitalisme connaît une première grave crise, une première phase de sa première crise générale dans les années 1870-80, dont il sort par le partage impérialiste total de la planète ;

    - MAIS ceci ne fait que conduire à la guerre impérialiste totale (tout un tas de petits conflits qui culminent dans la Première Guerre mondiale), et surtout à une deuxième phase de la première crise générale, encore plus terrible, qui culmine en 1929 et dans la Grande Dépression qui suit : il surmonte cela, comme nous venons de le voir, par les fascismes ou alors les politiques keynésiennes ;

    - MAIS l'"économie sociale de marché" (et la société de consommation) sur laquelle cela débouche montre elle aussi ses limites avec la nouvelle crise générale qui éclate dans les années 1970 : là, les politiques interventionnistes antérieures sont "diagnostiquées" comme "le problème" et l'on s'achemine vers des politiques économiques dites "néolibérales", tout en gardant les sociétés fermement encadrées dans un dispositif de contre-révolution préventive totale ; avec comme épiphénomène de la crise et "groupe de pression", à la fois think tank et "épouvantail" pour mener les pires politiques réactionnaires au nom de la "démocratie", la "montée" des "populismes" d'extrême-droite...

    Dans les pays semi-coloniaux, "indépendants" dès l'entre-deux-guerres ou accédant à l'"indépendance" après la Seconde, le capitalisme bureaucratique au service de l'impérialisme se met d'abord en place à travers le même type de politiques dirigistes-étatistes que les fascismes et les keynésianismes occidentaux des mêmes années 1920 à 1970 ; puis à partir de 1975-80, au plus tard après la chute du bloc soviétique auquel certains étaient liés, s'impose là aussi le "néolibéralisme", parfois (assez souvent) associé au début à une "contre-subversion" ultra-violente ; avant le retour ici et là (années 2000) de gouvernements "de gauche" (Venezuela etc.)... ou même pas, "challengeant" l'impérialisme occidental hégémonique en se liant à la Russie et/ou à la Chine, au "nouveau tiers-mondisme" des "BRICS" etc., sans cependant faire en termes de "rupture" avec le capitalisme et l'impérialisme ne serait-ce que du Salvador Allende ; et la tendance des dernières années semble montrer une dynamique de "reprise en main" occidentale de tout cela (déstabilisation et quasi-capitulation de la "révolution" au Venezuela, liquidation par le successeur de Correa en Équateur, chute du PT de Lula-Dilma par un "coup d’État légal" au Brésil et du kirchnerisme par défaite électorale en Argentine ; renversement de Mugabe au Zimbabwe et maintenant démission de Zuma en Afrique du Sud ; dégagement électoral programmé d'Erdogan en Turquie, qui n'a d'ailleurs même pas mené de politique vraiment anti-occidentale et encore moins anti-"néolibérale", pas plus qu'Assad entre 2000 et 2011 d'ailleurs ; sans même parler de la "réorganisation de palais" en Arabie saoudite ; le tout dans une ambiance en développement de "nouvelle Guerre froide" contre la Russie et l'Iran).]

    [Encore des réflexions intéressantes en commentaire FB :

    "Dimitrov a désigné comme fasciste l'aile terroriste ouverte (selon ses propres mots), terroriste anticommuniste (c'était ce qui l'intéressait), de tout un ensemble de régimes (sans exception dans le monde, en fait, sauf les pays socialistes et les démocraties populaires bien sûr !) entre les années 1920 et 1960 grosso modo, qui ont traduit politiquement l'entrée dans l'ère des monopoles, économiquement antérieure de quelques décennies (disons un demi-siècle)... Et qui ont abouti à l'État capitaliste monopoliste (ou bureaucratique-comprador néocolonial) tel que nous le connaissons et qui perdure aujourd'hui, mais désormais au service du néolibéralisme et non plus de l'"association Capital-Travail" des Trente Glorieuses (ou du "développement" dans le Tiers Monde).

    Donc oui, quelque part tous les régimes de la planète aujourd'hui sont "plus ou moins fascistes".

    Quant à la question du Front populaire et avec qui, on n'est pas non plus forcément obligés de retomber dans ce même "coup de barre" sans doute excessif, torsion du bâton dans l'autre sens après les excès inverses de la "3e période" (qui n'était d'ailleurs pas, non plus, la caricature de sectarisme buté et sans aucun tort des socedems de leur côté, qu'en font les anticommunistes de gauche et les trotskos aujourd'hui).

    Surtout maintenant avec l'absorption totale de la social-démocratie dans le système "fasciste moderne" justement. Une social-démocratie qui ne fait plus du tout partie du mouvement ouvrier, alors qu'encore un peu quand même en 1935."]

    [Ou encore (bien expliqué) :

    "Le fascisme était une phase que DEVAIT traverser le monde capitaliste pour se restructurer dans le contexte de crise générale caractérisée par les deux guerres mondiales puis la Guerre froide, les krachs financiers comme celui de 1929, la montée des luttes sociales avec le succès à travers le monde de révolutions socialistes.

    Dans les États les plus faibles ou affaiblis, il a pris des formes "totalitaires" de parti unique, militarisation de la société et terreur blanche ouverte. Ailleurs, il a pu rester un bismarckisme conservant les formes de la démocratie parlementaire. Dans les États "indépendants" (de plus en plus nombreux) du "Tiers Monde", mise en place du capitalisme bureaucratique par des régimes autoritaires "modernistes" (que ce soit le kémalisme turc ou les Pahlavi iraniens).

    Là où le mouvement ouvrier était assez puissant, et en même temps pas trop radical, prêt au dialogue, on a à la rigueur eu à la place la social-démocratie, le travaillisme etc. ; ou une forme de partage du pouvoir entre une telle gauche et une droite jamais loin des tentations fascisantes (on pourrait qualifier ainsi la France des Trente Glorieuses).

    Mais dans tous les cas, ce qui était commun était l'imposition du règne total du Capital financier.

    Depuis les années 1970 et surtout 80, ce règne total a pris le virage d'une nouvelle restructuration, face à une nouvelle crise, qui est ce qu'on appelle le néolibéralisme.

    Cette phase se caractérise, de par le recul du mouvement ouvrier et la disparition du camp socialiste, à la fois par le rejet des politiques sociales-démocrates ou keynésiennes, et par l'absence (globalement) de formes "totalitaires" terroristes ouvertes.

    C'est ce qu'on appelle le Fascisme Moderne.]

    À première vue, l'affirmation de Gonzalo

    [En fait, si l'on osait (bon, osons !), l'on pourrait dire que Gonzalo et le PCP nous fournissent des thèses et des enseignements précieux mais souvent sans s'en rendre compte, sans tout à fait les conceptualiser ainsi, et donc sans les formuler aussi clairement que nous allons le faire.

    L'enseignement, par exemple, qu'avant d'être soumis à l'impérialisme yankee le Pérou est et reste une SOCIÉTÉ COLONIALE (lire ici), avec une élite de colons principalement euro-descendants (+ quelques Syro-Libanais ou Japonais comme Fujimori) détachés de la métropole espagnole en 1820, et une masse ouvrière-paysanne indigène ou métisse à dominante indigène (ou parfois afro-descendante) colonisée ; et que les guéguerres politiciennes au sein de la première n'intéressent au fond pas la seconde et ne sont pas sa libération.

    Il n'y a pas d'autre interprétation possible de l'affirmation (encore dans ce texte de 1987) que "la révolution démocratique a trois cibles : l'impérialisme, le capitalisme bureaucratique et la semi-féodalité, l'une d'entre elles devenant la cible principale selon le moment que traverse la révolution", et que ("actuellement", au moment du texte) "dans cette période de guerre agraire, la cible principale est la semi-féodalité" : la semi-féodalité qui, au Pérou, est totalement synonyme de propriété coloniale ; à combattre donc en priorité, au lieu de considérer que la contradiction principale opposerait simplement "la Patrie" (l'élite des colons inclue !) aux "Yankees", et donc que n'importe quel discours ou politique anti-yankee serait valable. 

    L'enseignement, aussi, que dans les pays semi-coloniaux semi-féodaux, "droite" et "gauche" ne veulent au fond rien dire et qu'il faut combattre dans le mouvement communiste l'opportunisme à ce sujet : selon le même texte, il y a au Pérou une contradiction entre un capitalisme (impulsé par et au service de l'impérialisme) "bureaucratique", monopoliste étatique, et un capitalisme comprador monopoliste non-étatique (privé), le premier donnant finalement (ce n'est pas dit clairement dans le texte mais on le comprend) "la gauche" et le second "la droite". Il n'y a en fait JAMAIS eu, en Amérique latine, de véritable "gauche" non-communiste-prolétarienne mais bourgeoise-nationale et petite-bourgeoise démocratique AU POUVOIR ; sauf peut-être à Cuba en 1959, avant d'être poussée par l'intransigeance US vers un "marxisme" révisionniste et l'arrimage au social-impérialisme soviétique, et peut-être encore au Chili avec l'expérience Allende (1970-73) ou au Nicaragua sandiniste (1979-90) : "la gauche" ça n'a en réalité jamais été que la fraction étatiste-"nationalisatrice", bureaucratique de l'oligarchie capitaliste semi-coloniale et de la propriété terrienne semi-féodale, opposée à la fraction compradore attachée à la propriété privée des capitaux (postérieurement au texte, à partir de 1998, il y a eu les expériences "bolivariennes"-"socialistes du 21e siècle" qui pourraient être qualifiées disons de "dialectique complexe" entre l'une et l'autre de ces deux "gauches" retour-situation-amerique-sud discussion-gauche-amerique-latine-capitalism-bureaucrtq capitalisme-bureaucratique-pays-domines, la seconde prenant cependant - et évidemment - le pas sur la première au final...).

    Cet enseignement est notamment FONDAMENTAL pour, loin de l'Amérique latine, analyser la situation dans les pays arabes et plus largement musulmans de la "Région intermédiaire" (de l'Afrique du Nord à l'Asie centrale en passant par le Proche et Moyen Orient) ; le capitalisme bureaucratique et même comprador (privé) y étant généralement, sauf dans la Péninsule arabique et le Golfe, foncièrement associé au "modernisme" et à la "sécularisation", à l'adoption des "valeurs" occidentales, donc "de gauche" dans une lecture ainsi simpliste ; tandis que la bourgeoisie nationale "conservatrice" vis-à-vis des valeurs de l'islam, voire "obscurantiste", y serait "naturellement" classifiée à "droite" : là encore, ce dont il faut se souvenir est en fait un principe de base du marxisme, à savoir que ce qui compte est L'ANALYSE DE CLASSE des phénomènes et des forces politiques et non des notions subjectives et idéalistes telles que "gauche" et "droite", "progressiste" ou "réactionnaire" etc. etc., sous peine de tomber dans l'opportunisme le plus total comme les innombrables "marxistes" ou "socialistes" égyptiens qui ont soutenu le coup d’État fasciste de Sissi en 2013[Lire à ce sujet cet excellent texte de Joseph Massad]

    Et puis l'enseignement, enfin, à valeur cette fois universelle que nous venons de voir, comme quoi le fascisme se définit moins par la violence répressive (et, pourrait-on ajouter, le "spectacle totalitaire"), que la dictature d'une classe exploiteuse a TOUJOURS trouvé les moyens (sous différentes formes) d'exercer à travers l'Histoire ; que par sa logique corporatiste d'"unir" les classes autour de la dominante pour permettre au capitalisme de surmonter une crise et d'entrer dans une nouvelle ère (ou, dans les pays semi-coloniaux, de mettre justement en place le capitalisme bureaucratique au service de l'impérialisme) ; ce qui pose du coup la question de savoir si cette forme politique n'est pas liée à un contexte (surmonter la PREMIÈRE crise générale du capitalisme dans CERTAINS pays européens, mettre en place le capitalisme bureaucratique dans le "Tiers Monde") et inséparable de celui-ci ; et en tout cas rejoint beaucoup plus sûrement la thèse du fascisme moderne du PCM que la focalisation sur l'extrême-droite et l'appel au "Front populaire" avec Macron de Mister Matérialiste-point-com (alias "Gonzaloman n°1" dans l’État français)...]


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  • Le rojavisme poursuit son voyage au bout de la nuit...

    Il y a quand même dans le soutien à cette cause des milliers de camarades sincères qui ne méritent pas ça :

    http://m.vanityfair.fr/monde-de-vf/articles/caroline-fourest-realise-son-premier-long-metrage/59398

    Non, non, non... Là ça va trop loin

    Caroline Fourest, journaliste et réalisatrice documentaire, ajoute une corde à son arc en réalisant son premier long-métrage. Inspirée par « ces jeunes femmes braves qui décident, partout dans le monde, de rejoindre volontairement la résistance kurde contre Daech », elle a choisi de montrer à l'écran ce combat contre des fanatiques qui violent puis asservissent les femmes et radicalisent les jeunes. 

    Son premier film, Red Snake, sera un film d'action politique autour d'un bataillon de soldats composé de femmes kurdes et de volontaires internationaux. Inspiré de faits réels, le long-métrage suivra l'histoire de Zara, une jeune femme Yazidi kidnappée et vendue comme esclave sexuel à un combattant de Daech avant de rejoindre le bataillon prénommé « The Snake Brigade ». 

    Red Snake, mélange de Zero Dark Thirty et Land and Freedom, sera conduit par un casting international composé entre autres de Camélia Jordana (Le Brio), Dilan Gwyn (Beyond), Mark Ryder (Borgia), Golshifteh Farahani (Les Deux Amis) ou encore Jasmine Trinca (Gunman). Produit par Leo Maidenberg et Jad Ben Ammar, le tournage du film est prévu pour février 2018.

     


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  • Quelques considérations sur le procés catalan
     


     La Red de Blogs Comunistas (RBC) estime qu'il convient de publier ces quelques considérations sur le procés catalan et, en dernière analyse, sur la question générale du droit à l'autodétermination de tous les peuples.

    À l'égal de José Díaz qui appelait, dans son discours au Cinéma Monumental de Madrid, à la création d'une “Concentration Populaire Antifasciste” sur la base de quatre points concrets, la RBC défend de la même manière la “libération des peuples opprimés par l'impérialisme espagnol. Que soit concédé le droit de prendre en main leurs destinées à la Catalogne, au Pays Basque, à la Galice et à toutes les nationalités opprimées par l'impérialisme de l’État espagnol”.

    José Díaz, Secrétaire Général du PCE lorsque celui-ci était le Parti d'avant-garde marxiste-léniniste du prolétariat espagnol – disciple fidèle, donc, de Lénine et Staline –, appliquait la doctrine et les principes de ce que Lénine appelait “la double tâche du prolétariat quant au droit à l'autodétermination[1]. Sur cette base, la RBC veut souligner les points suivants par rapport au dénommé procés (processus souverainiste) catalan, ultime chaînon à ce jour de la lutte historique du Peuple catalan pour sa libération de l'impérialisme espagnol :

    1.- En premier lieu, l'indépendantisme catalan n'est pas seulement un mouvement bourgeois, comme le prétendent d'innombrables chauvinistes de gauche. De son caractère multiclassiste, qui se traduit par l'énorme soutien social dont il dispose, émane une évidente composante émancipatrice, populaire et ouvrière ; dont l'occultation intéressée vise par-dessus tout à couper ce mouvement actuel des travailleurs du reste de l’État.

    2.- Les communistes, par conséquent, ne doivent pas se limiter à l'appuyer ou le critiquer, mais bien, comme pour tout mouvement populaire ou révolutionnaire, y PARTICIPER activement en dirigeant les masses, particulièrement le prolétariat, et en devenant leur avant-garde.

    3.- La blessure ouverte en Catalogne ne se refermera pas par de simples rustines légales ou budgétaires. Dans le contexte de lutte politique en Catalogne, à laquelle, on peut l'espérer, se joindront bientôt d'autres nationalités de l’État et divers secteurs populaires, les communistes ne doivent contribuer en aucun cas à ce que le régime monarchique puisse se rendre maître de la situation et la suffoquer. Pour les communistes, la principale tâche théorique et pratique à l'ordre du jour est la transformation du problème catalan du régime bourbonique en problème du régime bourbonique dans l'ensemble de l’État espagnol.

    4.- Comme l'écrivait Friedrich Engels lorsque, faisant référence au problème de l'Alsace-Lorraine, il affirmait que ce problème n'existerait pas si la France et l'Allemagne étaient socialistes [2], seules la fin du capitalisme et la construction d’États libérés de l'exploitation peuvent résoudre la question nationale catalane. En dernière analyse, c'est dans la liquidation du Régime de 1978, c'est-à-dire du système socio-politico-économique “ficelé et bien ficelé” par le franquisme, que se trouve l'unique possibilité de sortir de l'“Espagne une, grande et libre” qui emprisonne les nations et les classes populaires de l’État.

    5.- L'objectif, par conséquent, est de mettre fin à la propriété privée et de la remplacer par la socialisation des moyens de production, c'est à dire, d'en finir avec le capitalisme et la barbarie que ce système représente pour les travailleurs, les peuples et l'humanité dans son ensemble. La tâche des communistes est de soutenir sans réserves toute avancée, pour petite qu'elle soit, vers le socialisme. En ce sens concret, le passage du Régime de 1978 à la IIIe République, avec la profonde signification que possède ce mot en Espagne, constitue un pas en avant qu'il faut aider à réaliser, pour bourgeoise que puisse finalement être cette république. Nous ne devons jamais oublier les fameux mots de Staline dans ses Principes du Léninisme, autour de la question nationale et de sa relation avec la lutte contre l'impérialisme ! [3]

    6.- Dans les pas de Lénine, il s'agit de lutter en premier lieu pour l'unité de classe : tous les travailleurs, indépendamment de notre nationalité, nous sommes frères de classe ! Tous les travailleurs, nous avons le même ennemi commun qui est la bourgeoisie de chacune de nos nations ! Ce qui n'exclut pas, en aucun cas, l'appartenance de chaque travailleur à une nationalité ou un peuple concret ni son identification à une culture déterminée, qui en tant que telles ne pourront jamais en faire l'ennemi de la classe ouvrière d'aucun autre pays. Dans la situation concrète de Catalogne, le seul ennemi de la classe ouvrière espagnole est le chauvinisme grand-espagnol, héritier des fascistes de 1936. La seule patrie de la bourgeoisie espagnole, de la classe parasitaire de la monarchie bourbonique, est son compte en banque.

    7.- Pour finir, la RBC doit faire mention du rôle lamentable joué par Podemos, dont l'ambigüité démontre une fois de plus que son principal objectif et sa raison d'être sont la démobilisation de la contestation populaire et la désarticulation de la classe ouvrière. Au lieu de se placer aux côtés des forces républicaines de Catalogne, au lieu de coordonner dans tout l’État un front politique démocratique et progressiste contre le Régime de 1978, au lieu de lancer dans les rues toutes les masses républicaines de l’État, Podemos s'est situé dans le moins pire des cas dans l'équidistance, c'est à dire, passivement du côté de la monarchie et du chauvinisme grand-espagnol ; il a opté pour le statu quo au lieu de prendre place aux côtés des aspirations progressistes et démocratiques non seulement des Catalans, mais de la classe ouvrière de tout l’État espagnol ; il a renoncé à la construction d'une Espagne différente de celle d'aujourd'hui. C'est son attitude conciliatrice et servile, et non la légitime lutte du Peuple catalan, qui a permis que surgissent le fascisme et le chauvinisme dans toutes les rues d'Espagne.

    Le camarade gallois Nicholas Glais, du blog Democracy and Class Struggle, membre de la RBC, s'est très correctement exprimé en les termes suivants, au sujet de ceux qui donnent au chauvinisme espagnol un vernis “de gauche” : “Il est l'heure de déclarer la guerre à ces gauchistes que ne voient pas l'autodétermination nationale comme une partie évidente de la lutte de classe pour la démocratie et le socialisme”.  



    [1] “Cet état de choses assigne au prolétariat de Russie une double tâche, ou plutôt une lutte sur deux fronts : lutter contre tout nationalisme et, au premier chef, contre le nationalisme grand-russe ; reconnaître non seulement la complète égalité en droits de toutes les nations en général, mais aussi le droit égal à édifier un État, c’est-à-dire reconnaître le droit des nations à disposer d’elles-mêmes, à se séparer ; et à côté de cela, précisément pour assurer le succès de la lutte contre toute espèce de nationalisme dans toutes les nations, sauvegarder l’unité de lutte du prolétariat et des organisations prolétariennes et leur fusion la plus étroite dans une communauté internationale, en dépit des tendances de la bourgeoisie à promouvoir le particularisme national. Égalité complète des nations ; droit des nations à disposer d’elles mêmes ; union des ouvriers de toutes les nations, voilà le programme national enseigné aux ouvriers par le marxisme, par l’expérience du monde entier et l’expérience de la Russie.”.
     
    [2] “Nous ne pourrions pas prendre ni conserver le pouvoir sans réparer les crimes commis par nos prédécesseurs contre les autres nationalités, et ainsi sans 1) faciliter la reconstitution de la Pologne, et 2) mettre la population du Nord du Schleswig et celle de l'Alsace-Lorraine en situation de décider librement à qui elles doivent appartenir. Entre une France socialiste et une Allemagne socialiste, il n'existerait pas de problème de l'Alsace-Lorraine.” (Friedrich Engels, Lettre à A. Bebel, 24 octobre 1891).
     
    [3]  “Le caractère incontestablement révolutionnaire de la plupart des mouvements nationaux est aussi relatif et particulier que le caractère potentiellement réactionnaire de certains autres. Ce caractère révolutionnaire d'un mouvement national, dans les conditions de l'oppression impérialiste, ne présuppose pas nécessairement qu'il soit composé d’éléments prolétariens, la présence d'un programme révolutionnaire ou républicain, ou d'une base démocratique.  La lutte de l’émir d’Afghanistan pour l’indépendance de son pays est objectivement une lutte révolutionnaire malgré le monarchisme de l’émir et de ses lieutenants, car elle affaiblit, désagrège, sape l’impérialisme ; alors que la lutte de démocrates, de « socialistes », de « révolutionnaires » et de républicains comme Kérensky et Tsérételli, Renaudel et Scheidemann, Tchernov et Dan, Henderson et Clynes pendant la guerre impérialiste était une lutte réactionnaire, car elle avait pour résultat de maquiller, de consolider, de faire triompher l’impérialisme.”  


     

    Les communistes de l'État espagnol sur la situation catalane : difficile de faire meilleure résumé synthétique de la position juste qui est la nôtre


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  • Daesh, fasciste mais fasciste anti-occidental comme jadis le Japon shōwa (sauf qu'il n'y a pas officiellement d'État derrière, ce sont des fortunes privées et des 'États profonds' du Golfe), a été écrasé parce qu'il était la menace stratégique la plus immédiate mais aussi la plus facile à vaincre, même si ça a été un peu plus long que prévu. 

    La question est alors celle de la course de vitesse pour la plus grande part de ce qui était son territoire. L'axe Iran-Syrie (avec le gouvernement chiite de Bagdad), appuyé par les Russes, en a tout de même pris la majeure partie, consacrant le déclin de l'impérialisme occidental. Il y a une continuité terrestre de Téhéran à Lattaquié. Reste alors l'encerclement. Au Sud, Israël, la Jordanie et l'Arabie sont solidement pro-occidentaux. Au Nord, il y avait le Kurdistan d'Irak (qui vient de se prendre une branlée après son référendum...), et maintenant il y a donc Rojava...

    Une préoccupation étant aussi, n'en déplaise, de dresser un barrage sur le chemin de la politique ottomaniste menée par Erdogan depuis 10 ans. La Turquie peut bien ne pas être un élément aussi anti-occidental que l'Iran, il n'empêche, pour l'Occident il n'est pas question qu'il y ait une puissance régionale locale dans la région (clarifications-question-erdogan). Israël en chien de garde, et la domination doit être directe. Il y a déjà le problème de l'Iran, pas question qu'un autre pays de 80 millions d'habitants s'impose comme puissance tutélaire au Machrek. 

    Donc avec le Kurdistan d'Irak, même éclopé, et maintenant Rojava, il y aura ce barrage à la fois anti-turc, anti-arabe et anti-iranien. À partir de là, il ne restera qu'à organiser la défaite d'Erdogan face à Akşener (lire ici une bonne présentation politique de cette "femme providentielle") en 2019 pour re-canaliser les énergies expansionnistes turques vers le Caucase et l'Asie centrale, faisant chier les Russes et les Chinois, et pas l'Ouest. [MàJ : bon finalement elle a fait un flop, et Erdogan a remporté la mise encore une fois (sans doute à grand renfort de trucage) turquie-resultats, mais nous voulons dire, n'importe qui incarnant cette Turquie beyaz ("blanche") laïque, moderniste et tournée vers l'Occident... et que ce dernier compte bien, n'a nullement renoncé, à remettre par tous moyens au pouvoir à Ankara turquie-kurdistan-elections-anticipees.]

    Dans ce Grand Jeu régional, Rojava, qui luttait pour sa survie en 2014, a été choisi comme force qui ne serait redevable QU'À L'AIDE DIRECTE reçue de l'OTAN, et à aucune puissance locale (ni Iran, ni Turquie, ni Arabie etc.), afin d'en faire les tirailleurs parfaits. Et contrairement aux communistes chinois, qui ont reçu une certaine aide contre le Japon pendant la Seconde Guerre mondiale, il n'y avait pas chez le PKK d'Öcalan, loin de là, la ligne idéologique en BÉTON ARMÉ pour permettre d'éviter ce triste dénouement. La 'lueur d'espoir' que pouvait représenter Rojava en 2014-2015 s'est totalement convertie en les troupes au sol de l'Occident pour conquérir la plus grosse part de la région sur les ruines du 'Califat'. Sous les applaudissements des néo-menchéviks qui ont voulu voir en cette expérience la démonstration de l'inutilité du maoïsme pour certains ML, et du marxisme-léninisme pour les anars, trotsks, autres gauchistes etc.


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  • Tout a peut-être commencé entre le début de l'été et le mois de novembre en Arabie saoudite, avec le coup de force, la "révolution de palais" du prince héritier Mohammed bin Salmane. Un coup de force dans le sens d'un réalignement total de cette pièce maîtresse de l'impérialisme occidental dans la région, dont les multiples "États dans l’État" commençaient à paraître trop incontrôlables ; et peut-être d'un prochain établissement de relations diplomatiques avec Israël (ce qu'aucun État arabe n'a jusque-là osé faire, même si leurs politiques sont objectivement pro-israéliennes). 

    Un coup de force, aussi, sous le signe d'une ligne politique "moderniste", alors que depuis 1980, le régime wahhabite avait eu tendance à "forcer le trait" en matière de conservatisme religieux salafiste pour contrer l'influence de l'"islam révolutionnaire" iranien et d'autres forces telles que les Frères Musulmans (c'était l'époque où, de manière générale, l'impérialisme US sous l'égide de Reagan croyait intelligent de jouer l'islam sunnite contre l'URSS et l'Iran chiite ; mais dès la décennie suivante commenceront les retours de flammes de ce petit jeu...). Mais tout cela dans une perspective non moins (au contraire, encore plus) au service du bloc impérialiste occidental, face à Téhéran en premier lieu, et en second lieu mais principalement à long terme, contre la tendance générale à la Révolution arabe (soulèvements contre les régimes en place, lutte palestinienne contre le sionisme etc.).

    Ainsi, bien avant même ce coup de force, la notoriété de Mohammed bin Salmane était essentiellement liée à la guerre contre le pouvoir pro-iranien des rebelles houthistes et en soutien au gouvernement de confiscation de la révolte populaire de 2011 au Yémen, considérée comme "sa" guerre ; un conflit nettement moins médiatisé que la Syrie mais qui aurait déjà fait plus de 10.000 victimes. L'un de ses tout derniers développements (il y a tout juste un mois) étant que l'ancien despote Ali Abdallah Saleh, contraint fin 2011 (après 22 ans de règne) à la démission au profit de son vice-président pour sauver les meubles, et qui s'était allié opportunistement (pour se venger) aux houthistes qui se sont emparés de la capitale Sanaa en 2014, a été liquidé par eux suite à la rupture de cette alliance et une tentative de défection vers le camp saoudien.

    Ceci pourrait suffire à soi seul à illustrer la tendance à la guerre impérialiste totale qu'incarne le nouvel homme fort de Riyad, dans une région du monde soumise à un brutal repartage 100 ans après le dépeçage de l'Empire ottoman vaincu, et qui semble grosse d'évènements révolutionnaires d'importance mondiale (de la même importance que la région a pour l'économie capitaliste planétaire) mais jusqu'à présent avortés par des dispositifs contre-révolutionnaires extrêmement sophistiqués (guerre confessionnelle sunnites/chiites, etc.), dont la conversion de la "lueur d'espoir" de Rojava (nous allons y venir ci-après) en principale force au sol du camp impérialiste de l'OTAN, sous les applaudissements de toute la "gauche radicale" mondiale, est vraisemblablement le chef d’œuvre.

    Quant à Israël lui-même, tout concourt à montrer que depuis l'installation de Trump à la Maison Blanche ; Trump l'"anti-système" "antisioniste" du macaque à cul nu Soral... qui vient de reconnaître Jérusalem capitale de l'État colonial d'occupation sioniste ; son agressivité ne fait que se renforcer de jour en jour. De fait, une nouvelle Intifada vient de commencer. http://www.ism-france.org/

    En Rojava, comme on l'a dit, la ligne "tirailleurs de gauche de l'impérialisme" est en passe de totalement triompher de la ligne révolutionnaire, avec comme toujours l'appui crucial du révisionnisme (MLKP et ses sponsors de l'ICOR notamment), au service de ce qui n'est plus, de façon manifeste, qu'une conquête de la plus grande part possible des régions pétrolières du pays sur les ruines du "Califat" daeshiste et face aux forces du régime Assad. En tant que maoïstes, la force politique auprès de laquelle nous prenons nos "ordres", dont nous nous rangeons à l'analyse quant à cette partie du monde, est le TKP/ML (le glorieux Parti de Kaypakkaya) dont le Comité central LÉGITIME est sur cette position et a décidé le retrait du Parti des opérations militaires et des coalitions politiques liées (HBDH) – mais en étant, pour cela, la cible d'un "puputsch" interne des partisans opportunistes de la poursuite de la "révolution régionale" comme troupes au sol de l'impérialisme occidental... Quant aux maoïstes arabes, peu présents en Syrie elle-même mais non négligeables en Afrique du Nord et dans une certaine mesure au Liban, ils ont toujours eu les plus grandes réticences quant à Rojava, qu'ils soient plutôt des supporters du soulèvement populaire de 2011 (les Kurdes leur paraissant alors trop pro-régime...) ou au contraire d'Assad comme "moindre mal". Peut-être étaient-ils, aussi, plus au fait que nous de la profonde arabophobie qui se dégage des écrits d'Öcalan et de son mentor, le sioniste "de gauche" Murray Bookchin ! [Quand on sait, comme nous le savons, que "la politique commande au fusil" et que c'est l'indépendance IDÉOLOGIQUE vis-à-vis de l'impérialisme qui permet l'indépendance concrète par-delà tous les compromis tactiques, eh ben avec l'idéologie contenue dans le pensum d'"Apo", bonjour !!]

    La prédominance, désormais, des forces arabes dans les FDS de la "Fédération de Syrie du Nord" (de l'ordre de 60%) est bien à regarder comme une incarnation typique des contradictions de la situation : d'un côté, consistant en ce qu'il reste de non-islamiste dans l'opposition armée syrienne, elles sont le symbole de la dilution pro-impérialiste de la "Révolution de Rojava"... mais de l'autre, cette opposition "démocratique" étant tout aussi patriote que les islamistes et le régime, ce pourrait bien être dans leurs rangs que des ruptures pourraient se produire face à la réalité de la situation, bien plus que chez les Kurdes qui pour le moment ont obtenu ce qu'ils demandaient depuis 50 ans ou plus, et n'ont pas de raisons d'être mécontents.

    [MàJ juillet 2018 : ça y est Brigade_des_révolutionnaires_de_Raqqa#cite_ref-AFP240618_12-0 - Syrie : couvre-feu à Raqqa contre l'EI et le mécontentement populaire - syriahr.com/en/?p=95616]

    D'aucuns auront beau jeu, dans une rengaine "terrainiste" des plus typiques de l'opportunisme de droite sous un masque de gauche, d'insulter les "rebelles de salon" qui soulèvent ces questions et ces évidences kurdistan-autogestion-revolution.com/je-tire-ma-révérence-la-lutte-continue ; en attendant, à ce que nous voyons, c'est bien le chemin du retour au bercail qu'ils ont pris, comme si instinctivement ils avaient compris que mieux vaut ne pas trop se compromettre avec la suite des événements là-bas...

    Nous, en attendant, nous sommes et resterons fidèles à cette position qui est celle de nos camarades turcs, KURDES (car il y a beaucoup de Kurdes au TKP/ML, en fait... de l'ordre de 80% !) et arabes, "premiers concernés" s'il en est ! Pour des communistes, soutenir objectivement l'effort de guerre impérialiste, surtout dans une région aussi cruciale pour l'économie capitaliste comme pour la révolution mondiale, est sans aucun doute la pire des fautes possibles. S'il s'agit d'aveuglement, de sentimentalisme, mais animé d'aspirations révolutionnaires sincères, d'"amis qui se trompent", passe encore ; mais s'il s'agit d'un soutien parfaitement conscient et théorisé à cette ligne (et osons le dire, en Occident, animé par un "universalisme" révolutionnaire "intersectionnel" suprématiste blanc), il y aura un jour des comptes à rendre.

    Alors bien sûr, lorsque nous parlons de contre-révolution, de triomphe de la ligne noire, ce sont tout de suite les grands cris ; aussi est-il important de rappeler ceci, qui devrait faire partie des évidences pour les marxistes, mais ne l'est hélas plus : lorsque la révolution avance, et l'on peut effectivement considérer la région du Proche et Moyen Orient comme entrée dans une situation révolutionnaire tout à fait comparable à celle de l'Empire tsariste en 1917, la contre-révolution avance aussi ; mais elle avance sous différentes formes. Il y a la contre-révolution ouvertement réactionnaire, "fasciste". Les forces telles que Daesh ou Al Nosra sont dans cette catégorie. Le régime de Bachar el-Assad est un régime social-fasciste, comprador hier du social-impérialisme soviétique, aujourd'hui des impérialismes russe et chinois principalement. Mais il y a aussi la contre-révolution que l'on appellera MENCHÉVIQUE : la contre-révolution "de gauche", celle qui plaît aux "progressistes" et autres "anti-toutes-les-oppressions"... et, passablement il faut le dire, à L’IMPÉRIALISME, à l'universalisme impérial "démocratique" ! La contre-révolution de Kerenski et Fanny Kaplan (qui tira sur le "dictateur" Lénine en lui reprochant... la paix de Brest-Litovsk avec l'Allemagne et l'Autriche), mais aussi de toutes les petites républiques de "cordon sanitaire" autour de la Russie rouge : Géorgie, Arménie etc., et même dans une certaine mesure l'Ukraine de Petlioura, homme qui venait de la social-démocratie menchévique, tout comme d'ailleurs Pilsudski en Pologne. Des États tout ce qu'il y avait de plus "progressistes", "démocratiques", consacrant le "droit des peuples à disposer d'eux-mêmes", et que selon les anticommunistes "de gauche", les "affreux bolchéviks" viendront ensuite "égorger"... Les Arméniens avaient subi l'abominable génocide des nationalistes turcs et ils avaient évidemment droit à l'autodétermination, droit en tant que peuple à disposer d'eux-mêmes, ce que personne chez les bolchéviks ne niait ; mais la Grande Arménie du Traité de Sèvres était le plus objectivement du monde un jouet des impérialistes (les Alliés vainqueurs de 1918) pour à la fois "contenir" la Révolution russe et dépecer le défunt Empire ottoman, et c'est ainsi que les bolchéviks et l'Internationale communiste l'analysaient : marxists.org/zinoviev_19201014.htm. Comme pouvait le déclarer Zinoviev (au nom de l'Internationale), le succès de cette supercherie était rendu possible par le fait de "poser les questions nationales d'un point de vue réformiste" (on notera la frappante proximité des attaques des centristes kautskystes pro-menchéviks, auxquelles il faisait face, avec les ressorts moralistes-humanistes-progressistes du "rojavisme" actuel)...

    C'est dans cette catégorie menchévique que s'inscrit la ligne contre-révolutionnaire "tirailleurs de gauche de l'OTAN" que nous dénonçons en Rojava/Syrie.

    Et c'est très dangereux car pour un marxiste même bien formé, il est évidemment beaucoup plus facile de verser dans le menchévisme (comme le fit en son temps une sommité intellectuelle telle que Kautsky !) que dans la noire réaction ou le rouge-brunisme (encore que ce dernier cas ne soit pas si rare...). Il était facile, normal, et disons-le en grande partie justifié de soutenir Rojava, comme NOUS l'avons soutenu et le Comité central du TKP/ML (décidant d'envoyer la TIKKO) également, à l'époque où les cantons étaient assiégés et promis au massacre ; raison pour laquelle nous présumons toujours a priori de la bonne foi révolutionnaire de la majorité des "rojavistes". Du point de vue occidental où nous nous trouvons, vouloir montrer à travers la résistance de Rojava que la solution au "terrorisme" réactionnaire est dans la révolution anti-impérialiste des peuples concernés et non dans l'"État fort" fascisant, dans un contexte fait d'ascension puis d'élection de Trump aux États-Unis, de déchaînement réactionnaire autour du Brexit en Grande-Bretagne, d'état d'urgence et de Le Pen garantie au 2d tour de la présidentielle en Hexagone, etc. etc., pouvait totalement se comprendre et se défendre... Mais bien sûr, pour cela, encore fallait-il qu'il s'agisse bel et bien d'une révolution anti-impérialiste ! Sans quoi, une politique de troupes de choc de l'impérialisme ne ferait que jeter encore de l'huile sur le feu et alimenter le "terrorisme" dans une Nation arabe en crise politique et sociale profonde et où rien ne serait réglé... Les deux voies, comme en toute chose, existaient en 2015 ; mais c'est malheureusement la dernière qui l'a emporté. Les communistes authentiques ont pour politique de ne pas insulter l'avenir et de toujours laisser sa chance à un processus politique d'essence populaire et "rupturiste" ; sans quoi il faudrait brûler les œuvres complètes de Lénine qui a soutenu D'Annunzio à Fiume et la Guerre nationale turque de Mustafa Kemal, deux processus ayant conduit à des régimes fascistes ; mais ils ont également pour politique de se rendre à l'évidence lorsque l'évidence est là, et dès lors un se divise en deux avec ceux qui veulent persister dans l'aveuglement, et à plus forte raison avec ceux qui l'encouragent !

    En Iran, un nouveau mouvement de contestation a éclaté. Il présente des différences notables avec celui de 2009 : ce n'est pas une protestation post-électorale en faveur du candidat "modéré" favori de l'Occident ; le mécontentement semble avoir des bases profondément sociales (hausse des prix etc.). L'Iran a une structure économique finalement assez proche de la Chine actuelle : gros secteur capitaliste bureaucratique d'État (entreprises sous le contrôle des Gardiens de la Révolution, notamment), et petite sous-traitance y compris pour les entreprises... occidentales ; le régime y est lui aussi le fruit d'une révolution populaire confisquée (tout de suite ou presque, et pas après 27 ans - lire aussi ici, illustration à travers un cas individuel de toutes les contradictions de ce phénomène politique) ; et il connaît probablement le même phénomène d'émeutes locales quasi quotidiennes, le mouvement actuellement en cours pouvant peut-être être vu comme une généralisation simultanée de celles-ci.

    Cependant, dans le contexte actuel d'offensive impérialiste tout azimut, un certaine prudence s'impose et le fait est que Trump et Netanyahou n'ont pas tardé pour apporter leur soutien au soulèvement et appeler au changement de régime. Cet aspect des choses ne peut être ignoré.

    Et il faut aussi, sans vouloir être dogmatiques et clamer que "sans le Parti il n'y a rien", ni prétendre nier qu'"on a raison de se révolter", ni exprimer la moindre sympathie pour le régime (surtout après son rôle joué en Syrie...), rappeler ce fait objectif : que cela plaise ou non à la gauche bobo et postmo-intersec occidentale, la République islamique est POPULAIRE (y compris même, peut-être, parmi certains insurgés qui l'estiment plus "trahie par les corrompus" que problème en soi) et seule une GUERRE POPULAIRE POUR LE COMMUNISME est susceptible de constituer une proposition alternative suivie par les larges masses ouvrières et paysannes ; et certainement pas les mots d'ordre de la bourgeoisie urbaine la plus occidentalisée (quel que soit le mécontentement populaire réel, devant les hausses de prix et autres choses, sur lequel ils peuvent reposer).

    Le régime en Iran ne changera pas à travers une simple "révolution colorée" faisant 50 morts, mais à travers une véritable guerre ; et cette guerre ne pourra être que populaire et révolutionnaire, ayant alors tout notre soutien, ou alors sectaire, réactionnaire et de repartage impérialiste de la région, comme en Syrie depuis 2011, ce qu'il est bien sûr hors de question de soutenir. https://www.monde-diplomatique.fr/2018/01/HALIMI/58241

    Au Basûr (Kurdistan d'Irak), vous savez, là où "ça n'avait pas de sens" de s'opposer au référendum-plébiscite (pour une soi-disante indépendance déjà acquise depuis 25 ans) en faveur du despote pro-impérialiste et pro-sioniste Barzani, eh ben ça y est, c'est le feu, la révolte générale contre la clique au pouvoir : http://www.presstv.com/Detail/2017/12/27/546941/Irak-Kurdistan-Erbil-Bagdad-Barzani. Mais bien évidemment, il faut retourner Google pour trouver un article en français dessus... Pas comme en Iran quoi !

    Voilà le tableau actuel d'une situation aux GRANDES POTENTIALITÉS RÉVOLUTIONNAIRES qu'il faut suivre avec la plus grande attention, et surtout, dans laquelle savoir BIEN CHOISIR SON CAMP est d'une importance absolument capitale.



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  • Par le camarade Ajith, l'un des plus brillants théoriciens maoïstes d'Inde, dirigeant à l'époque (2008) du CPI(ML) Naxalbari qui a fusionné depuis, le 1er mai 2014, dans le CPI (Maoist). Il est prisonnier de l’État fasciste depuis mai 2015

    http://library.redspark.nu/2008_-_Islamic Resistance, the Principal Contradiction and the 'War_on_Terror'

    Quel est le bilan de presque 7 années de "guerre contre le terrorisme" conduite par George W. Bush ? La mort, la destruction, la torture et toute l'inhumanité de l'impérialisme se sont multipliées par mille. Et en dépit de tout cela, les États-Unis et leurs alliés se trouvent encore très loin des objectifs qu'ils s'étaient fixés en Irak, en Afghanistan ou en quelque autre endroit du monde.

    Les deux guerres en Irak avaient été célébrées par la classe dirigeante US comme la fin du "syndrome du Vietnam", c'est à dire, de la crainte de s'engager dans des interventions militaires prolongées et de s'y enliser avec toutes les conséquences que cela implique. Mais à présent, les débats et les dissensions internes semblent indiquer tout le contraire.

    Malgré l'envoi constant de renforts en Irak, le régime de Bush n'a pas réussi à réduire la résistance. Les pertes américaines augmentent chaque année. Aux États-Unis mêmes et parmi leurs alliés, la pression en faveur d'un retrait s'accroît. Mais les choses ne sont pas aussi faciles : retirer les troupes équivaudrait à une acceptation officielle de la défaite dans la "guerre contre le terrorisme". Les répercussions de cela ne se limiteraient pas à la région uniquement. Au-delà de ça, cela supposerait une explosion de la violence sectaire. L'Afrique est malheureusement la preuve que l'impérialisme peut vivre avec cela et même en tirer profit. Mais la violence sectaire en Irak ne resterait pas contenue dans ses frontières. Son extension aurait des implications stratégiques bien plus importantes qu'en Afrique [presque 10 ans après la rédaction de ce texte, on a pu voir oui...]. Un Irak en guerre interne aurait un impact sur les pays voisins, affectant la principale région productrice mondiale de pétrole et causant une déstabilisation dévastatrice de toute l'économie mondiale.

    L'impérialisme US se trouve pris dans une impasse. Il ne peut pas poursuivre dans cette direction encore longtemps, et il ne peut pas non plus se retirer facilement. L'option d'impliquer l'Iran pour utiliser son influence en Irak est encore plus contradictoire. Tout d'abord, pratiquement toutes les études menées par les think tanks impérialistes admettent que le rôle de l'Iran dans la résistance chiite irakienne est mineur. D'autre part, concéder à l'actuel régime iranien un rôle pour garantir la stabilité de l'Irak, serait une considérable estafilade dans les plans américains pour l'Asie occidentale.

    Cela affaiblirait aussi leur contrôle sur les autres régimes compradores de la région. La "guerre contre le terrorisme" supposait pour les États-Unis de tirer tous les bénéfices d'être l'unique superpuissance. Elle avait pour but d'assurer que ni les peuples du monde, ni leurs rivaux impérialistes ne soient en mesure de défier leur suprématie. Mais le bain de sang en Irak et en d'autres lieux a permis d'exposer la faiblesse militaire de l'impérialisme US devant les peuples, et ainsi, leur a donné plus de confiance pour lutter contre lui, sa stratégie apparaissant toujours plus comme un fardeau. À cela s'ajoute la possibilité pour ses rivaux impérialistes, en particulier la Russie, d'avancer leurs pions pendant qu'il est "fixé" en Irak.

    L'Irak et l'Afghanistan ne sont pas strictement comparables au Vietnam. Dans ce pays, il y avait une force révolutionnaire dirigeant une lutte de libération nationale. Ici, la guerre nationale est organisée et dirigée principalement par les forces islamiques. Mais quant à la situation dans laquelle les États-Unis se trouvent aujourd'hui, les similitudes sont frappantes. Ceci prend racine dans la principale source du problème, le développement de la contradiction entre l'impérialisme et les nations et peuples opprimés, qui décrit le contexte et en détermine la dynamique. À la différence du Vietnam, cette contradiction ne se manifeste pas en Asie occidentale et en Afghanistan au travers d'une différenciation aiguë produite par une idéologie révolutionnaire, mais se présente encore embourbée dans un affrontement sectaire de masses contre masses. Mais c'est justement cette complexité, la forme particulière sous laquelle la contradiction de développe, qui exige d'être analysé.

    Il faut pour commencer se pencher sur deux points de vue, qui se complètent entre eux en dépit d'avoir l'air totalement contradictoires. Le premier reconnaît formellement le caractère réactionnaire de l'idéologie des forces islamiques, mais pratique ensuite un suivisme acritique vis-à-vis d'elles. Le second admet formellement qu'elles font partie de l'humanité opprimée et colonisée, mais présente ensuite leur lutte contre l'occupation impérialiste comme un choc entre deux forces réactionnaires. Le point commun entre les deux est une logique d'un genre particulier, qui veut que leurs prémisses ne se retrouvent absolument nulle part dans leurs conclusions... Ce qui est frappant, surtout, est la façon dont ces deux positions cherchent à éviter de faire face à la complexité précédemment évoquée. De telle sorte que l'une et l'autre font obstacle à toute possible intervention maoïste ; dans le premier cas en se mettant à la remorque de "ce qui existe sur le terrain", dans le second en se tenant éloigné d'une réalité "confuse".

    Le problème essentiel avec la principale résistance en Irak ou en Afghanistan n'est pas qu'elle soit islamique, ou pour le dire en termes plus généraux, qu'elle soit dirigée par une idéologie de caractère religieux. Les idéologies religieuses ont maintes fois pu jouer un rôle progressiste dans l'histoire. Elles peuvent encore aujourd'hui se convertir en expressions d'un contenu national et démocratique, car dans les pays opprimés, dans des conditions semi-coloniales et semi-féodales, la religion n'est pas seulement une question spirituelle : elle est aussi un mode de vie étroitement imbriqué dans la culture nationale.

    Par rapport au sujet spécifiquement abordé ici, le principal problème prend source dans l'élaboration de cette idéologie en particulier, les programmes sociaux réactionnaires proposés par les forces les plus décidées de la résistance islamique, leur "fondamentalisme". Pour autant, au-delà de rechercher la raison pour laquelle les idéologies religieuses, au lieu des séculières, obtiennent autant de soutien, nous devons aussi nous demander pourquoi ce courant religieux en particulier avance, au lieu par exemple d'une théologie de la libération.

    Une réponse tentante pourrait être une combinaison de facteurs tels que l'affaiblissement de la foi en la pensée progressiste et la pratique en général, occasionné par les évènements mondiaux (notamment la chute du socialisme), l'échec des maoïstes à défendre le drapeau de la libération nationale dans les pays opprimés, joint à une identification superficielle de la modernisation compradore avec la sécularisation de la société ; la férocité et le rejet inflexible de la situation existante que l'on observe dans la religiosité fondamentaliste et qui offre aux masses une radicalité militante : tous ces facteurs ont certainement joué. Les ravages de la globalisation et de la misère, combinés à l'impulsion consciente donnée parfois aux mouvements religieux par l'impérialisme et les réactionnaires, offrent également sans doute des conditions propices.

    Mais il faut nous garder de donner trop d'importance à cela. Établir une causalité absolue entre l'affaiblissement de la religion et la prolétarisation, et inversement entre la déprolétarisation et son resurgissement, est le pire genre de pensée mécanique et de généralisation hâtive qui puisse exister. En ce qui concerne le rôle de l'impérialisme et de la réaction, même en le retenant comme un facteur important, il n'en pose pas moins la question de pourquoi il rencontre tant de succès, et implique par conséquent, et même à plus forte raison, la nécessité de se pencher sur les facteurs matériels et culturels intrinsèques à chaque société particulière. De même que la vision de la poussée de ces mouvements fondamentalistes comme un pur "stratagème de l'impérialisme et de la réaction" pour "détourner les masses des vrais problèmes" de la globalisation est incapable d'expliquer son authenticité perçue, justement, comme une réponse à la globalisation par la masse de ses partisans ; en plus de rejeter les questions de la foi et de l'idéologie hors de la liste des "vrais problèmes".

    Quelle est donc la centralité de classe des mouvements fondamentalistes islamiques, ou des mouvements fondamentalistes en général dans les pays opprimés ? Elle peut tout à fait être petite-bourgeoise, rurale ou urbaine, y compris d'éducation "moderne". Le marxisme, et les expériences de la vie quotidienne nous montrent que la petite bourgeoisie des pays opprimés est une force sociale importante au niveau national, n'appartenant en aucune manière à des secteurs historiquement retardataires, bien qu'elle soit tout à fait capable d'être réactionnaire. L'expérience historique nous enseigne aussi qu'elle peut parfois déclencher des mouvements de libération nationale. La composition petite-bourgeoise de leur noyau est une raison importante pour laquelle certains mouvements fondamentalistes sont capables de se lier aux larges masses et de se mettre à la tête des légitimes résistances. Mais si, bien sûr, l'analyse se laisse guider uniquement par la répugnance morale, elle ne peut conclure qu'à y voir un ramassis de couches sociales réactionnaires surgies d'âges obscurs - pas même la supposition du contraire n'étant permise.

    [NB : cet article date de 2008 ; à cette époque, le phénomène Daesh n'avait pas encore vu le jour (son prédécesseur, "Al Qaïda en Mésopotamie", était plus en difficulté qu'autre chose). Depuis lors, Daesh a régné entre 2014 et 2017 sur un "Califat" mésopotamien pour le compte (pour leur donner une base d'accumulation où investir) de financeurs milliardaires du Golfe : ce n'est donc pas exactement une force "petite-bourgeoise" ou "bourgeoise nationale". De manière générale, si on lit aussi la très intéressante biographie du turc Necmettin Erbakan, le fait que l'"islamisme" représente une bourgeoisie nationale mais très liée à la grande propriété semi-féodale (qui dans le Golfe est devenue pétro-oligarchie) constitue sa principale limite pour devenir une véritable force de libération révolutionnaire nationale-démocratique, anti-impérialiste.]

    Ceci peut à la rigueur convenir si l'on cherche à gagner une audience parmi les personnes découragées par les opinions et les pratiques des fondamentalistes les plus réactionnaires, mais cela ne va en rien aider les maoïstes à accéder à une compréhension et un traitement correct de ce phénomène, ni à mobiliser une masse révolutionnaire sur cette base, que ce soit dans les pays opprimés ou dans les pays impérialistes. La position affirmant que la résistance dans un pays comme l'Irak est un choc entre deux groupes réactionnaires est à rejeter comme économisme impérialiste, précisément parce que l'aspect de résistance nationale contenu en elle est nié. La distinction apparemment tracée entre colonisés et impérialistes ne peut avoir aucun sens, dès lors qu'est niée son implication dans la contradiction nationale (d'ailleurs, ceux que critiquait Lénine pour leur économisme impérialiste ne niaient pas non plus la distinction entre impérialisme et colonies : le problème était que leur négation du droit à l'autodétermination, incluant la sécession, éliminait cette distinction de leur pratique politique concrète).

    Dans la situation actuelle, un résultat de cela est par exemple le renversement des objectifs prioritaires dans les pays occupés, comme on peut le voir dans l'argument que "pour être réellement avec le peuple d'Afghanistan aujourd'hui, il faut s'opposer à la totalité des ses principaux ennemis : les Talibans, la République islamique d'Afghanistan et, bien sûr, les occupants étrangers".[1] Ce simple ajout des occupants impérialistes en fin de liste des ennemis principaux, au lieu de focaliser sur eux et l’État fantoche, est une expression inévitable de l'économisme impérialiste sous-jacent à toute l'analyse.

    En supposant que le noyau du mouvement fondamentaliste est petit-bourgeois, d'où vient donc son caractère réactionnaire virulent, si contradictoire en apparence avec sa position objective de classe ? Pour aborder cette question, il nous faut distinguer le fondamentalisme du revivalisme. Il n'y a pas de Muraille de Chine qui les sépare. La transformation mise en œuvre lorsqu'ils obtiennent le pouvoir politique est évidente. Mais s'ils présentent une différence importante, c'est dans leur religiosité. La religiosité revivaliste, comme par exemple l'Hindutva de Sangh Parivar en Inde, est assez superficielle. En dépit de la profusion de rituels et de symboles, y compris ceux abandonnés depuis longtemps par les "vrais croyants", il n'y a pas de problème à les accompagner de vulgaires auto-indulgences compradores. Toute religion contient inévitablement une dose d'hypocrisie inconsciente, mais ici cette hypocrisie est consciente, pas que non-reconnue. La poursuite des choses matérielles vulgaires et l'imitation de la culture impérialiste (qui vise pourtant à "affaiblir l'esprit national" pour les forces nationalistes) sont bien accommodées et intériorisées, et sont une part importante du "mode de vie" revivaliste.

    Pour les fondamentalistes (les Khalistanis en étaient un bon exemple, tout comme les Talibans), le retour à une pratique "non-contaminée" de la religion est absolument inflexible. Cette spiritualité doit nécessairement se heurter de plein fouet avec le présent et les pouvoirs qui l'imposent. De fait, la marche arrière est vue comme la seule manière de résister et de vaincre la dégénération du présent. Retourner vers le passé n'implique pas forcément servir la réaction. Un exemple en est la Réforme luthérienne en Europe. Sa spiritualité était étroitement liée au dégoût de la monétarisation de la rédemption et autres actes "anti-chrétiens" de l’Église catholique, et appelait à revenir vers le passé idyllique des premiers temps de la chrétienté. Mais objectivement, la Réforme de Luther a favorisé le développement du capitalisme, une société où l'argent est le gouvernement suprême ; complètement à l'opposé de ce qu'elle se proposait de réaliser. Indépendamment des désirs du rédempteur, les forces sociales de la transition capitaliste l'ont mise à leur service. Si nous regardons à nouveau vers le fondamentalisme des pays opprimés, le caractère désespéré de son projet apparaît clairement. Nous avons là des sociétés où chaque développement du capitalisme bureaucratique ressuscite collatéralement quelques féodalismes ; où la dynamique de transformation sociale est réprimée, désarticulée par l'oppression impérialiste de la nation. Ainsi, le contexte objectif propulse et donne forme aux efforts des fondamentalistes pour surmonter le présent en revenant au passé, dans une juxtaposition réactionnaire des relations sociales existantes, y compris lorsqu'ils se heurtent eux-mêmes à celles-ci.

    C'est l'impossibilité du projet de société fondamentaliste qui lui donne son caractère fanatique rigide, sa féroce spiritualité, sa capacité à susciter un militantisme jusqu'à l'auto-sacrifice, et en définitive la racine de son caractère réactionnaire. En son cœur se rencontre une intense réaction à l'aliénation nationale, culturelle, continuellement aggravée par la domination impérialiste et ses transformations imposées. Tel est son creuset. Réduire le fondamentalisme à l’insatisfaction de quelques éléments féodaux ou claniques, ou un simple resurgissement de leurs idéologies serait perdre de vue un détail très important : son caractère extrêmement moderne, qu'il est un produit de notre temps. Exposer les contenus réactionnaires du fondamentalisme est sans aucun doute nécessaire. La prise de conscience des femmes, des dalits et d'autres secteurs des masses opprimées, enchaînées par les traditions religieuses, offre de puissantes sources d'énergie pour ce faire. Mais sauf à ce que l'espace spirituel occupé par le fondamentalisme soit reconquis par une vision éclairante de libération totale, une vibrante culture nationale laïque et une nouvelle société libre d'exploitation ; et à moins que l'espace physique aujourd'hui occupé par la résistance fondamentaliste soit récupéré sous les drapeaux révolutionnaires d'une Guerre populaire, les maoïstes ne réussiront pas.

    Pour toutes ces raisons, dans le contexte spécifique d'une résistance contre une occupation impérialiste, la relation entre les forces fondamentalistes et les maoïstes ne peut être aussi simple que l'antagonisme ou au contraire la collaboration. Elle peut contenir les deux. Le programme social réactionnaire d'une force fondamentaliste dans un pays opprimé, ne l'exclut pas automatiquement de la résistance nationale. Ses actions contre l'oppresseur de la nation sont justes. À la question de savoir si elle reflète la contradiction du peuple opprimé avec l'impérialisme, ou celle entre une partie des classes dominantes et une puissance impérialiste, il doit être répondu par l'analyse concrète de la composition de classe au centre de la force en question. Les généralités, de toutes les manières, ne servent à rien. 

    Il y a un autre aspect à prendre en compte : dans un contexte d'occupation, la contradiction entre la nation et les occupants devient principale. Toutes les autres contradictions, y compris celles entre les classes dominantes ou certains secteurs de celles-ci et les puissances impérialistes, sont déterminées, conditionnées par cette contradiction principale. Si bien que, même lorsque le noyau d'une force est constitué par des classes dominantes (compradores ou féodales), sa résistance contre l'occupation fait objectivement partie de la résistance nationale. Ceci n'efface certes pas les intérêts réactionnaires qui guident son action, mais même ces intérêts ne l'excluent pas en tant que tels de la résistance.

    En termes politiques, le simple fait qu'une force résiste à l'occupation impérialiste ne signifie pas les maoïstes doivent la ratifier comme une force de libération nationale et s'unir à elle, même lorsqu'ils reconnaissent sa résistance et le rôle objectif qu'elle joue. Mais de l'autre côté, il n'est pas possible de lui dénier ce rôle objectif de résistance contre l'occupation en invoquant le programme social réactionnaire qu'elle pourrait éventuellement défendre.

    Aborder le sujet sous cet angle exige une compréhension correcte des apports de Mao Zedong quant à la voie de la révolution dans les pays opprimés, et particulièrement son analyse de la complexe toile d'araignée de contradictions qui s'observent à travers le monde. Aujourd'hui, il est communément admis dans le mouvement maoïste que la principale contradiction dans le monde est celle qui oppose l'impérialisme et les nations et peuples opprimés. Pour autant, bien souvent, cela ne nous informe guère de façon analytique sur des phénomènes tels que le resurgissement de diverses formes de mouvements religieux dans les pays opprimés. Pire encore, est la situation dans laquelle les impérialistes s'approprient le mot d'ordre de "guerre contre le terrorisme" qui apparaît, du moins dans sa phase actuelle, comme guidé par l'intérêt de la classe dominante US de faire reculer le fondamentalisme islamique. Tel est l'objectif déclaré. Mais un regard plus attentif laisse percevoir autre chose. Jusqu'à la fin du siècle dernier, non seulement l'impérialisme US mais tout le bloc de l'OTAN s'est entièrement dédié à la question d'élaborer des plans pour surmonter des décennies d'agitation révolutionnaire. Une récente étude du Ministère de la Défense du Royaume-Uni le dit de manière assez explicite. [2]

    Il n'est pas difficile de comprendre cette préoccupation si on la situe dans le cadre de la globalisation impérialiste et de la résistance qui grandit contre elle. La promotion de la politique portée en particulier par les néoconservateurs US, formulée après coup comme "guerre contre le terrorisme", fait partie de cette vaste stratégie impérialiste qui est en grande partie directement liée au développement de la contradiction principale mondiale ci-dessus énoncée. Aujourd'hui, la lutte armée est qualifiée de "terrorisme" indépendamment de son contenu politique. La "guerre contre le terrorisme", dans laquelle le fondamentalisme islamique est en apparence l'ennemi désigné, a ses antécédents dans la campagne de contre-insurrection menée en Amérique du Sud sous le nom de "guerre contre la drogue". Elle s'accompagne d'un vaste projet de restructuration du secteur agricole en crise dans le Tiers Monde, identifié comme une source potentielle d'"instabilité", autrement dit de révolution...

    La "guerre contre le terrorisme" est en réalité une guerre contre les peuples du monde, qui cherche à faire reculer la nouvelle vague émergente de la révolution mondiale. Telle est la dynamique qui exige d'être comprise, si l'on veut s'extraire intellectuellement des terminologies imposées par l'establishment impérialiste.

    Les politiques sont naturellement différentes d'un pays à l'autre, et entre les pays opprimés et les pays impérialistes. Il existe néanmoins des similitudes. Le "terrorisme" islamique, comme celui d'autres groupes de résistance, peut être convenablement utilisé par les classes dominantes de ces deux catégories de pays pour légitimer une suppression ou une restriction des droits démocratiques. Lorsque les victimes sont les masses populaires, les actes terroristes les divisent et pousse une grande partie d'entre elles sous les drapeaux des gouvernants. Il faut certes tracer une ligne de démarcation claire entre le terrorisme et la violence révolutionnaire. Mais il nous faut aussi tracer une nette ligne de démarcation entre la position maoïste et la propagande "anti-terroriste" de l'impérialisme et de la réaction. Ceci ne peut se faire qu'avec des arguments montrant qui représente la principale menace pour l'humanité et qui est le principal coupable. Ce qui est nécessaire, c'est surtout une défense ferme et inconditionnelle du droit des peuples à résister par les armes. L'opposition à l'idéologie ou au programme social qu'ils suivent ne doit pas nous détourner de cela. Et la seule manière de s'en assurer est une compréhension pleine et entière de la dynamique de la révolution, de l'opposition au système et en particulier de la principale contradiction dans la situation mondiale actuelle. Lorsque l'agitation actuelle dans le monde n'est vue, dans son ensemble, que sous le prisme des conflits inter-bourgeois ou réactionnaires, lorsque les grands tournants s'analysent et s'expliquent principalement en ces termes et que la révolution est simplement quelque chose que l'on ajoute en bout de chaîne au lieu de l'admettre comme facteur principal, ce qu'elle est en réalité, la défense du droit des opprimés à résister ne peut en ressortir que conditionnelle et faible.

    [1] WPRM-Winnipeg, "Notes sur l’Afghanistan"

    [2] "Les disparités de richesse et, par là, de chances se feront plus évidentes, avec les ressentiments associés, y compris parmi le nombre croissant de personnes qui aspirent à vivre matériellement mieux que leurs parents et grands-parents. La pauvreté absolue et le désavantage comparatif alimentent le sentiment d'injustice parmi ceux dont les aspirations ne sont pas satisfaites, accroissant les tensions et l'instabilité tant à l'intérieur qu'entre les sociétés et aboutissant en expressions de violences telles que les désordres, la délinquance, le terrorisme et l'insurrection. Ils peuvent également donner lieu au resurgissement d'idéologies non seulement anticapitalistes, possiblement liées à des mouvements religieux, anarchistes ou nihilistes, mais aussi au populisme et à une renaissance du marxisme". Programme de Tendances Stratégiques Globales, DCDC, 2007-2006. La DCDC est la Direction générale du Ministère de la Défense britannique. Le document est une source pour le développement de la politique de défense du Royaume-Uni.


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    Préférer "'l'unité à la séparation", "les grands ensembles à l'atomisation balkanique", etc. etc.

    Encore des punchlines autour du "séparatisme" national

    Bon récap de la situation en Catalogne sur le blog de Nicolas Maury (PCF) 

    Réflexions d'actualité : la Catalogne... et le Başûr (Kurdistan d'Irak) à l'heure des référendums d'indépendance

    Catalogne, l'heure de vérité (recueil de nos articles, ordre anti-chronologique)


    Grand-père Siset me parlait
    De bon matin sous le porche
    Tandis qu'en attendant le soleil
    Nous regardions passer les charettes

    Siset, ne vois-tu pas le pieu
    Où nous sommes tous attachés ?
    Si nous ne pouvons nous en défaire
    Jamais nous ne pourrons nous échapper !

    Si nous tirons tous, il tombera
    Cela ne peut pas durer très longtemps
    C'est sûr il tombera, tombera, tombera
    Bien vermoulu il doit être déjà.
    Si tu le tires fort par ici
    Et que je le tire fort par là
    C'est sûr, il tombera, tombera, tombera,
    Et nous pourrons nous libérer.

    Mais Siset, ça fait déjà bien longtemps
    Mes mains à vif sont écorchées !
    Et alors que les forces me quittent
    Il est plus large et plus haut.

    Bien sûr, je sais qu'il est pourri,
    Mais, aussi, Siset, il est si lourd !
    Que parfois les forcent me manquent
    Reprenons donc ton chant :

    (Si nous tirons tous...)

    Grand-père Siset ne dit plus rien
    Un mauvais vent l'a emporté
    Lui seul sait vers quel lieu
    Et moi, je reste sous le porche

    Et quand passent d'autres gens
    Je lève la tête pour chanter
    Le dernier chant de Siset,
    Le dernier qu'il m'a appris :

    (Si nous tirons tous...)


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  • 2019 : Le problème "des Kurdes" (PKK-PYD-YPG/J) en Syrie, c'est...Le redécoupage final du Nord syrien - "Retrait" US et invasion turque - Deux articles qui abordent en partie le sujet : 1 ; 2Décidément... (les liquidateurs pseudo-"tkp/ml" n'ont honte de rien) - (quelque temps auparavant) Série "coucou les rojavous", suite et fin ? (drones sionistes lancés sur l'Irak depuis Rojava)

    Quelques considérations sur le confédéralisme démocratique et la question nationale

    Les termes exacts de l'accord conclu entre les forces kurdes YPG-FDS et le gouvernement syrien

    Erdogan est un fasciste, puisqu'il est à la tête d'un État semi-colonial fasciste, MAIS... (son "hitlérisation", désormais par l'hebdo bourgeois de droite Le Point, signifie quelque chose)

    Le néo-menchévisme öcalaniste et rojaviste, et la question de la Palestine

    Rojava - encore un article intéressant  : Le point d'explosion de l'idéologie au Kurdistan par Vivian Petit et Guy-Edern Hallbord, qui rejoint dans l'ensemble et synthétise en quelque sorte toutes nos analyses sur la "Rojavamania" gaucho-impérialiste occidentale...

    Turquie/Kurdistan : élections anticipées, l'heure de vérité approche (quand les rojavalâtres préparent le remplacement d'un fascisme par un autre...) et Voilà, ça y est... (et à l'issue du scrutin et du passage en force d'Erdogan : turquie-victoire-d-erdogan et turquie-quels-que-soient-les-resultats-reels)

    Une position maoïste sur le Kurdistan (extrait d'une déclaration conjointe d'organisations MLM d'Amérique du Sud + Allemagne pour le 1er Mai - un peu "radicale", "dogmato-sectaire" peut-être, mais enfin... que les faits ne semblent-ils pas, encore une fois de plus, leur donner raison !!)

    Chute d'Afrin/Efrin (18 mars 2018)

    Dernières nouvelles #Efrin

    Pour clamer son "soutien" à la Palestine, Soral n'a pas des tribunes dans le Monde ou le Figaro... 

    Pour le coup, on peut prendre une source absolument INATTAQUABLE par nos détracteurs (oui parce que depuis le temps que vous nous suivez, "la souuuurce" quand les gens n'ont pas envie de débattre sur le fond, vous connaissez la chanson)... lorsque cette source fournit autant d'informations pour comprendre la situation

    Clarification sur la question de la CONCEPTION DU MONDE et de l'indépendance IDÉOLOGIQUE comme problème central de Rojava

    De toute façon, la meilleure dans tout ça... c'est que les gaucho-impérialistes dont nous parlons n'en ont rien à foutre des Kurdes

    Clarifications sur la question d'Erdogan

    Les 3 grandes questions de fond (les seules dont il vaut la peine de discuter)

    Éternel retour à la case 2011

    Encore du débat sur Rojava (réponse à des commentaires laissés ici) et À lire absolument, par rapport à l'état d'esprit des volontaires révolutionnaires en Rojava

    #Rojava #Efrin (très important sur l'évolution de la situation après l'offensive turque sur ce canton)

    Moi, ce que je vois...

    Extraits de discussions FB - sur les évènements actuels à Efrin, la question de Rojava et la libération nationale d'un point de vue léniniste en général

    Kobané devait être sauvée des griffes de Daesh,

    Offensive turque à Efrin - Par delà toutes les trahisons... Biji Berwxedana Efrine

    Non, non, non... là ça va trop loin (Fourest est en train de nous chier un film sur Rojava...)

    (Encore un commentaire Facebook bien explicatif, qui permettra à ceux qui ont du mal à suivre d'avoir un bon résumé synthétique)

    L'année 2018 commence fort au Proche et Moyen Orient (un des plus importants)

    La question de Rojava est devenue un enjeu idéologique international et son petit complément #Rojava

    (petite brève) "Tout ce qui bouge n'est pas rouge"...

    Déclaration du TKP/ML au sujet du HBDH et de toutes sortes de points concernant la situation en Turquie et au Kurdistan (FONDAMENTAL pour comprendre les enjeux idéologiques d'un point de vue maoïste)

    Rappel encore une fois nécessaire... (sur la nature de Daesh, et du djihadisme en général puisque tout ceci n'est finalement qu'affaire de "boutiques" qui marchent, puis "passent de mode" et sont remplacées par d'autres)

    Le nouveau Sykes-Picot du centenaire

    [Dossier kurde] Je ne mets pas une seule seconde en doute...

    Pour terminer sur le dossier kurde...

    [Dossier kurde] Discussion Facebook sur Öcalan

    [Dossier kurde] C'est toujours rigolo...

    Récapitulatif des articles sur la question de Rojava (ordre anti-chronologique)


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  • https://www.courrierinternational.com/article/barcelone-peut-il-se-separer-des-independantistes-catalans


    Une arme réactionnaire parmi d'autres en Catalogne : la question de la séparation de la 'Tabarnie' (région anti-indépendantiste autour de Barcelone)


    Réponse à un contact Facebook ayant partagé le truc, comme quoi "le droit à l'autodétermination c'est pour tout le monde" :

    Ce serait un peu comme le fait que la Côte d'Azur se sépare d'une révolution dans l'Hexagone entier ou dans le coin ("Sud", Provence, Occitanie).

    Pourquoi pas, bon vent ! Mais ce serait une séparation comme BASE NOIRE réactionnaire... Qui devrait être prise  et écrasée à un moment où un autre, car c'est une lutte DE CLASSES.

    Au demeurant c'est marrant ton histoire, parce que Barcelone EST précisément tout ce que tu reproches à la Catalogne indépendantiste... "Région la plus riche d'Espagne" ? Enlève ta "Tabarnie" et je ne suis pas sûr que le reste surnage beaucoup au dessus de l'Aragon ou de la Mancha. "50% des industries à forte valeur ajoutée de l'État espagnol" : idem. "Les plus grands et puissants monopoles espagnols" : idem. Et le résultat de cette "exception tabarnaise", c'est une majorité pour Ciutadans... pas pour Puigdemont.

    En fait tu raisonnes exactement comme ce que tu reproches (peut-être effectivement à raison parfois !) à certains indépendantistes : la Catalogne se sépare de l'Espagne, la "Tabarnie" se sépare de la Catalogne, et... quoi ? Tu penses que la lutte des classes s'arrête ?

    Bien sûr que non, car en "Tabarnie" il y aura toujours des classes. Et en dépit du mythe des "pauvres immigrés du reste de l'Espagne qui sont anti-indépendantistes" (quant aux immigrés non-espagnols, ils n'ont pas autant la nationalité donc le droit de vote qu'ici, et j'en connais un paquet qui voteraient indép si ils pouvaient), le vote espagnoliste Ciutadans est un vote de classe. Un vote de bobos péteux comme ceux que tu croises à raison de 200 tous les 100 mètres sur les boulevards parisiens.


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  • Si les gens de l'IFB risquent leurs vies et meurent pour une cause qui n'est pas celle du communisme, alors il est justement du devoir de tout communiste sur la planète de s'élever contre cela et les liquidateurs derrière cela.

    Le matérialisme marxiste conchie les histoires de "premiers concernés". À ce jeu-là, en 1914, 95% des "premiers concernés" étaient favorables à la "guerre juste" qui allait tuer le quart d'entre eux. Tous pensaient défendre la "civilisation" contre la "barbarie". Les "Français" revoyaient déjà les "hordes germaniques" de 1792, 1815 et 1870. Les Allemands revoyaient déjà l'occupation napoléonienne, sans parler des "hordes mongoles" russes.

    Le "droit des peuples", la "petite Belgique occupée" étaient au centre de tous les discours bellicistes, et en premier lieu bien sûr, bellicistes "de gauche".

    Il faut arrêter avec ça. Ce n'est pas une question de "ceux qui sont dans la lutte les armes à la main", "t'as vu", et "toi dans ton canapé" t'as rien à dire. C'est une question de fidélité aux principes du marxisme, du léninisme le plus élémentaire ; il n'est même pas vraiment question de maoïsme, là. Si dans la direction d'une organisation marxiste-léniniste ou maoïste, UN SEUL individu défend ces principes, alors il est légitime et les autres sont en violation de ceux-ci et sur la voie du révisionnisme.

    Défendre Rojava contre la brutalité ultra-réactionnaire de Daesh pouvait être justifié ; servir les buts de guerre du bloc impérialiste occidental, sous le nom commode de "révolution régionale", ne l'est en aucun cas : c'est mourir pour l'impérialisme sous les applaudissements "de gauche" de liquidateurs, et à celles et ceux qui souffrent et meurent, dire cela est faire honneur et rendre service.

    Si des camarades communistes devaient mourir pour ce qui est, appelé par son nom, une part des puits de pétrole de l'Est syrien, la responsabilité des révisionnistes qui ont encouragé cela serait la même que celle des sociaux-traîtres de 1914.

    La lutte sur cette question de Rojava est dans une large mesure une lutte contre les arguments postmodernes et "terrainistes" qui sont, en vérité, TOUJOURS au service de l'opportunisme.

    Une autre chose qu'il est important de pourfendre, c'est ce que nous appellerions le "postmodernisme indépendantiste de gauche" : Rojava est une "lutte de libération", "progressiste", DONC "c'est bien" ; et dire le contraire serait "chauvin", "jacobin" etc.

    NON. Ben non. Dans le monde semi-colonial semi-féodal, soit les continents africain, asiatique et américain au sud du Rio Grande, il y a UN SEUL oppresseur national principal qui est L'IMPÉRIALISME. Toutes les autres oppressions nationales sont des "modalités", des "relais" de sa domination, et sont finalement secondaires. Les Kurdes ont été en quelque sorte laissés comme "os à ronger" aux États fantoches Sykes-Picot : pendant que ceux-ci s'occupent de les opprimer, ils ne s'occupent pas d'autre chose. Tel est le véritable sens de la question nationale kurde. Mais la Nation arabe n'est fondamentalement PAS VRAIMENT moins opprimée par l'impérialisme, ses satrapes, le sionisme etc. que les Kurdes ; il est même possible de dire, ces 20 dernières années, qu'elle a nettement plus morflé.

    Une "libération nationale" kurde qui se mettrait au service de l'oppression de la Nation arabe, n'est donc aucunement acceptable d'un point de vue léniniste anti-impérialiste.

    [Ah oui et puis, une comparaison évidente à laquelle nous n'avions pas pensé, c'est bien sûr Lawrence d'Arabie... Quoi de plus légitime, de plus droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, que la Nation arabe voulant se libérer de la séculaire oppression ottomane ? Et quoi de plus beau, émouvant et héroïque que cet idéaliste british allant l'y aider ? On connaît la suite...

    En tout cas, il n'y a pas plus ridicule que l'argument "si on n'est pas capable de soutenir Rojava, on n'est capable de soutenir personne" : non mais LOL quoi ! Il n'y a justement PAS de cause plus soutenue par des MILLIERS de personnes pour qui "tout se complique" dès qu'il s'agit de soutenir autre chose (Palestine, autodéfense antinazie du Donbass, nationalités opprimées ou racisées dans leur propre État etc.) !!]


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  • Il fallait sauver les cantons libres de Rojava des griffes de Daesh, oui. Chez les maoïstes de Turquie par exemple, à ce stade, c'était une décision qui faisait absolument consensus.

    Mais Raqqa, puis Deir ez-Zor, puis carrément la frontière irakienne, cela n'a PLUS RIEN À VOIR avec Rojava, et plus rien d'un quelconque objectif militaire "progressiste" ; mais bel et bien TOUT d'un objectif impérialiste au parfum de puits de pétrole...

    [De fait (puisque la comparaison est omniprésente, chez les fana-rojavistes, avec la Seconde Guerre mondiale et ses fascismes et les "nécessaires compromis" des antifascistes avec l'impérialisme), le niveau d'intégration des YPG/J et des FDS au dispositif de l'OTAN est le même que celui que prônait "l'homme du Komintern" Wang Ming pour les communistes chinois dans l'armée du Kuomintang de Tchang Kaï-chek... et que Mao a férocement combattu. Mais la comparaison s'arrête en fait là car au niveau kurde justement, il faut se rendre à l'évidence, le mouvement öcalaniste n'est pas les communistes chinois : c'est le Kuomintang (nationalisme bourgeois) !]

    Comme en Chine en 1927 après la défaite des seigneurs de guerre, ou en 1945 après la défaite du Japon, les communistes doivent alors à ce stade savoir rompre le Front uni avec la bourgeoisie locale pro-impérialiste, et savoir le faire à temps. Ne pas le faire n'est rien d'autre que du révisionnisme, point à la ligne ; et encourager cela, le "chaperonner" est du gaucho-impérialisme.

    Car oui, il y a bel et bien en Occident une nébuleuse, un magma d'opportunisme de droite et de gauche (gauchiste)*, de droite masqué SOUS le gauchisme (bien souvent), qui est L'IMPULSEUR ACTIF de la ligne "tirailleurs de gauche de l'impérialisme" au Proche-Orient. Logique... pour un ramassis de petits gauchistes blancs occidentaux, PETITS BOURGEOIS DU MONDE, qui ont un intérêt MATÉRIEL concret aux miettes de bénéfices des guerres de rapine. Nous en connaissons bien certaines protubérances, qui ne représentent certes que ce qu'elles représentent, c'est à dire pas grand chose, mais qui en sont tout de même très représentatives de l'esprit : en apparence, un "dévouement sans faille à la cause des opprimés", dont il n'est d'ailleurs pas permis de "questionner les choix de lutte" (LOL) ; mais en pratique, un soutien et une impulsion active et permanente aux "choix", aux agendas CONFORMES aux intérêts de la petite bourgeoisie blanche occidentale qu'ils/elles sont.

    Proclamé et exalté "représentant des opprimés" kurdes, nous avons donc le PKK ; un parti dirigé depuis près de 20 ans par un leader incontesté depuis le fond d'une prison de sécurité nationale turque... Ce qui est contraire à tous les principes communistes les plus élémentaires, que nous maoïstes appliquons par exemple à Gonzalo au Pérou : on n'écoute pas un dirigeant emprisonné, sa "voix" qui sort de sa prison passant forcément à travers les "filtres" de ses geôliers !

    STOP. Ça suffit. Les choses sont en train de prendre une tournure gravissime. Elles s'orientent notamment, entre autres multiples choses, vers une coupure profonde et irrémédiable entre les masses arabo-musulmanes de l'immigration coloniale et le mouvement communiste ; on observe déjà des choses en ce sens, des discours du type "les antifas blancs au service du sionisme en Syrie, avec leurs Kurdes à la con là", et il est bien évident que ce n'est pas une ligne politique de tirailleurs de gauche de l'impérialisme qui va remédier à ce sentiment populaire déjà non sans fondement.

    La fidélité aux intérêts des Peuples colonisés et impérialisés de la planète, c'est la fidélité aux principes du matérialisme dialectique ; et pas une identity politics "opprimiste" qui en fin de compte ne soutient ("soutien !!", son grand cri de guerre) jamais que l'opportunisme liquidateur et la conformité aux intérêts petits bourgeois occidentaux.

    C'est un combat politique, idéologique sans merci qu'il nous faut désormais livrer, ici en Europe, contre les opportunistes impulseurs de tous les piétinements de nos principes élémentaires au Proche-Orient.

    Vive la révolution démocratique et populaire, ANTI-IMPÉRIALISTE en Turquie, au Kurdistan et au Machrek arabe !

    ÉCRASONS L'OPPORTUNISME ET LE GAUCHO-IMPÉRIALISME !!


    [* Nous pensons en effet, de plus en plus, que l'opportunisme de droite (réformisme, libéralisme, capitulardisme) et de gauche (ultra-radicalisme gauchiste) n'existent pas de manière pure et monolithique. En pratique, l'un et l'autre s'entremêlent savamment ; et bien souvent les positions les plus droitières, honteusement socedems n'avancent jamais mieux que sous un masque ultra-révolutionnaire : tout ce qui a trait au postmodernisme, à l'"intersectionnalité" et autre "déconstruction" notamment ; ou pour prendre un exemple concret, se chier dessus de l'hypothèse Le Pen mais ne pas oser assumer un appel à voter Macron, alors plutôt que d'assumer - pourquoi pas ? - cette option tactique en mode "nous préférons rester dans la continuité du hollandisme, en terrain connu", dire qu'on ne va pas voter mais qu'on va... "offrir" son droit de vote à une personne étrangère qui en est privée, faisant là un geste super "déconstruit de ses privilèges t'as vu". Par exemple. Dans l’État français, la ville de Lyon où l'organisation hégémonique est la Coordination des Groupes Anarchistes (CGA) est un peu un "laboratoire" de ce "mix", dont l'orga en question est un archétype (discours très radical, "intersec", "déconstruit" en paroles, et économisme syndicalo-protestataire en pratique), mais cela concerne globalement tout le milieu "radical" local. Et c'est ainsi que de la même manière, nous ne pensons pas que la frontière entre "l'ami qui se trompe" et "l'ennemi qui se cache" soit une question de degré de radicalité, de discours révolutionnaire ou au contraire "modéré"/réformiste : des gens de la Jeunesse communiste ou du NPA peuvent, à notre sens, être 100 fois plus des "amis qui se trompent" que des gens au discours beaucoup plus révolutionnaire qui sont des ennemis masqués.]


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  • Les élections autonomiques anticipées convoquées suite au déclenchement de l'article 155 ont vu la consécration comme première force politique des néofranquistes macronisés de Ciutadans, mais l'obtention de la majorité absolue par le bloc indépendantiste précédemment au pouvoir ; malgré l'emprisonnement ou l'exil des principaux dirigeants, le recul en voix comme en sièges est minime (un phénomène de vote utile affectant cependant les résultats de la CUP, de gauche radicale, qui s'effondre).

    Il faudrait vraiment que les contradictions dans le camp indépendantiste soient énormes pour que Ciutadans puisse se retrouver à former un gouvernement minoritaire avec les 57 sièges du bloc espagnoliste (maximum 65 en gagnant les guignols de Podem, mais c'est peu probable) ; mais rien au lendemain du scrutin ne laisse présager une telle situation malgré les prises de bec de ces dernières semaines entre Junqueras (emprisonné) et Puigdemont (réfugié en Belgique).

    On est donc revenu à la case départ, celle d'une majorité électorale nette en faveur de l'indépendance et d'une république ; et la plus grande incertitude règne quant au comportement futur de cette majorité ("calmée" par la répression, ou pas ?) et aux réactions de Madrid.

    Les développements ultérieurs seront à suivre attentivement...


    [Pour aider à situer (un peu) la mutation du fascisme moderne espagnoliste à laquelle nous assistons, lire ici le parcours et les idées programmatiques du fondateur du parti Albert Rivera :

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Rivera

    Et ici Ciudadanos#Ligne_politique de fait c'est parfois presque... postmoderne : "faire en sorte que ni l'origine ethnique, ni la langue, ni le sexe, ni la condition économique de l’individu ne détermine de privilège"... (bon il y a aussi des "bruits" quant à un passé néo-franquiste plus "affirmé", mais il n'en est évidemment pas fait mention ici ; l'intérêt de ces articles Wikipédia est plutôt de montrer le macronisme fondamental, le "progressisme au service de l'Ordre" de l'entreprise de rénovation du Régime "fasciste moderne" de 1978 portée par Ciutadans...).]


    [Première ébauche de théorie : on constate que la CUP, qui était l'"impulsion" populaire et radicale du processus, a été victime du vote utile, chutant de 10 à 4 élus (Podem a au demeurant subi le même phénomène du côté anti-indépendantiste...). Et ceci... était peut-être un but très important de la manœuvre. En effet, lors du déclenchement de l'article 155, convoquer très vite des élections était une volonté (et même une condition pour leur soutien à Rajoy) de Ciutadans... qui en bons Macron locaux, avaient probablement très bien compris comment marchent les choses : l'effet vote utile face à un "Nom du Mal", grande et subtile technique de la contre-révolution préventive du 21e siècle.

    Ici, on a le FN. En Catalogne, l'espagnolisme ultra de Rajoy et le 155 antidémocratique jouent ce rôle. Donc, les têtes pensantes de Ciutadans se sont sans doute dit : "on ne gagnera sûrement pas ces élections, ne rêvons pas, même si on arrive premiers, mais le vote utile va renforcer les raisonnables chez les indépendantistes"... Et arrêter (ce qui comptait en tout premier lieu !) la fuite en avant, qui était impulsée par la CUP justement (et l'aile gauche d'ERC, à la rigueur).

    Le PP ce sont des vieux bœufs franquistes, qui ne savent que foncer dans le tas et jeter de l'huile sur le feu. Ciutadans est moderne. Ils ont appris, notamment, des Anglais en Irlande du Nord : repère la droite, les modérés chez tes adversaires, et renforce-les ! Et en prime, cerise sur le gâteau, les voilà première force en sièges au Parlement, chefs naturels de l'opposition espagnoliste, alternance désignée si le procés s'enlise et les gens se lassent de la coalition indépendantiste (dont les mesures sociales et démocratiques, qui étaient de toute façon systématiquement cassées par le Tribunal constitutionnel de Madrid, devraient être nettement moins nombreuses avec le recul de la CUP), et jouant déjà, sur un ton presque postmoderne (LOL), les "victimes" d'un "système antidémocratique qui donne la majorité à ceux qui ne sont pas majoritaires" (la proportionnelle catalane qui n'est pas intégrale mais par circonscriptions que sont les quatre provinces, celle de Barcelone ayant effectivement 63% des députés à élire pour 75% de la population, mais bon, en réalité sur les trois listes arrivées en tête cela ne change pas grand chose, toutes ont à environ un siège près une fois et demi leur pourcentage de voix)...]


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  • Q'ara anqaru ! (Colons dehors !)

    (et souvenons-nous qu'aujourd'hui est peut-être le jour du début de la fin de l'Empire espagnoliste, de son effacement de la page du temps, de la bataille d'anéantissement finale où ses propres Peuples travailleurs briseront son Trône ensanglanté...)



    Al amanecer niño corrias por las pampas alegre
    Nadando en aguas sagradas aymaras
    El dia en que llegaron a sembrar y causar terror
    Entre tu pueblo y entre tus hermanos
    Tu crecias enamorado de
    Bartolina juro amarte
    Ni la muerte consiguio separarlos

    En esta dura vida miserable
    Joven revelde que a su pueblo esclavizado vio

    Por la codicia del poder y la riqueza
    Se vio obligado a sumirse y servir al invasor
    Tus ideas fijas soñando libertad
    Libertad es el grito que se escucha
    Y retumba en toda America
    Ni cuatro caballos callaron tu grito
    Julian Apaza eres hoy el ejemplo

    Libertad es el grito que se escucha
    Y retumba en toda America
    Ni cuatro caballos callaron tu grito
    Julian Apaza eres hoy el ejemplo x2



    Magnifique...Magnifique...


    [Les évènements en cours dans l’État espagnol (actuellement, mais en réalité depuis plus d'un siècle) ont un vague rapport avec son déclin comme puissance coloniale et impériale. Ce déclin est en grande partie dû à des évènements survenus par le passé dans son Empire colonial, même si pour le moment, la caste des colons a réussi à sauver sa peau en passant sous parapluie yankee. Et maintenant que les Peuples mêmes de la Péninsule ibérique ne veulent plus "faire Espagne", c'est ce que l'on peut appeler le coup de grâce ; qui même si l'impérialisme US est désormais l'ennemi déterminant dans l'ancien Empire, aura tout de même des répercussions positives pour celui-ci. Ce qu'a combattu Tupac en son temps aura péri ; et péri par répercussion de proche en proche de sa geste héroïque. L'effondrement final du système Espagne sera AUSSI sa victoire posthume.]


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  • "Nulle part on ne parle aussi volontiers de la ‘religion du patriotisme’ que dans cette république laïque. Tous les attributs dont l’imagination humaine gratifie le Père, le Fils et le Saint-Esprit, le bourgeois français les transfère à sa propre nation. Et comme la France est du genre féminin, elle revêt du même coup les traits de la Vierge Marie. Le politicien apparaît comme un prêtre laïc d’une divinité sécularisée. La liturgie du patriotisme, mise au point avec la dernière perfection, constitue un chapitre indispensable du rituel politique."

    Trotsky, mais c'est quand même bien vrai...

    "Ce que nous avons vu à l’œuvre ces sept derniers jours, c’est une véritable ligue, allant de l’extrême-droite traditionnelle à cette sorte de gauche faussement laïcarde incarnée par Manuel Valls et le Printemps républicain. Sur Twitter, on a quand même pu voir l’annonce de l’éviction de Rokhaya tweetée par Caroline Fourest, elle-même retweetée par Manuel Valls et lui-même retweeté par Robert Ménard. Tout est dit.
    Cette ligue médiatique a des vrais réseaux et un agenda. Et celui-ci est clair. Il faut se rappeler qu’il y a eu, la même semaine, les attaques coordonnées contre Yassine Belattar. Je constate que ces deux tirs sont venus des mêmes réseaux.
    Que ce soit avec Yassine Belattar, Rokhaya Diallo ou même avec Karim Benzema, dès qu’un Noir ou un Arabe ose lever la tête, on voit cette même séquence se répéter, orchestrée par les mêmes réseaux."

    Axiom

    Un peu de Léon de temps en temps, quand il ne dit pas que des conneries, ça va ; tant que c'est avec modération hein !


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  • ... et, SURTOUT dans le monde semi-colonial semi-féodal, tout ce qui s'indépendantise n'est pas libération nationale.

    À bon entendeur !


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  • Nous avons vivement salué, en mars 2016, la création dans l’État turc d'un Mouvement Révolutionnaire Uni des Peuples (HBDH).

    Nous sommes en effet d'avis que la lutte révolutionnaire, face aux urgences posées dans tous les pays par la crise générale du capitalisme, ne peut pas attendre pour être menée que tous les révolutionnaires qui veulent en finir avec le capitalisme et toutes ses oppressions (nationale, raciste, patriarcale) soient d'accord autour d'une direction idéologique unique ; et qu'il faut donc à un moment donné accepter le principe d'une "task force" conjointe, d'une plateforme d'action commune pluraliste ; à partir de quoi, la meilleure ligne idéologique (qui est selon nous le maoïsme) s'imposera d'elle-même devant le "tribunal de la pratique", les idées justes balayeront les idées fausses et il n'y a donc pas à craindre, si l'on croit à son idéologie comme nous y croyons, que la direction de cette ligne ne finisse pas par s'instaurer naturellement.

    MAIS BIEN SÛR, il va de soi qu'une telle chose ne peut pas aller sans contradictions ; que la lutte idéologique existera toujours et ne cessera jamais, et qu'il DOIT en être ainsi ; qu'à un certain stade initial, les forces arrivées (pour diverses raisons) en position prépondérante dans le front d'action commune* et tendant à le considérer comme "leur" front peuvent imposer à celui-ci une ligne incorrecte qu'il est du devoir des maoïstes de critiquer ; et en l'occurrence, le HBDH ne compte en effet (en position très minoritaire) que deux forces réellement maoïstes, le MKP et le TKP/ML.

    La contradiction, comme nous l'enseigne le maoïsme, est en effet la "vie", le cœur palpitant, le MOTEUR de la politique à travers laquelle les masses font l'Histoire.

    Du coup, la contradiction a éclaté... jusqu'au sein même de l'une de ces forces, le TKP/ML...

    Le texte qui suit, traduit par nos soins, est signé du Comité central de ce Parti ; et d'après nos informations, ne représenterait et n'engagerait pas la totalité des effectifs [d'après des infos fraîches et plutôt de première main, il semblerait toutefois s'agir d'une position plutôt majoritaire que l'inverse].

    Il soulève néanmoins selon nous, au regard de la perspective politique adoptée par un certain nombre de forces révolutionnaires dans cette partie du monde secouée par une grande effervescence révolutionnaire, des questions très intéressantes qui méritent de l'être.

    http://ikk-online.org/statement-of-our-party-communist-party-of-turkey-marxist-leninist-tkp-ml.html

    Déclaration de notre Parti, le Parti communiste de Turquie / marxiste-léniniste


    Au sujet de la position adoptée au regard du Mouvement Révolutionnaire Uni des Peuples ; à l'attention des organisations et Partis internationaux frères et amis.


    Le 24 mars 2016, le Bureau international (BI) de notre Parti publiait une déclaration intitulée "Aux organisations et Partis internationaux frères et amis". Cette déclaration portait sur le Mouvement Révolutionnaire Uni des Peuples (HBDH – Halkların Birleşik Devrim Hareketi), dont la création venait d'être annoncée le 12 mars 2016. Notre Parti étant au nombre des signataires de cette nouvelle structure, le BI avait l'obligation d'accomplir cette tâche.

    À la suite de l'annonce publique de la création de cette structure, et que nous étions l'un des Partis la composant, notre Parti s'est trouvé face à une série de tâches consistant à en comprendre correctement le caractère et le contenu. Nous voulons spécifier ici que notre participation à cette structure est le résultat d'un acte décisionnel qui a outrepassé l'autorité de notre organisation.

    Lorsque notre Parti a réalisé pleinement le contenu du programme et de la déclaration fondatrice du HBDH, une discussion interne a été initiée. Cette discussion a porté sur divers points incluant l'outrepassement de l'autorité organisationnelle et le programme de la nouvelle formation. Comme vous pourrez le voir dans la déclaration qui va suivre, une grande partie du programme et de la déclaration fondatrice du HBDH n'est pas en accord avec les options programmatiques, les principes fondamentaux et la ligne politique de notre Parti.

    Selon nous, le caractère de cette structure excède celui d'une coordination d'action conjointe. Au regard de la globalité de son programme, de ses objectifs et buts, elle revêt le caractère d'une organisation de type front.

    Notre Parti a discuté de cette question de façon globale, et a finalement pris la résolution qu'il serait inapproprié de faire partie de cette structure au regard tant de nos procédures organisationnelles que de nos principes partidaires. Les procédures et les règles de notre Parti n'autorisent pas la direction à assumer l'autorité de rejoindre une telle formation ; les mêmes documents fondamentaux restreignent même l'autorité des conférences pour accepter les principes et objectifs d'une telle formation ; de telles actions sont expressément prohibées.

    La discussion interne que nous avons menée a réitéré ces principes une fois de plus. Sur le plan programmatique, beaucoup de points théoriques et politiques ne sont pas en accord avec notre Parti.

    Par voie de conséquence, notre Parti a pris la décision de se retirer du HBDH, et de maintenir ses relations avec cette structure et de participer à des actions conjointes avec elle sans en signer le programme.

    Lorsque le BI du Parti a rendu publique la précédente déclaration, il n'a fait qu'agir en responsabilité et remplir une de ses tâches courantes. Cette déclaration précédait, évidemment, les discussions internes que nous avons menées depuis. La déclaration qui va suivre ci-après, rectifie la situation et vous fait également part des positions du Parti au regard de ses relations avec le HBDH et de son opinion sur ladite structure.

    AU PUBLIC ET  ORGANISATIONS ET PARTIS INTERNATIONAUX FRÈRES ET AMIS :

    Le 12 mars 2016, la création d'une structure intitulée Mouvement Révolutionnaire Uni des Peuples (HBDH – Halkların Birleşik Devrim Hareketi) était annoncée. [Explication comme quoi un représentant du Parti dans les discussions constitutives a pris l'initiative d'apposer sa signature sous le programme et la déclaration fondatrice du HBDH, dans des conditions qu'il est inutile d'exposer ici car tout le monde les connaît, rendant difficile la communication avec les plus hautes instances de direction et donc une validation préalable de cette décision.]

    Depuis lors, faire partie du HBDH, qui a été constitué avec des intentions et des préoccupations révolutionnaires indubitables, a été un sujet de controverse sur le plan idéologique, politique et des principes à l'intérieur du Parti. Le programme du HBDH, sa déclaration fondatrice, ses buts et objectifs, et son fonctionnement organisationnel ont été discutés durant une période considérablement longue à l'intérieur de notre Parti ; pour finalement adopter une position définitive au regard de cette structure. Nous allons ici expliquer sommairement et dans les grandes lignes notre réalité, les positions de notre Parti, notre évaluation du HBDH et les relations que nous souhaitons entretenir avec lui.

    Notre Parti en est venu à la conclusion que faire partie du HBDH et être signataire de son programme est inapproprié au regard de ses principes fondamentaux, et de ses perspectives programmatiques qui ne peuvent être modifiées qu'au travers d'une résolution adoptée en congrès. À cet égard, notre Parti le TKP/ML déclare donc en premier lieu à l'attention de nos amis politiques, comme du public que nous ne faisons plus partie intégrante du HBDH.

    Les bases sur lesquelles nous ne souhaitons plus participer sont les suivantes :

    1. Au regard de son fonctionnement, de ses buts et de ses objectifs programmatiques, le HBDH est une organisation de type "front". Il a des assertions, au regard de ses buts et de son style de travail, qui excèdent le cadre d'une simple action conjointe dans laquelle des organisations politiques différentes convergeraient. À ce stade, la question d'un Front populaire uni est une question de principe pour notre Parti. Les conditions de formation d'un tel Front, que nous considérons comme une des trois principales armes du peuple et de la révolution populaire démocratique, sont claires dans le programme de notre Parti comme dans le marxisme-léninisme-maoïsme (MLM) qui est la théorie qui nous guide : notre Parti n'envisage une telle structure que sous sa direction politique et idéologique. Parmi les conditions nécessaires à la formation d'une telle structure, notre Parti doit avoir atteint un certain niveau de direction politique, idéologique et organisationnelle concrète [sur les luttes] et la structure doit être en ligne avec l'objectif de la révolution populaire démocratique et les intérêts de classe du prolétariat. Dans le contexte actuel, ces conditions sont inexistantes.

    2. Le programme du HBDH a élargi la définition de la révolution dans un pays, qui est une des conceptions essentielles de notre Parti. Notre Parti vise la révolution dans notre pays comme tâche immédiate et primordiale. C'est un principe fondamental. Le HBDH, lui, définit sa mission comme faire partie d'une grande révolution générale dans toute la région du Proche-Orient. Une telle définition est contraire à notre compréhension de la révolution en accord avec le MLM, qui envisage de développer les perspectives révolutionnaires conformément aux conditions spécifiques de chaque pays. Nous comprenons le véritable internationalisme comme chaque pays menant à bien sa propre révolution. Apporter un soutien militaire et politique, logistique et organisationnel actif à des révolutions qui peuvent émerger dans les autres pays de notre région du monde, est une autre tâche. De notre point de vue, les révolutions doivent être spécifiquement fomentées dans chaque pays, et tenter d'unifier ces différentes révolutions dans un seul programme révolutionnaire commun est foncièrement incompatible avec la réalité. Nous pensons qu'une telle approche dérive du trotskysme, et fait obstacle au développement des révolutions dans chaque pays. Nous sommes sans l'ombre d'un doute tenus par le principe d'analyse concrète des conditions concrètes, tel que posé par le MLM. Une révolution régionale ne peut être une perspective que sur la base de cette analyse concrète des conditions concrètes. N'observant pas concrètement ce phénomène à l'instant où nous parlons, de notre point de vue cet aspect du programme du HBDH représente une déviation et contrevient à notre idéologie et à nos principes.

    3. Le programme du HBDH présente une approche et une solution à la question nationale kurde. Au-delà de son caractère désordonné et éclectique, en substance, l'aspect sous-jacent du programme sur ce point est une mise en avant de l'autonomie démocratique. Comme nous le savons bien, l'autonomie démocratique est un substitut réformiste au principe léniniste du droit à l'autodétermination nationale. Bien que nous puissions considérer l'autonomie démocratique comme un programme démocratique et progressiste pour la question nationale kurde, de notre point de vue la solution à cette question nationale ne peut être que l'autodétermination sur la base d'une pleine égalité des droits. Telle est notre position de principe en la matière. Nous pensons que toute autre solution n'est pas en mesure d'apporter une liberté totale à la Nation kurde et échouera à assurer l'égalité des nations, risquant au contraire de préserver les privilèges de la nation dominante, ce que nous ne pouvons accepter. Dans ce contexte, nous considérons essentiel de pouvoir maintenir une position critique et une lutte idéologique contre l'autonomie démocratique comme alternative au droit à l'autodétermination nationale, bien que nous puissions reconnaître et soutenir son contenu démocratique. L'approche programmatique du HBDH est donc inacceptable pour nous sur le plan des principes. Elle n'est pas compatible avec l'idéologie prolétarienne que nous représentons : c'est une contradiction. Nous disons oui à l'action conjointe pour toute lutte pour les droits démocratiques, au-delà de nos différences, mais nous ne pouvons cependant accepter une coopération autour de l'axe d'un tel programme.

    4. Au regard de la définition de la révolution, nous avons une différence idéologique essentielle. Nous pensons que définir chaque révolution selon son caractère politique est incontournable. Nous pensons que des définitions imprécises telles que "Révolution de Rojava", "Révolution du Printemps arabe" ou "Révolution moyen-orientale" sont inappropriées. La révolution dite "de Rojava" représente un certain degré de révolution. Toutefois, nous avons défini ce processus comme une lutte de libération nationale [Note SLP : donc interclassiste, et donc soumise à l'impératif de ne pas servir l'oppression des peuples voisins, qui subissent eux aussi la domination impérialiste]. Nous devons aussi attirer l'attention sur le fait que c'est un processus loin d'être achevé. Nous estimons qu'une tentative révolutionnaire de libération nationale est à l'œuvre, et nous avons été d'ardents soutiens de celle-ci. Cependant, nous ne sommes pas d'accord pour élaborer un programme commun autour d'une lutte révolutionnaire sans en avoir déterminé l'essence, le caractère et le contenu de classe. Le HBDH a quant à lui assumé une telle tâche. Sur cette base, nous estimons que le HBDH est de nature à nous éloigner de notre définition de la révolution populaire démocratique et de sa direction. C'est là une question de principe programmatique. C'est par conséquent inacceptable.

    5. La déclaration fondatrice du HBDH contient aussi une assertion quant à un processus qui évoluerait vers une "guerre mondiale totale". Nous persistons à affirmer pour notre part qu'il s'agit d'un processus révolutionnaire. Nous ne voyons pas la "guerre mondiale totale" comme une évaluation politique correcte de la situation dans le contexte où nous nous trouvons. Une telle évaluation devrait exiger de revoir toute la direction générale, la politique d'alliances et la stratégie militaire, ainsi que les plus basiques slogans et objectifs. Nous ne voyons pas une telle reconfiguration comme appropriée au regard des circonstances. C'est donc une assertion problématique.

    6. Le programme du HBDH contient aussi une très problématique analyse du fascisme. Le programme et la déclaration semblent en effet réduire le fascisme à l'actuel gouvernement Erdogan en place, ce qui revient à occulter son caractère de forme étatique. Notre Parti considère l'État turc comme fasciste depuis la création de la république (1923). Nous considérons les gouvernements comme de simples instruments sous l'autorité de l'appareil d'État. Dans ce contexte, une analyse du fascisme réduisant celui-ci à l'AKP ne fait qu'occulter la réelle nature de l'État. De telles simplifications visent sans doute à focaliser la propagande sur une cible bien spécifique. Cependant, nous percevons dans l'analyse du fascisme du programme du HBDH une confusion qui va bien au-delà. Ceci peut conduire à rendre la compréhension des contradictions politiques et sociales émergentes plus difficile, et ouvrir la voie à des erreurs politiques affectant la politique d'alliances. Cette confusion peut affaiblir la lutte stratégique contre les partis fascistes qui s'opposent à l'AKP, et déboucher sur des approches très problématiques à cet égard [on peut penser ici à des perspectives de renversement d'Erdogan qui ne feraient que ramener le fascisme kémaliste "de gauche" tel qu'il régnait avant son accession au pouvoir... kaypakkaya-kemalisme.pdf]. Elle peut conduire à une vision abstraite des alliances stratégiques et tactiques. Notre Parti ne doit pas participer à une telle confusion. Nous considérons cette question comme essentielle pour diriger la classe ouvrière et les couches sociales opprimées vers les cibles politiques correctes, éveiller leur vigilance, conquérir l'avenir et donner confiance au peuple, et saisir la réalité le plus parfaitement possible. Nous ne devons jamais préférer des succès tactiques momentanés qui pourraient aveugler la conscience populaire sur les objectifs stratégiques, aux objectifs stratégiques en question. Nous voyons cette analyse confuse, imprécise et erronée du HBDH sur le fascisme dans notre pays, comme inappropriée. Nous estimons qu'avec une telle approche, attaquer le fascisme comme système politique est impossible, et que cela risque de renforcer les tendances réformistes et les "solutions" intra-système. Une telle éducation politique prodiguée aux larges masses, ne peut que les désarmer politiquement et affaiblir leur conscience révolutionnaire.

    Voilà quels sont nos points essentiels d'objection au programme du HBDH sur la base de nos principes et de notre programme. Parallèlement, nous avons un certain nombre d'autres critiques mais celles-ci sont l'objet d'une plus vaste mais non-essentielle discussion de principe. Nous voulons surtout mettre en avant et nous attaquer aux contradictions qui se situent à un niveau programmatique, c'est dans ce cadre que se situent nos principales objections.

    Nous voulons insister sur le fait que nous considérons le HBDH comme un important et très proche allié, qui agit sur une base révolutionnaire. Nous proposons de mener avec lui une puissante et efficace action conjointe, et accordons la plus grande importance à nous trouver à ses côtés sur tous les terrains de lutte sans pour autant signer son programme. Ne pas participer au HBDH n'est en aucun cas un obstacle pour des actions conjointes avec cette structure, dès lors que ces actions ne contreviennent pas à nos principes et ne portent pas atteinte à notre ligne politique. Nous devons avec la plus grande attention ne rien faire qui puisse empêcher de lutter conjointement avec nos amis contre les attaques fascistes, dans la lutte nationale démocratique de la Nation kurde, face aux problèmes subis par toutes les couches opprimées de la société, et dans la lutte de libération nationale en Rojava. Nous accordons la plus grande importance à la création de conditions favorables à ces actions conjointes contre nos ennemis sur le plan politique, militaire et démocratique. Toutes nos sections doivent regarder le HBDH comme notre plus proche allié et s'efforcer d'unifier les actions et les luttes pratiques, et dans ce contexte établir des relations stables et inébranlables. Partant du principe d'un effort similaire de leur part, nous croyons fermement que ces actions conjointes pourront affaiblir l'ennemi et renforcer nos rangs vers un niveau supérieur de part et d'autre. Nous espérons réussir à mener le plus tenace, décisif et victorieux processus pour élever la lutte à un niveau supérieur, vaincre le fascisme et élargir le domaine de la lutte révolutionnaire démocratique.

    Salutations révolutionnaires.

    Septembre 2016 -  TKP/ML  

    Déclaration du TKP/ML au sujet du HBDH et de toutes sortes de points concernant la situation en Turquie et au Kurdistan

    [* Concrètement, et de manière un peu violente et en spécifiant donc bien que cette analyse n'est EN RIEN celle du TKP/ML et n'engage que nous : le HBDH est un prolongement du Bataillon International de Libération (IFB) qui s'est constitué sur le front de Rojava dans le sillage de la bataille de Kobané (fin 2014, début 2015). Constitué, essentiellement, à l'initiative du MLKP. Le MLKP qui est membre de l'ICOR, dont le parti membre fondateur et dirigeant est le MLPD.

    Le MLPD qui est un parti allemand fondamentalement aristocrate-ouvrier (comparé parfois à LO ici, bien que "stalinien" et non trotskyste, et peut-être un peu plus ouvert au postmodernisme aussi). L'aristocratie ouvrière... ou la "gobeuse" des miettes de surprofits que redistribue l'impérialisme.

    L'impérialisme allemand, européen, occidental... qui est fondamentalement intéressé par le repartage du Proche-Orient actuellement en cours ; et qui semble surfer avec de plus en plus de plaisir sur la bonne image médiatique que confère la lutte kurde, et plus largement la lutte "progressiste" anti-djihadiste, anti-Erdogan, anti-Assad "mais pas trop", anti-"islamofasciste" tout en alignant contre Israël des déclarations aussi lénifiantes qu'une résolution de l'ONU ou une punchline de Jimmy Carter, etc.

    C'est sans aucun doute, selon nous, cette "cascade" d'influences imperceptibles et non-conscientes qui produit ces problèmes idéologiques lourds détectés par les camarades auteurs de la déclaration. Voilà, en toute violence et bousculement des "zones de confort", comment nous analyserions la situation...

    Et puis bien sûr, LA force numériquement hégémonique et qui impose fortement sa ligne idéologique dans le Mouvement est évidemment le PKK, au sujet duquel nous pouvons vous inviter à relire le petit "dossier" publié ces dernières semaines dans nos colonnes :

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/dossier-kurde-c-est-toujours-rigolo-a132618814

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/dossier-kurde-discussion-facebook-sur-ocalan-a132660658

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/pour-terminer-sur-le-dossier-kurde-a132670082

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/dossier-kurde-je-ne-mets-pas-une-seule-seconde-en-doute-a132702816]

    [Puisque cela nous a été demandé, explicitons les choses et notre point de vue dessus point par point :

    Point 1 - Question du front : c'est le point que l'on peut effectivement, à première vue, trouver un peu "dogmato"/"sectos". Mais si nous sommes personnellement très favorables à la collaboration coordonnée de forces révolutionnaires d'idéologies différentes pour affronter l'ennemi commun, il est bien évident, de BON SENS, que le programme doit consister en des tâches et des "cibles" bien précises et ne pas aller sur des théorisations qui vont piétiner les principes fondamentaux de l'une de ces forces, montrer ouvertement l'hégémonie idéologique d'une ou plusieurs autres, sans quoi celle-ci ne va jamais l'accepter et c'est normal aussi. Cela fait partie de la lutte idéologique, moteur de la politique révolutionnaire. L'idée, comme nous l'avons dit, est que dans ce front d'action coordonnée s'imposent petit à petit les conceptions les plus justes. Que ces conceptions soient celles du TKP/ML ou pas, une chose est sûre, c'est qu'elles ne risquent pas de s'imposer s'ils les gardent pour eux ! Il est donc normal qu'ils affirment leurs désaccords, et en tirent éventuellement les conséquences en retirant leur signature au bas d'un programme qu'il n'y a d'autre choix que de signer ou pas.

    Point 2 - "Révolution régionale" : oui, c'est vrai que la région est faite de frontières artificielles tracées après la Première Guerre mondiale. Nous avons déjà abordé de nombreuses fois ici la question du système Sykes-Picot qui modèle le Proche et Moyen Orient depuis cette époque. Il y a des Kurdes, donc, dans l’État turc comme en Syrie et en Irak, parfois très proches, les mêmes clans voire les mêmes familles coupées en deux ; il y a aussi des Turcs (dits "Turkmènes") en Syrie et en Irak, dont il est naturel que ceux de Turquie se sentent proches ; et inversement des Arabes du côté turc de la frontière... On est d'accord. Mais le problème de cette idée de révolution régionale, c'est de prôner une révolution dans toute la région du Proche Orient sur la base d'enjeux turco-turcs ou turco-kurdes de Turquie ; alors que les enjeux et les problématiques dans les pays arabes peuvent être très différents. Ne jouons pas sur les mots, et ne faisons pas semblant de ne pas comprendre que par "un"/"chaque pays" il faut bien sûr entendre un/chaque ÉTAT : un même État comme mainmise géographique d'un même quartier général réactionnaire bourgeois et donc comme "front" particulier de la guerre révolutionnaire mondiale, avec ses problématiques qui lui sont bien propres (y compris, en effet, des oppressions nationales...) et qui ne sont pas transposables telles quelles aux autres États/"fronts" même voisins, même lorsque les mêmes nationalités opprimées s'y retrouvent. Qu'Erdogan fasse de l'expansionnisme en Syrie ne justifie pas de projeter la Guerre populaire de Turquie et Bakur (Kurdistan du Nord) dans le conflit de ce pays, qui a ses propres dynamiques sociales. L'on pourrait même dire que la prépondérance du PKK dans l'affaire pourrait conduire à ce que cette "révolution régionale" soit (mal) perçue, peut-être à tort mais non sans raisons, comme un "expansionnisme révolutionnaire" kurde, comme des "missionnaires armés" (comme disait ce bon vieux Robespierre...) par les autres populations (en même temps, si elles ont le malheur de lire ce que Öcalan dit d'elles... ça pourrait se comprendre !).

    Point 3 - Question kurde : c'est une question très importante et, de fait, l'évolution et le renoncement politique majeur du PKK depuis l'arrestation d'Öcalan en 1999. Ce n'est pas "jouer sur les mots". Le principe du droit à l'autodétermination est un principe fondamental du léninisme (donc du maoïsme) et il faut dire les choses clairement, et ne pas se raconter d'histoires : le TKP/ML a été le PREMIER Parti communiste de Turquie à reconnaître sans ambigüité les Kurdes comme une nationalité opprimée et à affirmer par conséquent leur droit à l'autodétermination (ce face à quoi, dans les années 1980 et 1990, l'attitude du PKK a été... de les chasser par le plomb de "ses" terres kurdes au nom du refus de l'"ingérence" et du "chauvinisme" turc "même rouge", s'abritant derrière le bouclier "question nationale" de la critique politique de ses positions - déjà - révisionnistes). Les autres forces du HBDH (ou leurs prédécesseuses) étaient LOIN d'avoir une position aussi claire lors de leur création. Mais il faut croire qu'avec l'abandon par le PKK du principe léniniste d'autodétermination au profit d'un autonomisme censé "démocratiser" puis "dissoudre" l’État turc, cela a bien changé... Comme c'est étrange !!

    Point 4 - Définition de la révolution et du processus de Rojava : nous serions limite allés encore plus loin, pour dire que Rojava présente certes des caractères éminemment progressistes, en plus d'un caractère d'autodéfense populaire absolument légitime et à défendre ; mais présente aussi des limites qui ne permettent pas de qualifier les choses de révolution au sens marxiste, léniniste et encore moins maoïste bien sûr (ce serait un peu comme qualifier de révolutionnaires les républiques du Donbass, si l'on veut...) ; ce qui dans le texte du TKP/ML n'est pas tout à fait clair ("certain degré de révolution" etc.). Déjà, on pourrait commencer par un coup de pied dans l'utopie anarchiste projetée sur les évènements : Rojava, aujourd'hui Fédération de Syrie du Nord, est une entité née de l'effondrement de l’État syrien dans la région (du fait de la guerre civile)... et consistant à reconstruire un État ; et en aucun cas, donc, la "destruction" d'un État par des révolutionnaires "anti". Ensuite, on pourrait presque dire que la principale limite de cette "révolution" est son caractère cosmétique ; la première "révolution", quelque part, conçue pour être "vendue" sur les médias online et les réseaux sociaux. Au premier abord, tout est formidable : libération des femmes, respect des minorités et rejet des logiques d'affrontement ethnique ou confessionnel qui ensanglantent la région depuis plus d'un siècle, développement d'une économie coopérative et autogérée, démocratie participative... Mais SUR LE FOND ? La région est ce que les maoïstes qualifient de semi-coloniale (dominée par l'impérialisme) et semi-féodale (aux mains, en clair, d'oligarchies et de forces réactionnaires locales ; une concentration particulièrement oligarchique, frisant parfois le droit de vie ou de mort, du pouvoir politique et économique ; et des rapports sociaux, des contradictions au sein du peuple qui n'ont pas la même forme qu'ici, mais la forme qu'ils avaient ici il y a 200 ou 300 ans, du fait que l'impérialisme a "bloqué" toute évolution démocratique endogène de la société). Quid alors de l'impérialisme ? Sans commentaires... Non seulement la collaboration va loin, très loin, jusqu'à l'installation de bases militaires qui pourraient devenir permanentes, faisant de fait (et de plus en plus) de la Fédération du Nord la "part" occidentale du gâteau syrien à l'issue du conflit de repartage de cet espace géographique ; mais si encore il y avait une ligne idéologique en béton armé comme lorsque le PC chinois de Mao recevait une certaine aide impérialiste contre le Japon ("la politique commande au fusil" : c'est l'indépendance IDÉOLOGIQUE qui garantit l'indépendance dans les faits vis-à-vis de l'impérialisme)... Mais non : l'idéologie confédéraliste démocratique est, soyons réalistes, inapte à conserver son indépendance vis-à-vis d'un tel soutien ; il suffit de lire Öcalan à ce sujet, ou (plus rapide et moins indigeste) la critique qu'en a fait l'OCML-VP. Et quid de la lutte anti-(semi)-féodale ? Idem... dans la mesure où tout est censé être "solutionné" dès lors que la minorité de grands possédants, grands propriétaires terriens, chefs claniques et autres potentats participe "comme tout le monde" au régime d'assemblée démocratique sur le principe une personne = un vote, en position (donc) minoritaire. Non mais LOL ! Il semble donc impossible, d'un point de vue marxiste et a fortiori maoïste, de qualifier Rojava de révolution ni nationale (anti-impérialiste sur une ligne en acier à ce sujet) ni démocratique (détruisant le pouvoir des "grands", des potentats "féodaux"... en s'attaquant à la base économique, patrimoniale de ce pouvoir ; et non simplement en les "minorisant" dans des assemblées participatives !!).

    Point 5 - "Guerre mondiale totale" : c'est le plus court, le moins approfondi, et pourtant de notre point de vue le plus important de tous les points abordés. Qualifier la situation de "guerre mondiale totale", en référence bien sûr à la Deuxième Guerre mondiale, est ce qui permet de justifier la collaboration "tactique" avec l'impérialisme "démocratique" contre le fascisme (pour le HBDH : l'"axe" Erdogan-Daesh). Si par contre on qualifie la situation de "révolutionnaire en développement", ce genre de collaboration n'est pas envisageable. C'est absolument fondamental pour comprendre tout le reste, et toute notre critique des développements politiques là-bas et notre impression que les choses vont dans un terrible mur.

    Point 6 - Fascisme réduit à Erdogan : c'est une question que nous avons déjà maintes fois abordée dans ce blog (lire aussi ici : Qu'est-ce que l'AKP ?), et notre entre-crochet en rouge dans le texte explicite à notre avis suffisamment bien le problème. Cela rejoint de toute façon le point précédent : Erdogan-qui-soutient-Daesh est le "Hitler" de cette "guerre mondiale totale" censée justifier toutes les alliances, et de là (potentiellement) toutes les liquidations. Et si en 2019 il devait perdre le pouvoir face à l'ultra-fasciste Meral Akşener (lire cette bonne présentation ici), à la tête d'un "mix" de toutes les forces opposées à lui ("bunker" kémaliste "de gauche" CHP ; ex-Mère Patrie et Juste Voie dont il avait "siphonné" l'électorat, mais celui-ci pourrait bien revenir en partie vers Akşener ; MHP "Loups Gris" ultra-fascistes, bien que ceux-ci aient un peu fait mine de le soutenir ces dernières années), qu'en serait-il, de quoi s'agirait-il ? De la "Libération" ? Il ne manquerait plus que, forte de son autorité sur les "faucons" nationalistes et kémalistes, Akşener parvienne à un "accord" sur la question kurde (par exemple avec les réformistes du HDP, en leur rendant la gestion des municipalités du Bakur - celles gagnées en 2014 étant actuellement toutes ou presque sous tutelle) pour que d'aucuns soient tentés de se poser la question, vous verrez !]

    On pourrait dire aussi, puisque la comparaison chinoise est appréciée par certains, que dégager le Nord de la Syrie des griffes de ce qui était en dernière analyse des seigneurs de guerre, et reconstruire un État qui s'était effondré, correspond plutôt à la période du 1er Front uni en Chine (1924-27) ; et que désormais les communistes authentiques, les maoïstes, doivent savoir rompre ce front avec les nationalistes bourgeois de plus en plus clairement pro-impérialistes ; le refus de cette rupture, sous la considération que le processus politique en cours en Rojava serait soi-disant une "révolution nationale démocratique", constituant un opportunisme politiquement dangereux.


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