• https://french.almanar.com.lb/945485

    "Une proposition aurait été faite par les Etats-Unis à la Russie en lien avec la situation au Moyen-Orient, a révélé le journal libanais al-Akhbar. Elle stipule que Moscou facilite la conclusion du Deal du siècle en échange de quoi elle aurait les pleins pouvoirs sur la Syrie.

    « Les Américains ont proposé aux Russes de faire évoluer l’entente sur la Syrie et de se baser sur elle pour la conclusion d’un accord régional élargi, en fonction duquel une hégémonie russe sans rival serait accordée en Syrie en échange de la facilitation de l’action de l’axe américano-israélo-golfique en Palestine », a révélé une source arabe informée pour le quotidien libanais.

    Moscou devrait donc œuvrer pour persuader le chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas de rencontrer le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

    Depuis que l’administration de Trump a décidé de reconnaitre Jérusalem comme la capitale de l’entité sioniste et d’y transférer son ambassade, le dirigeant palestinien a rompu ses contacts avec les dirigeants américains et israéliens.

    Ce qui a compliqué la tâche du haut-conseiller du président américain Jared Kushner et de son émissaire pour le M-O Jeyson Greenblat .

    Moscou n’a pas encore parlé de cette proposition ni donné sa réponse. Selon Al-Akhbar, les Russes gardent de bons liens avec la branche soviétique du mouvement de Fatah et dont M. Abbas est un pilier.

    Le vice-chef du bureau politique du Hamas Moussa Abou Marzouk a assuré pour al-Akhbar que les Russes se sont engagés lors de sa visite à Moscou de rejeter le projet de Trump et de contrecarrer le Deal du siècle.

    D’après al-Akhbar, l’entente avec les Russes sur l’élargissement du cadre du Deal du siècle et le partage de l’hégémonie au Moyen-Orient est plus plausible que jamais. Mais pas avant d’accomplir l’opération de purification de l’administration américaine de son pôle militaire hostile à Moscou. C’est dans ce contexte qu’a eu lieu le remplacement du secrétaire d’État pour la sécurité nationale Herbert Mc Master par John Bolton. Pour ce dernier, le renversement du pouvoir en Iran occupe la priorité. Pour ce faire, il prône la neutralisation de la Russie via une entente avec elle sur la Syrie.

    Ces révélations et les analyses qui vont avec interviennent au moment où un sommet a finalement été décidé entre les deux présidents américain et russe le 15 juillet prochain à Helsinki. C’est surement là-bas que les décision seront prises aussi bien sur le Deal du siècle que sur le statut de la Syrie."

    Rojava... encore (une fois de plus) dans le baba ?

    Lire ou relire :

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/l-annee-2018-commence-fort-au-proche-et-moyen-orient-a135432600

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/le-nouveau-sykes-picot-du-centenaire-a132732648

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/encore-un-commentaire-facebook-bien-explicatif-qui-permettra-a-ceux-qu-a135541702

     

    Haha... intéressant


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  • Une intéressante étude qui aborde, centrée sur un moment historique bien particulier, celui de la montée en puissance de la droite radicale nationaliste française avant, pendant et au sortir de l'Affaire Dreyfus, lors du débat sur la séparation de l’Église et de l’État etc. (années 1890-1900), la question à la lumière de ce contexte de la persistance et de la prégnance d'un discours ANTI-MÉRIDIONAL dans l’État français ; discours également, comme cela est dit dans le texte et prouvable par de nombreuses citations (lire ici a-propos-du-racisme-anti-occitan même si nous ne partageons pas la terminologie de "racisme" pour ce qui est de l'oppression nationale), déjà présent bien avant cette époque et même encore après.

    Un discours, comme vous allez pouvoir le voir, souvent et même étroitement lié à la caractéristique la plus ancrée dans les mémoires de ce mouvement de l'époque : l'antisémitisme... Ce qui n'est en soi pas illogique lorsque l'on sait, comme nous avons déjà pu l'aborder ici, que la politique anti-juive française est étroitement liée à la Conquête de notre Occitanie et que les toutes premières mesures (expulsions, port de la rouelle) ont été prises dans son contexte, vu que c'était là que la grande majorité des Juifs du nouveau Royaume de France (et non plus "des Francs de l'Ouest") vivaient et faisaient du pays une véritable "Andalus du Nord" à briser, comme celle du Sud (un peu plus tard) pour les rois très-catholiques de Castille, afin d'asseoir fermement l’État-"nation" moderne du roi-lieutenant-de-Dieu-sur-terre... il-y-a-800-ans-la-rouelle-premiere-etoile-jaune

    Et évidemment, dans le contexte plus précis de l'époque, indissociable également de l'anti-socialisme, de la "peur du rouge" étant donné que tant le socialisme révolutionnaire que la gauche républicaine réformiste avaient depuis déjà un demi-siècle AMNCHw.png dans notre "Midi" leur bastion.

    Un discours, de manière plus générale, forcé d'émerger épisodiquement en dépit de toutes les assimilations dans une identité "française" (et blanche), dans des contextes de crise et de sentiment de désintégration de l’État-"nation" ; puisque l'Occitanie et sa Conquête en ont été respectivement la victime sacrificielle et l'acte fondateur, et depuis lors, pour reprendre le terme de Gramsci sur une Italie née beaucoup plus tard, ce que l'on peut appeler sa "question méridionale" ou son "Sud socio-politique" ; le "socle" d'un État français d'abord constitué ainsi avant de devenir le centre de l'Empire, donc du pouvoir colonial-raciste (apres-8-segles, lire aussi ici : interview-de-l-odpo-pourquoi-feter-le-25-juin).

    Et un discours aux conséquences pas forcément toujours bénignes lorsqu'il pouvait déboucher par exemple, dans un épisode sur lequel se conclut l'article et que nous avons déjà évoqué par le passé la-faute-au-midi, sur la stigmatisation médiatique des soldats "méridionaux" devant les débâcles militaires de l'été 1914 et l'exécution "pour l'exemple" de centaines d'entre eux...

    Il ne s'agit bien sûr pas de nous "comparer", dans un esprit qui serait (finalement) postmo-identitaire et non matérialiste et scientifique, à ce qui n'est pas comparable : lorsque notre traitement, celui de nos grandes révoltes par exemple comme celle des Croquants ou des Camisards (ou la révolte de 1675 en Bretagne, ou les conquêtes meurtrières de la Franche-Comté ou de la Lorraine 1 - 2), pouvait être comparable à ce que l'on appelle aujourd'hui colonialisme, les peuples colonisés subissaient quant à eux l'esclavage et/ou des politiques génocidaires ; et lorsque leur condition a évolué vers ce qu'elle a été au 20e siècle, la nôtre a elle aussi évolué vers les "Droits de l'Homme" BLANC, bref...

    Mais il n'en est pas moins possible de dire, à l'unisson de Saïd Bouamama, que dans le long processus de construction de l’État-nation comme (nécessaire) centre et "camp de base" de l'Empire, "la colonisation a d'abord été intérieure" : la-logique-coloniale-francaise-des-basques-aux-algeriens-de-la-colonisation-interieure-a-la-colonisation-exterieure ; et ce, avec des réminiscences que l'on peut retrouver jusqu'à une époque très récente (écrits de Céline autour de 1940, voire propos de hauts fonctionnaires face aux Bretons, Occitans du Larzac ou des CAV, nationalistes corses ou basques dans les années 1970 ou 80).

    On notera bien sûr, comme dans toute pensée fondamentalement réactionnaire et anti-matérialiste, des incohérences ; ainsi l'anti-protestantisme qui va naturellement de pair avec l'anti-méridionalisme, le "Midi" ayant été le bastion historique du protestantisme hexagonal, mais qui ne peut s'empêcher à plus d'une reprise de louer les qualités... protestantes de l'Europe de Nord ou de l'Alsace perdue, voire de regretter comme Renan qu'"à cause de la Provence"... "et du Languedoc" (!) la France ne le soit pas purement et simplement devenue (or c'étaient bel et bien le Languedoc, la Provence du Sud de l'actuelle Drôme ou du Lubéron - vaudois - et la Gascogne d'Henri IV qui auraient éventuellement pu l'y conduire...). Mais il faut dire que c'est là (encore) une "exception française" que d'avoir vu son "Sud" socio-politique devenir le bastion de la Réforme, et non comme de manière générale le "Nord" centre le plus dynamique du développement capitaliste.

    D'ailleurs, comme de bien entendu, la moitié nord de l'Hexagone ne constitue pas plus une prétendue "Nation française" que l'Hexagone dans sa totalité, et l'on en voit s'esquisser la conscience chez les auteurs cités : le Nord comme l'Hexagone entier sont bien compris comme un ensemble de peuples distincts, censés être dans un "équilibre" presque "biologique" qui est ce que l'on appelle "la France" et fonde le "génie français" ; et la perte de l'Alsace-Moselle aurait "rompu" cet équilibre, mutilé et affaibli le Nord celto-germanique au profit du Midi "dissolvant", "ventre mou", méditerranéen presque "oriental"... Délire fasciste dans un sens ; mais dans un autre, au fond, perception bien sentie de ce qu'est la fRance comme Empire du Capital parisien dans lequel toutes les "provinces" ont effectivement leur place attribuée et leur rôle économique précis, formant en effet un "équilibre", ou une complémentarité que la perte d'une rend difficile de rétablir.

    L'on pourrait aussi être frappé, dès les premières lignes, par l'évocation de Maurras... provençal comme la Provence et félibre de son état ; mais c'est que la pensée assez spécifique de celui-ci, monarchiste orléaniste et décentralisateur presque fédéraliste plutôt que partisan d'un "césarisme" présidentiel, de préférence avec un militaire (comme Boulanger) à sa tête (donc bonapartiste, en essence, comme Delafosse à ses débuts), et farouchement centraliste, était finalement assez atypique parmi ses congénères de la droite radicale nationaliste ; et en faisait quelque part, comme nous avons pu l'expliquer par le passé... notre Dieudonné : une réponse à la question de comment souder notre nationalité minoritaire et reléguée, par ailleurs terre de socialisme de combat où l'on roulait les drapeaux tricolores aux frontons des mairies pour ne laisser flotter que le rouge, à la France ; dans un contexte de course à la guerre impérialiste ; contre des ennemis-"complots" fantasmatiques intérieurs (Juifs, francs-maçons) et extérieurs (Allemagne, Anglo-Saxons) dieudonne-soral-ou-le-maurrassisme-pour-les-non-blancs (le texte, page 8, aborde également cette question à travers la "défense" par Maurras du Midi "réel" devant l'un de ses contempteurs, Delafosse). L'identification de la figure de Maurras, à lui seul, à la droite extrême des années 1890-1940 (sans même parler de l'antisémitisme... qui ne se limitait pas du tout à cette droite extrême et était même presque un lieu commun, y compris chez les plus républicains des républicains et nombre de dreyfusards), c'est clairement cela : l'équivalent de quelqu'un qui dans un siècle, réduirait tout le "populisme" et la mobilisation réactionnaire de masse des années 2000-2010 à Dieudonné et Soral...

    Bref, bonne lecture...

     

    La haine du Midi : l’antiméridionalisme dans la France de la Belle Époque


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  • ... de toute façon concentrés au Kurdistan-Dersim et dans les grandes villes de l'Ouest (les quartiers kurdes et alévis surtout).

    La clé est dans la conquête idéologique révolutionnaire de la Turquie karatürk, "noire", "profonde" et "arriérée", votant historiquement Menderes puis Demirel puis Özal et enfin AKP ; et dans la réalisation (enfin) d'un bloc historique de libération avec elle.

    La clé n'est pas dans les scores du HDP...


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  • ... (et avec les fraudes qu'il y a eu, allez les connaître !), les cartes des résultats montrent quoi qu'il en soit et très clairement trois TurquieS :

    - La marmaro-égéenne "turque blanche" à l'Ouest... nettement submergée toutefois, autour d'Istanbul (Marmara), par l'immigration anatolienne pro-Erdogan ; mais toujours bien implantée en Égée et en Thrace (Turquie d'Europe) où les rapatriés des Balkans ont remplacé les Grecs chassés dans les années 1920 ; et qui a placé en tête le candidat kémaliste Muharrem Ince (ainsi que le Dersim-"Tunceli" alévi et historiquement kémaliste à la présidentielle, le candidat HDP Demirtaş y réalisant le score honorable mais néanmoins très inférieur de 21%, en revanche le HDP rafle largement la mise aux législatives avec 51%) ;

    - L'anatolienne donc, "turque noire", sur les 3/4 du pays en jaune, pro-AKP ;

    - Et enfin la kurdo-alévie au Sud-Est (Bakur et Dersim), en violet, pro-HDP.

    La première et la troisième sont en guerre contre la seconde (Muharrem Ince ayant été ouvertement choisi par le CHP comme symbole de cette alliance, ayant refusé de voter la levée de l'immunité des députés HDP en 2016) ; ce qui est un MONUMENT D'OPPORTUNISME au regard de la grande histoire révolutionnaire du Sud-Est, entre Guerre populaire communiste et lutte de libération kurde, grande et tragique sous la répression sanguinaire de la Turquie "blanche" moderniste (kémaliste) durant 80 ans kaypakkaya-kemalisme.pdf ; la Turquie "noire" étant alors son exécutrice de basses œuvres fermement encadrée par la grande propriété et les partis de Demirel puis Özal (et le MHP, les "Loups Gris" désormais alliés capitaux d'Erdogan), avant de prendre son envol solitaire et son "indépendance" avec la victoire de l'AKP en 2002, aboutissement de 30 ans de lutte de Necmettin Erbakan... qu-est-ce-que-l-akp

    Les élections ne sont qu'un aspect possible de cette guerre, qui en trouvera d'autres dès lors qu'il s'est avéré impossible de dégager le désormais omnipotent Erdogan par cette voie et que son challenger Ince n'a pas voulu assumer, ou pas "senti" le rapport de force pour lancer une contestation "révolution colorée" des résultats, aussi entachés de fraude soient-ils muharrem-ince-reconnait-sa-defaite.

    [L'on pourrait peut-être y voir ce qu'un camarade marxiste-léniniste évoquait le mois dernier, au sujet cette fois des élections au Venezuela : les forces impérialistes et locales hostiles au régime ne cherchaient peut-être tout simplement pas la victoire par le biais de ces élections - "Ils ne présentaient aucune candidature à la hauteur de Maduro, la victoire de ce dernier fait donc paradoxalement partie tant de la stratégie du mouvement révolutionnaire que du mouvement réactionnaire. La suite de la part de ce dernier est le déclenchement d'un soulèvement et potentiellement d'une guerre civile avec intervention militaire impérialiste pour détruire le mouvement révolutionnaire" (traduire ici : le mouvement nationaliste religieux "centrifuge" vis-à-vis de l'Occident qu'est l'alliance AKP-MHP) analyse-militant-ml-venezuela]

    [(ou alors) DE FAIT :

    - Ce qui a déjoué certes nos prévisions, mais surtout TOUT LE PLAN de l'impérialisme, c'est que le CHP ait finalement décidé de propulser Ince comme candidat.

    - Le CHP ne devait initialement MÊME PAS présenter de candidat ; jugeant que "le président ne doit pas être un chef de parti"... (https://www.zonebourse.com/actualite-bourse/Erdogan-lance-officieusement-sa-campagne-electorale-en-Turquie--26452115/)

    Dans une telle configuration, une part conséquente des électeurs qui ont ici voté Ince auraient sans doute porté Demirtaş à un score de 14 ou 15% (au lieu de 8,4%), en tant que seul candidat réellement "de gauche"... mais le reste aurait voté Akşener, qui aurait donc réalisé la trentaine de % qu'a finalement obtenu Ince.

    Et elle, elle aurait sans le moindre doute osé déclencher un Maïdan contre la confiscation frauduleuse du 2d tour (l'idée étant évidemment celle-là : pas de battre ni même d'arriver devant Erdogan au premier tour - impossible même sans fraude de sa part - mais simplement en position de l'affronter lors d'un second et de dénoncer la fraude faisant qu'il n'y en ait pas, ou qu'il y en ait effectivement un et dénoncer sa victoire forcément "frauduleuse" à ce moment-là). C'était de toute façon elle le véritable "cheval" de l'Occident pour prendre le pouvoir ; elle qui était programmée pour ça et avait les subsides occidentaux dans ce but (pas Ince, ce qui l'a sans doute découragé d'aller au choc). 

    - Mais voilà, avec 7,3% des voix (en réalité) au final, elle était évidemment en position beaucoup trop faible pour cela. Pour que le plan fonctionne comme il était censé fonctionner, il lui fallait être en deuxième position, être celle qui devait affronter Erdogan au 2d tour qu'Erdogan confisquait (ou qu'il y ait un 2d tour et qu'il truque sa victoire à ce moment-là, ce qui revenait au même).C

    C'est Ince qui s'est retrouvé dans cette position, et il s'est sans doute dit qu'il n'avait pas les forces pour déclencher une guerre civile (notamment la capacité de se rallier une partie de l'armée, en tant que kémaliste trop à gauche, et sans doute pas non plus la préférence des Occidentaux).]

    Marqué par une politique "orientaliste" (ou "asiatiste") depuis le début, et encore plus depuis le claquage de porte au nez par l'Union européenne dans la seconde moitié des années 2000, Erdogan, après la brouille évidente dûe à son engagement en Syrie contre le régime d'Assad, vient de retrouver une place nette dans un camp impérialiste en recevant ses premières félicitations de Vladimir Poutine lui-même et de tout ce que la planète peut compter de pro-impérialisme russe : Viktor Orban (Hongrie), Nicolas Maduro (Venezuela), le régime iranien etc.

    [Concrètement tout le monde a fini par le féliciter, c'est ce qui s'appelle la diplomatie ; mais des institutions comme la Commission européenne (UE), l'OSCE et le Conseil de l'Europe ont émis à mots de velours des "réserves" quant à la régularité du scrutin et l’État de droit en général dans le pays ; ce qui revient à dire que Macron ("en même temps"), Merkel etc. etc. peuvent s'abriter derrière ces prises de position qu'ils n'ont pas eu à prendre eux-même - "chacun à sa place" - et le féliciter "chaleureusement" eux aussi ; la Grande-Bretagne de Theresa May et du Brexit a émis des félicitations pouvant peut-être être considérées un peu plus enthousiastes et sincères, c'est à voir ; le Secrétaire Général de l'OTAN a lui aussi félicité le chef de la deuxième armée de l'Alliance mais en insistant tout de même là encore sur "la démocratie et l’État de droit", toutes choses à mettre - aussi - en perspective avec le récent modus vivendi obtenu sur le secteur de Manbij en Syrie au sens, sans doute, de "garantie" temporaire - du moins - qu'Erdogan cessera de revendiquer le reste de Rojava ; et il en va - donc - sans doute de même pour Trump qui a finalement adressé ses félicitations après que toutefois, le jour des résultats, sa porte-parole Sarah Sanders ait "exhorté" la Turquie à "prendre des mesures pour renforcer la démocratie et résoudre les problèmes bilatéraux" entre les deux pays, sur fond de lourde crise pour ne pas dire guerre économique de Washington contre son turbulent "partenaire" ; etc. etc., bref, le récap complet ici : reactions-reelection-erdogan.pdf].

    Dans la contradiction inter-impérialiste qui est le troisième moteur de l'histoire contemporaine avec la lutte des classes et la lutte des peuples et nations dominées contre l'impérialisme, le bloc occidental-atlantique ne compte certainement pas en rester là ; pour reprendre le plein contrôle de ce pays pivot stratégique de tout temps.

    Puissent les forces révolutionnaires, communistes, qui ont dans toute l'Anatolie et le Kurdistan du Nord (Bakur) une longue et glorieuse histoire de luttes, vaincre l'opportunisme liquidateur et ne pas s'engager en lamentables Jules Guesde, en tristes tirailleurs dans cette guerre qui n'est pas celle des peuples ; mais trouver au contraire les clés pour la transformer en la seule qui vaille, la guerre révolutionnaire contre le monde capitaliste et impérialiste !

     

    Turquie : quels que soient les résultats réels...

    Turquie : quels que soient les résultats réels...


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  • ... contestée (et très probablement effectivement truquée) :

    https://www.lemonde.fr/europe/article/2018/06/24/elections-en-turquie-l-opposition-denonce-des-tentatives-de-fraude_5320502_3214.html

    Déjà félicitée par Poutine, Orban, bref que la "crème" quoi LOL.

    Le "champion" de l'opposition, Muharrem Ince (CHP kémaliste) dont la personnalité populaire a totalement écrasé celle dont on attendait la "surprise", Meral Akşener, l'empêchant par effet tourbillon de gagner les déçus de l'erdoganisme et de l'ultra-nationalisme MHP (elle dépasse à peine les 7%...), devrait s'exprimer dans la journée ; avec manifestement du "dossier" très sérieux et étayé quant à de (très probables et même certaines, au vu des derniers sondages juste avant l'élection) fraudes notamment dans le Sud-Est kurde sous état d'exception.

    Wait & see...


    [DE FAIT :

    - Ce qui a déjoué certes nos prévisions, mais surtout TOUT LE PLAN de l'impérialisme, c'est que le CHP ait finalement décidé de propulser Ince comme candidat.

    - Le CHP ne devait initialement MÊME PAS présenter de candidat ; jugeant que "le président ne doit pas être un chef de parti"... (https://www.zonebourse.com/actualite-bourse/Erdogan-lance-officieusement-sa-campagne-electorale-en-Turquie--26452115/)

    Dans une telle configuration, une part conséquente des électeurs qui ont ici voté Ince auraient sans doute porté Demirtaş à un score de 14 ou 15% (au lieu de 8,4%), en tant que seul candidat réellement "de gauche"... mais le reste aurait voté Akşener, qui aurait donc réalisé la trentaine de % qu'a finalement obtenu Ince.

    Et elle, elle aurait sans le moindre doute osé déclencher un Maïdan contre la confiscation frauduleuse du 2d tour (l'idée étant évidemment celle-là : pas de battre ni même d'arriver devant Erdogan au premier tour - impossible même sans fraude de sa part - mais simplement en position de l'affronter lors d'un second et de dénoncer la fraude faisant qu'il n'y en ait pas, ou qu'il y en ait effectivement un et dénoncer sa victoire forcément "frauduleuse" à ce moment-là). C'était de toute façon elle le véritable "cheval" de l'Occident pour prendre le pouvoir ; elle qui était programmée pour ça et avait les subsides occidentaux dans ce but (pas Ince, ce qui l'a sans doute découragé d'aller au choc). 

    - Mais voilà, avec 7,3% des voix (en réalité) au final, elle était évidemment en position beaucoup trop faible pour cela. Pour que le plan fonctionne comme il était censé fonctionner, il lui fallait être en deuxième position, être celle qui devait affronter Erdogan au 2d tour qu'Erdogan confisquait (ou qu'il y ait un 2d tour et qu'il truque sa victoire à ce moment-là, ce qui revenait au même).C

    C'est Ince qui s'est retrouvé dans cette position, et il s'est sans doute dit qu'il n'avait pas les forces pour déclencher une guerre civile (notamment la capacité de se rallier une partie de l'armée, en tant que kémaliste trop à gauche, et sans doute pas non plus la préférence des Occidentaux).]


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  • L'on peut dire en un sens que ces termes recouvrent deux notions, deux définitions partiellement liées :

    - Une communauté de problèmes qui consiste en un territoire : le Sud de l'Hexagone ; problèmes (dûs à la construction de la France, comme base d'accumulation "centrale" du Capital parisien "coiffant" la "pyramide" bourgeoise hexagonale, en centres et périphéries) qui y sont communs à tout le monde même si certains groupes peuvent en voir d'autres propres à eux se surajouter (comme le racisme pour les non-Blancs) ; ainsi tous les ghettos sont des ghettos, mais ceux d'Occitània (Félix Pyat à Marseille, l'Ariane à Nice, le Petit Bard à Montpellier, Jean Perrin à Nîmes etc. et d'autres encore : ces-quartiers-ou-plus-de-la-moitie-de-la-population-est-pauvre) sont statistiquement connus comme les plus pauvres et "à problèmes" de l’État français.

    C'est plus ou moins ce qu'Alain Sibé appellerait le "peuple social et politique" Sibe.pdf.

    - Il y a, comme l'appelaient les maos des années 68, un "prolétariat multinational d'Hexagone" ; et dans le Sud dudit Hexagone, dans l'aire géographique définie par les linguistes comme occitane (où l'on parlait un dialecte occitan avant la généralisation du français au 20e siècle), c'est à dire l'Occitanie, il y a un prolétariat multinational (donc) d'Occitanie au sein duquel on trouve le Peuple occitan qui est une composante de ce prolétariat multinational, avec la particularité d'être le peuple autochtone (et majoritaire) de l'aire géographique en question (ayant pu intégrer, au cours des siècles, une certaine immigration "de proximité" comme les Piémontais en Provence) ; un Peuple occitan que l'on peut également trouver en dehors de cette aire (région lyonnaise, région parisienne etc., la plus grande partie de l'Hexagone en fait), du fait de l'émigration historique de travail, cette fois comme minorité dans le prolétariat multinational de l'endroit ; et qui dans tous les cas lutte en tant que Peuple aux côtés des autres (composant le prolétariat multinational) dans ce qui a parfois pu être appelé l'"Internationale domestique" destinée à abattre l'oppresseur commun, l'État capitaliste-impérialiste bleu-blanc-rouge.

    Cette définition rejoindrait plutôt celle du peuple "premier" (pòble començet) de Sibé.

     

    Qu'est-ce que l'Occitanie, que sont les Occitans ?


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  • Un propos avec lequel, encore une fois, on aura du mal à ne pas être à 400% d'accord :


    Progressisme blanc et régression féconde indigène

    Les Beaufs et les Barbares : sortir du dilemme


    http://indigenes-republique.fr/les-beaufs-et-les-barbares-sortir-du-dilemme/

    Je voudrais avant toute chose rendre hommage à un absent, Sadri Khiari, l’un des principaux théoriciens du PIR qui est retourné en Tunisie, faute de papiers et qui aurait dû être des nôtres. Je le dis avec d’autant plus de force qu’il n’est jamais cité par la plupart de celles et ceux qui se disent décoloniaux et encore moins par les universitaires. J’estime en effet son apport incontournable pour tout militant réellement décolonial.

    Je commence avec une question directe : Indigènes de France, sommes-nous progressistes ? Sommes-nous progressistes comme nous rêvent ceux qu’on nous présente comme nos alliés naturels, la gauche ? Sommes-nous anticapitalistes, féministes, écologistes, pour le droits des homosexuels ou encore favorables à l’accueil des migrants ? Bref, sommes-nous des gens bien selon les critères de la gauche ? D’abord spontanément, j’aurais tendance à répondre que non. Ce n’est pas un « non » intemporel, ou définitif. C’est un « non » conjoncturel. Et pour le dire autrement, un « non » complexe. D’abord, pour ne pas tomber dans une quelconque forme d’essentialisme, je dirais que nous ne sommes pas un corps figé et homogène et qu’à ce titre on pourrait même répondre un « oui » partiel si on voulait considérer les membres de ce groupes, les indigènes, comme des unités autonomes et indépendantes.

    L’indigène contient des multitudes et il y a effectivement, en notre sein, des progressistes. Sauf que ce n’est pas tellement ce que nous sommes à titre individuel ni notre hétérogénéité (qui est le propre de chaque groupe) qui m’intéresse ici, mais notre communauté de destin, à nous, sujets post-coloniaux – ségrégués socialement, discriminés, subissant un contrôle spécifique des autorités publiques, frappés d’illégitimité dans notre rapport à la nation et privés de représentations politiques, et les effets de cette condition sur nos trajectoires sociales et politiques. Ce qui m’intéresse donc ce sont les tendances lourdes et massives observables depuis trente ou quarante ans et qui sont le produit de l’histoire récente.

    À partir de là, ce que je peux affirmer, c’est que si l’on observe les générations nées en France depuis les années 60 à nos jours, les jeunes générations sont moins progressistes que les anciennes et que cette tendance va en s’accentuant. Dans le vocabulaire de la gauche, on parlerait de « réaction ». Quelques exemples :

    Des franges laïcardes, républicanistes, progressistes, féministes accusent l’Islam de France d’être un retour à l’ordre patriarcal et à la famille. Ils le disent d’un point de vue raciste mais est-ce faux ?

    300 pétionnaires signent un manifeste contre « le nouvel antisémitisme ». Ils l’écrivent d’un point de vue clairement raciste et islamophobe, mais est-ce faux ?

    Une pasionaria, du nom de Farida Belghoul, lance une grande journée de retrait des enfants de l’école (les JRE) en 2014 parce que dit-elle, l’Education Nationale veut introduire la théorie du genre à l’école et qu’il faut préserver le masculin et le féminin. Elle rencontre un tel succès qu’elle provoque un vent de panique dans de nombreux rectorats.

    Le soralisme fustige le féminisme qui castrerait les hommes, les juifs « sionistes » qui « occuperaient » la France et galvanise un virilisme musulman qui serait une qualité intrinsèque de l’Islam. Il fait mouche et est suivi par des centaines de milliers d’internautes parmi lesquels de nombreux hommes indigènes. Et je ne parle même pas de ces youtubeurs à succès qui prônent des idées ultra sexistes défendant un point de vue d’hommes racialement opprimés (je vous renvoie aux interventions de Franco Lollia et d’Azzedine Badis) qui dit en gros : les femmes arabes appartiennent aux hommes arabes, les femmes noires aux hommes noirs et quand on est un homme, un vrai, on veille à son cheptel et on défend son honneur.

    En 2014, des municipalités, fiefs du Parti communiste ou socialistes, tombent entre les mains de la droite avec le soutien d’une partie active des indigènes locaux. Il existe en effet une démagogie de droite qui a su détourner à son profit le conservatisme affiché des habitants des cités. Dans les quartiers qui sont frappés par un taux de chômage plus élevé que la moyenne nationale, le déterminant de classe fonctionne à plein. Mais d’autres motivations jouent. Les musulmans les plus pratiquants ont été heurtés par la loi sur le mariage pour tous (rappelons que l’UOIF a participé à la Manif pour Tous). Cette évolution n’a pas échappé à des candidats de la droite, qui ont ciblé particulièrement les familles musulmanes pendant leur campagne. Ils ont ainsi emporté la victoire dans des bastions historiques de la gauche. Pour s’adresser à « l’électorat musulman, que la gauche considérait comme acquis », Bruno Beschizza, ancien policier, petit protégé de Nicolas Sarkozy, convaincu qu’un discours « d’autorité et de générosité » pouvait porter aussi dans les cités d’Aulnay-Sous-Bois, symbole de la crise depuis la fermeture de l’usine PSA, a notamment utilisé un livre, « Mehdi met du rouge à lèvres », surfant sur la polémique sur la théorie du genre pour toucher des électeurs qu’il juge « attachés à transmettre les fondamentaux à leurs enfants ». Il a gagné les élections. Last but not least, pour engranger des voix dans ces villes pauvres, certains candidats ont promis d’un côté la cantine gratuite et de l’autre de fermer les camps de Rroms, ce qui n’était pas pour déplaire à pas mal d’habitants des quartiers défavorisés qui voient l’expulsion des Rroms comme une revalorisation de leur environnement et même comme un signe de respect.

    Je repose donc ma question : sommes-nous progressistes ? Difficile de dire oui.

    Mais pour répondre le plus justement possible, je voudrais faire ici un détour par la littérature noire américaine. Ce que j’aime dans cette littérature, c’est le regard implacable et impitoyable des écrivains noirs sur leur peuple. Je pense notamment à Chester Himes et à Richard Wright. Ce que j’aime c’est la lucidité, la froideur avec laquelle ils jugent les leurs. Ils savent qu’ils ont affaire à un monde déstructuré, aliéné, malade, souvent névrosé et capable du pire. Mais jamais ils ne cèdent au mépris, parce qu’ils partagent un savoir cardinal : ils savent que ce peuple est le produit de la nation américaine. Ils ont toujours des garde-fous dans leur tête, un barème qui les prémunit de toute forme de morgue. Ils savent que ce peuple est coincé et qu’il se débat, et surtout ils savent en faire partie. Ce qui fait qu’il y a toujours et paradoxalement à côté de leur dureté, toujours une place pour l’empathie et même pour la tendresse. C’est ce qui fait la grandeur de leur littérature contrairement à, par exemple, celle d’un Houellebecq qui se rêve en auteur maudit mais qui ne restera au fond qu’un piètre pamphlétaire car comme le font remarquer certains observateurs, « il aime haïr, veut être aimé mais éprouve une grande impuissance à aimer et à admirer ».

    Ainsi, je voudrais ici, comme Himes, tenter de ne pas céder à ce mépris et même tenter d’apprendre quelque chose de ce divorce, de ce rejet des valeurs de gauche et pourquoi pas d’en faire quelque chose pour le retourner positivement en la faveur d’un projet de libération ?

    En effet, comment juger les JRE de Farida Belghoul et les milliers de gens qu’elle a convaincus, comment juger ceux qui votent pour Beschizza au nom de l’ordre patriarcal et la sécurité, comment juger les femmes dont parlait hier Louisa Yousfi qui déplorent la « mort des hommes » là où un certain féminisme voudrait les voir s’en réjouir ? Comment juger ceux qui dérivent vers les idées les plus réacs et qui sont socialement les plus indigènes des indigènes ? Ceux qui occupent le plus bas de l’échelle sociale, ceux qui tellement exclus de la vie politique, ne viendront jamais au Bandung du Nord parce que exclus même de nos milieux ? Ceux que des démagogues réactionnaires et racistes arrivent à séduire, ce que la gauche progressiste échoue à faire lamentablement et ce que nous peinons nous-mêmes à réaliser.

    D’un point de vue décolonial, je dirais deux choses :

    1/ Cessons de cultiver un faux romantisme et prenons acte de notre ensauvagement. Et je dis bien « ensauvagement » et non pas « sauvagerie ». Nuance. L’ensauvagement implique la notion de processus, d’évolution alors que la sauvagerie implique un état de nature. Comme Chester Himes nous y invite, restons lucides. Je ne le dis pas de gaité de cœur mais nous vivons un moment de forte régression politique. À l’époque du Bandung historique, il y avait et sans vouloir la surestimer ou l’enjoliver, une forte conscience des intérêts communs et un espoir d’aller vers un avenir meilleur. Fanon rêvait depuis l’Algérie de faire naître un homme nouveau mais comme l’a dit Sadri Khiari la révolution contient la contre-révolution. Aujourd’hui, cette Algérie que Fanon a participé à libérer participe de la contre-révolution en faisant la chasse aux migrants sub-sahariens pour le compte de l’Europe forteresse et sous-traite son racisme. C’est l’une des manifestations les plus déplorables de notre ensauvagement car cette position du Maghreb dans la hiérarchie des pouvoirs se réfracte chez les Arabo-musulmans qui l’exploitent à leur profit jusque dans les relations interpersonnelles. Je vous renvoie ici à la plénière sur les racismes intra-communautaires et notamment aux interventions de Norman Ajari et de Saïd Bouamama.

    Ce racisme des dominés est caractéristique de tous les groupes dominés assoiffés d’intégration. Et c’est à l’aune de cette soif d’intégration qu’il faut juger les nouvelles formes de racismes intra-communautaires, d’antisémitismes. C’est à l’aune de cette soif d’intégration qu’il faut juger la dégradation des rapports hommes/femmes, la plus grande intolérance vis-à-vis des homosexuels (je vous renvoie à l’intervention de Paola Bacchetta). Et c’est aussi à l’aune de cette soif d’intégration qu’il faut apprécier le succès d’un certain libéralisme économique et culturel qui gagne du terrain sous la forme de la croyance au fameux « Yes we can » d’Obama ou le « Deviens toi-même » de Macron, qui n’est rien d’autre qu’une promotion capitaliste de l’individu au détriment d’une force collective, seule capable de créer les conditions d’une véritable résistance face au rouleau compresseur.

    2/ Ne pleurons pas sur le lait renversé. Si nous ne sommes plus progressistes ou si nous le sommes moins qu’avant, c’est que le progressisme nous a trahis ou plus exactement, il n’a pas été taillé pour nous. Je cite Sadri Khiari[1] : « Nous ne vivons pas simultanément. Penser une stratégie frontalière décoloniale suppose de rompre avec la conception d’un champ politique unique et homogène. Forgée dans l’histoire des luttes entre progressistes et conservateurs, gauche et droite ou classe ouvrière et bourgeoisie, cette conception de l’espace-temps politique est également, quoique pas uniquement, le fruit de la colonisation. Celle-ci n’a pas seulement occupé des espaces, elle a également occupé le temps. Par la force des armes, elle a imposé une conception racialisée du temps et de l’espace, présupposant un découpage racial du monde et une histoire linéaire eurocentrée, prétendument universelle, fléchée par l’avènement de la modernité et du progrès, qui relègue les autres espaces et les autres histoires à la non-histoire ou à des stades antérieurs de l’histoire. Le démantèlement des instruments et des dispositifs de pouvoir et de savoir qui permettent aujourd’hui encore l’occupation coloniale de l’espace et du temps figure à terme comme un enjeu majeur de la libération. Cette perspective est étrangère à celle de l’émancipation universelle, construite elle-même dans l’idéologie de l’espace-temps unique et homogène au sein duquel prend place un champ politique unique où convergent naturellement les luttes contre les différentes formes d’oppression et où s’opposent nécessairement "réactionnaires" et "progressistes" ».

    Ce que dit Sadri, c’est que le clivage gauche/droite est aussi un produit de l’histoire coloniale. Ce que Césaire avait découvert lorsqu’il a écrit sa fameuse lettre de démission au PC et ce que nous continuons de découvrir aujourd’hui. Ce que nous pouvons ajouter aujourd’hui, c’est qu’en plus se développe depuis le pouvoir et jusqu’à l’extrême-droite un « progressisme au service de l’ordre[2] » selon la formule du site « Servir le Peuple », qui prend le visage décomplexé de l’homoracialisme et du fémonationalisme. [LOL : flattés d'être ainsi cités ; mais il faut aussi dire hélas, sur ce point, qu'il y avait "un peu de tout" dans l'assistance ce jour-là et que manifestement a été mal vécu par certain-e-s présent-e-s cet "honneur" qui nous était fait ; en tout cas (sans rentrer dans les détails) depuis ce fameux jour on a des problèmes... MDR !]

    Je fais ici une hypothèse : Et si le conservatisme réactionnaire d’une partie grandissante des nôtres ne contenait pas en lui un secret ? Et si pour découvrir ce secret, il fallait changer de lunettes ? Si je mets mes lunettes décoloniales, est-ce que je vois la même chose qu’un progressiste blanc ?

    Prenons le cas du repli d’une frange des enfants de l’immigration vers des valeurs familiales si détestées par la gauche (qui a déclaré la mort de Dieu et de la famille) et si chères aux indigènes. Ne faut-il pas y voir une conscience fine de ses intérêts matériels au moment où l’État social recule, où l’État social abdique et où l’un des rares lieu de repli, de protection et de solidarité reste le cadre familial, certes oppressif parfois, mais où l’on trouve protection et affection face aux assauts du néolibéralisme ? Lorsque des femmes déplorent la « mort » des hommes, ne sont-elles pas en fait en avance sur les progressistes ? Ne savent-elles pas mieux que quiconque que sans l’aide matérielle des hommes de leur entourage, de plus en plus démissionnaires[3], elles doivent faire face seules à la précarité, à l’administration, aux besoins de leurs enfants ? Est-ce que ce n’est pas de ce point de vue qu’il faut juger et apprécier la participation désespérée et tragique de toutes ces familles indigènes et pauvres aux JRE ?

    Prenons le cas de l’hostilité grandissante à l’encontre des Juifs. N’est-ce pas à cause d’un amalgame abject entre Juifs et Israël entretenu depuis tant d’années par les appareils idéologiques de l’État et par le mouvement sioniste ? N’est-ce pas à cause de la bonne conscience blanche qui d’un côté fait du génocide des Juifs une religion civile et de l’autre relativise la traite transatlantique ou glorifie la colonisation ? N’est-ce pas à cause de cet antisémitisme structurel de l’État qui pour préserver son caractère racial organise la hiérarchie des communautés, refuse d’intégrer les Juifs au récit national mais organise subtilement la concurrence entre les communautés tout en distribuant les points entre les bons et les mauvais sujets raciaux ? Enfin, n’est-ce pas d’abord à cause d’un attachement viscéral à la Palestine, terre occupée depuis 70 ans et symbole des rapports Nord/Sud, qu’on nous présente vicieusement non pas comme un projet occidental mais comme un projet juif ?

    Ainsi, lorsqu’on chausse des lunettes décoloniales, ce qu’on observe, c’est un phénomène dialectique. Une vraie régression, un vrai pourrissement, une vraie déchéance mais derrière chacune de ces régressions on trouve, en creux, la critique d’un système. Derrière le conservatisme familial, il y a la critique de l’État anti-social. Derrière l’hostilité envers les juifs, qui entérinera notre déchéance si on n’y remédie pas, il y a la critique de la pyramide raciale, de l’État Nation et de l’impérialisme. Pour le dire autrement, derrière chacune de nos régressions, il y a une dimension révolutionnaire en ce sens qu’elle contient la critique de l’État, du libéralisme et de l’impérialisme. Cette régression peut prolonger notre servitude et à termes nous être fatale comme elle peut devenir féconde et révolutionnaire pour peu qu’on s’en donne les moyens.

    Ainsi, nous sommes devant une alternative que je résumerais de la sorte : ensauvagement ou libération ? Réaction ou révolution ? Haine des Juifs/des Blancs ou amour révolutionnaire ?

    Cette situation n’est pas nouvelle à vrai dire. Elle n’est même pas originale. L’histoire des colonisés de l’intérieur est même pétrie de ces contradictions. CLR James l’avait observé il y a bien longtemps : « Les mouvements qui cherchent à « faire sortir les Juifs de Harlem ou du quartier sud » ont une solide base de classe. Ils constituent les réactions du nègre revanchard qui cherche un secours économique et quelques remèdes à son orgueil de race humilié. Que ces sentiments puissent être exploités par des idiots fanatiques, des Nègres antisémites ou Nègres affairistes, cela ne saurait changer leur base fondamentalement progressive. Cet aspect progressif ne peut en aucune façon être confondu avec l’insatisfaction de la petite bourgeoisie blanche démoralisée qui cherche un refuge dans le fascisme. La réaction américaine peut financer et financera probablement ou encouragera quelques-uns de ces mouvements (Bilbo et Back to Africa) afin d’alimenter la malveillance. Mais les Nègres sont des prolétaires, des semi-prolétaires et des paysans dans leur composition sociale. Le cours général de l’histoire américaine est tel que tout mouvement fasciste d’étendue nationale (aussi déguisé soit-il) sera obligé d’attaquer la lutte des Nègres pour l’égalité. »

    Que dire ? Allons-nous laisser les démagogues de tout bord, à commencer par cet ancien flic, instrumentaliser nos ambivalences pour les mettre au service d’un projet véritablement réactionnaire car adossé aux moyens de l’État ? Allons-nous pour ne pas céder à cette instrumentalisation vouloir à tout prix transformer l’indigène en progressiste de gauche, coûte que coûte et contre tout réalisme social, ou alors allons-nous enfin faire ce pari audacieux qui consiste, comme l’avaient fait les non-alignés au Bandung de 1955, à trouver notre propre voie ?

    À ce stade de la réflexion, vous allez me dire : Mais quand est-ce qu’on parle des alliances avec la gauche puisque c’est le sujet de cette plénière ? Ne croyez pas que je me sois noyée dans mes conjectures. Pas du tout ! Parce que cet indigène progressiste, qui existe si peu, c’est celui dont rêvent nos alliés de gauche avec lesquels on a en commun de faire une critique radicale du capitalisme même si pour nous c’est l’ensemble de la logique moderne qu’on remet en cause. Et c’est là où le bât blesse. Parce que si l’indigène progressiste existe si peu, la gauche qui accepterait de converger avec cet indigène si peu ragoutant, si peu sexy, si laid, elle n’existe pas non plus. Parce que pour avoir cet honneur, il faut avoir 20 sur 20 à la copie. Il faut être exemplaire. Et c’est pour cela qu’on doit passer des tests comme on fait des tests d’alcoolémie. Ça risque d’être compliqué. Et pourtant, quand on voit la barbarie qui vient, il n’y a plus d’échappatoire. Nous sommes tous contraints à l’alliance, et aujourd’hui plus que jamais.

    Albert Memmi avait déclaré il y a plus de 60 ans dans Portrait du Juif, l’impasse : « La réaction m’exclut, le socialisme et la révolution me nient ». Je voudrais reprendre à notre compte cette citation de Memmi car elle est d’une incroyable actualité. Observons la scène et reprenons Memmi :

    1/ « La réaction m’exclut ». Effectivement la réaction poursuit son œuvre : sous la forme d’une politique néolibérale extrêmement offensive mais qui prend le visage d’un jeune, beau et dynamique président qui a poussé le vice jusqu’à aller déposer une gerbe de fleurs en mémoire de Brahim Bouarram le 1er mai, et sous celle de l’ultra nationalisme qui s’organise ici pour empêcher les migrants de fouler le sol européen ou là de prôner la défense de la race blanche en France, en Allemagne, aux États-Unis…

    2/ « Le socialisme et la révolution me nient ». Hier, au même moment que ce Bandung du Nord a eu lieu une marche anti-gouvernementale et anti-libérale lancée notamment par la France Insoumise. Cette manifestation, dont personnellement je me réjouis, comme je peux me réjouir des grèves qui ont lieu en ce moment et qui concernent aussi une partie des indigènes, est presque une allégorie de nos espaces temps, de nos mondes parallèles, blancs et indigènes. Eux à Paris, nous à Saint Denis.

    Bien sûr, les initiateurs de cette manifestation ne manqueront pas de s’interroger sur l’absence massive des non-blancs et des quartiers mais ils ne s’interrogeront pas sur leur propre aveuglement. Et leur plus grande erreur, c’est de nier l’indigène discordant. Leur plus grande erreur est de croire à la réforme de cet indigène comme s’il suffisait de faire des invocations sans prendre en compte les causes matérielles de cette discordance, leur plus grande erreur est de nier leur propre entre soi qui n’existe que parce que depuis 30 ans leur agenda politique défend en priorité l’intérêt des classes subalternes blanches. Cette question doit être mise à l’ordre du jour de cette gauche radicale dans les mois et les années qui viennent comme nous-mêmes devons mettre la question blanche à l’ordre du jour de notre agenda décolonial.

    Rendons justice à la vérité. L’indigène discordant n’est pas le seul point aveugle de la gauche radicale. Il y en a un autre : c’est le prolétaire blanc. En effet, comme l’a souvent répété Sadri Khiari, la gauche radicale n’arrive pas à rompre avec son matérialisme froid qui l’empêche de comprendre le besoin d’histoire, d’identité, de spiritualité et de dignité des classes populaires blanches. Une dignité qui ne soit pas seulement la dignité de consommer. Les prolos français qui ont voté pour Sarkozy ou Le Pen n’attendent pas d’eux seulement qu’ils augmentent leurs salaires. Ils votent pour des « valeurs », quoi qu’on puisse penser de ces valeurs. Et à des valeurs, on n’oppose pas 1500 euros mais d’autres valeurs ; on oppose de la politique et de la culture. La question de la dignité est une porte d’entrée trop négligée. Cette dignité bafouée a su trouver auprès de ceux qu’on appelle les « petits blancs » en France ou encore les « white trash » aux États-Unis une voix souterraine pour s’exprimer, c’est l’identité. L’identité comme revers vicieux de la dignité blanche, et qui sous cette forme n’a trouvé comme traduction politique que le vote FN, puisque ces petits blancs sont « trop pauvres pour intéresser la droite, trop blancs pour intéresser la gauche » (la gauche institutionnelle, s’entend) pour reprendre la formule d’Aymeric Patricot. À la politique de « l’identité nationale » donc, on ne peut plus se contenter d’opposer un internationalisme universaliste et uniformisateur, européocentriste. Il faut trouver d’autres réponses.

    Je propose pour conclure que ces points aveugles de la gauche deviennent nos points de clairvoyance. Les prolétaires blancs ont aussi leur zone grise mais ils ont aussi leur dignité. Il n’est pas souhaitable, comme il ne serait pas très généreux de notre part, de croire que le prolétariat blanc est condamné au fascisme. Si cette tendance est indéniable, ils sont aussi nombreux à démissionner du politique, à s’abstenir, à résister et oui, à vivre dans leurs contradictions de prolos méprisés. Quoi qu’on en dise, ce mépris n’est pas seulement un mythe entretenu par l’extrême-droite. Il est au cœur de la dévitalisation d’une gauche satisfaite d’elle-même, qui donnant d’une main des leçons d’antiracisme moral aux petits blancs, apprenait de l’autre l’intégration républicaine aux immigrés. À ces deux extrémités, deux camps qui se regardent en chien de faïence, et une expérience commune : la négation de dignité.

    Alors que faire ? La paix révolutionnaire entre les petits blancs et les post-colonisés ne se décrète pas. Et il est déjà des stratégies douteuses de réconciliation qui se font entendre. C’est donc un terrain extrêmement miné sur lequel pourtant il faudra mettre un pied, ni à partir de la gauche telle qu’elle se détermine aujourd’hui ni à partir de l’extrême-droite mais à partir d’une politique décoloniale, seule à même de sortir de ce duel mortifère, entretenu par des intérêts divers, entre les deux parias de la société, les petits blancs et les indigènes. Ou pour le dire plus clairement : entre les Beaufs et les Barbares.

    Houria Bouteldja, membre du PIR

    Intervention au Bandung du Nord, Saint Denis, le 6 mai 2018

    [1] http://indigenes-republique.fr/nous-avons-besoin-dune-strategie-decoloniale/

    [2] http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/analyse-et-retrospective-historique-du-fascisme-anti-politique-3e-part-a138446890

    [3] À propos des masculinités opprimées, lire : http://indigenes-republique.fr/en-finir-avec-le-soralisme-en-defense-des-lascars-de-quartiers-comme-sujets-revolutionnaires/

    [Lire aussi éventuellement, à ce sujet ou du moins dans le même esprit : http://indigenes-republique.fr/pour-un-internationalisme-domestique/]


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  • [Et cela n'est-il pas, au fond, applicable à tous les pays occidentaux ; n'est-il pas ce que l'on appelle, parfois, le FASCISME MODERNE - voire carrément post-moderne (l'expression "fascisme moderne" vient de la Gauche prolétarienne des années 1970, la Guerre froide, la Chine de Mao, "l'heure des brasiers", "le fond de l'air est rouge", bref l'eau a coulé sous les ponts...), genre, bien capable de nous mettre une femme métisse lesbienne comme porte-parole ou sergent-recruteur ou icône (y compris involontaire) de l'une ou l'autre de ses saloperies ?!! (on a déjà bien une féministe fille de lamberto qui cite Marx à tort et à travers et se fait reprendre par papa, LOL ! on pourrait même dans un sens citer Ivana Hoffmann, tuée au Rojava début 2015 et mise en avant à son cadavre défendant sans doute pour exalter l'engagement rojaviste comme "révolution intersectionnelle totale" face à la "barbarie patriarcale islamo-fasciste" aux dépens des milliers d'autres tué-e-s de cette effroyable guerre, dans les rangs rojavistes... ET EN FACE, sous les bombes de la coalition, parmi la population "pro-Daesh" "Raqqa, cette ville de réacs comme Lyon"... ou en tout cas prise entre deux feux, avec au bout du compte un tiers de la Syrie sous protectorat impérialiste occidental...)]


    “Le fascisme américain est sa propre création sui generis. Il n'est pas explicitement antisémite comme pouvait l'être le nazisme [on pourrait même dire qu'il n'est... rien, pas même raciste, et surtout pas fasciste, officiellement !], mais il partage avec lui bon nombre de caractéristiques.

    Il autorise même, parfois, des personnes noires ou brunes à agir comme ses porte-paroles. Le sheriff David Clarke en est un bon exemple, comme l'est le gouverneur Bobby Jindal.

    Ce qui le définit uniquement est le concept d'identité nationale et d'exceptionnalisme américain, principalement exprimé à travers une militarisation toujours croissante. Il révise les atrocités du passé américain, ou produit des justifications pour elles, y compris et tout particulièrement pour les horreurs de l'époque actuelle.

    On peut le voir aisément dans la justification des bombardements atomiques sur le Japon ("préservation de vies américaines"), de la période de l'esclavage ("tout le monde le faisait à l'époque", ou tenter d'en minimiser les crimes), ou encore de l'actuelle "Guerre contre la Terreur" ("c'est notre boulot de faire la police dans le monde et de combattre les terroristes !").

    En particulier, le fascisme américain dans son étape actuelle justifie ses atrocités par la guerre contre trois principaux ennemis, raciaux ou politiques :

    1) Le soi-disant "extrémisme islamique". Cibler et traiter les musulmans (voire les sikhs...) comme des terroristes.

    2) Les gangs et les "criminels". Les cibles sont ici les personnes noires ou latines. Ceci inclut aussi bien les maras que les "extrémistes identitaires noirs", et les traite comme des ennemis combattants sur un champ de bataille. La soi-disant lutte contre les gangs et la criminalité est aussi ce qui justifie la solution militaire au "problème de l'immigration illégale".

    3) Le communisme et l'anarchisme. Ceci couvre un champ très large. Ce combat est principalement mené par les groupes suprématistes blancs et les polices locales. Mais déjà le FBI et le DHS commencent à être impliqués, ciblant des organisateurs, lançant des charges pénales ridicules contre eux, et les enfermant dans des batailles judiciaires qui les empêchent de mener leurs luttes.

    Il existe un ensemble d'ouvrages destinés aux militaires d'infanterie, rédigés par un vétéran du Vietnam du nom d'H.J. Poole. Son discours est que les États-Unis sont actuellement face à un nouveau type de guerre, une "Guerre de 4e Génération", et ses ouvrages ne contiennent pas seulement des solutions tactiques pour vaincre cette "nouvelle menace", mais aussi un très haut niveau d'endoctrinement politique fasciste. Il détaille longuement chacun des trois "ennemis de l'Amérique" et quelles stratégiques le gouvernement, les militaires et les citoyens doivent adopter pour les vaincre. Ces ouvrages exercent une grande influence sur les forces armées et cela peut être vu dans les récents efforts du régime Trump pour "stopper l'immigration illégale", entre autres choses.

    Lorsque vous voyez un rassemblement pro-Trump dont les participants acclament le bombardement de pays musulmans, l'enfermement de prisonniers politiques de gauche ou la rétention des immigrants, vous devez savoir que toutes ces personnes sont des fascistes américains.

    Non, cela n'a pas commencé avec Trump et ne finira pas avec lui. À moins que nous ne fassions quelque chose.

    C'est pourquoi il nous faut parvenir à construire un puissant front uni rassemblant tous les éléments émancipateurs de la société, avec une direction révolutionnaire cohérente.

    La seule façon de mettre fin à cela est de nous engager dans une transformation fondamentale de la société par tous les moyens que nous avons entre les mains.”

    Un militant communiste local.

    Lire aussi :

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/sur-le-mouvement-communiste-maoiste-aux-etats-unis-a135737730

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/y-a-t-il-des-questions-nationales-aux-etats-unis-a136959878

    Sur la situation fasciste aux États-Unis

    Sur la situation fasciste aux États-Unis


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  • Si l'on voulait résumer (à l'extrême) l'esprit de cet article de Slate : Poutine est kiffé par des millions de petits "beaufs" blancs (et même quelques non-blancs) de toutes les périphéries cambouiseuses d'Europe comme un mec qui "tient tête" (forcément, en tant que rival impérialiste...) à l'hyperpuissance US, aux "élites" libérales et européistes, à la "mondialisation" (tout ceci étant largement déconnecté de la réalité, précisons-le), ainsi qu'à un certain "progressisme" perçu comme élitiste et donneur de leçons aux "sans dents" ; et aussi, il faut hélas bien le dire, à "l'islaaaaam" dont on leur injecte quotidiennement une dose de psychose.

    Et Erdogan... eh bien joue le même rôle, bénéficie du même réflexe dans la communauté musulmane (sauf pour ce qui est de "l'islaaam" évidemment, enfin si mais en négatif : comme héros anti-islamophobe). La Chine ne bénéficie pas de ce type de réflexe car elle a mauvaise réputation dans les pays d'Afrique et d'ailleurs, et l'écho remonte dans les communautés indigènes d'Occident (cela dit une réalité est aussi que sans Chine pas d'Erdogan, tous les pays "émergents" ne sont pas potes entre eux - on peut légitimement douter qu'Erdogan apprécie le sort des Ouïghours... - mais se "portent" les uns les autres dans le grand phénomène d'émergence).

    Des réflexes dans les deux cas à combattre, sans l'ombre d'un doute... mais pour combattre, il faut d'abord expliquer et comprendre. Ce qui passe par repenser complètement notre façon d'être "de gauche" / révolutionnaires.

    Ce qui ne peut passer, à notre sens, par jouer la carte d'un truc tel que le HDP ; aussi conforme aux canons et kiffé (fut-ce en invisibilisant des éléments populaires moins "kiffant"...) par une gauche radicale occidentale toujours prompte à voler au secours de ce qui lui ressemble, dans les valises de la NED quand ce n'est pas carrément sous la queue d'un bombardier de l'OTAN [lire turquie-kurdistan-elections-anticipees voila-ca-y-est erdogan-est-un-fasciste] ; une "gauche" "radicale" qui n'est en réalité plus que longue et permanente décomposition, perdition, et même en définitive... police politique contre l'émergence de son propre sein (de quel autre ?) d'une véritable grille d'analyse révolutionnaire du monde analyse-retrospective-fascisme-anti-politique 1 - 2 - 3 - 4.


    http://www.slate.fr/story/163169/nombreux-jeunes-musulmans-franco-maghrebins-erdogan-leader-juste

     


    [Échange autour d'un intéressant article (fortement pro-HDP) d'un trotskyste d'origine turque :

    http://reflexions-echanges-insoumis.org/turquie-une-election-comme-un-cambriolage-durant-un-incendie/

    "en comptant sur le climat propice au nationalisme créé par l’opération militaire en Syrie avant que l’incendie économique et social ne s’étende trop" : et avant que les opérations en Syrie ne deviennent un Vietnam turc, aussi. C'est à mon sens une raison très claire de cette anticipation surprise des élections. Le lâchage par les impérialistes d'Afrin, et maintenant de Manbij n'est pas forcément un pur "cadeau" à Erdogan, ou du moins est peut-être un cadeau empoisonné et il semblerait que lui-même ne soit pas dupe.

    "Il faut relever que loin de se distancier du discours chauvin d’Erdogan, une grande partie des partis dits d’opposition participent au consensus nationaliste turc et anti-kurde" : hormis le HDP, bien entendu. Un parti ouvertement kurdophile est un parti mort aux élections en Turquie (sauf au Bakur et au Dersim).

    Mais... il était une fois en Colombie un monsieur au moins aussi anti-guérillas qu'Aksener n'est nationaliste et anti-kurde, et sans doute plus que ne l'est Ince. Et pourtant, fort de cette position de "faucon" en tant que Ministre de la Défense, une fois Président, Juan Manuel Santos a conduit les négociations et finalement les accords de paix que l'on connaît. Car depuis la "Fin de l'Histoire", dès lors que les forces révolutionnaires sont suffisamment affaiblies et/ou que l'opportunisme a suffisamment triomphé en leur sein, les accords de paix sont aussi une stratégie centrale de la contre-révolution. On l'a vu en Palestine, dans toute l'Amérique centrale, au Népal etc. etc. Il y a presque 15 ans que le PKK ne prône plus l'indépendance du Bakur mais sa "démocratisation", ce qui pourrait simplement vouloir dire que les municipalités HDP ne soient plus sous tutelle, et je ne vois pas ce qui empêcherait Ince ou même Aksener d'y accéder, au contraire ils seraient politiquement infiniment plus solides pour le faire qu'Erdogan (qui a dû totalement y renoncer dès lors que son pouvoir ne tenait plus qu'aux Loups Gris).

    D'ailleurs Erdogan lui-même pendant des années (avant la rupture avec les gülenistes, puis Gül et d'autres encore) a négocié en ce sens. Mieux, Saleh Muslim (le chef du PYD, le PKK de Syrie) se rendait encore en 2012-2013 régulièrement à Ankara, autrement dit, à cette époque Rojava avait d'un tout d'un deal : allez faire votre confédéralisme démocratique et décalquer du "barbare" en Syrie ; et contentez vous de ce qu'on vous accordera, comme par exemple le droit pour un parti de gauche kurde de gérer des municipalités, côté "turc" (Bakur). Le deal a été rompu quand les contradictions ont éclaté entre Rojava et les propres forces supplétives d'Erdogan en Syrie, puis avec le soutien toujours plus massif des Occidentaux à Rojava au détriment de l'ASL, puis la perte "à cause du HDP" de la majorité absolue aux élections de 2015, etc. etc.

    Donc à présent c'est mort, oui, Erdogan n'ayant plus d'autre allié possible que le MHP ("Loups Gris", extrême-droite ultra-nationaliste) qui ne veut pas en entendre parler. Mais si les négociations reprennent et aboutissent avec un éventuel nouveau régime... tu imagines la gauche occidentale (et bobo locale) en folie ? C'est fini. La Turquie n'est "plus fasciste". C'est la "Libération". Peu importe que ce soit tout sauf une révolution et que ce nouveau régime soit tout simplement... les gens qui ont dirigé le pays pendant 80 ans.

    "le CHP ainsi que la fondatrice du Iyi Parti, Meral Aksener, ont soutenu ces dernières années des mesures antidémocratiques visant en premier lieu les députés du HDP" : le CHP a tout de même désigné, contre son président actuel, comme candidat à la présidentielle Muharrem Ince qui a justement voté CONTRE cette levée de l'immunité parlementaire des députés HDP. Ce qui pourrait être interprété comme un premier signe d'ouverture dans le sens d'une "solution politique", pour s'assurer de reports HDP massifs sur lui en cas (très probable) de second tour.

    Parmi les innombrables trucs bizarres de cette élection, d'ailleurs, en plus de la précipitation à l'anticiper : le leader du HDP, Demirtas, est en taule... et peut être candidat. En Espagne "démocratique", quand des gens en taule ou en fuite veulent être présidents de la Catalogne, Madrid dit non et c'est non. Dans le très complexe État turc et ses innombrables États dans l’État, Erdogan est-il vraiment autant en position de force qu'il ne le paraît et que la Constitution qu'il s'est taillée sur mesure lui promet de l'être si il est réélu ?

    Enfin bon on pourrait effectivement en discuter 10 plombes sans arriver à être d'accord LOL (bon n'exagérons rien, je suis quand même d'accord avec les deux tiers de ton article).

    OK, le HDP est la force la plus "à gauche" si l'on prend les critères, les valeurs de ce qui en Europe fonde historiquement la gauche.

    Mais en admettant qu'il arrive au pouvoir (il en est loin pour le moment, sauf au niveau local au Bakur)... je ne vois pas, STRUCTURELLEMENT comment il peut faire autre chose que du Syriza, au delà de la (vague) ressemblance physique entre les deux leaders.

    Mais ça tout le monde dans la gauche occidentale s'en fout de toute façon. Qui s'est jamais VRAIMENT intéressé à la politique économique intérieure en Turquie ? Pas grand monde en vérité (à part quelques uns comme toi). Le seul clivage qui les intéresse, c'est laïcité / pas laïcité. Que la politique d'Erdogan ait été libérale et "ruissellement" (et soit confrontée maintenant à la même crise que tous les "émergents"), allez, quelques uns l'ont vu et pioché comme argument-renfort contre l'horrible islamiiiiste. Mais la capacité de ceux capables de le renverser à mener une AUTRE politique, pour 80 millions de travailleurs de toutes les nationalités de l’État, alors que le parti qui incarnait l'espoir en Grèce ne l'a pas pu, tout le monde s'en fout. On aura jamais droit à ce débat-là.

    Erdogan a été le représentant d'une bourgeoisie turque "noire" issue de la Turquie profonde, point.

    Il faut parfois se méfier d'un emploi trop schématique des grands concepts, et comprendre par exemple que le néo- ou ultra-libéralisme AKP, et özalien avant lui, a aussi pu signifier briser le monopole capitaliste bureaucratique d’État (ou subventionné) de l'oligarchie "blanche" marmaro-égéenne ou rapat' des Balkans.

    Sauf que cette classe qu'il représentait était par nature éphémère, en naissant elle portait en elle sa propre fin à brève échéance : en s'embourgeoisant à Istanbul (dont Erdogan a commencé comme maire, pas d'un bled paumé de Cappadoce !), Ankara et autres grandes villes du Nord-Ouest, la nouvelle bourgeoisie turque noire intègre elle-même à terme la "métropole mondialisée", et tourne le dos à l'austérité "calviniste" sunnite de l'AKP. Si ça ne donne pas des kémalistes ou des libéraux séculiers, c'est du moins le cœur du fameux phénomène "güleniste".

    Il y a même eu une bourgeoisie kurde, du Sud-Est, qui s'est reconnue d'abord dans Özal puis a voté Erdogan pendant des années. Mais sa jeunesse aujourd'hui s'en détourne et rejoint le projet progressiste petit-bourgeois du HDP.

    Son piédestal de sable disparaît. Par sa fuite en avant autocratique à travers un référendum truqué, il s'enferme en position d'assiégé et retire ses tentacules d'une partie croissante du corps social.

    Évidemment la grande masse laborieuse, ouvrière et paysanne "turque noire" existe toujours. Mais l'étape est maintenant à ce qu'elle comprenne qu'elle n'a rien à attendre des parvenus issus de ses rangs.]

    Sur la fascination de toute une jeunesse populaire musulmane pour Recep Tayyip Erdogan

    [Histoire de bien situer les choses dans leur perspective historique :

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/qu-est-ce-que-l-akp-a134714962

    Le Parti démocrate de Menderes, puis les successifs "Parti de la Justice", "de la Juste Voie" etc. de Demirel ont été les partis historiquement chargés d'encadrer la Turquie "noire", rurale, traditionnelle, attachée à l'islam et à l'orientalité.

    Et il est possible de dire que l'AKP a repris le flambeau dans ce rôle ; mais à la différence d'un populisme anti-occidental et d'un "indépendantisme" géopolitique nettement plus marqué (les autres avaient toujours opté pour un alignement "sage" sur l'Occident dans le contexte de la Guerre froide).

    En ce sens il est possible de dire que, bien qu'Erdogan soit généralement considéré "de droite", il a joué sensiblement le même rôle canalisateur et de "soupape" que les "gauches" en Amérique latine.

    Le TKP(ML) terminait son texte de 1992 ou 93, "On ne peut pas être communiste sans défendre le maoïsme", par "Les conditions sont bonnes" ; détaillant en quoi elles l'étaient malgré les apparences de la "Fin de l'Histoire" proclamée par l'impérialisme.

    Et la même chose aurait très certainement pu être écrite au sujet d'à peu près tous les pays d'Amérique latine.

    Mais c'était sans compter l'irruption de ces "gauches" pour canaliser la colère populaire dans des illusions réformistes, "socialistes du 21e siècle" etc. etc.

    Comme, strictement de la même façon, Erdogan et son AKP sont donc intervenus en 2002 pour la canaliser dans un "islam de justice" et des discours "musclés" d'indépendance vis à vis de l'Occident, de solidarité avec la Palestine et les pays musulmans agressés par l'impérialisme (Irak, Afghanistan) etc.

    Ce qui peut sembler "surréaliste" ou "bancal" comme raisonnement, ne l'est en réalité pas du tout : dans l’État turc, la monopolisation de la richesse a été historiquement assurée par une force de "centre-gauche", laïque et moderniste (le kémalisme) ; et le "ruissellement" de cette même richesse un thème porté par la droite conservatrice, islamiste ou du moins "ouverte" vis-à-vis de l'islam majoritaire de la population. On peut à la rigueur y voir un parallèle avec le PRI mexicain, lui aussi classé au "centre-gauche", et son renversement après 80 ans de pouvoir (lui aussi) par le PAN conservateur de droite. Faute de véritable perspective révolutionnaire anticapitaliste, supposément enterrée par la "Fin de l'Histoire", c'est un appel au "ruissellement" de la richesse nationale qu'émettaient les masses ; et ont surgi comme "soupapes" politiques les forces à même (en apparence du moins) de le satisfaire. Dans le reste de l'Amérique latine, la monopolisation au service de l'impérialisme était assurée peut-être parfois par des forces anciennement de "centre-gauche" (APRA péruvienne, AD vénézuélienne, divers "sociaux-démocrates" brésiliens ou radicaux argentins), mais depuis les années 1980 totalement converties au "néolibéralisme" donc de droite ; et c'est donc sur leur gauche, à coups de "socialisme du 21e siècle" qu'un contrefeu "soupape" a pu être allumé.

    Et aujourd'hui, strictement de la même manière, les deux "modèles" sont en faillite.

    Dans une Turquie en crise économique galopante, le régime d'Erdogan a achevé de montrer un visage néolibéral et fasciste que l'on peinerait désormais à distinguer des politiques des années 1980-90 dans ce pays ; sans pour autant que les médias occidentaux ne cessent d'exprimer la volonté impérialiste erdogan-est-un-fasciste de le voir remplacé par un bon vieux kémaliste bon teint à la Ince ou une nationaliste reconvertie en Macron locale comme Meral Akşener turquie-kurdistan-elections-anticipees.

    De même que les "gauches" latino-américaines soit ont capitulé devant l'ordre capitaliste-impérialiste occidental ("néolibéralisme"), soit sont soumises à l'asphyxie économique et à une déstabilisation fasciste de type Maïdan si elles s'accrochent à leur "socialisme" et à leur alignement sur la Russie et la Chine (Venezuela) ; subissent dans tous les cas la crise économique de leur "modèle" extractif ou agro-extensif "redistributeur" ; même des dirigeants qui n'avaient qu'infiniment peu bousculé les intérêts du Grand Capital local et impérialiste se retrouvent la cible de "coups d'État" institutionnels et judiciaires (Correa en Équateur, Lula et Dilma au Brésil, Cristina Kirchner en Argentine) ; etc. etc., bref.

    Tout l'enjeu à présent, dans les uns et les autres cas, est de parvenir à transformer ces situations en ENSEIGNEMENT pour les masses qui avaient voulu voir en ces régimes un Peuple turc (mais c'est aussi valable pour beaucoup de minorités nationales, Arabes, Lazes et même une bonne partie des Kurdes !) ou une Amérique latine "debout" ; afin de montrer que le seul moyen d'être "debout" contre l'impérialisme et la misère qu'il impose est dans la Révolution démocratique et la Guerre populaire.]


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  • Comment, loin des petites postures anti-Gramsci "c'est le maître à penser du révisionnisme eurocommuniste gnagnagna" à deux balles, se voulant ultra-radicales, le Parti communiste du Pérou gonzalo-pcp-guerre-populaire-perou s'est totalement inspiré de sa vision dans l'"étape zéro" de sa Guerre populaire (années 1970, avant le déclenchement en 1980), pour conquérir des positions idéologiques et de masse.


    https://revolutionary-initiative.com/2014/06/02/gramsci-gonzalo-considerations-on-conquering-combat-positions-within-the-inner-wall-of-hegemony/


    par Kenny Lake, communiste canadien

    À travers son article “Vers la Guerre de Positions : Gramsci en continuité et rupture avec le marxisme-léninisme”, le camarade Amil a initié le processus — qui ne s'était que trop fait attendre dans le mouvement communiste international — d'arracher enfin Gramsci aux griffes de l'académisme progressiste bourgeois, pour remettre ses développements théoriques au service de la stratégie révolutionnaire.

    Que considérer Gramsci à cette lumière ait pris autant de temps, reflète essentiellement deux problématiques. La première est la bien réelle et apparemment infinie capacité de l'académisme progressiste bourgeois à effectivement distordre sa théorie de l'hégémonie au service d'une vision étroite et platement réformiste, aidé en cela par la nécessaire auto-censure du dirigeant communiste italien écrivant depuis le fond d'une cellule de prison fasciste. La seconde est le doctrinarisme, et le circuit intellectuel fermé qui a tendu à caractériser le mouvement communiste international (MCI) au cours des dernières décennies écoulées.

    Dans l'intérêt de s'attaquer à cette seconde problématique, et de développer des réflexions stratégiques pour la révolution, je vais tenter dans cet essai d'examiner la notion gramscienne de guerre de positions à la lumière des récentes expériences de lancement d'une Guerre populaire.

    Tandis que dans le MCI a été dépensée beaucoup d'énergie... et peu d'intellect à défendre la nécessité stratégique de la Guerre populaire prolongée (GPP), les tentatives d'étudier et comprendre comment les Guerres populaires des dernières décennies ont pu être initiées ont plutôt été rares. Le résultat en a été que ces appels-slogans, pontifiants à la GPP n'ont été dans la totalité des cas suivis... d'aucun déclenchement de celle-ci que ce soit.

    Gramsci, tout comme Mao d'ailleurs, insistait sur le rôle décisif du facteur SUBJECTIF pour mener à bien la révolution. Il attirait l'attention sur la nécessité d'une force communiste construite patiemment et de longue haleine, consistant en des cadres intellectuels pointus* et une large base organisée de masse, “qui puisse être envoyée sur le champ de bataille lorsque la situation y est favorable”. Plutôt que de voir a possibilité de la révolution émerger, pour l'essentiel, de développements dans la situation objective (crise économique ou autres), Gramsci voyait la construction du facteur subjectif comme la clé pour créer ladite "situation favorable" à la prise du pouvoir, qui selon ses mots, “ne peut être favorable que si et autant qu'une telle force [le facteur subjectif] existe, et déborde d'esprit combattif”.

    La question à laquelle nous communistes sommes confrontés est donc de comment développer ce facteur subjectif tel que Gramsci soutient qu'il est nécessaire. Ceci requiert d'affronter le Pouvoir bourgeois non seulement en tant qu'appareil répressif, mais aussi en tant qu'appareil d'hégémonie intellectuelle et culturelle — ce qu'Althusser appelait l'appareil idéologique d’État. C'est là un aspect crucial de la guerre de positions, qui consiste autant à accumuler un nombre croissant de personnes révolutionnaires qu'à les préparer à diriger la société après la révolution. En systématisant la théorie de l'hégémonie de Gramsci, Althusser note que même lorsqu'il n'y a aucun espace pour la lutte des classes exploitées dans l'appareil répressif, la résistance de celles-ci “peuvent trouver dans l'appareil idéologique d’État des occasions et des moyens de s'exprimer, soit par l'utilisation de ses propres contradictions, soit en conquérant des positions de combat en son sein par la lutte”.

    L'avant-Jour du Déclenchement au Pérou

    Un élément passablement ignoré dans le MCI est la méthode employée par le professeur Abimael Gúzman pour accumuler et organiser des forces révolutionnaires avant le déclenchement de la Guerre populaire au Pérou en 1980. Gúzman, désormais connu de nous sous le nom de Président Gonzalo, avait été titularisé professeur de philosophie à l'Université nationale de San Cristóbal de Huamanga à Ayacucho en 1962. Cette université, nouvellement rouverte, s'inscrivait dans le programme de modernisation nationaliste du gouvernement péruvien, qui attachait une importance cruciale à l'éducation. Tant les partis de gauche électoralistes que les juntes militaires des années 1968-80 voyaient la création d'universités et plus largement l'éducation comme un moyen de gérer l'instabilité et la paupérisation des régions périphériques. Au Pérou, le pouvoir politique et le développement économique tendaient à être concentrés dans quelques grandes villes mariategui-regionalisme-centralisme, à commencer bien sûr par la tentaculaire capitale Lima. La région d'Ayacucho était un exemple archétypique de négligence par le pouvoir central, et sa population indigène de langue quechua n'était pas facilement intégrable dans les structures hégémoniques de la société péruvienne. Pour ceux qui étaient au Centre du Pouvoir, l'expansion de l'éducation vers la périphérie était un moyen d'incorporer cette population sous l'hégémonie idéologique de la bourgeoisie. En cela elle était finalement un élément de continuation, par la classe dominante blanche et métisse, de la mission jadis abandonnée par les conquistadors espagnols de "civiliser" les masses indigènes.

    Gramsci & Gonzalo : Considérations sur la conquête de positions de combat dans l'antre même de l'hégémonie

    La toute nouvelle université offrait donc à Gúzman et ses camarades l'opportunité de pouvoir progressivement l'utiliser comme un centre de recrutement pour le Sentier Lumineux. La promesse d'une éducation était vue par les jeunes paysans comme une opportunité pour s'élever socialement eux-mêmes et aider leurs communautés à le faire, mais une fois diplômés la vaste majorité d'entre eux se retrouvaient dans la même pauvreté et incapacité de faire quoi que ce soit pour les leurs.

    [Lire à ce sujet : Indiens.pdf]

    Cette inhérente contradiction structurelle — que Gramsci aurait qualifiée d'organique, et non conjoncturelle — fournissait un ample terreau sur lequel le Sentier pouvait attirer des recrues dont les espoirs placés en le système et ses fausses promesses d'éducation avaient été anéantis. Les séances exaltées de lecture philosophique de Gúzman, dans lesquelles il offrait une explication matérialiste historique des contradictions auxquelles les étudiants paysans indigènes étaient confrontés et reliait celles-ci aux plus larges antagonismes du capitalisme à l'échelle mondiale, attiraient les recrues initiales qui pourraient bientôt mener le travail de terrain pour préparer le déclenchement de la GPP.

    Gúzman a organisé ces jeunes étudiants révolutionnaires passionnés afin de recenser les communautés pauvres et organiser leurs résidents. Le journaliste Gustavo Gorriti décrit les efforts de Gúzman à l'université en ces termes :

    Son objectif était clair : utiliser l'université pour recruter, éduquer, organiser, et assurer le développement de cadres communistes. Il y avait créé une école de formation d'instituteurs largement supervisée par le Parti ou des sympathisants. Ces étudiants devenus les premières recrues offraient un vecteur idéal pour nouer le lien avec les petites bourgades et les communautés. Beaucoup rentreraient chez eux et y mèneraient le travail de terrain pour la révolution.

    Les efforts de Gúzman à l'Université nationale de San Cristóbal de Huamanga n'ont donc pas eu pour résultat qu'une simple influence idéologique communiste générale. Au sein même d'un appareil idéologique d’État encore incomplètement formé et éloigné des centres du pouvoir, les communistes réussirent à prendre pied et par la suite, pour reprendre les mots d'Althusser, “conquérir une position de combat”. Gorriti décrit l'Université de Huamanga comme étant virtuellement sous le contrôle du Sentier à la fin des années 1960 et au début des années 1970. Celui-ci était impliqué dans le plus routinier quotidien des étudiants, incluant le gîte et le couvert, la gestion administrative, et la plus grande part de la direction du Parti y enseignait dans les amphithéâtres. Ainsi, une combinaison de contrôle organisationnel et d'influence idéologique a pu offrir au Parti sa militance. Stratégiquement et tactiquement, le sain irrespect de Gúzman pour les procédures de la politique bourgeoise permirent au Sentier de profiter au maximum de toutes les situations. Gorriti explique ainsi qu'il utilisait son contrôle administratif pour purger ses adversaires idéologiques de l'université, et le citant : “soit vous utilisez le pouvoir, soit il est utilisé contre vous”.

    Plus tard, Gúzman sut percevoir la façon dont l'ambition de l’État bourgeois péruvien d'envoyer un nombre croissant d'instituteurs dans les périphéries pouvait être utilisé contre lui. Les instituteurs formés par le Sentier à l'école de formation de l'Université de Huamanga étaient en effet envoyés en poste dans les bourgades et les villages de la campagne, offrant ainsi un vecteur crucial pour organiser les paysans tout autour d'Ayacucho. Le Sentier avait conscience de l'importance de positions d'autorité pour influencer et gagner la population à sa cause, et sut ainsi tirer avantage du respect des paysans d'Ayacucho pour les instituteurs envoyés dans leurs communautés. Par ailleurs, les étudiants avaient déjà mené le travail d'investigation de terrain et établi des liens avec les masses. Tout ceci lui permit de lancer la Guerre populaire avec des cadres formés, une solide base de masse et une organisation clandestine.

    Ce contrôle de l'Université de Huamanga était néanmoins précaire, et prit fin au milieu des années 1970 pour une large part du fait d'organisations de gauche rivales reprenant la main [NDLR c'est aussi l'époque où la junte "progressiste" dirigeant le pays depuis 1968 démet le réformateur Velasco à sa tête et amorce son virage "à droite toute", rejoint le Plan Condor etc. et fait rédiger une nouvelle Constitution pour rendre le pouvoir à la bourgeoisie néolibérale civile]. Le but des communistes n'est toutefois pas de camper sur quelques positions acquises dans l'appareil idéologique bourgeois, mais plutôt de mettre efficacement à profit les plus ou moins éphémères moments où ces positions peuvent être utilisées pour accumuler des forces pour la révolution. Faire ceci doit forcément, tôt ou tard, signifier perdre ces positions ; mais avoir entre temps gagné en organisation révolutionnaire ; tandis que la première option (camper sur les positions acquises) ne peut conduire qu'à devenir un appendice "de gauche" de l'hégémonie bourgeoise, ce dont notre époque peut fournir pléthore d'exemples.

    Pour autant, même après avoir lancé la Guerre populaire, le Sentier a continué d'utiliser toutes les opportunités d'infiltrer l'appareil idéologique d’État et plus largement de créer une contre-hégémonie durable. Le journaliste Michael Smith nous indique ainsi que “dans les toutes dernières années de la présidence García [1989–1990], [il] a pu placer une centaine d'instituteurs à lui dans les bidonvilles isolés autour de l'autoroute centrale” de Lima. L'ex-procureure Gabriela Tarazona-Sevillano relève que “les enfants sont une préoccupation majeure des efforts d'endoctrinement (sic) de l'insurrection, ce qui lui donne l'opportunité de préparer la prochaine génération de cadres et illustre sa vision de long terme”.

    Implications

    L’expérience du Parti communiste du Pérou dans la construction préparatoire au lancement de sa Guerre populaire, montre la façon dont infiltrer et utiliser l'appareil idéologique de la bourgeoisie est une méthode cruciale pour accumuler des forces révolutionnaires. De fait, trois des quatre Guerres populaires à travers le monde à avoir obtenu un appui de masse substantiel et être devenues une menace conséquente pour le Pouvoir bourgeois au cours des dernières décennies, ont construit au moins quelques unes de leurs forces initiales au sein d'institutions éducatives bourgeoises. Jose Maria Sison a ainsi enseigné à l'Université des Philippines dans les années 1960 et recruté une large part de la direction initiale du CPP parmi ses étudiants, tandis que Prachanda et d'autres membres dirigeants du Parti communiste maoïste du Népal étaient enseignants dans les districts où la Guerre populaire a commencé.

    La situation à l'Université de Huamanga dans les années 1960 était peut-être un cas exceptionnellement favorable et ne peut pas être dupliquée à l'infini, mais elle nous offre néanmoins plusieurs enseignements de toute première importance.

    Premièrement, Althusser avait totalement raison de souligner le caractère hautement contradictoire de l'appareil idéologique d’État. Une façon dont ce caractère contradictoire s'exprime est par exemple lorsque les classes dominantes cherchent à créer de nouvelles institutions, et n'ont pas fermement établi au préalable comment celles-ci doivent fonctionner ou formé le personnel pour ce faire. L'Université de Huamanga dans les années 1960 était très exactement une telle institution, que le Sentier a ainsi pu infiltrer et même pour un temps contrôler. Son éloignement des centres du pouvoir péruvien avait fait que l’État, comme d'ailleurs les autres organisations de gauche radicale qui tendaient à concentrer leurs efforts sur Lima, n'avaient que peu conscience et de toute façon peu de moyens d'action face à cette prise de contrôle.

    La description d'Althusser de la nature contradictoire de cet appareil idéologique met en évidence le fait que l'hégémonie doit être constamment remodelée et ré-établie dans le tourbillon du mouvement de développement constant du capitalisme. Bien que nous puissions identifier certaines lignes directrices centrales de la philosophie bourgeoise ayant persisté à travers les temps, le fait est qu'il n'y a pas d'idéologie dominante immuable et figée dispensée aux masses par l'appareil idéologique d’État ; mais au contraire des discours constamment changeants, forgés et reforgés en fonctions des nécessités auxquelles la classe dominante fait face.

    Ceci a permis, de manière croissante, d'incorporer des "contestations" de l'ordre bourgeois au cœur même de l'exercice de son hégémonie ; ainsi par exemple, la révolte culturelle des années 1960 aux États-Unis a pu être largement cooptée et incorporée dans la culture dominante capitaliste [à ce sujet lire ici : analyse-retrospective-historique-fascisme-anti-politique et suivre les liens].

    Ou encore, dans leur excellent ouvrage sur l'histoire du Black Panther Party, Joshua Bloom et Waldo Martin expliquent que les concessions de la classe dominante blanche ont été en réalité bien plus fatales aux Panthers que la répression. Tandis que des départements de Black Studies étaient créés dans toutes les universités des États-Unis, que le développement de la discrimination positive, les emplois publics et l'augmentation des élus noirs donnaient aux classes moyennes noires un plus grand accès à des positions de pouvoir au début des années 1970 (sous Nixon, rien de moins !), les Panthers perdaient peu à peu leurs alliés de classe moyenne en même temps que leur appui de masse. Là où la répression avait échoué à les détruire, et leur avait en fait au contraire donné plus de stature que jamais, les concessions et la cooptation ont fonctionné [ce que, concrètement, Derbent appelle "enfoncer ses tentacules dans le corps social", alors que la répression exacerbée signifie en fait les en retirer, et "s'installer en position d'assiégé"]

    Beaucoup d'entre nous ont ainsi pu voir dans cette capacité grandissante du capitalisme à intégrer ses contestataires dans son hégémonie, le synonyme d'une impuissance de toute opposition à lui. Cette vision unilatérale, borgne, généralement exclusivement focalisée sur les classes moyennes qui sont beaucoup plus susceptibles de bénéficier de concessions et cooptations, échoue à considérer l'autre aspect de la contradiction : que c'est précisément parce que l'hégémonie bourgeoise doit être perpétuellement remodelée, qu'existent pour les communistes des fenêtres de tir pour conquérir des positions de combat dans ses institutions idéologiques. En réalité, c'est à ces croisées des chemins où les contenus et les formes de l'hégémonie doivent être ré-établies que la forteresse idéologique du système est la plus pénétrable. Il est intéressant de remarquer ici que la période durant laquelle le Sentier prépare, lance et étend sa Guerre populaire dans les années 1970 et 80 correspond en grande partie à des gouvernements de gauche [junte de Velasco, présidence d'Alan García] mettant en œuvre des réformes sociales [autrement dit, une période où le "système" péruvien était dans un processus de réformes, modernisation, refondation profonde].

    Gramsci & Gonzalo : Considérations sur la conquête de positions de combat dans l'antre même de l'hégémonie

    Deuxièmement, et en rapport avec ce précédent point : c'est lorsque l'anarchie du capital et les tentatives de la classe dominante de restructurer la société placent des secteurs entiers des masses populaires dans des états transitoires au regard de leur position sociale, que les conditions sont souvent les plus propices pour que ces secteurs soient réceptifs à une contre-hégémonie idéologique communiste. À l'Université de Huamanga, de jeunes paysans étaient conduits à espérer un meilleur avenir grâce à l'éducation, mais les réalités des rapports sociaux capitalistes [racistes et coloniaux au Pérou, NDLR] conduisaient ces espérances à être déçues. Néanmoins, l'expérience universitaire devait modifier profondément leur position sociale, sinon de classe, et leur perspective, offrant à l'idéologie communiste une opportunité des les gagner à elle. De même, les plus puissantes bases urbaines de soutien au Parti se trouvaient parmi les occupants des bidonvilles, qui étaient pour la plus grande part des paysans de la périphérie engagés dans un processus de prolétarisation et d'urbanisation, avec son lot de misère et de déshérence. C'est précisément dans ces états transitoires que le Sentier a pu trouver la plus grande réceptivité à sa propagande. La politologue Cynthia McClintoch a ainsi pu déclarer que :

    Les militants types du Sentier Lumineux sont des fils ou filles de paysans des montagnes, parmi les premiers membres de leurs familles à terminer l'école secondaire et éventuellement accéder à l'université ; voyant ensuite leurs espoirs bloqués et frustrés par les inégalités de la société péruvienne, et mal à l'aise aussi bien dans le monde traditionnel andin de leurs parents que dans le monde urbain occidentalisé.

    Périodiquement, ces deux facteurs combinés comme ils l'étaient au Pérou produisent un cocktail hautement explosif que les classes dominantes peinent à contrôler. C'est de ce type de situations que les communistes doivent activement chercher, par un long et patient travail politique, à tirer avantage.

    Troisièmement, les efforts pour utiliser l'appareil idéologique bourgeois au service de l'accumulation de forces révolutionnaires ne peuvent pas être couronnés de succès s'ils sont déployés par des individus isolés, mais doivent au contraire s'inscrire dans une stratégie globale sous direction communiste, stratégiquement et tactiquement connectée à la construction du facteur subjectif pour prendre le pouvoir politique. Nombreuses ont été les tentatives infructueuses, de la part d'intellectuels radicaux, d'utiliser leurs positions institutionnelles à l'université afin de fabriquer leur propre conception de l'intellectuel organique* à partir de leurs étudiants de classes populaires. Le Birmingham Center for Cultural Studies a été l'une de ces tentatives, et si le matériel scientifique et les analyses qu'il a produits sont de haute qualité et peuvent avoir un certain impact positif sur les étudiants universitaires, sa déconnexion de toute stratégie et organisation révolutionnaire rend sa contestation de l'ordre capitaliste négligeable. De manière générale, de nombreux activistes radicaux et révolutionnaires aux États-Unis se sont tournés, au cours des dernières décennies, vers des activités culturelles et éducatives dans les communautés opprimées. Eussent ces activités été menées dans le but de servir la construction d'une organisation révolutionnaire et non comme fin en soi, et assumé l'antagonisme avec l’État bourgeois, elles auraient pu donner quelque chose de qualitativement très différent ; mais en restant comme elles le sont engoncées dans le présent, elles n'ont représenté en définitive qu'un repli sur le réformisme.

    Faute de s'inscrire dans une stratégie révolutionnaire globale, et de connexion des personnes impliquées avec une avant-garde communiste et (surtout) les larges masses populaires qui forment la colonne vertébrale de toute révolution, toute tentative de pénétrer au cœur de la forteresse idéologique dominante est vouée à l'échec.

    Le travail du Sentier à l'Université de Huamanga a toujours été considéré comme un moyen pour une fin ; laquelle n'a jamais été de conserver des positions d'enseignement ou administratives ou de maintenir les opprimés dans les étroites limites du présent, mais d'utiliser ces positions pour recruter des cadres et grâce à eux organiser la base de masse nécessaire pour lancer la Guerre populaire.

    Infiltrer l'appareil idéologique de la bourgeoisie nécessite une perspective prolongée et un dévouement militant qui se focalise sur les contradictions organiques (structurelles) et non simplement sur de l'agitation et de la construction mouvementiste, ou le déplacement de forces d'une situation conjoncturelle à une autre.

    Ceci implique une reconfiguration de la stratégie, des tactiques, et du déploiement concret des communistes comme point de départ d'un nouveau MCI post-contre-révolution en Chine.

    Gramsci & Gonzalo : Considérations sur la conquête de positions de combat dans l'antre même de l'hégémonie

    * Par intellectuels organiques, Gramsci faisait clairement référence aux masses populaires formées au marxisme et organisées par une avant-garde communiste, et non à quelque fantasme petit-bourgeois d'"opprimé.E.s" sans direction ni organisation indépendante finissant incorporés comme éléments oppositionnels dans les institutions bourgeoises. Gramsci prônait également une plus profonde formation des communistes, y compris et surtout de la base de masse, afin de pouvoir tenir la barre du processus révolutionnaire de transformation de la société.

    Lire aussi :

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/gramsci-et-la-theorie-de-la-guerre-populaire-en-pays-capitaliste-tres-1ere-part

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/gramsci-et-la-theorie-de-la-guerre-populaire-en-pays-capitaliste-tres-2e-part

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/encore-une-fois-sur-la-question-de-gramsci-de-ses-theses-societe-civil-a139371192


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  • (bon, Fourest n'est pas au Kurdistan, mais au Maroc sur le tournage de son film sur Rojava dont nous avons déjà parlé...)

    Impérialisme "progressiste"... ou même pas


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  • ... et on risque de l'attendre longtemps.

    Catalogne : Manifestation en soutien à un membre des CDR

    Dimanche 10 juin, une manifestation, d’environ 1000 personnes, s’est tenue en soutien à Adri à Esplugues de Llobregat. Il s’agit d’un membre du CDR local accusé de crimes de sédition, de rébellion et d’appartenance à un groupe terroriste. Il est sous le coup d’un mandat d’arrêt et est en fuite depuis deux mois. Les manifestants exigeaient qu’il puisse rentrer chez lui et dénonçaient plus généralement la répression policière et judiciaire de l’Etat espagnol.

    Les CDR (comité de défense de la république) sont des assemblées de quartier formés initialement pour défendre la tenue d’un référendum d’autodétermination interdit du 1er octobre. Ils mènent depuis des actions pour défendre l’indépendance de la Catalogne et contre la répression menée par l’état espagnol.

    Catalogne - État espagnol : tout change pour que rien ne change ; on attend toujours la fin de la répression...

    Manifestation en soutien à Adri, membre des CDR
     

    Espagne : Le nouveau ministre de l’intérieur a couvert la torture

    Le nouveau ministre de l’Intérieur, le juge Fernando Grande-Marlaska, est un magistrat contesté. Il s’est distingué dans plusieurs opérations dites "anti-terroristes" ces dernières années en refusant d’enquêter sur des plaintes de mauvais traitements ou encore de torture. Mardi dernier, un nouveau procès contre Inaki Zapirain, Beatriz Etxebarria et Saioa Sanchez démarrait suite à l’annulation de leur condamnation. Une annulation en raison de la non-prise en compte des dénonciations de torture des trois accusés. B. Etxebarria avait pourtant révélé avoir été violée durant sa détention. Le juge Grande-Marlaska était en charge de l’affaire à l’époque. Il n’en avait pas tenu compte et n’avait pas jugé nécessaire d’ouvrir une enquête.

    Trois ans auparavant, ce même magistrat avait fait la sourde oreille aux accusations de torture d’Igor Portu et Mattin Sarasola. Dans ce cas là, le Tribunal de Strasbourg avait pourtant condamné l’Etat espagnol pour "traitement inhumain". En 2013, le Comité européen pour la prévention de la torture avait souligné dans son rapport qu’il était "surprenant" que toutes les détentions en isolement réalisées durant les cinq mois d’étude "aient été autorisées par un juge qui ne respectait aucune des garanties contre la torture". Il s’agissait encore une fois du juge Grande Marlaska.


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  • "Les enjeux économiques et géostratégiques du Moyen-Orient font de la #résistancepalestinienne une centralité des luttes populaires mondiales. L'avenir et l'émancipation des peuples se joue en partie importante en #Palestine comme il se jouait hier en Afrique du Sud."

    [Lire ou relire : petites-considerations-sur-le-sionisme-et-l-identification-'obsession'-palestinle-probleme-avec-la-palestine et sionisme-gaza-ete-2014]

    Et puis sinon, on peut aussi oser le trigger total et dire que parler de "soutien PRIVILÉGIÉ aux communistes / queers / féministes palestinien.ne.s", alors que des jeunes barbus conservateurs qui prient 5 fois par jour et des femmes en jilbeb des pieds à la tête (parfois même de gauche d'ailleurs, comme Razan an-Najjar) sont tout autant sinon plus transpercé-e-s par les balles ; ça mérite une balle de sniper justement, ou de passer sous les chenilles d'un Merkava, en tout cas 4 murs c'est déjà 3 de trop, LOL !

    [Lire : angles-morts-extreme-gauche-blanche - sur-la-question-de-l-imperialisme-progressiste - la-mise-a-mort-de-linternationalisme-proletarien-humanitarisme-ong-etc] 

    Finalement c'est un peu comme Marlène Schiappa : elle est pour le libre choix hein, y compris de porter le voile plutôt que d'être queer ; mais comme elle elle est pas trop d'accord, et qu'elle préfère le shampooing blanc qui dégouline partout sur son corps, eh ben si ton choix elle le sent pas vraiment vraiment libre elle va t'aider à te dévoiler... http://ekladata.com/v6Ve9plSnwCqYZK6wxk0ftjpj2I.jpg


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  • Si l'on analyse les choses à la lumière de ce que nous dit Derbent :

    - Le fascisme selon la définition de Dimitrov, forme de gouvernement où la bourgeoisie assume ouvertement la terreur contre-révolutionnaire, correspondrait plutôt à une "installation (du Pouvoir bourgeois) en position d'assiégé" ; et donc, en dépit de l'atrocité de la situation pour les révolutionnaires et tous ceux que le fascisme condamne à mort simplement pour ce qu'ils sont (races "inférieures", homosexuel-le-s etc.), un signe que sa fin est proche.

    - Selon la définition de Gonzalo en revanche, "corporatisme" et propagation dans les masses d'une idéologie d'"intérêt commun" Capital-Travail, il serait au contraire un "enfoncement" profond des "tentacules" du capitalisme "dans le corps social".

    Peut-être, si l'on veut aller encore plus loin, que :

    1°/ Pour parler réellement de fascisme, il faut les DEUX aspects – si l'on a que le premier, on a la Terreur blanche "classique" de Thiers écrasant les Communes (1871) et du "Gouvernement de l'Ordre" des années qui ont suivi ; aspect principal (également) du franquisme (le Régime de 78, par contre, serait un archétype de "fascisme moderne" alliant "avec mesure" l'un et l'autre), des régimes d'Europe de l'Est dans l'entre-deux-guerres ou des régimes militaires sud-américains des années 1960-70-80 ; et si l'on a (en revanche) que le second cela s'appelle le réformisme bourgeois, la social-démocratie, le travaillisme, le New Deal keynésien (caractérisation erronée comme "fascistes" des régimes "bolivariens" par les maoïstes "gonzalistes" d'Amérique latine) ; le "modèle" absolu de conjonction des deux au 20e siècle étant le nazisme (ultra-meurtrier, génocidaire, mais soutenu par la majorité des Allemand-e-s, y compris anciens électeurs socedems voire communistes, qui n'y trouvaient rien à redire tant qu'il y avait le plein emploi et que la richesse affluait des pays conquis) ; tandis qu'aujourd'hui par contre, en Occident, on aurait une sorte de "fascisme moderne" de contre-révolution préventive où le premier aspect est "là", "prêt dans les tiroirs" mais utilisé seulement à la mesure de la menace "subversive" qui est faible, et le second est absolument TOTAL au service de l'accompagnement des "nécessaires adaptations" du capitalisme à la crise générale (contraire absolu des politiques "progressistes" sociales du siècle dernier, de sortie de la précédente crise) ;

    2°/ En se focalisant sur le PREMIER aspect, l'Internationale communiste de Dimitrov a peut-être tendu à perdre de vue le second (y compris dans sa version réformiste bourgeoise non- ou faiblement terroriste), à penser le capitalisme mondial "en position d'assiégé" et donc la victoire du mouvement communiste (trop) proche ; sans voir le "corporatisme" injecté, les "tentacules" capitalistes profondément enfoncés dans la "société civile", notamment dans la "Forteresse Occident" que le mouvement communiste de l'époque n'aura jamais réussi à prendre. Ce qui fera dire à Pasolini, devant la société de consommation du début des années 1970, qu'il y avait là un "fascisme" finalement bien plus puissant dans l'uniformisation et l'aliénation volontaire des masses vis-à-vis du Pouvoir que celui de Mussolini qu'il avait connu enfant et adolescent...


    [En résumé :

    Dans la terminologie commune, le fascisme désigne un certain nombre de régimes du siècle dernier combinant un déchaînement répressif contre la menace communiste, et même simplement sociale-démocrate, et une RESTRUCTURATION du capitalisme (qu'il soit impérialiste ou dominé, semi-colonial) face à la crise (force est de constater d'ailleurs, comme une constante historique, que tous les pays ayant connu des régimes à proprement parler fascistes étaient des pays de révolution bourgeoise passablement tardive - postérieure à 1850 - et encore marqués par une forte féodalité).

    Dans d'autres pays (tous... en fait), cette restructuration s'est également opérée mais en INTÉGRANT la social-démocratie et le "communisme" révisionniste au système, plutôt qu'en les réprimant (bien qu'une certaine répression ait pu exister, mais secondairement).

    Là se situe la différence entre définitions dimitrovienne et gonzaliste du fascisme.

    Pour Dimitrov, le fascisme est indissociable d'une certaine Terreur blanche contre le mouvement ouvrier, et il faut le combattre en sachant reconnaître les régimes réformistes sociaux qui ne la pratiquent pas et éventuellement s'allier tactiquement avec eux. Problème : cela peut conduire à favoriser les lignes révisionnistes d'intégration dans la restructuration capitaliste, et c'est ce qui s'est effectivement passé dans beaucoup de cas (PCF, PCI etc.).

    Pour Gonzalo, la répression des révolutionnaires a toujours existé dès que l'ordre établi se sent menacé et l'aspect essentiel du fascisme est donc la restructuration, dont il faut se méfier en priorité et combattre les tendances révisionnistes à s'y intégrer comme "gardiens" des travailleurs. Au regard de ce qu'est devenu le mouvement communiste et la révolution mondiale MALGRÉ la victoire de la "Voie Dimitrov" contre les régimes fascistes, c'est la thèse à laquelle on serait tentés de se rallier. Problème : elle peut avoir tendance, en voyant le révisionnisme et la "déviation" partout, à paralyser toute tactique et isoler les révolutionnaires dans une tour d'ivoire de pureté.]

                        En fin de compte (sur la question du #Fascisme)En fin de compte (sur la question du #Fascisme)

    [Les trois définitions du fascisme :

    Dimitrov : "dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier" (des monopoles capitalistes impérialistes). La violence répressive est ici un élément central.

    Gonzalo : la violence, la terreur répressive, ne sont pas l'aspect principal car les classes dominantes les ont toujours exercées contre les classes exploitées... et la révolution a elle-même le devoir de les exercer contre les exploiteurs. Le fascisme est surtout un gigantesque mouvement par lequel le capitalisme se restructure pour surmonter sa crise générale, dans une pseudo-unité "corporatiste" d'intérêts entre les classes, dans les pays impérialistes ; et par la même pseudo-unité "corporatiste", se met en place le capitalisme bureaucratique dans les pays semi-féodaux semi-coloniaux.

    - Vers 1870, Marx critique le colonialisme comme (entre autres choses) une situation dans laquelle les forces armées capitalistes se "forment" à des méthodes qui pourront ensuite être "rapatriées" en métropole contre la classe ouvrière. La troisième définition, celle de Césaire, s'inscrit finalement dans le prolongement de cela : les fascismes auront été un gigantesque "rapatriement" des méthodes coloniales (qui jusque-là, outre-mer, ne choquaient pas grand-monde) en Europe, contre les mouvements ouvriers ou dans les guerres de rapine sur le continent même. S'agissant là aussi de violence et de terreur, elle rejoint celle (dont Césaire était contemporain) de Dimitrov ; mais en insistant plus fortement sur l'origine coloniale des méthodes terroristes, et le fait qu'elles ne dérangeaient personne dans ce contexte extra-européen où elles étaient l’œuvre des "démocraties" bourgeoises. De plus, cette oppression "fasciste" que subissent en permanence les peuples colonisés ou dominés par l'impérialisme favorise (Losurdo) "l'égalité entre Blancs", c'est à dire les surprofits de l'impérialisme redistribués aux classes populaires des métropoles pour les "aristocratiser". C'est à dire, dans un sens, le "corporatisme" dont Gonzalo fait la caractéristique centrale du fascisme...

    Nous aurions tendance à penser qu'il faudrait chercher une articulationun recoupement entre les deux premières ; afin de séparer le fascisme d'un côté de la social-démocratie, de la "gauche" réformiste bourgeoise en général qui pourrait elle aussi correspondre à la définition de Gonzalo (avec cependant le fait que, dans les pays impérialistes du moins, cette "gauche" bourgeoise... n'existe plus vraiment, tout au plus un social-libéralisme en "ajustement structurel" néolibéral permanent qui serait en fin de compte la confluence commune des "démocraties sociales de marché" et des fascismes du siècle dernier), du moins ne pas faire preuve vis-à-vis d'elle d'un sectarisme qui "désoriente la classe ouvrière dans la lutte contre son pire ennemi" (sur-le-front-populaire-antifasciste-dimitrov), surtout dans les pays du "Sud global" (comme les régimes "de gauche" sud-américains retour-situation-amerique-du-sud) qui sont peut-être les derniers où (en se confrontant un peu à l'impérialisme) un semblant de réformisme social peut exister ; et de l'autre de la "terreur blanche classique" façon Thiers écrasant la Commune ou dictateurs bananiers d'Amérique centrale ou d'Afrique... Et ce en ayant toujours à l'esprit la troisième, qui permet de comprendre beaucoup de choses, fait d'une certaine manière le lien entre les deux autres, et permet de rester toujours d'un anti-impérialisme conséquent !

    Pour compléter, on ne peut que conseiller de lire ce très intéressant document de l'immense marxiste-léniniste est-allemand Kurt Gossweiler ; dont l'analyse du fascisme est de toute utilité face à un certain nombre d'"élucubrations" sur le sujet qui peuvent prévaloir dans l'antifascisme d'aujourd'hui :

    http://ekladata.com/-V5rhA4Y_xtKc5BoVxT-BfhUUnQ/Des-racines-du-fascisme-et-de-ses-variantes.pdf]

    [* Insurrection du capitalisme contre sa propre crise générale tel que l'a en dernière analyse défini SLP il y a quelques années, avec sur le plan économique un pragmatisme selon le diagnostic de cette crise : dans l'entre-deux-guerres c'était donc plutôt "trop de laisser-faire-laisser-passer" et d'indifférence envers les travailleurs, donc souvent des discours interventionnistes/"socialisants" voire "anticapitalistes", alors que dans la nouvelle crise depuis les années 1970 c'est plutôt "trop de bureaucratie-charges-assistanat" qui domine...

    CONCRÈTEMENT, en Occident :

    - le capitalisme connaît une première grave crise, une première phase de sa première crise générale dans les années 1870-80, dont il sort par le partage impérialiste total de la planète ;

    - MAIS ceci ne fait que conduire à la guerre impérialiste totale (tout un tas de petits conflits qui culminent dans la Première Guerre mondiale), et surtout à une deuxième phase de la première crise générale, encore plus terrible, qui culmine en 1929 et dans la Grande Dépression qui suit : il surmonte cela, comme nous venons de le voir, par les fascismes ou alors les politiques keynésiennes ;

    - MAIS l'"économie sociale de marché" (et la société de consommation) sur laquelle cela débouche montre elle aussi ses limites avec la nouvelle crise générale qui éclate dans les années 1970 : là, les politiques interventionnistes antérieures sont "diagnostiquées" comme "le problème" et l'on s'achemine vers des politiques économiques dites "néolibérales", tout en gardant les sociétés fermement encadrées dans un dispositif de contre-révolution préventive totale ; avec comme épiphénomène de la crise et "groupe de pression", à la fois think tank et "épouvantail" pour mener les pires politiques réactionnaires au nom de la "démocratie", la "montée" des "populismes" d'extrême-droite...

    Dans les pays semi-coloniaux, "indépendants" dès l'entre-deux-guerres ou accédant à l'"indépendance" après la Seconde, le capitalisme bureaucratique au service de l'impérialisme se met d'abord en place à travers le même type de politiques dirigistes-étatistes que les fascismes et les keynésianismes occidentaux des mêmes années 1920 à 1970 ; puis à partir de 1975-80, au plus tard après la chute du bloc soviétique auquel certains étaient liés, s'impose là aussi le "néolibéralisme", parfois (assez souvent) associé au début à une "contre-subversion" ultra-violente ; avant le retour ici et là (années 2000) de gouvernements "de gauche" (Venezuela etc.)... ou même pas, "challengeant" l'impérialisme occidental hégémonique en se liant à la Russie et/ou à la Chine, au "nouveau tiers-mondisme" des "BRICS" etc., sans cependant faire en termes de "rupture" avec le capitalisme et l'impérialisme ne serait-ce que du Salvador Allende ; et la tendance des dernières années semble montrer une dynamique de "reprise en main" occidentale de tout cela (déstabilisation et quasi-capitulation de la "révolution" au Venezuela, liquidation par le successeur de Correa en Équateur, chute du PT de Lula-Dilma par un "coup d’État légal" au Brésil et du kirchnerisme par défaite électorale en Argentine ; renversement de Mugabe au Zimbabwe et maintenant démission de Zuma en Afrique du Sud ; dégagement électoral programmé d'Erdogan en Turquie, qui n'a d'ailleurs même pas mené de politique vraiment anti-occidentale et encore moins anti-"néolibérale", pas plus qu'Assad entre 2000 et 2011 d'ailleurs ; sans même parler de la "réorganisation de palais" en Arabie saoudite ; le tout dans une ambiance en développement de "nouvelle Guerre froide" contre la Russie et l'Iran).]

    [Encore des réflexions intéressantes en commentaire FB :

    "Dimitrov a désigné comme fasciste l'aile terroriste ouverte (selon ses propres mots), terroriste anticommuniste (c'était ce qui l'intéressait), de tout un ensemble de régimes (sans exception dans le monde, en fait, sauf les pays socialistes et les démocraties populaires bien sûr !) entre les années 1920 et 1960 grosso modo, qui ont traduit politiquement l'entrée dans l'ère des monopoles, économiquement antérieure de quelques décennies (disons un demi-siècle)... Et qui ont abouti à l'État capitaliste monopoliste (ou bureaucratique-comprador néocolonial) tel que nous le connaissons et qui perdure aujourd'hui, mais désormais au service du néolibéralisme et non plus de l'"association Capital-Travail" des Trente Glorieuses (ou du "développement" dans le Tiers Monde).

    Donc oui, quelque part tous les régimes de la planète aujourd'hui sont "plus ou moins fascistes".

    Quant à la question du Front populaire et avec qui, on n'est pas non plus forcément obligés de retomber dans ce même "coup de barre" sans doute excessif, torsion du bâton dans l'autre sens après les excès inverses de la "3e période" (qui n'était d'ailleurs pas, non plus, la caricature de sectarisme buté et sans aucun tort des socedems de leur côté, qu'en font les anticommunistes de gauche et les trotskos aujourd'hui).

    Surtout maintenant avec l'absorption totale de la social-démocratie dans le système "fasciste moderne" justement. Une social-démocratie qui ne fait plus du tout partie du mouvement ouvrier, alors qu'encore un peu quand même en 1935."]

    [Ou encore (bien expliqué) :

    "Le fascisme était une phase que DEVAIT traverser le monde capitaliste pour se restructurer dans le contexte de crise générale caractérisée par les deux guerres mondiales puis la Guerre froide, les krachs financiers comme celui de 1929, la montée des luttes sociales avec le succès à travers le monde de révolutions socialistes.

    Dans les États les plus faibles ou affaiblis, il a pris des formes "totalitaires" de parti unique, militarisation de la société et terreur blanche ouverte. Ailleurs, il a pu rester un bismarckisme conservant les formes de la démocratie parlementaire. Dans les États "indépendants" (de plus en plus nombreux) du "Tiers Monde", mise en place du capitalisme bureaucratique par des régimes autoritaires "modernistes" (que ce soit le kémalisme turc ou les Pahlavi iraniens).

    Là où le mouvement ouvrier était assez puissant, et en même temps pas trop radical, prêt au dialogue, on a à la rigueur eu à la place la social-démocratie, le travaillisme etc. ; ou une forme de partage du pouvoir entre une telle gauche et une droite jamais loin des tentations fascisantes (on pourrait qualifier ainsi la France des Trente Glorieuses).

    Mais dans tous les cas, ce qui était commun était l'imposition du règne total du Capital financier.

    Depuis les années 1970 et surtout 80, ce règne total a pris le virage d'une nouvelle restructuration, face à une nouvelle crise, qui est ce qu'on appelle le néolibéralisme.

    Cette phase se caractérise, de par le recul du mouvement ouvrier et la disparition du camp socialiste, à la fois par le rejet des politiques sociales-démocrates ou keynésiennes, et par l'absence (globalement) de formes "totalitaires" terroristes ouvertes.

    C'est ce qu'on appelle le Fascisme Moderne.]


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  • Il y a une question qui mérite qu'on s'y penche, c'est "vive la Palestine sans l'antisionisme".

    Lorsque des dizaines, centaines voire milliers de Palestiniens sont massacrés, il est à la portée de beaucoup de monde de trouver que c'est horrible, et de dénoncer l'odieux comportement d'Israël.

    Mais il n'en reste pas moins que la mobilisation antisioniste arabe/musulmane/non-blanche est toujours vue comme aussi "problématique"...

    En fait, beaucoup aimeraient pouvoir s'indigner du sort des Palestiniens "tranquilles", sans avoir affaire à ça. Dénoncer les crimes contre l'humanité, le colonialisme, l'impérialisme, tout ce qu'on voudra, mais que tout reste bien sous contrôle... gauchiste blanc.

    "Vive la Palestine sans l'antisionisme"

    Souvenir de 2014 : Ils ont semé la hoggra, ils ont récolté l'Intifada !

    Relire notre dossier de l'époque : http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/sionisme-gaza-ete-2014-a137388228

    Et sur le "rojavo-pro-palestinisme" : http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/le-neo-menchevisme-ocalaniste-et-rojaviste-et-la-question-de-la-palest-a144731940


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  • Nous pensons que le fait de parler, pour une nation opprimée, de nationalisme "inclusif" est encore une façon de passer sous les Fourches Caudines du "progressisme au service de l'Ordre" de la "Fin de l'Histoire", par lequel l'impérialisme cherche à "nazifier" tout ce qui représente un défi pour lui (mais ce n'est, il faut le dire, pas étonnant de la part du Sinn Féin vu le tour réformiste pris par ce parti depuis les Accords de Paix des années 1990, eux-mêmes archétypes de "Fin de l'Histoire").

    Le nationalisme d'une nation opprimée n'a pas à être "inclusif", terme flou, anti-politique et profondément MORAL.

    Le nationalisme d'une nation opprimée, qui est un patriotisme révolutionnaire et la conscience de classe de son peuple ouvrier et paysan, offre en tant que tel "l'asile aux étrangers bannis de leur patrie pour la cause de la liberté" et à ceux qui sont obligés de la fuir parce qu'ils crèvent de faim, de "marronner" de ces plantations esclavagistes géantes des temps modernes comme l'explique brillamment Sadri Khiari ici : texte-excellent-rejoint-ce-que-nous-avons-toujours-dit.

    "Il le refuse aux tyrans" et à ceux qui viennent dominer, exploiter, déposséder la population.

    C'est tout... Cela n'a rien à voir avec une quelconque "inclusivité" pour montrer qu'on est "gentil" dans un monde où il ne faut plus être "méchant".

    https://www.irishnews.com/news/northernirelandnews/2018/06/06/news/dup-compared-to-european-far-right-parties-1348878/

    "Sinn Féin is a progressive, Irish republican and proud nationalist party which is committed to the establishment of a united, 32 county, Irish sovereign republic," Ms Anderson said.

    "The far-right have mutated civic nationalism into the narrow nationalism of the DUP, Golden Dawn, the AFD, Front National, Fidesz, and the English Defence League.

    "Nationalism mutates when it is mixed with regressive, socially divisive and economically discriminatory politics that are not in the interests of the nation. Sinn Féin have made it clear that the far right have no place in Ireland. Irish nationalism is progressive, outward looking and inclusive."

     

    Nationalisme "inclusif"


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  • La démocratie est UNE FORME de la dictature d'une classe, donc une forme possible de la dictature bourgeoise comme peut l'être l'absolutisme (déjà plus bourgeois que féodal), l'autoritarisme disons bonapartiste, ou (apparu au 20e siècle) le fascisme.

    Elle l'était déjà sous l'Antiquité esclavagiste : démocratie athénienne... pour les citoyens, soit 10% de la population contre 90% d'esclaves (ça rappelle un peu notre monde actuel avec ses démocraties libérales occidentales et ses pays dominés ou "émergents" généralement autoritaires, non ?). À côté, il y avait des monarchies despotiques totalement absolutistes, des régimes oligarchiques comme Rome etc.

    De même elle sera une forme possible de la dictature du prolétariat, mais pas la seule. La Terreur rouge en est une autre et même Trotsky pourrait en parler. Dans tous les cas, comme les démocraties DE CLASSE précédentes, elle sera la démocratie d'abord et avant tout pour une classe : le prolétariat (+ la masse paysanne pauvre là où elle existe) ; et moins pour les autres.

    Le communisme, société sans classes ni État ni exploitation, donc sans dictature de classe, ce n'est pas la démocratie... c'est le communisme (mais c'est dans plusieurs siècles en admettant que la prochaine prise de pouvoir socialiste dans un pays un peu important ait lieu d'ici 2050...).

    "Les Fronts populaires, c'était bien une défense de la démocratie bourgeoise non ?"

    Oui. Mais ça s'inscrivait (en principe, ça a certes pu dériver ensuite) dans une stratégie très précise et "guidée" ;-)

    Il y avait deux formes de dictature de la bourgeoisie, "démocratique" et fasciste ; et tendanciellement, une évolution de toutes les "démocraties" vers le fascisme.

    On "soutient" la "moins pire" des deux, celle qui laisse le plus de marge aux communistes pour travailler politiquement, contre le fascisme qui est certes un phénomène politique terrifiant, effroyable, sanguinaire pour tous les militants de la justice sociale, mais qu'il faut savoir voir aussi (dans sa définition donnée à l'époque par Dimitrov, de dictature réactionnaire terroriste ouverte) comme une "installation du Pouvoir bourgeois en position d'assiégé" (Derbent).

    Une fois le fascisme écrasé, et les pays où il régnait conquis par les communistes ou du moins sièges de mouvements communistes puissants, on "plume la volaille" "démocrate" bourgeoise ou social-démocrate (qui a l'époque, consistait encore en des "possibilistes" du mouvement ouvrier). Telle était l'idée...

    Cela n'avait rien à voir avec une défense dans l'absolu, et pour tout dire apeurée de la "démocratie" bourgeoise.

    Et il s'agissait alors d'une "démocratie" bourgeoise certes imparfaite, inexistante (déjà pour commencer) dans les colonies, un peu "utopique" en réalité, n'ayant jamais réellement existé que sur le papier ; mais PAS de la "démocratie" actuelle de CONTRE-RÉVOLUTION PRÉVENTIVE et d'association Capital-Travail ayant "digéré" (fut-ce sous une forme réformiste keynésienne) la "restructuration" fasciste du capitalisme en crise générale (lire ici et ici) ; préférant mille fois (pour défendre les intérêts du Capital) le "en même temps" macronien, l'abrutissement anti-politique et consumériste de masse et même le "progressisme au service de l'Ordre" fascisme-anti-politique-3e-part (et de la domination impérialiste ! fascisme-anti-politique-4e-part), y compris assuré par ce qu'il reste de la "social-démocratie" dans sa mutation-dégénération finale, à n'importe quel gang fasciste aussi "respectabilisé" soit-il ; ne s'y résolvant qu'après d'âpres négociations pour sauver le dogme économique néolibéral comme récemment en Italie italie-#breakingnews...

    Telle que nous l'avons aujourd'hui, nous obligeant FORCÉMENT à repenser certains schémas !


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  • (il faut dire que son pote Pedro a réussi son petit coup de maître parlementaire, et va maintenant à tous les coups chercher à capitaliser politiquement sur la "détente"...)

    Vu sur Internet :

    "Nous sommes solidaires du Peuple catalan dans sa lutte ; et comme nous l'avons dit explicitement, de TOUS ET TOUTES les réprimé-e-s là-bas quelle que soit leur appartenance politique.

    Mais nous sommes, aussi... "Français", des Peuples de l’État dénommé "France".

    Hollande, NOUS L'AVONS EU PENDANT 5 ANS, et nous avons maintenant celui qui a été l'un de ses plus proches conseillers à l’Élysée, puis son Ministre de l’Économie.

    Nul, en Catalogne ou ailleurs, s'intéressant un peu à l'actualité du moins, n'ignore sans doute les grandes luttes sociales qui ont eu lieu contre la Loi Travail en 2016 sous sa présidence, et maintenant contre la politique de son successeur et ex-ministre Macron.

    Une politique assez éloignée, il faut le dire, du type de mesures adoptées ces dernières années par le Parlement catalan et invalidées par le Tribunal constitutionnel espagnoliste : JqqAJ2Ic.png (attisant ainsi encore et encore la soif d'indépendance).

    D'autre part, il faut rappeler que l’État français ce ne sont pas seulement les Peuples de la "métropole" bien connus de nos camarades catalans (Catalans du Nord déjà, et Bretons, Basques, Occitans, Corses, Alsaciens etc.), mais aussi une dizaine de véritables colonies dites d'"outre-mer" ("DROM-COM") et la moitié d'un continent, l'Afrique, où les pays ne sont "indépendants" que de nom, les présidents des présidents de conseil départemental et les ambassadeurs de France des préfets.

    Une moitié de continent où Hollande a mené sous sa présidence deux "opérations de police", au Mali et en Centrafrique ; la première plutôt bien accueillie dans une moitié du pays mais disons "moins" dans l'autre intervention-imperialiste-francafricaine-au-mali ; la seconde voyant s'initier un début de massacres de masse contre la minorité musulmane "associée" à la formation politique chassée du pouvoir vers-un-nouveau-genocide-francais-en-centrafrique.

    Il a par ailleurs poursuivi l'engagement militaire tricolore dans l'occupation impérialiste de l'Afghanistan ; systématiquement appuyé le droit d'Israël à "se défendre" (massacrer les Palestiniens) et fait réprimer les mobilisations de solidarité en 2014 sionisme-gaza-ete-2014 (le Parti socialiste est peut-être celui où Israël compte le PLUS d'ardents défenseurs ! on pourrait citer à ce titre un certain Manuel V., désormais candidat Ciutadans à la mairie de Barcelone...) ; et lancé à partir de la même année l'engagement militaire impérialiste en Irak et en Syrie (reprise de Mossoul en Irak : 10.000 victimes civiles au moins, bataille de l'Euphrate-Raqqa en Syrie : au moins 3.500 ou 4.000 - voir ici aussi), tout en proclamant l'état d'urgence et faisant perquisitionner plusieurs milliers de familles pour le seul fait d'être musulmanes (quelques dizaines seulement de ces perquisitions ont permis de découvrir des éléments un tant soit peu répréhensibles).

    Tant mieux pour lui si, à la manière d'un Jimmy Carter, il se découvre une fois quitté le pouvoir une vocation de grand défenseur international de la démocratie et des peuples ; alors que sous sa présidence... voilà quoi.

    MAIS NOUS, nous ne nous associerons pas à son entreprise de com' à ce niveau-là. C'est ainsi. Ce n'est pas du sectarisme politique, mais de la fidélité à soi-même ; condition nécessaire pour servir loyalement les autres.

    De même que, solidaires de Carles Puigdemont condamné à l'exil politique par le néofranquisme, et souhaitant l'"effacement de la page du temps" du scélérat 155 et donc son retour à la Présidence de la Generalitat, nous nous réservons néanmoins le droit d'exprimer notre désaccord lorsqu'il salue les 70 ans de "l'indépendance" d'Israël, en réalité déportation des 3/4 d'un Peuple et confiscation de sa terre.

    Le plus cocasse, qui arrivera sans doute connaissant les réseaux sociaux, serait que nous nous voyions traiter de "staliniens"... alors que tout ce que l'on place généralement sous cet épithète, suivi aveugle de "sauveurs suprêmes", langue de bois et absence d'esprit critique, est précisément tout ce que nous refusons ; sur cette page comme ailleurs, tout en restant dans les limites du respect, comme il se doit dans la solidarité internationale, des choix de lutte du Peuple catalan que nous soutenons et de ses choix de chefs de file."

    Quand Hollande nous fait son petit show de "solidarité" avec la Catalogne

    [À noter que les groupes de solidarité avec la Catalogne qui relayent et font de la pub à ce genre de choses, sont eux-mêmes relayés posts-1923471067704590 (bon, ce coup-là avec Hollande ils n'ont pas osé, certes, quand même) par les menchéviks des temps modernes dont il a beaucoup été question au sujet de Rojava... Comme c'est étrange !!]


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  • Oui, il est effectivement possible que le "dialogue" se renoue. Qu'une forme de nouveau pujolisme renégocie et rénove le "Pacte" de 1978 de la bourgeoisie catalane avec Madrid, ce qui avait déjà été tenté au milieu des années 2000 avec le nouvel Estatut.

    Une bourgeoisie catalane qui n'a en vérité agi ces dernières années pour la Souveraineté que poussée au derrière, un peu par ERC mais surtout par les organisations populaires de base comme la CUP, l'ANC et maintenant (depuis la Déclaration Unilatérale d'Indépendance et la proclamation de la République) par les CDR.

    Un Estatut de 2006 dont la mutilation totale par le Tribunal constitutionnel madrilène, conjointement avec la crise économique qui éclatait alors, avait largement contribué à lancer le Procés ; et dont le retour sous sa forme initiale (mais comment, puisque le Tribunal constitutionnel a AUSSI et TOUJOURS des juges nommés par le PP ?) pourrait peut-être "dégonfler" le soutien à l'indépendance de la moitié de la population au tiers, voire moins.

    Oui... jusqu'à la prochaine crise, et au nouveau durcissement fasciste de l’État qu'elle entraînera. Ne nous leurrons pas : on sait ce que vaut, aujourd'hui en Europe, la politique de quoi que ce soit qui porte l'étiquette "socialiste" ; notre État français en a fait l'expérience pendant 5 ans et vit maintenant sous la botte de l'un des plus éminents anciens ministres de cette politique ; et de toute façon (et de surcroît), Sanchez dans son alliance équilibriste avec Podemos en a maximum pour 2 ans (s'il n'y a pas d'élections anticipées)... avant un très probable raz-de-marée orange de Ciudadanos.

    Et sera-t-il simplement possible de faire comme si presque 10 ans d'histoire catalane n'avaient jamais existé ?

    Toutes ces années de mobilisations populaires, de luttes, d'école permanente de participation démocratique à la base ; pour des millions des travailleurs et travailleuses, de jeunes et de retraités, de Catalans de souche aussi séculaire que les chênes verts d'Osona... comme issus de l'immigration ibérique de l'époque franquiste et maintenant latino-américaine, maghrébine, africaine ou européenne de l'Est ; non pas simplement pour une Catalogne indépendante "pour une Catalogne indépendante", mais bien souvent (dans cette mobilisation populaire) CONTRE l'agent, le gendarme péninsulaire de la "mondialisation" néolibérale laminant les conditions de vie du Peuple travailleur, que représente le Pouvoir de Madrid ; POUR un autre modèle de société ; TOUT CECI permettra-t-il que "passe" aussi simplement que cela un éventuel "deal" opportuniste au sommet, dans les "hautes sphères", et dans le seul intérêt d'une petite minorité ?

    L'avenir nous le dira...

    http://www.liberation.fr/planete/2018/06/03/avec-pedro-sanchez-l-heure-du-degel-de-la-crise-catalane-a-t-elle-sonne_1656298

    http://www.lepoint.fr/europe/catalogne-torra-prete-serment-et-interpelle-sanchez-02-06-2018-2223574_2626.php

     

    Le nouveau Premier ministre socialiste et les sécessionnistes pourraient…
    liberation.fr
     
     

    "Tout changer pour que rien ne change"...

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  • Aníbal Quijano, qui vient de s'éteindre à 90 ans, a été un grand théoricien anticolonialiste et anti-impérialiste dans la lignée de Mariátegui, dont la sincérité n'est pas à mettre en doute ; mais qui n'a malheureusement pas su assumer ce que devait être la forme de la destruction de la colonialité du pouvoir qu'il dénonçait, c'est à dire, la forme qu'elle a prise dans son propre pays au cours des années 1980 et 1990 : la Guerre populaire guerre-populaire-au-perou.

    Son modèle se situait plutôt du côté de la politique menée en Bolivie depuis 2006 par Evo Morales ("expression la plus claire d’une crise de la colonialité du pouvoir"), dont on sait aujourd'hui, au bout de 12 ans, qu'elle est à la libération indigène anticoloniale ce que la social-démocratie est à la révolution socialiste retour-situation-amerique-du-sud ; une "sortie pacifique de la colonialité" en quelque sorte, colonialité qui est un système de domination et d'exploitation... or l'on sait, scientifiquement, que l'on ne sort pacifiquement d'AUCUN système de domination d'une classe/position sociale sur une autre (on peut lire à ce sujet le leader indigène historique Felipe Quispe : bolivie-felipe-quispe-le-dernier-mallku).

    Disons qu'il a été L'INTELLECTUEL qui a un peu prolongé, développé, mais surtout réussi à FAIRE PASSER Mariátegui (le "Gramsci de l'Amérique du Sud") dans les hautes sphères universitaires du continent et d'Occident, où en tant que coco il n'était forcément pas trop le bienvenu de prime abord... Mais ceci, au prix de cela : mettre en avant une "rupture" pacifique, syndicaliste et électorale avec le Pouvoir colonial dénoncé ; et non RÉVOLUTIONNAIRE par la Guerre du Peuple, contrairement à Gonzalo et au PCP ; autrement dit donc, un prolongement réformiste de Mariátegui comme Gramsci en a lui aussi connu des dizaines d'exemples. C'est dommage, car sur l'analyse c'est une œuvre tout à fait admirable.

    #Quijano

    https://www.cairn.info/revue-mouvements-2007-3-page-111.html

    https://www.cairn.info/revue-multitudes-2008-4-page-97.htm

    http://indigenes-republique.fr/race-colonialite-et-eurocentrisme/


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