• Que dire de bien spécial au sujet des résultats du second tour des élections départementales, sinon qu'ils se sont avérés conformes à toutes les prévisions c'est-à-dire :

    1°/ Un tsunami bleu UMP-centre-"divers droite" remportant entre 1125 et 1155 cantons (sur les quelques 1900 en jeu) soit de 2250 à 2310 conseillers et conquérant 25 départements, soit désormais 66 aux mains de la droite contre 41 auparavant. La gauche perd en définitive près de la moitié de ses 59 présidences sortantes (acquises notamment suite aux très bons résultats de 2008 et 2011) ; y compris des bastions tels que les Côtes-d'Armor en Bretagne (à gauche depuis 1976) ou encore le Nord de Martine Aubry (SFIO puis PS depuis 1945 sauf 1992-98), l'Essonne de Manuel Valls et les Bouches-du-Rhône (toujours à gauche depuis l'après-guerre) secouées par l'affaire Guérini, les Deux-Sèvres de Ségolène Royal et la Corrèze de François Hollande mais aussi la Creuse en Limousin (rapprochant un peu plus cette terre occitane progressiste et antifasciste du passage à droite aux régionales de décembre... pour la première fois de son histoire en tant que région administrative) ; ainsi que l'un des deux derniers départements dirigés par le PCF : l'Allier (il conserve le Val-de-Marne). Un seul département, la Lozère (Occitanie), passerait a priori de droite à gauche.

    2°/ Une vague bleue marine FN qui voit l'élection de 62 conseillers départementaux là où depuis 1985 le parti du clan Le Pen n'en avait jamais obtenu que quelques uns de-ci de-là, les élections de circonscription à deux tours n'étant alors "pas son truc" (le seul conseiller sortant, Laurent Lopez, est cependant battu à Brignoles dans le Var : poursuite dans la "tradition" frontiste du one-shot ?). Aucun département (qui aurait été son premier exécutif supra-municipal) n'est conquis ; mais dégager une majorité pourrait bien être un casse-tête - pour ne pas dire impossible - dans plusieurs comme par exemple le Vaucluse provençal (12 conseillers pour la gauche, autant pour la droite, 6 pour le FN et 4 pour la Ligue du Sud du clan Bompard, ex-FN mais en relations exécrables avec les Le Pen), ou encore le Gard... Ce qui devrait forcément questionner la ligne "ni-ni" de Nicolas Sarkozy, la droite devant obligatoirement choisir entre s'allier avec (ou carrément laisser gagner, dans le Gard) la gauche... ou pactiser avec le Front National.

    Sur les résultats du second tour des départementales

    À qui profite le crime est donc une question qui vient de recevoir une réponse claire et définitive : à ceux qui n'ont jamais accepté qu'en 2012 une (courte) majorité des masses populaires les ait sanctionnés en portant au pouvoir une gauche certes bien molle et qui (à vrai dire) n'en demandait pas tant (ne sachant trop que faire par la suite) ; chose qu'ils ne croyaient plus vraiment possible (au niveau "national" du moins) depuis 2002 ; et qui œuvrent depuis lors à la "reconquête" d'un pouvoir qu'ils estiment "usurpé"...

    C'est une vieille complainte entendue et ré-entendue qui est définitivement brisée sous nos yeux ; la vieille complainte de droite voulant que le FN soit une "créature de Mitterrand" et "n'ait jamais servi que la gauche" (comme si c'était un socialiste qui avait été élu par 82% en 2002 face à Le Pen père...), recyclée à présent par Sarkozy sous la "tonitruante" formule du "FNPS". Ce que sert le FN (et réciproquement) depuis maintenant 30 ans c'est la droite... et la droitisation de la "gauche" elle-même ; autrement dit le parti du MEDEF et du CAC40. On en observera un exemple particulièrement flagrant dans le Nord, département où il a certes mis la main sur un électorat populaire autrefois acquis au PS ou au PC mais où il n'obtient à l'arrivée aucun élu... et qui passe à droite, pour la deuxième fois seulement au cours des 100 dernières années.

    Mais passons : c'est quoi qu'il en soit un jeu dangereux, qui pourrait bien profiter un jour... au crime lui-même, avec une Marine Le Pen s'installant à l’Élysée. Notre "soulagement" d'avoir vu le Front National à "seulement" 25% dimanche dernier nous ferait presque oublier le "choc" ressenti lorsqu'en 2002 Jean-Marie Le Pen se qualifiait au second tour de la présidentielle... avec "juste" un "petit" 16,86% ! Un FN au pouvoir qui pourrait bien (d'ailleurs) ne pas être un "accident", mais totalement et précisément ce que le Grand Capital tricolore veut - ce que les nécessités de l'époque lui imposent de vouloir : on imagine très mal un tel parti prenant le pouvoir si la majorité de la classe dominante ne le veut pas ; de manière "révolutionnaire" contre celle-ci (aucun parti fasciste n'a jamais fait cela) ; et après tout "exploser en vol" un "phénomène" politique de ce type est tout sauf difficile pour les détenteurs du Capital donc des moyens de communication (que ce soit en opposant de vrais contradicteurs à son programme que l'on dit si "absurde", en arrêtant de dire à ses électeurs que "quelque part ils ont raison", en dévoilant un ou quelques bon(s) scandale(s) qui ne manquent certainement pas dans les tiroirs ou encore en attisant les dissensions internes comme - déjà - en 1999 avec Mégret ; l'exemple italien avec Berlusconi et la Ligue du Nord montrant bien que même des "phénomènes" puissamment installés depuis près de 20 ans peuvent ainsi être "explosés" si la majorité de la bourgeoisie n'en veut plus dans le paysage politique). Une démarche active de démolition du "phénomène Bleu Marine" qui seule pourrait à ce stade inverser la tendance, et que nous ne voyons hélas guère poindre à l'horizon.

    Les deux prochaines années puis les cinq suivantes nous en diront plus. Le "plan" à l'heure actuelle semble être d'installer le Front dans la "niche socio-électorale" qui était celle du PC au début de la Ve République (ce sur quoi les bureaux de vote où il cartonne sont sans équivoque) : une expression/canalisation des classes populaires et de leur mécontentement, quitte à faire de gros scores mais sans cependant jamais accéder au pouvoir – et un "PC" qui, contrairement au véritable des années 1960-70, passerait son temps à gueuler contre les "Arabes" et non contre les patrons et l'exploitation, qui ne mettrait jamais (bien évidemment) des millions de travailleurs en grève et dont les électeurs voteraient à droite et non socialiste au second tour, autrement dit le rêve de tout capitaliste qui se respecte !

    Mais jusqu'où pourrait mener la convergence entre les nécessités bourgeoises de l'époque et le "relooking" entrepris par Marine Le Pen, reste un terrible point d'interrogation. Une Union européenne à (désormais) 28 pays qui bat de l'aile, avec de plus en plus de personnes (tant keynésiennes que libérales !) pour considérer que l'euro fait partie du problème et non de la solution, qu'il faudrait peut-être une Europe "à plusieurs vitesses" etc. etc. ; une concurrence économique chaque jour grandissante des pays "émergents" et la menace militaire du djihadisme ; une crise générale et planétaire du capitalisme qui pousse des centaines de milliers de migrants à l'assaut du continent et, à l'intérieur même de ce dernier, engendre l'exclusion qui appelle elle-même au maintien de l'ordre : autant de problématiques bien réelles et concrètes qui ne peuvent que faire du FN (d'un point de vue bourgeois) un acteur politique "intéressant", qui "vaut au moins la peine qu'on l'écoute".

    Mais n'épiloguons pas outre mesure. Nous conclurons en republiant rapidement ici un point d'analyse développé dans notre réaction aux résultats du premier tour, et qu'il faut bien intégrer pour la compréhension communiste du système politique bourgeois dans lequel nous vivons :

    "Comme nous avons déjà eu l'occasion de l'écrire, le Front National est déjà pour ainsi dire 20% au pouvoir depuis le 21 avril 2002, peut-être même 25% au pouvoir depuis les élections de l'année dernière et il le sera selon toute vraisemblance à 50% en 2017.

    (en effet) Le principe dans un régime parlementaire bourgeois (à moins d'abolir celui-ci, autrement dit d'instaurer le fascisme "pur et simple" comme en Allemagne en 1933 ou en Italie à partir de 1928) c'est qu'aucune force politique n'a jamais le pouvoir "à 100%" : les autres ont toujours d'une manière ou d'une autre des "niches" de contre-pouvoir, ne serait-ce qu'au niveau local, et (exercée à partir de ces "bases") une part d'hégémonie intellectuelle sur la société civile. Dans les années 1960, le gaullisme n'était ainsi pas "100% au pouvoir" mais plutôt (disons) "à 60 ou 70%" : les autres forces politiques, notamment la gauche non-communiste (FGDS) et (surtout) le social-républicanisme PCF, contrôlaient un grand nombre de municipalités et exerçaient une influence certaine sur la société (et donc sur la politique) de l'époque. En 2007 Sarkozy a remporté la présidentielle (sur le programme de Patrick Buisson...) et nous nous sommes dits "aïe", mais ensuite les législatives ont vu un net recul de la droite (345 députés contre 398 en 2002) et une nette progression de la gauche (227 contre 178), la défaite de "poids lourds" comme Alain Juppé à Bordeaux etc., suivies de municipales et de cantonales (2008) également très mauvaises pour la majorité présidentielle comme d'ailleurs tous les scrutins par la suite jusqu'en 2012 : il est évident que le quinquennat aurait été très différent (beaucoup plus conforme à nos craintes) si l'Assemblée de 2007 avait été "bleue horizon" et toutes les échéances suivantes du même tonneau. En revanche, le quinquennat précédent (2002-2007) et l'élection de Sarkozy à l’Élysée elle-même (après 4 ans de "résistible ascension") avaient été clairement placés sous le signe de la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour en 2002.*

    Comprendre cela c'est comprendre les concepts que Gramsci appelle hégémonie et société civile : le règne de la bourgeoisie sous le capitalisme ne repose qu'exceptionnellement sur la seule force et la terreur brute ; il repose beaucoup plus généralement sur le fait que la bourgeoisie a su créer une adhésion autour de son programme (même le fascisme "total" avec parti unique, terreur répressive ouverte, persécutions racistes etc. repose sur la construction préalable d'une certain adhésion !)... ou de plusieurs programmes "concurrents" mais tous bourgeois (non-révolutionnaires), si bien qu'au final 99% de la population adhère à un projet de société capitaliste ou un autre.

    À l'heure actuelle il est possible de dire qu'un "consensus" bourgeois existe autour d'un programme socio-économique social-libéral, en quête d'un "juste milieu" entre Keynes et Friedman, "il faut répartir justement la richesse mais pour cela il faut d'abord la créer" (et puis "faut se mettre un petit peu au boulot aussi"...), ceci incluant même le Front National (mais pas le Front de Gauche, clairement keynésien) ; et que les véritables clivages portent en réalité sur 1°/ le reproche fait aux autres forces de ne pas avoir trouvé le fameux "juste milieu" (d'être trop libérales ou trop "socialistes"), bien qu'elles s'en réclament elles aussi tout autant, 2°/ la longueur de la matraque (répressivité policière) vis-à-vis des "masses dangereuses" populaires, 3°/ (un peu dans le même esprit) des débats "de société" tels que le droit (ou non) des personnes homosexuelles à fonder une famille, et 4°/ la place de l’État français au sein de l'Union européenne et vis-à-vis de l'impérialisme américain, d'institutions de la "mondialisation" économique telles que le FMI, la Banque mondiale, la BCE etc. ; les "fondamentaux" de l'idéologie républicaine bleu-blanc-rouge faisant largement trait d'union entre tous ces courants.

    Le programme dominant (généralement "comme par hasard" celui dont l'immense majorité de la bourgeoisie a besoin à l'instant t) est celui qui aura su créer la plus large adhésion autour de lui (non pas "sur du vent" ou par du "bourrage de crâne", mais déjà parce qu'il correspond aux exigences concrètes du présent pour l'ordre social capitaliste) ; mais il est toujours d'une manière ou d'une autre influencé par les autres (qui représentent aussi des "choses auxquelles la bourgeoisie doit penser" à l'instant t), à proportion du rapport de force (qui exprime la "prégnance" de ces "questions" sur le moment).

    C'est dans ce sens qu'il est possible de dire que si le Front National reçoit l'adhésion de 20 ou 25% ou plus de la population, commence à remporter des collectivités locales conséquentes etc. etc., il est déjà "à 25% au pouvoir". Si demain (en 2017) l'élection présidentielle se solde par l'élection du candidat UMP face à Marine Le Pen par 55% contre 45%, il est clair que le FN sera "à moitié au pouvoir" et que le quinquennat sera bien au-delà des pires craintes que nous pouvions avoir en 2007. Ce sera bien sûr très différent d'un FN "à 20-25% au pouvoir" comme c'est le cas actuellement et depuis une douzaine d'années (et notamment sous la présidence de Sarkozy) ; l'on pourra clairement parler d'ambiance semi-fasciste (comparable à la Russie de Poutine par exemple) ; et un FN "à 80% au pouvoir" serait clairement un régime de type fasciste (même si un semblant de parlementarisme multipartiste était maintenu, ce qui est plus que probable... même Vichy ne l'avait pas vraiment aboli et l'Italie de Mussolini fonctionna ainsi de 1922 jusqu'en 1929 !)."

    Le fascisme en fRance ne peut s'installer que selon des voies qui lui sont propres, sans condottiere baroque à l'italienne ni caudillo militaire appuyé sur l’Église à l'"espagnole", ni chef germanique porté sur un bouclier à l'allemande. Il a notamment besoin, comme "pivot", de cette incontournable notabilité locale conservatrice (aujourd'hui UMP-UDI) ou droite-de-la-gauche (hier le Parti radical, aujourd'hui le PS type Rebsamen) à côté d'un "centre d'hégémonie" ultra-réactionnaire décomplexé (aujourd'hui moins le FN, qui est avant tout un réceptacle électoral, que les Zemmour et compagnie) ; avec le "parti policier" (dont les cadres se retrouvent généralement dans les loges maçonniques de droite, très actif - on s'en souvient - au début des années 2000 dans l'offensive idéologique sécuritaire qui devait conduire au 21 Avril ainsi que dans la "résistible ascension" de Nicolas Sarkozy entre 2004 et 2007) et le "parti militaire" (républicanisme conservateur catholique) éventuellement en appui.

    Et les masses populaires d'Hexagone, non tant (comme toutes les cartes le montrent) celles qui sont vraiment reléguées-périphérisées** en ghetto urbain (à colonies intérieures) ou en quart-monde rural profond que celles qui se sentent prises entre périphéries et "métropole mondialisée", et non tant dans les territoires pauvres que dans ceux marqués par une forte inégalité, ces masses populaires délaissées par une gauche qui a toujours voulu "changer la vie" à partir des Centres et qui est devenue (de ce fait) le parti des bobos et des travailleurs intellectuels centrurbains, sont là pour fournir les troupes électorales nécessaires.
     
    [Puisque nous avions parlé : au Pays Basque où 5 binômes de gauche abertzale (EH Bai) s'étaient qualifiés pour le second tour (tous en duel) sur 11 cantons au total, celui qui faisait face au Front National (canton Nive-Adour) remporte largement le scrutin avec 78% des voix tandis que les autres sont (malheureusement) tous battus par leurs adversaires de droite ou du Modem, mais avec des scores tout de même (plus que) respectables allant de 38% (Bidache/Saint-Palais) à plus de 45% à Saint-Jean-de-Luz (44,7% en Ustaritz-Nive-Nivelle, 42,9% en Montagne basque). Au final, ce sont donc deux conseillers progressistes et affirmateurs du Peuple basque qui siégeront à Pau et plus de 24.000 suffrages recueillis pour 103.000 habitant-e-s inscrit-e-s sur les listes électorales sur les 5 cantons (abstention entre 38,77 et 50,69%).

    Ce sont peut-être (sans doute même) des socedems, des réformards etc. etc. tout ce que l'on voudra, mais cela ne peut néanmoins que nous réjouir dans un contexte où le Front National, longtemps quasi-inexistant sur ces terres un peu conservatrices mais hermétiques à l'extrême-droite, progresse et s'implante car le système France avec son caciquisme républicain droite-gauche "traditionnel" y pourrit sur pied comme partout ailleurs : un pourrissement qui engendre un attrait pour les sirènes populo-fascisantes (en un mot : pour l'idéologie française +++) mais qui voit aussi, dans ce cas précis, une libération des énergies et de la conscience de soi débouchant sur une affirmation progressiste en tant que Peuple périphérisé – en s'emparant de thématiques populaires  qui, ailleurs, sont trop souvent abandonnées au populisme d'extrême-droite (dignité et qualité de vie, environnement, "respect du petit peuple d'en bas", "vivre, travailler et décider au pays" etc. etc.).

    Le même phénomène s'observe également en Kreiz Breizh (Bretagne centrale, Poher), cœur de la périphérisation bretonne où le mouvement de Christian Troadec (centre-gauche catho-humaniste) qui remporte le canton de Carhaix-Plouguer avec 66,71% ne peut être sérieusement qualifié de réactionnaire ni de fasciste, et où l'extrême-gauche NPA qui a fait un très bon score de 16,77% au premier tour (remportant la troisième place !) est plutôt bien "éveillée" sur la question bretonne... Cela ne peut que nous faire mesurer l'immense chemin qu'il nous reste à parcourir en Occitanie, partagée entre ses territoires qui se livrent en masse au FN et ceux qui "résistent" encore, mais le plus souvent hélas au profit du caciquat traditionnel ("PS cassoulet" ou PRG, UDI/centre radical ou démocrate-chrétien ou UMP "chiraquienne", "communisme rural" pepponesque etc.).]

    Sur les résultats du second tour des départementales


    * Ce point ayant soulevé les interrogations de certains camarades, il convient de clarifier :

    1°/ Il ne s'agit pas d'un raisonnement "électoraliste". Les résultats électoraux ne sont sans doute pas l'instrument "parfait" pour mesurer le "degré d'hégémonie" de tel ou tel courant de pensée bourgeois, mais ils sont néanmoins le meilleur dont nous disposions : le "reflet" le plus "fidèle" de l'influence que telle ou telle conception bourgeoise de la société capitaliste exerce sur les masses populaires (autant que les élections de l'année dernière et de cette année sont une alerte rouge de par l'hégémonie intellectuelle réactionnaire et fascisante qu'elle traduisent).

    2°/ Cette hégémonie de tel ou tel courant (construite par les moyens de propagande "lourds" dont disposent les détenteurs du pouvoir économique) est déterminée par les nécessités et les périls que "ressent" la classe capitaliste à l'instant t ; mais aussi bien sûr par l'activité réelle-concrète des masses au même instant, la manière dont elles arrivent à "peser dans la balance" - selon une compréhension dialectique (unité relative des contraires) de la politique sous le capitalisme. L'on sait par exemple que des classes travailleuses exploitées fortement organisées et combattives créent une tendance à l'hégémonie de la GAUCHE bourgeoise, social-démocrate ou en tout cas réformiste ; tandis que (comme actuellement) des masses populaires atomisées, individualistes, "sommes d'individus" juxtaposés et passifs (attendant le "sauveur") favorisent l'hégémonie du populisme de droite et/ou du fascisme proprement dit. De même, la bourgeoisie de droite (généralement très majoritaire à l'intérieur de sa classe, mais beaucoup plus difficilement dans les classes populaires) peut être tentée de "jouer" avec l'électorat que sa cousine populo-fascisante parvient à mobiliser ; préférant par exemple que celle-ci hégémonise les territoires populaires plutôt que ce soit la gauche ou ("pire" encore) les révolutionnaires ; mais ce petit jeu peut-être un jeu dangereux car le jour où la bourgeoisie populo-fascisante se retrouve à pouvoir lui opposer une majorité d'électeurs, elle sera alors terriblement prise au piège. Dans certains cas comme en Allemagne ou dans l’État espagnol au début des années 1930, selon les classes sociales populaires ou moyennes et/ou les régions, les deux hégémonies ("de gauche" et "de droite", sans oublier un mouvement communiste au sens large tout sauf négligeable) peuvent coexister dans un face-à-face d'une tension insoutenable ; conduisant tôt ou tard soit à l'instauration d'une politique réformiste radicale ouvrant forcément une situation révolutionnaire, soit à un fascisme "pur et dur" de dictature terroriste ouverte qui anéantit le "peuple de gauche"... et "sa" bourgeoisie réformiste.

    3°/ Par "100% au pouvoir" nous entendons une situation comme celle de l'Allemagne dès 1933, de l'Italie à partir de 1928-29 ou de l’État espagnol après la victoire Franco, où le parti ou mouvement fasciste ou ultra-réactionnaire au pouvoir a interdit légalement l'expression organisée des autres conceptions bourgeoises (et non simplement laminé/marginalisé celles-ci par toutes sortes de moyens, comme ce serait le cas actuellement en Russie), ne jugeant pas utile de maintenir même une apparence de "pluralisme" politique de la classe dominante. Les autres courants de pensée bourgeois ne sont alors (bien sûr) à même d'exercer aucun "contre-pouvoir" dans la manière dont la société capitaliste est gérée (après un certain temps cependant, un certain "pluralisme" peut ré-émerger au sein même de la seule force politique autorisée, comme ce fut le cas dans - disons- les 15 dernières années du franquisme ou du salazarisme). Ce type de régime intervient généralement après une situation de guerre ("Espagne") ou de quasi-guerre civile (Biennio rosso italien), ou à titre "préventif" lorsqu'une telle situation semble imminente (Allemagne ou Portugal). C'est là ce que nous appelons le fascisme "pur et dur" et cela n'existe pratiquement nulle part dans le monde à l'heure actuelle (même en Chine existent en réalité 9 partis et le Parti pseudo-"communiste" compte de nombreux courants qui sont pratiquement des "partis internes" de fait) : au cours de la seconde moitié du 20e siècle, l'idée d'un "pluralisme" au moins apparent et fermement maintenu "dans le cadre" de l'idéologie capitaliste semble s'être imposée aux décideurs du Grand Capital.

    4°/ Par "99% de la population (qui) adhère à une conception bourgeoise ou une autre" nous entendons bien sûr aujourd'hui et en "Occident". Nous avons peut-être quelque peu exagéré, peut-être ne s'agit-il que de 96%, mais nous avons voulu signifier par là "beaucoup". Au jour d'aujourd'hui, même les forces que nous considérons (de manière positive) représenter une certaine "poussée" et "rupture" avec l'ordre social établi, que ce soient l'extrême-gauche "coco bien dure"/trotskyste/libertaire ou encore les forces progressistes radicales d'affirmation des Peuples, restent encore très largement subordonnées aux grands courants idéologiques de la gauche bourgeoise (que ce soit "universaliste" ou républicaine-patriotarde) et même de la bourgeoisie en général puisque par exemple, comme nous avons pu l'évoquer au sujet des questions internationales, elles prennent très souvent position en fonction de ce que pense telle ou telle force bourgeoise, pour penser ou (plus généralement) ne surtout pas penser comme elle.
    Il est cependant bien évident qu'à d'autres époques de l'histoire (nous pensons notamment à l'entre-deux-guerres-mondiales et à la fin des années 1960/ années 1970), beaucoup plus que quelques % des masses populaires ont pu se trouver "hors du cadre" politique strictement "balisé" par la classe dominante. Il faut alors (à celle-ci) "ramener" de toute urgence ces personnes "dans le rang", soit par le réformisme de gauche soit par le populisme de droite ou le fascisme "révolutionnaire" (selon ce qu'elle juge le plus adapté...), sans quoi les choses peuvent très vite s'accélérer et déboucher sur une situation révolutionnaire (l'on peut considérer que l'Italie des années 1970 ou encore l’État espagnol de 1975-80 ont approché une telle situation et que le Portugal de 1974-76 l'a carrément connue ; on pourrait encore citer la Grèce du début des années 2010, les choses ayant été "canalisées" depuis par Syriza et dans une - heureusement - moindre mesure par Aube Dorée). Et il est bien sûr tout aussi évident que de telles situations se reproduiront à l'avenir - la propre crise du capitalisme y travaille et l'activité concrète des révolutionnaires aussi.

    5°/ Concernant le fait qu'existe entre les principaux partis de la bourgeoisie un consensus autour d'un "juste milieu" social-libéral "ni Keynes ni Thatcher", c'est la réalité et cela correspond (là encore) aux exigences et aux nécessités du Capital pour le maintien de son taux de profit : "libérer la compétitivité" en réduisant les "charges" sur les entreprises, "en finir" avec un "certain soviétisme" hérité de l'époque où le mouvement ouvrier était fort et pesait dans la balance, mais ne pas générer non plus 50% de démunis car la production (pour que sa valeur soit réalisée) doit bien être vendue ! Les clivages à ce niveau-là repose entièrement sur le fait que chaque parti bourgeois considère représenter ce "juste milieu", tandis que les autres s'en écarteraient : le PS va dire que lui a trouvé le "juste milieu" tandis que la droite est "ultra-libérale", Mélenchon "soviétique" et le FN "fasciste" ; l'UMP va considérer qu'elle a trouvé le "juste milieu", que la gauche est "soviétique" à des degrés divers et le FN du même tonneau ; les centristes vont penser en substance la même chose de la gauche et du FN mais aussi que l'UMP est trop "thatchérienne" ; et le FN va considérer que la droite et le PS (l'"UMPS") sont "libéraux" et "euro-mondialistes" mais que Mélenchon est trop "soviétique". Seul le Front de Gauche va se situer en dehors de ce consensus sur une affirmation clairement keynésienne, un programme "Mitterrand 81". Mais bien sûr, il s'agit là d'un clivage et il en existe beaucoup d'autres : la "longueur de la matraque" plus ou moins répressive ou "compréhensive" dans la gestion des classes populaires, ou encore le rapport à l'Union européenne (est-elle au service ou au contraire un frein au fameux "juste milieu" et à la prospérité du capitalisme bleu-blanc-rouge ?).

    ** Dans ces périphéries profondes, ce qui caractérise le comportement électoral est plutôt le clientélisme.

    Les périphéries profondes urbaines (banlieues ghettos), où la participation est généralement faible, votent traditionnellement pour la gauche (PS ou PC) qui est l'interlocuteur "historique" (antiracisme bourgeois des années 1980), bien qu'un certain retournement vers le centre-droit s'observe depuis quelques années - d'abord parce que la gauche a beaucoup trahi et écœuré et que beaucoup de gens considèrent "ne plus être sa propriété" (sans pour autant pouvoir voter pour la droite dure, et encore moins pour le FN), ensuite parce que tend à se développer une culture de petit entrepreneuriat et de "s'en sortir par soi-même" qui rejoint une ligne sociale-libérale de centre-droit (sociale-libérale car on n'oublie pas non plus d'où l'on vient), enfin parce que la droite modérée passe pour la force politique la moins "laïcarde" et islamophobe, ce qui séduit les personnes musulmanes.

    Les périphéries profondes rurales, où la participation est au contraire plus élevée que la moyenne, votent centriste (gauche ou droite très modérées, souvent "divers" - non-affiliés à un grand parti - voire "sans étiquette") 1°/ d'abord parce que l'électorat populaire catholique a évolué depuis un demi-siècle de la droite conservatrice vers un centre "humaniste", voire vers le centre-gauche (Grand Ouest), 2°/ ensuite parce que (localement) l'héritage radical de centrisme républicain "pragmatique" reste encore vivace, donnant un vote soit directement pour le PRG (cela existe encore) soit pour un "PS cassoulet" soit encore pour un centre-droit "chiraquien", et enfin (et surtout) 3°/ parce que l'élu réputé centriste ou "sans étiquette" sur l'échiquier politique saura "parler avec tout le monde" au niveau supérieur (régional et hexagonal) pour obtenir des choses pour sa commune, son canton ou sa circonscription. On notera aussi très localement (voir carte) de bons scores ruraux du Front de Gauche, héritier d'un socialisme rural "tendance dure" voire d'un "communisme rural" que le PCF avait su implanter en son temps - c'est en particulier le cas dans l'Allier, en Auvergne et Limousin ainsi que dans les Cévennes, mais aussi dans l'arrière-pays... de la riche et droitière Côte d'Azur.

    Tous ces territoires - urbains comme ruraux - sont donc ceux d'un certain caciquisme politique. Mais si l'on parvient à rompre les parois de verre de ce caciquisme ainsi que de certaines valeurs conservatrices héritées du passé, c'est sans doute de là que peuvent jaillir les plus fortes valeurs positives et finalement révolutionnaires - déjà parce que c'est là que l'intérêt à ce que "tout change pour de bon" est le plus grand !


    1 commentaire

  • 500 personnes à Tolosa et plusieurs milliers (peut-être 5.000 voire plus) pour une très très belle manif à Paris :


    Manif contre tous les racismes et le fascisme - l'égalité ou rien : photos

    Manif contre tous les racismes et le fascisme - l'égalité ou rien : photos

    Manif contre tous les racismes et le fascisme - l'égalité ou rien : photos

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    Manif contre tous les racismes et le fascisme - l'égalité ou rien : photos

    Contre tous les racismes et le fascisme - l'égalité ou rien : photos


    Il y a eu aussi environ 200 personnes à Strasbourg : photos et vidéos sur le site la Feuille de Chou

    Manif contre tous les racismes et le fascisme - l'égalité ou rien : photos

    Quant aux élections départementales qui se tenaient ce dimanche, elles se sont bien sûr et encore une fois terminées sur un succès du désormais incontournable Front National. Nous ne pouvons que vous inviter à lire et/ou relire nos analyses suite aux municipales et aux européennes, auxquelles il n'y a pas grand-chose à ajouter :

    Élections municipales du 23 mars 2014 - premières analyses

    Municipales - analyse des résultats du second tour

    Et hop ! (Valls nommé à Matignon dans la foulée)

    Résultats des élections européennes : "séisme politiiiiiique !!!"

    Un succès cependant (cette fois-ci) à quelque peu relativiser puisque les ~ 25-26% du parti lepéniste le placent en deuxième position (alors que les sondages depuis plusieurs mois l'annonçaient en tête avec près ou plus de 30%) ; devant le PS (~ 21%, peut-être 25% ou plus - donc peut-être devant le FN - avec ses alliés PRG etc., total des gauches à 35-36%) mais nettement derrière le tandem UMP-UDI qui caracole en tête avec 30% ou plus (total des droites non-FN 36-38%). Des chiffres certes (et comme toujours) à relativiser par le taux d'abstention, qui s'élève à près de la moitié des inscrits (soit dans les faits plus de 60% des personnes en âge de voter, et plus encore dans les territoires les plus populaires). Mais cela pourrait bien être - précisément - la confirmation de toutes nos analyses des articles en lien ci-dessus : à qui profite le crime de la montée et des "séismes politiques" frontistes...

    Sur BFM TV les commentateurs parlent déjà de "grande victoire de Nicolas Sarkozy" et le second tour s'annonce avec... plusieurs centaines de duels UMP-FN (= victoires UMP assurées) - 85 cantons auraient déjà été gagné par la droite, lui donnant 170 élus dès ce soir de premier tour contre 44 (22 cantons) pour la "large gauche" tandis que le FN aurait remporté quant à lui 3 cantons (le Pontet dans le Vaucluse et Fréjus dans le Var, deux villes déjà gagnées aux municipales, + Vic-sur-Aisne en Picardie), soit 6 élus.

    [Résultats à peu près définitifs lundi matin : FN 25,12% ; PS ou Union de la Gauche 21,2% mais "le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll insiste pour comptabiliser les alliés" (en fait le PRG et les "divers gauche" ) ce qui porterait le score à un peu plus de 28% (donc devant le Front National) ; total des gauches 36,34% (Front de Gauche ou PC ou PG 6,1%, EELV un peu plus de 2%) ; UMP ou UDI ou binômes UMP-UDI ou Union du Centre 29,5% ; total des droites non-FN 37,09%. 110 cantons d'ores et déjà remportés par la droite (220 élus), 32 par la gauche (64 élus), 4 par le FN (8) et 3 par des divers (6 élus). La gauche sera absente du second tour dans 524 cantons. Il devrait y avoir au total 1536 duels dont 772 face au FN (ce qui implique donc au moins 200 duels FN-gauche), 326 triangulaires (sous réserve de désistement) dont 297 avec FN ainsi qu'une quadrangulaire (Ambazac, Limousin) PS-FN-PCF-UMP [chiffres définitifs : 1614 duels, 278 triangulaires (après 36 désistements, c'est très peu) et 13 candidatures uniques (deux binômes d'une même famille politique, l'un s'est retiré) ; FN présent dans 1107 cantons dont 256 triangulaires ; la quadrangulaire à Ambazac (Limousin) n'aura pas lieu, devenant triangulaire après le désistement du binôme PCF ; 682 duels gauche-droite, 538 droite-FN, 294 gauche-FN, 39 droite-droite et 36 gauche-gauche.]

    À noter (en prenant comme comparatif, c'est-à-dire comme élections de circonscriptions et d'étendue hexagonale les législatives de 20022007 et 2012, les cantonales étant précédemment par moitié des cantons) que si le FN explose effectivement, le "total des gauches" reste dans sa fourchette "normale" de 35-40% au premier tour (37,26% en 2002, 35,56% en 2007 et 39,86% en 2012) : ceux qui s'"effondrent" sont l'"extrême-gauche" (avec un ridicule 0,06%, à peine plus de 12.000 voix : une possible explication ici ?) ainsi que (à l'intérieur du total des gauches) les Verts (qui faisaient 4,5% en 2002, 3,25% en 2007 et 5,46% en 2012) et dans une moindre mesure le Front de Gauche, autrement dit la social-démocratie de notre époque, le Modem (0,37% contre 7,6% en 2007 et encore 1,77% en 2012) et puis... la droite non-FN qui faisait 43,31% en 2002, 45,57% en 2007 et 34,66% en 2012 mais dans un contexte de "vague rose" (la "vague bleue" actuelle fait donc à peine mieux !)... C'est donc bel et bien sur l'électorat de cette dernière que semble mordre prioritairement le Front National "modernisé" de Marine Le Pen (tandis qu'en parallèle le "peuple progressiste" disparaît électoralement) ; comme cela s'était d'ailleurs également observé entre les cantonales de 2008 et 2011 (le FN passant de moins de 5 à plus de 15% tandis que la droite reculait de plus de 40 à moins de 32%, le total des gauches restant dans une même fourchette de 47,77 et 48,97%) ; et si l'on regardait en détail les bureaux de vote où le Front fait ses meilleurs scores, l'on trouverait certainement des bastions PS-PC des années 1980 mais aussi et surtout la carte exacte des bureaux où Sarkozy écrasait Ségolène Royal en 2007 - une droitisation des classes populaires blanches qui a simplement poursuivi sa radicalisation ! Ce sont également des élus de droite qui ont permis l'élection de deux candidats FN au Sénat en septembre, et le parti lepéniste ou ses satellites (Rassemblement Bleu Marine) "débauchent" régulièrement à l'UMP et même à l'UDI : on voit bien là où se situe la porosité principale, bien que l'électorat trahi et écœuré par la gauche ait aussi un rôle très important (en se tournant directement vers le Front ou en s'abstenant, ce qui le fait forcément monter).

    Ceci ne devrait toutefois pas empêcher l'UMP-UDI de remporter un grand succès au second tour de dimanche prochain, avec le report d'une partie des voix de gauche en cas d'élimination de celle-ci ou de triangulaire avec la droite en tête (retrait de beaucoup de binômes de gauche dans ce cas de figure), en plus des "classiques" duels droite-gauche où elle part largement favorite (reports FN non-négligeables en perspective). À qui profite le crime disions-nous... De toute façon, comme nous avons déjà eu l'occasion de l'écrire, le Front National est déjà pour ainsi dire 20% au pouvoir depuis le 21 avril 2002, peut-être même 25% au pouvoir depuis les élections de l'année dernière et il le sera selon toute vraisemblance à 50% en 2017*.]

    [Autre information : au Pays Basque Nord, la gauche (modérée) abertzale qui cartonne aux élections depuis quelques années est avec plus de 16% la troisième force politique locale et sera présente au second tour dans 5 cantons (Bidache-Amikuze-Oztibarre, Nive-Adour, Saint-Jean-de-Luz, Montagne basque et Ustaritz-Nive-Nivelle). Elle affrontera même en duel, dans le canton Nive-Adour... le Front National : dans cette configuration, il est évident qu'une déculottée de ce dernier ne pourrait que nous combler d'allégresse !

    En Bretagne, dans le canton de Carhaix-Plouguer bastion des "affreux" Bonnets rouges "identitaires-romantiques-fourriers-du-fascisme", le désormais célèbre maire autonomiste de centre-gauche Christian Troadec est largement en tête avec 35,56% tandis qu'un binôme de sympathisants NPA et Front de Gauche remporte la... troisième place avec 16,77% (!), devant le PS (15,67%) et talonnant la droite (19%), le FN n'atteignant pas les 13% (il est de manière générale très bas dans toute la Bretagne, au Pays Basque et en Corse ; on ne peut hélas pas en dire autant en Occitanie, sauf dans la région gasco-pyrénéenne ou encore dans le secteur cévenol, le sud du Massif central en général ainsi que dans les Alpes de Provence).

    Enfin, plus que notable aussi, en Alsace, dont la fusion avec la Lorraine et la Champagne dans un aberrant "Grand Est" (négation pure et simple d'une réalité nationale millénaire...) est d'ores et déjà actée, on relève de très bons scores de l'ordre d'entre 10 et 25% des suffrages pour le mouvement régionaliste centriste (et férocement anti-fusion) Unser Land, dans une vingtaine de cantons où il était présent ; n'ouvrant cependant (malheureusement) la voie à aucun second tour. Là encore, une conscience qui monte doucement mais sûrement et de surcroît sur une ligne "sincère" et (tout du moins) démocratique, contrairement au mouvement identitaire cache-sexe de l'extrême-droite francouille "Alsace D'Abord" (au nom très alsacien comme vous pourrez le constater...), qui avait pu faire parler de lui dans les années 2000 et jusqu'en 2010.]


    * Le principe dans un régime parlementaire bourgeois (à moins d'abolir celui-ci, autrement dit d'instaurer le fascisme "pur et simple" comme en Allemagne en 1933 ou en Italie à partir de 1928) c'est qu'aucune force politique n'a jamais le pouvoir "à 100%" : les autres ont toujours d'une manière ou d'une autre des "niches" de contre-pouvoir, ne serait-ce qu'au niveau local, et (exercée à partir de ces "bases") une part d'hégémonie intellectuelle sur la société civile. Dans les années 1960, le gaullisme n'était ainsi pas "100% au pouvoir" mais plutôt (disons) "à 60 ou 70%" : les autres forces politiques, notamment la gauche non-communiste (FGDS) et (surtout) le social-républicanisme PCF, contrôlaient un grand nombre de municipalités et exerçaient une influence certaine sur la société (et donc sur la politique) de l'époque. En 2007 Sarkozy a remporté la présidentielle (sur le programme de Patrick Buisson...) et nous nous sommes dits "aïe", mais ensuite les législatives ont vu un net recul de la droite (345 députés contre 398 en 2002) et une nette progression de la gauche (227 contre 178), la défaite de "poids lourds" comme Alain Juppé à Bordeaux etc., suivies de municipales et de cantonales (2008) également très mauvaises pour la majorité présidentielle comme d'ailleurs tous les scrutins par la suite jusqu'en 2012 : il est évident que le quinquennat aurait été très différent (beaucoup plus conforme à nos craintes) si l'Assemblée de 2007 avait été "bleue horizon" et toutes les échéances suivantes du même tonneau. En revanche, le quinquennat précédent (2002-2007) et l'élection de Sarkozy à l’Élysée elle-même (après 4 ans de "résistible ascension") avaient été clairement placés sous le signe de la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour en 2002.

    Comprendre cela c'est comprendre les concepts que Gramsci appelle hégémonie et société civile : le règne de la bourgeoisie sous le capitalisme ne repose qu'exceptionnellement sur la seule force et la terreur brute ; il repose beaucoup plus généralement sur le fait que la bourgeoisie a su créer une adhésion autour de son programme (même le fascisme "total" avec parti unique, terreur répressive ouverte, persécutions racistes etc. repose sur la construction préalable d'une certain adhésion !)... ou de plusieurs programmes "concurrents" mais tous bourgeois (non-révolutionnaires), si bien qu'au final 99% de la population adhère à un projet de société capitaliste ou un autre.

    À l'heure actuelle il est possible de dire qu'un "consensus" bourgeois existe autour d'un programme socio-économique social-libéral, en quête d'un "juste milieu" entre Keynes et Friedman, "il faut répartir justement la richesse mais pour cela il faut d'abord la créer" (et puis "faut se mettre un petit peu au boulot aussi"...), ceci incluant même le Front National (mais pas le Front de Gauche, clairement keynésien) ; et que les véritables clivages portent en réalité sur 1°/ le reproche fait aux autres forces de ne pas avoir trouvé le fameux "juste milieu" (d'être trop libérales ou trop "socialistes"), bien qu'elles s'en réclament elles aussi tout autant, 2°/ la longueur de la matraque (répressivité policière) vis-à-vis des "masses dangereuses" populaires, 3°/ (un peu dans le même esprit) des débats "de société" tels que le droit (ou non) des personnes homosexuelles à fonder une famille et 4°/ la place de l’État français au sein de l'Union européenne et vis-à-vis de l'impérialisme américain, d'institutions de la "mondialisation" économique telles que le FMI etc. ; les "fondamentaux" de l'idéologie républicaine bleu-blanc-rouge faisant largement trait d'union entre tous ces courants. Le programme dominant (généralement "comme par hasard" celui dont l'immense majorité de la bourgeoisie a besoin à l'instant t) est celui qui aura su créer la plus large adhésion autour de lui (non pas "sur du vent" ou par du "bourrage de crâne", mais déjà parce qu'il correspond aux exigences concrètes du présent pour l'ordre social capitaliste) ; mais il est toujours d'une manière ou d'une autre influencé par les autres (qui représentent aussi des "choses auxquelles la bourgeoisie doit penser" à l'instant t), à proportion du rapport de force (qui exprime la "prégnance" de ces "questions" sur le moment).

    C'est dans ce sens qu'il est possible de dire que si le Front National reçoit l'adhésion de 20 ou 25% ou plus de la population, commence à remporter des collectivités locales conséquentes etc. etc., il est déjà "à 25% au pouvoir". Si demain (en 2017) l'élection présidentielle se solde par l'élection du candidat UMP face à Marine Le Pen par 55% contre 45%, il est clair que le FN sera "à moitié au pouvoir" et que le quinquennat sera bien au-delà des pires craintes que nous pouvions avoir en 2007. Ce sera bien sûr très différent d'un FN "à 20-25% au pouvoir" comme c'est le cas actuellement et depuis une douzaine d'années (et notamment sous la présidence de Sarkozy) ; l'on pourra clairement parler d'ambiance semi-fasciste (comparable à la Russie de Poutine par exemple) ; et un FN "à 80% au pouvoir" serait clairement un régime de type fasciste (même si un semblant de parlementarisme multipartiste était maintenu, ce qui est plus que probable... même Vichy ne l'avait pas vraiment aboli et l'Italie de Mussolini fonctionna ainsi de 1922 jusqu'en 1929 !). 

    Contre tous les racismes et le fascisme - l'égalité ou rien : photos (+ quelques mots sur les départementales)


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  • Massalijn (site maoïste et anti-impérialiste basé aux Pays-Bas) a mis en ligne une sorte de petit "Manuel théorique marxiste-léniniste-maoïste" extrêmement précis, synthétique et accessible, publié à l'origine par le Parti communiste d'Inde (maoïste) pour la formation de ses cadres. Bien sûr et malheureusement, c'est en anglais et nous n'avons pas pris le temps d'en effectuer une traduction - nous le ferons peut-être un jour prochain.

    Le chapitre consacré aux questions nationales et coloniales, sujets qui comme vous le savez nous "tiennent à cœur", nous a cependant inspiré quelques réflexions dans notre démarche d'élaboration d'une conception communiste du monde (et il faut dire que depuis un an, entre l'Ukraine la Palestine et l'Irak-Syrie, nous avons été servis en sujets polémiques) ; réflexions que nous vous livrons ici et qui impliquent forcément de traduire-en-résumé quelques éléments (les principaux) dudit chapitre : des bases théoriques essentielles pour toute personne communiste/révolutionnaire, que nous n'avions jamais trouvées auparavant présentées de manière aussi claire et précise. L'exposé est en grande partie tiré des Thèses sur la Révolution socialiste et le Droit des Nations à disposer d'elles-mêmes de Lénine (janvier-février 1916), que l'on peut lire en français ici.

    Place (donc) à ces quelques réflexions sur des sujets fondamentaux pour une véritable conception communiste du monde, et qui nous ont fréquemment (et encore récemment) amenés à de houleuses polémiques :

    1. Sur les trois continents que sont l'Afrique, l'Asie (+ l'"Océanie", les îles du Pacifique) et l'Amérique latine et caraïbe (au sud du Rio Grande et du détroit de Floride), nous considérons qu'en dehors des Guerres populaires et des révolutions démocratiques-populaires anti-impérialistes (en marche ininterrompue vers le socialisme et le communisme) que nous soutenons absolument, toute démarche ou lutte politique visant à réduire le pillage impérialiste de la production nationale revêt en soi un caractère positif ; à l'unique condition... d'être réellement cela, c'est-à-dire 1°/ d'être sérieuse et sincère (certains discours ultra-"patriotiques" et "populaires" peuvent en réalité masquer le pire compradorisme Réflexions sur "La Question nationale et coloniale" - site MLM néerlandais "Massalijn"envers l'impérialisme), se traduisant par des améliorations concrètes (au moins économiques) pour les masses ou par une auto-défense sérieuse en cas de résistance armée, et 2°/ de reposer sur une réalité concrète, c'est-à-dire une population clairement définie sur un territoire clairement défini face à une domination/oppression impérialiste clairement définie, et non sur une mythologie qui (en règle générale) ne sera que le masque d'une démarche expansionniste.

    C'est ainsi que, par exemple, nous ne soutenons pas Daesh (l'"État islamique" d'Irak et Syrie). Nous considérons que les populations arabes sunnites d'Irak et de l'Est syrien sont opprimées (sans être les seules dans ce cas...) par les pouvoirs centraux de leurs États respectifs et qu'elles ont le droit le plus légitime qui soit de secouer ce joug. Nous considérons que le Machrek arabe est opprimé de longue date par l'impérialisme et son fer de lance sioniste et qu'il est parfaitement juste et nécessaire de résister à cela. Mais Daesh n'est pas du tout dans ce paradigme : Daesh agite le mythe d'un "Califat" idéal vernissant en réalité un expansionnisme ex nihilo, la construction d'un "petit Empire" régional comme terrain d'investissement et de valorisation de capitaux suraccumulés ; en l'occurrence ceux des riches pétro-milliardaires du Golfe et de la Péninsule arabique qui sont ses commanditaires et ses financeurs, et dont les milliards de dollars ne servent à rien (sinon à des "concours" de plus-grand-centre-commercial ou de plus-haut-building-du-monde...) et sont donc "morts" - or le Capital est une matière qui "rugit" pour "vivre", s'investir, fructifier etc. Nous ne soutenons pas non plus, quelles que soient les revendications bien réelles et légitimes (comme celles des Touaregs) sur lesquelles ils pourraient s'appuyer, les projets de "Califat" sahélo-saharien mis en avant par certains groupes armés dans cette région de l'Afrique - obéissant à la même logique, et bien souvent aux mêmes financements. Nous dénonçons et rejetons de la même manière les démarches telles que le "néo-ottomanisme" du gouvernement AKP turc (mais aussi le "pan-turquisme" que pouvaient mettre en avant certains nationalistes il y a quelques années), le "pan-chiisme" de l'Iran des mollahs ou le "pan-sunnisme" frère-musulman du Qatar : il s'agit là d'expansionnismes régionaux, et non de luttes de libération visant à réduire le pillage impérialiste d'un pays bien déterminé.

    Lorsqu'en revanche ces conditions sont bien remplies, le caractère positif du "défi" à l'impérialisme dominant est acté ; nonobstant que ce "défi" puisse trouver l'appui d'autres impérialismes ou expansionnismes opposés au principal exploiteur et oppresseur du pays. Ainsi le fait que les Palestiniens puissent être soutenus (contre Israël et ses soutiens occidentaux) par les expansionnismes turc, iranien ou qatari dont nous avons parlé plus haut, ou encore par les impérialismes anti-occidentaux russe et chinois, ou le fait que la Chine ou la Russie puissent appuyer les régimes de type Chávez en Amérique du Sud etc., n'enlève rien au caractère positif de ces démarches politiques. Rechercher l'appui des Chinois ou même pourquoi pas... de l'impérialisme US pour desserrer l'étau de la Françafrique dans les pays subsahariens ne nous apparaît pas comme quelque chose d'incompréhensible. Nous pouvons dénoncer ces manœuvres et autres "petits jeux" impérialistes ou expansionnistes et les États qui s'y livrent, mais pas les "reprocher" aux Peuples et aux forces politiques qui en "bénéficient".

    Réflexions sur "La Question nationale et coloniale" - site MLM néerlandais "Massalijn"Bien sûr (trois choses), 1°/ ces forces politiques ont des "degrés de progressisme" divers et variés que nous évaluons sur la base d'un critère simple d'émancipation et de bien-être démocratique et social des masses [critère déconnecté des notions occidentalo-centrées telles que la "laïcité", la "modernité", la "gauche" etc. : le pire valet de l'impérialisme comme Ben Ali peut très bien être "laïc", "moderne" et membre de l'Internationale socialiste...], le "degré de progressisme" de telle ou telle force déterminant notre degré de soutien, de mise en avant de celle-ci dans notre travail politique en direction des masses, 2°/ une fois la nature de classe et idéologique et le "degré de progressisme" de chacune de ces forces clairement établis, elles sont présentées dans notre travail politique en direction des masses pour ce qu'elles sont sans faire "passer des vessies pour des lanternes" (par exemple du "socialisme du 21e siècle" bolivarien pour du marxisme), 3°/ par conséquent, le caractère objectivement positif de leur activité n'exclut donc pas la critique de leurs limites et de leurs aspects négatifs, surtout s'il s'agit de traduire et publier des critiques (constructivesémanant de progressistes ou de marxistes des pays concernés. Améliorer significativement le niveau de vie des masses, augmenter les revenus et développer les services sociaux, résoudre (là où il existe) le problème agraire des paysans sans terre et des métayers surexploités a incontestablement plus de valeur que de simplement faire "mieux" profiter la grande bourgeoisie locale (par rapport aux compagnies étrangères) des fruits de l'exploitation - mais dans tous les cas, sans secouer le joug des monopoles impérialistes et de leurs commis locaux, rien de ce qui précède n'est possible et Lénine a été sans ambigüité sur le devoir, pour les communistes occidentaux, de soutenir en actes et sans discutailler les forces qui mènent un tel combat.

    [Un autre critère très "bête" pour ce qui est de critiquer/attaquer ce type de régimes ("bourgeois", "social-fascistes" ou tout ce que l'on voudra), pourrait aussi être tout simplement de le faire dans une perspective et avec une stratégie claire, en sachant où l'on va : si la ligne de démarcation ainsi tracée donne lieu à un saut qualitatif vers quelque chose de grandiose, comme le Parti communiste du Pérou qui s'est en grande partie forgé contre la junte militaire réformiste et pro-soviétique de Velasco Alvarado et le soutien de la gauche et de la plupart des autres "Partis communistes" à celle-ci (mais qui, on le notera aussi, n'a pas déclenché sa Guerre populaire à ce moment-là, mais au moment du retour au pouvoir de la droite oligarchique et néolibérale...), alors OUI ; mais si c'est pour faire de la merde parce qu'on a de toute façon une ligne politique pourrie, comme les hoxhistes vénézuéliens de "Bandera Roja" contre Chávez ou burkinabés ("voltaïques", pardon !) du PCRV contre Sankara, et ne servir au final que l'offensive impérialiste réactionnaire contre ces pays, alors non !]

    2. Les pays dont nous venons de parler sont, dans la terminologie bourgeoise, fréquemment appelés le "Tiers Monde" (Troisième Monde) ; ce qui implique par déduction qu'il y en ait un Premier et un Second. À l'époque où le terme a été forgé, le "Second Monde" était généralement et simplement entendu comme l'URSS et les démocraties populaires d'Europe de l'Est, formant le Pacte de Varsovie et le COMECON : le "Bloc de l'Est". Mais nous pourrions encore aujourd'hui appliquer cette même définition à ce même ensemble géographique ; d'abord parce que ces pays auront et ne cesseront jamais d'avoir été le théâtre de ces expériences politiques marxistes-léninistes (pour le meilleur comme pour le pire) ; et ensuite parce que dès avant la Révolution bolchévique, dans sa théorisation de l'impérialisme et des questions nationales, Lénine en faisait déjà une catégorie bien spécifique de pays*. Parmi ces pays se Réflexions sur "La Question nationale et coloniale" - site MLM néerlandais "Massalijn"trouve bien sûr l'Ukraine qui a (hélas) beaucoup fait parler d'elle depuis un an et sur laquelle a été dit et entendu (à l'"extrême-gauche") tout et n'importe quoi : soit qu'un véritable "État socialiste" serait en train de naître entre Donetsk et Lugansk dans la "glorieuse résistance" à de véritables héritiers de l'invasion hitlérienne de 1941 ; soit que le pays serait (en substance) une "colonie de la Russie impérialiste" menant une légitime "guerre de libération" contre cette dernière (tant pis si c'est avec quelques nazillons "dans le tas"...) et que les fameux russophones/"pro-russes" ne seraient en définitive que des "sales colons" quelque part entre le sioniste ultra de Cisjordanie, le général Custer, le loyaliste nord-irlandais, le Pied-Noir et le Boer (des thèses très souvent entendues de la part de maoïstes US pourtant excellents sur bien des sujets, mais complètement aberrants sur celui-ci).

    C'est dans ce contexte que la très pédagogique synthèse de l'analyse léniniste publiée par Massalijn est venue clarifier les choses de manière limpide ; et c'est ainsi que nous avons pu écrire dans la note à la fin de cet article l-ukraine-a-feu-et-a-sang-entre-geopolitique-et-milices-fascistes-la-p-a114670476 (note visant à présenter factuellement la situation avec ses racines historiques, ses tenants et ses aboutissants, choses dont beaucoup de gens croient hélas pouvoir se passer avant de l'ouvrir...) que :

    "L'Europe de l'Est (depuis les frontières allemandes, autrichiennes et italiennes jusqu'à l'Oural) a de toute manière une histoire et (encore) une réalité présente d'une telle complexité, faite de questions et de luttes nationales parfaitement légitimes mais profondément traversées par les luttes de classes (et aux expressions parfois très réactionnaires !) ainsi que de menées impérialistes et expansionnistes pour l'"espace vital" prenant appui sur ces aspirations (dans leur expression bourgeoise), qu'il est tout simplement interdit d'y appliquer abstraitement des schémas du style "X est un colonisateur, Y est colonisé" (car Y prenant le dessus peut parfois se révéler plus oppresseur et "nettoyeur ethnique" que X ne l'a jamais été...) ; quand bien même une puissance clairement impérialiste comme la Russie serait impliquée (mais voilà, à en écouter ou lire certains, on aurait presque l'impression qu'elle est le SEUL impérialisme impliqué dans cette crise ukrainienne !). Lénine était déjà très clair là-dessus à l'époque de sa théorisation de l'impérialisme et de sa lutte contre la Première Guerre mondiale (1914-18) : il distinguait nettement trois groupes de pays dont l'un, consistant en l'Europe centrale et orientale déjà (à l'époque) théâtre de puissantes luttes nationales et enjeu de tous les appétits impérialistes (russes, allemands, autrichiens, français etc.), ne pouvait se voir appliquer les même analyses et prises de positions que les deux autres - à savoir les pays impérialistes d'Europe occidentale et d'Amérique du Nord et les pays colonisés ou semi-colonisés d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine. Il posait dès lors, pour ce grand ensemble est-européen, deux principes essentiels qui ont gardé toute leur actualité : un droit absolu des Peuples à l'autodétermination allant jusqu'au droit (mais pas l'obligation !) à la sécession (car "la liberté de se fédérer passe obligatoirement par la liberté de se séparer") ; mais aussi une impérieuse nécessité de convergence (dans le même intérêt de classe et les luttes communes) des différentes classes ouvrières et autres classes exploitées nationales, assortie d'une vigilance de chaque instant envers les nationalismes bourgeois et leurs quasi-systématiques mises au service de l'impérialisme (pour se créer des protectorats ou, après la Révolution d'Octobre, pour encercler et attaquer celle-ci) - il combattit ainsi implacablement les nationalistes ukrainiens de Petlioura et de Skoropadsky, qui n'étaient en fait pas grand-chose d'autre qu'une force compradore et contre-révolutionnaire entre les mains de l'Allemagne et de l'Autriche (qui occupaient alors l'Ukraine après la paix de Brest-Litovsk)".

    Oui, car nous n'inventons rien de la teneur des débats qui ont pu avoir lieu et dans lesquels ceux qui fantasment aveuglément sur les républiques séparatistes prêtent finalement plus à sourire qu'autre chose comparés aux autres : il a pu nous être reproché (sans que nous n'ayons jamais rien dit de tel...) d'"oser comparer les russophones d'Ukraine aux Noirs nord-américains" alors même que nos contradicteurs n'hésitaient pas... à comparer les Ukrainiens "ruthènes" nationalistes aux Palestiniens ou aux Noirs sud-africains, par déduction, puisqu'ils comparaient les russophones/"pro-russes" à des Israéliens ou des Afrikaners. Parallèle complètement absurde bien entendu : ces deux dernières situations relèvent de la troisième catégorie, celle des pays coloniaux et semi-coloniaux ; quant aux États-Unis d'Amérique ils ont la particularité d'appartenir à la première (pays impérialiste occidental) Réflexions sur "La Question nationale et coloniale" - site MLM néerlandais "Massalijn"mais aussi, nés dans et comme une colonie, de renfermer des colonies intérieures (Noirs, Latinos, "Indiens") relevant quelques part de la troisième (en plus d'être, en dehors de leurs frontières, une grande puissance impériale et même colonialiste : Porto Rico, Hawaii, diverses îles du Pacifique et des Caraïbes).

    Les milieux occitanistes (que nous connaissons bien) ont eux aussi, très souvent, tendance à défendre la "libération nationale ukrainienne" qui s'est à leurs yeux exprimée sur la place Maïdan ; certains (1 - 2) allant même jusqu'à prôner des transferts de populations complètement aberrants (dignes pour le coup de Staline, alors même qu'ils nous traiteraient volontiers de "staliniens" !) et carrément nier la Nation russe - nous n'avons pour notre part jamais affirmé que les "Novorusses" habitant les régions anti-Maïdan d'Ukraine étaient simplement "des Russes" comme à Moscou ou à Saint-Pétersbourg (seule une petite minorité est en fait ethniquement russe, comme le montrent les cartes "ethno-statistiques" - nous y reviendrons) : sans doute sont-ils tout simplement... des Novorusses, l'une des deux grandes nationalités d'un État ukrainien de plus en plus manifestement plurinational ; mais cela ne veut pas dire que les Moscovites et les Pétersbourgeois sont une espèce de "non-peuple"... Mais bref. Il s'agit là, encore une fois, de "plaquer" artificiellement sur la situation concrète des schémas de pensée qui ne peuvent tout simplement pas s'y appliquer.

    Aucun raisonnement basé sur ces exemples ne peut s'appliquer à une situation comme celle de l'Ukraine (ou de la Yougoslavie dans les années 1990). Il n'est possible de dire pour aucun des deux camps "ce sont des colonisés, des Palestiniens de l'Europe, soutien total".

    En ce qui nous concerne, pour raisonner et prendre position sur l'Ukraine :

    1°/ Nous ne nous laissons tout d'abord influencer par la position d'aucun courant idéologique de la bourgeoisie (ce qui s'appelle avoir gagné, à son petit niveau personnel, la bataille de l'hégémonie) ; que ce soit pour nous en "inspirer" ou pour considérer au contraire qu'il faut à tout prix être d'opinion opposée. Dans l’État français, nous savons parfaitement que les deux camps ont leurs partisans au plus haut niveau de la politique et de l'intelligentsia bourgeoises : les "souverainistes" anti-européistes et anti-atlantistes FN, Front de Gauche ou "gaullistes à l'ancienne" penchent plutôt pour la position russe tandis que les thuriféraires de l'UE et de l'atlantisme "Fin de l'Histoire" (ceux qui sont au pouvoir actuellement et depuis un moment déjà), UMP-UDI et autres PS, mais aussi toute une certaine et non-négligeable extrême-droite alignée sur la position de ses homologues italiens ou "espagnols" soutiennent la "Révolution de Maïdan" et le nouveau pouvoir de Kiev. Nous ne nous basons pas plus sur ce que peut déclarer ou penser quelque dirigeant impérialiste ou de quelque État que ce soit. Nous n'en avons cure et nous sommes habitués, dans nos prises de position, à nous faire traiter tout aussi bien de "rouges-bruns Soral" que de "maos-néocons BHL". Nous nous basons sur notre seule et attentive étude des faits pour prendre une position.

    2°/ Nous regardons s'il y a des communistes et/ou des progressistes sur place, et où ils se trouvent. Nous constatons que les personnes se voulant communistes ou "de gauche", même s'il peut parfois ne s'agir que d'une nostalgie du "temps béni" soviétique (capitaliste d’État et protecteur), se trouvent plutôt du côté qualifié de "pro-russe" ; sachant que l'on y trouve aussi des éléments très réactionnaires. Du côté du nouveau pouvoir (rappelons que Maïdan c'est fini depuis un an), nous sommes au regret de ne voir que des sociaux-libéraux de type blairiste, des ultra-libéraux conservateurs de type thatchérien et des ultra-nationalistes fascisants arborant des portraits de collaborateurs des nazis voire d'Adolf Hitler lui-même. Tous sont violemment anticommunistes et les éléments les plus radicaux s'en prennent à tout symbole de la Révolution soviétique ainsi que physiquement aux personnes considérées comme "rouges", tandis que des militants sont arrêtés et torturés par la sécurité intérieure (SBU) sous l'accusation de "terrorisme séparatiste". L'anticommunisme peut bien sûr exister du côté "pro-russe" (arrestation et détention pendant quelques jours de quatre militant-e-s de Borotba en décembre à Donetsk, tensions ayant conduit au regroupement des communistes locaux et étrangers dans l'"Escadron 404" à Lugansk), mais il existe alors comme une contradiction interne à ce camp, comme celle qui peut exister entre la gauche et les islamistes en Palestine (aïe... nous avons comparé) ; alors que l'on ne peut pas être communiste ou même "bien de gauche" et partisan du nouveau pouvoir de Kiev (c'était déjà difficile d'être pro-Maïdan sur les derniers mois du mouvement). Dans les régions nationalistes se trouvent aussi (évidemment) des personnes communistes, marxistes ou simplement progressistes qui ont même pu dans un premier temps soutenir Maïdan contre le régime corrompu du commis de l'oligarchie Ianoukovitch, mais qui dans tous les cas s'opposent aujourd'hui fermement au nouveau pouvoir et à sa politique. Nous soutenons bien évidemment ces personnes.

    3°/ Sur qui pleuvent principalement les coups, sur qui s'abat la plus grande violence réactionnaire ? Il est évident qu'à l'heure actuelle c'est sur les habitant-e-s du Donbass, mais d'aucun-e-s pourront nous rétorquer que c'est la Russie qui l'a "provoqué" en "annexant la Crimée" puis en "infiltrant ses troupes" dans la région. Il est évident aussi qu'il ne fait pas bon être un partisan affiché de Maïdan dans les zones contrôlées par les rebelles "pro-russes". Néanmoins, dans les autres régions où n'existe pas l'ombre d'une "invasion russe déguisée", c'est bien de la part des éléments d'extrême-droite pro-Maïdan que l'on observe la plus grande violence fasciste contre toute personne identifiée comme opposée à eux (ce qui n'est nullement synonyme de "séparatiste pro-russe" ou "partisane d'une Ukraine protectorat de Moscou"). On n'observe pas de "chasse" au partisan de Maïdan (ni de droite ni "de gauche") et encore moins de "pogroms" de la part d'éléments opposés à ce mouvement ; et l'on n'en observait pas non plus lorsque ces éléments étaient supposément "au pouvoir" (sous Ianoukovitch). Réflexions sur "La Question nationale et coloniale" - site MLM néerlandais "Massalijn"L'ancien régime était certes policier et répressif contre ses opposants réels ou supposés (dont faisaient partie, au demeurant, les marxistes et les progressistes opposés aujourd'hui au nouveau pouvoir), mais la violence politique est désormais un (large) cran au-dessus et elle est le fait de l'aile droite de l'ex-mouvement Maïdan.

    4°/ Concernant le projet de société : du côté du pouvoir en place à Kiev (et de Maïdan dans sa phase terminale), nous ne voyons strictement rien à prendre et tout à jeter. Soit c'est du néolibéralisme pur et dur (à la Thatcher), soit c'est un projet fasciste. Force est de constater que c'est uniquement dans l'opposition au régime (qu'elle soit armée et "pro-russe" ou ex-Maïdan "déçue") que l'on peut éventuellement trouver des propositions démocratiques, sociales voire socialistes, de coexistence pacifique entre les différentes nationalités là où la plupart des partisans du nouveau régime (ou des déçus... qu'il n'aille pas assez loin) voudraient une "Ukraine aux Ukrainiens", etc. etc. ; même si l'on y trouve aussi (dans cette opposition) des conceptions très réactionnaires et parfois national-racistes (version - cette fois-ci - grand-russe ou "grand-slave").

    Voilà ce sur quoi nous nous basons pour prendre une position (en fait, nous ne faisons surtout que livrer ces faits tels qu'ils sont !), que d'aucun-e-s qualifieront de "pro-russe" alors que nous prendrions exactement la même si le nouveau régime dont nous parlons était un régime totalement aligné sur le Kremlin.

    Après étude minutieuse de tous les tenants et les aboutissants de cette crise et de leurs racines dans l'histoire - toute l'histoire jusqu'à l'époque soviétique incluse, nous en sommes parvenus à la conclusion qu'il y a deux Ukraines, "ruthène" et "novorusse", et que soit elles doivent être démocratiquement fédérées soit elles doivent être séparées. Unies dans un même État centralisé, c'est une union forcée qui ne peut pas fonctionner : il y en aura toujours une des deux qui dominera et l'autre qui ne l'acceptera pas ; il y en aura toujours une pour craindre plus la tutelle russe que les portraits de Bandera, et l'autre pour moins craindre la "protection" de Poutine qu'un pouvoir nationaliste à Kiev.

    3. Concernant les affirmations des Peuples dans les États d'Europe de l'Ouest (que Lénine classe bien sûr dans la première catégorie), lorsqu'il s'agit des colonies intérieures/importées (populations "non-blanches" issues de l'immigration) ou dans une certaine mesure des Rroms elles se rattachent là encore à la troisième catégorie, celle des luttes anticoloniales. Lorsqu'il s'agit (en revanche) des Peuples tels que le nôtre (occitan), c'est-à-dire des peuples conquis, absorbés et soumis par ces États lors de leur formation à partir d'un Centre de pouvoir, il ne s'agit pas de luttes anticoloniales (c'est une erreur de les approcher comme telles) ; mais il s'agit néanmoins de remises en cause radicales, dans la façon même dont ils ont vu le jour, de ces États... et donc des appareils de domination capitaliste et impérialiste qu'ils représentent, ce dont l'humanité entière ne peut que bénéficier.

    [Lire : La lutte pour le droit à l’autodétermination nationale dans les pays impérialistes, par G. Maj du (n)PCI]

    Le "cours de théorie MLM" indien publié par Massalijn, reprenant la classification en "trois types de pays" établie par Lénine dans les Thèses sur la Révolution socialiste et le Droit des Nations à disposer d'elles-mêmes, nous dit explicitement que les États impérialistes occidentaux "oppriment d'autres nationalités dans leurs colonies mais aussi dans leur propre pays" ; les termes exacts employés par Vladimir Illitch étant : "Premièrement, les pays capitalistes avancés de l'Europe occidentale et les États-Unis. (...) Chacune de ces "grandes" nations opprime d'autres nations dans les colonies et à l'intérieur de ses frontières", et ajoutant que dans ces pays "les tâches du prolétariat des nations dominantes y sont précisément celles du prolétariat d'Angleterre, au XIXe siècle, à l'égard de l'Irlande". Nous savons que Lénine, intransigeant sur ces questions au sein de l'Empire tsariste qu'il combattait et également soutien sans faille de la cause irlandaise, était par ailleurs proche de l’Écossais John MacLean, héraut d'un Parti communiste écossais indépendant (et indépendantiste !) qui lui dénonçait par lettre ouverte les manœuvres centralisatrices "britanniques" de certains dirigeants du PC de Grande-Bretagne ; Réflexions sur "La Question nationale et coloniale" - site MLM néerlandais "Massalijn"en revanche il est vrai qu'il n'a jamais été très prolixe sur la Bretagne, l'Occitanie, le Pays Basque et autres nationalités opprimées par et au sein de l’État français, et que dans le court texte qu'il rédigera en 1913 au sujet de l'incident de Saverne en Alsace, il semble considérer les Alsaciens insurgés contre l'autorité prussienne comme des... "Français".

    Bien sûr, pour être réellement efficaces et ne pas consister en des "compromis maurassiens" au service du chauvinisme d’État, en des "euro-régionalismes" au service d'une fantasmatique "Europe-civilisation" ou en la simple formation de nouveaux petits États impérialistes (comme le serait une Flandre indépendante par exemple), ces luttes doivent être clairement sur une ligne progressiste prolétarienne et populaire. Mais à partir de là, pour prendre les principales puissances impérialistes de la planète : toute affirmation "rouge" du Peuple travailleur écossais ou gallois est déjà une négation dans ses fondements mêmes du Royaume-Uni impérialiste britannique ; toute affirmation "rouge" des Peuples travailleurs occitan ou breton ou corse est déjà une négation dans ses fondements mêmes de l’État impérialiste bleu-blanc-rouge ; toute affirmation des Peuples québécois ou acadien, des Métis et bien sûr des Premières Nations autochtones remet en cause le Canada impérialiste ; toute affirmation de la question méridionale ou du Peuple sarde bat en brèche la puissance impérialiste "secondaire" italienne, etc. etc.

    C'est dans une telle perspective que nous avons pu, à l'automne 2013, soutenir le mouvement dit des Bonnets rouges en Bretagne ; un mouvement socialement et idéologiquement composite mais qui, si les petits-et-grands patrons ou les représentants de la grosse agriculture productiviste savaient (et avaient les moyens de) se mettre en avant, n'en était pas moins dans son essence profonde un mouvement des ouvriers et des paysans bretons dressés contre la crise qui frappait leur péninsule, pro vincia périphérisée de l’État français, après trois décennies de relative prospérité sous le signe de l'agroalimentaire. Et c'est encore dans cette perspective que nous avons rejeté la (piteuse) contre-manifestation du 2 novembre 2013 à Carhaix, appelée par les bureaucraties syndicales et la gauche jacobine type Mélenchon, pour ce qu'elle était : une tentative de remettre ce mouvement des ouvriers et des paysans de Bretagne sur le "droit chemin" de "la Républiiiiiique" et de "la citoyenneté françaiiiiiise", tout ceci baignant dans son bon vieux jus de propagande et de préjugés anti-bretons qui plongent leurs racines au plus profond de l'histoire tragique et héroïque d'asservissement brutal et de résistance acharnée de ce Peuple. Il faut bien dire (et il va de soi) que dans cette "affaire", nous nous sommes trouvés confrontés à tout ce que l'"extrême-gauche" francouille peut compter de soi-disants "anarchistes", "trotskystes" ou "marxistes-léninistes" et (en réalité) véritable aile gauche de la gauche républicarde jacobine - véritables nouveaux sans-culottes, en somme.

    La principale (et généralement peu constructive) critique que nous pouvons recevoir pour ce que nous venons d'exposer consiste (en définitive) en une assimilation de notre position à l'ethnisme, théorie principalement portée par le Parti national occitan (PNO). En gros, nous aurions des "fantasmes identitaires" et nous rêverions de multiplier les petits États sur le surface de l'Europe et de la planète, au lieu de viser l'abolition des frontières et l'internationalisme, l'unité internationale des prolétaires.

    Mais voilà : il se trouve tout d'abord que cet argument n'a rien de nouveau... et était déjà opposé à Lénine et à son principe de droit à l'autodétermination en son temps. Comme l'expose avec une clarté lumineuse le petit "manuel" mis en ligne par Massalijn : "L'un de ces arguments était que défendre l'autodétermination et la libération nationale allait à l'encontre de l'internationalisme prolétarien. Il était argué que le socialisme devait viser à la fusion de toutes les nations. Lénine était d'accord avec le fait que le but du socialisme était d'abolir la division de l'humanité en petits États, de rapprocher les nations jusqu'à les fusionner. Cependant, il pensait que ceci était impossible à accomplir par une fusion forcée des nationalités. La fusion des nations ne pouvait s'effectuer qu'en passant par une période transitionnelle de complète libération de toutes les nations opprimées, signifiant leur droit de se séparer. Présentant le programme du Parti en 1917, Lénine dit que : “Nous voulons la libre union des nationalités, c'est pourquoi nous devons leur reconnaitre le droit de se séparer : sans la liberté de se séparer, aucune union ne peut être qualifiée de libre”. Telle est l'approche démocratique du prolétariat vis-à-vis des questions nationales, par opposition à la politique bourgeoise d'oppression et d'annexion".**

    Réflexions sur "La Question nationale et coloniale" - site MLM néerlandais "Massalijn"Ou alors, de manière plus imagée : prenez un objet de type carton à alvéoles, carton compartimenté, et posez-le sur une table. Les compartiments sont les actuels États de la mappemonde, séparés par leurs frontières. Remplissez maintenant les alvéoles d'un nombre variable (mais remplissez-les toutes) de billes ou de cailloux, de noisettes bref de petits objets. Ce sont les Peuples réels que renferment les différents États. Retirez maintenant le carton alvéolé, autrement dit les États. Les noisettes-Peuples sont-elles encore plus séparées qu'avant... ou sont-elles réunies ? A-t-on l'impression d'être allé vers le cloisonnement et la séparation des Peuples, ou vers leur rapprochement ?

    "Si nous voulons la libre union des nationalités, nous devons reconnaître leur droit de se séparer ; sans la liberté de se séparer, aucune union ne peut être qualifiée de libre" : le processus vers le communisme est AUSSI un processus de fusion des nations en une grande "Commune" universelle ; MAIS pour cela, comme nous l'enseigne Lénine, elles doivent être LIBRES... Or le capitalisme, s'il donne naissance aux nations au sens moderne et peut ainsi conjoncturellement favoriser leur libération de grands Empires, tend STRUCTURELLEMENT à l'inverse : à la concentration en grands ensembles (grands États oppresseurs, "cartels" continentaux comme l'UE, Empires coloniaux ou néocoloniaux) sous la direction et au service de Centres capitalistiques ; et à ce stade des monopoles impérialistes où nous nous trouvons, les bourgeoisies ne peuvent plus être le "cœur", le moteur historique des libertés nationales ; le mouvement révolutionnaire des peuples travailleurs doit se substituer à elles dans ce rôle considerations-diverses-le-coeur-des-nations-est-aujourd-hui-le-peuple.

    Une argumentation de valeur universelle qui peut d'ailleurs (aussi) être opposée à certains de nos contradicteurs sur l'Ukraine, qui lorsque nous parlons de libre détermination des différentes régions (fut-ce en faveur d'une solution fédérale) nous répondent en criant à la volonté de "démembrer" l’État ukrainien - État qu'ils considèrent manifestement comme une "nation" où ne séviraient (à l'Est et au Sud) qu'une poignée de "colons" russes, montrant "carte à l'appui" les "maigres poches" où ces derniers seraient majoritaires (en blanc et rose clair, mais il s'agit là des vrais et "purs" Russes "ethniques") ; nonobstant que les habitant-e-s de chacune des deux moitiés considèrent former absolument tout sauf "une même nation" avec l'autre...

    Ils savent manifestement mieux que les gens sur place ce que ces derniers sont ou ne sont pas, ce qu'ils veulent être ou ne pas être ; sans tenir compte de sentiments et d'auto-définitions tels que "Zaporogue", identité qui donne effectivement une immense majorité ukrainienne si on la met dans le même sac "ukrainien" que la Galicie-Volhynie-Podolie, mais qui se sent en réalité très peu en commun avec ces régions, voyant dans leur nationalisme un "nouvel Empire polonais" [il est par ailleurs fascinant de constater la quasi coïncidence géographique entre le territoire cosaque zaporogue des 17e-18e siècles et celui de l'Armée insurrectionnelle de Nestor Makhno en 1919 !] ; ou encore "russo-ukrainien" ("et alors je dois me couper en deux ?") parlant le sourjyk (dialecte populaire mêlant allègrement les deux langues, parlé surtout dans la vallée du Dniepr - en orange sur cette carte), ou "je suis ukrainien (de diverses origines) mais je n'ai pas de problème avec la Russie", "Russes et Ukrainiens sont des Peuples frères" etc. etc. ; ou bien encore un sentiment qualifiable de "soviétiste" ("homo sovieticus", environ 40% de la population du Donbass revendiquerait cette identité...) comme pouvait exister un sentiment "yougoslaviste" durant la guerre qui a ravagé ce pays dans les années 1990 (sentiment très présent pour le coup... du côté bosniaque/sarajévien) ; ou simplement (mais non sans lien avec le précédent) un sentiment anti-bandériste voyant (non sans raisons...) dans le nationalisme de l'Ouest et dans ses soutiens allemands et occidentaux un revival de l'invasion nazie de 1941 ou en tout cas un "attentat" contre la cohabitation des nationalités, un "purisme" identitaire étranger à la culture de l'Est et du Sud...

    Car ce qui caractérise en fait l'Ukraine "pro-russe", c'est peut-être moins sa supposée "russité" que sa multiethnicité (comme toutes les cartes concordent à le montrer) avec le russe comme lingua franca (carte des partisans de sa co-officialité en 2007) ; c'est l'Ukraine nationaliste qui se caractérise par sa "pureté ethnique" (90% ou plus d'Ukrainiens/Ruthènes) et le vrai clivage pourrait bien en réalité être là, non pas entre des "Russes" et des Ukrainiens mais entre une idéologie de "pureté ethnique" (une Ukraine pour les "purs" Ukrainiens, une citoyenneté de seconde zone pour les non-Ukrainiens et les "impurs") d'un côté et une culture de coexistence des identités de l'autre... Autant de sentiments se reflétant qu'on le veuille ou non (et quoi que l'on en pense) dans les urnes des élections bourgeoises (cf. la carte des "deux Ukraines" aux élections de 2004 ou encore à celles de 2010) et désormais... dans le taux d'abstention (présidentielle et législatives 2014) ; sentiments incompatibles avec un État ukrainien centralisateur si le national-thatchérisme Euromaïdan dirige à Kiev comme c'est le cas depuis un an. Selon nous toutefois, la "Novorossiya" revendiquée par Poutine et certains leaders séparatistes  comme un bloc monolithique et un "appendice" de la Russie devant y être rattaché relève elle aussi du mythe, ce qui (comme nous l'avons vu plus haut) ne peut servir qu'à "vernir" une volonté expansionniste - qui est malheureusement un autre et incontournable aspect de ce conflit. Le Donbass, la Crimée et la région d'Odessa (Yedisan et Boudjak) ne sont pas une seule et même chose totalement uniforme, qui devrait simplement rejoindre la "Mère Russie" en bloc et sans autre forme de procès.

    Une mise au point nécessaire sur nos positions internationalistes et aux côtés des Peuples

    Mais revenons à notre sujet. Il se trouve ensuite que nous assimiler à l'ethnisme PNO est une franche caricature de nos positions [lire : luttons-nous-pour-ressusciter-le-comte-d-auvergne].

    Nous sommes, de la manière la plus simple qui soit, sur la position de Lénine puisqu'entre marxistes et maoïstes nous sommes léninistes, ce que nos détracteurs hexagonaux (généralement "anars") ont tout à fait le droit de ne pas être mais nous, nous le sommes. Or, pour Lénine, le DROIT à la séparation n'a jamais signifié l'OBLIGATION de se séparer pour former un État totalement indépendant - tout comme le droit au divorce n'a jamais signifié l'obligation de divorcer, ni l'interdiction de se remarier ou de se marier tout court. Là semble bien être notre différence fondamentale avec l'ethnisme, qui confond en réalité le droit avec l'obligation pour les Peuples de se séparer et de former des États indépendants - ceci conduisant d'ailleurs à un extrême pointillisme (pour ne pas dire pinaillage...) sur la définition et la délimitation de chaque "ethnie", sur qui parle quoi et jusqu'où (la langue étant le seul fondement de l'ethnie dans cette théorie...), dans quel village et pas dans quel autre ; des débats que, pour les avoir pratiqués, nous pouvons confirmer fatiguants.

    Réflexions sur "La Question nationale et coloniale" - site MLM néerlandais "Massalijn"Nous, nous disons que chaque population de chaque territoire dans chaque grand État européen doit comprendre et savoir qui elle est et d'où elle vient afin de briser les murs mentaux de la prison "nous sommes tous français", "nous sommes tous espagnols", "nous sommes tous italiens" etc. etc. - dans tout ce que ces "nous sommes tous" portent comme charge d'aliénation, d'inféodation à la bourgeoisie dirigeante de ces États et à son ordre social établi. Nous pensons aussi que la centralisation étatique, décidant et décrétant tout depuis une capitale, a vocation à disparaître au profit d'une subsidiarité décisionnelle du bas vers le haut. Mais si des Peuples travailleurs estiment qu'au sein d'un même État depuis des siècles, ils ont désormais beaucoup d'histoire et de luttes en commun et souhaitent rester (par exemple) fédérés avec leurs anciens compagnons d'infortune pour affronter ensemble le défi de bâtir le communisme ; allons-nous leur dire "non, vous êtes des Peuples différents et vous devez donc former des États indépendants différents, parce que c'est comme ça et pas autrement" ? Soyons sérieux deux minutes : bien sûr que non. C'est peut-être (et encore) ce que peuvent penser les ethnistes "purs et durs" ; mais présenter ainsi notre conception des choses relève de l'imposture intellectuelle.

    Notre position, comme celle de Lénine en son temps, est que les choix doivent être adaptés aux circonstances***. En décembre 1851, de très nombreux départements occitans se soulevèrent héroïquement (sous le drapeau rouge) contre le coup d’État réactionnaire de Louis-Napoléon Bonaparte et réussirent à tenir ses sabreurs en échec pendant de longs jours ; mais voyant que le coup d’État était victorieux à Paris (où une maigre insurrection avait été écrasée), ils déposèrent les armes. Aujourd'hui, il va de soi que nous ne re-commettrions pas la même erreur et que, face à un reste-de-l'Hexagone contre-révolutionnaire, nous proclamerions sans hésiter la sécession et ferions fonctionner selon les principes révolutionnaires n'importe quel territoire "rouge" d'Occitanie. Mais si les autres "provinces" et Peuples d'Hexagone... et même au-delà (péninsule ibérique, État italien etc.) devaient eux aussi être en révolution victorieuse, il est évident que notre faveur irait à une confédération démocratique (nous refuserions, par contre, toute hégémonie/ascendant d'un territoire donné sur les autres).


    * "Il (Lénine) classe les pays du monde en trois principales catégories :
    - Premièrement, les pays capitalistes avancés d'Europe de l'Ouest et d'Amérique du Nord. Ces pays sont des nations oppresseuses, qui oppriment d'autres nationalités dans leurs colonies mais aussi dans leur propre pays. La tâche du prolétariat dans ces nations dominantes est de s'opposer aux oppressions nationales et de soutenir la lutte des Peuples opprimés par leurs classes dirigeantes impérialistes [NDLR - Lénine définit ces tâches comme "précisément celles du prolétariat d'Angleterre, au XIXe siècle, à l'égard de l'Irlande"].
    - Deuxièmement, l'Europe de l'Est et la Russie. La tâche du prolétariat dans ces pays est de soutenir le droit des nationalités à l'autodétermination. Dans cette perspective, la tâche la plus difficile mais aussi la plus importante est de faire converger la lutte de classe des travailleurs des nations oppresseuses avec celle des travailleurs des nations opprimées.
    - Troisièmement, les pays semi-coloniaux tels que la Chine, la Perse, la Turquie et toutes les colonies, dont la population totale s'élève au milliard d'individus. Concernant ces pays colonisés, Lénine prit pour position que les socialistes devaient non seulement exiger leur libération immédiate, inconditionnelle et sans compensation mais aussi soutenir avec la plus grande détermination leurs mouvements de libération nationale et appuyer en actes leurs rébellions et guerres révolutionnaires contre les puissances impérialistes qui les oppriment."

    Un "classement" effectué, certes, il y a un siècle ; mais nos maoïstes états-uniens dont nous avons traduit l'excellent texte sur la Syrie/Rojava ne disent-ils pas eux-mêmes, dans celui-ci, que "nous sommes revenus au début du 20e siècle" ?

    [Peut-être peut-on aussi, éventuellement, rapprocher cette tripartition léniniste du monde de la classification par Samir Amin en Centres, semi-périphéries et périphéries :

    - Les Centres, semi-périphéries et périphéries sont des réalités à la fois territoriales et sociales ; sur la base du concept d'introversion/extraversion.

    - Les Centres sont les populations, sises dans des territoires, qui "pompent" (en quelque sorte) ; les périphéries celles qui sont "pompées" ; et les semi-périphéries celles qui sont d'un côté pompées mais bénéficient aussi d'un pompage.

    - Les Centres, ce sont les "métropoles mondialisées-connectées" petites bourgeoises occidentales (et japonaises, + quelques centres hors Occident, en Russie, en Chine, à la limite les oligarchies de chez oligarchie du Sud comme "centres relais"...).

    - La "semi-périphérie centrale", ce sont les masses populaires blanches ; c'est à dire effectivement presque tout le monde en Europe de l'Est et du Sud, mais aussi les masses les plus reléguées d'Europe de l'Ouest et d'Amérique du Nord. Ceci inclut la plus grande partie des peuples à question nationale d'Europe. On peut aussi y adjoindre, sans doute, une grande partie du Nord-Est asiatique.

    - La "semi-périphérie périphérique", ce sont les masses "indigènes" non-blanches du Nord global.

    - Enfin, la périphérie mondiale proprement dite c'est tout le reste : les 3/4 de l'humanité qui vivent en régime "semi-colonial semi-féodal".]

    ** Précisons ici que dans le même texte de référence, Lénine dit aussi que "Mais, d'autre part, nous ne souhaitons nullement la séparation. Nous voulons un État aussi grand que possible, une union aussi étroite que possible, un aussi grand nombre que possible de nations qui vivent au voisinage des Grands-Russes ; nous le voulons dans l'intérêt de la démocratie et du socialisme, en vue d'amener à la lutte du prolétariat le plus grand nombre possible de travailleurs de différentes nations. Nous voulons l'unité du prolétariat révolutionnaire, l'union et non la division"... ce que saisiront bien sûr au vol tous les jacobinards, espagnolistes et autres "britannistes" "rouges" pour alimenter et "confirmer" leurs "arguments" pourris ; alors que Lénine ne fait qu'exprimer là son internationalisme, son souhait (et c'est bien le moins que l'on puisse attendre de lui...) de voir le "maximum" de Peuples travailleurs unis autour de la révolution prolétarienne pour la libération de l'humanité et le communisme (et l'Empire tsariste, avec ses presque 22 millions de km² et ses 180 millions d'habitant-e-s à cheval sur deux continents, était bien sûr le cadre géographique "rêvé" pour cela), et nullement un quelconque centralisme jacobin conforme à leurs fantasmes (ou, mieux dit, à leur râtelier historique) de petits bourgeois et/ou d'aristocrates ouvriers. Il s'agit bien d'une union "la plus large et étroite possible" mais qui, comme on l'a dit, ne peut être qu'une union LIBRE, "librement" c'est-à-dire démocratiquement consentie et non forcée comme celle des 130 départements de la "France" "révolutionnaire" bourgeoise des années 1790-1800 ; une union d'ailleurs uniquement possible dans le cadre d'un système supérieur socialiste ("la révolution sociale met à l'ordre du jour l'union des seuls États qui sont passés au socialisme ou qui marchent vers le socialisme") ; et pour laquelle Lénine est d'ailleurs même prêt à "perdre" des Peuples au profit de la Réaction (Pologne, Finlande) au nom de ce principe supérieur de liberté d'union ou de séparation (une vision plus "jacobine" autoritaire était peut-être celle de Staline et de quelques autres ; ainsi que très certainement de Trotsky, Rosa Luxemburg et autres "hochets" perpétuellement agités par les "anti-staliniens" en réalité anti-léninistes ; mais elle fut impitoyablement combattue par Lénine jusqu'à son dernier souffle et le temps est révolu de faire dire à Vladimir Illitch tout et n'importe quoi - et surtout ce qui nourrit ses propres fantasmes de pathétique "soldat de l'an II" avec 220 ans de retard, d'"universaliste" impérial etc. etc.). Une telle union "libre" (démocratique) de Peuples marchant vers le communisme, il est bien évident que nous aussi la souhaitons la plus large possible, la plus "solide" au sens de détermination des Peuples associés à ne pas "lâcher" le projet révolutionnaire commun, et d'ailleurs pas (nous ne voyons pas pourquoi) limitée aux frontières hexagonales de l’État "français" légué par la bourgeoisie (les gens ne puent pas, à notre connaissance, au-delà de celles-ci).

    *** "L'exercice du droit à l'autodétermination dépend des circonstances historiques concrètes à un certain point déterminé de l'histoire. Il appartient aux révolutionnaires de travailler et d'influer politiquement sur la décision de la nation par rapport au droit à l'autodétermination. La décision du Parti révolutionnaire pourra être aussi bien l'autonomie que la fédération, la sécession ou toute autre option qui soit dans le meilleur intérêt des masses laborieuses, en particulier du prolétariat."  


    2 commentaires

  • http://www.couppourcoup31.com/2015/03/les-resultats-des-elections-sionistes-refletent-simplement-la-nature-raciste-de-l-etat-fplp.html

    Les résultats des élections sionistes reflètent simplement la nature raciste de l’État (FPLP)

    Déclaration du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP) à l'occasion des résultats des élections législatives en Israël. Pour rappel, le FPLP appelait au boycott de ces élections.

    Le Front Populaire pour la Libération de la Palestine a déclaré que les résultats de l'élection israélienne reflètent simplement la nature et la structure raciste et fasciste de la société sioniste qui a produit ces résultats et a élu le Parti Likoud et ses alliés de droite, engagés dans les attaques anti-palestiniennes les plus ouvertes et extrêmes contre notre Peuple et ses droits tout au long la campagne.

    La montée de l'extrémisme et du racisme dans la société sioniste et le climat de fascisme sont alimentés par l’échec des autorités palestiniennes et arabes à s’opposer à l’État d’occupation ainsi que par les puissances impérialistes internationales, qui offrent leur protection à ses crimes et à ses violations permanentes du droit international et préservent son immunité et son impunité de toute responsabilité ou poursuite.

    Le Front a souligné qu’affronter l'extrémisme sioniste et répondre à ces élections requiert une politique palestinienne claire et décisive qui balaye les illusions de la confiance envers des négociations futiles et établisse à la place une stratégie nationale unifiée pour affronter l'ennemi et pour lutter pour les pleins droits de notre Peuple, sur la base de notre chemin stratégique de résistance pour la victoire.

    Le Front a exigé l'exécution immédiate des résolutions du Conseil central palestinien prises lors de sa dernière session, de se désengager vis-à-vis de l’État occupant et de ses responsables officiels en premier lieu et surtout, de mettre fin à la coopération de sécurité et de rejeter les Accords d'Oslo qui ont été si destructeurs pour le Peuple palestinien, de mettre fin à la division interne palestinienne par un projet sérieux d'unité nationale basé sur un programme unifié et sur la reconstruction de l'OLP à travers des institutions élues et démocratiques englobant toutes les forces palestiniennes, et de continuer à exiger la poursuite des dirigeants de l’État sioniste devant la Cour pénale internationale.

    Source : FPLP - Traduction : A.C.

    Les résultats des élections sionistes reflètent simplement la nature raciste de l’État (FPLP)


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  • Devant la nauséeuse atmosphère de fascisation ambiante et d'"unité nationale" qui règne à l'heure actuelle, EN AVANT POUR LA RIPOSTE POPULAIRE la plus large, unitaire, massive et autonome possible ; pour un FRONT POPULAIRE PROGRESSISTE que le fascisme trouvera toujours sur son chemin !

    http://www.vp-partisan.org/article1416.html

    Le 21 mars prochain nous appelons à manifester pour la journée mondiale contre le racisme. Cela prendra place dans un contexte marqué par l’attaque de Charlie Hebdo suivi de l’attentat antisémite de la porte de Vincennes. Nous condamnons ces meurtres et nous refusons que cela soit utilisé pour banaliser l’islamophobie et renforcer les politiques d’État racistes et liberticides.

    Nous refusons que cela soit utilisé pour légitimer les théories d’un «choc des civilisations» qui dressent des populations les unes contre les autres en raison de leur religion réelle ou supposée.

    Nous condamnons l’islamophobie et l’antisémitisme et toutes les formes de racisme comme nous condamnons les stigmatisations contre les quartiers populaires.

    Nous refusons les actes négrophobes.

    Nous refusons la chasse aux migrantEs et aux Rroms et les limitations à la liberté de circuler.

    Nous refusons toute restriction à nos capacités de résister aux politiques antisociales au nom d’une «union nationale».

    Nous refusons de nous résigner à la montée de l’extrême-droite qu’elle prenne la forme du Front national, des groupes ouvertement fascistes et agressivement islamophobes et/ou antisémites.

    Nous dénonçons les gouvernements qui ont renforcé la chasse aux sans-papiers, le quadrillage des quartiers populaires et qui contribuent pleinement à la montée du racisme et des idées réactionnaires, notamment homophobes et sexistes.

    À cela nous opposons notre volonté de vivre ensemble et notre exigence d’égalité des droits et de justice sociale.

    C’est pourquoi le 21 mars nous manifesterons ensemble en France et dans tous les pays du monde contre le racisme et contre le fascisme.

    Pas de discours, l’égalité ou rien !

    Nous exigeons :
    - la fin des contrôles au faciès
    - l’arrêt des démantèlements de camps de Rroms
    - le retrait des lois racistes dirigées contre les MusulmanEs
    - le retrait des lois liberticides et sécuritaires
    - la régularisation de touTEs les sans‐papiers avec une carte de séjour de 10 ans
    - la fermeture de Frontex, des centres de rétention et la liberté de circulation et d’installation
    - le droit de vote des étrangers

    Parce que notre indignation n’est pas sélective, nous n’oublions pas, aux côtés des victimes des attaques de Charlie hebdo et de l’Hyper-‐Cacher, les milliers de migrantEs disparuEs en Méditerranée et ailleurs, les victimes des violences policières dans nos quartiers ainsi que Rémi Fraisse, manifestant tué par la police. Nous n’oublions pas les mortEs de Gaza, de Homs, du Nigéria ou de Kobané et toutes les victimes de la guerre comme nous n’oublions pas les victimes de la violence d’extrême‐droite.

    C’est en leur mémoire que nous appelons à descendre massivement dans la rue le 21 mars prochain.

    21 mars à Paris (Barbès) et Toulouse (Empalot) : Ensemble contre tous les racismes et le fascisme, l’égalité ou rien !

    Signataires :

    À l’initiative de l’UNSP (Union Nationale des Sans-Papiers)

    UNSP (Union Nationale des Sans-Papiers), ACDR (Arts et Cultures des Deux Rives), ACLEFEU, ACORT (Assemblée citoyenne des Originaires de Turquie), ACTIT (Association Culturelle des Travailleurs Immigrés de Turquie), Act Up-Paris, AFA (AntiFasciste Action Paris Banlieue), AIDDA (Association Interculturelle de production, de Diffusion et de Documentation Audiovisuelle), AMDH — section Paris/IdF (Association Marocaine des Droits Humains), AMF (Association des Marocains en France), ARDLFM (Association pour la Reconnaissance des Droits et Libertés aux Femmes Musulmanes), ASM (Afrique Survie Migrations), ASTI93, ATF (Association des Tunisiens en France), ATMF (Association des Travailleurs Maghrébins de France), Association PLUS (Papiers Liberté Unité Solidarité), Association Varec’h, ATTAC France, BAN (Brigade Anti-Négrophobie), Brigade des Mères (Sevran), Collectif 3C (Culture, Citoyenneté, Création), Collectif 8 mars pour touTEs, CAPAB (Collectif Antifasciste PAris Banlieue), CEAL (Collectif enseignant pour l’abrogation de la loi de 2004), CEDETIM/IPAM, CISPM (Coalition Internationale des Sans-Papiers et Migrants), Collectif antifa La Horde, Collectif citoyens, Collectif D’ailleurs Nous Sommes d’Ici 37, Collectif D’ailleurs Nous Sommes d’Ici Strasbourg, Collectif de Taksim, CFPE (Collectif Féministes Pour l’Égalité), Collectif Stop le contrôle au faciès, Collectif Universel Paris 8, Collectif Urgence notre police assassine, Collectif Vérité et Justice pour Ali Ziri, Collectif Vérité et Justice pour Wissam, Collectif Paris 18 Charles Hermite contre le racisme et l’extrême-droite, CSP17 - Foyer St Just, CSP75, CSP93, CSP95, CSP Livry Gargan, CTSP Vitry-94, Coordination Régionale Rhône-Alpes de soutien aux sans-papiers et sans droits, Commission Islam et Laïcité, DIEL (Droits Ici Et Là-bas), Droits Devant !!, EPI, ETM (Égalité Toulouse Mirail - Écoles TiersMondes46), FASTI (Fédération des Associations de Solidarité avec TouTEs les ImmigréEs), Femmes plurielles, Femmes en Luth, Femmes en Lutte 93, Ferguson in Paris, FFR (Filles et Fils de la République), Fondation Copernic, Fondation Frantz Fanon, FTCR (Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives), FUIQP (Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires), Génération Palestine - Paris, ICAD (Comité International contre les Disparitions Politiques), IJAN (Réseau international juif antisioniste), Intégration 21, La Voix des Rroms, Les Indivisibles, Liste des Sans-Voix - Paris 18e, Lumière & Couleurs 93, MPF/HM2F (MusulmanEs Progressistes de France / HomosexuelLEs MusulmanEs de France), MTE (Mamans Toutes Égales), Même droits pour Toutes et pour Tous, MILI (Mouvement InterLuttes Indépendant), Respaix Conscience Musulmane, REMCC (Réseau Euro-Maghrébin Citoyenneté et Culture), Riposte antifasciste, SKB (Union Socialiste des Femmes), Sortir du Colonialisme, UJFP (Union Juive Française pour la Paix), UTIT (Union des Travailleurs Immigrés Tunisiens), Voix des Femmes Migrantes, YS (Young Struggle), CNT-STE 75, Fédération Solidaires étudiantEs, Sud éducation 84, Sud éducation-Créteil, Syndicat National Solidaires Justice, Union syndicale Solidaires, Alternative Libertaire, Ensemble, EELV (Europe Écologie Les Verts), FCP (Force Citoyenne et Populaire), MJCF (Mouvement Jeunes Communistes de France), NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste), PCF (Parti Communiste Français), OCML Voie Prolétarienne.

    À Toulouse : Act Up Sud Ouest, ATTAC, CLIME, CNT, Collectif Palestine Libre, Collectif UAP 31, Coup Pour Coup 31, CREA, DAL, Égalité Toulouse Mirail, Front populaire tunisien, Solidaires 31, Solidaires Étudiant-e-s, Sud Éducation 31, Survie 31, UAT, AL, NPA, OCML VP.

     


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  • 39 ans après le coup d’État argentin, un documentaire à voir et revoir absolument : "Escadrons de la mort, l'école française"Le 24 mars 1976 avait lieu en Argentine un coup d’État militaire qui devait ouvrir 7 années d'une véritable nuit noire fasciste : 30.000 "disparus" (desaparecidos), 15.000 fusillés, 9.000 prisonniers politiques et 1,5 million d'exilés pour 30 millions d'habitants.

    Pour être (de loin) la plus sanglante de l'histoire du pays, cette junte militaire n'était pour autant pas la première : il s'agissait en fait du quatrième coup d’État dans le pays en un peu plus de 20 ans (1955, 1962, 1966 et enfin 1976) ; dans un contexte de lutte contre la poussé révolutionnaire du Peuple mais aussi de "guerre des deux droites" entre une droite péroniste plus nationaliste (dans la lignée de Rosas) et "sociale" et une autre (représentée par le "parti militaire") plus ouvertement liée à l'impérialisme - les illusions réformistes, "progressistes" et "anti-impérialistes" au sujet du péronisme seront pendant près d'un demi-siècle un facteur essentiel de la politique argentine, donnant naissance à de véritables mouvements de masse et même des luttes armées alors que Perón et la droite péroniste n'ont pourtant jamais hésité, tant au pouvoir... que "dans l'opposition" sous les juntes, à réprimer dans le sang la gauche radicale.

    L'une de ces dictatures au service de l'oligarchie compradore et de l'impérialisme (1966-73), qui s'était revêtue du nom (sans rire !) de "Révolution argentine", avait déjà donné lieu à une répression brutale des mouvements sociaux et révolutionnaires ; tout comme d'ailleurs (après la mort du général "justicialiste" revenu brièvement au pouvoir en 1973-74) le régime de sa veuve Isabel et de son ministre des Affaires sociales et "secrétaire particulier"/éminence grise José López Rega (1974-76).

    Or, et c'est ce qu'il est absolument capital de savoir, ce qui guidera durant toutes ces années (dès 1959-60 !) la répression du Peuple et des révolutionnaires en Argentine (comme d'ailleurs dans toute l'Amérique latine) sera la théorie de la "guerre anti-subversive" développée dès les années 1950 par des militaires de l'impérialisme français comme Charles Lacheroy ou Roger Trinquier (pour la théorie) et Marcel Bigeard ou encore Paul Aussaresses (pour la "pratique") ; des "méthodes" qui s'illustreront notamment, de manière tristement célèbre, dans la guerre d'extermination contre la révolution algérienne (1954-62) et que leurs sinistres exécutants seront ensuite chargés par le gouvernement bleu-blanc-rouge d'aller enseigner outre-Atlantique... De fait, et de l'aveu même de ceux qui en furent chargés, toutes les grandes répressions contre la gauche révolutionnaire sous les régimes militaires sud-américains (ainsi que la guerre d'extermination impérialiste US contre les communistes au Vietnam !) auront été strictement calquées sur la fameuse "bataille d'Alger".

    Voici le documentaire :

    À lire aussi, la Déclaration "Aux Peuples d'Amérique latine" de la Junte de Coordination Révolutionnaire (Tupamaros-MIR-ELN-ERP) lancée en novembre 1974 par cette coordination d'organisations marxistes révolutionnaires en réponse au sinistre "Plan Condor", mis en place la même année par les juntes fascistes des même pays.

     


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  • Pour expliquer le plus clairement possible notre position au sujet de l'"État islamique" et de l'ensemble des évènements en cours au Proche et Moyen-Orient, il serait possible de prendre beaucoup d'exemples historiques.

    Prenons, pour sa proximité géographique et ses similitudes géopolitiques, celui de l'Empire ottoman lors de la Première Guerre mondiale :

    - Celui-ci était, certes, déjà constitué sur un territoire donné (consistant en l'actuel État turc + le Machrek arabe) alors que Daesh "part de rien" ; toutefois, il s'agissait alors de "capitaliser" (au bénéfice de la bourgeoisie turque) cet immense territoire qui, dans sa majeure partie, ne fonctionnait pas encore dans le cadre d'une économie capitaliste moderne (bien que le capitalisme marchand y soit présent et ancien, plus ancien même qu'en Europe). Avec ses vilayet (provinces) et ses milliyet (communautés ethno-religieuses) très autonomes et liées au sultan par "traité", l'Empire n'était en fait pas vraiment un État-"nation" moderne au service d'une bourgeoisie "centrale" - et c'est justement ce que ses dirigeants voulaient faire de lui...

    - L'idéologie qui présidait à cela (celle des "Jeunes-Turcs" Union et Progrès) était certes plutôt de type laïciste (encore que beaucoup moins que le kémalisme ultérieur) et moderniste. Ces idéologies ont depuis, dans cette partie du monde, connu un recul considérable et l'on a assisté à un renouveau des étendards religieux supposés plus "authentiques" et "enracinés". Mais tout ceci est en réalité très secondaire.

    - Toute guerre contre cet Empire ne pouvait alors consister qu'à le dépecer en colonies directes ou en semi-colonies de l'Europe impérialiste. Le seul impérialisme à lui dire (en substance) "on ne touchera pas à votre intégrité territoriale si vous êtes nos fidèles vassaux" était l'impérialisme allemand ; et c'est par conséquent à celui-ci qu'était alliée Istanbul (Constantinople à l'époque) pour mener cette entreprise de "capitalisation" du territoire au service de la bourgeoisie turque.

    - Contrairement à ce qu'affirment les complotistes, l'"État islamique" n'a aujourd'hui aucun soutien impérialiste du G8 ni du G20. Deux "émergents" expansionnistes du G20 peuvent éventuellement lui apporter un soutien indirect et contradictoire : l’État turc et l'Arabie saoudite. Mais Daesh n'en est pas moins une démarche 1°/ nullement anti-impérialiste ni de libération nationale (arabe par exemple), 2°/ (au contraire) clairement au service d'un Grand Capital : les milliards de pétro-dollars accumulés entre les mains de quelques familles oligarchiques du Golfe, 3°/ consistant en la construction à marche forcée (par des méthodes d'une brutalité terrifiante) d'une base d'accumulation capitaliste ; cette fois-ci en conquérant/soumettant premièrement le territoire et la population là où l'Empire ottoman avait déjà son territoire, mais devait le "capitaliser" tout en en empêchant le dépeçage (là encore, ces différences sont secondaires).

    - Le projet "Jeune-Turc" s'appuyait sur la bourgeoisie turque qui se sentait "humiliée" et "marginalisée" dans son propre pays ; tandis que les minorités nationales étaient ouvertement utilisées (depuis plus d'un siècle) comme points d'appui par les projets impérialistes de dépeçage (exemple type : les Arméniens par la Russie et ses alliés... français, mais aussi les chrétiens en général - du Liban notamment, de Syrie etc. ou encore les Arabes par les Anglais, sans oublier l'immigration sioniste en Palestine). Aujourd'hui, toute personne réfléchissant un peu sait pertinemment où se trouve la matrice de l'"abomination" Daesh : dans la frustration et l'humiliation des tribus arabes sunnites du Nord irakien depuis la chute de Saddam Hussein en 2003 (l'Armée baasiste de la Naqhsbandiyya d'Ezzat Ibrahim al-Douri a même été une proche alliée de l'organisation dans les opérations de 2014, avant de rompre et de commencer à l'affronter), l'occupation anglo-américaine du pays et l'installation à sa tête d'un pouvoir chiite (lire ici un très intéressant entretien avec un spécialiste de la région à ce sujet). Ce sentiment s'est communiqué par capillarité culturelle et tribale aux Arabes sunnites de l'Est syrien, confrontés eux aussi à un pouvoir "chiite" (alaouite) et pro-iranien dans une terrible guerre civile (depuis 2011). Sans s'appuyer sur cela, l'"État islamique" n'aurait pas pu exister. Il s'appuie certes, aussi, sur une démarche ressemblant beaucoup (pour le coup)... à l'un des instruments de dépeçage de l'Empire ottoman : le sionisme, en présentant le territoire qu'il contrôle comme une "Terre promise" pour les "musulmans du monde entier" invités à venir y mener une vie "islamiquement pure". Ceci est l'aspect principal du djihadisme venu des pays occidentaux : une logique sioniste "version musulmane" consistant à chercher une "Terre promise" plutôt que de lutter en tant que racisé là où l'on vit*. Mais ce phénomène n'est pas suffisamment massif pour permettre de contrôler un aussi vaste territoire sans appui local. Cet appui local, c'est donc la frustration arabe sunnite de cette vaste région longeant (en substance) le fleuve Euphrate.

    - POUR AUTANT, être en lutte contre une telle marginalisation et de telles menées impérialistes ne pouvait justifier (de la part des Turcs) des choses telles que le génocide des Arméniens et les massacres perpétrés contre d'autres minorités (comme les chrétiens assyriens, aujourd'hui à nouveau visés par Daesh). Ces crimes contre l'humanité devaient (et doivent encore aujourd'hui) être dénoncés avec la dernière force et la place de leurs auteurs décisionnaires était au bout d'une corde ou devant un peloton d'exécution, comme celle des nazis après la Seconde Guerre mondiale.

    - De la même manière, aujourd'hui, le "Califat" de Daesh comme base de valorisation des pétro-dollars du Golfe (qui le financent) passe par l'anéantissement de toute minorité non-arabe sunnite (Kurdes, chrétiens assyriens, Yézidis, Turkmènes etc.), perçue comme hostile par nature, et ne peut au demeurant s'imposer aux masses arabes sunnites elles-mêmes que par la terreur. Ces atrocités ne peuvent évidemment être justifiées ni tolérées par les consciences progressistes ; et justifient au contraire un soutien total aux forces populaires qui leur résistent et les combattent, pour y mettre fin et en punir les auteurs.

    - Il n'en reste pas moins que, la Première Guerre mondiale terminée et l'Empire ottoman vaincu, la condamnation de ses atrocités n'était nullement incompatible avec le refus de son dépeçage impérialiste par les vainqueurs (Traité de Sèvres) ; lequel dépeçage n'avait rien à voir avec le droit des peuples à l'autodétermination et tout à voir avec la formation de colonies et de semi-colonies (de bases d'accumulation) au profit des monopoles occidentaux (les Arabes "libérés" ne tardèrent d'ailleurs pas à s'en rendre compte, sans même parler des Kurdes dont les droits nationaux furent tout simplement passés par pertes et profits). Les marxistes n'avaient pas à accepter une domination bourgeoise turque (appuyée par l'Allemagne) sur les Peuples de l'Empire ottoman, a fortiori une domination génocidaire  ; mais ils n'avaient pas non plus à accepter des États "nationaux" fantoches et autres protectorats au service de l'impérialisme, et une domination impérialiste sur le Peuple turc lui-même.

    Une telle politique ne pouvait en effet déboucher que sur un nouveau cycle de revanches et de massacres et engendrer (en réaction) un nouveau monstre réactionnaire : c'est ce qui se produisit avec une poignée d'anciens "Jeunes-Turcs" regroupés autour de Mustafa Kemal pour livrer une "guerre d'indépendance" qui terminera le "nettoyage" ethnique des communautés chrétiennes (Arméniens, Grecs) et donnera naissance à l'actuel État turc, nouvelle Prison des Peuples "modèle réduit" qui après moultes péripéties finira par trouver sa place - comme "pièce maîtresse" - dans le système de domination impérialiste de la région (il faut dire que son idéologie "moderniste" d'imitation fanatique de l'Occident lui aura largement facilité une telle intégration)... Un "ordre" régional à présent (comme chacun-e peut le voir) une nouvelle fois battu en brèche. Car en réalité seule une solution démocratique, forcément synonyme de révolution sociale contre les classes exploiteuses locales et le Capital impérialiste du "Nord", pouvait réellement en finir avec le va-et-vient éternel des "revanches" et des expansionnismes bourgeois (constructions de bases d'accumulation capitalistes) et permettre une véritable cohabitation fraternelle entre les Peuples, nationalités et autres communautés (confessionnelles par exemple) de cette région de monde.

    - C'est exactement la même chose aujourd'hui ; et tel est le fondement de toute notre position. Les communistes que nous sommes n'acceptent pas la barbarie infligée par l'"État islamique", au service de ses financeurs pétro-milliardaires du Golfe, aux populations des territoires qu'il contrôle. Mais ils n'acceptent pas non plus, pour autant, les "découpages" et autres "re-dessins" de la région que les puissances impérialistes nous servent depuis (justement) la Première Guerre mondiale et qui ont à voir avec tout sauf l'intérêt des Peuples.

    La question kurde doit trouver sa solution démocratique dans un Kurdistan démocratique (au service du Peuple kurde et non d'une oligarchie liée à l'impérialisme). Mais les Arabes sunnites, quels que soient les crimes commis par leurs élites en alliance avec Daesh ou (hier en Irak) avec le régime de Saddam Hussein, ont eux aussi le droit de recevoir un traitement démocratique. Sans cela, le cycle de revanche ne ferait que "repartir pour un tour" au seul et unique bénéfice des rivalités impérialistes et expansionnistes régionales. Cette solution démocratique pourrait fort bien (pourquoi pas ??) prendre la forme d'une "Assyrie" démocratique le long de l'Euphrate et du Tigre jusqu'à Bagdad (ville conçue à l'origine comme un "carrefour", un hub à la "croisée des chemins" plutôt que la capitale-"centre" d'un État-"nation") ; entité qui aurait (après tout) une toute autre cohérence et continuité historique et culturelle que les États irakien et syrien actuellement existants, et dans laquelle les minorités non-arabes et non-sunnites (présentes depuis des millénaires) auraient bien sûr naturellement leur place. L'Irak chiite, au sud de Bagdad, s'appelle historiquement la Chaldée (ou "Basse Mésopotamie") et il a lui aussi sa cohérence sociale et culturelle depuis des millénaires. Quant à la ville de Bagdad elle-même, elle pourrait redevenir la place-carrefour et la métropole multiculturelle qu'elle était à son origine (et que la région, où le Tigre et l'Euphrate se rapprochent jusqu'à presque se toucher, a de fait toujours joué dans l'histoire - depuis Babylone en passant par Ctésiphon et Séleucie) : ʿĀsimat ad-Dunyā, le "centre du monde" arabo-oriental. Le Proche-Orient proprement dit (Syrie, Jordanie, Liban et Palestine) a vocation à tendre vers l'unification démocratique ; et la question palestinienne doit elle aussi être résolue dans une Palestine unie et démocratique où la population juive venue d'Europe, des autres pays arabes, d'Iran ou encore d’Éthiopie (sans oublier celle qui a... toujours été là : il y avait 20.000 Juifs en Palestine avant l'immigration sioniste)  n'aurait pas plus ni moins de droits que les Palestiniens définis comme arabes (chrétiens ou musulmans) - dans cette perspective, d'ailleurs, pourquoi la présence juive devrait-elle s'arrêter au Jourdain ? Les Palestiniens de l'exil, eux, auraient bien entendu un droit absolu au retour sur leur terre, dont ils ont été chassés en 1948-49 et en 1967.

    On pourra bien sûr nous rétorquer que tout ceci est "utopique", "irréaliste". Mais à un moment donné, être communiste, c'est aussi savoir dire "you may say I'm a dreamer but I'm not the only one", "soyons réalistes, exigeons l'impossible" : affirmer que ce qui sépare le "rêve" de la réalité n'a souvent pour seul nom que la VOLONTÉ POLITIQUE, la stratégie révolutionnaire correcte et les moyens implacables de la mettre en œuvre.

    Tout ceci pourrait (et même devrait, et même doit) avoir pour base un principe politique de COMMUNE POPULAIRE se fédérant d'échelon en échelon dans un esprit de subsidiarité (rien de traité "d'en haut" s'il peut l'être "d'en bas")... pourquoi pas jusqu'à l'ensemble de ce qui formait en 1914 l'Empire ottoman ! Mais cette fois sans aucune domination d'une nationalité, d'une communauté confessionnelle ou d'une région particulière sur les autres.

    Cette idée, d'ailleurs, nous croyons la percevoir en germe (avec toutes ses limites de germe, de chose naissante et fragile) dans les conceptions des combattant-e-s kurdes de Rojava ; lutte que nous soutenons fermement et sans réserve. En réalité, cette lutte a d'ores et déjà cessé d'être une simple lutte de libération nationale kurde : elle est devenue celle d'une certaine vision progressiste du Proche et Moyen-Orient de demain, contre d'autres toutes plus réactionnaires et ennemies des Peuples les unes que les autres.

    Voguons encore une fois vers "l'Orient compliqué"...Voguons encore une fois vers "l'Orient compliqué"...Voguons encore une fois vers "l'Orient compliqué"...Voguons encore une fois vers "l'Orient compliqué"...


    * Pour celles et ceux qui penseraient encore qu'il y a quelque chose de "subversif" et d'"anticapitaliste" dans l'idéologie salafiste (djihadiste ou pas) : le salafiste djihadiste "repenti" - et désormais "militant anti-djihad" - Mourad Benchellali (30 mois d'emprisonnement à Guantanamo dans les années 2000) organisait ce jour même une "rencontre" à Vénissieux... avec l'ancienne présidente du Medef, Laurence Parisot !

    http://www.20minutes.fr/lyon/1560027-20150311-venissieux-laurence-parisot-invitee-minguettes-mourad-benchellali

    Mais attention hein, faut pas confondre : on parle là de capitalisme "musulman", "éthique" bien sûr ! À la trappe la lutte de libération en tant que racisé-e-s en articulation avec la lutte des classes ; place au salut capitaliste individuel par l'entreprise et le "bizness". Et si ce n'est pas possible "au quartier", comme Mourad Benchellali s'efforce d'en convaincre les "jeunes", alors il y a la "Terre promise" du "Califat" pour "devenir quelqu'un" ; dans le même esprit que les sionistes allant en Palestine en 1910 ou 1920 ou les colons américains partant vers l'Ouest au 19e siècle. Il n'y a pas à chercher plus loin la racine de ce sionisme musulman qui a déjà poussé des centaines de personnes à partir en Syrie : c'est cet esprit de "devenir quelqu'un" individuellement (fut-ce enrobé dans un pseudo-esprit de "communauté") qui se trouve "bouché" par la structure même du capitalisme en Hexagone et qui se cherche donc un terrain "débouché", plutôt que de "déboucher" les choses sur place en abattant le capitalisme et ses structures racistes (colonialistes intérieures). Mourad Benchellali en est aujourd'hui revenu comme des dizaines d'autres (avec un peu de chance) en reviendront demain. Ce qui est beaucoup moins certain, c'est qu'il ait identifié et extirpé la racine du problème...


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  • http://basnews.com/en/news/2015/03/08/german-socialist-killed-in-war-against-is-in-syria/

    C'est une triste nouvelle qui est tombée ce dimanche : Ivana Hoffmann, allemande d'origine africaine, a été tuée samedi dans les rangs du MLKP au cours d'un combat contre l'"État islamique" près de Tel Tamr (village assyrien - chrétien - du nord-est de la Syrie, près du Rojava kurde).

    De son nom de guerre "Avaşin Tekoşin Güneş", elle était née en Allemagne en 1995 (d'un père togolais et d'une mère allemande) et combattait depuis 6 mois dans les forces du Parti communiste marxiste-léniniste de Turquie, allié du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) et de sa branche "syrienne" (le PYD) contre les expansionnistes réactionnaire de Daesh. "La camarade Avaşin Tekoşin Güneş est immortelle"déclaré le MLKP qui, comme nous l'avions déjà évoqué, appelle les communistes et les révolutionnaires/progressistes du monde entier à soutenir le Rojava démocratique contre les milices de type nazi des pétro-dollars du Golfe (en quête de terrains d'investissement et de valorisation).

    Sa mort fait suite à celle, au cours des dernières semaines, de deux autres volontaires occidentaux engagés aux côtés des YPG (Unités de Protection du Peuple du PYD), un Anglais et un Australien.

    Le dégagement, fin janvier-début février, de la poche de Kobanê est hélas encore loin de signifier la fin victorieuse de la guerre et l'heure de la libération pour les millions d'hommes et de femmes emprisonné-e-s dans le monstrueux projet de "Califat islamique" à cheval sur les États irakien et syrien ; un projet qui ne peut que rappeler (en "miniature") le Lebensraum nazi en Europe ou la "sphère de coprospérité" impérialiste japonaise en Asie-Pacifique, comme construction accélérée et ultra-violente d'une base d'accumulation capitaliste.

    Il faut par ailleurs rester vigilants face aux tentations de type thoréziste, à la tête du PKK, de "vendre" à l'Occident la victoire contre l'hydre djihadiste (qu'il a lui même engendrée !) en échange de son "appui" dans des négociations capitulatrices avec l’État turc. La camarade Ivana avait affirmé, pour sa part, souhaiter poursuivre le combat contre ce dernier après la victoire kurde du côté "syrien" ; chose dont la mort l'a hélas empêchée...

    Rojava : une communiste afro-allemande tuée dans les rangs du MLKP

    "Ses rêves sont nos rêves, sa route est notre route et son souvenir est notre HONNEUR !"

     


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  • Programme susceptible d'être réactualisé, à suivre donc ici : http://semaine-anticoloniale-et-antiraciste-marseille.over-blog.com/2015/02/du-5-au-21-mars-nouvelle-semaine-anticoloniale-et-antiraciste-de-marseille.html

    # Jeudi 5 mars à 20h30 > DÉCOLONISATION GÉNÉRALE
    conférence gesticulée de Jean B

    « Je parle de millions d’hommes à qui l’on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité… » (Aimé Césaire).
    De missions humanitaires sur le terrain en passant par la Françafrique, la "Zone A Défendre" (ZAD) et la Palestine, cette conférence gesticulée nous invite à questionner certains privilèges et dominations très actuels, et de confronter certaines réalités rencontrées à quelques-uns de nos grands mythes.
    Il y a urgence à ne plus nous taire! Rencontrons-nous ». Jeanbe

    (Dar Lamifa - 127 rue d'Aubagne, Marseille 6e).

    # Samedi 7 mars à 20h > APPEL À LA MARCHE DE NUIT NON-MIXTE

    La rue est à toi, viens à la Marche !

    Pour se rencontrer, crier, chanter notre rage. Parce que c'est l'occasion de faire quelque chose ensemble, un moment où l'on s'affirme, où l'on se sent fortEs et fièrEs quelles que soient nos différences de vies ou de vécus.

    Nous sommes solidaires et en colère ! Nous prenons la rue et la parole pour affirmer : la liberté de décider de nos vies partout et toujours !

    Marchons la nuit, pour ne plus nous faire marcher dessus le jour !

    Rendez-vous à 20h00 devant les grilles du palais Longchamp pour le début de la Marche (côté têtes de lion/fontaine) entre femmes, féministes, gouines, meufs, trans, lesbiennes.

    # Mardi 10 mars à 18h30 > DES NOUVELLES DE PALESTINE AVEC SAMAH JABR

    Où il sera question de la situation en Palestine, après le massacre des palestiniens de Gaza de cet été...
    Samah Jabr est jérusalémite. Elle est psychiatre et psychothérapeute et exerce en Palestine occupée. Auteure, elle a beaucoup écrit sur les traumatismes de la vie des palestinien-ne-s sous occupation. Dans son dernier texte paru en langue française, elle reviens sur l'affaire Charlie Hebdo et la récupération politique orchestrée par les différents gouvernements, et les conséquences pour le peuple palestinien : http://assawra.blogspot.fr/…/ce-quont-perdu-les-palestinien… (rendez-vous organisé avec BDS-Marseille)

    (Manifesten - 59 rue Adolphe Thiers - 13001 Marseille 1er)

    # Mardi 10 mars à 21h > Projection de MOUJAHIDATE (documentaire d'Alexandra Dols)

    Projection en présence de la réalisatrice, qui présentera son film et répondra aux questions du public.
    Des femmes, engagées au sein du FLN-ALN pour l'Indépendance de l'Algérie témoignent.
    En ville, dans les villages ou au maquis, soutien logistique et moral, agent de liaison, infirmière ou poseuse de bombe, leurs formes et lieux d'engagements sont multiples, tout comme leurs identités sociales.
    Dans ce film, des moudjahidate partagent donc avec nous leurs expériences et mémoires. Photos d'époques et extraits de films se tressent avec les récits de Fatma Chebbah Abdelli, Zohra Drif Bitat, Louisette Ighilariz, Baya Outata Kollé, Baya Laribi Toumia ainsi que celui de l'historienne et elle-même ancienne combattante Danièle Djamila Amrane Minne.
    Alors pourquoi et comment ont-elles commencé à « activer » ? Quelles spécificités et stratégies ont-elles eu en tant que femme dans cette lutte ? Quels regards portent-elles sur cette période et qu'ont-elles à nous transmettre ?

    Alexandra Dols est auteure-réalisatrice. Moudjahidate est son dernier long métrage. Elle intervient également depuis 2009 en milieu scolaire pour transmettre des outils d’éducation à l’image et apprendre à les interroger.
    (Manifesten - 59 rue Adolphe Thiers - 13001 Marseille 1er)

    # Mercredi 11 mars > VÉRITÉ ET JUSTICE POUR MORAD !

    Le 1er avril 2014, vers 15h, deux policiers en civil interviennent dans un bâtiment de la cité Fontvert, dans les quartiers nords de Marseille. Morad Touat, 16 ans, tente d’échapper aux policiers et se réfugie dans un appartement au deuxième étage. Poursuivi par l’un des policiers jusqu’au balcon, Morad chute. Il décèdera le 5 avril, après quatre jours passés dans le coma. Depuis, sa famille se bat de toutes ses forces pour comprendre les circonstances exactes du décès du minot. Le 10 juillet 2014, la police des polices (IGPN) conclue à un « manque d’infraction » de la part des policiers. Ce qui conduira la maman de Morad à déclarer que son « fils est mort deux fois : une fois le 5 avril, puis une autre fois, le 10 juillet ». La famille s’est constituée partie civile et a porté plainte. A ce jour, aucune information judiciaire n’a été ouverte et la famille de Morad est totalement délaissée par les institutions.

    Venez rencontrer la famille de Morad et participer au repas de soutien que nous organisons le 11 mars 2015, à Manifesten. Tous les bénéfices de cet événement aideront la famille de Morad à mener son combat pour obtenir Vérité et Justice !

    Pour en savoir plus, voir la page Facebook "Combat Pour Morad"
    Projection d'un documentaire : ABDEL POUR MEMOIRE - "Malik à Paris, Abdel en banlieue, Plus jamais ça!" (Réal. : Mogniss H. Abdallah/Agence IM'média) - Rencontre et débat - Repas solidaire. Une soirée organisée par le collectif Angles morts.
    Le collectif Angles Morts a publié, en 2014, Permis de tuer (éditions Syllepse).
    (Manifesten - 59 rue Adolphe Thiers - 13001 Marseille 1er)

    # Jeudi 12 mars > DETTE & EXTRACTIVISME

    Rencontre avec Nicolas Sersiron (président du CADTM-France), autour de son dernier livre et, plus généralement, des luttes soutenues par le CADTM.
    Le système dette est un grand levier de l’accaparement par les multinationales et les pays industriels des ressources naturelles des pays du Sud. Au Nord comme au Sud, à travers les plans d’austérité, il favorise le transfert de la plus value du travail vers les détenteurs de capitaux. Quand à l’extractivisme, c’est un nouveau mot qui permet de rassembler trois grands pillages : celui des ressources naturelles, humaines et financières. Dette et extractivisme sont des grilles d’analyse qui en se recoupant et parfois se superposant, aident à mieux appréhender les grands problèmes actuels. Dans ce livre, j’ai essayé de montrer que la croissance des inégalités et du réchauffement climatique, la raréfaction des ressources végétales et minières, la dégradation des écosystèmes, comme les forêts, les pluies, l’eau douce, la fertilité des sols, les océans, que la malnutrition au Sud par la faim et au Nord par les affections de longue durée sont tous reliés à la dette et à l’extractivisme. De nombreuses alternatives que les citoyens préparent ou mettent déjà en œuvre pour construire un monde post-extractiviste et post dette illégitime, pour faire cesser la glissade vers des abîmes, sont décrites dans le dernier chapitre.
    (Librairie Transit - 45 Boulevard de la Libération, Marseille 1er)

    # vendredi 13 mars à 19h > LANGUE PENDUE

    - Rencontres littéraires avec Gauz, Stéphane Nowak Papantoniou et Serge Pey
    Gauz : Diplômé en biochimie, Gauz alias Armand Patrick Gbaka- Brédé a exercé une foule de métiers, dont celui de vigile. Rédacteur en chef d’un journal économique, News & co en Côte d'Ivoire, il est également documentariste. Son premier roman Debout-payé, paru au Nouvel Attila en 2014 porte un regard sur les inégalités sociales, la consommation, la société de surveillance contemporaine. Il raconte les trois âges de l’immigration ivoirienne, de 1960 à nos jours. Et dresse un historique du gardiennage.
    Stéphane Nowak Papantaniou : Ecrivain, lecteur, adepte de la poésie-action, Stephane Nowak Papantaniou mène des ateliers d'écriture avec l'association chair des mots et intervient depuis septembre 2010 à l'Université de Provence dans des « ateliers expérimentaux ». Cette rencontre littéraire nous permettra de découvrir sa dernière parution: Glôôsse (Al Dante, 2014), texte à la fois poétique et politique sur la situation sociale de la Grèce d’aujourd’hui.
    Serge Pey : Représentant déterminant de la poésie d’action et de la présence du poème au sein de la performance, son art singulier mêle à la fois certains aspects du happening, de la poésie sonore, de l’installation, de l’agit-prop et de l’art-action… Parmis ses dernières publications : La Boîte aux lettres du cimetière (Zulma, 2014), Agenda rouge de la résistance chilienne (Al Dante, 2014) et Tombeau pour un miaulement (Gruppen Editions, 2013).
    Cette soirée poésie sera suivie, en seconde partie d'un concert :
    - ZA KIBITKOÏ - LA ROULOTTE
    Concert tzigane russe avec l'ensemble À cordes et à cœur
    Stéphanie Aliotti-Delmonte : violon / Imad Mohdi-Mahgrobi : percussions
    Stéphane Pernice: guitare, mandoline et chant / Anne Vassiltchikova : chant
    Oraliture #6, une soirée proposée en partenariat avec Les éditions Al Dante, la librairie Histoire de l'oeil, le Dar Lamifa et l'Union Peuple & Culture, Dans le cadre du Printemps des poètes et de la semaine anticoloniale,
    (Dar Lamifa - 127 rue d'Aubagne, Marseille 6e).

    # Samedi 14 mars à 15h > LA FRANCE ET LA GUERRE CONTRE LE TERRORISME. OPÉRATIONS EXTÉRIEURES ET ENNEMI INTÉRIEUR

    Table ronde avec Raphaël Granvaud, Thomas Deltombe, l’association Survie, et les radios Zinzine et Galère.
    La table ronde sera enregistrée et fera l’objet d’une émission sur radio Zinzine les jeudi 19 et 26 mars de 17h à 18h.
    Afin d’appréhender l’ordre sécuritaire et militaire à l’œuvre dans notre pays et à l’étranger, tout particulièrement dans les ex-colonies françaises, nous reviendrons sur le passé et l’actualité des discours et pratiques des armées et services sécuritaires français, notamment sur les dernières interventions françaises en Afrique et sur la doctrine de guerre antirévolutionnaire. Nous décortiquerons ensuite les liens entre les logiques d’opération extérieure et d’ennemi intérieur. Enfin nous montrerons les dérives antidémocratiques, racistes et fascistes qui se profilent à travers la guerre antiterroriste.
    Raphaël Granvaud : est militant de l’association Survie et participe à la rédaction du bulletin Billets d’Afrique. Il est l’auteur entre autres de Que fait l’armée française en Afrique ? (Agone, 2009) ; De l’armée coloniale à l’armée néocoloniale (1830-1990) (Survie, octobre 2009, en libre téléchargement sur le site internet de l’association) ; "Colonisation et décolonisation dans les manuels scolaires de collège en France" in Relecture d'Histoires coloniales, Cahiers d'histoire n°99, avril-juin 2006. Il a participé à la rédaction des écrits suivants : Survie, Françafrique, la famille recomposée (Syllepse, 2014) ; La France en guerre au Mali, enjeux et zones d'ombres (Tribord, 2013) ; Plate forme citoyenne France-Afrique, Livre blanc pour une politique de la France en Afrique responsable et transparente (L'Harmattan, 2007).
    Thomas Deltombe : journaliste et essayiste français. Il collabore avec Le Monde diplomatique et les éditions La Découverte. Ses récents travaux portent sur les médias et l'islam, l'Afrique, l'histoire coloniale. Il est auteur ou coauteur de : L'islam imaginaire : la construction médiatique de l'islamophobie en France (1975-2005) (La Découverte, 2005) ; Au nom du 11 septembre… Les démocraties à l'épreuve de l'antiterrorisme (avec Didier Bigo et Laurent Bonelli, La Découverte, 2008) ; Mosquées : immersion parisienne dans des lieux ordinaires (le Passager clandestin, 2008) ; Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique, 1948-1971 (avec Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa, La Découverte, 2011).
    L’association Survie : mène des campagnes d’information et d’interpellation des citoyens et des élus pour une réforme de la politique de la France en Afrique et des relations Nord-Sud. Elle fonde son action sur la légitimité qui incombe à chacun d’interpeller ses élus et d’exiger un contrôle réel des choix politiques dans tous les domaines. Survie réalise un travail d’enquête et d’analyse critique, dénonce les agissements de la Françafrique et promeut auprès des décideurs une autre relation France-Afrique.
    (L'Équitable café - 54, cours Julien - Marseille 6e)

    # Samedi 14 mars à 19h > D'EXHIBIT B À CHARLIE : NOUVEAUX MODES DE REPRÉSENTATIONS RACISTES

    Table ronde avec Houria Bouteldja (porte-parole du Parti des Indigènes de la République) ; Franco Lollia (porte-parole de la Brigade Anti Négrophobie et du collectif contre Exhibit B) ; Pierre Chopinaud (porte parole de La voix des Rroms) et Elsa Dorlin (philosophe - a publié La matrice de la race (La découverte, 2006) ; Black feminism (L'Harmattan, 2008) ; Sexe, race, classe (PUF, 2009). Débat animé par Emmanuel Moreira, de la web-revue laviemanifeste.com où il sera, entre autre, question d'Exhibit B : spectacle proclamé "anti-raciste" par l'artiste, défendu comme tel par les institutions et certaines associations "humanistes" françaises ; et vécu comme raciste par une population souvent issue des anciennes colonies (se rappeler qu'à la demande de dialogue exigée par les manifestants, la réponse des institutions fut l'envoi des forces de l'ordre). où il y sera question également de Charlie, journal satyrique sexiste et islamophobe, devenu symbole français de la liberté d'expression ; où il y sera question, enfin, de cette terrible confusion, où l'on voit un gouvernement, sous couvert d'antiracisme, mener d'évidence une politique xenophobe et colonialiste ; et, sous couvert de liberté d'expression, réprimer toute critique du consensus "charliesque", et ce jusqu'à l'aberration (mise en examen d'enfants…), affirmant ainsi, dans une dérive totalitaire paradoxale, que critiquer la politique raciste du gouvernement... est forcément apologie du terrorisme, racisme anti-blanc, voire antisémitisme !
    (Manifesten - 59 rue Adolph Thiers - Marseille 1er)

    # Dimanche 15 mars à partir de 13 h > DÉCOLONISONS LES CORPS, LES ESPRITS, LES IMAGINAIRES ! TOU-TE-S AU CARNAVAL POPULAIRE DE NOAILLES/LA PLAINE

    13h à Noailles, avec des grillades ; 14h à la Plaine ; à 15h : CHARIVARI !

    # Lundi 16 mars à 18h > L'UNITÉ NATIONALE EN QUESTION...

    07 janvier 2015, la nouvelle tombe comme un couperet:attentat meurtrier à la rédaction de Charlie Hebdo.Quelques heures après, c'est la fusillade de l'hyper Casher à Vincennes.L'horreur est à son comble et la réaction unanime. Sous le coup de l'émotion, 4 millions de personnes descendent dans la rue. L'émotion est sincère et la mobilisation spontanée.
    Pourtant, le mot d'ordre de cette mobilisation reste flou et le consensus dérangeant. En moins de deux, le discours glisse. La mobilisation nationale se transforme en « Union nationale ». Le discours guerrier pointe le bout de son nez pour faire passer ces attentats du statut de fait divers à celui de bataille.Une guerre mythique qui permet de réunir dans une unité non moins fantasmée (la communauté nationale), ce qui est divisé au niveau social.
    Parce que l'"unité nationale" sera toujours celle de la bourgeoisie. Elle sous-entend que nous aurions des intérêts communs, ce qui est faux. Parce que derrière ce terme se cache la préparation de la guerre. En 1914, cette unité a permis dans un même processus la mort du mouvement ouvrier et celle de millions de prolétaires, s'entretuant pour les intérêts de quelques bourgeoisies nationales impérialistes.
    Parce que dans le contexte actuel, elle signifie légitimer la politique coloniale occidentale et la guerre que le capital mène de manière internationale : celle contre les prolétaires, quelle que soit leur couleur ou leur religion.
    Parce que ça va surtout entraîner une hausse cumulée du racisme, de l'islamophobie et de l'antisémitisme, qui arrange bien le pouvoir. Et bien sûr, un renforcement du sécuritaire...
    Nous pensons qu'il est nécessaire de discuter et de s'organiser pour faire exister un autre discours et pour dépasser les divisions du prolétariat que l'Etat nous impose.
    Nous vous invitons à discuter de ces questions le 16 mars à 18h au Kiosque
    lien : http://kiosque13.noblogs.org
    Pierre Stambul, porte parole de l'union juive française pour la paix, sera intervenant durant ce débat.
    lien: http://www.ujfp.org/
    (Le Kiosque - 38 rue Clovis Hugues, Belle-de-mai, Marseille 3e)

    # Mardi 17 mars à 19h > CHALVET, LA CONQUÊTE DE LA DIGNITÉ (film documentaire de Camille Mauduech)

    En février 1974, une grève, menée par des ouvriers agricoles, éclate en Martinique. Dénonçant des conditions de travail intolérables, ils se fédèrent. Les plantations de bananes sont à l'arrêt mais la révolte, elle, est en marche. Elle sera réprimée dans le sang. Au lieu-dit Chalvet, à Basse-Pointe, les grévistes sont encerclés dans un champ d'ananas par des centaines de policiers qui tirent sur eux, tandis qu'un hélicoptère les prend également pour cibles avec des grenades et des gaz lacrymogènes. Ce violent assaut se solde par la mort de Ilmany Renor et plusieurs blessés graves.

    Après cette répression sanglante, des milliers de personnes défilent en Martinique pour exprimer leur indignation que renforce la découverte du corps sans vie de Georges Marie-Louise, sur une plage. Le jeune ouvrier agricole a été torturé…

    présentation et débat avec Ali Babr Kenjah, martiniquais, urbaniste et antrhopologue, également poète et écrivain.

    (Mille babords - 61 rue Consolat, Marseille 1er)

    # Jeudi 19 mars à 19h / HOMMAGE À RENÉ VAUTIER

    Projection et discussion par Alain Castang et la librairie Transit.
    Après être entré dans la résistance à l’âge de 15 ans, René Vautier fait ses études à l’Institut des Hautes Études Cinématographique. En 1950 alors qu’il vient d’adhérer au PCF il tourne son premier film « Africa 50 » qui sera censuré pendant 40 ans, c’était une commande de la ligue de l’enseignement qui devait mettre en valeur la mission éducative de la présence française en Afrique, il en fera un des premiers films anticoloniale français. En 1956 il rejoint clandestinement l’Algérie et participe à la lutte du FLN. De retour en France il participe au groupe Medvekine et tournera en 1972 « Avoir vingt dans les Aurés ». Il luttera énergiquement contre la commission de censure, puis créera sa propre maison de production et continuera à faire des films militants sur l’apartheid, la pollution le racisme… En 2014 il tourne son dernier film « Histoires d'images, Images d'Histoire » Il est mort le janvier 2015.

    (Casa Consolat - 61 rue Consolat, Marseille 1er)

    # Samedi 21 mars / SALON ANTICOLONIALE

    À partir de 14h, les associations organisatrices et amies de la semaine anticoloniale seront présentes à la Dar Lamifa et proposeront des discussions et jeux en plus de leurs table de presse. Choix de livres par la librairie Transit.
    18h : présentation du livre lauréat du prix du livre anticolonialiste 2015 : L'Empire des Hygiénistes de Olivier Lecour Grandmaison (Fayard), en présence de l'auteur et de Gisèle Felhendler, porte parole de la semaine anticoloniale et antiraciste de Paris.
    21h30 - Clôture + concert de DAWA UPENDO
    DAWA UPEN
    DO ou comment 6 flibustiers d'Avignon ayant bourlingué un peu partout dans le monde mélangent allègrement et sans sourciller rock, ska reggae et rythmes afro-latino-punk en français, anglais, espagnol et swahili.

    Avec plus de 50 concerts au compteur depuis la création du groupe il y a deux ans ( dont notamment la première partie de Zebda et Oistar au Festival de La Meuh Folle 2014 ), DAWA se présente à vous, sourire aux lèvres et dynamite dans les jambes.

    (127 rue d'Aubagne, Marseille 6e).

    Semaine anticoloniale et antiraciste de Marseille (du 5 au 21 mars) : le programme


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  • Un grand meeting contre l'islamophobie et le climat de "Patriot Act" qui se développe depuis les attentats réactionnaires des 7-8-9 janvier derniers est organisé le 6 mars à Saint-Denis :

    http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/190215/6-mars-meeting-contre-l-islamophobie-et-le-climat-de-guerre-securitaire

    Nous disons publiquement regretter et désapprouver la présence à ce meeting de l'UOIF, au nom de la même logique d'ANTIFASCISME POPULAIRE À LA BASE et de REFUS DES ORGANISATIONS BOURGEOISES qui nous a fait refuser par le passé et nous fera refuser à l'avenir, par principe, la présence du PS, du CRIF ou encore - a fortiori - de l'UMP dans d'autres rassemblements (comme un certain il y a un an à Toulouse).

    Nous tenons l'UOIF pour des représentants de la bourgeoisie musulmane, qui ne servent pas la lutte et l'émancipation des colonisé-e-s intérieur-e-s qu'ils prétendent représenter (et nous n'avons pas besoin, pour dire cela, de jouer à l'un de ces insupportables who's who dont un certain "antifascisme" s'est fait la spécialité : les faits et gestes d'untel ou untel à l'UOIF ne font en dernière analyse que découler d'une même source, qui est cette nature bourgeoise). Nous raisonnerions bien sûr de la même manière (voire plus sévèrement encore) avec quelques autres représentants du CFCM, de la Mosquée de Paris ou autre "Islam de la République". Si nous avons rejeté la présence du CRIF et de l'UMP à Toulouse, nous devrions donc logiquement refuser celle de l'UOIF à Saint-Denis : même tarif pour tout le monde. Tout comme le CRIF est connu pour son soutien sans faille à l’État raciste, colonialiste et assassin d'Israël, l'UOIF est connu pour être très proche du pouvoir turc AKP qui joue un insupportable double jeu vis-à-vis de l'"État islamique" Daesh, au détriment de nos camarades kurdes et de leur héroïque combat progressiste. Ces remarques peuvent, au demeurant, s'adresser à d'autres organisations signataires (plus petites et moins connues) ; notamment des organisations liées à des régimes semi-coloniaux réactionnaires du Maghreb ou du Machrek.

    Cette présence de la bourgeoisie "indigène" musulmane est, à notre sens, indissociable de celle (massive) de la social-démocratie ; bien qu'elle ait pu amener quelques débats houleux voire retraits de signature (EELV) au sein de celle-ci.

    Pour autant, ceci étant dit et ayant cette mise au point à l'esprit, nous invitons les camarades révolutionnaires présents sur Paris à se rendre à ce meeting (l'un des plus importants jamais organisé sur ce thème majeur et nullement "contrôlé par l'UOIF" qui a apporté tardivement son soutien à un événement organisé par d'autres, préparé dans des réunions où elle n'a jamais été présente, avec un texte d'appel écrit par d'autres, des intervenant-e-s et des thématiques choisi-e-s par d'autres etc. etc. - voir la liste des participants) pour en enrichir les débats ; tout comme nous n'avons jamais appelé au boycott et au sabotage d'initiatives principalement progressistes en raison de la présence annoncée de qui que soit (PS et appendices, CRIF ou autre) : la désertion, le refus de la confrontation politique et le repli sur les petits microcosmes d'entre-soi n'ont jamais été notre logique, particulièrement sur des fronts de lutte comme l'oppression des colonies intérieures où il y a urgence à poser les questions en d'autres termes que communautaires/religieux, et à porter la contradiction à ceux qui le font.

    Tout ceci fait partie de la logique d'UNITÉ ET LUTTE qui sous-tend toute démarche de Front uni de résistance contre un ennemi principal et mortel, ici la montée du fascisme appuyée sur la mobilisation réactionnaire de masse islamophobe.

    Meeting contre l'islamophobie et le climat de guerre sécuritaire - 6 mars à Saint-Denis

    Une opinion divergente de la nôtre, mais n'en disant pas moins des choses très justes (il faut comprendre que cela s'adresse aux indignations de "gauche" et d'"extrême-gauche" face à cette présence de l'UOIF) sur le Facebook de Julien Salingue : https://www.facebook.com/julien.slng/posts/10204828978098760... Une belle critique en règle des indignations à géométrie variable qui ont effectivement le don de nous insupporter (notre critique de l'UOIF et de sa présence à ce meeting, quant à elle, repose sur des principes et sur une stratégie politique clairement définie : l'autonomie du camp populaire révolutionnaire ; car si effectivement tous les musulmans sont potentiellement visés par la mobilisation réactionnaire islamophobe, tous ne sont pas égaux devant elle - les classes populaires étant évidemment les plus vulnérables - et la "solidarité musulmane" inter-classes, des bourgeois avec les prolétaires, face à une persécution qui se déchaînerait est tout ce qu'il y a de moins sûr).

    Position très importante aussi (de fait + ou - la nôtre !) : https://paris-luttes.info/uoif-psm-hors-de-nos-luttes-2789

    "Ne pouvant nous payer le luxe de boycotter des évènements d’une telle envergure, et qui nous concernent directement, nous vous appelons à venir le 6 mars signifier à l’UOIF (Union des Organisations Islamistes de France) et à PSM (Participations et Spiritualités Musulmanes) qu’elles ne sont pas les bienvenues dans nos luttes, ni dans nos vies." Lire la suite >> 

    Lire aussi : 200 personnes rassemblées à Lille au cri d’«Islamophobie, ça suffit»

    https://quartierslibres.wordpress.com/2015/03/10/manifestation-du-28-fevrier-2015-contre-lislamophobie-bilan-dune-mobilisation/

    Quant à la Marche des Peuples en Lutte prévue cet après-midi à Belleville, elle s'est bien tenue et a notamment vu exposer ces belles fresques en l'honneur de Thomas Sankara, du Rojava révolutionnaire kurde ou encore de Kanaky :


    Meeting contre l'islamophobie et le climat de guerre sécuritaire - 6 mars à Saint-Denis

    Meeting contre l'islamophobie et le climat de guerre sécuritaire - 6 mars à Saint-Denis

    Meeting contre l'islamophobie et le climat de guerre sécuritaire - 6 mars à Saint-Denis

    Meeting contre l'islamophobie et le climat de guerre sécuritaire - 6 mars à Saint-Denis

    Meeting contre l'islamophobie et le climat de guerre sécuritaire - 6 mars à Saint-Denis

    Meeting contre l'islamophobie et le climat de guerre sécuritaire - 6 mars à Saint-Denis

    Meeting contre l'islamophobie et le climat de guerre sécuritaire - 6 mars à Saint-Denis

    Meeting contre l'islamophobie et le climat de guerre sécuritaire - 6 mars à Saint-Denis

    Contre le colonialisme et le néocolonialisme : au cœur du secret de l'impuissance de la révolution prolétarienne en Hexagone ! Dynamitons les digues du pouvoir des monopoles bleu-blanc-rouges !!!

     


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