• Passionnant :



    D'autant plus dans un contexte où la "question raciale" revient brutalement sur le devant de la scène aux États-Unis, avec de gigantesques mobilisations populaires face à la multiplication des meurtres de Noirs par la police et à l'impunité qui entoure (généralement) ces crimes.

    Ceci avait été l'occasion pour nous, au mois d'août, d'écrire ces quelques paragraphes qui valent présentation du documentaire ci-dessus :

    "La question noire est réellement le secret de l'impuissance du prolétariat aux États-Unis comme pouvait l'être (lorsque Marx employa le terme) la question irlandaise en Grande-Bretagne, comme l'a été et peut encore l'être la question méridionale si brillamment traitée par Gramsci en Italie... et comme le sont clairement le jacobino-républicanisme, l'Empire colonial hier et le néocolonialisme (Françafrique) ainsi que le colonialisme intérieur ("question indigène") aujourd'hui dans "notre" État français. Ceci s'expose en quelques mots : il ne peut pas y avoir de révolution socialiste dès lors qu'une partie des classes populaires se définit comme "petite-bourgeoise" vis-à-vis d'une autre, et/ou plus largement "fait bloc" avec la bourgeoisie, son État et son idéologie contre un "autre" plus ou moins défini - "ennemi"/"barbare" extérieur ou beaucoup plus souvent intérieur ; et ce n'est pas quelque chose de "binaire" (groupe social A vs groupe social B) mais plutôt en "couches superposées" (ou en cercles concentriques) et en cascade, la "couche" immédiatement au contact d'une autre étant souvent la plus haineuse envers celle-ci tandis que les couches supérieures de l'édifice se permettent plus volontiers le paternalisme ou même carrément de jouer les "chevaliers blancs" défenseurs de l'opprimé ("antiracisme" paternaliste bourgeois et "cohésion sociale").

    fergusonPendant des siècles, le système "France" s'est ainsi construit sur l'opposition entre la région parisienne et la "province" (pays conquis) et au sein de chaque "province" sur l'opposition entre citadins "évolués" et ruraux "culs-terreux arriérés" (ignorants et "patoisants" pour le bourgeois, cléricaux et réactionnaires pour l'ouvrier) qui n'en formaient pas moins le réservoir de force de travail du Capital, entre territoires "riches" et territoires "pauvres" comme les Landes de Gascogne, jusqu'à ce que les Trente Glorieuses fassent en apparence "disparaître" les "culs-terreux" et donc cette opposition... puis que des études sociologiques réalisent que ces périphéries existent toujours bel et bien sous une nouvelle forme (l’infamie du vote FN ou des mouvements type "Bonnets rouges" ayant remplacé celle du "cléricalisme") ; et puis évidemment sur l'opposition entre "métropole" hexagonale "blanche" (toutes "provinces" réunies) et Empire colonial (aujourd'hui "outre-mer", néocolonies et colonies intérieures d'Hexagone qui en sont issues) ; avec une idéologie française/républicaine consistant plutôt à nier ces oppositions au profit d'une "communauté de citoyens égaux" unie par les "mêmes valeurs républicaines", où il peut certes y avoir des "problèmes" mais où le "progrès", le "génie/modèle français" et le "sens républicain de tous" finiront tôt ou tard par "tout résoudre" (idéologie largement portée par la "gauche" républicaine puis radicale et socialiste puis socialiste et "communiste")... Le système "États-Unis d'Amérique", quant à lui, s'est construit comme une société coloniale à classe dominante "détachée" de la métropole anglaise avec ses "cases" et ses hiérarchies raciales bien établies mais aussi ses hiérarchies entre blancs (entre classes, entre régions, entre villes "civilisées" et campagnes "rednecks", entre "WASP" et immigrants européens de fraîche date) et entre de-couleur (bourgeoisie noire "intégrée" dont le mépris pour les prolétaires des ghettos n'a parfois rien à envier à celui du pire raciste blanc) ; jusqu'à se parer lui aussi (à partir ferguson2des années 1960) d'un pseudo-"antiracisme" institutionnel bourgeois "affirmatif". Mais rien ne serait plus stupide - ou pour être exact idéaliste républicard petit-bourgeois francouille - que d'opposer les deux systèmes pour (bien entendu) sacraliser le premier.

    C'est ainsi qu'à travers les siècles, selon la formule consacrée, il a été "fait France" et "fait Amérique" - sans cela ces édifices sociaux n'auraient jamais tenu aussi longtemps et sans comprendre cela on ne peut pas correctement lutter pour les abattre ; il faut comprendre et admettre cela si l'on veut combattre l'exploitation et l'oppression que l'on subit... mais aussi se remettre en question, se dépouiller de ses "petits privilèges" structurels au système qui sont autant de "prisons mentales" !

    Les principaux théoriciens marxistes (eux-mêmes afro-descendants) à avoir traité de la question noire aux États-Unis sont Harry Haywood côté "stal" et maoïste (membre éminent du PC des USA, surnommé le "Black bolshevik", peu à peu marginalisé par le révisionnisme et qui prendra la tête du renouveau marxiste-léniniste dans les années 1960), dont on ne trouve hélas les textes qu'en anglais (son ouvrage phare est Negro Liberation en 1948), et C.L.R James plutôt invoqué par les trotskystes (bien qu'il ait assez vite pris ses distances avec la IVe Internationale et le trotskysme, "orthodoxe" en tout cas).

    L'on peut encore citer une figure méconnue mais très importante, puisqu'à l'origine directe de la démarche des Panthers : Robert F. Williams, militant des droits civiques (NAACP) qui organisa en 1957 l'autodéfense armée des Noirs de la ville de Monroe (Caroline du Nord), épisode qu'il raconte dans son ouvrage Negroes with Guns, avant d'évoluer vers le marxisme-léninisme et de s'exiler à Cuba, où il anima une émission de radio révolutionnaire destinée aux Noirs du Sud états-unien, puis carrément en Chine populaire en pleine Révolution culturelle (ici une compilation en anglais de ses écrits, on ne trouve hélas rien en français). Dans une veine assez similaire d'autodéfense armée et de proximité avec les idées communistes, la démarche de Williams s'inscrivait en fait dans la filiation - quelques 40 années plus tôt (1919-25) - de l'African Blood Brotherhood (ABB), groupe socialiste de libération noire qui s'illustrera notamment dans la défense de la communauté contre le sanglant pogrom raciste de Tulsa (1921), et dont la plupart des dirigeants rejoindront par la suite le CPUSA - lequel prônera pendant quelques années (jusqu'à la Seconde Guerre mondiale) l'"autodétermination nationale noire" dans les États du Sud (Black Belt).

    Et puis bien sûr donc, dans la continuité de tout cela, il y a le Black Panther Party (BPP, 1966-82 mais globalement disparu/liquidé au milieu des années 1970) dont les principaux dirigeants et théoriciens auront été George Jackson, Bobby Seale, Huey Newton (hélas grave parti en vrille réformiste et mégalo après sa sortie de prison en 1970...), Fred Hampton (dont le style oratoire évoquait déjà quelque part le phrasé du hip-hop), Emory Douglas connu pour ses célèbres créations graphiques (voir ci-dessous) ou encore Geronimo Pratt (plutôt expert militaire) ; expérience prolongée (après des scissions) jusqu'aux années 1980 par la Black Liberation Army avec notamment Assata Shakur... Un mouvement qui, fédérant autour de lui les luttes de Chicanos et des Porto-Ricains, des Premières Nations, des Sino-Américains et même des jeunes "petits blancs" rednecks du Sud et de l'Ouest, sera qualifié de "menace intérieure n°1" par le gouvernement US qui fera absolument tout pour l'anéantir (avec le programme COINTELPRO sous la houlette de John Edgar Hoover) : assassinats ciblés (ou pas) comme celui de Fred Hampton, emprisonnements sans la moindre charge sérieuse (beaucoup sont encore derrière les barreaux 40 ans après...), informateurs et agents provocateurs, corruption, excitation de dissensions internes et introduction massive de drogues dures dans les communautés (Huey Newton y succombera) dans le but (explicitement !) de plonger "une ou deux générations de jeunes noirs" dans la toxicomanie, la délinquance, la prison (50% des 2,3 millions de prisonniers états-uniens sont afro-descendants et 25% "hispaniques", un Noir sur 15 - un jeune noir entre 20 et 34 ans sur 9 ! - et un Latino sur 36 sont actuellement emprisonnés) et l'apolitisme. Sur cette épopée passionnante, il faut absolument voir cet excellent documentaire de Lee Lew-Lee réalisé en 1996.

    D'une manière générale, pour une vision d'ensemble de ces liens entre la libération révolutionnaire noire aux États-Unis et le mouvement communiste international (en particulier la Chine populaire de Mao), il faut lire cet excellent (très complet) document paru dans la revue Période : http://revueperiode.net/black-like-mao-chine-rouge-et-revolution-noire/ 

    D'autres personnages ont joué un rôle de premier plan, comme Stokely Carmichael (auteur du concept de Black Power qui deviendra "Premier ministre honoraire" du BPP en 1968 et finira sa vie en exil en Guinée) ou Malcolm X, mais ils n'étaient pas (ou pas clairement) marxistes."


    À lire aussi : Revue de presse : aux States comme en Hexagone, les classes populaires ne veulent plus être tirées comme des lapins

    Et puis aux dernières nouvelles :
    Deux policers assassinés à New York : un acte de représailles ?
    Policiers tués à New York : le tireur voulait venger la communauté noire
    Qui est le meurtrier des deux policiers à New York ?
    ... !!!


    emorydouglas PowerToThePeople1220px-Black-Panther-Party-armed-guards-in-street-shotguns
     


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  • Voici (en trois partie) cette fiction historique relatant la guerre d'indépendance irlandaise de 1919-21 :



    La révolution irlandaise 1/3 par apo-dictique
    La révolution irlandaise 2/3 par apo-dictique
    La révolution irlandaise 3/3 par apo-dictique


    Cet excellent film du cinéaste trotskyste britannique (le meilleur à notre goût, mais enfin les goûts et les couleurs...), outre de retracer cette épopée héroïque du Peuple ouvrier et paysan irlandais, a le mérite de bien montrer les CONTRADICTIONS à l'intérieur même de cette lutte entre les partisan-e-s d'une indépendance bourgeoise (un État capitaliste irlandais) et ceux et celles pour qui libération nationale devait forcément rimer avec projet de société socialiste, sans quoi (pour reprendre les mots de James Connolly) "si dès demain vous chassiez l’Armée anglaise et hissiez le drapeau vert sur le Château de Dublin, à moins que vous ne proclamiez la République socialiste, vos efforts auraient été vains. L’Angleterre continuerait à vous dominer. Elle vous dominerait par l’intermédiaire de ses capitalistes, de ses propriétaires fonciers, de ses financiers, de toutes les institutions commerciales et individualistes qu’elle a plantées dans ce pays et arrosées des larmes de nos mères et du sang de nos martyrs" - autrement dit l'Irlande ne deviendrait rien de plus qu'une néo-colonie.

    L'on y voit très nettement comment les premiers, aux rangs desquels les notables de village, l’Église catholique mais aussi tous ceux (comme le frère du personnage principal) déterminés à les ménager car "ce sont eux qui ont l'argent et sans argent pas d'armes", seront les premiers à accepter le Traité de décembre 1921 faisant de l'Irlande un "État libre" dominion de la Couronne et entérinant la partition de l'île entre les 26 comtés du Sud et les 6 comtés du Nord (les plus industrialisés, "comme par hasard"), partition toujours en vigueur aujourd'hui.

    Rejetée par 7 combattants indépendantistes sur 10, cette trahison débouchera sur une affreuse guerre fratricide qui fera plus de victimes que la lutte d'indépendance elle-même et (pire que tout) verra le camp nationaliste pro-traité se transformer en véritable auxiliaire de l'Empire britannique, armé par les Anglais contre ses propres frères d'armes de la veille et son propre Peuple...

    Le film de Loach s'arrête sur cet épilogue sinistre (le personnage principal est fusillé par son propre frère pro-traité après que la ferme de sa compagne, déjà brûlée par les Anglais, ait été de nouveau mise à sac... par les troupes de l'"État libre") ; mais dans les faits ce mécanisme de "salami vers la droite" du mouvement national irlandais (chute par tranches successives dans la capitulation et la conservation sociale) s'est poursuivi depuis lors. Ainsi, chef de file de la guérilla anti-traité mais également conservateur et anticommuniste farouche, Éamon De Valera formera en 1926 le Fianna Fáil qui, ayant rompu avec le Sinn Féin sur la question de la non-participation aux institutions du Free State (et du serment à la Couronne d'Angleterre auquel obligeait cette participation) pour prôner - grand "classique" de la politique - de "bouger les choses de l'intérieur", s'institutionnalisera petit à petit jusqu'à devenir de nos jours un parti de droite, l'autre grand parti bourgeois de la "République d’Éire" (finalement proclamée en 1949) avec le  Fine Gael héritier des pro-traité (fondé en 1933 par... un fasciste, Eoin O'Duffy).

    En 1969 interviendra la scission entre l'IRA/Sinn Féin "officiel" et l'IRA/Sinn Féin "provisoire", un peu différente puisque c'est sous un discours très "lutte des classes" et "question sociale d'abord" que les premiers renonceront au principe absolu de non-participation aux institutions de Londres, Belfast et Dublin (inscrit dans la Constitution du mouvement républicain) et abandonneront progressivement la lutte armée pour devenir un parti "marxiste-léniniste" institutionnel de type PCF de Georges Marchais ; ce que les seconds refuseront catégoriquement au nom de la fidélité aux valeurs fondatrices.

    Ce sera le début d'une (bien connue) nouvelle page héroïque de la guerre révolutionnaire de libération ; mais les "Provos" renieront à leur tour le principe de non-participation à partir du milieu des années 1980 et entreront (sous l'égide de Gerry Adams et de Martin McGuinness) dans une démarche de négociation avec l'occupant qui aboutira en 1998 à l'"Accord du Vendredi saint", véritable nouveau Traité de 1921 par son niveau de capitulation et de trahison de tout le sang versé dans la lutte. Scission des "Officiels" (1974) favorable à la poursuite de la lutte armée (et peut-être organisation aux positions politiques les plus intéressantes à cette époque et jusqu'aux années 1990), l'IRSP/INLA a également prononcé un cessez-le-feu iconditionnel en 1998 avant de renoncer définitivement à la lutte armée en 2009.

    Cependant, dès le début de ce processus des "dissidents" se sont à leur tour levés pour continuer la lutte jusqu'à la libération TOTALE du Peuple d'Irlande des chaînes de l'impérialisme et (cela va de pair !) du capitalisme : le Republican Sinn Féin, l'IRA Continuity, le 32 CSM (Mouvement pour la Souveraineté des 32 Comtés) avec la Real IRA devenue en 2012 "New IRA", le Republican Network for Unity (RNU) qui arbore fièrement le drapeau rouge à la faucille et au marteau, le groupe armé Óglaigh na hÉireann etc. etc.

    C'est à ces forces que va aujourd'hui tout notre soutien, pour une Irlande LIBRE et SOCIALISTE !


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    http://www.humanite.fr/eric-<wbr>zemmour-songe-deporter-5-<wbr>millions-de-musulmans-<wbr>francais-560255

    http://www.saphirnews.com/<wbr>Deporter-les-musulmans-de-<wbr>France-Eric-Zemmour-ne-s-y-<wbr>oppose-pas_a20091.html

    eric zemmour i

    Accordée à un quotidien transalpin, le Corriere della Sera, l'interview était passée inaperçue en Hexagone pendant un peu plus d'un mois.

    Les propos du "polémiste" et "édito-"/"plateaucrate" de droite radicale, qui s'était déjà fait remarquer en octobre par ses prises de position (dans son ouvrage Le Suicide français) sur Vichy et la déportation des Juifs, sont pourtant sans équivoque :
    - Les musulmans ont leur code civil, c'est le Coran. Ils vivent entre eux, dans les périphéries. Les Français ont été obligés de s'en aller.
    - Mais alors que suggérez-vous de faire ? Déporter 5 millions de musulmans français ?

    - Je sais, c’est irréaliste mais l’histoire est surprenante. Qui aurait dit en 1940 qu’un million de pieds-noirs, vingt ans plus tard, seraient partis d’Algérie pour revenir en France ? Ou bien qu’après la guerre, 5 ou 6 millions d’Allemands auraient abandonné l’Europe centrale et orientale où ils vivaient depuis des siècles ? [on pourrait de prime abord voir ici l'expression d'une sympathie pour l'Algérie française et la politique d'expansion allemande en Europe de l'Est ; mais il est plus probable que Zemmour soit TRÈS malin et prenne volontairement pour exemples de populations dont la "gauche" n'a pas l'habitude de prendre la défense, afin de "coincer" ses éventuels contradicteurs : s'ils s'exclament que "c'est ignoble" il pourra répondre que ces communautés avaient un peu cherché le bâton pour se faire battre (sous-entendu : et les musulmans ici en ce moment aussi), mais s'ils lui répondent que "cela n'a rien à voir" et que "ce n'est pas comparable" il pourra dénoncer "la gauche et ses indignations à deux vitesses"...] (...) Je pense que nous nous dirigeons vers le chaos. Cette situation d’un peuple dans le peuple, des musulmans dans le peuple français, nous conduira au chaos et à la guerre civile. Des millions de personnes (vivent ici), en France, (mais) ne veulent pas vivre à la française (...) Vivre à la française ? C'est donner à ses enfants des prénoms français, être monogame, s’habiller à la française, manger à la française, du fromage par exemple.

    Évidemment, on imagine mal un tel déplacement de population se faire sans quelques résistances... Mais pour cela une comparse intellectuelle de Zemmour, Christine Tasin, a déjà trouvé la solution : "tirer dans le tas" !

    CQFD. À part ça, bien sûr, l'islamophobie comme mobilisation réactionnaire de masse du 21e siècle ça "n'existe pas"... Puisqu'on vous dit que c'est une invention des z'islamistes et des mollahs de Téhéran (ou peut-être du "tiers-mondisme qatari", on ne sait plus trop...) pour interdire toute critique de la religion musulmane !

    http://www.<wbr>courrierinternational.com/<wbr>article/2014/12/11/les-manifs-<wbr>islamophobes-deferlent-sur-<wbr>les-villes

    http://www.20minutes.fr/high-tech/facebook/1503283-20141217-propos-islamophobes-facebook-annulation-poursuites-policier

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  • redflagdonbassNous avons déjà évoqué dans nos pages le fait que la plupart des "internationalistes" partis combattre dans le Donbass contre l'offensive réactionnaire du nouveau pouvoir de Kiev (infesté de nazillons et à la solde de l'UE et de l'impérialisme US) étaient généralement des "nationalistes révolutionnaires" ou des "eurasistes", autrement dit des petits fachos qui se pignolent sur "l'Europe de l'Atlantique à l'Oural" et la Russie de Poutine comme "forteresse" de l'Europe "blanche et chrétienne", de la "tradition" contre le "mondialisme" etc. etc. - c'est en tout cas clairement le cas de "Français" autour de Victor Lenta ; sans oublier de mentionner toutefois que de l'autre côté un grand (et même sans doute supérieur) nombre de fascistes et autres ultra-réactionnaires sans oublier plusieurs centaines de mercenaires des sociétés militaires privées ("Academi" ex-Blackwater etc.) se sont joints quant à eux à la "Garde nationale" ukrainienne et autres "Bataillon Azov", autrement dit les nazillons du Pravyi Sektor reconvertis en troupes de combat pour suppléer une armée régulière qui semble réticente à aller canarder ses propres concitoyens de l'Est du pays.

    Nous avons même alerté la solidarité internationale de certains pays, où certaines figures comme celle de Victor Lenta ne sont pas connues (normal pour de telles sous-merdes en même temps...), de la présence de ces sombres personnages dont le pedigree ne vaut guère mieux que celui des ultra-nationalistes ruthènes qui arborent Wolfsangel et portraits d'Hitler et affirment vouloir "expurger" le pays de "400.000 Juifs" et de ses "Moskali" (terme péjoratif pour les russophones).

    C'est malheureux à dire, mais pourtant il le faut : nous avons aussi pu écrire que la situation en Ukraine était en quelque sorte l'occupation de la Ruhr de notre époque et qu'elle avait en cela valeur de "test" ; une situation lourde (tant au niveau local qu'international !) de potentiel mobilisateur révolutionnaire/ communiste mais aussi national-socialiste si cette mobilisation devait être captée et mise au service de la "réaffirmation" impérialiste russe, cet impérialisme défait (en 1989-91) et humilié comme pouvait l'être l'Allemagne des années 1920, qui ne vit depuis deux décennies que par et pour la contre-offensive et qui se voit désormais ravir (comme l'Allemagne avec la Ruhr !) l'énorme potentiel productif de l'Ukraine et en particulier du Donbass (jusque-là sous son influence), ce qui représente une humiliation de plus et peut-être de trop. Car en dernière analyse l'"eurasisme" (doctrine d'Alexandre Douguine, qui est une éminence grise du Kremlin comme pouvaient l'être les "néocons" pour la Maison Blanche de Bush-Cheney) et autres idéologies "rouges-brunes", "panslaves" etc. etc. qui animent les combattants du Donbass (autochtones comme étrangers) et que pointent avec un malin plaisir les petits donneurs de leçons "gauchistes" occidentaux, ce n'est rien d'autre que cela : le revêtement "anticapitaliste" et "révolutionnaire", national-socialiste de cette captation des légitimes colères et aspirations du Peuple au service de la "revanche" de l'impérialisme russe.

    Tout dépend donc de la PUISSANCE DE FEU POLITIQUE déployée de part et d'autre. Or, force est de constater que ce "test" s'est révélé à bien des égards négatif : tandis que l'"extrême-gauche" ouest-européenne et nord-américaine ergote, pinaille et discutaille sur le caractère "fasciste"/"rouge-brun" (ou non) de la légitime résistance des travailleur-euse-s du Donbass face à une offensive à la fois ethno-raciste, ultra-capitaliste et impérialiste occidentale ("leur" propre impérialisme donc...), les "NR" occupent tranquillement le "créneau" de la solidarité internationale (la nature ayant horreur du vide). Le potentiel mobilisateur national-"socialiste"/nationaliste-"révolutionnaire" de l'impérialisme russe et de ses partisans internationaux (ceux qui refonderaient volontiers un "nouvel ordre mondial" autour de lui, comme notre "cher" Front National ici !) gagne donc inexorablement du terrain jour après jour et est en passe de conquérir l'hégémonie, aussi fort que nous sommes pathétiquement faibles et englués dans nos atermoiements (il suffit de penser que les Partis communistes des années 1920 avaient été largement plus conséquents sur la question de la Ruhr... et que cela n'avait malgré tout pas empêché la victoire du nazisme 10 ans plus tard !).

    Ukraine-Crimea-pro-Russian-protestersNous nous acheminons donc de plus en plus vers la situation des années 1930 ; situation qui devait à terme se révéler fatale pour le mouvement communiste et révolutionnaire à travers le monde : soit considérer la Russie (comme l'Allemagne hier) comme une "résistance" à l'ordre mondial capitaliste-impérialiste sous hégémonie occidentale et tomber dans ses filets idéologiques "rouges-bruns" comme énormément de socialistes, de syndicalistes et même de marxistes (sans oublier les éléments en lutte des Peuples colonisés/impérialisés) l'avaient fait avec le national-socialisme allemand ; soit la voir comme le nouveau Reich nazi (ce qu'elle pourrait bien devenir un jour, en effet), à la fois projet impérialiste ultra-agressif et "phare" de toutes les ultra-droites européennes (ce qu'elle est déjà en partie...), à combattre à tout prix... en se rangeant dans le "Camp du Bien" des "bons impérialismes" "démocratiques" occidentaux, passant leurs crimes et même leurs responsabilités directes dans l'émergence du monstre (nationaliste grand-russe aujourd'hui comme hitlérien hier) par pertes et profits et tombant (pour faire court) dans les filets intellectuels du "BHLisme" ! 

    Une "alternative" que nous combattons bien sûr de toutes nos forces, si modestes soient-elles, en apportant sur ce "dossier" ukrainien notre SOUTIEN TOTAL ET INCONDITIONNEL 1°/ au DROIT ABSOLU ET INDISCUTABLE du Peuple travailleur russophone à se DÉFENDRE contre le sort que lui promet le nouveau pouvoir de Kiev et 2°/ aux forces qui dans le Donbass comme dans tout l’État ukrainien combattent le nouveau régime sur une ligne marxiste, communiste ou en tout cas progressiste - comme par exemple l'organisation Borotba, dont nous avons traduit de nombreux communiqués et entretiens, mais nous avons aussi parlé de la résistance contre la mobilisation militaire dans l'Ouest (réputé "nationaliste" et anti-russe) du pays. Une position (au demeurant) totalement transposable et que nous avons déjà transposée à d'autres conflits dans le monde, comme en Palestine ou en Irak-Syrie-Kurdistan face à l'"État islamique"...

    Il faut cependant relever que les éléments en provenance de l’État espagnol présentent dans l'ensemble un profil beaucoup plus "rouge" (bien que sans doute très/trop "stal" aux yeux de certain-e-s), s'inscrivant dans (et se réclamant de) la tradition d'internationalisme révolutionnaire dont avaient bénéficié en 1936-39 la 2e République "espagnole" et son Front populaire antifasciste face aux hordes de Franco et à leurs alliés fascistes italiens et nazis allemands. Ceci (comme vous pourrez le lire ci-dessous) n'a d'ailleurs pas été sans générer des tensions avec les éléments réactionnaires (quel que soit le masque "révolutionnaire" dont ils se revêtent) qui combattaient à leurs côtés dans la fameuse Brigade "Fantôme" (Prizrak) du commandant Mozgovoï (dont nous avons également déjà parlé comme d'un représentant typique de ce "national-léninisme" donbassien), les amenant à intégrer une nouvelle unité - l'"Escadron rouge 404" - qui se veut pour sa part "100% communiste".

    Leur témoignage présente sans doute des points de vue assez "idéalistes" quant à la situation et à ses potentialités ; mais il donne néanmoins un aperçu plus qu'intéressant (d'un point de vue - disons - "clinique") sur ce conflit qui est - répétons-le encore une fois - une mise à l'épreuve fondamentale pour l'internationalisme et la conception communiste du monde à l'instant où nous écrivons :


    Témoignage de quatre antifascistes de l’État espagnol combattant dans le Donbass : "Nous avons une occasion unique d'instaurer un État socialiste en Europe"


    Répondant à l'appel international à s'unir à la résistance contre le gouvernement putschiste de Poroshenko, de nombreux volontaires sont arrivés de toute l'Europe dans le Donbass pour lutter aux côtés de la "Nouvelle Russie". Parmi eux, un certain nombre venu de Castille et de Catalogne et qui, après être passés par le Bataillon Vostok, ont décidé d'intégrer la Brigade Prizrak sous les ordres du charismatique commandant Alexeï Mozgovoï. Après un bref passage par les "Brigades continentales" [NDLR le truc tout puant où sévissaient Victor Lenta et ses comparses], les jeunes antifascistes viennent d'intégrer l'Escadron rouge 404 : une unité d'idéologie communiste au sein de la Brigade Prizrak, dans laquelle ils partagent les tâches avec d'autres jeunes révolutionnaires.

    Nous nous sommes entretenus avec Sergio, Héctor, Miguel et Oriol pour en savoir plus sur leur nouvelle vie dans le 404 et les fonctions qu'ils remplissent au sein de la résistance populaire de Novorossiya.

    img-20141109-wa0001Tout d'abord, quand et pour quelle raison avez-vous décidé de venir dans le Donbass pour lutter contre le gouvernement de Poroshenko ?

    Nous sommes tous à peu près d'accord pour considérer le massacre d'Odessa comme le détonateur de notre engagement à venir nous battre ici. À côté de cela, il y a aussi beaucoup d'autres motifs : tenter de contribuer à la création d'un État socialiste en Europe, ainsi qu'aider à défendre la population civile contre les attaques de Kiev. Cette lutte est une lutte contre le fascisme et nous nous sentons redevables vis-à-vis des brigadistes internationaux venus combattre les franquistes en Espagne en 1936.

    Cela ne doit pas être facile d'abandonner une vie normale : famille, amis etc. pour aller combattre dans une guerre où l'on peut laisser sa vie. Cela vaut-il la peine de lutter pour la Nouvelle Russie ?

    Nous sommes parfaitement conscients des risques qu'entraîne notre décision de venir lutter ici, et aussi de ce que nous avons laissé en Espagne, mais la cause en vaut la peine. Nous sommes ici pour lutter contre le fascisme. C'est la première fois depuis des années qu'existe une véritable possibilité de contribuer à la construction d'un État socialiste en Europe. En tant que communistes que nous sommes, nous ne pouvions pas laisser passer cette opportunité historique.

    Vous vous définissez comme communistes. Que signifie pour vous lutter pour la Novorossiya ? Quels sont vos objectifs politiques et militaires ?

    Notre principal objectif militaire et de lutter sans relâche pour libérer le futur État de Novorossiya de la vermine fasciste. Quant aux objectifs politiques, notre tâche principale est de contribuer à la construction d'un État socialiste en Nouvelle Russie, faire activement partie des forces et des unités militaires révolutionnaires et communistes qui luttent ici.

    Comme au Kurdistan ou encore en Palestine, la résistance dans le Donbass est une résistance populaire et politiquement hétérogène mais ce qui retient par exemple l'attention c'est que le leader des milices populaires de Lugansk soit Vitali Victorovitch, un communiste connu de la région. Quelle est la présence réelle et le poids des communistes dans la résistance populaire ?

    escuadrc3b3n-rojo.jpgLa présence des communistes dans la résistance populaire est de premier plan. Il y a deux unités composées entièrement de communistes, l'une dans le Bataillon Vostok et l'autre ici, dans la Brigade Prizrak. Mais il y a aussi des communistes dans les autres unités. Il y a une grande nostalgie pour l'Union soviétique chez les volontaires qui combattent dans les milices populaires. Depuis l'effondrement de l'URSS tout est allé de mal en pis et les gens sont conscients de cela. Nous ne saurions pas dire combien de communistes il y a dans la résistance, mais c'est l'idéologie hégémonique dans les milices populaires [NDLR : bien entendu ce communisme a sans doute des points de vue très nationalistes vis-à-vis de tout ce qui est perçu comme une agression contre le Peuple russe et conservateurs sur tout un ensemble de questions démocratiques (comme nos Partis pro-soviétiques ici encore dans les années 1970 !), que les références enthousiastes à l'époque soviétique et à la Révolution d'Octobre ne doivent pas occulter... et sur lesquels se jetteront bien sûr (comme sur un os à ronger) tous les petits gauchistes de la chaire occidentaux pour mettre sur le même plan l'agresseur et l'agressé : le régime d'ultra-droite de Kiev qui voudrait opprimer, nier voire "nettoyer ethniquement" les populations russophones et maintenant (face à leur résistance) les écrase de bombes, et ces dernières qui ont déjà perdu entre 1.000 et 2.000 combattant-e-s et plus de 4.000 civil-e-s sous lesdites bombes].

    Dans le domaine politique l'idéologie communiste a également un grand poids. Igor Plotnitsky, président de la République populaire de Lugansk, est d'idéologie communiste. Tant à Lugansk qu'à Donetsk les communistes ont un grand poids dans les milices. Beaucoup de commandants et de colonels luttent pour la construction d'une Novorussie libre des fascistes et des oligarques.

    Après être passés par d'autres unités, vous venez d'atterrir dans l'Escadron rouge 404 de la Brigade Prizrak. Pourquoi ce changement ? Parlez-nous un peu de votre vie dans cette nouvelle unité.

    La vie dans cette unité est similaire à celle de toutes les autres unités : même discipline militaire, mêmes horaires et mêmes relèves pour aller au combat. Ce qui change sans doute, c'est la hiérarchie. Ici tout est plus égalitaire, il n'y a pas de commandants. Il y a un commissaire politique qui se charge des comportements, de la discipline et du moral des soldats. Il y a en outre deux leaders : l'un qui se charge de l'entraînement militaire et l'autre qui conduit les camarades quand ils sont au front.

    Le principal motif de notre changement d'unité a été les différences et la diversité idéologique qu'il y avait dans la précédente, même s'il faut souligner que nos commandants militaires ont toujours été communistes. Ces différences ont fait que nous ne nous sentions pas totalement à notre aise. Maintenant, au contraire, nous nous sentons pleinement satisfaits avec nous-mêmes et avec nos nouveaux camarades, ici dans l'unité 404.

    Même si les ultra-nationalistes sont une minorité insignifiante dans la résistance [NDLR là le tableau semble extrêmement angélique...], certains secteurs de la "gauche" les ont utilisés comme prétexte pour justifier les crimes de Kiev et de l'OTAN contre la population civile. Certains en sont même venus à vous traiter de nazis, non seulement vous mais toute la résistance. Que cela vous inspire-t-il ?

    Ukr redflagburningLa gauche qui justifie les massacres de populations civiles par la main des fascistes devrait se poser des questions sur son idéologie. Certains nous ont même qualifiés de nazis, ce qui nous a bien fait rigoler entre nous, petits bruns métissés que nous sommes (rires). Les personnes qui sont venues ici sont les seules qui peuvent parler en connaissance de cause. Tout le reste n'est que spéculation à plus de 3.000 km de distance. Et je veux dire bien clairement [Sergio] que je suis plus rouge que le sang qui coule dans mes veines. Cela personne ne va le changer, aucune opinion extérieure ne peut le changer.

    Selon vous, quelles sont les principales caractéristiques de la lutte en Novorussie : lutte des classes, lutte contre le fascisme, lutte nationale ?

    La lutte pour la Nouvelle Russie est une lutte contre le fascisme, contre l'oligarchie et également une lutte nationale. Nous luttons contre les fascistes de Kiev et contre l'oligarchie qui a mise à sac l'Ukraine post-soviétique. Mais c'est aussi une lutte nationale car le Peuple y défend sa culture, sa langue et les siens.

    Parlons de la guerre, que j'ai pu connaître ici. Comment est la vie au front ? Que peut-il bien se passer dans la tête de quelqu'un lorsqu'il est au combat ?

    La vie ici est dure. On souffre du froid, de la faim et de la fatigue, mais tout cela reste au second plan car nous sommes convaincus de faire ce qu'il faut faire.
    Au front il te passe mille choses par la tête, beaucoup d'adrénaline et parfois aussi la peur de mourir. Parfois tu te demandes ce que tu fais ici.

    img-20141109-wa0017.jpgJusqu'ici, quelles tâches militaires avez-vous accomplies et quel a été votre rôle sur le front ?

    Par sécurité nous ne pouvons pas répondre à cette question. Mais nous pouvons dire que notre unité se consacre à des missions d'infiltration, des attaques sur les arrières de l'ennemi et d'autres types d'opérations spéciales.

    Vous êtes des volontaires luttant sous la bannière de la Nouvelle Russie. Avez-vous connaissance de la présence de mercenaires occidentaux aux côtés des troupes de Kiev ?

    Oui, nous sommes des volontaires qui luttons par engagement personnel et non pour l'argent. Et oui, nous avons connaissance de la présence de mercenaires qui combattent pour Kiev, appuyés et financés par l'OTAN et l'Union européenne, c'est-à-dire les responsables de ce qu'il se passe ici en Ukraine.

    Comment pensez-vous que va se terminer cette guerre ?

    ¡ Venceremos !  La Volonté du Peuple est invincible.


    ... Pas grand-chose à ajouter. Ce que deviendra (localement COMME internationalement) la lutte qui se livre actuellement dans le Donbass est ENTRE NOS MAINS... et pas entre celles de nos "débats" sur le sexe des anges !

    L'impérialisme occidental (dont NOTRE impérialisme bleu-blanc-rouge) à l'offensive veut asservir et massacre les ouvriers et les paysans de l'Est ukrainien aux dépens de son concurrent russe : LE CAMP DU PEUPLE EST NOTRE CAMP. D'autre part cette politique d'agression systématique (depuis 20 ans) contre la Russie, en tous points comparable au traitement de l'Allemagne après 1918 avec le Traité de Versailles, est en passe de donner naissance à un phénomène de type national-socialiste qui amènerait d'encore plus grandes dévastations à l'humanité : notre responsabilité est de combattre sans pitié cette politique dans nos PROPRES ÉTATS IMPÉRIALISTES OCCIDENTAUX et au nom de nos Peuples FRÈRES des Peuples d'ex-URSS (envers lesquels nous connaissons notre dette historique !) ; et de TOUT FAIRE pour que cet expansionnisme impérialiste occidental n'engendre pas (contrairement au Traité de Versailles hier) une nouvelle hydre nazie (cette fois-ci dans la langue de Tolstoï...) mais au contraire une NOUVELLE RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE, comme celle qui a déjà illuminé cette partie du monde voici près d'un siècle ! N'avons-nous pas ergoté pendant des années, devant la colonisation et l'apartheid sioniste en Palestine ou l'occupation impérialiste de l'Irak (ou encore l'islamophobie ici-même dans nos métropoles impérialistes !), sur le caractère "réactionnaire" ou non de la résistance ? Résultat : DAESH... et les manifs de solidarité avec les Kurdes de Rojava pour y pleurnicher sans rien comprendre à ce qu'il nous arrive ! Il serait agréable au genre humain que nos palabres sur l'Ukraine ne se terminent pas avec ce genre de gars au Kremlin...


    ¡ Venceremos !


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    Alors que les États-Unis tout entiers sont secoués par la colère du Peuple face aux assassinats en série de jeunes afro-descendants par les forces de "l'ordre" capitaliste, voici une information que ne pas diffuser reviendrait à faire un cadeau inacceptable à tous les connards à la Dieudonné et compagnie, qui détournent vers le marécage pestilentiel de l'antisémitisme la légitime résistance et l'affirmation des colonies intérieures de toutes les métropoles impérialistes :

    Blocage autour de la synagogue B’nai Jeshurun contre le racisme et les violences policières

    Le mouvement de protestation contre le racisme et les violences policières qui s’étend à travers les Etats-Unis, de New York à Los Angeles et de Seattle à Miami, ne concerne pas la seule communauté afro-américaine, principale victime des lynchages policiers. Aux côtés des Noirs manifestent aussi des Blancs, des Latinos, des Asiatiques et des membres de toutes les communautés du melting-pot américain. Ainsi, parmi les nombreuses manifestations dans les rues de New York, une a été organisée le 4 décembre à Broadway autour de la synagogue B’nai Jeshurun par des membres de la communauté juive.

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    Plusieurs centaines de personnes se sont ainsi rassemblées devant la synagogue  B’nai Jeshurun à l’appel de Jews For Racial and Economic Justice (Juifs pour la Justice Economique et Raciale). Les manifestants ont ensuite bloqué l’intersection entre la 96th rue et Broadway. Les manifestants ont scandé des slogans en anglais comme  "Black Lives Matter" (Les vies noires comptent), mais aussi en hébreux et en yiddish. Des rabbins ont prononcé le kaddish (prière des morts) pour Eric Garner, Michael Brown et les autres victimes des violences policières.

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    Les manifestants ont également chanté "Daloï Politsey !" ("À bas la police"), chanson révolutionnaire de la rue ouvrière juive sous le tsarisme. Les forces de répression sont intervenues et ont arrêté plusieurs dizaines de manifestants pour "entrave à la circulation", dont les rabbins Rabbi Jill Jacobs et Rabbi Sharon Kleinbaum de la synagogue Beit Simchat Torah, la plus grande synagogue à travers le monde qui célèbre des mariages homosexuels.

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    Arrestation des rabbins Rabbi Jill Jacobs et Rabbi Sharon Kleinbaum
     

    Après les arrestations, un groupe a poursuivi la manifestation sur les trottoirs jusqu’à l’intersection jusqu’à la rue 100th street en scandant des slogans contre les violences policières.

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    La chanson Daloï Politsey sous-titrée en anglais :

    Que cette chanson révolutionnaire yiddish du début du XXème siècle soit chantée en ce début de XXIème siècle à New York ne peut que faire penser à la version anglaise et moderne chantée par Geoff Berner, dont le refrain est devenu "Hey hey daloï politsei, it means the same thing now as yesterday, out of your houses, into the streets, everybody say ‘Fuck the police !'" :

    Même si elle compte aussi - comme ici - ses Zemmour et ses Goldnadel, ses chiens de garde enragés de l'ordre établi et ses sionistes/néocons fanatiques, la communauté juive états-unienne a dans l'ensemble une longue histoire de solidarité avec la lutte des colonisé-e-s intérieur-e-s et en particulier des Noir-e-s. C'est qu'elle se souvient elle-même des "Nègres" - soumis à toutes les vexations et tous les lynchages - qu'étaient ses propres aïeux dans l'Empire russe des tsars et (plus tard) dans l'Europe centrale fasciste et nazie des années 1920-30-40, jusqu'à l'aboutissement final des chambres à gaz d'Auschwitz et Treblinka !

    Et en AmériKKKe même, leur sort face aux tenants de la suprématie blanche-protestante ne fut souvent guère plus enviable que celui des Afro-descendant-e-s :

              6039355 1 lgoodman


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  • Notre sympathie pour la cause et la lutte andalouse (et réciproquement) n'étant plus guère à démontrer, voici la traduction d'un article "andalousiste" révolutionnaire publié sur le site "Marbella toma la plaza" ("Marbella prend la rue") à l'occasion du 4 Décembre, qui est là-bas (depuis la mort d'un jeune manifestant en 1977) la grande journée d'affirmation militante en tant que Peuple nié par l'État moderne "espagnol".

    http://www.marbellatomalaplaza.net/2014/12/03/4-de-diciembre-dia-nacional-de-andalucia-por-la-emancipacion-de-la-clase-obrera-y-de-los-pueblos/

    10273443_741851942607185_7722192694216313661_n.jpg

    1. Le 4 Décembre dans la lutte des classes : nationalisme et internationalisme

    Historiquement, ce fut le 4 décembre 1868 que naquit le fédéralisme républicain andalou lorsque le peuple de Cadix se souleva contre le gouvernement de Madrid pour exiger plus d'auto-gouvernement. Par ailleurs, le 4 décembre 1977, deux millions d'Andalou-se-s descendirent dans la rue pour réclamer leurs droits en tant que travailleurs/euses et en tant que Peuple à une dictature agonisante - qui n'en finissait pas de mourir en continuant à tuer toujours plus. Les aspirations nationales et internationales s'unirent dans un même acte de révolte, dans un des plus puissants processus révolutionnaires de notre histoire récente. La lutte pour sa terre et pour sa classe fut ce qui conduisit Manuel José García Caparrós à descendre dans la rue ce jour-là ; et ce pour quoi il fut assassiné par les forces répressives de la droite oligarchique fasciste "espagnole".

    Dans la lutte des classes, nationalisme [NDLR : nous dirions quant à nous "affirmation en tant que Peuple face à l’État-(pseudo-)"nation" négateur] et internationalisme sont les deux faces d'une même pièce. Les nations sont des catégories historiques dynamiques et ouvertes [NDLR : lire ici] ; des ensembles articulés de rapports socio-économiques ; des cadres différenciés dans lesquels se déroulent les conflits sociaux entre classes. Ne pas comprendre la question national dans le processus révolutionnaire signifie échouer au moment d'en finir avec le capitalisme. La question nationale est une question dialectique dans laquelle des forces contradictoires sont en lutte, mais peuvent et doivent se conjuguer pour atteindre un objectif concret : la fin du capitalisme.

    D'un côté, la classe ouvrière est internationale : un ouvrier basque, andalou, nord-américain, japonais ou angolais occupe exactement la même place dans la chaîne de production, celle de générateur de plus-value pour que la bourgeoisie la lui vole. Mais de l'autre, chaque travailleur et travailleuse fait partie d'un Peuple et d'une nationalité concrète, avec son histoire, sa langue, sa culture, ses traditions - en résumé, son identité. L'idée consiste à conjuguer internationalisme et nationalisme pour, d'une part, défendre notre héritage culturel comme nation et de l'autre, défendre à la classe laborieuse dans son ensemble contre la bourgeoisie. Nous ne pouvons pas permettre que la question nationale divise la classe laborieuse dans sa lutte contre le capitalisme, mais nous ne pouvons pas non plus permettre que l'on fasse taire la voix des Peuples en lutte pour leur identité nationale. 

    Avant toute chose, il faut préciser que lorsque nous parlons de nationalisme nous ne parlons pas de nationalisme bourgeois, du nationalisme du PNV ou de la CiU, partis de droite représentant la bourgeoisie basque ou catalane et utilisant les honnêtes sentiments populaires au service de leurs buts économiques d'exploitation des classes laborieuses de leurs nationalités respectives. Lorsque nous parlons de nationalisme nous parlons de souverainisme, c'est-à-dire du droit qu'ont les Peuples de décider de leur propre destin. Pour cela nous devons défendre sans l'ombre d'une hésitation le droit à l'autodétermination des Peuples du monde entier, pour que chaque nation puisse décider librement de son degré d'autonomie.

    Nous devons, cependant, également souligner que l'indépendance des nations opprimées dans le cadre du capitalisme ne résoudra pas les problèmes de la classe laborieuse de ces nations. Le souverainisme et l'anticapitalisme doivent aller de pair. Dans le cas contraire cela reviendrait à changer un maître pour un autre, à échanger la bourgeoisie étrangère contre la bourgeoisie nationale. Et notre lutte est une lutte contre la bourgeoisie, quelle que soit sa nationalité. Pour vaincre nous devons obtenir l'unité des classes travailleuses, quelle que soit leur nationalité. Nous ne devons pas rentrer dans le jeu des bourgeoisies qui, qu'elles soient espagnole ou périphériques, agitent hypocritement des drapeaux pour diviser la classe laborieuse et ainsi mieux nous exploiter, et n'hésitent pas ensuite à pactiser entre elles pour des questions économiques et sociales.

    En résumé, la libération d'une nation opprimée passe par l'émancipation de classe. Nous ne serons pas véritablement libres en tant que Peuple si nous n'en finissons pas avec le système qui nous opprime en tant que classe sociale.

    D'un autre côté, la Révolution est quelque chose de très contagieux. Lorsqu'elle triomphe dans une nation, elle tend à se propager aux autres pays. C'est pour cela qu'il faut tisser des liens avec la classe ouvrière des autres Peuples et nations pour que la révolution s'étende le plus rapidement et efficacement possible, pour construire un cadre économique solidaire entre les Peuples afin de compenser les déficiences économiques de chaque nationalité (que ce soit au niveau technico-industriel ou au niveau des matières premières et de l'alimentation) et pour éviter que la révolution ne reste isolée ou n'échoue à cause de ses contradictions internes.

    [Note SLP : Il faut s'arrêter ici pour relever combien, de notre côté des Pyrénées, de tels propos seraient la porte ouverte à toutes les contre-"argumentations" et les attaques "marxistes" ou "anarchistes" qui les ramèneraient pratiquement à du "fascisme identitaire" (suivant le concept de "moins je suis intelligent plus je m'en donne l'air") : il faut dire que dans l’État espagnol on peut se permettre de s'exprimer plus "librement", c'est-à-dire de manière moins rigoureuse sur ces questions de nationalités/peuples car leur rejet sous un masque "de gauche" est extrêmement marginal (même les fascistes d'ailleurs ne nient pas vraiment l'existence des Peuples mais affirment la primauté de la "famille Espagne"). En réalité, le "nationalisme"/"souverainisme populaire" (= affirmation de Peuple) ne se "conjugue" pas avec la lutte des classes (et sa dimension internationaliste) : il EST la lutte de classe du Peuple travailleur sur un territoire déterminé, face à un État produit et instrument du capitalisme et (dans le cas bien sûr des grands États comme la France, l'Espagne, le Royaume-Uni, l'Italie etc.) de la nécessité pour celui-ci d'établir et d'étendre en permanence sa base d'accumulation - en l'occurrence sa base d'accumulation première, pour ce qui est des États modernes construits entre le Moyen Âge et le 19e siècle. Si l'on laisse de côté les bourgeoisies nationales (des nationalités réelles) qui lorsqu'elles s'en sentent la capacité (comme au Pays Basque "espagnol" ou en Catalogne) peuvent militer pour avoir leur propre État capitaliste, nous avons donc d'un côté des PEUPLES TRAVAILLEURS qui sont des ensembles humains unis par les mêmes caractéristiques culturelles (fruits d'un continuum historico-social) et la même position sociale (personnes dont les revenus proviennent exclusivement de l'emploi de leur propre force de travail et non de celle des autres), et de l'autre des ÉTATS qui sont les quartiers-généraux de la bourgeoisie (personnes vivant principalement du produit de la force de travail d'autrui) mais aussi (c'est important !) les râteliers d'un grand nombre de petits bourgeois, y compris (s'affirmant) "de gauche" voire "d'extrême-gauche", qui leur doivent leur position sociale et s'acharnent donc à les défendre comme des "nations" "cadres de la lutte des classes" ou encore à prôner leur "dépassement" vers un "universel" abstrait, contre ceux qu'ils accusent (dans tous les cas) de vouloir "faire tourner la roue de l'histoire à l'envers", "revenir aux duchés du Moyen Âge" etc. etc. La question de l'identité culturelle "nationale" niée par les États du Capital est le reflet superstructurel de la transformation de la communauté des producteurs (lors de l'accumulation première capitaliste et par la suite, sous la "révolution industrielle" et jusqu'à l'époque des monopoles) en une "juxtaposition de solitudes" vendeuses de force de travail, génératrices de plus-value et consommatrices de marchandises (car lorsque la valeur produite est "enfermée" sous forme de marchandise, il faut bien fourguer celle-ci pour "réaliser" la plus-value !) ; bref de la construction de ce que le géant communiste italien Renato Curcio a appelé la Cité des Spectres. Même les masses travailleuses de la nationalité "centrale" (celle dont la classe dominante a construit l’État en annexant d'autres nationalités) ont au demeurant subi une telle négation de leur culture populaire, reflet culturel de leurs solidarités "ancestrales", même si la construction de l’État (comme "bassin" économique capitaliste) en Centres et Périphéries les "privilégie" en son sein. La lutte des classes consiste donc à abattre l’État produit et instrument du Capital (sauf à considérer celui-ci comme une entité "neutre", ce qui relève du pire opportunisme) par l'affirmation unie des Peuples exploités et niés qu'il renferme ; et cette affirmation consiste entre autres choses à se réapproprier et réaffirmer la culture populaire nationale (en effet !) qui a été écrasée dans le cadre de la transformation du Peuple en juxtaposition de producteurs (par leur travail comme par leur consommation) de plus-value. L'unité indispensable des Peuples d'un même État (sans même parler d'au-delà !) n'implique pas que les Peuples s'auto-nient au profit de la fausse "nationalité" étatique ou d'un "prolétariat qui-n'a-pas-de-patrie" abstrait, autrement dit qu'ils tombent dans les pièges idéologiques de l’État-appareil-du-Capital lui-même.]


    2. L'Andalousie et l’État espagnol

    La classe laborieuse ne vit pas dans des réalités aseptisées, mais dans des réalités socio-économiques très concrètes. Le Peuple andalou, qui est l'une des nations les plus anciennes de l'histoire, a toujours été relié d'une manière ou d'une autre avec les autres populations de la péninsule ibérique et de la Méditerranée, tissant des milliers de liens économiques, sociaux et politiques. Certains de ces liens furent volontaires, mais la grande majorité furent hélas imposés par la force depuis l'extérieur. Le Peuple andalou a toujours été marqué par la richesse naturelle de son territoire (agriculture et matières premières), pour le meilleur et pour le pire. L'organisation de la terre cultivable en grandes propriétés (latifundias) a toujours lourdement pesé sur la vie économique de notre Peuple tout au long de son histoire, rendant impossible le développement industriel de notre terre. L'oligarchie andalouse, exploiteuse historique de la terre, a toujours participé au système de pouvoir espagnol, extrayant les ressources de l'Andalousie pour son négoce avec l'extérieur [NDLR : nous avons vu que suite à la conquête commencée en 1212 (Navas de Tolosa) et achevée en 1492 sous les murs de Grenade, cette grande propriété foncière est principalement issue de nobles castillans implantés aux dépens de l'élite "maure" antérieure, de manière totalement coloniale - ainsi la duchesse d'Albe récemment décédée, issue d'une très vieille famille aristocratique castillane qui s'est notamment "illustrée" dans la répression de la lutte nationale bourgeoise en Belgique et aux Pays-Bas, possédait plusieurs milliers d'hectares en Andalousie. Un procédé finalement assez comparable a celui de l'expropriation des petits seigneurs occitans - faidits - par les chevaliers francs de Simon de Montfort au 13e siècle ; d'ailleurs les petits nobles "maures" dépossédés prendront la tête de plusieurs révoltes jusqu'à leur ordre d'expulsion définitive en 1609. La bourgeoisie andalouse qui a, pour sa part, longtemps et durement mené la lutte pour une république bourgeoise de vision assez démocratique (... et remplit aujourd'hui les rangs du PSOE, dont l'Andalousie est un bastion) est quant à elle issue de la classe marchande "maure" ou juive convertie (de force) au catholicisme et "passée à travers" des persécutions]. C'est de cette manière que l'une des terres les plus riches d'Europe s'est vue plongée dans la misère. Ceci n'est pas "la faute à pas de chance" ou dû à l'"indolence" des Andalou-se-s. La situation de misère actuelle est bel et bien le fruit de l'exploitation capitaliste sous les auspices du gouvernement étatique central associé à l'oligarchie andalouse, qui ne permet pas au Peuple travailleur andalou de relever la tête.

    Le 4 Décembre, jour d'affirmation révolutionnaire du Peuple andalou

    L'Andalousie est à l'heure actuelle intégrée à l’État espagnol, un État constitué de différentes nationalités périphériques unies au pouvoir central par le "droit" de conquête. La faible bourgeoisie espagnole n'a jamais pu étouffer l'identité des différentes nations périphériques et s'est trouvée incapable de construire un État national unifié par les voies économiques, obligée dès lors d'employer la force pour maintenir son unité étatique "espagnole" (la dernière fois lors de la guerre civile) [cela aussi nous l'avons analysé à plusieurs reprises : "au terme de ce "Siècle d'Or" que l'on peut considérer révolu au milieu du 17e siècle, la Castille qui a achevé la "Reconquista", unifié politiquement la péninsule et "découvert" les Amériques n'a pas su mettre à profit cet imperium mundi pour s'ériger en PUISSANCE ÉCONOMIQUE, en véritable CENTRE DIRIGEANT de la production capitaliste ibérique" ; "l’État "espagnol" castillan (...) n'a pas su ensuite fortifier ÉCONOMIQUEMENT sa position dominante (ce que l'Empire colonial permettait pourtant largement, mais il a dilapidé ce "capital" !), ne pouvant plus dès lors s'imposer que par la force ainsi que par le soutien d'une puissance "tutélaire" (la France du règne de Louis XIV jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, puis les États-Unis dans le cadre de la Guerre froide et désormais la "Banane bleue" européenne)"].

    En étudiant l'histoire de l'Espagne il apparaît de manière évidente que ce pays, comme État unifié et projet volontaire des habitants de la péninsule ibérique, n'a jamais existé en tant que tel. Sous la domination romaine, les différents Peuples péninsulaires furent unis dans une province romaine appelée "terre des lapins" : Hispania. L'unité passa ensuite par la domination wisigothe [c'est d'ailleurs de l'aristocratie wisigothe convertie au catholicisme après un coup d’État puis réfugiée au Nord de la péninsule (sur la côte atlantique) devant la conquête arabo-berbère (accueillie comme une libération par de larges secteurs de la population) qu'est issue la classe dominante castillane] puis par la conquête et l'unification promues par les Royaumes de Castille et d'Aragon, la domination de la maison autrichienne des Habsbourg (Charles V - Quint - du Saint-Empire) et enfin celle de la dynastie française des Bourbons (Philippe d'Anjou). Pas même au 19e siècle, avec l'émergence des grands États "nationaux" européens, la bourgeoisie "espagnole" n'a réussi à obtenir l'unité réelle de son État. Cependant, la droite espagnoliste alliée à l’Église catholique a pu pendant 40 ans de dictature franquiste tenter d'imposer par la force l'idée d'unité de l'Espagne aux différents Peuples. Ce discours mensonger et lancinant s'est poursuivi durant et après la Transition [1975-82], sous les différents gouvernements PP et PSOE qui ont fait des concessions à la droite nationaliste (PNV et CiU) mais ont persisté à nier le droit à l'autodétermination des Peuples de l’État espagnol.

    L’État espagnol est une prison de nations opprimées, et l'Andalousie est l'une des plus opprimées de toutes par le pouvoir central depuis des siècles. La fin du capitalisme dans l’État espagnol passera obligatoirement par la Libération nationale des Peuples opprimés qui le composent.


    3. Manuel José García Caparrós : ton souvenir est notre force pour continuer la lutte

    caparrosarbonaida

    Mon frère était un jeune homme joyeux, s'il entrait 24 fois à la maison il embrassait 24 fois mon père et autant pour ma mère (…)”

    Manuel José était un jeune homme de 19 ans comme n'importe quel autre, mais il était aussi un révolutionnaire comme il y en avait peu. Ouvrier dans une fabrique de bière de Malaga et militant du PCE et des CCOO [le syndicat du PCE], il y avait en lui cette force irrépressible de la classe ouvrière qui permet la transformation de la société. L'Andalousie était sa terre et sa classe était la classe des travailleurs. Comme des centaines de milliers d'autres malaguènes, il participa le 4 décembre 1977 à une grande manifestation pour revendiquer le droit des travailleurs/euses à se libérer du joug capitaliste et le droit du Peuple andalou à décider de ses relations avec l’État espagnol. L'Andalousie exigeait sa liberté après des siècles sous la botte des propriétaires fonciers. Les travailleurs/euses andalou-se-s voulaient la révolution, en finir radicalement avec l'oppression qu'ils/elles subissaient, gagner la liberté que leur avait refusée la dictature fasciste de Franco, laquelle avait survécu à la mort du dictateur.

    La dictature faisait peau neuve pour que les fascistes de toujours puissent de maintenir au pouvoir. L'oligarchie entrepreneuriale-bancaire-agraire, celle des 100 familles, continuait à dominer sous l'aile protectrice de l’État et ne pouvait accepter une explosion révolutionnaire de la classe ouvrière et des Peuples opprimés. La machine de répression fasciste était en pleine forme et ce 4 décembre-là son bras exécutant assassina un travailleur de 19 ans qui exigeait la dignité pour sa classe et pour sa terre. Ce jour-là la droite tua un homme, mais jamais le révolutionnaire.

    Juanjo Muñoz

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    Pour les castillanophones, un document de 25 pages à lire absolument : ANDALUCÍA, UN PAÍS CON HISTORIA

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  • Publié sur Facebook par l'excellent Alèssi Dell'Umbria :

    "Il y a 40 ans jour pour jour, le 2 décembre 1974, le grand Lucio Cabañas mourrait sous les balles des militaires au terme d'un affrontement dans la Sierra de Atoyac, dans l'État de Guerrero. Bien avant de fonder le Parti des Pauvres et sa Brigade de Justice, Cabañas avait fréquenté cette même école d'Ayotzinapa dont 43 élèves ont été enlevés voici deux mois par les flics narcos et qui sont toujours portés disparus. En ce 2 décembre, alors que tout le Mexique est traversé par des manifestations, alors que de nombreuses communautés du Guerrero viennent de décider de s'organiser en Conseils autonomes, alors que le seul appui qu'ont reçu les parents des 43 disparus est venu des polices communautaires indigènes du Sud du Guerrero, on ne peut pas oublier que la genèse de toute cette barbarie narco-politique se trouve quarante ans auparavant, dans la guerre contre-insurrectionnelle menée dans ce même État contre les guérillas paysannes. On ne peut plus ignorer qu'il n'y a pas d'un côté des narcotrafiquants et de l'autres un État vertueux : l'alliance des narcos, de la classe politique et des autorités militaires s'est nouée il y a 40 ans et est devenue le mode normal de gouvernance dans tout le Mexique en général, et dans le Guerrero en particulier. ¡ Lucio Cabañas vive, la lucha sigue ! ¡ Nos faltan 43 !"


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    Petite traduction libre de l'article Wikipédia en anglais : Lucio Cabañas Barrientos (né le 12 décembre 1938, mort le 2 décembre 1974) était un instituteur rural mexicain devenu guérillero révolutionnaire, bien que non-marxiste : son modèle absolu était Emiliano Zapata et il n'abandonna jamais sa foi chrétienne, comme le montre le documentaire que Gerardo Tort lui a consacré. Né dans la localité d'El Porvenir à Atoyac de Álvarez, il commence à militer alors qu'il est encore étudiant à l’École normale rurale de l'
    État de Guerrero (école de formation des instituteurs ruraux, à Ayotzinapa donc). Il est élu en 1962 secrétaire général de la Fédération des étudiants paysans socialistes.

    Devenu instituteur, il se heurte à un directeur d'école qui veut imposer le port de l'uniforme aux élèves, aux frais des familles bien sûr, ce à quoi il rétorque que la plupart des parents d'élèves n'ont même pas de quoi nourrir leurs enfants : le directeur est remplacé mais nombre de ses partisans restent. Lorsque le 18 mai 1967 un mouvement de grève se termine par une fusillade et de nombreux morts, il prend le maquis dans la montagne et s'y joint au groupe de Genaro Vázquez Rojas (l'Association civique nationale révolutionnaire - ACNR - qui mène déjà des actions de guérilla depuis plusieurs années) jusqu'à la mort de ce dernier, tué par l'armée en février 1972.

    Cabañas prend alors la tête de son propre groupe, le Parti des Pauvres (PDLP) dont la branche armée est la Brigade paysanne de Justice (Brigada Campesina de Ajusticiamiento, "pour se rendre justice" serait la traduction exacte). L'organisation compte environ 300 membres opérant principalement dans la Sierra de Atoyac, où le gouvernement bourgeois dépêche plus de 16.000 militaires (!) pour leur donner la chasse (une cinquantaine seront tués). En décembre 1974 le PDLP capture la pourriture d'oligarque Rubén Figueroa, sénateur PRI (le parti de pseudo-"gauche" qui a gouverné le Mexique sans interruption de 1929 à 2000 et de nouveau depuis 2012) et futur gouverneur du Guerrero. C'est lors d'une tentative de libération de ce dernier par l'armée que Lucio Cabañas trouve la mort ; bien que certains nieront celle-ci ou diront qu'il a d'abord été capturé puis exécuté extrajudiciairement.

    Quoi qu'il en soit, sa figure historique est devenue un emblème et un signe de ralliement pour toute la gauche populaire militante du Guerrero et de tout le Mexique, comme par exemple lors de la "Commune de Oaxaca" (2006) où son portrait côtoyait ceux du Che ou de Lénine.

    Sa dernière compagne Isabel Ayala Nava, qui avait poursuivi dans le militantisme social depuis les années 1970, a elle aussi péri assassinée dans des circonstances non-élucidées en juillet 2011 - il semblerait qu'elle exigeait une enquête sur l'assassinat d'un de ses frères.

    Le Parti des Pauvres prendra quant à lui un tournant nettement plus marxiste en fusionnant avec le Procup (Parti révolutionnaire ouvrier clandestin - Union du Peuple) en 1982. Le Procup-PDLP, dont on peut lire un très bon document ici, est à l'origine des deux principales guérillas opérant actuellement dans la Mixteca (États de Guerrero et Oaxaca) : l'EPR/PDPR (Armée populaire révolutionnaire/Parti démocratique populaire révolutionnaire) et l'ERPI (Armée révolutionnaire du Peuple insurgé, scission de la première sur une vision plus "horizontaliste"/"basiste" de la lutte révolutionnaire et de la société à construire, ce qui en ferait finalement nos "préférés" : ils ont entendu et répondu aux bonnes questions soulevées par le zapatisme sans pour autant jeter le marxisme aux orties - l'ERPI a par ailleurs annoncé la création d'une "brigade punitive" contre les personnes et les intérêts du cartel des Guerreros Unidos, en réponse au massacre d'Iguala).

     


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  • Ce week-end se déroulaient deux évènements de première importance pour les deux grands partis de la bourgeoisie ouvertement réactionnaire en Hexagone.

    Nous ne nous étalerons pas sur une analyse de ces forces politiques déjà maintes fois faite, mais nous relèverons simplement les quelques tendances qui se dégagent.

    Du côté de la bourgeoisie réactionnaire plus "sociale"-"étatiste" et moins "main invisible du marché" ("Nous sommes les seuls raisonnables, rejetant à la fois l'ultra-étatisme et l'ultralibéralisme"), plus souverainiste (eurosceptique pour ne pas dire europhobe) et plus tournée vers la Russie que vers l'alignement atlantique traditionnel ("Notre Europe va de l'Atlantique à l'Oural, pas de Washington à Bruxelles", sans parler du prêt de 9 millions d'euros consenti par une banque russe et de la présence au congrès de deux hauts responsables du régime de Poutine), nous avons bien sûr nommé le FN qui tenait son congrès à Lyon presque quatre ans après celui qui avait vu Marine Le Pen prendre la tête du parti, cette dernière a été reconduite dans sa fonction on ne peut plus confortablement... en l'absence de concurrent (100% des voix) : http://www.lexpress.fr/actualite/politique/fn/au-congres-du-fn-marion-marechal-le-pen-devance-de-tres-loin-florian-philippot_1627326.html.

    congresFNLyon.jpgMais plus intéressante a été l'"élection" (en fait une succession de votes plébiscitaires) au "Comité central" du Front, sorte de "parlement interne" : on y a vu la nièce de la présidente, Marion Maréchal-Le Pen, plébiscitée par plus de 80% des voix très loin devant... Florian Philippot (quatrième avec 69%), le désormais incontournable porte-parole de la "ligne Marine" que l'on voit sur tous les plateaux télé. Or Marion Maréchal est justement l'incarnation de la "légitimité dynastique" et surtout des "fondamentaux" du lepénisme, sur une ligne très extrême-droitière tandis que Philippot est bien sûr le principal artisan et représentant du "relooking" mené depuis 2011 sur une ligne "chevènementiste", "souverainiste-antilibérale ni droite ni gauche", ligne qui a permis au FN de quadrupler ses adhérents (83.000 contre 23.000 lors du précédent congrès) et de connaître les triomphes électoraux que l'on connaît (hélas) au printemps dernier mais qui est aussi très contestée par la "vieille garde" et le "noyau dur" militant "historique". Est ainsi souvent mise en avant (par les participants au congrès) la participation de Marion Maréchal à la "Manif pour tous" homophobe qui avait mobilisé plusieurs millions de personnes début 2013 ; mobilisation sur laquelle Philippot avait préféré placer le Front National "en retrait" dans une tentative (peut-être) d'apparaître plus "ouvert" et "moderne" que l'aile droite de l'UMP. Il ressort en fait de tout cela que la FN n'a pas pu "grossir" autant sans développer d'importantes contradictions internes. En parlant de "vieille garde", Bruno Gollnisch (qui était là sur ses terres) a également obtenu un score respectable avec le "plébiscite" de 65% des votants. Si la deuxième place du conjoint de Marine Le Pen (et accessoirement représentant du vote pied-noir du "Midi") Louis Aliot n'est pas une surprise, il faut en revanche relever la troisième (70%) du ch'ti Steeve Briois, incarnation à la fois de la ligne historique "nationaliste populaire"/"droite ouvrière" (il n'est nullement une nouvelle recrue de l'"ère Marine" et milite au Front depuis 1988, mais il est typique de la percée de l'extrême-droite en milieu ouvrier à cette époque) et de la "marche au pouvoir" puisqu'il est la figure emblématique des victoires aux dernières municipales (élu dès le premier tour !), ainsi que de la ligne de "conquête des classes populaires abandonnées et trahies par la gauche"... Ligne évidemment soutenue par Philippot ; mais ce dernier incarne un côté "techno" "sorti des grandes écoles" (HEC et ENA) là où Briois incarne l'extraction populaire et "l'homme de terrain".

    En tant que communistes et antifascistes, notre objectif n'est pas de jouer à la boule de cristal mais de "blinder" le camp populaire révolutionnaire (ou du moins viscéralement antifasciste, anti-réactionnaire, antiraciste etc.) en parant à toute éventualité. Si le Front National parvient à surmonter ces contradictions, il sera alors un candidat très sérieux pour ne pas dire certain au pouvoir en 2022 voire dès 2017 (où c'est cependant l'actuelle UMP qui devrait l'emporter) ; la situation étant alors bien évidemment pire que tout ce que des gens de 30 ou 40 ans ont peu connaître depuis leur naissance. Mais il peut aussi éclater sous ces contradictions comme il l'avait fait en 1999 après une décennie de grands (sans doute trop grands) succès (sans être cependant monté aussi haut qu'il ne l'est maintenant) : seuls les imbéciles se réjouiront alors car nous avons vu qu'un tel éclatement conduit, comme un abcès qui crèverait à l'intérieur du corps, à une contamination septicémique de tout le champ politique bourgeois par les thématiques d'extrême-droite.

    696858-ide-ump-election-president-141129-01Du côté de la droite plus "traditionnelle", "atlanto-occidentaliste", économiquement libérale et géopolitiquement européiste (non sans critiques voire scepticismes ici et là), autrement dit l'UMP (qui devrait bientôt changer de nom), on votait pour élire le président du parti... ce qui devait signer le "grand retour" de Nicolas Sarkozy. Eh bien en fait de grand retour, celui que ses partisans espéraient à 70 voire 80% doit se contenter d'un modeste 64,5% face au pourtant bien terne Bruno Le Maire qui avoisine les 30% : http://www.liberation.fr/politiques/2014/11/29/forte-mobilisation-des-militants-ump-pour-l-election-du-president-du-parti_1153259.

    Certes, comme le font remarquer les commentateurs, les 85% obtenus lors de sa précédente candidature il y a 10 ans l'avaient été face à deux candidats de courants très spécifiques et minoritaires, l'anti-européiste viscéral Dupont-Aignan (qui a quitté l'UMP depuis) et l'ultra-catholique (mêlant doctrine sociale de l’Église et ultra-conservatisme sur les questions de société) Christine Boutin ; alors que "là il était face à un vrai représentant de la ligne centriste"... c'est vrai, mais c'est justement tout le problème.  

    Ce qui apparaît en réalité, bien que nous n'observions pas le score ultra-serré et la terrible division que l'on avait pu voir lors de la précédente élection entre Copé et Fillon, c'est que (comme nous l'analysions déjà à l'époque) l'UMP forgée au début des années 2000 face à une "gauche" bourgeoise recentrée qui - dans la lignée de Blair ou Schröder - semblait avoir écarté à jamais la droite du pouvoir regroupe en réalité des gens qui n'ont pas grand-chose à faire ensemble et, quand bien même une grande partie du "problème" aurait déjà été "ventilé" vers l'UDI de Borloo, tend à éclater dans le nouveau contexte de crise capitaliste au stade terminal face à une gauche pulvérisée dans l'opinion après moins d'un an de pouvoir et un FN que 99% des enquêtes d'opinion annoncent déjà en tête du premier tour de la présidentielle 2017 : d'un côté une ligne de centre-droite mêlant les traditions démocrate-chrétienne (jamais vraiment assumée sous ce nom en Hexagone "laïc", sauf par Boutin mais pour le coup c'est beaucoup plus un catholicisme social-conservateur), libérale, radicale de droite (valoisienne) et "gaulliste sociale" (ces deux dernières revenant peu ou prou au même) ; de l'autre une droite décomplexée réunissant le "vrai gaullisme" (nationaliste et conservateur voire réactionnaire, façon Guaino ou "Droite populaire"), les épigones libéraux-conservateurs de Margaret Thatcher (représentés ce week-end face à Sarkozy par Hervé Mariton) et les lecteurs discrets (aux WC) de Maurras et Barrès, bref ceux que nous avons déjà qualifiés de Fédération républicaine de notre époque (ce parti de la droite "dure" sous la 3e République qui fournira à Vichy bon nombre de ses principaux cadres, notamment son "Goebbels" Philippe Henriot et son commissaire général aux questions juives Xavier Vallat, le phénomène "Bleu Marine" s'apparentant quant à lui au Parti social français de La Rocque).

    Une droite "décomplexée" qu'incarnait a priori Sarkozy ("inventeur" de la notion), quoique de manière volontairement moins clivante et (on l'a dit) face à un candidat moins "sérieux" que Copé face à Fillon il y a deux ans ; et qui surtout regarde de plus en plus (comme en témoignent toutes les enquêtes) vers l'alliance avec le FN et les "valeurs communes" :

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    De fait, le pire scénario pour 2017 serait sans doute celui de deux candidatures UMP concurrentes comme Chirac et Balladur en 1995, sauf que cette fois cela déboucherait sur un FN très largement en tête au premier tour et peut-être vainqueur au second - ce scénario semble cependant improbable vu qu'une primaire est prévue pour désigner le candidat UMP à la présidentielle, que le parti ne compte plus vraiment de "têtes brûlées" capables d'une telle chose et que tant la base que le sommet semblent bien conscients d'une telle menace. Mais même dans le cas d'une candidature unique, la grande question sera alors de mener une campagne plutôt droitière dans l'idée d'"arracher" des électeurs au Front National, ce qui correspondrait a priori au "profil" de Sarkozy (mais beaucoup tomberont-ils dans le panneau une nouvelle fois, après l'avoir déjà fait élire en 2007 et été déçus ?), ou au contraire une campagne centriste dans la perspective de capitaliser sur un électorat de centre-gauche qui a déjà fait son deuil du deuxième tour 2017 et ne cherche plus qu'à éviter le "pire" (le FN au pouvoir...), ce pourquoi un Alain Juppé serait logiquement plus qualifié... Sachant que dans tous les cas, après les sifflets et les cris d'"Abrogation !" essuyés par Sarkozy (lors d'un meeting) au sujet du mariage pour tou-te-s, semble se dessiner ce que relève (en grand connaisseur du "peuple de droite", et pour cause) Éric Zemmour, à savoir l'émergence d'un véritable lobbying de droite qui veut faire pression sur les directions pour obtenir, en cas d'alternance, une véritable politique de droite satisfaisant ses revendications et non plus seulement "faire barrage à la gauche" pour voir ensuite les "appareils" mener une politique centriste ; bref ce qui selon Zemmour "existe déjà à gauche" avec les "syndicats notamment de fonctionnaires", les "lobbies sociétaux notamment LGBT", les écolos ou encore les "associations de banlieue".  Car il est vrai que si - comme nous l'avons analysé - le capitalisme en crise sécrète une pensée dominante de plus en plus réactionnaire, un "peuple de droite" de plus en plus à droite et un "peuple de gauche" de plus en plus résigné, désemparé, politiquement pathétique comme un Domenach face à Zemmour sur i>Télé et bien souvent... de plus en plus centriste, ceci - une fois les bulletins déposés dans l'urne puis dépouillés et la droite élue - ne s'est jusqu'à présent que peu traduit dans la politique menée ensuite, le contraste le plus flagrant étant sans doute celui entre la campagne "buissonnière" de Sarkozy en 2007 et la politique de centre-droite tout ce qu'il y a de plus classique menée pendant les 5 années suivantes (avec un FN à presque 20% à l'arrivée). Or dans une mécanique où les fractions du Grand Capital monopoliste (et notamment la fraction rendue la plus agressive par la crise) ne "fabriquent" pas les politiciens qui "fabriqueraient" ensuite "l'opinion", mais "fabriquent l'opinion" qui votera ensuite pour les politiciens les plus conforme aux intérêts du Capital, il est évident que cela ne peut plus durer et qu'il faut "secouer" la "caste" politique afin qu'elle se décide à mener des politiques "tranchées" (dans le sens des intérêts de l'impérialisme bleu-blanc-rouge) et non plus des politiques "consensuelles" de satisfaction de tous et toutes : il "faut" déterminer une fois pour toute des secteurs sociaux auxquels la politique menée sera favorable et d'autres auxquels elle sera ouvertement hostile ("immigrés" et descendants, "assistés" en tout genre, Rroms, jeunes "babas cools" "peu productifs" alors un de plus ou un de moins - n'est-ce pas Rémi Fraisse ? - etc. etc.).

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    En attendant et contrairement aux apparences, le FN de Marine Le Pen n'est pas du tout hostile à de tels rapprochements avec la "droite républicaine" mais intelligemment, c'est à dire en "tissant sa toile" à la base et en jouant celle-ci contre les "appareils" : une stratégie qui a déjà payé puisque comme nous le savons, aux dernières sénatoriales, les deux sénateurs FN élus (Stéphane Ravier et David Rachline, une première pour le Front) n'auraient jamais pu l'être sans les voix de nombreux petits élus "divers droite"... voire carrément UMP (en tout cas élus sur des listes d'"Union de la Droite").

    C'est que concrètement, Marine Le Pen fait à droite (et dans le champ politique bourgeois en général) ce que les communistes devraient faire "à gauche" dans le champ populaire progressiste : elle se positionne en centre d'agrégation autour d'un "pôle" idéologique - le sien. Tout le contraire, en quelque sorte, du 'p''c''mlm' qui trouve encore là le moyen de cracher sur le "fiasco anarcho-trotskyste" de la manifestation antifasciste qui se déroulait parallèlement à Lyon (voir le VRAI récit des évènements ici, aussi éloigné des "anarchistes venus casser des vitrines de banques, des abris-bus ou brûler des poubelles" de nos pseudo-"maoïstes" que leur version des manifs pro-palestiniennes de juillet dernier l'était de la réalité 1 - 2) ; autrement dit les forces populaires antifascistes AUTONOMES vis-à-vis de la social-démocratie et du "républicanisme" bourgeois, celles que les communistes doivent justement agréger autour d'eux dans un esprit de Front populaire-révolutionnaire unifié, anticapitaliste et antifasciste pour construire et opposer à la mobilisation réactionnaire de masse une VÉRITABLE MOBILISATION PROGRESSISTE-RÉVOLUTIONNAIRE (et non, comme le prône le 'p''c''mlm', une mobilisation social-démocrate/"républicaine" complètement subordonnée à la "gauche" bourgeoise des Valls et compagnie !). Un camp populaire progressiste-révolutionnaire dont le caractère minoritaire (encore que 4.000 personnes dans une ville de "province", ce soit loin d'être mal !) n'est qu'une question de travail politique de longue haleine, qui reste encore largement à mener !

    lyon_antifa_red.jpgCe sera là aussi (encore une fois) l'occasion de rappeler que le désormais pulvérisé Alain Soral (lire encore ici) n'est strictement pour rien - sinon à la marge - dans le succès que connaît actuellement le Front National, succès qui repose à 95% sur 1°/ le rejet de "l'islam" (d'ailleurs une autre guest star du congrès, curieusement pas mentionnée par nos "materialistes.com" était le très islamophobe, occidentaliste et pro-israélien leader d'extrême-droite néerlandais Geert Wilders), 2°/ les thématiques "immigration-sécurité" autrement dit le rejet des colonies/"ennemies" intérieures et 3°/ les angoisses face à une crise et une "mondialisation" auxquelles ne répondraient pas correctement des "politiques décidées à 90% par Bruxelles"... autrement dit le discours ambiant dans lequel nous font baigner les Zemmour & co au quotidien depuis des années ! À concentrer le combat "antifasciste" contre des épouvantails, faut-il alors s'étonner que le fascisme mainstream explose ?

    Une dernière chose - enfin - qui ressort des enquêtes dont vous pouvez voir quelques éléments ici, et qu'il faut relever, c'est que le sentiment de proximité idéologique et les "appels du pied" pour des alliances électorales ne sont pas principalement le fait d'un électorat UMP qui serait "pris de panique" et "aux abois" devant la montée de son concurrent FN... mais plutôt, au contraire, celui des électeurs et sympathisants FN beaucoup plus nombreux (bien que ceux de l'UMP le soient également, ne serait-ce que par calcul arithmétique électoral...) à se considérer "dans le même camp" que l'UMP et à voir la victoire de celui-ci comme un "moindre mal" (face à des "socialos" qui ont bien réussi comme il faut, en deux ans et demi de pouvoir, à dégoûter les classes populaires) que l'inverse. Ceci a finalement tendance à montrer qui subordonne quoi : le FN a certes tendance (depuis 30 ans !) à agir en "aiguillon à décomplexitude" sur la droite et même une bonne partie de la "gauche", mais nous voyons bien que la montée du FN est en réalité le résultat "extrême" d'une MOBILISATION RÉACTIONNAIRE qui profite AUSSI et même en priorité (pour le moment) à la droite "républicaine", du moment (en tout cas) que celle-ci est capable de se doter d'un leader crédible et mobilisateur affichant un programme clair (le vote FN se positionne alors naturellement comme un "groupe de pression" sur l'UMP pour une politique intérieure plus sécuritaire et "anti-parasites" et pour une politique internationale "plus soucieuse de grandeur et d'indépendance de la France", alors que le vote UMP ne se conçoit jamais comme un "moyen de pression" sur le FN). On peut aussi y déceler un rapport de classe : d'essence populaire (bien que ses élus soient de grands bourgeois) mais populaire aliénée, profondément légitimiste (tout sauf "révolutionnaire"), l'électorat FN a naturellement tendance à s'incliner - s'il n'a pas d'autre choix - devant... "le patron", parfaitement incarné dans la figure d'un "poids lourd" UMP ; tandis que l'électeur UMP nettement plus bourgeois, aisé et diplômé a plus tendance à mépriser cette "gueusaille" qui se livre à des "populistes irresponsables" avec "pour seul résultat de faire passer la gauche" (ce qui est loin d'être prouvé électoralement, mais c'est le grand argument anti-FN de la droite "républicaine" depuis les années 1980). Mais quoi qu'il en soit, puisque l'on a parlé plus haut de "lobbying" interne aux partis politiques, cette volonté de rapprochement avec l'UMP exprimée par son électorat est quelque chose dont devra certainement tenir compte Marine Le Pen dans un avenir proche (pour mémoire c'était ce que prônait et avait tenté de mettre en œuvre Bruno Mégret aux régionales de 1998 et qui, rejeté par Jean-Marie Le Pen au nom d'une ligne "intransigeante", avait conduit à la scission de l'année suivante).


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