• feiglin-019.jpgAprès avoir cité les propos de l'intellectuel progressiste états-unien Norman Finkelstein, nous saisirons ici l'occasion de parler de Moshe Feiglin. Le Likoud est un parti de droite et le principe d'un parti de droite, c'est qu'il y a toujours un ou deux gars pour dire tout haut ce que beaucoup sinon la majorité, par souci de "respectabilité", pensent tout bas : Moshe Feiglin est de ceux-là. Il est loin d'être un personnage "marginal" dans le paysage politique israélien : il dirige au sein du Likoud le courant Manhigut Yehudit ("Leadership juif"), qui est un peu en quelque sorte la "Droite forte" ou la "Droite populaire" locale, et il a réuni en 2007 près d'un quart des militants sur son nom dans des primaires l'opposant à... Netanyahu. Il incarne depuis 1993 la "désobéissance civile" réactionnaire israélienne contre les Accords d'Oslo, "désobéissance" qu'il veut cependant "non violente" contrairement à d'autres (comme les cousins locaux de la LDJ), bien qu'il ait pu soutenir "moralement" des actes violents comme le massacre de 23 Palestiniens à Hébron par le colon extrémiste Baruch Goldstein (en 1994). Il aurait également exprimé en 1995 une "certaine" admiration pour... Adolf Hitler : "Hitler était un génie militaire inégalé. Le nazisme a fait passer l’Allemagne d’un bas niveau à un niveau physique et idéologique fantastique. Les jeunes loqueteux ont été transformés en une catégorie propre et ordonnée de la société et l’Allemagne a disposé d’un régime exemplaire, d’un système de justice adéquat et de l’ordre public. Hitler aimait la bonne musique. Il pouvait peindre. Les nazis n’étaient pas une bande de voyous" ; avant d'affirmer que ses propos avaient été "déformés". Ses frasques lui ont valu d'être... interdit de séjour au Royaume-Uni, pourtant soutien indéfectible d'Israël s'il en est. Il incarne de fait, au sein du Likoud, l'esprit ouvertement ultra-nationaliste et "nettoyeur ethnique", fortement mâtiné d'incantations religieuses tout en restant ouvert aux Juifs libéraux (sur le plan de la religion) et laïcs, et saupoudré de quelques conceptions "libertariennes" (il milite ainsi pour la légalisation du cannabis, au nom de la "liberté individuelle absolue").

    Il ne représente donc pas l'aspect du sionisme consistant en la "réaction" d'une minorité opprimée face à l'antisémitisme, la volonté de se "mettre à l'abri" (tant qu'à faire en "Terre promise") et même, pourquoi pas, de réaliser dans ce "refuge" un "idéal" démocratique et égalitaire - quand bien même cela aboutirait dans les faits à une réalité colonialiste donc réactionnaire ; mais bien l'aspect du sionisme qui veut ouvertement "copier" les nationalismes non-juifs (généralement antisémites) pour se "hisser à leur niveau", en être "respecté" et leur "parler d'égal à égal" - d'où les déclarations nauséabondes sur Hitler, qui se sont multipliées ces dernières années dans la droite dure israélienne comme par exemple avec l'actuel Ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman ("si j'étais allemand sous Hitler ? ma fidélité irait à l’État"). Cet aspect a toujours existé avec Jabotinsky, les Birionim d'Abba Ahiméir, le Lehi etc., mais la réalité coloniale en Palestine (et la résistance qu'elle suscite) a fini par le rendre clairement hégémonique ; alors que le premier aspect dominait évidemment à l'époque où l'antisémitisme faisait rage en Europe et où le sionisme, s'il voulait simplement exister politiquement, devait se présenter ainsi aux masses populaires juives. bombardement-GazaLogiquement, cette insulte à la conscience de Peuple juive devrait tôt ou tard provoquer de grandes ruptures jusque dans le mouvement sioniste lui-même - du moins faut-il l'espérer. Cela montre en tout cas la schizophrénie extrême de ces gens qui ne peuvent dissimuler leur sympathie pour le IIIe Reich tout en invoquant, à la première roquette qui tombe sur Israël, le souvenir de la Shoah et le risque d'une "nouvelle" !

    Dans le récent conflit-massacre contre Gaza, Feiglin clame donc encore une fois "tout haut" ce que le Likoud - devenu hégémonique dans la société israélienne - pense "tout bas", sous couvert d'"antiterrorisme". Il a rédigé et adressé une lettre ouverte au Premier ministre Netanyahu dans laquelle il préconise tout simplement (ni plus, ni moins) de terminer la Nakba (le nettoyage ethnique de la Palestine) pour Gaza et ses 1,8 millions d'habitants ; et dont voici la source sur le site même de son courant (en anglais) afin de bien montrer que rien n'est "inventé" : http://www.jewishisrael.org/deal-gaza-letter-pm-netanyahu-moshe-feiglin/

    Nous sommes obligés d'en traduire nous-mêmes quelques passages car le fait est qu'ici, on n'en trouve l'évocation que sur des sites antisémites ("Croah" de "Joe le corbeau" etc.) ou "islamistes" aux conceptions et connections parfois douteuses ; alors même que le débat fait rage sur la question des sources qui peuvent être partagées sur Internet au sujet de la Palestine... Mais la vraie question qui mériterait d'être posée ne serait-elle pas : comment se fait-il qu'il n'y ait PAS UN SEUL site non-antisémite, non-religieux, non-conspi, non-soralo-dieudonniste bref en un mot PROGRESSISTE pour relayer une telle information, dès lors que celle-ci est avérée et assumée sur le site même du mouvement de Feiglin et que la presse bourgeoise anglo-saxonne la plus sérieuse qui soit l'évoque sans aucun problème ???

    Voici quelques passages traduits :

    Gaza 357086b"Ce qu'Israël doit désormais intégrer, c'est que le temps d'Oslo est révolu : (la Palestine) est NOTRE pays et notre pays exclusivement, Gaza comprise. Il n'y a pas deux États, il n'y a pas deux Peuples. Il ne peut y avoir qu'un seul État pour un seul Peuple.

    Après avoir intégré ceci, nous devons réviser profondément et minutieusement notre stratégie : définition de l'ennemi, définition des tâches opérationnelles, définition des buts stratégiques et, bien entendu, une nécessaire et appropriée éthique de guerre.

    1. Définition de l'ennemi : l'ennemi stratégique est l'Islam extrémiste arabe sous toutes ses métastases (de l'Iran à Gaza) qui cherche à anéantir Israël entièrement. L'ennemi direct est le Hamas (pas les tunnels, pas les roquettes : LE HAMAS).

    2.  Définition des tâches : conquête de la Bande de Gaza toute entière et élimination de toutes les forces combattantes et de leurs supporters [euh... à Gaza cela veut dire la grande majorité de la population !]

    3.  Définition de l'objectif stratégique : faire de Gaza une autre Jaffa, une ville israélienne florissante avec un nombre minimal de civils hostiles.

    4.  Définition de l'éthique de guerre : “Malheur à celui qui fait le mal et malheur à son voisin” [citation biblique]

    À la lumière de ces quatre points, Israël doit conduire l'action suivante :

    A. Les Forces de Défense d'Israël doivent désigner des zones vierges à la frontière du Sinaï, au bord de la mer, dans lesquelles parquer la population civile loin des zones construites qui servent pour le lancement de roquettes et le creusement de tunnels. Dans ces zones seront établis des campements de tentes, en attendant de trouver des destinations d'émigration sérieuses.nakba camp réfugié L'électricité et l'approvisionnement en eau des zones antérieurement habitées doivent être coupés.

    B. Les zones antérieurement habitées seront bombardées avec une puissance de feu maximale. Les infrastructures civiles et militaires du Hamas, ses moyens de communication et sa logistique doivent être détruits entièrement, de fond en comble.

    C. Les Forces de Défense d'Israël doivent quadriller la Bande de Gaza en long, en large et en travers, élargir significativement les routes, prendre le contrôle des points stratégiques et détruire les poches de résistance - s'il en reste.

    D. Israël commencera à attribuer des pays d'accueil et des quotas d'immigration pour les réfugiés de Gaza. Ceux qui souhaiteront émigrer se verront offrir une aide économique généreuse et arriveront dans leurs pays d'accueil avec des capacités économiques significatives.

    E. Ceux qui insisteront pour rester, s'il est prouvé qu'il n'ont aucune affiliation avec le Hamas, devront signer publiquement une déclaration de loyauté envers Israël. Ils recevront alors une carte d'identité bleue comme celle des Arabes de Jérusalem Est.

    F.  Lorsque les combats auront pris fin, les lois israéliennes seront étendues à l'ensemble de la Bande de Gaza. Les personnes expulsées du Gush Katif (le bloc de colonies de Gaza, évacué par Sharon en 2005) seront invitées à regagner leurs villes et villages et la ville de Gaza sera reconstruite comme une ville touristique et commerciale israélienne."

    Donc voilà : il est bien question de camps de concentration (regroupement forcé dans des campements de tentes), nullement de "camps d'extermination" contrairement à ce que prétendent "Croah" et compagnie (dans leur misérable tentative de réhabiliter le fascisme européen en montrant que "les Juifs font pire") mais bien, en revanche, du massacre de plusieurs dizaines de milliers de personnes (on voit mal comment un tel plan serait réalisable autrement) et du "nettoyage nakba_image_slide_10_430.jpegethnique" total de plus d'un million d'autres... Et tout ceci est, "dit tout haut", la conception de (sans doute) une majorité du Likoud et de la bourgeoisie israélienne dans le récent conflit, bien qu'obligée de présenter internationalement les choses comme une "défense contre le terrorisme" et pensant, peut-être, arriver au même résultat de manière plus subtile - en rendant la vie des Gazaouis tellement impossible qu'ils et elles s'en iront petit à petit...

    Il n'y a là, comme nous l'avons expliqué, aucune "antithèse" de l'impérialisme, du capitalisme et du nationalisme européen-chrétien (en particulier "français") que ces "atrocités juives" "réhabiliteraient", ni sous sa forme "démocratique" ni encore moins sous sa forme fasciste (Reich hitlérien etc.) ; mais au contraire son prolongement total et de fait, tout simplement, son produit idéologique et son bras armé au Proche-Orient ; même si ménager les gouvernants arabes implique parfois de "hausser le ton" contre des pratiques trop "disproportionnées" : HONTE AUX IMPOSTEURS QUI PRÉTENDENT LE CONTRAIRE pour tenter de misérablement  "redorer le blason" du capitalisme, de l'impérialisme, du militarisme et du fascisme européen !

    Mais il n'y a là, non plus, rien qui ressemble de près ou de loin à "deux camps bourgeois également réactionnaires" qu'il s'agirait de renvoyer dos à dos : HONTE AUX IMPOSTEURS notamment "antifascistes", d'"extrême-gauche", "marxistes" ou "anarchistes" qui prétendent le contraire !

    Il y a là (car les choses ne sont pas terminées, tout au plus remises à plus tard) un plan de nettoyage ethnique ET SOCIAL, car les Gazaouis ne sont pas avant tout des non-juifs mais avant tout des PAUVRES et des INDIGÈNES non-occidentaux ; un plan qui est le produit de la crise générale du capitalisme et de sa fuite en avant criminelle contre les Peuples et un reflet en modèle réduit de la manière dont la pieuvre capitaliste-impérialiste étend ses tentacules sur la planète, de l'affrontement mondial entre l'impérialisme et les Peuples et entre révolution et contre-révolution. Et NON Gaza n'est pas et ne doit pas être le "ghetto de Varsovie" - lieu d'une résistance héroïque mais sans espoir ; comparaison visant à permettre une "solidarité" occidentale dégoulinante de paternalisme : GAZA DOIT ÊTRE STALINGRAD, GAZA DOIT ÊTRE HANOÏ, un défi à la barbarie impérialiste et peut-être un jour son tombeau !


    Enfants-jouant-a-Gaza.jpg


    PS : l'inénarrable Jacques Kupfer du Likoud de France (co-président du Likoud mondial) a lui aussi encore récidivé, après ses mémorables "Gaza doit pleurer" et "Vitrifier l'Iran"...

     


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    S'ils obstinent, ces cannibales
    À faire de nous des héros
    Ils sauront bientôt que nos balles
    Sont pour nos propres généraux !

     

    En Ukraine de l'Ouest, la jeunesse populaire refuse la guerre fasciste contre la minorité russophone :

    Révoltes contre la guerre en Ukraine occidentale

    En Bucovine et Transcarpatie, à l’Ouest de l’Ukraine, des manifestations et des émeutes ont éclatés contre la guerre et le militarisme. Les manifestants indiquent qu’ils ne veulent pas mourir ni voir mourir leurs enfants pour les intérêts des oligarques de Kiev.

    Blocage de route contre la mobilisation à Marchyntsi (oblast de Tchernivsti) le 26 juillet 2014 :

     

    La révolte a explosé après le décret présidentiel du 24 juillet visant à lancer une troisième vague de mobilisation pour intégrer l’armée et le front en Ukraine orientale. A Voloka, village de l’oblast de Tchernivtsi, ce sont ainsi 50 jeunes gens qui ont été appelés à rejoindre les forces armées. Mères, épouses, soeurs et filles des appelés ont commencé à manifester pour que leurs proches de partent pas au front. Un commissaire militaire est venu tenter de calmer la population. En réponse, la quasi-totalité des habitantes et habitants du village ont signé une lettre ouverte aux autorités dans laquelle il est indiqué qu’ils refusent le départ de villageois pour le front.

    Le 25 juillet, un millier de parents ont bloqué la route menant au point frontière Porubnoe/Siret. La revendication était de refuser le départ de leurs enfants pour une guerre "qui ne concerne pas les gens ordinaires". A Novosselytsia, toujours dans l’oblast de Ternivtsi, lors d’une manifestation le 28 juillet, des mères et femmes d’appelés ont pris à partie l’adjoint au conseil du district Ivan Popadyuk. "Vas-y toi à la guerre" lui ont crié des femmes avant de lui tirer les cheveux. Ce n’est que l’intervention des forces de police qui ont arraché le politicien de la colère de mères qui ne veulent pas que leurs enfants se fassent tuer pour les oligarques.

    Colère contre un politicien belliciste à Novosselytia le 28 juillet :

     

    La colère des habitantes et habitants de l’oblast ont obligé les autorités à un compromis, levant partiellement l’intégration militaire des hommes de la région. Dans l’oblast de Transcarpatie aussi, la mobilisation de la population, avec des barrages de routes et des manifestations massives, a obligé les autorités à annoncer la suspension de la mobilisation des hommes à Moukatcheve.

    Que l’exemple des habitantes et des habitants d’Ukraine occidentale soient suivi partout en Ukraine et même dans le monde ! Guerre à la guerre ! Pas un jeune, pas un kopeck pour la barbarie militariste des dirigeants bourgeois de toute nationalité !

    Source : KRAS-AIT, 31 juillet 2014

     

    En Israël, les refus de servir dans l'armée pour aller massacrer les Palestiniens se multiplient :

    Israéliens, ils refusent de porter les armes

    Pendant toute leur scolarité, les Israéliens reçoivent dans leurs classes des militaires qui leur expliquent le rôle et l’importance de l’armée. Aujourd’hui, environ la moitié des Israéliens est enrôlée à l'âge de 18 ans (3 ans de service pour les hommes, 2 ans pour les femmes), à l'exception des Arabes israéliens (18 % de la population) et de la plupart des Juifs Haredim qui se consacrent à l'étude religieuse. On peut être exempté pour problèmes physiques ou mentaux. Les refuzniks sont objecteurs de conscience, pacifistes ou refusent de combattre dans les territoires occupés. S’ils déclarent refuser la politique d’occupation sur les territoires palestiniens lors de leur incorporation, ils sont envoyés en prison militaire pour désobéissance. En 2014, cinquante jeunes ont pris cette décision et devraient être incarcérés en octobre prochain.
    → Lire aussi l'entretien : « Pourquoi j’ai refusé d’aller combattre à Gaza »

     

    Yuval, 25 ans, étudiant : « J'ai décidé d'aller en prison pour protester contre l'occupation. J’ai fait trois séjours en prison militaire. Je suis content d’avoir fait cette démarche mais je ne suis pas certain que je le referais. Je n’ai pas fait quelque chose de mal, et pourtant j’ai été puni. Je ne crois pas que je méritais une telle punition. Bien entendu, nous avons utilisé la prison pour faire parler de l’occupation des territoires palestiniens. Disons que c’est une bonne façon de se battre mais il y en a peut-être de meilleures. » Tel-Aviv, 2014

     

    Tamar, 20 ans : « Je suis pacifiste. En 2008, j’ai choisi d’aller en prison pour pouvoir expliquer qu’il est possible de remettre en question le tabou du service militaire. Le plus important pour moi c’était que les gens entendent une voix différente. Je suis resté 3 mois en prison. Le dernier mois, je l’ai passé en isolement parce que je ne voulais pas porter l’uniforme. Au regard de ce qu’il se passe actuellement, je pense qu’il est d’autant plus important de refuser l’armée. La haine et l’intolérance envers ce genre de décisions sont encore plus fortes aujourd’hui qu’à ce moment-là.  Le nationalisme, la propagande de droite ont fait perdre tout espoir. Ma génération a grandi sans aucun contact avec la société palestinienne. La haine vient donc plus facilement. » Tel-Aviv, 2014

    Lire la suite >>>

    Lire aussi : L’appel à la désertion d’un jeune Israélien

    Si vous me poursuivez
    Prévenez vos gendarmes
    Que j'emporte des armes
    Et que je sais tirer.


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  • jean-jaures.jpg... Nòstre Joan Jaurès de Castres, socialiste réformiste dont il est tout à fait permis de discuter les positions, antimarxiste mais combattant sincère et infatigable de l’Égalité sociale, OCCITAN fier de l'être [1] et figure du "Midi rouge", opposant implacable à la guerre [2] (cette boucherie d'ouvriers et de paysans pour les dividendes du Capital) ; était abattu à Paris par le nationaliste bleu-blanc-rouge d'extrême-droite Raoul Villain.

    Dans les jours et les semaines qui suivront, peut-être par imprégnation du vieux mythe "sans-culotte" de "la Patrie en danger" (le territoire "français" étant très vite envahi par les troupes allemandes) et sans doute aussi... par lâcheté et par peur de connaître le même sort que lui (enrober les choses de verbiage "révolutionnaire" n'étant alors pas le plus compliqué), la quasi-totalité des dirigeants "socialistes" (y compris les "marxistes" autour de Guesde et y compris la quasi-totalité des futurs fondateurs du PC en 1920) se rallieront à "l'Union sacrée" derrière la bourgeoisie impérialiste et à la "mobilisation générale" qui engloutira en 4 ans et 3 mois de ténèbres près d'un million et demi de vies et en brisera définitivement des millions d'autres ; avant que les "critiques" ne ressurgissent timidement à partir de 1916, devant l'éternisation du conflit. Ce devait être là le début d'une longue histoire du "socialisme" hexagonal au service de l'impérialisme et des monopoles, contre le prolétariat et les Peuples jusqu'à nos jours : il suffit d'évoquer les noms de Jules Moch le briseur de grèves de 1947 (contemporainement à la guerre colonialiste en Indochine, la répression-massacre à Madagascar etc. etc., la moitié ou presque des ministres étant "socialistes") ; François Mitterrand le guillotineur d'Algériens puis (devenu président) le maître d’œuvre des guerres impérialistes au Tchad, au Liban ou au Koweït et le formateur et protecteur des génocidaires hutus au Rwanda ; Guy Mollet et ses "pouvoirs spéciaux" aux sbires de Massu contre la Révolution algérienne ; BHL l'atlantiste/sioniste champion du "devoir d'ingérence" et Roland Dumas l'"eurasiste-tiers-mondiste" ami de Dieudonné ; et aujourd'hui Hollande, Valls, Le Drian etc. etc.

    Le juste châtiment s'abattra sur Villain 22 ans plus tard, lorsque la CNT le fusillera à Ibiza où il s'était retiré. Mais le monstre qui a armé le bras de l'assassin, l'immonde entité capitaliste, impérialiste et militariste nommée "France", reste toujours impuni !

    Nous sommes MAOÏSTES et nous l'assumons de A à Z. Nous sommes maoïstes et nous savons qu'il y aura des débiles mentaux se parant de ce nom - ou en tout cas de celui de "communistes" - pour nous reprocher ce qu'ils auront "compris" (ils ne comprennent rien, c'est le principe avec eux) comme un "hommage" à ce "sale réformiste". Nous sommes maoïstes et donc matérialistes, ce qui signifie que nous n'avons aucun problème à critiquer Jaurès (le réformiste qui ne croyait pas au marxisme et à la révolution mais plutôt à l'évolution naturelle de "la République" vers le socialisme à travers l'"accumulation de progrès" démocratique et social, souvent "patriote" et parfois même "bienfaits de la colonisation" comme toute la gauche "républicaine" de son époque - avant d'évoluer nettement toutefois [3])... tout comme des centaines, tout comme à vrai dire TOUTES les figures dirigeantes passées d'un mouvement ouvrier anticapitaliste (contre le capitalisme, pour le socialisme) qui dépasse et DOIT dépasser en permanence ses limites (comme ce mythe d'une République "sociale par essence" et "simplement" à libérer de quelques "200 familles" dans lequel baignait Jaurès, mythe qui n'avait rien d'invraisemblable à l'époque et qui bercera encore... le PCF par la suite) ; un mouvement ouvrier qui vit et évolue dans l'Histoire, qui n'est pas parfait aujourd'hui et donc - par définition - ne l'était certainement pas hier.

    Mais surtout, nous sommes maoïstes et donc (contrairement à beaucoup d'autres petits-bourgeois crachant leurs névroses existentielles à travers leur clavier) NOUS SOMMES LE PEUPLE, et ce qui vit dans le cœur du Peuple vit dans le nôtre - et c'est le cas de Jaurès. Nous connaissons (car nous ne sommes pas des imbéciles) et combattons politiquement l'empreinte négative laissée par l'"évolutionnisme républicain" [4] de Jaurès sur le mouvement ouvrier hexagonal (y compris dans sa composante se voulant marxiste...) ; mais nous ne le reconnaissons et l'assumons pas moins comme une grande figure historique - à une époque donnée dans l’État bourgeois où nous vivons et luttons - du CAMP DU PEUPLE qui est le nôtre ; un homme qui a combattu sans relâche, par les moyens qu'il jugeait appropriés (grèves, journalisme avec L'Humanité, activisme parlementaire), ce que la bourgeoisie capitaliste "républicaine" ("le régime qui nous divise le moins" comme disait son pire représentant des années 1860-70, l'ignoble Thiers...) voulait pour les masses populaires laborieuses d'Hexagone : exploitation assortie de quelques réformettes, "rouleau" uniformisateur culturel et enrôlement dans l'armée productive du Capital, endoctrinement patriotard et mort les tripes à l'air dans les tranchées.

    Le mouvement ouvrier socialiste-communiste de l’État français est ce qu'il est parce que nous sommes dans l’État français et pas ailleurs : ceux qui déplorent qu'il n'y ait "jamais eu (en Hexagone) de vraie social-démocratie à l'allemande où à l'autrichienne" (le "vrai socialisme" de "dolichocéphales blonds" ? il faudrait demander à Zemmour...) n'ont qu'à aller voir dans ces pays si leurs thèses fumeuses y seront mieux accueillies par les masses, ce dont nous nous permettons de douter (encore que, du côté des "anti-deutsch"... à voir). Le mouvement ouvrier de l’État français s'inscrit dans un cadre géographique (l'Hexagone) qui a son histoire, ses caractéristiques et sa morphologie politique et sociale propre, ses contradictions et ses "secrets de l'impuissance" que l'on ne retrouve pas ailleurs. Joan Jaurès était lui-même, de son vivant, un produit de tout cela et plus particulièrement de la partie "méridionale" OCCITANE de l’État, avec ses siècles de lutte pour la justice, la démocratie et l'égalité en héritage. Être matérialistes, cela veut dire que nous critiquons cette expérience accumulée pour en dépasser les limites, mais que nous l'ASSUMONS également en portant dessus (bien sûr) un regard de classe, car l'Histoire n'est pas un absolu, elle est le regard que nous portons sur elle et ce regard a un caractère de classe - le cas Jaurès montrant particulièrement bien, dès le lendemain de la Grande Boucherie qu'il avait vainement tenté  d'empêcher, combien la récupération est chose facile pour la bourgeoisie ; particulièrement vis-à-vis d'une figure ayant toujours assumé la voie du "progrès social", du "dialogue" avec la bourgeoisie et les institutions dominantes et ouvertement rejeté la révolution socialiste, mais il y a beaucoup d'autres cas y compris révolutionnaires : le Che, Lénine lui-même, la Commune etc. etc.

    Le mouvement révolutionnaire du prolétariat de l’État français (et a fortiori de sa partie occitane), on est dedans ou on est dehors ; et nous nous sommes dedans : dès lors nous sommes tous les "arrière-petits-enfants" de Jaurès ; ce qui ne veut pas dire le sacraliser, ne pas le critiquer ni vouloir faire mieux, ne pas "tuer le bisaïeul" dans un certain sens œdipien (et le grand-père et le père par la même occasion) ; et encore moins s'en prévaloir comme d'un totem pour faire oublier qu'on ne lui arrive pas à la cheville, voire que l'on n'est même pas digne de s'en réclamer, comme 99,99% des poseurs de gerbes d'hier après-midi - à vrai dire, si l'héritage politique de Jaurès peut et doit servir à quelque chose aujourd'hui, c'est sans doute bien à planer comme un spectre accusateur sur ces gens-là : il n'était ni marxiste ni révolutionnaire, mais il était DE GAUCHE (progressiste, "émancipationniste") au sens le plus noble de ce terme tant galvaudé depuis...

    Ainsi fut Jaurès : un non-marxiste mais un Occitan socialiste de cœur (n'est-ce pas finalement un pléonasme ?) qui a pu voler parfois aussi bas que les poules, et même jusque dans les cloaques du "socialisme des imbéciles" antisémite si commun à son époque (cet aspect disparaissant toutefois presque entièrement de sa pensée après l'affaire Dreyfus) ; mais parfois aussi à la hauteur des aigles, nul descendant des 350.000 Occitans et des 1.400.000 Hexagonaux massacrés aux tranchées (sous la bannière bleu-blanc-rouge du Grand Capital) ne pouvant oublier son ultime "envol" au bout duquel il se brûla les ailes comme un glorieux Icare, n'ayant sans doute pas mesuré la puissance de ce qu'il défiait.

    Aujourd'hui, alors que le bal des faux-culs s'étend pour ainsi dire du FN à Mélenchon en passant par l'UMP et bien sûr le PS, sabreurs de conquêtes sociales et politiciens de la canonnière de l'Afghanistan au Mali en passant (indirectement) par l'Ukraine et la Palestine ; il s'agit moins pour nous de rendre hommage au réformiste social-républicain antimarxiste qu'au SYMBOLE ; moins à ce qu'il a été qu'à ce qu'il a incarné pour des millions d'hommes et de femmes qui tout au long du siècle dernier se sont levé-e-s sous son drapeau pour dire NON à l'injustice, à l'oppression et à l'exploitation, en Hexagone comme au-delà des mers.

    Un symbole qu'il n'est particulièrement pas difficile de comprendre aujourd'hui alors que, à quelques jours du centenaire de la Grande Boucherie de 14-18, les bombes pleuvent sur Gaza et Donetsk avec la bénédiction de l'impérialisme BBR et de son gouvernement... "socialiste" ; ce Parti "socialiste" qui y va bien sûr de son "vibrant hommage" (enfin, Cambadélis s'est tout de même fait copieusement huer, c'est déjà ça) au martyr de la paix entre les peuples et de la guerre aux vautours, mais qui n'a eu de cesse depuis 1945 de répandre la mort impérialiste sur la planète, d'Indochine en Algérie, du Tchad au Rwanda, de l'Afghanistan au Mali sans oublier bien sûr son soutien indéfectible à l'armée sioniste "la plus morale du monde" : "le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage", et le capitalisme la-rose-au-poing ne fait pas exception ; alors si la guerre vous fait comme à nous horreur, vous savez ce qu'il vous/nous reste à faire !

    C'est CE SYMBOLE - et non le politicien réformiste réel - qui a été assassiné, et aux assassins duquel (quand bien même ils s'approprieraient sa mémoire) nous crions aujourd'hui comme hier : NI OUBLI NI PARDON !


    1913-168-Jean-Jaures-au-Pre-Saint-Gervais

     

    [1] "J'ai le goût le plus vif pour la langue et pour les œuvres de notre Midi, du Limousin et du Rouergue au Languedoc et à la Provence. J'aime entendre notre langue et j'aime la parler."

    http://ekladata.com/P5t-Qj8OGkPLtCaOs9RTxTLYtKA/Jean-Jaures-et-la-langue-d-oc.pdf

    [Au sujet de la révolte de 1907] "L'événement qui se développe là-bas, et qui n'a pas épuisé ses conséquences, est un des plus grands événements sociaux qui se soient produits depuis trente-cinq ans. On a pu d'abord n'y pas prendre garde ; c'était le Midi et il y a une légende du Midi. On s'imagine que c'est le pays des paroles vaines. On oublie que ce Midi a une longue histoire, sérieuse, passionnée et tragique."

    [2] "Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage." : il s'agit en réalité d'une reformulation résumée de "Tandis que tous les peuples et tous les gouvernements veulent la paix, malgré tous les congrès de la philanthropie internationale, la guerre peut naître toujours d’un hasard toujours possible… Toujours votre société violente et chaotique, même quand elle veut la paix, même quand elle est à l’état d’apparent repos, porte en elle la guerre, comme une nuée dormante porte l’orage. (Très bien ! très bien ! à l’extrême gauche). Messieurs, il n’y a qu’un moyen d’abolir la guerre entre les peuples, c’est d'abolir la guerre économique, le désordre de la société présente, c’est de substituer à la lutte universelle pour la vie — qui aboutit à la lutte universelle sur les champs de bataille — un régime de concorde sociale et d’unité. Et voila pourquoi si vous regardez non aux intentions qui sont toujours vaines, mais à l’efficacité des principes et à la réalité des conséquences, logiquement, profondément, le Parti socialiste est aujourd'hui dans le monde le seul parti de la paix." (7 mars 1895 à la Chambre des Députés, dans Jean Jaurès : Textes choisis, éd. sociales, paru en 1959, p. 88).

    [3] Dans les années 1880 il pouvait ainsi écrire : "Quand nous prenons possession d’un pays, nous devons amener avec nous la gloire de la France, et soyez sûrs qu’on lui fera bon accueil, car elle est pure autant que grande, toute pénétrée de justice et de bonté [...] Nous pouvons dire à ces peuples, sans les tromper, que jamais nous n’avons fait de mal à leurs frères volontairement ; que les premiers nous avons étendu aux hommes de couleur la liberté des Blancs, et aboli l’esclavage"

    Mais dès 1895 son discours évolue :  

    - "La politique coloniale [...] est la conséquence la plus déplorable du régime capitaliste, [...] qui est obligé de se créer au loin, par la conquête et la violence, des débouchés nouveaux. [...] Nous la réprouvons [aussi] parce que, dans toutes les expéditions coloniales, l’injustice capitaliste se complique et s’aggrave d’une exceptionnelle corruption : tous les instincts de déprédation et de rapines, déchaînés au loin par la certitude de l’impunité et amplifiés par les puissances nouvelles de la spéculation, s’y développent à l’aise ; et la férocité sournoise de l’humanité primitive y est merveilleusement mise en œuvre par les plus ingénieux mécanismes de l’engin capitaliste." (1896) ;

    - "Il paraît que les petits Japonais et les Chinois studieux et subtils sont une sorte de bétail innombrable et inférieur que les races blanches peuvent exploiter, utiliser, décimer, asservir. C’est un préjugé barbare, c’est un préjugé d’ignorance, de sauvagerie et de rapine. Ces races jaunes sont composées d’hommes et cela devrait suffire ; mais elles sont composées d’hommes qui pensent, qui travaillent, qui échangent et qui ne paraissent pas résignés à subir indéfiniment les violences d’une Europe qui abusait de leur apparente faiblesse." (vers 1904) ;

    - "La résolution qui sera, j’en suis sûr, adoptée au prochain Congrès International Socialiste : «Le Congrès déclare que les mandataires socialistes ont le devoir de s’opposer dans tous les parlements à ce régime d’exploitation à outrance et de servage qui sévit dans toutes les colonies, en exigeant des réformes pour améliorer le sort des populations, en veillant au maintien de leurs droits, en empêchant toute exploitation et tout asservissement, et en travaillant à l’éducation de ces peuples pour l’indépendance.»" (1907) ;

    - "Au dehors, les radicaux se sont imaginé qu’ils étaient réalistes, parce qu’ils se saisissaient du Maroc avec une sorte de gloutonnerie sournoise. Mais par le mépris du droit, par la violation des engagements internationaux, par l’emploi combiné de la violence et de la ruse, ils ont contribué à exciter, à déchaîner dans le monde les appétits de domination grossiers. [...] Ils ont amusé la diplomatie allemande par des combinaisons financières qu’ils n’osaient pas avouer en plein jour et dont les vicissitudes obscures mettaient en péril la paix de l’Europe. [...] Pendant que diplomates et financiers accommodent le Maroc à tous les appétits nationaux, ultra-nationaux et internationaux, les Marocains défendent à coups de fusil ce qui leur reste d’indépendance. Une de nos colonnes vient d’avoir six tués, une trentaine de blessés ; nous avons, il est vrai, la consolation d’apprendre que le nombre des Marocains couchés par nos balles sur la terre de la « patrie » est sensiblement supérieur. C’est la civilisation qui progresse. C’est la « douce France » qui s’établit. [...] Enfin, messieurs, si vous voulez regarder au fond des choses, il y avait une civilisation marocaine capable des transformations nécessaires, capable d’évolution et de progrès, civilisation à la fois antique et moderne [...] Et laissez-moi vous dire que je ne pardonne pas à ceux qui ont écrasé cette espérance d’un progrès pacifique et humain, la civilisation africaine, sous toutes les ruses et sous toutes les brutalités de la conquête" (1912) ;

    - et plus fort encore"Pendant que diplomates et financiers accommodent le Maroc à tous les appétits nationaux, ultra-nationaux et internationaux, les Marocains défendent à coups de fusil ce qui leur reste d’indépendance. Une de nos colonnes vient d’avoir six tués, une trentaine de blessés ; nous avons, il est vrai, la consolation d’apprendre que le nombre des Marocains couchés par nos balles sur la terre de la « patrie » est sensiblement supérieur. C’est la civilisation qui progresse. C’est « la douce France » qui s’établit. (...) La politique de rapine et de conquête produit ses effets. De l’invasion à la révolte, de l’émeute à la répression, du mensonge à la traîtrise, c’est un cercle de civilisation qui s’élargit. Nous n’avons décidément rien à envier à l’Italie, et elle saura ce que valent nos pudeurs. Mais si les violences du Maroc et de Tripolitaine achèvent d’exaspérer, en Turquie et dans le monde, la fibre blessée des musulmans, si l’Islam un jour répond par un fanatisme farouche et une vaste révolte à l’universelle agression, qui pourra s’étonner ? Qui aura le droit de s’indigner ?"... Là, le moins que l'on puisse dire c'est que c'est presque du Fanon ; et en outre, incroyablement prophétique au regard des évènements actuels et des deux ou trois dernières décennies !!

    [4] Ce républicanisme de Jaurès provenait sans doute de l'identification, dans l'Occitanie du milieu du 19e siècle où il avait vu le jour, entre "République" et résolution de la question sociale. Son idée était sans doute qu'une fois la République rétablie (1870) et le Parti de l'Ordre évincé (avec Mac-Mahon en 1879), il "suffirait" d'en finir avec les républicains modérés dit "opportunistes" (au pouvoir jusqu'en 1902) et autres disciples de Thiers, bref le "parti des 200 familles", pour voir enfin triompher ce que les Occitans appelaient la Bona ("la Bonne") : la République de la "Justice", du "Travail" et de l'"Égalité". En d'autres termes, Jaurès n'avait pas compris ni dépassé les limites qui avaient conduit le républicanisme "démocrate-socialiste" occitan de 1848-51 et 1870-71 à l'échec.


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  • 0 Pal2Pourquoi la question palestinienne soulève-t-elle tant de passions dans "notre" État français ? Le moins que l'on puisse dire est que ces dernières semaines, avec l'"exécution électronique" de deux comptes Facebook successifs, nous ont plus que donné l'occasion de nous pencher sur la question.

    Nous aurions pu alors tomber dans la même erreur qu'un Dieudonné M'Bala M'Bala et des milliers d'autres avec lui : considérer que c'est là la main d'un "lobby sioniste" qui se serait "emparé de la République" et qui serait le "vrai fascisme", et de là sombrer dans les tréfonds du délire antisémite. Mais nous avons réfléchi et nous en sommes arrivés à une toute autre conclusion. Nous en sommes arrivés à la conclusion que le problème avec la question du sionisme et de la Palestine c'est qu'elle ne touche justement pas qu'au sionisme, à l'État d'Israël ni à la fraction fana-israélienne de la bourgeoisie hexagonale (le "lobby sioniste" ou "crifiste" selon Dieudonné et consorts), qu'elle ne touche pas seulement à l'actuelle montée du fascisme (dont il "faudrait" débattre pendant des heures si la menace est principalement pro-sioniste ou "antisioniste"), mais qu'elle touche l'Occident impérialiste dans ce qu'il a de plus profond, dans sa nature impérialiste et colonisatrice même et quelle que soit la forme de gouvernement, y compris "démocratique" et pas seulement "fasciste" (mutation réactionnaire ultra, terroriste) ; bref, dans le centre légitime de sa conception du monde. On n'insistera jamais assez : le centre légitime des idéologies guidant l’État sioniste se trouve en "Occident chrétien" (Europe et Amérique du Nord) et non l'inverse (ce seraient Israël et/ou un fantasmagorique "talmudisme international" qui "dirigeraient" ce dernier). De ce "centre légitime", les Juifs (bien avant le 20e siècle et la Shoah) ont longtemps été plutôt les victimes ; avant que les "Lumières" (surtout pour des couches relativement bourgeoises et des communautés de petite taille comme en "France") puis (surtout) le sionisme ne les y "intègre" (le nazisme ayant "au passage" exterminé la moitié des Juifs d'Europe).

    palestine_couppourcoup.jpgL'Occident impérialiste... et en particulier l’État impérialiste dénommé "France". Car il est possible de dire en réalité que le sionisme comme idéologie, bien que fondé par des Européens de l'Est (Yehoshua Stampfer de Hongrie, Léon Pinsker d'Odessa, Theodor Herzl de Budapest), est "fils de France" - une idéologie colonialiste profondément française.

    Le sionisme originel est un pur produit idéologique de la France des vingt dernières années du XIXe siècle, elle-même aboutissement de siècles de construction par la conquête et la négation des Peuples (transformés en force de valorisation du Capital dont le sommet de la pyramide se trouve à Paris) ; la France de la IIIe République bourgeoise née sur les cendres des Communes, de l'expansion coloniale "universaliste" et "civilisatrice" et de l'affaire Dreyfus, cette affaire de "trahison" militaire et d'erreur judiciaire frappant un officier juif innocent, qui voit ressurgir avec une rare virulence la "question juive" plus d'un siècle après que la révolution bourgeoise leur ait accordé (non sans hésitations et virulents débats) l'égalité civile (1791).

    De fait, l'idée sioniste apparaît légèrement avant l'affaire (fin des années 1870) mais dans un contexte d'antisémitisme (hexagonal et continental) déjà lourd de celle-ci [certaines sources (y compris des sionistes eux-mêmes) font même remonter l'idée d'un retour juif en Palestine à la "révolution" bourgeoise anglaise de Cromwell  au milieu du 17e siècle (pour les Puritains anglais le rassemblement du "Peuple d'Israël" sur la terre de Sion aurait été le signal déclencheur du retour du Christ - première venue du Messie pour les Juifs - et des "Derniers Temps"), mais des sources plus sérieuses semblent plutôt indiquer le contraire : Cromwell aurait au contraire favorisé l'installation des Juifs en Angleterre et donc leur dispersion, vue comme la condition (et non le rassemblement en Palestine) du retour christique - l'idée que les Juifs doivent être rassemblés en Palestine pour le retour du Christ est cependant (aujourd'hui) l'un des arguments des fondamentalistes protestants anglo-saxons pour soutenir le sionisme, mais cela n'a été que très peu significatif jusqu'aux années 1980 et n'a donc certainement joué aucun rôle dans la genèse du phénomène]. Le mouvement des Amants de Sion, créé en Russie et financé (notamment) par quelques grands bourgeois juifs de l'État français comme Edmond de Rotschild, organise l'implantation des premières colonies juives européennes en Palestine (Petah Tikva, Rishon LeZion etc.). La question d'un "État juif" ne semble toutefois pas très claire à cette époque ; il semble plutôt être question d'implantations en mode "phalanstères" fouriéristes et surtout, via le judaïsme et son attachement à la "Terre promise" biblique, d'établir petit à petit une sorte de protectorat sur cette province ottomane qu'est alors la Palestine comme l'avait déjà fait (via les chrétiens maronites) Napoléon III au Liban [cela apparaît nettement dans les clauses additionnelles du Congrès de Berlin consacré à l'Empire ottoman vaincu par la Russie en 1878 (année même de la fondation de la première colonie) : l'Angleterre - déjà - tend à se poser en protectrice des Juifs (autochtones... et sionistes), la France est "confirmée" sur les maronites libanais et la Russie sur les Arméniens, les Grecs et les orthodoxes en général]. L'esprit est au tout départ Herzl.stamp.JPEG(avec Stampfer et les premiers Amants) assez mystico-religieux, puis les conceptions sécularistes et modernistes s'imposent vers 1890 - en partie sans doute sous l'influence des financements français.

    Mais c'est réellement le procès du capitaine Dreyfus et le déchaînement antisémite vs "philo"sémite qu'il déclenche qui vont agir en "révélation" sur le jeune journaliste austro-hongrois Theodor Herzl ; une "révélation" qui a le "mérite" de concilier les deux positions : les Juifs doivent être respectés et traités comme des êtres humains à part entière, MAIS cela n'est pas réalisable en Europe, en tout cas sans un État à eux (permettant de se réaliser comme nation à part entière) qui ne peut exister qu'hors d'Europe, où les Juifs seront toujours un "corps étranger". Une fois l'idéologie sioniste "définitive" synthétisée par lui (l'ouvrage L’État des Juifs est publié en 1896 et l'Organisation sioniste mondiale fondée en Suisse l'année suivante), les pogroms de Russie (années 1900) se chargeront de "fournir" les premières grandes vagues d'émigration (même si l'immense majorité des Juifs ashkénazes de l'époque émigre encore vers l'Europe de l'Ouest et, surtout, l'Amérique du Nord).

    On a souvent dit que Herzl et le mouvement sioniste initial avaient envisagé d'autres options que la Palestine pour fonder leur "État juif" ; il semble toutefois que de telles options (si elles ont réellement existé) aient été rapidement abandonnées, seul le mythe biblique de la "Terre promise" palestinienne pouvant assurer une mobilisation et (donc) une émigration suffisante (bien que marginale, on le répète, au sein de l'émigration juive d'Europe de l'Est).

    Et puis bien sûr, en se "réalisant" comme "nation à part entière" hors d'Europe, le Juif idéal de Herzl devait se "réaliser" bien sûr comme colon, comme "pionnier"... idée qui avait plutôt le vent en poupe à une époque où les puissances européennes se partageaient la dépouille du vieil Empire ottoman (où commençait déjà à flotter l'odeur du pétrole) : il était évident que le mouvement sioniste apporterait de jolis dividendes à quiconque saurait intelligemment investir dedans.

    Kibboutz-un-siecle-pour-batir-Israel_article_popin.jpgLe mouvement sioniste proclame la Palestine "terre sans peuple pour un peuple sans terre" : c'est bien évidemment là de la propagande pour motiver les premiers volontaires parmi les braves habitant-e-s semi-illettré-e-s des shtetl de Mitteleuropa, qui ne se sentent pas forcément l'âme d'un Buffalo Bill affrontant les Comanches. Les premières terres ont été achetées à l'Empire ottoman près de 20 ans auparavant et il est impensable qu'un journaliste éduqué et globe-trotter comme Herzl croie réellement la Palestine "sans peuple". Très vite, dans tous les cas, tout le monde sait que la Palestine est peuplée et même très peuplée, d'une population sédentaire sur une terre relativement fertile pour la région ; bref qu'elle n'est nullement un "désert à Bédouins". Peu importe pour Herzl et ses compagnons : ils parleront alors de "les inviter à aller s'installer plus loin" - on connaît la suite. Et puis surtout naît le grand argument-massue : les sionistes font "fleurir le désert" ! Ne vous semble-t-il pas avoir déjà entendu quelque chose dans la même veine, du genre "ces Arabes ils se plaignent mais ils sont bien gentils : avant nous il n'y avait rien dans leur pays, quatre chèvres, trois ânes, des gourbis autour d'un puits, des chemins caillouteux, pas une route, pas un canal d'irrigation, pas un immeuble en dur, rien" ? Mais oui bien sûr : des francouillasses parlant de l'Afrique du Nord, comme un certain Alain Soral par exemple [1] !!! La filiation idéologique est ici totale.

    TelAviv-paam4.jpgPour mobiliser les masses populaires ashkénazes qui sont le grand "réservoir" de candidats à l'alyah, l'idéologie sioniste (plutôt "républicaine" à la française au départ) se mâtine d'idées "progressistes" et même "socialistes" alors très répandues au sein de ces populations ; elle vend la colonisation sous un emballage collectiviste et phalanstérien (les fameux kibboutzim) sans oublier la sacro-sainte "Marche du Progrès". Ces idées sont extrêmement présentes, pour ne pas dire hégémoniques dans toute la phase précédant la création de l’État et même par la suite ; ainsi (par exemple) les héroïques résistants du ghetto de Varsovie sont très majoritairement bundistes mais comptent aussi une très importante minorité sioniste de gauche, plus importante peut-être que la minorité marxiste-léniniste. Parmi les premiers sionistes, certains se proclament même... "anarcho-communistes" comme Joseph Trumpeldor, qui meurt au combat en 1920 contre des insurgés druzes et dont se réclamera par la suite... le Betar. Voilà quelque chose que les "anti-antisionistes" d'"extrême-gauche" ne manquent jamais une occasion de rappeler, et pour cause : ce sionisme "socialiste" ou même "anarchiste" est la démonstration par A + B que la "gauche" et même l'"extrême-gauche" en Europe n'ont jamais été incompatibles avec le colonialisme et le suprématisme "civilisé", bien au contraire ! [de fait c'est seulement le maoïsme et le marxisme-léninisme des Hô Chi Minh, Guevara ou Cabral qui commenceront à marquer la vraie rupture avec cela, jusqu'à théoriser que la Révolution mondiale avait plutôt vocation (au contraire) à se déployer depuis le "tiers-monde" vers les pays impérialistes ; ce que nous avons ensuite systématisé au niveau de chaque État, de chaque continent et de la planète entière comme un déploiement de la lutte révolutionnaire depuis les Périphéries vers les Centres - ce dont le trotskysme "orthodoxe" est par exemple l'antithèse absolue].

    Par la suite, l'impérialisme britannique ayant assumé l'essentiel de l'effort de guerre pour conquérir le Machrek sur l'Empire ottoman (et ayant obtenu le "mandat" sur la Palestine), c'est surtout lui (déclaration Balfour etc.) qui va "porter" le mouvement sioniste dans la phase d'entre-deux-guerres qui jette les bases du futur État ; non sans contradictions cependant, l'alliée première ayant tout de même été l'aristocratie arabe (qu'il faut continuer à ménager, surtout que les premières révoltes éclatent dès 1920).

    Ces contradictions explosent à la veille et surtout à l'issue de la Seconde Guerre mondiale, avec une véritable guerre contre les Anglais qui voit tomber quelques 338 soldats de Sa Majesté. C'est donc contraint et forcé que l'Empire britannique remet en 1947 son mandat sur la Palestine aux Nations Unies, qui décident alors de la fameuse partition entre un État juif et un État arabe. Il fournira même, dans la guerre qui suivra contre les Palestiniens et les États arabes voisins, l'un de leurs meilleurs stratèges militaires à ces derniers : John Bagot Glubb dit "Glubb Pacha"... Celui-ci ne parviendra cependant pas à empêcher la victoire sioniste et la tragédie de tout un peuple : la Nakba, nettoyage ethnique de près de 800.000 Palestiniens ponctué par des milliers d'assassinats racistes pour "décider les indécis".

    colonisation sioniste palestine

    Londres, qui s'était abstenue lors du vote du premier plan de partage, se rallie alors bon gré mal gré au nouvel État contre le nationalisme arabe qui menace le Canal de Suez... aux côtés de l'impérialisme BBR version IVe République, qui avait quant à lui voté pour et dont le nationalisme arabe menace les colonies du Maghreb. On peut d'ailleurs s'interroger sur son rôle dans l'émigration massive vers Israël des Juifs du Maroc et de Tunisie, pays qu'il contrôlait alors et dont c'était un moyen (comme un autre) de nuire à la toute proche et inéluctable indépendance. Puis, comme chacun-e le sait, avec De Gaulle la France prendra quelque peu ses distances au moment de la Guerre des Six-Jours et l'impérialisme US prendra le relais comme grand (et quasi indispensable) tuteur de l'entité sioniste.

    Pour autant, la filiation idéologique totale du sionisme avec l'idéologie française, républicarde bourgeoise à la fois dreyfusarde et anti-dreyfusarde et (surtout) coloniale "civilisatrice" et "universaliste" explique le caractère passionné que prend la question palestinienne en Hexagone. Nous allons montrer ici comment le fait d'être (pardonnez-nous mais il faut employer les mots) un con de Français s'exprime dans le soutien à l'État d'Israël, ou du moins dans le rejet de la mobilisation pro-palestinienne, mais aussi hélas dans le soutien à celle-ci. 

    interdiction-des-manifestations-pro-palestiniennes-il-ne-pe.jpgIl y a celles et ceux qui (1), d'héritage plutôt dreyfusard et jules-ferryen, soutiennent le sionisme pour toutes les raisons que nous venons de voir : "universalisme" impérial "civilisateur" et triomphe des "Lumières" sur la "barbarie", républicanisme bourgeois colonial et même "gauche-coloniale" car il faut bien dire les choses : la question du sionisme touche beaucoup plus profondément, dans son "cœur" idéologique, la "gauche" bourgeoise BBR que la droite (qui a finalement une approche plus "pragmatique" qu'autre chose, à l'exception de la droite bourgeoise juive bien entendu). Sur cette "vieille histoire" du soutien de la "gauche" tricolore au sionisme et plus largement de sa position "universaliste impériale" sur le colonialisme, il faut lire l'article de l'OCML-VP : "Une vieille histoire - le PS et le soutien inconditionnel à Israël". Mais il y aussi celles et ceux qui (2), d'héritage plutôt anti-dreyfusard (n'aimant pas les Juifs et leur fantasmé "pouvoir occulte"), voient néanmoins dans la défense d'Israël une défense de l'Occident et (surtout) une "revanche" par procuration sur le nationalisme arabe (qu'il soit "laïc" ou, comme aujourd'hui, principalement religieux) qui leur a donné du fil à retordre en Afrique du Nord - énormément d'anciens pétainistes étaient dans ce cas. Dans tous les cas, même si l'on est pas un "fan" inconditionnel du sionisme et d'Israël, cette irruption "sauvage" d'affirmations "indigènes" et "tiers-mondistes" dans la rue est tout simplement le "comble de l'inadmissible" (au "mieux" signifiera-t-on aux ultra-sionistes de ne pas "en rajouter" avec leurs provocations). Tout cela va donner le camp pro-israélien - ou, en tout cas, "anti-antisioniste".

    Et puis il y a celles et ceux qui (3), d'héritage anti-dreyfusard, refusent catégoriquement le "compromis" de Herzl et l'existence d'un État pour les Juifs (qui ne peut être selon eux qu'une "base" pour leurs "plans de domination mondiale") et préfèrent encore soutenir les Arabes de Palestine et du Proche-Orient (à l'appui de cela peut venir la présence de nombreux chrétiens et des lieux "saints" de la chrétienté dans la région, ainsi que la forte et étroite alliance entre Israël et l'impérialisme rival US, dans un esprit "gaulliste"). Ils ne perçoivent pas l'intérêt de ce pion stratégique pour la "civilisation occidentale" sur l'échiquier mondial. Il faut dire qu'à la droite de la droite il y a toujours eu des grincheux, comme ces nationalistes qui (à l'époque même où naissait le sionisme) ne comprenaient pas que Jules Ferry et consorts aillent "civiliser" l'Afrique en "échange" de ses richesses, plutôt que de reconquérir l'Alsace et la Moselle.

    4010807_gaza-manif.jpgOu encore il y a celles et ceux qui (4), plutôt d'héritage dreyfusard en principe, transfigurent sur le conflit du Proche-Orient leur mauvaise conscience vis-à-vis du passé colonial... et du présent néo-colonial de l’État français ; choses sur lesquelles la "gauche" (y compris "radicale" !) a été à l'époque... et reste aujourd'hui encore plus minoritairement claire que sur la Palestine - il faut dire que la "projection anticoloniale" sur cette dernière ne mange guère de pain, puisque ce n'est pas l'impérialisme BBR qui opprime ou alors de manière très indirecte et avec les "condamnations" de circonstance qui vont bien. Bien sûr, il y a aussi en Hexagone une mauvaise conscience par rapport au passé antisémite et notamment au régime de Vichy, lorsque l'on sait que celui-ci a envoyé à la mort plus de Juifs que l'Italie alliée d'Hitler ou le Danemark lui aussi totalement occupé et que des rafles eurent même lieu à l'été 1942 en zone dite "libre", c'est-à-dire sans la présence ni la pression du moindre uniforme allemand (cas unique en Europe) ; mais cette mauvaise conscience peut aussi être contournée en présentant les Israéliens en "nouveaux nazis" et les Palestiniens en "nouveaux juifs" (compréhension ridiculement exagérée du problème qui n'aide donc nullement à penser correctement la solution).

    Il est également possible (5), dans un esprit dreyfusard, d'être antisioniste en disant (ce qui n'est pas complètement faux) que le sionisme reprend les postulats antisémites d'inassimilabilité et de séparation des Juifs, et de prôner contre cela "l'intégration des Juifs dans la République", le refus de "tous les communautarismes y compris juif" (en pointant du doigt l'important phénomène de binationalité franco-israélienne, des réservistes de Tsahal etc. etc.) voire un supposé "deux poids deux mesures dans la dénonciation du communautarisme" (ce qui supposerait que "les Juifs ont de l'influence"). Ce n'est pas un courant intellectuel si marginal que cela... puisque ce n'était ni plus ni moins que la position de Dieudonné au début des années 2000, avant son sketch chez Fogiel et sa rencontre avec Soral (clairement, quant à lui, sur la position 3). C'est aussi la base de la position "ni-ni" (ni pro-sioniste ni pro-palestinien) que l'on va retrouver dans toute la gauche "radicale" et l'"extrême-gauche" libertaire comme marxiste, pour qui la question ici comme là-bas va se résumer à un affrontement de "communautarismes" et de "nationalismes religieux" face auxquels il faut prôner qui le "vivre-ensemble citoyen", qui la "fraternité des travailleurs".

    BtAh7vGIgAE4Ky4.jpg-large.jpgIl y a les populations colonisées intérieures de l'entité "France" (6) qui se considèrent quant à elles, non sans arguments valables, exemptées de la culpabilité européenne vis-à-vis des Juifs et qui voient elles aussi dans la Palestine un "match retour" des luttes anticoloniales de leurs propres pays d'origine, dans lesquelles leurs aïeux ont beaucoup souffert pour des "indépendances" largement mutilées voire complètement bidon - néocolonialisme dont leur présence en Hexagone (dans le racisme, l'exclusion économique et le traitement sécuritaire et "social" d'exception) est d'ailleurs l'une des conséquences. Cette "projection" est très compréhensible d'un point de vue historique, mais néanmoins pétrie de grandes ambigüités. Ainsi, elle a souvent pour conséquence d'"éviter" la mise en cause des responsables locaux de la mutilation de l'indépendance : les bourgeoisies bureaucratiques-compradores et les castes politico-militaires vendues ; ou en tout cas de "déconnecter" la question palestinienne de cette mise en cause alors que les deux font pourtant partie de la même réalité : l'impérialisme post-1945, postérieur aux grands empires coloniaux ; ce qui revient dans tous les cas à "redorer le blason" de ces classes dominantes néocoloniales. Le discours va souvent relayer celui de ce "nationalisme" bourgeois (tant "laïc" que religieux, on n'insistera jamais assez) devenu oligarchie vendue ou qui le deviendra aussitôt pris le pouvoir ; jusque dans sa compréhension fantasmée des choses confinant à l'antisémitisme (sionisme "maître" de l'Occident et non l'inverse, etc.) : nous savons tou-te-s que la bourgeoisie, même "nationaliste" dans des pays dominés, est incapable d'une compréhension correcte des choses, incapable d'une analyse en termes marxistes (les seuls corrects) et ne peut donc que répondre par le fantasme et l'élucubration aux questions posées par la réalité. Les bourgeoisies "nationalistes" qui irriguent idéologiquement le sentiment pro-palestinien des colonies intérieures hexagonales sont incapables de poser le problème en termes de sionisme = "chien d'attaque" que l'Occident lâche et retient en fonction et seulement en fonction de ses intérêts. Elles vont le poser en termes de "l'Occident doit cesser de soutenir Israël et nous accorder ses faveurs" et donc "l'Occident doit se libérer de l'influence du lobby sioniste", ce qui glisse inévitablement vers l'antisémitisme ("Protocoles des Sages de Sion" largement diffusés par d'anciens nazis dans les pays arabes). À l'inverse, une authentique Guerre de Libération du Peuple n'attend aucune "faveur" de l'impérialisme et le combat dans toutes ses manifestations, soutien à Israël comme soutien aux régimes arabes et autres "processus de paix"/"solutions négociées"/"transitions démocratiques". Elle sait que dans le Machrek arabe les prolétaires israélien-ne-s, pour être actuellement sous un uniforme ennemi, ont vocation à faire à terme partie de la solution contre leur propre bourgeoisie paris-lors-d-une-manifestation-en-soutien.jpgsioniste ("effondrement du front intérieur"), et non indéfiniment partie du problème. C'est la différence, finalement, entre être un concurrent du sionisme (pour les "faveurs" de l'impérialisme et/ou le contrôle des forces productives palestiniennes) et être son ennemi - le combattre comme bras armé de l'impérialisme en Palestine et dans les pays alentours.

    Tout cela forme, malheureusement, une grande partie du camp pro-palestinien dans lequel, ne nous voilons pas la face, l'internationalisme authentique sur une base révolutionnaire prolétarienne (anticapitaliste) reste une minorité, d'autant plus que sa base s'est élargie (qu'était-ce que le camp pro-palestinien en 1980 ?) à mesure que le mouvement communiste (au niveau planétaire) reculait.

    On ne connaît que trop bien (hélas) la "puissance de feu" intellectuelle des sites soraloïdes, conspirationnistes à la Thierry Meyssan & co ou néo-gaullistes (sur l'"anti-impérialisme" gaulliste voir ici et ici...) dès lors qu'il est question de la Palestine sur le devant de l'actualité, sites souvent relayés en toute bonne foi par des progressistes sincères ; mais ceci est aussi la conséquence d'une "gauche" et d'une "extrême-gauche" INCAPABLES (par "universalisme" gauche-coloniale et "anticléricalisme des imbéciles" anti-musulman) d'avoir une position claire et nette et non dégoulinante de paternalisme sur le sujet en direction des masses populaires qui se sentent concernées, position que les antisémites et autres défenseurs de l'impérialisme français ou russe feignent alors d'assumer : il est tout simplement hallucinant que des informations relayées le plus tranquillement du monde par la presse bourgeoise anglo-saxonne ne se trouvent ici QUE sur ce genre de sites (ou des sites liés à l'islam politique), qui déforment bien sûr les choses "à leur sauce" dans un silence radio assourdissant du web progressiste et "révolutionnaire".

    Nous avons en tout cas là, du "côté" d'Israël comme de celui des Palestiniens (à l'exception des colonies intérieures que nous venons de voir, et encore, non sans passerelles), autant de dérivés de la même matrice idéologique bleu-blanc-rouge elle-même expression idéologique du règne des monopoles ; monopoles BBR dont l'intérêt dans l'absolu (et la position le plus souvent) est de ménager la chèvre et le chou au Proche-Orient tout en combattant vigoureusement "l'importation du conflit" en Hexagone - "importation" qui n'est pas dangereuse par rapport à ce qu'il se passe là-bas, mais par rapport aux questions et contradictions qu'elle risque de mettre à nu ici.

    201407161648-full.jpgLa question palestinienne en "France" fait d'autant plus de bruit qu'il est difficile d'y faire entendre la position internationaliste prolétarienne, celle du mouvement communiste lorsqu'il était fort : le sionisme est une création bourgeoise longtemps rejetée (d'ailleurs) par l'immense majorité du prolétariat juif organisé ; il est devenu à partir de la Première Guerre mondiale (déclaration Balfour) un instrument de l'impérialisme au Proche-Orient [2] et ce rôle s'est renforcé à mesure que, sous la pression des luttes de libération, l'impérialisme a dû accorder l'indépendance formelle aux pays arabes ; le résultat d'un siècle d'activité sioniste concrète est une situation coloniale de type apartheid où le colon (venu d'un peu partout, mais la composante européenne est dominante) et l'indigène (arabe palestinien) forment deux sociétés distinctes avec des droits distincts, ainsi que le "nettoyage" ethnique de près de 800.000 personnes entre 1947 et 1950 et encore 300.000 en 1967, desquelles descendent près de 5 millions de réfugiés entassés dans des camps (devenus de grands bidonvilles) dans tous les pays de la région ; et cela aucune personne s'affirmant communiste et/ou révolutionnaire ne peut l'accepter et une lutte révolutionnaire doit le balayer, ce qui débouchera sur une Palestine réunifiée dont tous les habitants de la Méditerranée au Jourdain seront égaux (en droit ce serait déjà bien et socialement, encore mieux !).

    Nous soutenons la lutte des Palestiniens pour leur dignité et leur libération parce que nous sommes des prolétaires, des personnes de classe populaire et que notre "bon sens" (cf. Gramsci) nous dit, tout simplement, que nous n'aimerions pas être ne serait-ce qu'une semaine à leur place ; et lorsque nous poussons la réflexion un peu plus loin, nous nous rendons compte que leur tragédie ressemble à celle de nos ancêtres (que l'on soit d'Hexagone, d'origine immigrée européenne ou d'outre-mer) tout simplement parce qu'elle consiste en le même phénomène très simple : une bourgeoisie capitaliste qui à l'aide de divers agents (fussent-ils eux aussi de pauvres bougres) se taille un territoire comme base d'accumulation dont elle exploitera les forces productives et/ou la force de travail humaine... Et les braves gens qui l'habitent, ce territoire donné, ils vont se faire foutre ; on les prive de tous leurs moyens de production et reproduction des conditions d'existence, on les réduit en esclavage ou on leur fait "suer le burnous", on les dégage, on les extermine ou un peu de tout cela dans des proportions variables. Selon qui nous sommes, on nous a affiche-22juin3.jpg"juste" transformés en pure force de travail productrice de plus-value et consommatrice de marchandise (pour réaliser ladite plus-value) et on a transformé nos pays en "provinces" (d'où nous sommes ensuite allés grossir les "banlieues" ouvrières) ; ou bien on nous a constatés "barbares" (pré-capitalistes) et épidermiquement trop foncés ce qui méritait bien l'esclavage ou quelque chose de similaire, faisant de nous des colonies ; ou alors on a carrément décrété que nous n'avions rien à faire sur la terre en question, vouée à l'agriculture et à l'industrie "civilisée", et que nous devions en débarrasser le plancher avec nos pieds ou six pieds sous terre (cas des "Indiens" d'Amérique, des "Aborigènes" d'Australie... et d'une bonne partie des Palestiniens). À l'arrivée, sous des formes variées qui font toute la subtilité de la chose, nous avons une société capitaliste dotée d'un État bourgeois. Il y en a (là où le processus est ancien) des monopolistes-impérialistes comme celle où nous vivons en Hexagone et (là où il est plus récent et impulsé de l'extérieur, de là où il était plus ancien) des "semi-coloniales semi-féodales" avec un capitalisme bureaucratique-comprador selon la terminologie maoïste ; mais la logique de base est la même : valorisation du capital par l'exploitation, et quelle que soit notre situation actuelle, à l'endroit du monde où nous nous trouvons et d'où que nous venions, elle en est le résultat. Nous réalisons cela et nous réalisons que derrière notre situation de prolétaires ("blancs" ou colonisés intérieurs) ici et la tragédie des Palestiniens là-bas (où l'on en exploite une partie mais on essaye carrément d'en faire dégager une autre pour mettre des "civilisés" à la place), il y a la même main : non pas "les Juifs" (puisqu'ici ils ont plutôt souffert du processus) mais LES MONOPOLES, le Grand Capital (qui utilise, là-bas, des Juifs comme force de frappe en effet).

    C'est en cela que "nous sommes tous des Palestiniens". Et c'est ainsi que nous prônons comme solution, ici comme là-bas, l'expropriation du Capital et la destruction de ses appareils politico-militaires appelés les États, et leur remplacement par la propriété collective des moyens de production, le bénéfice commun et égalitaire de la richesse produite et le Pouvoir du Peuple. Au demeurant, avec la fin de l'oppression coloniale contre les Palestiniens, le prolétariat israélien verrait disparaître le secret de son impuissance [3] - on peut d'ailleurs en dire autant du prolétariat d'Hexagone avec la Françafrique... Mais en attendant, ici, c'est de tout ce que porte ce "nous sommes tous des Palestiniens" que le gouvernement républicain bourgeois, monopoliste et impérialiste veut empêcher à tout prix l'irruption sur la scène publique (en particulier de ce que cela porte pour les colonisé-e-s intérieur-e-s) ; bien plus que d'une contestation de la politique israélienne qui, par définition, ne le concerne pas directement.

    2506917997Là-bas, sur le théâtre même des combats, les choses prennent une tournure assez particulière avec une espèce de fuite en avant ultra-nationaliste israélienne, principalement incarnée par le Likoud de Netanyahu et qui prétend se moquer voir se passer de l'appui des Occidentaux (en les envoyant paître), ce qui est évidemment suicidaire - mais une bourgeoisie aux abois a-t-elle encore conscience de ce qui est suicidaire ? Un tel courant a toujours existé : ce sont les éléments ("révisionnistes" de Jabotinsky et Birionim d'Ahiméir, Irgoun, Lehi, bref les ancêtres du Likoud...) qui dès les années 1930 et surtout après-guerre prônaient l'affrontement ouvert avec les Anglais (et assumaient parfois explicitement... leur admiration pour le fascisme italien et même le nazisme allemand !). Mais rien de décisif pour le projet sioniste n'avait jamais été obtenu par eux : c'est le sionisme "respectable", le sionisme "à la Barnavi" en quelque sorte, le sionisme de négociation avec l'impérialisme qui avait jusqu'à présent assuré l'existence de "l’État juif". Et pourtant, c'est ce sionisme "jusqu'au-boutiste" qui semble désormais (clairement) hégémonique en Israël... La société israélienne se polarise : les pacifistes se font tabasser par des hordes d'ultra-nationalistes portant les mêmes vêtements que les fascistes ici, des centaines de personnes vont "admirer" du haut d'une colline le massacre des Gazaouis par les missiles de Tsahal, une députée d'extrême-droite assume des propos génocidaires et le vieux militant anticolonialiste Michel Warschawski affirme avoir aujourd'hui peur pour la première fois depuis 45 ans. Mais dans le même temps, de plus en plus de jeunes refusent de servir dans l'armée et de participer à l'oppression des Palestiniens, ce qui était encore impensable (en tout cas très marginal) il y a encore 20 ou 30 ans - à l'époque, on s'acquittait de ses obligations militaires tout en cherchant à militer "de l'intérieur" pour une armée "morale". Cela leur vaut la prison et l'opprobre pour toute leur vie, voire l'exil (on en retrouve beaucoup, à travers le monde, autour de la culture musicale "transe") et pourtant ils et elles font ce choix. Tout cela s'appelle tout simplement l'explosion d'une société sous ses contradictions.

    manifestation-pro-israelienne-a-marseille.jpgQue feront les ultra-nationalistes si, malgré la pression de l'extrême-droite fondamentaliste chrétienne, l'impérialisme US se lasse d'eux ? Il existe peut-être autour du fasciste Avigdor Lieberman, allié de Netanyahu venu de Moldavie en 1978 et dont le parti Israël Beïtenou mobilise la très importante communauté venue d'ex-URSS, l'option d'un rapprochement avec la Russie. Beaucoup commencent à l'envisager, dans les pas de Lieberman qui en faisait déjà son cheval de bataille lors de la deuxième guerre de Tchétchénie, invoquant la "communauté d'intérêts" contre le "terrorisme islamique". Mais cela obligerait Moscou à un sérieux revirement géopolitique, après des décennies de soutien au nationalisme arabe "socialiste" puis à "l'axe chiite" Iran-Syrie-Hezbollah (+ Hamas jusqu'en 2011), sans être non plus inenvisageable si (par exemple) cet "axe chiite" devait s'effondrer sous l'offensive du djihadisme sunnite (dans lequel les Caucasiens, susceptibles de revenir ensuite frapper la Russie, sont nombreux).

    Mais tout cela concerne finalement peu l'Hexagone où la question palestinienne, pour y être d'une force passionnelle rare, existe plus en définitive par ses "projections" symboliques que par ses enjeux réels. De fait on peut pratiquement dire que le sionisme "fils de France" est mort en "Terre promise", ce que déplore même à demi-mots Alain Soral ("avec le sionisme comme projet de Herzl, j'aurais aucun problème") ; en revanche il vit toujours - de manière "fantôme" - en Hexagone, comme "centre" de toute approche politique du problème.

    drapeau-djihad-2

    [1] "Plus je vois la merde noire (corruption, intégrisme, généraux…) dans laquelle l’Algérie s’enfonce un peu plus chaque jour, plus je découvre en images que les seules choses qui tiennent encore debout là-bas (infrastructures, urbanisme…) sont celles que la France coloniale y a construites, et plus je me dis que leur seul espoir c’est qu’on y retourne." - "Abécédaire de la bêtise humaine", 2002

    [2] Et ce quels qu'aient été les idéaux généreux voire "socialistes" dont le sionisme a pu se parer à l'origine et le caractère ultra-opprimé des Juifs quittant l'Europe pour s'installer en "Terre promise" (toutes choses qu'aiment tant mettre en avant ses défenseurs "de gauche" voire "d'extrême-gauche") : de fait, il ne POUVAIT PAS DEVENIR AUTRE CHOSE que ce qu'il est devenu aujourd'hui. Car ce qui compte en dernière analyse, c'est le déséquilibre des forces productives entre l'arrivant et l'autochtone (raison pour laquelle d'ailleurs, n'en déplaise à l'argumentaire des Le Pen et Zemmour et consorts, l'immigration n'est PAS une "colonisation inversée") et non le caractère opprimé de l'arrivant dans son pays d'origine.

    Pour nous, Occitans, le fait que des opprimés partis vers une terre lointaine puissent s'y transformer en oppresseurs n'a rien de surréaliste puisque la communauté afrikaner d'Afrique du Sud REGORGE de descendants de huguenots occitans chassés par les persécutions de Louis XIV : le nazi Eugène Terre'Blanche (originaire de Provence), le docteur Malan (un fondateur et idéologue de l'apartheid) ou encore le "Docteur la Mort" Wouter Basson (le Mengele sud-africain...)... C'est sans états d'âme que leurs ancêtres, victimes d'une répression atroce dans leur pays natal pour avoir représenté (l'espace d'un siècle) un intolérable contre-pouvoir occitan face à l'État centralisateur parisien, se transformèrent une fois au pays des "Cafres" en colons impitoyables persuadés de leur "droit divin" (persuadés que la "Divine Providence" leur avait "offert" cette terre...). 

    L'on pourrait encore citer l'Australie où la plupart des colons massacreurs d'Aborigènes étaient des sous-prolétaires anglais, irlandais ou écossais déportés là-bas pour avoir enfreint les lois de leurs exploiteurs et (dans le cas des Irlandais, Écossais ou Gallois) de leurs occupants. Et c'est sans même parler du cas (peut-être) le plus sidérant et emblématique : celui des esclaves afro-descendants libérés aux États-Unis et "renvoyés" en Afrique pour y fonder le Libéria, un protectorat colonial (de fait) pour leurs anciens maîtres et tortionnaire, dédié notamment à l'extraction du caoutchouc et où ils formeront la caste dominante de cette "république" proclamée en 1847, privant les autochtones de tout droit civique...

    Dans la plupart des colonies "françaises", l'appareil de domination était très largement constitué d'agents issus des Peuples "provincialisés" et périphérisés de "métropole" (Occitans, Corses, Bretons, Basques etc.), presque aussi méprisés (lorsqu'ils "montaient" travailler à Paris) que les immigrés maghrébins ou africains aujourd'hui mais se transformant tout naturellement en "race supérieure civilisatrice" (pour reprendre les mots de Jules Ferry, d'ailleurs lui-même lorrain, Peuple annexé et "provincialisé" à la fin du 18e siècle) lorsqu'ils abordaient les rivages d'Algérie, du Gabon ou du Tonkin.

    L'on peut citer à ce titre l'(assez marxisant) historien belge Jacques R. Pauwels, parlant de l'Empire colonial de son pays : 

    "En acquérant des colonies, les pays pouvaient se débarrasser de leurs citoyens « gênants » : les classes inférieures qui, aux yeux de l’élite, étaient surpeuplées. Les gens trop pauvres, on pouvait s’en débarrasser en les envoyant dans les colonies.

    L’impérialisme était donc aussi une manière de résoudre les problèmes sociaux. Les pauvres pouvaient faire carrière dans ces colonies. De la sorte ils se muaient en patriotes, au lieu de rester des emmerdeurs. En les laissant intervenir de façon agressive dans les colonies, ils ne posaient plus le moindre problème dans la métropole.

    Il y avait par exemple pas mal de fils de fermiers sans travail, et ce du fait que l’agriculture devenait trop productive. Ces gars, on pouvait les envoyer au Congo comme missionnaires. On a expédié là-bas une vingtaine de missionnaires de chaque bled agricole flamand. On leur a collé un uniforme sur le dos et, dès lors, ils ont pu aller jouer au patron chez les Noirs."

    Tout simplement parce que le statut d'opprimé, de relégué, de périphérisé voire pratiquement... de colonisé (Irlandais) du colon dans son pays d'origine est inopérant (à de rares exceptions près) une fois arrivé dans le pays à coloniser : c'est le rapport de force découlant de la possession (ou de la capacité d'appropriation rapide) de forces productives qui détermine la constitution mentale en "race supérieure" et (par conséquent) celle de l'autochtone en "race inférieure" (tout ceci s'enrobant par la suite d'"argumentaire" tant religieux que "scientifique"). Les États "métropoles" puis les Empires capitalistes, en tant que bases d'extraction de plus-value, se sont ainsi construits et développés en cercles concentriques de périphéries autour des Centres du pouvoir bourgeois ; et tant que les masses n'ont pas compris cela, un "cercle" de périphérisation plus proche du Centre peut se montrer (en apparence) plus oppresseur vis-à-vis d'un cercle plus "lointain" que le Centre en question lui-même, qui s'abrite confortablement dans ses tours d'ivoire et délègue les basses besognes.

    [3] "L'ouvrier anglais moyen déteste l'ouvrier irlandais en qui il voit un concurrent qui dégrade son niveau de vie. Par rapport à l'ouvrier irlandais, il se sent membre de la nation dominante et devient ainsi un instrument que les aristocrates et capitalistes de son pays utilisent contre l'Irlande. Ce faisant, il renforce leur domination sur lui-même. Il se berce de préjugés religieux, sociaux et nationaux contre les travailleurs irlandais. Il se comporte à peu près comme les blancs pauvres vis-à-vis des nègres dans les anciens États esclavagistes des États-Unis. L'Irlandais lui rend avec intérêt la monnaie de sa pièce. Il voit dans l'ouvrier anglais à la fois un complice et un instrument stupide de la domination anglaise en Irlande.
    Cet antagonisme est artificiellement entretenu et développé par la presse, le clergé et les revues satiriques, bref par tous les moyens dont disposent les classes dominantes. Cet antagonisme est le secret de l'impuissance de la classe ouvrière anglaise, malgré son organisation. C'est le secret du maintien au pouvoir de la classe capitaliste, et celle-ci en est parfaitement consciente." - K. Marx dans une lettre à deux socialistes allemands émigrés aux États-Unis (1870)

     


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  • sarcelles.jpeg... "l'esprit pogromiste" qui a déferlé sur Sarcelles dimanche dernier a bien, comme à Paris la veille et le week-end précédent, résulté d'une double provocation des nervis d'extrême-droite de la LDJ (dont la vie ne tourne pas non plus autour d'Israël : dans les facs par exemple ils militent au MET ex-UNI, dans diverses corpos fascisantes etc. et ils publient des articles pour "sauver les chrétiens d'Irak", cause sans doute louable mais non moins leitmotiv de toute l'extrême-droite islamophobe hexagonale) ET de la mairie "socialiste" qui avait interdit les rassemblements alors même que la veille, à Paris 18e, on avait bien vu le résultat d'une telle interdiction et que la ville de Sarcelles se prête, comme nulle autre en Hexagone, à ce que les choses prennent la tournure d'un "affrontement inter-communautaire" et d'un "pogrom anti-juif" (insistons bien, encore une fois, sur combien ramener le conflit au Proche-Orient ET les mobilisations sur la question ailleurs dans le monde à une "guerre de religions" juifs/islam est une pièce essentielle du dispositif idéologique impérialiste).

    Si des actes, comme l'incendie d'une épicerie kasher, relèvent bel et bien de ce que nous avons qualifié et continuerons à qualifier de provocation consciente ou non contre la solidarité palestinienne, AU SERVICE de ses ennemis pro-israéliens et "républicains" impérialistes, il n'en reste pas moins que les preuves commencent à circuler comme quoi une fois de plus, la tournure prise par les évènements était prévue et même voulue par certains :

    provoc ldj sarcelles

    L'article a été supprimé mais on peut encore le voir ici en cache Google ; et ici et ici (au cas où le cache disparaîtrait à son tour) deux captures d'écran montrent bien la conversation dans laquelle s'inscrit (tout en bas de la deuxième capture) le commentaire de "jeremy haddad".

    On pourra certes insinuer qu'il s'agirait d'un provocateur antisémite se faisant passer pour un LDJiste ; mais dans ce cas on peut aussi s'interroger sur la précipitation de la LDJ à faire disparaître l'article et tous les commentaires plutôt que de supprimer seulement celui-là et de le dénoncer publiquement (pour ceux/celles qui l'auraient lu) comme une provocation "nazislamogauchiste".

    Par ailleurs, le récit des évènements dans la plus bourgeoise des presses (ici Médiapart, gauche bourgeoise, mais on retrouve la même chose sur d'innombrables sites y compris de droite) est assez dénué d'ambigüité :

    Plus loin, l'accès à la synagogue de Sarcelles avait été entièrement bouclé, des cars de CRS barrant l'avenue. Devant son entrée, une trentaine de jeunes pro-israéliens y étaient armés de matraques et barres de fer, l'un d'entre eux agitant un drapeau israélien. Quelques dizaines de manifestants ont crié "Israël assassin!" près du barrage policier sur l'avenue, des dizaines d'autres leur ont répondu "Palestine on t'encule" de l'autre côté.

    Initialement, un défilé pro-palestinien ainsi qu'un rassemblement pro-israélien organisé par la Ligue de défense juive (LDJ) avaient été prévus au même endroit, la gare RER, et à la même heure, incitant la mairie et la préfecture à interdire les deux. Sarcelles, parfois surnommée "la petite Jérusalem", compte une importante communauté juive séfarade.

    Autrement dit, à part (c'est juuuuuuste une hypothèse) faire monter la tension, on se demande bien à quoi servaient ces interdictions puisque l'un et l'autre rassemblement se sont bien tenus et qu'à quelques mètres des CRS se tenaient des hommes... munis d'armes capables de blesser gravement voire de tuer, dont la seule possession dans une manif "normale" et tout à fait autorisée vaudrait normalement charge des forces de répression, gazage à mort et arrestation (suivie de comparution immédiate et de prison ferme) de ceux qui ne détalent pas assez vite. Et les deux rassemblements "interdits" ont été laissés s'approcher suffisamment l'un de l'autre pour s'échanger des noms d'oiseaux et faire encore monter la tension d'un cran...

    On pourra aussi rappeler que là où il n'y a pas eu d'interdiction ni de provocations (la LDJ n'ayant pas de troupes suffisamment importantes hors d'Île-de-France), des dizaines de manifestations se sont déroulées sans incidents majeurs hormis les habituels trois provocateurs dieudonnistes tentant de s'incruster avec leurs ananas (généralement virés car même les "islamistes" ne les apprécient guère), les quatre prédicateurs salafistes aux slogans chelous et éventuellement une vague "agence de presse dissidente" pas utile à grand-chose sinon à renseigner ses copains les flics...

    Rappelons ici encore une fois notre position : nous ne pensons pas que le fascisme s'installera en France (que ce soit brutalement ou insidieusement) en prenant ouvertement fait et cause pour le sionisme et Israël. Sur cette lourde question internationale, la position de l'impérialisme bleu-blanc-rouge est et a toujours été, depuis les années 1960, de jouer sur tous les tableaux et d'avoir plusieurs fers au feu ; le porte-parole du FN Florian Philippot lui-même ne disant pas autre chose (Gilbert Collard, autre figure de proue du "nouveau lepénisme", adoptant même une position nettement plus pro-sioniste).

    Nous pensons que le fascisme s'instaurera en jouant les "arbitres" et en se posant comme "l'ordre républicain" contre les "importateurs de conflits étrangers" et le spectre de la "guerre civile communautaire" (il suffit pour s'en convaincre de lire les deux sites de "référence" de la fascisation en marche, Riposte Laïque et Boulevard Voltaire, celui de l'intellectuel organique Guillaume Faye ou encore les propos - comme par anticipation - de Marine Le Pen elle-même au mois de juin, suite à une énième "blagounette" antisémite de son père, présentant le FN comme le "meilleur bouclier des Français juifs face au seul vrai ennemi, le fondamentalisme islamiste") [Il faut dire que Marine Le Pen et son équipe à la tête du FN, entre autres choses, savent compter et notamment compter la différence de bulletins dans les urnes entre les années 2007-2008, lorsque Soral dictait sa ligne "tiers-mondiste" et "antisioniste" au vieux Jean-Marie, et aujourd'hui que le Front s'est plus prosaïquement centré sur un discours "républicain" anti-islam et anti-"racailles"... La mouvance soralienne, dans sa "proposition stratégique" d'amarrer la solidarité pro-palestinienne des quartiers populaires à un impérialisme français et une extrême-droite lepéniste qui n'en veulent pas, en est réduite aux plus grossières manipulations comme de faire croire que les CRS (encadrant une manif pro-Palestine comme à l'accoutumée) se seraient... "ralliés" à celle-ci (contre le "gouvernement d'occupation sioniste" on suppose) !].

    En ce sens, chaque fois qu'il est question de la Palestine dans l'actualité, les ultra-sionistes et autres "anti-antisionistes" tout à leur délire paranoïaque se transforment de bonne grâce et gratuitement en la plus efficace des polices politiques (nous venons nous-mêmes d'en faire les frais, et même PLUS que les authentiques antisémites qui continuent à sévir en toute impunité... comme c'est étrange ! : la hantise de ces prétendus "chasseurs d'antisémites" est-elle l'antisémitisme - si utile à leurs discours et leurs amalgames... ou est-ce plutôt la vérité contre laquelle ils ne peuvent rien ?). Lorsqu'ils se réclament ouvertement du sionisme et/ou ont des liens avec Israël, ils sont aussi le reflet d'un sionisme qui se "tend" idéologiquement là-bas, franchissant des lignes longtemps considérées comme infranchissables par ses propres tenants et s'éloignant de l'idéologie "complexe" d'il y a 70 ou 80 ans (qu'aiment bien mettre en avant aujourd'hui les "anti-antisionistes") : un sionisme au discours longtemps "socialiste" (reflet logique de la minorité opprimée d'où il provenait) qui s'est likoudisé après 1967 avec l'occupation des "territoires"... et qui maintenant se LDJise à toute berzingue pour ressembler de plus en plus à un ramassis de gangs loyalistes nord-irlandais, de "chevaliers" du Ku Klux Klan ou de partisans afrikaners d'Eugène Terre'Blanche. Un sionisme dont l'intérêt capitaliste évident est, aussi, de provoquer une "fuite des cerveaux" juifs occidentaux vers Israël afin de gagner en force de travail de valeur : tous les pays capitalistes font cela dès lors qu'il y a une "faille" sur laquelle jouer, les pays "riches" (impérialiste) envers les pays "pauvres" (impérialisés) en mettant en avant les salaires, l'Angleterre ou le Canada envers l’État français sur l'air de "chez nous on n'empêche pas les jeunes d'entreprendre et de réussir", etc. etc.

    Couverture-reconquistaRL1-706x1024.jpgMais ils n'en restent pas moins de SIMPLES PIONS aux yeux de la République impérialiste BBR, de ses intérêts et de ses plans ; république impérialiste qui n'en a strictement rien à faire (dans le fond) de ce Grand Israël qui peuple leurs rêves et de l'antisémitisme qui hante leurs nuits (et qui dans certains cerveaux malades existe bien réellement et frappe voire tue). La merde antisémite soi-disant "antisioniste" participe elle aussi de ce plan d'ensemble, dont l'objectif est 1°/ d'empêcher l'unité des classes populaires et en particulier des classes populaires colonisées intérieures, auxquelles appartiennent les Juifs séfarades originaires du Maghreb qui vivent souvent dans les mêmes quartiers et la même condition sociale que les musulmans, et aux côtés desquelles ont toute leur place les descendant-e-s d'immigré-e-s ashkénazes de par le traitement qui leur était fait il y a encore 70 ans et dont l’entité francouille née sur les cendres des bûchers de Juifs feint de se repentir en grandes cérémonies pompeuses de temps en temps, et 2°/ d'empêcher À TOUT PRIX l'irruption dans la sphère publique de ce que certains appellent la "puissance indigène", l'affirmation des classes populaires colonisées intérieures. Cet objectif "mérite" apparemment que la République bourgeoise impérialiste laisse agir en toute impunité des partisans ultra-violents d'un autre État (certes allié mais avec lequel les relations ne sont pas toujours faciles) et les laisse provoquer des situations qui seront ensuite présentées (dans tous les médias y compris parfois "révolutionnaires") comme des "pogroms anti-juifs". Cela ne veut pas dire (insistons bien là encore) qu'Israël et ses partisans "contrôlent" l’État français. Et cela ne veut nullement dire que ces derniers ne seront pas, à l'arrivée, des idiots utiles de l'affaire au même titre que les idiots utiles dieudonnistes !

    Nous avons vu quelles étaient, pour les progressistes et les révolutionnaires comme nous, les raisons de cette "monomanie" palestinienne que d'aucuns nous reprochent (en ce qui concerne le média révolutionnaire "généraliste" que nous sommes, lorsqu'il n'y a pas de bombardements israéliens et de mobilisations contre cela nous ne publions que très - peut-être trop - occasionnellement sur la Palestine ; après, il y a des sites exclusivement consacrés à cette cause comme d'autres à la protection des animaux ou au jardinage). Nous avons vu quels étaient les problèmes que soulevaient, ici et maintenant, les mobilisations et les débats politiques sur ce thème. Nous venons à présent de voir les ENJEUX que posent ces mobilisations devant la République bourgeoise en termes de gestion de la société civile, de prises de conscience à empêcher (sous les coups des CRS et de la LDJ ou en les détournant vers l'arrière-boutique puante de Soral, Dieudonné et consorts) et de pseudo "cohésion sociale" derrière elle et sous sa botte à préserver.

    Qui (de la "poule" ou de "l’œuf") a "commencé" à amalgamer judaïsme et sionisme, antisionisme et antisémitisme, critique d'Israël et négation de la Shoah, défense de la Palestine et islamisme réactionnaire etc. etc. ? On pourrait en discuter pendant une éternité avec des "arguments" aussi innombrables... que les forces sociales et politiques qui ont INTÉRÊT à ce que les enjeux soient présentés ainsi.

    Nous, nous préférons consacrer nos efforts à renvoyer TOUS ces amalgames là d'où ils viennent et où est leur place : dans les poubelles de l'histoire ! Mais cela nous vaut, apparemment, la censure alors que curieusement celle-ci semble laisser indemne les sites et pages Facebook soraliennes, et tous les déverseurs de vomi antisémite sous tous les pseudos "musulmans" ou "bien gaulois" possibles et imaginables...

     


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  • dimitrovC'est quand même fou les conneries que l'on pouvait écrire il y a 80 ans !

    Par exemple : « le fascisme est la dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier »

    En voilà un bon de gros con à moustache, bulgare de surcroît, qui aurait mieux fait de fermer sa gueule et de se rouler des doubitchous sous les aisselles ! Heureusement, lesmaterialistes.com sont là pour balayer un tel tissu d'inepties :

    http://lesmaterialistes.com/antiracisme-ethno-differentialiste-anti-colonialisme-agenda-islamiste

    Grâce à eux, les masses progressistes qui ne veulent pas du fascisme pourront correctement travailler à la "démocratie populaire" (avec ou sans Manuel Valls ?) en comprenant que le fascisme qui-monte-qui-monte et répand "l'esprit pogromiste" sur notre douce France est porté par :

    - les "idéologies de type post-modernes" ; "décadence post moderne" qui est "un des aspects" de la "dictature des monopoles" ;

    - un "premier courant [qui] vient de l'extrême-gauche, principalement du Nouveau Parti Anticapitaliste et de la CNT, c'est-à-dire en pratique de courants post-trotskyste et post-anarchiste. Il formule des thèses ouvertement anti-universalistes et ethno-différentialistes, qu'il présente comme sardou musulmanesde l'antiracisme et de la déconstruction coloniale" autrement dit des forces réformistes du mouvement ouvrier, équivalentes actuelles de la SFIO avec laquelle, justement, la politique de Front populaire dans les années 1930 consistait (pour les communistes) à s'allier contre le fascisme (!) ;

    - un "second courant [qui] consiste justement en les « anti-coloniaux » ne venant pas de l'extrême-gauche, à savoir les « Indigènes de la République » ou encore le « collectif Cheikh Yassine », du nom du fondateur du Hamas", des "anticoloniaux d'extrême-gauche [qui] espèrent influencer les populations d'origine immigrée des quartiers populaires, tandis que les mêmes mais non d'extrême-gauche tentent de former une sorte de grand lobby de la bourgeoisie moyenne et basse et de la petite-bourgeoisie, à chaque fois d'origine immigrée, surtout arabe" ; autrement dit des expressions politiques (si imparfaites soient-elles) des colonies intérieures de l'Hexagone impérialiste (au "pire du pire" de classe petite ou moyenne-bourgeoise) qui sont elles-mêmes des reflets de sa domination impérialiste sur une grande partie de la planète, impérialisme dont Dimitrov nous expliquait (justement) que le fascisme représente la "dictature terroriste ouverte" ;

    images- enfin un "troisième courant [qui] consiste en les islamistes, qui ont leur propre agenda plus ou moins contradictoire", "Dieudonné proche de l'Iran qui diffuse un islamisme chiite tandis que les associations liées aux Frères Musulmans, notamment de Turquie, propagent un islamisme sunnite", des forces qui "entendent soit gagner des points [?] soit, pour les mouvements liés aux Frères Musulmans et au Qatar, appuyer le Hamas qui est dans une situation très difficile après le coup d'État militaire anti-Frères Musulmans en Égypte", ou encore "l'ambassade de Bolivie à Bruxelles [qui] a invité cette semaine les « Indigènes de la République » pour la rupture de jeûne du Ramadan, en présence des ambassadeurs de l’Équateur et du Nicaragua. L'année dernière une telle célébration avait été organisé à Paris en mode « iftar antifasciste » par des militants « anti-coloniaux » d'extrême-gauche" ; autrement dit des forces au service d’États étrangers, États semi-coloniaux (dominés, "du tiers-monde") dont les classes dirigeantes ont adopté une démarche nationaliste consistant à 1°/ rééquilibrer un peu "les choses" avec les grandes puissances impérialistes mondiales (rééquilibrer le non-a-l-islamisme-affiche-front-national-09-03-2010caractère national de la production et la (sur)appropriation impérialiste du produit) et 2°/ trouver des débouchés d'investissement pour valoriser le Capital qu'elles ont accumulé (en grande quantité pour certaines) au cours des dernières décennies, en cherchant à étendre leur influence économique et politique autour d'elles (dans les pays voisins et de la région, ainsi qu'en se constituant des "lobbies" d'influence dans les puissances impérialistes).

    Comme vous pouvez le constater, le fascisme et les forces qui le diffusent sont très très loin de ce que ce bougre d'âne, cette triple buse de Dimitrov a pu faire croire aux léninistes pendant des dizaines d'années ; très loin de la grande bourgeoisie monopoliste BBR et encore plus loin de cet appareil d’État qui interdit les manifestations et jette en prison des personnes sans le moindre antécédent judiciaire, comme peuvent le croire naïvement les "décomposés anarcho-trotskystes" !

    Bien entendu, ne relevant pas du Grand Capital et donc dénuées d'appareil d’État, on peut se demander où et comment ces forces comptent-elles trouver des trains pour organiser des déportations de masse (et autres joyeusetés qui caractérisent le fascisme)... Cela dit, vu les liens entre Sud-Rail et les milieux "post-anarcho-post-trotskystes", il vaut mieux ne jurer de rien ! 

     

    palestinecommuniste2


    Nous relayons ici l'appel à la solidarité : , au-delà des divergences politiques, avec le militant NPA Alain Pojolat, mis en examen pour avoir "organisé" les manifestations pro-palestiniennes interdites par la République bourgeoise impérialiste. Cette répression ne rend que plus ignobles les articles/torche-cul du 'p''c''mlm', qui couvre depuis des semaines de son fiel le NPA soi-disant "à la solde des islamistes".


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  • netanyahu-fabius.jpg- Chaque fois que la Palestine est à l'ordre du jour, Servir le Peuple s'efforce toujours de bien insister sur l'ordre des choses : c'est l'impérialisme occidental (européen et nord-américain) qui pilote Israël et non l'inverse. L'État sioniste est une tête de pont, une place forte, un fer de lance de l'impérialisme au Machrek arabe et ce depuis que la Déclaration Balfour (1916) a lancé le processus de sa création. Le sionisme est tout particulièrement le fils idéologique du républicanisme colonial bleu-blanc-rouge à la Jules Ferry ; ce qui explique sa "force" dans l'entité "France" (même s'il y compte aussi beaucoup d'opposants) et le fait que le réduire à un "fascisme juif" est beaucoup trop simpliste.

    Les "lobbies" pro-israéliens qui existent dans à peu près tous les grands pays impérialistes ne visent qu'à s'assurer de la solidité de ce lien (vital pour Israël), car les impérialistes occidentaux doivent aussi (parfois) ménager les pays arabes producteurs de pétrole et (donc) "serrer la vis" à leur protégé sioniste. Ils sont comparables aux "lobbies coloniaux" qui existaient dans toutes les métropoles colonialistes pour y défendre les intérêts des colons, surtout lorsqu'il commençait à être question d'accorder une pseudo-"indépendance" aux colonies (ou simplement des droits aux indigènes...).

    Le retournement sémantique qui consiste à faire d'Israël et des "lobbies" pro-israéliens les "maîtres" des pays occidentaux ouvre évidemment la porte à toutes les dérives antisémites, qui serviront objectivement la cause du sionisme et de l'impérialisme (c'est peut-être même la principale porte ouverte à cela). Et en fin de compte, à ce jeu-là, entre les "antisioniste" obsessionnels amis de Dieudonné, Soral, Meyssan & co et le "système" qu'ils dénoncent (celui de la "religion de la Shoah" comme ils disent), c'est juste "l'arbre qui cache la forêt" (des crimes impérialistes présents et passés tout autour de la planète) qui change : pour les uns (majoritaires) c'est le nazisme, Hitler et ses "résurgences" régulières (de Nasser à Pol Pot, de Saddam Hussein à Milošević voire Poutine) ; pour les autres c'est "IsraHeil" et le "nazisme sioniste" en Palestine... Mais derrière c'est toujours le même impérialisme (bleu-blanc-rouge en ce qui nous concerne) qui est "pur", "tout beau tout propre", "vierge" de tout crime et que l'on ne dénonce JAMAIS, quand on n'en chante pas carrément les louanges (Soral et tous les invocateurs du "temps du général De Gaullllle", cet impérialiste raciste et fasciste) ! Pour les uns "rien n'égalera jamais l'horreur nazie"... sauf le mec que BHL s'est chargé de désigner comme le "nouvel Hitler" pour être bombardé, renversé et remplacé par des dirigeants plus dociles ; et toute comparaison d'un crime présent ou passé (au cours des 8 derniers siècles) de l'entité "France" ou de l'impérialisme européen/occidental en général avec le IIIe Reich est "honteuse" voire "négationniste" ; mais pour les autres c'est Israël qui joue ce rôle : il n'y a "que" Israël qui colonise, racise et massacre ; l'impérialisme BBR ne fait "rien de tout cela" ou alors, s'il le fait, c'est "à la remorque des Américains" et "sous l'influence du lobby sioniste" (cette "pauvre" "petite" France est absolument incapable de raisonner selon ses propres intérêts, c'est bien connu !)...

    - Les "islamistes" (terme réducteur au possible pour désigner des réalités politiques très diverses, un peu comme si l'on parlait de "christianistes"  pour regrouper des familles politiques allant de l'extrême-droite national-catholique ou fondamentaliste chrétienne US à la gauche social-humaniste) ne sont EN AUCUN CAS les "représentants de l'aspect semi-féodal" des pays musulmans, qui sont les chefs de "tribus", les oulémas ("vieux sages" de la religion musulmane généralement très hostiles aux "islamistes") ou encore les castes militaires qui noyautent l'appareil d'État et contrôlent des pans entiers de l'économie, comme typiquement l'armée égyptienne héritière des Mamelouks (maîtres du pays à l'époque de Napoléon). Les "islamistes", en tant que "calvinistes musulmans", sont l'expression politique du capitalisme d'en bas ; ce capitalisme qui émerge spontanément de la vie sociale populaire par opposition au capitalisme bureaucratique "d'en haut" impulsé par l'impérialisme (et justement appuyé sur la semi-féodalité) ; et qui contrairement à celui-ci ne permet pas au surproduit (plus-value "sur-accaparée") de "remonter" correctement jusqu'aux monopoles impérialistes - qui le combattent donc en conséquence, dans leur perspective de domination totale des économies du "Sud". Ils sont donc, en somme, des représentants typiques de ce que les marxistes-léninistes ont coutume d'appeler la BOURGEOISIE NATIONALE.

    izz_ad-din_al-qassam.jpgUne bourgeoisie nationale plutôt "provinciale", entrepreneuriale et "de droite", par opposition à la bourgeoisie nationale plutôt urbaine, intellectuelle et "de gauche"... Il faut en effet comprendre que dans les pays arabes et musulmans, le capitalisme et la bourgeoisie sont historiquement anciens et développés et possèdent une vision du monde propre, contrairement à d'autres parties du monde où la bourgeoisie nationale a tendance à s'aligner soit sur les intérêts et les conceptions de l'impérialisme, soit sur les aspirations populaires. L'islam, comme l'expliquait fort bien le sociologue communiste Maxime Rodinson, n'a jamais été incompatible avec le développement du capitalisme qui fut même à bien des égards, jusqu'au 16e ou 17e siècle en tout cas, supérieur à celui de l'Europe : ce qui n'a pas eu lieu "à temps" ce sont les "révolutions" bourgeoises et leur corollaire la "révolution" industrielle, qui ont du coup été "confisquées" par la domination impérialiste occidentale (pays qui avaient, eux, réalisé ces "révolutions") et en quelque sorte "menées" par elle, sous la forme d'un capitalisme bureaucratique-comprador impulsé "d'en haut" (par les monopoles occidentaux) et s'opposant au capitalisme "d'en bas", endogène.

    L'absence d'un mouvement communiste (ou "d'inspiration marxiste") fort amène assez souvent ces forces "islamistes", depuis une trentaine d'années, à prendre la tête des résistances des masses populaires contre l'impérialisme, les régimes bureaucratiques-compradores locaux et le sionisme. Cela n'en fait nullement (pas plus que n'importe quelle bourgeoisie nationale, même "de gauche") des "alliés" systématiques, inconditionnels et éternels ; mais il est important de définir correctement les choses car toute analyse ultérieure en découle. À vrai dire, de par leur idéologie et leur projet de société ultra-capitalistes et ultra-oppressifs pour de nombreux secteurs des masses (on pense en particulier aux femmes), cela en fait même des ennemis ; mais des ennemis SECONDAIRES (notion si incompréhensible pour tant de "gardiens du temple" "marxistes" ou "libertaires" durs de la feuille), des ennemis "pour plus tard". Cela signifie qu'on peut les critiquer et même les combattre s'ils attaquent le Peuple (autodéfense populaire), que la Libération du Peuple passera forcément un jour sur leurs cadavres, mais que tant qu'ils n'ont pas totalement pris le pouvoir dans un pays donné on ne passe pas son temps, on ne jette pas toutes ses forces dans cela sauf à devenir un serviteur objectif de l'impérialisme, de ses intermédiaires bureaucratiques-compradores et du sionisme ; comme l'a par exemple fait la bourgeoisie nationale "de gauche" égyptienne l'an dernier (en permettant le retour au pouvoir de la caste militaire moubarakiste)... ou comme le fait toute une "extrême-gauche" occidentale en ce moment, qui se répand à 80% contre le Hamas (et la présence d'"islamiiiiiiistes" dans les manifestations) et "déplore" à 20% la "brutalité israélienne", alors même que ce sont les bombes de Tsahal et non les balles du Hamas qui massacrent à Gaza !

    Ce que nous appelons "l'islamisme", c'est-à-dire la volonté de mettre les principes islamiques au centre de la gouvernance politique, est que cela nous plaise ou non l'opinion politique hégémonique dans les pays arabes et musulmans. Tout comme ce que nous appelons "rouge-brun", mélange de nationalisme anti-occidental très virulent et de nostalgie pour l'époque "socialiste" (capitaliste d'État) soviétique, est l'opinion politique hégémonique dans les pays de l'ex-URSS, comme par exemple dans le Donbass ou en Crimée. En Amérique latine c'est clairement un mélange de très fort patriotisme local et continental (principalement anti-yanqui), d'exaltation des libertadores et autres "caudillos des pauvres" du passé, de christianisme social et de fascination pour Cuba, éventuellement d'indigénisme etc. etc. En l'absence de mouvement communiste (authentique) puissant, absence dont la responsabilité incombe en premier lieu aux limites des communistes eux-mêmes et pour laquelle ils doivent en premier lieu se remettre en question, c'est sous ces bannières que les masses populaires vont se mobiliser lorsqu'elles se sentent agressées. À partir de là, de deux choses l'une : soit l'on admet que les masses populaires sont LÉGITIMES à résister aux agressions de l'impérialisme et de ses agents locaux, quand bien même elles n'auraient pas la "bonne" idéologie, et que leur ralliement à la "bonne" idéologie dépend de l'activité des communistes locaux et internationaux... soit le Peuple ne "va pas" et il faut "changer de peuple" !

    [À lire aussi sur le sujet, très intéressant pour s'y "retrouver" et arrêter de tout confondre (tragédie de l'extrême-gauche occidentale en la matière...), cet excellent dossier publié en 2017 sur Investig'Action : Islamisme-Lalieu-Hassan.pdf

    Ou encore (avec d'autres liens encore dans les articles mêmes) :

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/conception-du-monde-rebondissement-discussion-fb-sur-un-texte-du-pc-ma-a182055290

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/encore-une-fois-sur-la-question-de-l-islamisme-a145777528

    (n)PCI - La révolution démocratique anti-impérialiste dans les pays arabes et musulmans

    Et puis, trotskyste et donc avec les défauts que l'on pourra lui trouver de par cette idéologie ; mais enfin néanmoins, du bon trotskysme (comme il y a le bon et le mauvais cholestérol !) ; le fameux texte de Chris Harman (du SWP britannique) qui devrait vraiment, à notre sens, avoir toute sa place dans la conception communiste du monde de notre époque (et qui n'est, sans doute, pas pour rien honni de tous ceux - des "libertaires" aux ML voire "maoïstes" dogmatos en passant par les trotskystes de type LO - qui peinent à cacher sous un maquillage anticapitaliste leur profonde islamophobie "barbus de Saint Foooons"...) : « Chris Harman - Le prophète et le prolétariat (1994).pdf »

    Dans une veine finalement assez proche, il y a d'ailleurs le maoïste indien Ajith : resistance-islamique-la-contradiction-principale-et-la-guerre-contre-l-a136656668]

    [Au sujet des théories complotistes sur le djihadisme :

    "Je dirais que ce que font certaines (en tout cas) forces djihadistes comme Daesh n'est pas joli joli, et certainement pas un projet de société que l'on peut défendre ; maintenant, je pense qu'il y a surtout une forme... d'amertume, en fait, à voir de telles forces capables de ce dont la gauche est incapable depuis des années, dans les pays du Sud et a fortiori en Occident : prendre possession d'un vaste territoire à la face du monde entier qui leur est hostile, et y bâtir un État "en rupture" radicale avec l'ordre existant, même si cette rupture est ultra réactionnaire.

    De cela la gauche n'est depuis longtemps plus capable, ah si pardon : en Rojava... avec l'appui aérien des bombardiers de l'OTAN.

    Du coup, "verts" de voir des ultra réacs en être capables, on préfère s'inventer que tout est voulu et manigancé, qu'ils ont "en réalité" le soutien de la CIA et du Mossad..."]


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  • CROQUANTS_01.jpgLe nom de Croquants vient originellement du village de Crocq (Limousin), d'où partit sous Henri IV (1594-95) une première révolte qui s'étendra brièvement aux provinces voisines. C'est à la base un nom donné par l'ennemi : les révoltés s'intitulent eux-mêmes les "Tard-Avisés", c'est-à-dire ceux qui en ont beaucoup supporté avant d'en venir à la révolte. Cependant, comme c'est souvent le cas dans l'Histoire, il sera peu à peu repris par les masses populaires à leur compte.

    Mais le mouvement qui entrera dans l'Histoire sous ce nom est surtout celui qui débutera 30 ans plus tard et durera près d'un quart de siècle (1624-48), touchant principalement les provinces du Périgord, de la Guyenne et du Quercy soit un pays compris entre la Garonne, le Tarn, la vallée de la Dordogne et celle de l'Aveyron contemporainement avec d'autres révoltes en Gascogne, dans le Languedoc (plus bourgeoise et aristocratique, emmenée par le gouverneur Montmorency qui sera vaincu et décapité à Toulouse en 1632) ou en Provence (Cascavèus, 1630), et bien sûr la réduction des places-fortes protestantes comme Montauban ou La Rochelle. Les années 1620 à 1640... ou l'époque du sinistre Richelieu (auquel succèdera en 1642 le tout aussi sinistre Mazarin), tout-puissant "Ministre principal" de Louis XIII et personnage phare de la "Grande Histoire" francouille, dont Simone Weil dira trois siècles plus tard qu'il avait "tué en France tout ce qui n'était pas Paris".

    C'est en effet cette époque qui voit la consolidation définitive de la construction monarcho-aristo-bourgeoise "France", prélude au règne du "Roi Soleil" Louis XIV. C'est dans ce cadre que l'État royal supprime (1621-29) les "places du sûreté" que l'Édit de Nantes d'Henri IV avait accordées aux nobles et aux bourgeois protestants du "Midi" (environ 150 places pour la grande majorité en Occitanie : Montpellier, Nîmes, Aigues-Mortes, Nyons, Privas dont 1.500 défenseurs seront sauvagement massacrés après deux semaines de siège en 1629) et qu'un mouvement s'engage pour transformer les "pays d'États" (dotés d'assemblées régionales autonomes, certes très oligarchiques mais endogènes) en "pays d'élections", directement administrés par des "élus" (fonctionnaires nommés !) de Paris. Le refus de cela est directement à l'origine de la révolte du Quercy (actuels Lot et Tarn-et-Garonne) en 1624, ainsi que des Cascavèus aixois en 1630 et du soulèvement de Montmorency en Languedoc (les deux derniers imposant d'ailleurs au pouvoir central de reculer, les assemblées provinciales resteront en place jusqu'en 1789) ; et indirectement du reste car cela permet à la monarchie d'imposer l'arbitraire fiscal aux "provinces" alors que l'entité France est engagée dans une "Guerre de Cent Ans" (commencée sous François Ier et qui durera jusqu'en 1659) contre sa rivale espagnole, ce qui grève lourdement le budget de l'État. Pour autant, dire que "le Richelieu1peuple était écrasé d'impôts" ne peut se suffire à soi-même comme explication : le "croquandage" est bel et bien un rejet populaire généralisé de la transformation du païs occitan en "province" de l'État français. On ne soulignera jamais assez combien ce 17e siècle que célèbrent les historiens de la bourgeoisie (et certains "maoïstes" !), et pour cause vu qu'il est celui de la consolidation définitive de la France autrement dit de leur base d'accumulation première, du grand râtelier auquel ils bouffent tous, n'a pratiquement pas connu une année sans révolte du peuple dans une "province" ou une autre de l'Hexagone

    Comme les Camisards des Cévennes trois quarts de siècle plus tard (années 1700, sous Louis XIV), c'est une véritable guerre engageant des milliers de combattants et mobilisant des régiments royaux entiers contre elle ; et une guerre profondément POPULAIRE (même lorsqu'elle met à sa tête des petits bourgeois, comme le médecin Joan Petit, ou des nobliaux dans la continuité des faidits comme La Mothe) qui de surcroît, à la différence des Camisards, ne reste pas "repliée" sur l'identité religieuse protestante : les paysans, artisans, manœuvres et autres "gueux" qui la mènent sont aussi bien protestants que catholiques et, à vrai dire, écœurés par les possédants de l'un comme l'autre des deux camps qui se sont affrontés pendant près d'un demi-siècle, mettant le "Midi" à feu et à sang (ainsi le vicomte de Turenne, sur le territoire duquel se trouve Crocq, est un grand aristocrate protestant). Passé un premier temps où fonctionne encore le fameux mythe du "bon roi mal conseillé" (surtout que le roi gascon Henri IV jouit en Occitanie d'un préjugé favorable), les revendications et les actions des Croquants se font extrêmement radicales pour l'époque et les notables épouvantés les accusent de vouloir établir une "démocratie à la mode des Suisses" ou pire encore, un véritable communisme populaire comme "la secte des enragés anabaptistes" de Thomas Münzer en Allemagne, qui avait mené une redoutable Guerre des Paysans au siècle précédent.

    C'est que, après la première crise générale de la féodalité (12e-15e siècles) qui a donné naissance aux grands États modernes en Europe (sauf l'Allemagne et l'Italie), une nouvelle crise vient dès le milieu du 16e siècle mettre à mal ces constructions "bâtardes" de féodalité et de capitalisme. Les grandes révoltes qui (dans toutes les "provinces") émailleront le "Grand Siècle" d'Henri IV, Louis XIII et Louis XIV seront finalement toutes matées, mais elles mettront à l'ordre du jour la "révolution" bourgeoise (prise en main de l'État par la bourgeoisie pour elle-même). Lorsque celle-ci éclatera enfin en 1789, comme nous l'avons déjà expliqué, elle verra s'exprimer de manière savamment enchevêtrée les aspirations populaires à la démocratie et à l'égalité sociale et les aspirations bourgeoises à faire triompher l'accumulation du capital et enclencher la "révolution" industrielle ; mais elle verra aussi s'affronter la bourgeoisie centraliste du Bassin parisien, souhaitant conserver et même renforcer sa prééminence historique, et celle (fédéraliste) de "province" voulant réaffirmer les "libertés" (autonomies) médiévales dont l'Ancien Régime l'avait progressivement dépouillée. Comme nous le savons tou-te-s, la seconde (les célèbres girondins) sera défaite et les masses populaires de Paris seront happées derrière "leur" bourgeoisie au service de ses plans centralistes, tandis que celles de "province" seront happées derrière les résidus des vieilles classes féodales (clergé ou noblesse encore "ancrée dans le terroir" et traditionnellement respectée) luttant pour le retour de la monarchie. On trouvera encore le reflet de ces contradictions, au siècle suivant, dans l'opposition entre les communes (dépositaires de la communauté populaire pré-capitaliste et des "droits communaux" sur les pâturages, les forêts, les ressources en eau etc.) et les préfets de l’État instaurés par Napoléon, serviteurs zélés du Grand Capital dans sa guerre pour arracher la force de travail aux moyens de production et à tout moyen de subsistance autre que le salaire [s'il est encore (et nous pensons qu'il est encore) besoin d'illustrer la notion sociale de Centre et de Périphérie, on peut aussi regarder cette très intéressante carte des rébellions collectives contre les forces de répression pour la période 1800-1859... évocateur !].

    [Lire : http://partage-le.com/2018/10/linvention-du-capitalisme-comment-des-paysans-autosuffisants-ont-ete-changes-en-esclaves-salaries-pour-lindustrie-par-yasha-levine]

    L'Occitanie, partagée durant la Révolution et l'Empire suivant divers clivages (comme celui entre catholiques et protestants dans le Languedoc)  entre "bleus"  républicains et "blancs" royalistes et/ouCROQUANTS02 entre jacobins centralistes (nombreux furent les Occitans dans leurs rangs : Barère de Vieuzac - notable bigourdan, grand propriétaire terrien et opportuniste politique de première, par ailleurs pourfendeur acharné des langues populaires nationales ; Carrier, Barras etc.) et girondins fédéralistes, sortira du dilemme en 1848 en se ralliant massivement à une ligne "rouge" démocrate-socialiste d'esprit fortement décentralisateur. Mais c'est une autre histoire, bien que se situant dans la stricte continuité.

    Certains meneurs croquants comme l'artisan Buffarost, le médecin de campagne Joan Petit ou (surtout) le paysan Pèire Grellety seront de véritables génies guérilleros dignes prédécesseurs de Mao, Giap, Che Guevara ou Amilcar Cabral ! Malheureusement, l'absence de véritable perspective révolutionnaire organisée (même "démocratique" bourgeoise) fera que même victorieux, ils arracheront tout au plus quelques concessions fiscales et vagues promesses... et/ou avantages pour eux-mêmes : invaincu et après avoir défilé triomphalement dans Périgueux à la tête de 200 hommes (le célèbre ouvrage 700 ans de révoltes occitanes de Gérard de Sède évoque même des... drapeaux rouges !), Grellety se voit... intégré à l'armée royale qu'il a jusque-là combattue, avec le grade de capitaine, et finira même gouverneur de Vercelli dans le Piémont (alors occupé par les troupes françaises). C'était pourtant l'un des leaders les plus "socialistes" de l'insurrection !

    C'est que le Peuple travailleur ouvrier et paysan n'avait bien sûr, à cette époque, aucune idée de comment conserver et tirer parti d'un rapport de force favorable : il n'avait pas de stratégie de conquête/instauration du Pouvoir populaire, que le prolétariat et les autres classes populaires possèdent désormais avec le marxisme-léninisme-maoïsme. Les cantons alpins suisses y avaient "réussi" aux 13e-14e siècles : pour être exact, ils avaient maintenu la république solidaire-égalitaire montagnarde contre la tentative (autrichienne) d'instaurer un pouvoir étatique fort. Le capitalisme était alors dans ces régions plus qu'embryonnaire ; en se développant, il différenciera les classes sociales et transformera ces républiques paysannes en États bourgeois oligarchiques (les cantons plus urbains qui adhéreront par la suite comme Zurich, Berne, Vaud, Genève etc. seront du même acabit). Pour les hussites tchèques (au 15e siècle) ou les paysans allemands de Münzer (au suivant), en revanche, il était déjà trop tard : bien que parfois hostiles à un arbitraire monarchique excessif, les bourgeois, aristocrates et autres notables et possédants locaux se retourneront systématiquement contre les masses populaires pour préserver leurs intérêts de classe. Il n'en ira pas autrement pour les Croquants en Terre d'Òc ; et face à cela les masses n'avaient pas encore les "armes" intellectuelles et politiques pour établir un ordre social égalitaire. Encore deux siècles plus tard (décembre 1851), ayant tenu en échec les troupes de Louis-Napoléon "Badinguet" Bonaparte, les ouvriers et les paysans de Haute-Provence (bercés de sornettes sur l'"indivisibilité de la Républiiiiique") prétexteront de l'échec du soulèvement républicain à Paris pour déposer les armes, au lieu de maintenir et "bétonner" leur BASE ROUGE derrière le verrou infranchissable des Mées. En 1871, le même type de stratégie hésitante conduira les Communes de Paris et d'Òc (Marseille, Narbonne, Limoges etc.) au massacre que l'on connaît.

    2009DommeJacquou.jpgLa condition paysanne ne s'améliorera guère dans les campagnes du Périgord-Quercy-Guyenne au cours des siècles suivants, la région comptant encore au 19e siècle l'une des plus fortes proportions de métayers misérables d'Hexagone (c'est le cadre temporel du célèbre Jacquou le Croquant d'Eugène Le Roy, où le hobereau est en l'occurrence un bourgeois "racheteur" plus ou moins auto-anobli après la "révolution"), avant que la "révolution" industrielle et l'exode rural allant de pair n'achèvent de la désertifier et de transformer tout ce beau monde en prolétaires ouvriers... Mais le souvenir des héroïques révoltés continuera à vivre dans le cœur des masses populaires jusqu'à nos jours : en 1967, d'anciens FTP de la Résistance antifasciste déposeront à Saint-Mayme (son village natal) une plaque rendant hommage à Pierre Grellety ; et encore en 1980, dans une manifestation à Sarlat, une jeune manifestante pouvait scander "je suis fille et petite-fille de Croquants" !!! Voilà quelque chose que certains "maoïstes", à n'en pas douter, auraient qualifié de "dimension identitaire allant de pair avec la teneur corporatiste des revendications" : comme tant d'autres "avant-gardes" d'aujourd'hui comme d'hier, leur vision du "socialisme" n'est nullement d'en finir avec l'exploitation de la force de travail et la négation des Peuples qui l'accompagne, mais bien de la perpétuer à la place de l'actuelle bourgeoisie, que malgré toutes leurs "grandes études" ils n'ont pas réussi à intégrer...

    La vérité c'est que Croquants et Camisards, démocrates-socialistes de 1851 et partisans de 1940-44 (contre l'envahisseur nazi et ses kollabos BBR) doivent être nos figures tutélaires, et leur geste héroïque la RÉPÉTITION GÉNÉRALE de la Guerre populaire prolongée que nous devons et voulons mener, pour une Occitanie libre et socialiste !

    Ci dessous, nous vous invitons à parcourir une très intéressante petite étude sur le sujet (source) qui s'appuie, pour l'essentiel, sur l'ouvrage de Gérard de Sède (qui n'est hélas pas trouvable en version numérisée) :


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  • Conformément à l'appel de diverses organisations progressistes, révolutionnaires et d'affirmation des colonies intérieures et en dépit de l'interdiction fasciste prononcée hier, 2.000 à 3.000 personnes se sont retrouvées à Paris dans le quartier Barbès (nom d'un célèbre révolutionnaire occitan du 19e siècle, ça ne coûte rien de le rappeler) pour manifester leur soutien au Peuple palestinien massacré contre la République coloniale d'Israël et sa très protectrice mère idéologique, la République impérialiste bleu-blanc-rouge.

    Presse bourgeoise : En direct : heurts à Paris entre manifestants pro-palestiniens et CRS

    Très rapidement la nasse s'est refermée sur la manifestation (jusque-là pacifique), les CRS ne laissant sortir que les profils de "bons citoyens" et gazant abondamment les autres à grands coups de lacrymos.

    Bien entendu, cette oppression de l'État policier n'a pas été sans juste résistance des personnes du Peuple les plus déterminées qui étaient présentes :

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    Comme le proclamait elle-même la bourgeoisie dans la phase la plus radicale (où elle était obligée d'être radicale...) de sa révolution : "Quand le gouvernement viole les Droits du Peuple, l’Insurrection est pour le Peuple et pour chaque portion du Peuple le plus sacré des Droits et le plus indispensable des Devoirs". C'est ce qu'ont montré cet après-midi les prolétaires de banlieue parisienne.

    À noter que devant ce qui est en train de prendre forme dans les classes populaires d'Hexagone (un rejet sans ambigüité ni coupage de cheveux en quatre du sionisme et de ses parrains-protecteurs impérialistes occidentaux, débouchant peu à peu sur une conscience et un rejet plus global de l'impérialisme y compris et surtout BBR, et en même temps un rejet des théories "antisionistes" de merde qui ne visent qu'à faire voter ces classes pour le FN qui est leur pire ennemi), la vermine soralienne commence à être saisie de perplexité et à condamner elle aussi ces manifestations, comme (on connaît la musique) "au service du système" etc. etc.

    En tant que (au-delà de l'indispensable solidarité avec un Peuple opprimé) affirmation du prolétariat colonisé-intérieur hexagonal dans la sphère publique, la mobilisation contre les crimes sionistes en Palestine avance inexorablement vers la victoire. Il ne faut dès lors pas s'étonner, et au contraire s'attendre, à voir se dresser devant elle tous les obstacles, toutes les provocations, tous les torrents de boue et les manœuvres de discrédit : dans l'histoire, à mesure que le Peuple avance vers la Victoire et la Libération, le combat se fait toujours et automatiquement plus dur, plus acharné et sans merci. Préparons-nous à le livrer.

     


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  • Le problème avec la Palestine... ... c'est que certains ultra-sionistes ici comme là-bas sont assimilables à des fascistes (portant parfois des t-shirts caractéristiques des fascistes européens), que d'après les militants progressistes, anticolonialistes et anti-apartheid locaux les choses se tendent de plus en plus au niveau de la droite radicale (comme c'est d'ailleurs le cas en Europe), que les actes d'une extrême brutalité de l’État et des colons d'Israël contre les Palestiniens peuvent être qualifiés de "fascistes" au sens de "violemment réactionnaire contre les masses populaires", mais que le problème ne se réduit pas à cela.

    Le problème avec la Palestine, comme nous l'avons déjà dit, c'est d'être un modèle réduit, sur la superficie de l'Auvergne ou de la Bretagne, du monde impérialiste dans lequel nous vivons ; un territoire où l'Occidental "blanc" voisine tout simplement avec le "sauvage" impérialisé (qui se trouve normalement, pour un "Français" par exemple, à des milliers de kilomètres) et "doit" le tenir en respect en permanence à coup de murs en béton, de checkpoints et de bombes.

    Le problème avec la Palestine c'est que les Palestiniens ne sont principalement pas opprimés au nom d'une idéologie fasciste, mais tout simplement au nom de la meilleure conscience occidentale qui soit.

    Le problème avec la Palestine, c'est que questionner à fond la situation (ne pas en rester "à la surface", à la condamnation "humaniste" etc.) amène donc à questionner non pas ce phénomène très particulier, aux conditions très particulières qu'est le fascisme mais bien le centre légitime des idéologies capitalistes-impérialistes occidentales qui, dans lesdites conditions, engendre le fascisme, mais qui en dehors de ces conditions existe et régit la planète au quotidien. En un mot : questionner à fond la situation palestinienne amène à questionner des idées (et leurs traductions en actes) de nature SYSTÉMIQUE.

    Israël se targue d'être... et EST EFFECTIVEMENT, pour ses habitants reconnus comme juifs, une "démocratie" libérale bourgeoise, la seule du Proche-Orient, où l'on vote librement pour ses représentants au Parlement (Knesset) etc. etc., bref une république parlementaire capitaliste tout à fait similaire à celles d'Europe (avec même des aspects sociaux-démocrates) ; mais ceci a pour condition... que les Palestiniens, vivant à quelques kilomètres de là, soient privés des droits démocratiques les plus élémentaires comme celui de vivre et décider souverainement dans leur pays, celui de circuler librement et sans encombres ou encore celui de ne pas vivre dans la peur quotidienne d'une balle perdue ou d'un missile sur le coin de la tronche lors d'un "raid" contre les "terroristes" qui résistent à ce qui précède. Questionner la situation en Palestine c'est donc questionner le visage "démocratique", "libéral" et "bien-pensant" de l'impérialisme et non son visage fasciste, assumant ouvertement la barbarie comme pouvaient le faire l'Allemagne nazie en Europe ou le Japon impérial en Asie dans les années 1930-40.

    Le problème que pose Israël est PRÉCISÉMENT d'être cette "seule démocratie libérale à l'occidentale" du Proche-Orient", car si Israël était un strict régime fasciste les choses seraient beaucoup plus simples : nous nous dirions simplement "encore un régime fasciste"... Lorsque le sang coule en Syrie ou en Libye, en Turquie ou en Birmanie, cela ne soulève pas des débats aussi acharnés car il est évident pour tout le monde que ce sont des régimes fascistes, despotiques, qui se comportent comme tels. Mais Israël, en étant la "seule démocratie parlementaire de la région", nous montre que la démocratie occidentale est en réalité une démocratie grecque (tel que pouvait déjà l'entrevoir Lénine en 1916) : il y a les citoyens qui jouissent de la démocratie (plus ou moins selon leur rang social...) et il y a les "autres", les "hilotes", auxquels (comme au bon vieux temps de Sparte) la "chasse" est de temps en temps ouverte pour une "raison" ou une autre (Irak, Afghanistan, Côte d'Ivoire, Libye, Mali etc.). Et dans le cas d'Israël, où le "hilote" est le voisin et non situé à des milliers de kilomètres (comme dans le cas de la "cité grecque" France), celui-ci se voit appliquer en permanence des méthodes... fascistes, aux portes mêmes de la seule-démocratie-occidentale-du-Proche-Orient.

    Montrer que la "démocratie" libérale occidentale n'est pas différente en nature du fascisme, voilà en définitive le problème existentiel que nous pose Israël et la source de tous les débats qu'il suscite, ce qu'il montre au monde entier et qu'il est si difficile de regarder en face et d'admettre. Le fascisme consiste, en dernière analyse, ni plus ni moins qu'à appliquer (pour les besoins du capitalisme) dans son propre pays les méthodes que la "démocratie" capitaliste applique au loin, chez les autres, de préférence en dehors du "monde civilisé" (sauf que pour Israël les autres sont ses voisins, la frontière du "monde civilisé" étant sa propre frontière avec les territoires palestiniens) ; ou qu'elle y fait appliquer... par des régimes fascistes comme le sont les régimes arabes entourant Israël. Et le nazisme, comme le disait très justement Césaire, n'a jamais consisté en dernière analyse qu'à transposer au cœur du "monde civilisé" (en Europe) les méthodes jusque-là réservées à l'au-delà-des-mers colonial. Mais le crime en soi (toujours Césaire) n'est pas différent, on ne souffre ni ne meurt pas "plus" ou "moins", on n'est pas "plus" ou "moins" "nettoyé" du lieu où l'on vit ou carrément exterminé selon que l'on est la victime intérieure d'un régime fasciste ou la victime extérieure (fut-ce "aux portes") d'une "démocratie" occidentale impérialiste et/ou colonialiste (dont les citoyens intérieurs, eux, vivent "bien" et "heureux" sur le dos de l'oppression quotidienne "ailleurs"). Voilà ce que révèle la problématique israélo-palestinienne et qui est si insupportable aux yeux de beaucoup de personnes.

    e3759ca98ce339adb7650fae3e10e9f0Il est également possible de dire ("petite" digression) que la Palestine met à l'épreuve notre capacité occidentale à nous solidariser de celui qui ne nous ressemble pas (le Palestinien, en particulier partisan du Hamas), contre celui qui au contraire nous ressemble (la république bourgeoise israélienne). Dans les films sur la Seconde Guerre mondiale (très éloignés, il va de soi, de la réalité), le nazi est une espèce de grand Terminator blond aux yeux bleus, une machine à tuer dénuée de tout sentiment humain qui ne s'exprime qu'en criant et "a les moyens de vous faire parler", tandis que ses victimes (Juifs ou personnes des pays occupés) sont dépeintes de manière à ce que le spectateur puisse s'identifier à elles : des personnes de classe moyenne, cultivées, aimant la musique et la littérature, riant avec leurs enfants, jouant avec leur chien etc. etc. (jamais pauvres, sales, illettrées et religieuses ou communistes comme l'étaient pourtant la plupart des victimes du nazisme). L'objectif est évidemment (et on peut le comprendre) que les gens ne s'identifient pas aux nazis mais à leurs victimes. Lorsque, dans l'actualité, des Russes ou autres Slaves sont de la partie (comme en Ukraine), les perceptions formatées issues des films de la Guerre froide vont également venir gêner l'identification à eux, quand bien même ils seraient les victimes de l'affaire. Mais enfin ils sont blancs, européens... Lorsqu'en revanche la Palestine apparaît au JT du soir, il est évident que l'identification spontanée du téléspectateur va aller aux Israéliens avec leur mode de vie occidental, leur "liberté" etc. Le Palestinien, lui, appartient à un autre monde : il "grouille" dans ses rues poussiéreuses où il promène ses morts en cortège, il vocifère dans un arabe guttural en brandissant (souvent) des armes, il est souvent barbu et la femme qui l'accompagne voilée des pieds à la tête, etc. etc. Il est clairement victime d'une injustice, mais s'identifier à lui demande un grand effort. Cela demande et met à l'ordre du jour, en fait, de briser d'énormes "carcans mentaux" de formatage idéologique, de faire triompher le bon sens gramscien sur le sens commun ; ce qui recèle un danger mortel pour l'ordre capitaliste-impérialiste dans lequel nous vivons et que celui-ci, par conséquent, cherche à tout prix à empêcher.

    C'est peut-être cet effort que tentent de contourner les comparaisons fréquentes (et inappropriées) entre Israël et l'Allemagne nazie, Gaza et le ghetto de Varsovie etc. (on pense notamment aux dessins du brésilien Carlos Latuff) : plutôt que de lutter contre ce "blocage" culturel à l'identification, on va tenter de l'éluder en plaquant artificiellement les figures cinématographiques du bourreau et de la victime de la Seconde Guerre mondiale sur la réalité (sauf que cela éloigne de la juste compréhension de celle-ci...). On a besoin, là encore, d'un soldat israélien habillé en SS et d'un Palestinien habillé en Juif des ghettos de Pologne ("oubliant" que ceux-ci ont aussi résisté les armes à la main) pour assumer la solidarité avec ce dernier, plutôt que d'assumer simplement la solidarité avec un Arabe armé qui résiste au colonialisme d'une république bourgeoise occidentale tout à fait semblable à la nôtre. Évidemment, le premier parallèle venant à l'esprit d'un colonisé intérieur en Hexagone (surtout d'origine maghrébine) serait plutôt de comparer le Palestinien à un combattant algérien de la guerre de libération, référence de SON champ politique... Mais référence beaucoup moins "porteuse" auprès de l'opinion "blanche" ! Nous ne nous attarderons pas sur ceux qui, plutôt que de l'éluder, nieront ce nécessaire effort d'identification en se cachant de toutes les manières "progressistes", "marxistes" ou "anarchistes" imaginables derrière le rejet de "l'obscurantisme religieux/féodal" ou derrière la "classe ouvrière porteuse des valeurs de progrès" (sachant pertinemment que la classe ouvrière telle qu'ils la conçoivent n'existe pratiquement pas dans un pays comme la Palestine).

    Le problème avec la Palestine, particulièrement en "France" (aussi inimaginable que cela puisse paraître, le questionnement est souvent plus libre en... Israël !), c'est que questionner la situation amène inexorablement à mettre à nu des QUESTIONS DE FOND, structurelles, touchant non seulement à un "passé douloureux" (colonialisme, "décolonisation", Algérie etc.) mais aussi à sa continuité dans le présent voire carrément à l'existence même de l'entité "France", puisque cela questionne la manière dont toute classe dominante, avec ses sabreurs, se taille une BASE D'ACCUMULATION GÉOGRAPHIQUE en soumettant et niant les Peuples (force de travail) qui s'y trouvent... Ce que l'État-Empire français, contrairement aux États-Unis (État impérialiste beaucoup plus puissant... où la parole est elle aussi beaucoup plus libre !), ne peut pas se permettre que l'on questionne.

    Le problème avec la Palestine... Le problème avec la Palestine en "France" ce n'est donc ni l'existence d'un "lobby sioniste" qui contrôlerait tout et bâillonnerait la "liberté d'expression", ni (comme le prétendent les anti-antisionistes) "le fait que l'oppresseur soit juif" ce qui "expliquerait la monomanie (sous-entendue "antisémite") de certains", ni même le fait que la mémoire de la Shoah serait un "blocage" pour aborder le problème (la bourgeoisie bleu-blanc-rouge était encore plus ouvertement pro-sioniste dans les années 1950-60, alors que la Shoah n'était pas encore vraiment "individualisée" des autres crimes nazis). Le problème, il est là ; dans ce que nous venons de dire.

    Pour citer un exemple (parmi des milliers), lorsque de soi-disants "antifascistes anarchistes autonomes" comme il y en a des milliers (et malheureusement occitans... comme quoi personne n'est parfait) nous expliquent que "se définir comme étant “antisioniste” c’est donc se définir contre le droit des juifs à habiter ensemble un lieu, en l’occurrence il s’agit d’être contre l’existence d’Israël et de ses habitants", ne nous y trompons pas : c'est, comme jadis les "philosophes" des "Lumières", une "métaphore persane" (en l'occurrence "palestinienne") appuyée sur le sous-entendu infâmant de haine des Juifs qui transparaît de l'affirmation. Mais ils pourraient tout aussi bien dire (et ils le pensent sans doute très fort) que l'affirmation de Peuple occitane ou bretonne ou basque c'est "se définir contre le droit des non-occitans/non-bretons/non-basques à habiter l'Occitanie, la Bretagne ou le Pays Basque" ; ou pourquoi pas (carrément) que l'anticolonialisme c'est/c'était "se définir contre le droit des Blancs à habiter l'Afrique" ; comme s'il s'agissait de cela, comme si le problème était là : le "droit d'habiter" ou non un endroit, et non L'EXPLOITATION et toutes les oppressions qui vont avec par la main d'un système colonial et/ou centraliste !

    Le problème et la "preuve par la Palestine" donc, en somme, c'est qu'il n'y a pas de "complot juif" ni de "gouvernement sioniste mondial" : ce qu'il y a c'est un État colonialiste, Israël, où les colons sont des Juifs, victimes d'un des plus terribles génocides de l'histoire ; et ce fait fournit une excuse morale pour "lâcher" son suprématisme impérialiste occidental blanc. En soutenant Israël, on dit ce que l'on pense d'un "monde qui va bien" : un monde où les "civilisés" ne se laissent pas marcher sur les pieds par les "sauvages" ; mais que l'on n'oserait pas dire aussi ouvertement s'agissant de "civilisés" blancs chrétiens... Raison pour laquelle Israël est finalement plus utile à "gauche" (même "extrême" ou "ultra") que pour la droite radicale décomplexée, qui s'embarrasse moins de ces pudeurs !

    Face à de tels propos, nous pouvons (et c'est tentant) gueuler tous les "connards de pro-sionistes de merde !!!!!" que nous voulons. Il n'en reste pas moins que ces propos ne sont pas le fait de gens "payés par les flics" et encore moins "par le Mossad" ; ils ne sont pas non plus le fait de "l'anarchisme" puisque beaucoup d'anarchistes sont tout à fait conséquents sur ces questions et beaucoup de marxistes (on ne présente plus certains...) ne le sont pas. Ils sont le REFLET (en l'occurrence sous couvert d'"anarchisme" et de "à bas tous les nationalismes") d'une PENSÉE SYSTÉMIQUE. Le problème est dans cette pensée systémique et non dans tel ou tel groupuscule "anarchiste", "trotskyste" ou "maoïste" qui s'en fait l'expression. Cette pensée systémique a pour fonction de défendre l'ordre existant : l'entité "France" comme construction historique du Capital, qu'il peut être question de "dépasser" (dans une "Commune planétaire" ou autre "République universelle des travailleurs"...) mais en aucun cas de déconstruire ; et la suprématie impérialiste occidentale "blanche" sur la planète... autrement dit le grand râtelier auquel bouffent (ou espèrent bouffer) toutes les personnes ayant un certain degré d'inclusion, lesquelles forment malheureusement la majeure partie de l'"extrême-gauche" de régime (nous y reviendrons dans de prochaines publications). C'est cette pensée systémique qui va se combiner avec le sentiment d'une partie des personnes juives (sentiment savamment entretenu par la République bleu-blanc-rouge et par l’État israélien, qui cherche à susciter un exode en sa faveur pour gagner de la force de travail) d'être "au bord d'un nouvel holocauste" pour mobiliser ces personnes comme les plus efficaces des nervis physiques et intellectuels. C'est aussi cette pensée systémique qui, "grâce" aux milliers de personnes qui analysent le problème de travers et au fond historique anti-juif de l'entité "France", produit cet "antisionisme" aux relents antisémites qui va jouer (nous l'avons dit) un rôle d'agent provocateur sur la question.

    C'est cette pensée systémique qui fait que chaque fois que la Palestine revient sur le devant de l'actualité les épithètes infâmants volent... et LES CENSURES S'ABATTENT.

    C'est cette pensée systémique qui hier soir, sans aucun doute suite à un "courageux" signalement, a conduit la page Facebook de Servir le Peuple à disparaître de facto sous le prétexte fallacieux que "vous n'êtes pas une personne mais un groupe ou une communauté, veuillez vous transformer en communauté ou nous vous supprimerons" (cette transformation conduisant à la perte de toutes les publications antérieures, la disparition de tous les commentaires etc. bref l'effacement de tout le travail politique mené depuis des années sur le réseau social).

    Peu importe : un nouveau compte a été ouvert (la page SLP, comme nous venons de le dire, permettant toujours de partager les articles et d'échanger avec ceux qui les commentent mais pas d'intervenir dans des débats externes bref de mener un vrai travail politique comme une page "personnelle"). Pour des raisons de sécurité, nous ne pouvons cependant (hélas) pas la mettre en lien ici, une première tentative s'étant déjà traduite par un nouveau "courageux" signalement et une nouvelle liquidation.


    LA LUCHA SIGUE !


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  • Entre 25 et 30 000 personnes selon les organisateurs... Comme vous pouvez le constater, et pour autant que l'on puisse le déplorer (pour les autres mobilisations), c'est encore une fois l'une des seules mobilisations politiques aussi multicolores, drainant les colonies intérieures de l'État BBR et non pas seulement des quinquagénaires fonctionnaires bedonnants (bon, là on exagère un peu c'est vrai et on a rien contre les personnes bedonnantes, on vous assure ! ).

    C'est peut-être (sans doute, même !) ce qui est tant insupportable à certains, dès lors à l'affût (même lorsqu'ils se foutent d'Israël et des Juifs comme de l'an 40) du moindre débordement "antisémite"...

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    Et puis (en trois vidéos) la vérité sur l'agression des petits fachos de la LDJ et du Betar contre la manif, devenue dans la plupart des médias une petite "Nuit de Cristal" avec synagogues "attaquées" blabliblablou (tout y est, collusion flagrante avec les flics, cris ouvertement racistes de "sales arabes" et "sales nègres" etc. etc.) :

    http://www.citizenside.com/fr/videos/politique/2014-07-13/97421/video-paris-violents-affrontements-entre-pro.html

    et 

     

    Voici la mise au point/témoignage d'un membre du service d'ordre :

    ldj-provoc21.jpgHier en fin de manifestation, nous nous sommes postés sur la place de la Bastille côté rue de la Roquette en prévision d'une attaque de la Ligue de Défense Juive suite aux mises en garde de la police. Après l'agression ayant ciblé un rassemblement de soutien à la Palestine mercredi dernier à Saint-Michel, la milice sioniste avait promis, via ses réseaux sociaux de "s'en prendre à toutes les manifestations pro-palestiniennes". Nous étions une vingtaine, tous identifiés et membres du service d'ordre. Suite à la fermeture du métro Bastille, plusieurs manifestants ont décidé de s'orienter vers le métro Voltaire. Nous leur avons conseillé de prendre plutôt la direction de Ledru Rollin mais certains ne nous ont pas écoutés. À peine arrives au milieu de la rue de la Roquette, ces personnes (essentiellement des familles), identifiées par leurs keffiehs et drapeaux, se sont faites accueillir par des insultes et des projectiles provenant du rassemblement sioniste derrière deux lignes de CRS. Deux personnes sont revenues nous prévenir. Nous avons donc décidé d'aller ramener ceux qui stagnaient encore à proximité de la synagogue de la Roquette afin d'éviter tout débordement. Nous y sommes allés discrètement pour éviter que les centaines de jeunes, déjà échaudés par les précédentes provocations ne nous suivent. Ce qui serait devenu incontrôlable.

    ldj-palestine.jpgArrivés a une cinquantaine de mètres du rassemblement, une femme, la quarantaine, nous traite de "sales pro palos", hurle "Israël vaincra" s'empare d'une chaise d'une terrasse de café et la jette sur notre ami T. Elle s'enfuit ensuite en courant vers le rassemblement de la LDJ et passe sans difficultés les deux lignes de CRS. Nous ne répondons pas à la provocation et continuons à avancer. Nous nous retrouvons alors sous une pluie de projectiles (tessons de bouteille, bouts de bois, casques etc.). Surexcitée, la cinquantaine de militants de la LDJ "mime" de forcer le barrage de police en agitant des drapeaux israéliens. Une première altercation a lieu. La police les laisse faire. En revanche, les CRS nous matraquent et nous gazent. Un autre groupe de CRS arrive en provenance de la place. Encerclés par la police nous n'avons d'autres alternatives que de prendre les rues adjacentes qui débouchent à nouveau vers le lieu des échauffourées. Les CRS continuent de tirer des gaz. J'ai reçu des projectiles m'ayant brûlé plusieurs parties du dos et les ai fait reconnaître ce matin par un médecin.

    La suite est du même acabit. Alertés par les violences, plusieurs groupes de manifestants ont ensuite rejoint la rue de la Roquette. À trois ou quatre reprises, les manifestants et la LDJ se sont fait face, avec les CRS au milieu. Aux projectiles ont répondu d'autres projectiles jusqu'au moment où, courageux mais pas téméraires, les nervis sionistes se sont réfugiés a l'intérieur de la synagogue, propalos-197x350.jpgsoit après 19h00. N'étant visiblement pas en mesure d'assumer les conséquences de leurs innombrables provocations, ils ont donc volontairement cherché à ce que la synagogue soit prise pour cible. Fort heureusement, le calme est revenu dès lors que les sionistes ont cessé d être visibles. Plusieurs vidéos ont été faites. Nous les partagerons bientôt.

    En conclusion:

    - la LDJ présente a l'extérieur de la synagogue a déclenché les hostilités (les rapports de police doivent en
    témoigner) ;

    - La police a, une fois de plus, permis l'impunité de la LDJ en leur offrant un cordon de sécurité hermétique malgré les tirs de projectiles incessants qui venaient de leur groupe ;

    - la colère s'est exprimée, parfois violemment, contre la LDJ et elle seule ;

    - La LDJ a délibérément cherché à ce que la synagogue soit prise pour cible. Mais personne n'est tombé dans ce piège. Aucun projectile n'a ciblé la synagogue ;

    - les hostilités ont pris fin dès lors que, apeurés, les sionistes ont quitté la rue.

    Lire aussi LDJ : la stratégie du pire (Quartiers Libres).

    Histoire que les choses soient claires : si demain des Loups Gris ou des militants turcs de l'AKP attaquaient un rassemblement pour le Kurdistan puis se réfugiaient devant une mosquée et, pris à partie, hurlaient à l'agression islamophobe, notre jugement serait EXACTEMENT LE MÊME.

    La position des communistes est claire, elle a toujours été la même et ne changera jamais : nous combattons une POLITIQUE COLONIALE RÉACTIONNAIRE frappant le Peuple palestinien, et bien entendu les personnes qui sous quelque couvert que ce soit s'en font les avocats autour de la planète ; PAS un "peuple maudit" que seraient les Juifs... Ceci est valable pour tous les commentaires anti-juifs haineux que l'on voit fleurir (suite aux événements de dimanche) sur des sites, blogs et autres pages Facebook aux administrateurs peu réactifs et qui sont assimilables, au même titre que la propagande haineuse d'un Dieudonné ou les assassinats d'un Merah ou d'un Nemmouche, à de la PROVOCATION fasciste, au service du fascisme. Même s'il faut dire aussi que ce sentiment anti-juif extrêmement répandu (hélas) dans les classes populaires de culture musulmane (entretenant en "retour" le sentiment sioniste anti-arabe chez les jeunes juifs de classe populaire) ne peut pas être interrogé (ce qui ne veut pas dire "excusé" !) en faisant abstraction des crimes sionistes en Palestine, de leurs défenseurs et/ou relativiseurs dans tous les grands pays impérialistes et (surtout) de la bienveillance dont ils jouissent (tout juste "critique" chez une certaine droite et une certaine gauche) de la part de la même République impérialiste qui a colonisé le Maghreb et l'Afrique subsaharienne. Rien n'est à sens unique dans le matérialisme : la merde qui dégouline de la bouche de certaines personnes présentées comme musulmanes NOURRIT la connerie sioniste d'autres se définissant comme juives et INVERSEMENT, permettant aux tenants rancis du vieil antisémitisme (le "vrai", celui qui fait des Juifs les "virus" de cette "abomination" qui s'appelle l'émancipation humaine) de resservir encore et encore leur vieille soupe infecte que les crimes hitlériens devraient normalement avoir condamnée à jamais et aux bourgeois sionistes de démontrer la "haine éternelle contre le Peuple élu" justifiant leur projet colonial ; et derrière tout cela (et à son grand bénéfice) il y a l'impérialisme dont l'expression en Palestine est le sionisme, en Afrique le néocolonialisme, ici en Hexagone l'"indigénisation intérieure" etc. etc. !

    Une chose qui est d'ailleurs frappante... c'est de lire des textes émanant directement de Palestine occupée et de voir la DIGNITÉ EXTRAORDINAIRE de ces gens (y compris lorsqu'ils se revendiquent de l'islam) dans leur souffrance quotidienne, comparée au niveau de certains propos ici - et bien sûr lire ce qu'écrivent des dizaines d'intellectuels, de militants politiques ou même de gens ordinaires en Israël, y compris plutôt sionistes, jamais à l'abri d'une roquette ou d'un attentat-suicide même si cela n'est pas comparables aux bombardements de Tsahal, pour le comparer aux déchaînements racistes et génocidaires qui peuvent s'exprimer ici, bien à l'abri à 2.000 km des affrontements.

    D'ailleurs, cela a été suffisamment dit un peu partout, même l’État d'Israël (pour qui la "respectabilité" est aussi une arme de guerre) interdit les chtarbés de la LDJ que nous voyons en vidéo ci-dessus, tout comme les États-Unis d'ailleurs. Il n'y a en fait QU'EN FRANCE qu'une telle chose peut exister... car le "sionisme" s'y définit moins comme l'idéologie d’État d'Israël que comme un sous-produit "pour juifs" de l'idéologie coloniale bleu-blanc-rouge. La LDJ et ses compères du Betar s'y inscrivent bien plus dans la continuité des (quelques) Juifs de l'OAS que dans celle de l'Irgoun !

    Nous vous invitons par ailleurs à "liker" EN MASSE cette page Facebook d'une organisation israélienne opposée à la colonisation, à l'apartheid et à la terreur sioniste :
    https://www.facebook.com/unityahdut

    Plus que jamais, qu'il s'agisse des petits Dieudo ou de leurs alters égos LDJistes (ouverts ou masqués), non seulement l'amalgame Juif=sioniste mais même l'amalgame Israélien=sioniste doit être démasqué comme une imposture intellectuelle !!! Quand aux fascistes locaux (les petits copains des énergumènes de dimanche à Paris) qui vont provoquer et menacer les anti-guerre... ils arborent les mêmes t-shirts que les nazillons en Europe !

    Quand à la vermine pro-sioniste du 'p''c''mlm' (dirigée par un ancien membre du Betar, voilà c'est dit et c'est clarifié), après un article plutôt correct (auquel nous aurions pu souscrire à 80%) sur les événements en Palestine... elle retombe dans son purin idéologique en reprenant ouvertement la propagande des fascistes LDJ-Betar et de leurs soutiens de la bourgeoisie sioniste (UEJF, CRIF etc.) et de la République impérialiste (gouvernement PS, opposition UMP, à peu près tous les médias mainstream etc.) : http://lesmaterialistes.com/suicide-politique-extreme... ["tentative par plus d'une centaine de personnes - des hommes pour leur quasi totalité, bien entendu, patriarcat oblige - de rentrer en force dans deux synagogues", "gens munis de gourdins cherchant à rentrer par la force", "tentative de pogrom" etc. etc. avec à l'appui... une vidéo qui prouve le contraire (intitulée "Des pro-israéliens cassent tout devant la synagogue de la Roquette") et deux autres ne montrant pas grand-chose de différent (vu qu'il n'est guère possible de filmer autre chose que la réalité...) ; sans oublier l'incontournable photo-qui-va-bien d'un "quenellier masqué" censé représenter à lui seul 20 ou 30.000 personnes (procédé déjà utilisé contre les ouvriers et les paysans bretons l'automne dernier : 1-2-3, décidément c'est fou comme ces "quenelliers" se retrouvent toujours sur la photo-qui-va-bien pour démontrer que ce qui fait vraiment trembler la République capitaliste-impérialiste est "fasciste" !) etc. etc.].

    bonbonne-de-gaz-LDJ.png

    Vous pourrez également lire la même merde en barre sur de nombreux groupes Facebook comme celui intitulé "Révolution permanente" où effectivement (à défaut de révolution) la connardise absolue ne s'arrête jamais, jusqu'à la publication d'organisations ouvertement sionistes (UEJB, l'UEJF belge) ou aux plaisanteries hilarantes comme "le chef du Hamas avait un cerveau, il a été touché" (image à l'appui) au moment même où circulait la photo atroce d'un enfant palestinien au crâne arraché, et on en passe et des meilleures. Que cette "extrême-gauche" coloniale crame comme les ordures qu'ils sont !

    Récapitulons brièvement quitte à être (un peu) simplistes :

    - Les "quenelliers" et autres crieurs de "mort aux juifs" sont des agents provocateurs de l'ordre capitaliste-impérialiste BBR (toujours sur la photo ou la vidéo qui-va-bien) afin de discréditer les mobilisations populaires qui le mettent VRAIMENT en danger (c'est-à-dire pas les manifs de fonctionnaires). On les trouve d'ailleurs sur bien d'autres mobilisations et thèmes que la Palestine. Qu'ils n'aient pas conscience de cela et se croient sincèrement des rebelles (ou des envoyés divins ou on-ne-sait-trop quoi d'autre) n'a aucune importance. Au contraire, cela renforce leur efficacité. Ils surfent sur le dégoût d'une grande partie des masses populaires vis-à-vis de la complaisance de la République impérialiste envers Israël, ses crimes, ses défenseurs hexagonaux etc.

    - Les actes anti-juifs, y compris meurtriers (Fofana, Merah, Nemmouche) sont le fait de personnes dont la merde qui sert de "conception du monde" a été forgée par lesdits provocateurs (même si telle n'était pas leur intention). Le résultat en est le même que ci-dessus. "Diviser le Peuple pour régner", rien que de très classique, nous ne vous apprenons rien et l'ordre capitaliste-impérialiste n'a pas grand-chose à apprendre non plus. Sauf que là, il y a des morts (parfois des enfants)...

    - La LDJ, le Betar et compagnie (sur les mobilisations pour la Palestine) sont les nervis de l'ordre capitaliste-impérialiste. Ils sont particulièrement efficaces du fait de croire sincèrement (là encore) mener un combat de vie ou de mort, contre l'"extermination" de "leur" communauté (conviction renforcée par les provocations et les crimes anti-juifs ci-dessus). Des fascistes "gaulois" ne mettraient pas autant d'entrain à casser de l'Arabe et du "nègre" parce que la politique israélienne est mise en cause.

    - Les "anti-anti-impérialistes", anti-"communautaristes", anti-"nazislamistes" (comme les anti-"régionalistes identitaires" sur d'autres sujets), autrement dit l'"extrême-gauche" de régime sont les nervis intellectuels de l'ordre capitaliste-impérialiste (pas les seuls, mais ils le sont). Ils sont particulièrement champions pour diffuser et faire buzzer les "photos-qui-vont-bien" de "quenelliers" et autres provocateurs fascistes (à un point que ces derniers eux-mêmes n'auraient jamais imaginé), ainsi que pour reprendre comme argent comptant la version LDJ-Betar des faits lors des mobilisations pro-Palestine.

    - Dans tous les cas, la République bleu-blanc-rouge des monopoles tire les marrons du feu.

    CQFD (Ce Qu'il Faut Détruire)...

    Lire aussi : Les contradictions au sein du peuple et les contradictions antagoniques dans la question palestinienne (PCmF)

     


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  • tologaza1tologaza2.jpgtologaza3tologaza5              tologaza6

    La déclaration :

    http:// couppourcoup31.over-blog.com/2014/07/gaza-toulouse-est-avec-toi.html

    Ce soir, jeudi 10 juillet, près de 2000 personnes ont manifesté dans les rues de Toulouse à l'appel du collectif Coup pour Coup 31 en solidarité avec le Peuple palestinien.

    Aux cris de " Palestine vivra, Palestine vaincra !" , "Sionistes, racistes, c'est vous les terroristes", "Vive la lutte du Peuple palestinien ! " ou bien " Israël assassin, Hollande complice !" le cortège dynamique a démontré que le Peuple palestinien était soutenu à Toulouse.

    Continuons la mobilisation, pour suivre les prochaines initiatives : facebook.com/couppourcoup31

    Ci-dessous, la déclaration de notre collectif qui a été lue en début et en fin de cortège :

    Contre les crimes sionistes, soutenons le Peuple palestinien !

    Une vague de répression s’abat depuis plusieurs jours sur toute la Palestine. Des raids meurtriers frappent Gaza déjà soumis à un blocus inhumain. Ces trois derniers jours Israël a mené plusieurs centaines de raids faisant des dizaines de morts et des centaines de blessés. 40 000 réservistes ont été appelé en prévention à une attaque d’envergure. De nouvelles arrestations ont été menées ces dernières semaines par l’occupant sioniste qui persiste dans sa volonté de maintenir ce déni du droit qu’est la détention administrative. Celle-ci a conduit les prisonniers à se mettre en grève de la faim. La répression s’abat sur toute la Cisjordanie et Jérusalem avec de nombreuses victimes, morts et blessés, la dernière connue étant un jeune Palestinien de Jérusalem-Est, Mohammed Abu Khdeir, torturé et assassiné.

    Le prétexte de l’enlèvement tragique de trois colons israéliens ne saurait masquer la volonté israélienne de poursuivre la conquête coloniale de la Palestine et d’imposer au Peuple palestinien l’apartheid avec son ordre répressif et raciste.

    C’est à une répression de grande ampleur que se préparent les dirigeants israéliens forts de la complicité des dirigeants occidentaux.

    Nous n'oublions pas non plus le combattant pro-palestinien Georges Abdallah, enfermé depuis 30 ans en France. Notre camarade paie pour son combat sans relâche contre l'impérialisme et le sionisme !

    Le collectif anti-impérialiste Coup pour Coup 31 appelle à une large mobilisation de solidarité envers le Peuple palestinien. Nous exigeons l’arrêt immédiat des attaques israéliennes, la levée du blocus de Gaza et la libération de tous les prisonniers politiques palestiniens !

    Vive la lutte du Peuple palestinien !

    Palestine vivra ! Palestine vaincra !

    *****************************************************************************************************

    Ce à quoi nous ajouterions : pourritures de défenseurs des crimes sionistes et autres "anti-antisionistes" au nom de toutes les "centralités ouvrières" et de tous "les nationalistes et les fascistes religieux des deux bords se valent" que vous voudrez, préparez-vous à cavaler et à cavaler VITE car L'HEURE DES COMPTES APPROCHE et la complaisance qu'il pouvait y avoir envers vous il y a quelques années, la tétanie qui pouvait saisir les révolutionnaires conséquents entre vous et vos alters egos de la suprématie blanco-occidentale, les Soral et compagnie, C'EST TERMINÉ !

    D'ailleurs, pendant que nos "anti-antisionistes" s'échinent à dépeindre le massacre des Palestiniens (et la maigre résistance que ces derniers parviennent à opposer) comme une "guerre" entre "deux camps réactionnaires" renvoyés dos à dos, et à traquer le "mao-stal antisémite conspi pro-islamiste qui relaie X qui relaie Y qui un jour - en 2009 il nous semble - a relayé du Michel Collon" ("théorie", finalement, du... "complot complotiste" (!) suivant exactement les mêmes "raisonnements" et méthodes d'amalgame que les "conspis" et autres "chasseurs" de "sionistes partout" qu'ils prétendent dénoncer, comme le conclut fort bien ce petit collectif socialiste dans sa réponse à Yves Coleman - l'un des "gourous" de cette petite mouvance)... des milliers d'Israélien-ne-s anonymes, avec tous les risques d'ostracisme social et autres - y compris d'agression physique ! - que cela implique, sont descendu-e-s dans la rue pour dénoncer les crimes fascistes de "leur" gouvernement :

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    HONTE À TOUTES LES MERDES SIONARDES FRANCOUILLES et pire encore, aux SIONARDS DÉGUISÉS SOUS LE MASQUE DE "L'ANTIFASCISME" ET DE LA "LUTTE DES CLASSES" !

    VIGILANCE ABSOLUE également contre les appels à la mobilisation "pour la Palestine" émanant en réalité des secteurs anti-US/anti-israéliens de l'extrême-droite fasciste. À la suite des camarades de Quartiers Libres, nous relayons ainsi cette mise en garde de la Campagne BDS France : Solidarité avec la Palestine - Non à la récupération de l’extrême-droite

    Ne pas tomber dans le piège, ou alors y aller... en mode manche de pioche pour leur exploser la gueule ! Le Peuple palestinien souffre et meurt et les "solidarités" de ce genre, qui sont en réalité des insultes et un service objectif rendu au sionisme et à l'impérialisme (pour sa propagande) ne doivent recevoir que ce qu'elles méritent. Quoi, qu'entendons-nous, "les gauchistes veulent s'arroger le monopole du soutien à la Palestine" ? Oui m'sieur, c'est exactement ça. Les "gauchistes" sont légitimes de par leur histoire et leur conception du monde à soutenir la cause d'un Peuple colonisé, apartheidisé et écrasé sous les bombes d'un bras armé fasciste de l'impérialisme occidental. Pas les nostalgiques de l'Algérie "française" et les défenseurs de l'impérialisme bleu-blanc-rouge du moment qu'il n'est pas (trop ostensiblement) aligné sur Washington et Tel-Aviv ("du temps du général De Gaulllllllle... monsieur !!!") ; pas cette extrême-droite qui ne supporte pas que des Juifs (les sionistes) aient accédé au monde blanc mais ne remet en cause (bien évidemment) ni celui-ci ni sa "destinée manifeste" à dominer les "macaques" des cinq continents.

    C'est d'ailleurs fichtrement ballot car voilà que l'idole absolue de toute cette petite mouvance, le dirigeant "avec une paire de c****" par excellence qui "tient tête au Nouvel Ordre Mondial", nous avons bien sûr nommé Vladimir Poutine, vient d'affirmer ouvertement le "droit d'Israël à assurer la sécurité de ses citoyens" : http://www.israelnationalnews.com/News/News.aspx/182754#.U8AYjYaRLHk

     


    Communiqués des organisations maoïstes :

    (OCML-VP) Attaques et exactions contre le peuple palestinien ! L’Europe et la France complices !

    (PCmF) À bas l'agression contre le Peuple palestinien !

     


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  • Cet article pourra vous sembler un énième rabâchage de ce qui est notre position ; mais enfin c'est ainsi : quelqu'un quelque part il y a un certain temps a bien dit que la politique est "l'art de la répétition", et mieux vaut répéter les choses afin qu'elles "rentrent" plutôt que de laisser place à l'autre art de la politique selon certains, celui de l'interprétation fallacieuse venant pallier l'absence d'arguments et (plus largement) une conception petite-bourgeoise réactionnaire du monde.

    Clarifions donc une nouvelle fois notre logique de positionnement sur les évènements qui surgissent régulièrement (et de plus en plus avec l’aggravation de la crise mondiale) de par le monde.

    Servir le Peuple ne raisonne pas en termes de "camp" du "Bien" ou du "Mal", autrement dit d'un "bloc" de forces et de régimes politiques qu'il faudrait systématiquement défendre (même avec 100.000 cadavres à leur actif) contre un autre qu'il faudrait systématiquement condamner, et dont il faudrait systématiquement voir la main contre les premiers. Servir le Peuple raisonne en termes de MASSES et de "ON A RAISON DE SE RÉVOLTER" contre l'oppression et l'exploitation, pour plus de démocratie (pouvoir de décider de son destin), de dignité humaine et de meilleures conditions de vie ; tout en étant bien conscients que les révoltes sans direction politique correcte sont souvent détournées et récupérées au service d'intérêts qui ne sont pas les leurs (pas ceux du Peuple, pas ceux qui les ont originellement déclenchées).

    Sur cette base :

    Coalition- En Syrie, on avait raison de se révolter contre le régime oligarchique, antipopulaire, policier et corrompu du clan Assad, issu d'un coup d'Etat réactionnaire (1970) contre le gouvernement progressiste de Salah Jedid. Malheureusement, faute de direction politique conséquente, la légitime révolte a été détournée par tout un jeu de manœuvres impérialistes et expansionnistes régionales qui l'ont transformée en une guerre fratricide entre un "bloc chiite" piloté par l'Iran et un "bloc sunnite" impulsé par l'Arabie saoudite, la Qatar, la Turquie etc. Dans cette guerre réactionnaire, il n'y a désormais clairement plus de parti à prendre. Aucun camp n'est celui du Peuple, sauf peut-être les zones kurdes contrôlées par le PYD (PKK de Syrie) dans le Nord du pays.

    - En Libye, on avait raison de se révolter contre un régime Kadhafi répondant aux mêmes caractéristiques, quand bien même il aurait pu tenter de jouer un certain rôle progressiste (anti-impérialiste) à certains moments des années 1970 ou 1980. Là aussi, la légitime révolte a été détournée par un bloc impérialiste franco-anglo-US pour instaurer à Tripoli un régime totalement à sa solde. Ce régime, cependant, presque trois ans après la victoire de la "révolution", ne contrôle pas grand-chose et sur pratiquement chaque kilomètre carré du pays la population lui résiste, encadrée par ses structures traditionnelles (tribus, confréries religieuses etc.). On n'observe pas vraiment dans tout cela de force réellement progressiste ; néanmoins, on peut considérer plutôt positivement le fait que les impérialistes occidentaux se retrouvent face à une situation beaucoup plus compliquée que dans leurs sinistres plans.

    les-bombardements-ont-touche-gaza-ce-vendredi-matin 968608- En Palestine, on a raison de se révolter et de résister contre l'occupation sioniste, l'expropriation massive et continue de tout un Peuple depuis 1948, les brutalités et les vexations permanentes de l'apartheid qui frappe (tout du moins) les habitant-e-s des "territoires" (conquis et occupés en 1967) ou encore les crimes barbares des colons extrémistes comme l'assassinat de ce jeune Palestinien brûlé vif (!) dernièrement (l’État israélien a beau jeu de dénoncer et même punir les actes les plus barbares, alors que son existence et son idéologie mêmes en sont la source). Le fait que l'oppresseur et bon nombre de ses défenseurs autour du monde se réclament du judaïsme n'a aucune importance à nos yeux, ils pourraient se réclamer du bouddhisme que cela n'y changerait rien. Il existe des personnes pour lesquelles cela a une importance, parce qu'elles détestent les Juifs alors que par contre un oppresseur non-juif peut opprimer qui il veut tant qu'il veut, parce qu'elles ne peuvent supporter (dans leur conception du monde) que des Juifs aient un État, une armée relativement puissante, des médias de propagande et autres attributs d'une "vraie nation", parce qu'elles n'admettent pas, en définitive, que des "youtres" (les sionistes) aient intégré le monde blanc (les Palestiniens opprimés ne servent ici que de simples faire-valoir). C'est le cas d'Alain Soral et consorts (qui entretiennent, au demeurant, des relations étrangement proches avec certains ultras du sionisme, comme si tout cela n'était finalement qu'un match de foot que l'on regarde entre potes). Mais nous avons bien expliqué que ce n'est pas ce sentiment qui est déterminant dans la solidarité envers le Peuple palestinien qui s'exprime tout autour de 1559283 777289835646772 3171665654636233903 ola planète, mais un ensemble d'autres facteurs. Bien entendu les sionistes et leurs défenseurs internationaux de droite comme de "gauche" (voire d'"extrême-gauche"), ayant bien compris que cela pouvait déstabiliser certaines consciences politiques faibles, aiment mettre en avant ce caractère "juif" du sionisme et "antisémitiser" ceux qui les combattent ; mais ce terrorisme intellectuel est totalement dénué d'effets sur nous. De même, le fait que certains résistants palestiniens se réclament d'idéologies islamistes ou nationalistes, aient des conceptions proches de ce que nous appelons l'antisémitisme etc. etc. n'est pas un motif pour rejeter la légitimité de la lutte dans son principe. En réalité, nous sommes très mal placés pour donner des leçons à ce sujet alors que nous vivons dans un État qui a plus que contribué, parfois au-delà des exigences nazies, à la VRAIE Shoah (c'est-à-dire l'extermination des Juifs d'Europe par le nazisme hitlérien, pas les roquettes de la résistance palestinienne sur les villes sionistes) et alors que nous bénéficions tous plus ou moins directement des crimes commis par notre impérialisme depuis des siècles et tout autour du monde (impérialisme dont la majorité des fidayyinreprésentants, y compris FN, soutient le droit d'Israël à "exister et se défendre" - comprendre "coloniser et massacrer" - et qui a même été son principal soutien international sous la IVe République). À la rigueur, lorsque l'on reconnaît clairement la légitimité de la résistance palestinienne, on est alors éventuellement en droit de s'interroger sur certaines idéologies ou pratiques qui peuvent selon nous l'éloigner de la victoire ; tout en sachant bien que ces questions ne peuvent être résolues que par les Palestiniens eux-mêmes et que ces derniers ne sont pas dans les conditions optimales pour le faire. Si par contre, dans le fond, c'est la lutte palestinienne en elle-même qui est illégitime (au nom de tous les arguments fallacieux que l'on voudra, "nous on lutte pour la classe ouvrière pas pour les nations" blablabli blablabla), on a alors le droit de fermer sa gueule ou de se la faire fermer à coups de manche de pioche.

    - En Hexagone, on a raison de se révolter contre l'exploitation capitaliste et toutes les oppressions subies au quotidien. Le problème est que ces révoltes ne peuvent devenir révolution si elles restent dispersées ; elles ne peuvent triompher et peuvent même conduire à dresser une partie des masses contre une autre : les travailleurs du privés gênés (pour aller travailler et gagner leur vie) par une grève de ceux des transports publics par exemple, ou encore les travailleurs "de type européen" contre ceux "d'origine immigrée" (extra-européenne) qui "profitent, n'aiment pas ce pays et foutent la merde" etc. etc. "Il faut coordonner les luttes" dit et répète, sans y parvenir, l'"extrême-gauche" depuis des années. Tout simplement parce que "coordonner les luttes" signifie comprendre les oppressions subies comme un système dans sa totalité, où chacun-e a "sa place" qui explique lesdites oppressions. Il faut notamment bretagnecomprendre comment ce système du nom de "France" s'est construit à travers les siècles et (c'est indissociable) comment il fonctionne aujourd'hui. C'est seulement ainsi que l'on peut cesser de voir son État (la "République française une et indivisible") comme un "recours" contre les oppressions, ainsi que le voient malheureusement beaucoup de gens en lutte.

    Dans le cadre de cette réflexion, nous avons notamment compris que l'entité "France" est une "Prison des Peuples", et pas seulement outre-mer (lire ici et suivre les "lire la suite") : elle a été construite historiquement PAR ET POUR le capitalisme émergent (sous l'autorité politique de la monarchie absolue, principalement) en annexant des territoires et leur population (= force de travail) qui se sont vus chacun attribuer "sa place" dans le système total, et un caractère de Centre ou de Périphérie. Et que si l'on veut parler (et nous parlons volontiers !) de "Commune universelle" ou de "République mondiale des travailleurs", il n'est possible de le faire qu'en entendant - par là - fédérer démocratiquement des Peuples LIBRES... Il faut donc libérer ces Peuples des Prisons qui les enferment : il faut abattre les murs de ces États-Prisons ! Nous avons ainsi compris que ce que ses détracteurs appellent "régionalisme" est en réalité une conscience de peuple qui est l'expression, dans un cadre géographique donné avec une histoire donnée, de la conscience de classe populaire (ouvriers, paysans et apparentés). Comprendre que l'on n'est pas "français" mais occitan ou breton (ou "indigène intérieur" d'origine ceci ou cela) n'est peut-être pas le seul moyen de rompre avec le "sens commun" et d'accéder à la conscience révolutionnaire, mais ce qui est certain c'est que c'en est un. Et ce qui est tout aussi certain, c'est que ceux qui limite la bave aux lèvres se répandent contre le "régionalisme identitaire" au nom de toutes les "classes ouvrières" et les "prolétariats qui n'ont pas de patrie" que l'on voudra sont en réalité des chiens de garde du système bourgeois "France" : un système qui est leur RÂTELIER et qu'ils s'ingénient, à grands coups de démonstrations "marxistes" ou "libertaires", à faire perdurer en attendant l'hypothétique et utopique "République universelle" dont ils rejettent la première condition (briser les murs des Prisons des Peuples pour les Peuples libres puissent se fédérer) !

    3484740777- En Ukraine, à Maïdan, on avait par bien des aspects raison de se révolter contre le régime oligarchique et corrompu de Viktor Ianoukovitch. Personne n'a jamais dit le contraire, ni nous ni les camarades locaux de Borotba. Cependant, dès le début et très visiblement, le mouvement quelles qu'aient été ses aspirations légitimes a été détourné et pris en otage par des forces au service de l'impérialisme euro-US (libéraux de Vitali Klitchko etc.) et surtout des éléments ultra-nationalistes d'extrême-droite, nostalgiques de l'alliance du nationalisme ukrainien avec le IIIe Reich pendant la Seconde Guerre mondiale. Suite à la chute de Ianoukovitch le 22 février, ces forces sont désormais au pouvoir (les ultra-libéraux dirigent main dans la main avec le FMI, la Banque mondiale et l'Union européenne, le parti d'extrême-droite Svoboda a obtenu plusieurs postes importants et les milices fascistes du "Pravyi Sektor" ont été intégrées dans une soi-disante "Garde nationale"). "EuroMaïdan" c'est fini et bien fini, et les aspirations à la démocratie et à la justice sociale qui ont éventuellement pu s'y exprimer sont mortes et enterrées.

    - Face à cela, les masses populaires dites russophones du Sud et de l'Est du pays ont raison de se révolter contre l'esclavage (démantèlement FMIsto-BCEsque de leur appareil économique, sans doute le dernier encore un peu solide en Ukraine), la négation (interdiction de la langue russe) voire le nettoyage ethnique et la mort qui leurs sont promis par les nouveaux maîtres de Kiev. Ceci est indiscutable. Bien sûr, là encore, les énormes insuffisances idéologiques de cette mobilisation populaire favorisent son détournement, cette fois-ci au profit des intérêts impérialistes russes. Il ne fait 628x471mystère pour personne que la Russie de Poutine ne veut pas que sa base navale de Sébastopol devienne comme la base US de Guantánamo, encerclée en territoire politiquement hostile. Il ne fait mystère pour personne que les dirigeants politiques de Crimée et de l’État séparatiste du Donbass (rebaptisé "Nouvelle Russie") sont des agents du Kremlin, parfois au sens propre comme le colonel du GRU (renseignement militaire russe) Igor Strelkov, devenu "Ministre de la Défense" du nouvel État. Mais la différence (et les raisons du relatif succès, contrairement aux déstabilisations US à Cuba) c'est qu'il y a aussi une authentique mobilisation populaire aux raisons plus que légitimes. Personne dans les classes populaires laborieuses n'a "spontanément" envie de devenir un esclave dans un système économique thatchérien (ou du type imposé par la Troïka en Grèce), avec de surcroît un pistolet néo-nazi sur la tempe, quand bien même cela donnerait l'opportunité de "gagner plus" à ceux qui "travailleraient plus". Et personne n'a envie de devenir un étranger, un "sous-homme", un colonisé dans le pays qu'il habite depuis des générations. Devant cette perspective, il est LOGIQUE (à défaut d'être correct) que puisque l'on est russophone et culturellement russe*, rejoindre la Fédération de Russie apparaisse comme une sortie de secours voire, pour certain-e-s, comme une "petite renaissance" de l'URSS dont la nostalgie est un facteur incontournable si l'on veut comprendre les événements politiques de là-bas ; quitte, si l'on n'aime pas Poutine, à voter contre lui en tant que citoyen-ne russe aux prochaines élections.

    Du premier aspect, il n'y a évidemment rien à tirer et tout à dénoncer. Mais le second contient des potentialités éminemment positives, sauf à considérer que des gens luttant et mourant avec le drapeau rouge de l'URSS à la main contre d'autres arborant le Wolfsangel nazi constituent un événement politiquement anodin et insignifiant.

    Déjà, comme l'explique dans un récent article en anglais le camarade Shapinov de l'organisation communiste Borotba, "en dépit du fait que la direction de la République populaire [du Donbass] n'appartienne pas au camp politique de la gauche - ce sont plutôt des conservateurs attachés aux 'valeurs traditionnelles', la logique même de la lutte [les] pousse vers des politiques anti-oligarchiques, si ce n'est pas carrément anticapitalistes ; exactement comme la même logique pousse les clans oligarchiques de Donetsk dans les bras de la junte de Kiev".

    10378092_683717041705200_4485409615347167135_n.jpgEt puis dans tous les cas, c'est une question de cohérence politique : si l'on admet la légitimité du Peuple palestinien à résister contre la négation sioniste de son existence même, y compris sous des drapeaux et avec des idéologies (nationalistes, islamistes etc.) qui ne nous plaisent pas forcément, alors on doit admettre le droit à la résistance des masses populaires russophones d'Ukraine y compris sous des drapeaux russes avec ou sans aigles, des drapeaux cosaques etc. et avec une idéologie que les petits donneurs de leçons professionnels auront vite fait de qualifier de "rouge-brune" [de fait, ce mélange de nationalisme russe/slave anti-occidental virulent et de nostalgie pour l'URSS de Brejnev est actuellement la conception du monde hégémonique dans les masses populaires russes de Russie et des États voisins, un peu comme les "valeurs républicaines" et une certaine économie de marché encadrée par la loi et "sociale" sont finalement le dénominateur commun des masses d'Hexagone : il est bien évident que les masses russes doivent déconstruire ce carcan idéologique 10385395_655075697911559_3160398102734922813_n.jpgpour aller au communisme... mais l'agression barbare que subit le Donbass n'est pas tout à fait le meilleur contexte pour cela !]. Ou alors, il faut rejeter l'un et l'autre : on est alors un petit connard, certes, mais au moins un petit connard cohérent (de plus en plus de personnages de ce type, et c'est tout à leur "honneur", s'acheminent vers une telle cohérence politique).

    La comparaison avec les nationalistes serbes dans la Yougoslavie des années 1990 est ici inopérante : pour ces derniers, il s'agissait de maintenir la position prééminente qu'ils avaient dans l'ancienne fédération (quitte à se partager la Bosnie avec leurs homologues croates, aspect principal du conflit jusqu'au printemps 1994) en "nettoyant ethniquement" le territoire revendiqué comme la "Grande Serbie". Ceci, sans "blanchir" pour autant les manœuvres de dépeçage des impérialistes US, allemands etc. dans les Balkans, était politiquement indéfendable pour un communiste conséquent. Leurs chefs de guerre étaient généralement des mafieux issus de la décomposition du capitalisme d’État "autogestionnaire" titiste, et leurs références politiques étaient plutôt à chercher du côté des Tchetniks anticommunistes de Draža Mihailović que de l'Armée populaire des Partisans de 1941-45 (c'était plutôt dans les forces bosniaques que l'on trouvait cette volonté de conserver, en Bosnie, une sorte de "réduit" de la Yougoslavie "socialiste" multiethnique de Tito).  

    En Ukraine, ce sont les populations moskali (terme injurieux pour les russophones "pro-russes") qui sont justement menacées de "nettoyage ethnique" par le nationalisme bandériste ultra qui a pris le pouvoir à Kiev. Nous avons pu craindre, au début des événements, pour les Tatars (surtout présents en Crimée dont ils sont la population indigène, antérieure à la colonisation russe du 18e siècle) ; mais il semble finalement que les forces "pro-russes" les laissent relativement tranquilles, voire qu'elles leur aient fait miroiter l'image d'une Russie "multiethnique" où (sauf à être un séparatiste en mode djihadiste) "il n'y a pas de problèmes" pour les minorités, face à un nationalisme ukrainien dont la xénophobie n'est plus à démontrer (les Russes eux-mêmes sont considérés par lui comme des 1401897330 go-20"Tatars"). Les références anticommunistes sont présentes (surtout chez les revendiqués "cosaques") ainsi que la revendication de l'identité religieuse orthodoxe, mais on voit aussi beaucoup de références au passé soviétique et à la Révolution d'Octobre (tandis que les drapeaux communistes et les monuments à Lénine ou à l'Armée rouge sont la cible privilégiée de l'autre camp). Certains dirigeants (comme Strelkov) ont certes participé dans les années 1990 à l'appui impérialiste russe aux nationalistes serbes, mais les oligarques et les mafieux (c'est souvent la même chose) de l'Est ukrainien ont pour 99% d'entre eux cherché et trouvé un compromis avec le nouveau régime (rappelons que c'est le parti de l'oligarchie, le Parti des Régions de Ianoukovitch, qui a voté à l'unanimité la destitution de celui-ci en février) et la volonté de mettre l'appareil productif du Donbass en coupe réglée est plutôt du côté de ce dernier...  

    Bref, les différences sont énormes et l'esprit qui règne chez les "pro-russes" (on devrait plutôt dire les anti-Kiev) du Donbass ou d'Odessa n'est absolument pas comparable à celui des nationalistes serbes de Bosnie, même si l'on peut voir dans les manœuvres du Kremlin un équivalent de celles de Milošević (lui-même appuyé par la Russie à l'époque) ainsi que d'autres similitudes et même des personnages récurrents (Strelkov).

    10376723 762445917129659 2287306119129610635 nVoilà pourquoi nous avons sur les événements en Ukraine une position que d'aucuns (pour qui la réflexion politique se résume à jeter l'anathème) qualifieront de "pro-russe" alors que sur la Syrie, la Libye et (il y a très longtemps, alors que SLP n'existait pas encore) la Yougoslavie nous avons plutôt eu une position opposée à celle de la Russie et de ses supporters campistes internationaux : c'est tout simplement que nous ne sommes rien de tout cela et que nous ne raisonnons absolument pas en ces termes. La ligne de démarcation pour nous ne passe pas entre "impérialisme russe" et "Occident" mais entre communistes conséquents toujours aux côtés des opprimé-e-s et campistes ; elle nous sépare tout autant de ceux pour qui il faut systématiquement être du côté de Poutine (qui est une pourriture réactionnaire, nous n'avons jamais dit le contraire) que de ceux pour qui il faut systématiquement rejeter ce qu'il soutient (de près ou de loin). Elle nous sépare aussi bien de l'"extrême-gauche" BBR francouille colonialo-paternaliste version "ose défendre un Peuple victime de l'impérialisme occidental, surtout les Palestiniens victimes du sionisme, et tu vas voir sale rouge-brun antisémite conspi adorateur de nationalistes !" que de celle version "ose dire du mal d'un régime dont Fidel et Chávez disent du bien et tu vas voir sale BHL !" (les deux se rejoignant d'ailleurs souvent sur un point intéressant : "ose remettre en cause la construction historique bourgeoise 'France', affirmer les Peuples qu'elle emprisonne et nie et tu vas voir sale identitaire régionalo-pétainiste"). À vrai dire, elle nous sépare de l'"extrême-gauche" tout court car nous n'en faisons pas partie, puisque le terme d'"extrême-gauche" sous-entend une position au sein de quelque chose et non EN DEHORS : l'"extrême-gauche" du système capitaliste-impérialiste hexagonal et mondial. L'extrême-gauche est morte... Vive la révolution !

    Une mise au point nécessaire sur nos positions internationalistes et aux côtés des Peuples Nous raisonnons ainsi parce que pour nous la notion d'avant-garde communiste (qui fait tant hurler les anarchistes bornés et met généralement fin à tout débat censé avec eux) signifie être au service du peuple, DANS LE CAMP DU PEUPLE en toute circonstance, être les porte-voix et l'expression militante radicale des classes populaires (dans notre propre pays et dans le monde entier car nous sommes internationalistes), et non être des petits profs qui méprisent, jugent en permanence le peuple et lui dictent ce qu'il doit faire et être.

    Bien entendu pour qu'une mobilisation de masse soit politiquement "impeccable" (et encore... rien ne l'est jamais !), ne soit pas détournée par des forces ennemies du peuple et remporte la victoire (faire triompher les intérêts des exploité-e-s), il ne peut s'agir que d'une Guerre populaire révolutionnaire menée par un Parti communiste du prolétariat (nous n'avons donc, déjà, aucune leçon à recevoir de gens qui rejettent ces notions), comme en Inde. Mais nous savons qu'un tel phénomène social est aussi rare en politique qu'une mutation génétique engendrant une nouvelle espèce en biologie, et a à peu près autant de chances de succès (conduire la population concernée au communisme) que la nouvelle espèce biologique d'être viable ; car il s'agit de donner naissance à un nouveau type de société qui, au-delà d'un niveau élémentaire (atteint pendant quelques années et avec beaucoup d'imperfections par l'URSS, la Chine, Cuba et quelques autres pays), n'a pas de précédent dans l'Histoire.

    En dehors de ces quelques cas (pour le moment) rarissimes, les masses résistent à l'oppression qu'elles subissent avec ce qu'elles ont "idéologiquement en main". Il est absolument inutile et vain de chercher la "pureté" idéologique communiste dans une mobilisation de masse, surtout lorsque l'on n'est pas un communiste local pour pouvoir y faire quelque chose.

    ob fa3097 affiche-khdeirNotre raisonnement doit alors être : LE CAMP DU PEUPLE EST NOTRE CAMP ; déterminer qui est l'oppresseur et qui est l'opprimé, qui opprime et qui résiste à l'oppression, et nous placer résolument du côté de l'opprimé qui résiste. Car comme nous l'avons déjà maintes fois expliqué, ce qui est décisif pour qu'une mobilisation de masse contre l'oppression devienne communiste et révolutionnaire c'est 1°/ son caractère de classe certes (cela ne peut pas être une mobilisation de bourgeois ou d'autres dominants pour le droit d'exploiter et d'opprimer) et 2°/ l'attitude des communistes à son égard ; pas les conceptions idéologiques présentes qui en jaillissent de ci de là dans tous les sens.

    Les "communistes" qui passent leur temps à reprocher aux classes populaires de ne pas être "purement" communistes ne verront jamais un Peuple communiste de leur vie, ni la révolution pour laquelle un tel Peuple est indispensable...

    À la fin d'un de nos nombreux articles sur l'Ukraine, il y a deux mois, nous écrivions déjà ceci :

    - Nous sommes revenus au début du 20e siècle ce qui signifie qu'en dehors de quelques cas de Guerres populaires (Asie du Sud, Philippines, ce qu'il en reste au Pérou ou en Turquie) et de luttes de libération relativement oubliées (Delta du Niger), tout évènement conflictuel dans le monde a principalement un aspect inter-impérialiste : si le conflit n'est pas piloté dès le départ par l'affrontement entre puissances et/ou 'blocs' impérialistes (comme c'est le cas en Ukraine), il le devient au bout de quelques semaines ou mois (Libye, Syrie) dès lors qu'une solution de "tout changer pour que rien ne change" (Tunisie, Égypte) n'a pas été trouvée par l'oligarchie locale et la "communauté internationale" impérialiste.

    - Les évènements potentiellement intéressants pour nous communistes sont forcément secondaires ; forcément à rechercher AU-DESSOUS de cet aspect principal ; et généralement de nature ambivalente et contradictoire. Si nous nous arrêtons à l'aspect inter-impérialiste et inter-réactionnaire principal, nous ne pouvons pas les voir ; exactement comme quelqu'un qui se serait arrêté à l'affrontement entre l'Allemagne du Kaiser (avec ses alliés austro-hongrois et turcs) et les impérialistes franco-britanniques avec leur allié russe, pendant la Première Guerre mondiale, n'aurait pas pu voir la naissance de la Guerre de Libération irlandaise ou de la Guerre de Libération arabe (au Machrek) qui se poursuivent encore au jour où nous écrivons, ni même de la Révolution bolchévique ("coup" des Allemands selon la propagande de la bourgeoisie russe et des Alliés). Nous sommes comme face à un lac gelé dont il faut briser la glace pour aller voir sous la surface.

    - Nous devons savoir évaluer les résultats concrets d'une action concrète en dépit des intentions et motivations idéologiques premières de leurs initiateurs, étant donné le flou artistique idéologique dans lequel le grand reflux du mouvement communiste international (1975-2000) a plongé les choses. Ceci est typiquement le cas dans l'Est et le Sud de l'Ukraine mais peut aussi s'appliquer aux "Bonnets rouges" bretons de l'automne dernier ou aux Forconi du Mezzogiorno italien, ou encore à la victoire psychologique du Hezbollah libanais sur l'entité sioniste en août 2006 (immense victoire pour tout le Peuple arabe du Machrek).

    - Nous ne devons pas pour autant oublier les intentions et revendications légitimes premières sous prétexte que le résultat concret d'un mouvement est négatif : ceci s'applique à la Syrie mais peut aussi s'appliquer au mouvement EuroMaïdan de l'hiver dernier en Ukraine, ou ici en Hexagone aux mouvements populaires (colonisés intérieurs) de rejet de l'idéologie républicarde dominante et de ses "religions" ("laïcité", "Lumières", Droits de l'Homme BLANC, soutien indéfectible au sionisme en manipulant honteusement la mémoire de la Shoah) quand bien même ils déboucheraient sur des positions politiques réactionnaires comme le dieudonnisme ou le salafisme antisémite assassin d'un Mohamed Merah.

    - Nous ne devons pas ignorer les résultats positifs mineurs d'évènements concrets sous prétexte que les résultats négatifs prédominent : cette prédominance est certes une réalité à court terme, mais les aspects positifs aujourd'hui mineurs peuvent être les "graines" de développements ultérieurs très positifs à moyen et long terme. Nous ne devons pas oublier que les classes dominantes (bourgeoisies impérialistes, oligarchies expansionnistes régionales et bureaucrates-compradores locaux) "font" peut-être l'histoire dans l'immédiat, mais que les masses font l'histoire sur la longue durée.

    - Nous devons (ré)apprendre à analyser les évènements mondiaux dans TOUTE LEUR COMPLEXITÉ. Nous devons rejeter les dogmatiques et les révisionnistes qui veulent, vers tous les Orients compliqués de la planète, "voler avec des idées simples". Nous devons nous débarrasser des vieilles habitudes de la Guerre froide ce qui signifie ne pas se faire les thuriféraires aveugles des impérialismes russe et chinois, des "BRICS", de l'expansionnisme iranien ou de l'ALBA cubano-vénézuélienne dans lesquels certains cherchent à voir désespérément le bloc pseudo-"socialiste" soviétique dont ils sont orphelins, mais aussi ne pas "clôturer" les dossiers internationaux d'un revers d'un main sur un simple "c'est un affrontement inter-impérialiste entre factions locales bureaucratiques-compradores fascistes", comme c'était "tout simplement" hier "l'impérialisme occidental contre le social-impérialisme de Moscou" : ce maoïsme-là est précisément un maoïsme qui n'est pas sorti des réflexes de la Guerre froide (typiquement le maoïsme péruvien "pensée Gonzalo" de ce qu'il reste du PCP, et ses partisans internationaux). Les masses en mouvement sont le facteur historique déterminant en dernière instance et la révolution prolétarienne mondiale est inéluctable, quand bien même sembleraient prédominer pour le moment les manœuvres des impérialistes, des expansionnistes régionaux et des clans oligarchiques concurrents : JAMAIS ceux-ci ne pourront contrôler éternellement TOUTES les mobilisations de masse qu'ils auront suscitées. Dans la "matière brute" des forces révolutionnaires mondiales de demain se trouvent actuellement des partisans de la "République de Donetsk", de Nicolas Maduro au Venezuela ou du président déchu Zelaya au Honduras autant que des partisans déçus d'EuroMaidan à Kiev ou de la révolte populaire initiale en Syrie. En dehors des quelques Guerres populaires sous la conduite d'un Parti communiste maoïste comme en Inde, nous sommes à l'heure de la crise générale du capitalisme, de ses conséquences socialement destructrices et parfois guerrières-meurtrières pour les masses et des RÉSISTANCES à cela, des "radicalités" populaires et des "utopies pirates" bourrées d'ambivalences comme cette République du Donbass qui fait tant penser au Fiume de D'Annunzio en 1919 ; "radicalités" mathématiquement porteuses d'autant de fascisme que de réformisme démocratique bourgeois... ou de conscience révolutionnaire ; tout dépendant du rôle que pourront et sauront jouer les forces révolutionnaires marxistes avancées dans l'affaire.  

    C'est cela, être des matérialistes dialectiques. Libre à qui le souhaite de nous traiter d'opportunistes... et BONNE CHANCE pour faire la révolution du haut de leur groupuscule "gardien du Temple" de la "Vérité révolutionnaire", qui sera sans doute (n'en doutons point !) rallié spontanément et in extremis par des masses qu'ils auront couvertes d'injures jusque-là !


    À lire aussi (très proche de tout ce qui vient d'être dit et rappelant aux fondamentaux du marxisme et du léninisme) : À propos du mouvement de solidarité avec la Palestine et du Hamas du Comité anti-impérialiste ; excellent texte qui remet les pendules à l'heure !

    Ou encore cette excellente mise au point par le dirigeant de l'organisation marxiste-léniniste Borotba Victor Shapinov (septembre 2015) : Le marxisme et la guerre dans le Donbass (ou "De l'internationalisme à géométrie variable d'une certaine extrême-gauche").


    [* Cette question de "Novorussie"/"Novorusses" a été très largement débattue, et non sans raisons. En effet, les cartes "ethnographiques" tendent à montrer que les véritables Russes (selon, sans doute, l'ancienne classification soviétique des nationalités) ne sont majoritaires qu'en Crimée (~ 60%) et dans quelques raïons (districts) du Donbass, de la région de Kharkov ou encore proches de la Moldavie (Boudjak). Mais alors, sur quoi (diable) repose donc cette (fichue) identité "novorusse" du Sud et de l'Est de l'Ukraine ? Eh bien, elle repose peut-être précisément sur cela : ni les Russes, ni les Ukrainiens ni qui que ce soit d'autre (Bulgares, Tatars, Roumains/Moldaves, Gagaouzes etc.) ne représentent une écrasante majorité de 90% ou plus dans ces régions. La caractéristique locale est justement le multiethnisme.

    Le bandérisme, cet ultra-nationalisme fondé sur une "pureté" ethnique ukrainienne "plus-vraie-que-vraie", n'y fonctionne donc pas (sans même parler du fait que sa collaboration passée avec le nazisme, dans des régions martyres de la guerre d'extermination lancée par Hitler contre l'URSS, ne plaide pas en sa faveur...). Des idéologies au service de l'impérialisme russe telles que l'"eurasisme", le "panslavisme" (unité plus ou moins fédérale de tous les Peuples slaves) ou encore un certain "néo-soviétisme" peuvent y fonctionner - et de fait y fonctionnent ; mais le bandérisme, la population du Sud et de l'Est de l'Ukraine le vomit. Si l'Ouest (à 90 ou 95% ukrainien "ruthène") en veut, "tant mieux" pour lui ; mais au Sud et à l'Est on n'en veut pas, c'est ainsi.

    On notera que cette culture de coexistence nationale s'accompagne généralement d'un usage de la langue russe comme lingua franca ou plus localement (surtout le long du Dniepr - en orange sur cette carte) d'un dialecte populaire mêlant russe et ukrainien, le sourjyk ; d'où la confusion qui tend à s'installer entre russophones (notion linguistique), "pro-russes" (notion politique) et "Russes" au sens de la classification soviétique des nationalités (notion "ethnique"). La carte de l'usage principal du russe dans la vie quotidienne, ou encore celle des partisans de sa co-officialité (aux côtés de l'ukrainien) montrent ainsi des réalités notablement différentes de celle des pourcentages de Russes "ethniques".]

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