• Et si plutôt que de parler de "séisme politiiiiique", on parlait plutôt de ces milliers de petites luttes et résistances qui ne font pas la Une des chaînes d'info, ni les dimanches d'élection ni les autres jours et qui construisent petit à petit, à basse intensité et pas vraiment consciemment (bien que cela change, le nombre de nos lecteurs suffit à le montrer), la GUERRE et le POUVOIR DU PEUPLE contre les agressions du capitalisme subies au quotidien ?

    À Marseille, ville que l'on peut considérer comme la plus grande zone de relégation d'Hexagone après le 9-3 (c'est pourquoi l'article est classé en "Quartiers populaires"), des prolétaires à qui l'on dresse un parcours du combattant (numéro "39-machin", prise de rendez-vous etc.) entre eux et des revenus indispensables pour vivre occupent la CAF, et ne la quitteront pas jusqu'à ce que la direction de cet organisme recule et abandonne ses plans qui visent (c'est évident) à réduire le nombre de bénéficiaires par ras-le-bol du casse-tête.

    Voilà ce qui s'appelle lutter contre le "système", au lieu de voter FN comme des cons ! Surtout lorsque l'on sait ce que le parti "anti-francosceptique" pense de ces "assistés professionnels qui vivent des allocs sans en foutre une" et de Marseille, territoire d'ores et déjà "grand-remplacé" à leurs yeux...

    Dans tout l'Hexagone, des milliers de petites résistances populaires comme celle-là fleurissent chaque jour qui passe. À Lyon, ce sont des contrôleurs qui battent en retraite devant le soulèvement des passagers, abandonnant une opération de contrôle dans un bus et la verbalisation d'une mère de famille (le grand "classique" dans cette ville, depuis que Keolis a pris le contrôle de la société de transports, est que si vous montez au même arrêt que les contrôleurs ou à l'arrêt juste avant mais tardez un peu - car chargé-e, avec des enfants etc. - les machines sont déjà bloquées et vous ne pouvez plus valider votre ticket, étant dès lors bon-ne pour l'amende... le FN, lui, prévoit évidemment la "plus grande sévérité" pour de telles "rébellions contre l'autorité publique"). Si une force (ou deux ou trois, et ensuite "que la meilleure gagne"...) venait COORDONNER toutes ces petites résistances quotidiennes et leur donner une perspective consciente et réellement antagonique (offensive et non de "réagir au coup par coup"), nous serions déjà de fait dans une étape de défensive stratégique de la Guerre du Peuple, comme en Italie dans les années 1970. C'est ce qu'avec d'autres nous essayons de construire.

    De tout cela PERSONNE NE PARLE, pas de "séisme politique" faisant la Une des médias comme 4,7 millions de voix pour le FN aux européennes (1,7 millions de moins qu'à la présidentielle il y a deux ans et dans un contexte de "carton" des forces eurosceptiques et europhobes dans toute une UE en crise existentielle : Grande-Bretagne, Danemark, Autriche, Italie, Allemagne où elles font leur apparition, Grèce et "Espagne" où ce sont des forces euro-critiques de gauche etc.) ; pourtant nous observons au quotidien cette immense vague en train de se lever. Nous ne savons pas qui sont les centaines de milliers de "likeurs" internet des vidéos de Dieudonné, Soral ou Farida Belghoul, mais ce que nous savons c'est que dans les quartiers populaires leur discours est de plus en plus battu en brèche par la frange la plus consciente de ses intérêts de prolétaires et de colonisé-e-s intérieur-e-s, alors qu'il y a 5 ans dominait encore la compréhension et l'excuse du genre "c'est la persécution sioniste qui a poussé Dieudo dans les bras du FN", etc. etc. (évidemment cela ne se traduit pas par plus de tendresse envers les sionards, crypto- ou pas, donc à leurs yeux rien n'a changé voire la situation s'est aggravée). Face à une lepénisation des esprits bientôt majoritaire si elle ne l'est déjà, un vote FN estimé à 46% chez les "ouvriers" (des études montrent cependant qu'il faut faire très attention avec cette catégorie, recouvrant des réalités sociales très différentes), ces millions d'hommes et de femmes forment une MINORITÉ SILENCIEUSE ou plutôt... RÉDUITE AU SILENCE ; mais ils et elles sont la force de l'Histoire en marche de demain !

    Source

    Communiqué des usagers en colère des CAF de Marseille

    Lundi 26 mai, les usagers en colère des caisses d’allocations familiales des Bouches-du-Rhône ont décidé d’occuper les locaux de la direction de la CAF, chemin de Gibbes dans le 14ème arrondissement.

     

    Depuis plusieurs mois maintenant, la direction de la CAF a décidé de fermer ses bureaux d’accueil public pour ne plus recevoir les allocataires que sur rendez-vous, pris par un numéro surtaxé. Plus de contact direct, c’est l’obligation de payer plusieurs dizaines d’euros de téléphone pour réussir à prendre rendez-vous et c’est surtout l’impossibilité de régler des problèmes urgents avant plusieurs semaines.

     

    Ce sont des situations dramatiques. Des centaines d’allocataires se sont fait brutalement couper leurs aides au logement ou leur RSA, et ne peuvent plus aller demander un rétablissement de leur situation.

     

    Le choix de la fermeture des accueils dans les CAF de Marseille n’est qu’un test avant un élargissement national, et nous voulons faire entendre à la direction que ce dispositif ne passera pas auprès des usagers. Nous savons que ce dispositif est une mesure d’austérité qui se met en place. Elle vise à pousser des allocataires en situation précaire et excédés par la lourdeur administrative à abandonner les aides auxquels ils ont droit. À terme, elle vise également à supprimer des postes de personnels déjà débordés et en sous effectifs.

     

    Nous refusons ce dispositif et nous occuperons la CAF jusqu’à ce que les accueils publics soient ouverts de nouveau.


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    207887950 zoom945Depuis le début de l'année, le Venezuela est en proie à de violents troubles opposant le gouvernement "socialiste" de Nicolás Maduro et ses partisans à ceux de son opposition de droite et du centre (Leopoldo López, Henrique Capriles etc.) ; troubles qui ont fait plus de 30 morts et 500 blessés. Nous avons déjà eu l'occasion d'évoquer brièvement ces événements, derrière lesquels se profile le même affrontement mondial entre blocs impérialistes euro-US et russo-chinois qui met à feu et à sang la Syrie et l'Ukraine, dans notre revue régulière d'actualité ; et de rappeler notre position de principe sur ces pays "bolivariens" : 1/ défense inconditionnelle du fait populaire bolivarien (mobilisation de masse et rapport de force instauré par celle-ci) face aux offensives réactionnaires terroristes de l'impérialisme et de l'oligarchie, 2/ défense tout aussi inconditionnelle du même fait populaire contre les trahisons et autres agissements contre-révolutionnaires et antipopulaires du réformisme bourgeois. De fait, nous avons là la (vieille et connue) contradiction entre ce qui est (nationalisme et réformisme bourgeois) et ce que croient les masses ("révolution", "marche au socialisme") ; ce que croient les masses étant tout à fait susceptible (à tout moment) de devenir force matérielle, ce pourquoi les réformistes "bolivariens" ("bolibourgeoisie") et leurs soutiens impérialistes et expansionnistes (russes, chinois, européens, iraniens, brésiliens, argentins etc.) tentent à tout prix de le garder sous contrôle, et la droite oligarchique et ses soutiens impérialistes (US ou européens) de l'écraser : ce sont les deux types de menées contre-révolutionnaires que les communistes révolutionnaires combattent.

    Il semble toutefois que nous soyons dans une situation fort différente de celle de 2002 et du milieu des années 2005, lorsque Chávez avait ouvertement violé le "pacte" qu'il avait forcément (comme Lula, Kirchner et tous les autres) passé avec l'oligarchie pour être élu en 1998 et que celle-ci tentait à tout prix de le renverser avec la pire violence, la mobilisation des masses lui sauvant la mise et le coiffant, si l'on peut dire, d'une "couronne de pavés". Les révisionnistes et autres fantasmateurs sur le "socialisme du 21e siècle" bolivarien nous raconteront avec une lueur de fierté dans les yeux que "le processus révolutionnaire a vaillamment résisté à la contre-révolution impérialiste"... Mais la 5664721.imageréalité est, apparemment, que nous nous acheminerions encore un peu plus vers un nouveau Punto Fijo ; accélération d'un processus déjà commencé depuis la fin des années 2000 (en fait depuis la crise consécutive au crash des cours du pétrole fin 2008, de 136 à environ 50$ le baril).

    De fait, il n'y a donc aucun "renversement" du gouvernement "socialiste" bolivarien à l'ordre du jour : celui-ci est tout simplement en train de se "renverser" tout seul, pour ramener le pays à la situation antérieure à 1998. Un processus entamé, comme on l'a dit, dès les années 2008-2009 avec l'effondrement des cours du brut, puisqu'en fait de "révolution" il n'y avait rien de plus qu'un réformisme redistributif basé sur la rente pétrolière ; poursuivi ensuite avec la baisse électorale constante de Chávez puis l'élection de justesse de Maduro en 2013 ; pour déboucher enfin sur la situation actuelle de négociation et de partage du pouvoir avec la droite et le patronat "d'ancien type", la mobilisation de droite et du centre dans la rue (et les violences qui l'accompagnent) n'étant là que pour faire pression sur les pourparlers. Au niveau inter-impérialiste, il est probable que les Russes considèrent (comme ils l'ont toujours fait quelque part) qu'après tout, l'Amérique latine n'est pas vraiment "leur" hémisphère et qu'ils ont des intérêts stratégiques beaucoup plus vitaux à défendre en Ukraine, en Syrie, dans le Caucase et en Asie centrale ; tandis que les Chinois sont (comme toujours) prêts au compromis du moment que leurs intérêts sont un minimum garantis (ils n'ont pas encore besoin d'une mainmise totale et ouverte sur des dizaines de pays)...

    Ainsi devrait s'achever, dans les mois et les années qui viennent, l'expérience de la "révolution bolivarienne" au Venezuela. À moins que, s'appuyant justement sur le refus populaire de cela, un VÉRITABLE (cette fois-ci) processus révolutionnaire ne se mette en marche avec, comme disent les camarades du MGR dont nous vous offrons ci-dessous un nouveau texte traduit (suivi d'une déclaration de la Coordination Simón Bolívar), "toutes les forces de l'Histoire" !


    Pour la révolution, nous enverrons balader qui il faudra !


    Ces derniers jours, le camarade et révolutionnaire conséquent Roland Denis a formulé une question brûlante qui en a apparemment fait frissonner plus d'un : "Qui serait prêt à envoyer balader le président Maduro, au vu de la tournure prise par le processus bolivarien ?". 

    Nombreuses ont été les déclarations qui ont suivi, et le débat ne fait apparemment que commencer dans le camp des révolutionnaires ainsi que dans une gauche déjà résignée à son incapacité de poser réellement la question du Pouvoir.

    PHOc95f3da6-b365-11e2-a33a-92bc88a9ed8f-805x453Nous nous souviendrons ici que "gauche" et révolutionnaires sont deux choses bien différentes, voire opposées pourrait-on dire ; les seconds luttant pour changer à la racine l'actuel système capitaliste d'exploitation à travers une révolution socialiste pulvérisant l’État bourgeois [bureaucratique-compradore semi-colonial semi-féodal NDLR] pourri tandis que les premiers, en revanche, cherchent désespérément à se raccrocher à n'importe quelle réformette, n’importe quelle mesurette populiste, n'importe quelque discours redondant et sans contenu réel, n'importe quel scénario électoraliste pour le présenter comme "socialiste" et, de cette manière, s'assurer que l’État capitaliste [semi-colonial semi-féodal NDLR] pourri continue à fonctionner et (ainsi) garder une chance de ramasser les quelques miettes semées par le pouvoir réel pour soutenir tout son édifice d'exploitation.

    Afin d'apporter notre contribution au débat et sans esquiver l'énorme responsabilité qui nous incombe dans ce scénario complexe que nous traversons, nous livrerons ici notre réponse à la question formulée par le camarade Roland Denis.

    Nous commencerons par la proposition même que fait le camarade. Selon nous, ce n'est pas seulement Nicolás Maduro qu'il faut envoyer péter. Maduro n'est selon nous que la pointe émergée de tout un iceberg qu'il faut dévoiler.  Au Venezuela, comme nous le répétons depuis 7 ans, une petite bourgeoisie bureaucratisée s'est installée à la tête du processus bolivarien et grâce aux ressources illimitées de l’État, au moyen de toute une série d'arguties, de subterfuges, de fraudes, de détournements et d'escroqueries, de créations de sociétés écrans ou de "coopératives" étant en réalité des entreprises privées, a obtenu de l’État des contrats multimillionnaires lui permettant de faire main basse sur une grande partie des dépenses publiques et de se transformer ainsi en un nouveau segment bourgeois, s'éloignant de sa condition première de bureaucratie petite-bourgeoise.  

    Nous avons également expliqué en temps voulu que le "socialisme du 21e siècle" n'était rien de plus qu'un succédané de socialisme et qu'il n'existait pas de révolutions à moitié, comme l'ont dramatiquement démontré les cas du Chili, du Nicaragua et d'autres pays encore.

     BOLIBURGUESESPrétendre qu'il existe une révolution socialiste alors que la bourgeoisie conserve le pouvoir réel sur l'économie est non seulement une escroquerie intellectuelle, mais plus grave encore : cela finit par être un CRIME contre la classe ouvrière et tous les secteurs exploités des villes et des campagnes, qui luttent pour leur libération du joug exploiteur du capitalisme.

    Tout comme nous avons expliqué que le Pouvoir populaire ne consiste pas à coller cette appellation sur les institutions de l’État bourgeois, mais à le construire réellement et depuis l'EXTÉRIEUR de cet État que l'on prétend détruire.

    Nous ne nous sommes pas trompés lorsque nous disions que le socialisme ne S’ACHÈTE PAS grâce à des cours du pétrole élevés, en indemnisant la bourgeoisie pour chaque nouvelle expropriation réalisée par le vieil État, à des prix très au-dessus de la valeur réelle et de l'investissement dans le capital réalisé par la bourgeoisie qu'elle soit nationale ou internationale (voir les cas Sidor, Banco Santander etc.).

    Nous avons dit et répété que c'était une erreur de parler d'un monde bipolaire [NDLR : entendu au sens d'un "camp impérialiste" dirigé par les États-Unis et d'un "camp anti-impérialiste" avec la Russie, la Chine etc.] alors que nous vivons en réalité dans un monde capitaliste globalisé où n'existe rien d'autre que la concurrence entre impérialistes pour conquérir des marchés, celle-ci incluant simplement de nouveaux acteurs tant au niveau mondial (Chine) que régional (Brésil).

    Notre voix était forte et claire lorsque nous disions qu'un parti de composition interclassiste, avec une direction bureaucratisée à l'extrême, sans théorie révolutionnaire et ne s'exprimant que comme machinerie électorale de temps à autres ne pouvait être qu'un appareil social-démocrate, incapable de réaliser des changements révolutionnaires et à vrai dire incapable même d'exprimer la voix de sa militance. Chaque fois que sa direction réelle émanait de son dernier congrès, elle ne s'exprimait ni même n'agissait comme telle mais par l'intermédiaire de "porte-paroles".

    Que n'avons-nous pas été critiqués lorsque nous disions que le Grand Pôle Patriotique (GPP) n'était qu'une illusion stérile et plus encore qu'une alliance politique, une réunion de vieilles références cherchant quelque petit espace vital dans l'appareil d’État et à bénéficier de temps en temps d'une alliance avec le parti au pouvoir. 

    Sur ce point, et sauf honorables exceptions sur lesquelles nous reviendrons avec noms et prénoms plus avant, nous aimerions poser la question : quand est-ce que le GPP a appuyé pour la dernière fois publiquement et activement une grève de travailleurs pour leurs justes revendications ? Ou fait pression depuis la rue pour la libération d'authentiques révolutionnaires internationalistes emprisonnés au Venezuela ? Ou exigé en mobilisant ses militants et autres partisans l'éclaircissement urgent de la mort de presque 400 dirigeants et militants paysans et ouvriers, tous leaders populaires, assassinés pour la majorité par des hommes de main des grands propriétaires ? Ceci pour ne citer que quelques-uns des cas dans lesquels il aurait pu intervenir et a préféré ne pas le faire. Pourquoi ?

    2014 Venezuelan Protests (12F)Il est bon de se remémorer lorsque nous alertions sur le clientélisme de beaucoup d'organisations, et la manière dont était captée la jeunesse pour la soumettre aux institutions bureaucratiques, l'éloigner du militantisme réel la rallier au maintien de ce même système contre lequel on prétendait lutter.

    Combien d'escrocs ont-ils fait leur beurre sur les immenses efforts de la classe ouvrière et du Peuple bolivarien pendant toutes ces années ? Faut-il rafraîchir la mémoire sur la position de Miquilena [Ministre de la Justice et de l'Intérieur 2001-2002] et autres escrocs de cette époque ? L'action du ministre Riveros à la tête du ministère du Travail serait-elle un mystère ? Et de tant de ministres qui ont accompagné le "processus", ainsi que de maires, gouverneurs et autres transfuges qui sont aujourd'hui de flamboyants entrepreneurs.

    Il ne s'agit pas seulement d'Isea [gouverneur PSUV de l’État d'Aragua 2008-2012 puis directeur de la Banque de l'ALBA en 2013, tombé pour détournement de dizaines de millions de dollars] et de sa bande, ou aurions-nous déjà oublié Andrade et toute la pourriture corrompue de la BANDES (Banque de Développement économique et social) ? Nous ne cherchons pas à occulter des noms ni quoi que ce soit mais nous ne voulons pas que ce texte devienne une liste de corrompus, escrocs et transfuges, car taper chaque nom, décrire chaque situation nous fait mal dans le plus profond, le plus humain et le plus guévariste de notre raison d'être et d'exister comme force politique.

    Mais se souvenir et dire la vérité est un exercice sain. Il y a encore peu, beaucoup à gauche nous disaient qu'il "ne faut rien dire, car la droite va en tirer profit". Mais de quoi la droite peut-elle encore tirer profit dans ce "processus" ? N'a-t-elle pas suffisamment profité de la fuite des capitaux en plein contrôle des changes ? D'acheter pendant des années le dollar à prix offert et de le revendre au marché noir ? Ou encore de l'amnistie qui lui a permis de se réarmer pour attaquer à nouveau la classe ouvrière et le Peuple pauvre et exploité de la ville comme des champs ?

    #LAFOTO JAVU, movimiento de la extrema derecha en #VenezuelLe manque de mémoire de cette gauche est décidément maladif. Tout le monde a déjà oublié l'achat des banques "bolivariennes" et leur mise en cause postérieure pour fraude. Et le frère de Jesse Chacón ? Ils diront bien sûr que son frère ne savait rien car ils ne se parlaient et ne se voyaient pas, et que l'actuel et alors ministre ne possédait aucune information sur ces opérations obscures que Chávez lui-même dénonçait publiquement.

    La liste serait longue, mais la tentation est grande et l'indignation plus encore à nous remémorer tout cela, qui nous semble un très bon condensé des "après" que mentionne le camarade Roland Denis dans son texte. Nous divergeons simplement de lui dans la mesure où il personnalise le problème. Le problème selon nous ne se résume pas à Maduro.

    C'est en réalité tout un système mensonger et pervers qui nous trompe et nous ment de manière habituelle et même avec notre complaisance. Ce n'est pas seulement aujourd'hui que la bourgeoisie attaque et tente de détruire le processus bolivarien, et ce n'est pas seulement un segment de celle-ci catalogué comme "bourgeoisie traditionnelle".

    Le nouveau segment bourgeois enkysté dans le gouvernement défend sa nouvelle condition et tente de nous convaincre qu'il existe une "bonne" bourgeoisie, la nouvelle, et ceci sous les applaudissements nourris de tous ceux qui font du marxisme une lettre morte et jaunie et nous vendent leur discours qui ne leur sert qu'à s'auto-justifier comme nouveau segment bourgeois, se présentant comme la solution alors que pour eux il est fondamental de maintenir le capitalisme.

    Le gouvernement nous parle de bourgeoisie patriote, honnête, qui veut produire... Quelle est alors la bourgeoisie "mauvaise" et conspiratrice ? La bourgeoisie "bonne, honnête et patriote" ne se chargerait-elle pas d'occuper le marché laissé libre par la bourgeoisie "apatride, traître et malhonnête", pour accaparer ou diminuer la production ? Vu le caractère importateur de celle-ci, cela ne devrait pas être un grand problème comparé à celui de l'industrialisation. Mensonges et justifications du capitalisme...

    socialismo1Ainsi la nouvelle bourgeoisie, depuis le cœur même du gouvernement, attaque-t-elle la classe ouvrière et le Peuple bolivarien sur le plan de la confusion théorique et idéologique ; mais elle ne se limite pas à cela, elle le fait aussi de manière pratique et publique.

    Sur le site Aporrea est paru un article reflétant bien toute cette situation, où l'auteur Deivis Battes se pose lui aussi cette question lorsqu'il dit : "Dans le processus d'importation de dollars interviennent principalement les banques publiques et privées, le gouvernement et la bourgeoisie (comme donnée additionnelle, il faut mentionner que les importations publiques ont représenté en 2012 environ 44% du total). On a signalé en 2012 la perte de 20 millions de dollars. Qui a conspiré ? Comment peut-on "conspirer" sans la complicité de toutes les entités, parmi lesquelles se trouvent des agents et des institutions du secteur public ? Comment se peut-il que jusqu'à ce jour, on ne dispose pas de la liste de ces entreprises ou des principaux responsables en plein système de contrôle des changes ? Serait-ce que cela n'influe pas sur la pauvreté et les terribles niveaux d'inflation de l'année 2013 au point d'être considéré comme faisant partie de la guerre économique ? La fuite de capitaux par des moyens frauduleux, constante depuis 2003 et atteignant pour 2012 les 110 milliards de dollars (on ignore combien ont atterri dans les paradis fiscaux) serait-elle aussi une guerre économique "conspirative" ? Si cela dure depuis 2003, pourquoi cela devient-il seulement aujourd'hui une "guerre économique" ? Ne s'agit-il pas simplement d'une accumulation de capital dans les conditions particulières où s'effectuent les transferts de devises au Venezuela ?"... 

    El Discreto Encanto de la Boliburguesia 03

    C'est ainsi, camarade Roland Denis, que nous comprenons que le problème cesse d'être Maduro : c'est tout le système soutenant le vieil État capitaliste pourri qu'il faut envoyer promener, pour employer vos propres termes, afin de défaire une par une tous ces entraves à la réelle nécessité du Peuple d'avancer dans sa propre révolution, sans tuteur ni médiateur de service.

    Nous ne voulons en aucune manière éluder le problème posé. Nous sommes en présence d'une situation nouvelle et inédite dans le processus, qui n'est autre que la LIQUIDATION de celui-ci par la mise en scène d'un nouveau pacte de Punto Fijo, aujourd'hui appelé "Pacte de Miraflores". Lorsque nous faisons référence à ce pacte, nous ne faisons pas seulement référence au spectacle grotesque et vulgaire de voir assis à Miraflores [le palais présidentiel] les mêmes assassins et putschistes du 11 Avril [2002] désormais qualifiés par euphémisme d'"opposition démocratique". Non. Nous nous référons au véritable, à l'authentique pacte qui n'a pas commencé le 12 février mais depuis bien avant. Ou alors, oublierions-nous les réunions de Merentes [Ministre des Finances 2001-2002 et 2004-2007 puis président de la Banque centrale du Venezuela 2009-2013 et à nouveau depuis janvier] et de l'équipe économique avec un parterre de 6.000 entrepreneurs lors de la précédente crise des prix, culminant avec la réception de M. Lorenzo Mendoza [dirigeant de la plus grande entreprise agroalimentaire du pays] à Miraflores ? Aurions-nous oublié les revendications de la bourgeoisie alors ? Ou serait-ce que l'actuelle "Table ronde pour la Paix économique" est autre chose que le reflet et l'aboutissement ces des premiers rapprochements ? Avons-nous déjà oublié la fermeture des émissions politiques de tout un ensemble de camarades qui se montraient critiques envers le cours actuel des choses, et la Nouvelle-manifestation-etudiante-au-Venezuela article mainvéritable offensive lancée par le gouvernement contre quiconque refuse de se plier totalement à la nouvelle orientation centriste et d'abandonner la ligne du "changement de cap" défini par le président Chávez [en octobre 2012, appelant à un bilan critique du travail accompli depuis alors 13 ans et au développement de "l’État communal"] ?

    Le véritable Pacte de Miraflores commence à être mis en œuvre en ce moment même, et à se matérialiser à travers quelques 56 accords avec des chefs d'entreprise que le gouvernement s'acharne à garder secrets dans le dos du peuple. Mais on a beau les annoncer séparément et espacés dans le temps pour éviter l'impact de les rendre brutalement publics et visibles, ils se font déjà sentir dans le portefeuille des plus pauvres. Et ce ne sont pas seulement 56 accords en matière économique. Le même gouvernement a annoncé qu'il espérait parvenir à plus de 2.000 accords de ce type autour des différentes tables de négociation au niveau central et régional. Déjà sont en train d'être finalisés les 600 premiers accords régionaux et bien que le gouvernement s'échine à les garder secrets, la réalité têtue montre bien quel est le chemin suivi lorsque le président de la Fedecamaras [MEDEF vénézuélien], Jorge Roig, dit que "le gouvernement commence à prendre la bonne voie".

    Nous sommes en présence du démontage total de l'essence du processus bolivarien qui, bien qu'on ne puisse le qualifier de socialiste, représentait une avancée par rapport à la situation antérieure de la classe ouvrière et du Peuple pauvre et exploité de la ville et de la campagne. 

    La table politique de négociation installée avec la MUD (Table de l'Unité démocratique, opposition "modérée" au PSUV) ces derniers jours n'est que le reflet tardif de la situation précédemment décrite avec les entrepreneurs. La bourgeoisie économique se représentait elle-même dans ces discussions, tandis que la droite politique faisait pression dans la rue pour rendre plus profonde encore la reddition du processus bolivarien.

    Il s'agit en définitive d'une nouvelle répartition de la rente entre les deux différents secteurs de la bourgeoisie (bolibourgeoisie et bourgeoisie traditionnelle), dans un contexte de crise systémique du capitalisme rentier.

    La crise actuelle est le produit du fait que le fonctionnement "relativement normal" de l'économie dépende de la rentre pétrolière. Étant donné que le prix du baril a chuté de 34% en valeur annuelle moyenne en 2009, pour remonter ensuite jusqu'en 2011 lorsque le baril valait environ 100$, mais stagner ensuite à ce prix en 2012, 2013 et 2014, guarimbaajouté au fait que la consommation interne d'essence continue à augmenter et que la production de pétrole n'augmente pas, nous nous retrouvons avec une stagnation voire une réduction des revenus pétroliers également appelés pétrodollars.

    En d'autres termes : il n'y a pas de rentrées de dollars suffisantes pour maintenir le rythme d'accumulation du capital ou, ce qui revient au même, il n'y a pas suffisamment de dollars pour maintenir la croissance des gains capitalistes sans frapper de manière plus aiguë et marquée le pouvoir d'achat de la classe ouvrière et du peuple pauvre et exploité. Il n'y a là aucune "guerre économique" : il s'agit simplement de la crise systémique du capitalisme en général et du capitalisme rentier en particulier.

    Comme peut le voir le camarade Denis, il ne s'agit donc pas d'envoyer Maduro et même un certain nombre de ses ministres et collaborateurs se faire voir mais d'en finir pour toujours avec le maudit capitalisme et son unique bénéficiaire, la bourgeoisie.

    Nous comprenons bien sûr que les pactes et les acteurs sont passés par des personnes concrètes dans des situations concrètes. Mais nous avertissions déjà en avril 2009 : "Nous ne parlerons pas ici de néolibéralisme, pour diverses raisons sur lesquelles ne nous étendrons pas. Lorsque l'on parle de néolibéralisme, l'on tend à séparer ce concept du capitalisme, comme s'il existait un bon capitalisme (keynésien) et un mauvais (néolibéral), alors qu'en réalité ce sont les deux faces d'une même pièce. Mais il y a en outre un autre détail de grande importance. 

    Jamais le capitalisme n'applique des modèles "purs", et jamais ceux-ci ne sont exclusivement une seule chose. Habituellement, il y a des combinaisons de mesures en mettant l'accent sur l'une ou l'autre, mais les deux recettes représentent la continuité du Capital et l'application de l'une d'elle à un moment donné ne fait que préparer l'étape suivante, où s'exprimera principalement l'autre. Une fois épuisée la voie keynésienne (plus de dépenses sociales, appuyées dans le cas du Venezuela sur les cours élevés du pétrole), l'on passera nécessairement à appliquer la voie libérale et nous serons alors en présence de la liquidation d'une bonne partie du processus bolivarien reposant sur la rente pétrolière et ses hauts revenus en dollars. Il ne s'agit donc pas de changer les personnes, mais d'en finir une bonne fois pour toutes avec le système capitaliste avant qu'il ne soit trop tard, car la période d'aubaine des pétrodollars est déjà terminée...".

    manifestation-de-soutien-a-nicolas-maduroNous ne cherchons pas à nier, par-là, toutes les grandes avancées sociales obtenues pendant toutes ces années dans le feu des luttes populaires, et la nécessaire défense de celles-ci. Bien au contraire. Nous affirmons que la seule issue révolutionnaire à la crise actuelle est l'approfondissement de la rupture avec la bourgeoisie parasite, totalement incapable de répondre aux nécessités du Peuple vénézuélien. Nous insistons bien sur le fait qu'il ne s'agit pas de personnes mais du MODÈLE de société ; il s'agit de tout le système dans son ensemble.

    Pour revenir à notre sujet principal, l'invitation faite par Roland Denis, nous devons préciser que sans ignorer les immenses progrès qu'a signifiés le processus bolivarien, nous pouvons trouver dans son essence même les causes de la situation actuelle, causes qui échappent totalement à la responsabilité d'un personnage mineur comme Nicolás Maduro.

    L'absence d'une organisation révolutionnaire mature, armée théoriquement d'un projet de pulvérisation de l'État bourgeois et de construction d'une nouvelle société socialiste, est une des causes structurelles de cette situation. Nous ne pouvons passer à la trappe les premières définitions théoriques du président Chávez, proches de la "troisième voie" proposée par le criminel de guerre Tony Blair, et sur ce point Maduro n'a guère de responsabilité au-delà de sa propre formation théorique et de son parcours ultérieur.

    À un tel niveau du parti chaviste, nier que le projet bolivarien n'était pas et ne pouvait pas être socialiste, au vu des forces le composant notamment (et surtout) dans ses structures dirigeantes, équivaudrait à ne pas voir le soleil en plein jour clair et dégagé, et nous engagerait dans un débat sans fin. Il nous semble plus utile de signaler une autre cause structurelle qui nous a conduit à la situation actuelle : l'immense capacité, économique et par tout type de moyens, d'une cupule dirigeante centriste pour domestiquer et paralyser l'immense mouvement social qui s'était développé bien avant l'apparition de Chávez sur le devant de la scène, et que celui-ci allait canaliser en déployant une activité acharnée. Lorsque nous parlons de centrisme, nous ne faisons que reprendre les propres mots de José Vicente Rangel, à peine nommé ministre par caprilesChávez après son élection, affirmant que l'objectif du gouvernement était d'appliquer une politique centriste de réforme et de perfectionnement de l'État. Comme vous pouvez le voir, ce n'est pas nous qui inventons quoi que ce soit.

    Nous n'ignorons pas que la lutte des classes a par la suite aiguisé les contradictions et que le président a évolué à mesure qu'avançait le processus et que s'approfondissait sa propre étude et compréhension des réalités politiques ; il s'agit simplement ici d'analyser les causes qui nous ont conduits là où nous sommes. L'existence d'une direction éloignée de la théorie révolutionnaire a rendu possible qu'à chaque fois qu'existaient les conditions pour réellement achever d'approfondir le processus, en avril 2002 et en janvier 2003 et par la suite, cette possibilité a été écartée et l'on a recherché le pacte, même minime, sous le prétexte de construire de nouvelles et meilleures conditions, dans l'arène internationale surtout, par la construction d'instruments politico-juridiques permettant l'intégration économique régionale [continentale] et la modification des rapports de forces au niveau mondial.

    La seule évocation d'une époque où toute l'Assemblée nationale était "chaviste" suffit à démontrer que la stratégie d'alors n'était pas d'approfondir la "révolution". C'était l'époque de l'apparition des nouveaux riches, enfants légitimes du processus, et de tout un incroyable écheveau de bonnes affaires et de corruption effrénée.

    Si la "révolution" n'a pas été approfondie alors, en temps de prospérité économique, cela ne se fera pas plus aujourd'hui à l'heure de la crise économique, politique et sociale généralisée. Tout le reste n'est qu'illusions, vœux pieux et belles paroles sans contenu destinées à l'auditoire captif disposé à les applaudir.

    Le rapport de force actuel diffère totalement de celui de 2002, lorsque le Peuple mobilisé en une fulminante offensive avait envoyé balader la bourgeoisie putschiste et repris le pouvoir sans même y avoir été appelée. Nous étions alors en présence d'un coup d'État, avec la participation d'un secteur important des forces armées, le fascisme à Miraflores et de toutes parts, et pourtant le Peuple les a tous remis à leur place et a réinstallé Hugo Chávez à Miraflores.

    venezuelahugochavezcelebroeldiadelamiliciabolivariana1Aujourd'hui ont surgi quelques barricades, quelques faits de violence fasciste perpétrés par des paramilitaires avec la nécessaire complicité de la droite économique comme politique, mais aussi avec celle de groupes à l'intérieur du gouvernement et des forces armées et de sécurité. Et que fait-on contre cela ? Convoque-t-on le Peuple pour défendre le processus dans la rue ? Non. On appelle à la paix et à la négociation, on signe des accords secrets et on installe à Miraflores les assassins du Peuple que nous connaissons tous dans un grand show médiatique, et tout cela est présenté aux masses comme un grand succès.

    Pour le 1er Mai a été annoncé en grande pompe une augmentation ridicule des salaires, bien au-dessous de l'inflation réelle accumulée et les écrivaillons de service s'écrieront de joie "oui, c'est ainsi que l'on gouverne !". Hypocrites justificateurs de l'exploitation capitaliste.

    Il y a des "camarades" qui avec une bassesse incroyable assument le discours de la droite et justifient cette sinistre mascarade sous l'excuse puérile qu'il "ne faut pas dresser le peuple contre le peuple, puisque le pays est coupé en deux parts égales". Nous avons beaucoup entendu cet argument au nom du "réalisme politique", et beaucoup d'autres encore tout aussi vides de contenu, utilisant le même langage que la droite et la plus servile social-démocratie bourgeoise.

    Les dirigeants du processus, se basant sur un message mystique, se présentent comme les uniques dépositaires de la figure et de la pensée de Chávez et se prétendent ses héritiers politiques, dans une tentative de capter le leadership du président défunt vers eux-mêmes et affirmer ainsi le leur pour justifier leurs pactes avec la bourgeoisie, l'entrée du processus dans une phase d'établissement d'un nouveau pacte inter-bourgeois.

    Ils falsifient de cette manière le véritable héritage du président Chávez, qui malgré toutes ses erreurs et lacunes théoriques initiales avait su comprendre à la fin de sa vie qu'il s'était trompé, et tentait de réorienter et d'approfondir le processus pour le transformer en une véritable révolution socialiste. Il ne ressortait pas autre chose du "Changement de Cap" annoncé par lui [en octobre 2012], et qu'il n'a pu mettre en œuvre car surpris par une mort prématurée et au demeurant fort suspecte.

    Au vu de tout ce qui précède, la question surgit comme la formulait déjà le grand Lénine en son temps : QUE FAIRE ? Et la réponse du guévarisme militant et révolutionnaire est :

    Ne pas mentir à la classe ouvrière et au Peuple pauvre et exploité de la ville et des campagnes.  

    Ne pas l'illusionner avec une sortie de crise négociée avec la droite économique et politique.

    Démasquer le caractère bourgeois de la nouvelle direction qui assume le désarmement du processus bolivarien.

    Organiser pour le combat de classe la classe ouvrière, les pauvres et les exploités.

    Construire ensemble avec d'autres forces révolutionnaires le nouveau sujet politique et social de la révolution socialiste véritable.

    Organiser le Pouvoir populaire réel depuis la base, depuis l'extérieur de l'État bourgeois pourri et en lutte permanente contre lui.

    Éduquer théoriquement l'avant-garde qui partagera et combinera les trois principes de base : indépendance de classe, lutte pour le pouvoir réel et combinaison de toutes les formes de lutte.

    mg 26861334338425Nous immerger dans les classes populaires, construire des organisations sociales militantes et combattives.

    Nous opposer par tous les moyens à la reddition du processus bolivarien, dénoncer les pactes et développer une nouvelle culture révolutionnaire.

    Combattre le fascisme dans toutes ses expressions, ne pas perdre de vue l'ennemi principal qui est la BOURGEOISIE, représentante locale de l'impérialisme.

    Innonder les espaces publics et sociaux de la voix des exploités, de la classe ouvrière en lutte.

    Construire de nouvelles organisations ouvrières à l'abri du clientélisme, des mafias syndicales, des coteries de pouvoir, des compromis avec les patrons.

    Livrer la bataille théorique contre la bourgeoisie, la traditionnelle comme celle surgie ces dernières années sous la protection du gouvernement.

    Préparer stratégiquement nos forces, contrôler les espaces et les territoires par le Pouvoir populaire construit sur la base de la lutte et de l'autonomie.

    Construire un nouveau sujet médiatique populaire avec des milliers de têtes, d'yeux et de bouches de toutes parts, défendant les intérêts de la classe ouvrière et des pauvres et exploités de la ville et des campagnes.

    Ne renoncer à aucune forme de lutte mais au contraire les intégrer toutes dans un même plan stratégique d'accumulation de forces.

    Impulser la mobilisation de la classe ouvrière et des secteurs populaires pour leurs droits, la défense de leurs conquêtes et l'obtention de nouvelles, et autres buts ambitieux qui nous rapprochent de l'objectif stratégique de la révolution socialiste.

    Briser le nouveau pacte social que prétendent construire les segments de la bourgeoisie au sein du gouvernement et dans l'opposition, faire irruption dans ce scénario bien huilé avec le nouveau sujet politique et social de la révolution.

    Enterrer pour toujours la vieille gauche capitaliste, capable de justifier de tous les pactes avec la bourgeoisie pour garder sa petite place dans les sphères du pouvoir.

    Nouveaux textes guévaristes sur la situation au Venezuela Comme on peut le voir, pour les guévaristes ce n'est pas seulement Nicolás Maduro qu'il faut envoyer balader. Celui-ci a déjà choisi de quel côté de l'histoire il voulait être et de quelle manière il voulait y entrer.

    Nous, guévaristes révolutionnaires, membres d'une force politique encore petite mais en développement, assumons sans complexe le défi et enverrons promener qui il faudra, Nicolás Maduro inclus, pour la révolution et le socialisme.

    L'Histoire nous appartient et ce sont les Peuples qui la font, les millions de femmes et d'hommes qui lèvent haut le drapeau de leurs rêves avec audace et valeur, marchant vers l'avenir sans se soucier des obstacles et des défis qu'ils devront affronter dans cette lutte contre la mort et l'esclavage du capitalisme. Rien ni personne ne pourra jamais les arrêter, car ils sont le meilleur de l'humanité et finiront par conquérir leur liberté par la révolution socialiste.

    Que résonne de toutes parts notre cri d'amour et de combat :

    À bas le fascisme et la capitulation réformiste, tout le Pouvoir au Peuple !

    Non au Pacte bourgeois de Miraflores pour une nouvelle répartition de la rente !

    Que les bourgeois et les traîtres ne s'y trompent pas : tant que la classe ouvrière et le Peuple vivent, la continue jusqu'au socialisme !

    Ni oubli ni pardon pour les assassins et les traîtres à la classe ouvrière et au Peuple pauvre et exploité !

    Gloire et honneur à ceux et celles qui luttent et résistent contre l'offensive du Capital et de la bourgeoisie !

    Pas une minute de repos, toute une vie de combat pour la Révolution et le Socialisme !

    Nous avons encore une Patrie et un Peuple rebelle pour longtemps !

    En avant, en avant avec toutes les forces de l'Histoire !!! 

    Direction nationale,

    Mouvement Guévariste Révolutionnaire

     

    ********************************************************

    De quelle paix parle-t-on, s'ils veulent laisser le monde tel qu'il est ?

     

    Au Peuple du Venezuela,

    Au Gouvernement bolivarien du Venezuela,

    Aux Peuples et aux gouvernements du monde,

    Aux médias de communication nationaux et internationaux,

    À l'opinion publique nationale et internationale,

    Au monde entier,

    Frères et sœurs : de quelle paix parle-t-on ?

    chaveznodDans une guerre de classe comme celle que livre le Peuple pauvre contre la bourgeoisie tout autour de la planète, la paix n'est pas négociable. Elle se conquiert à travers une lutte basée sur de fermes convictions de justice sociale et d'égalité.

    Au Venezuela, tant que nous aurons des ressources naturelles, biologiques et énergétiques intéressant l'impérialisme global et tant que ce même impérialisme colonisateur et pillard existera, le Peuple restera un objectif à détruire pour ces forces du mal. Pour cela elles utilisent et utiliseront toutes les stratégies et les méthodes possibles et imaginables, depuis le bombardement culturel aliénant en passant par la manipulation médiatique, jusqu'au bombardement physique de notre territoire et au génocide subséquent de notre population, où la tendance politique des assassinés n'aura pas d'importance dans ce qu'ils appellent "dommages collatéraux".

    Le Peuple doit définir quelle est la paix qu'il désire : celle d'avoir conquis un cadre social de justice, ou celle de la soumission à ses exploiteurs.

    La paix silencieuse des morts, celle qui plane au-dessus des cimetières et des fosses communes, la paix des invisibilisés, des ignorés, des méprisés, des utilisés de toujours. La paix de la reddition, de la soumission, du pacte-trahison contre le Peuple, bourgeoise et immorale, ne peut être considérée dans notre Processus révolutionnaire bolivarien comme la paix désirée. Nous ne voulons pas de cette paix-là !

    Les fils et filles de Bolívar, dans lesquel-le-s coule le sang guerrier de nos résistances indigènes et qu'illumine la valeur et la morale de nos libérateurs, n'ont pas même le choix entre vaincre et mourir. Il faut vaincre ! ; avec l'obstination du Commandant Suprême qui a lutté jusqu'au dernier souffle de sa vie.

    Notre paix doit être le fruit d'un combat digne, d'un processus d'éducation et de transmission, de la compréhension et du respect mutuel, de la conscientisation des êtres humains, de la fraternité entre les citoyens, de l'égalité sociale et politique, de l'amour entre frères, fils et filles d'une même mère : la Terre. Jamais la paix du silence ni de céder un pouce sur nos droits humains !

    Pacte et trahison de caractère bourgeois

    De manière éhontée, antipopulaire et contre-révolutionnaire, la bolibourgeoisie a signé un pacte de trahison avec la bourgeoisie traditionnelle pour la répartition de la rentre pétrolière, pacte dont le Peuple paiera la facture. Le caractère antipopulaire de la bourgeoisie traditionnelle et exploiteuse et l'immoralité de la parasitaire et corrompue bolibourgeoisie se traduisent dans les politiques appliquées par le gouvernement actuel de Nicolás Maduro et de ses "conseillers", où nul sans doute ne décide UNE MANIFESTATION AU VÉNÉZUELAmoins que lui, et a fortiori que le Peuple. Les licenciements massifs exécutés par les entreprises privées et couverts par le gouvernement, les "ajustements" de prix au bénéfice des entreprises et au détriment des plus pauvres, la protection offerte aux mafias qui ont pillé notre Nation au travers de la CADIVI [Commission d'Administration des Devises règlementant les changes NDLR] et aux fonctionnaires corrompus qui se succèdent aux plus hautes charges gouvernementales, ajouté aux assassinats sélectifs de leaders sociaux révolutionnaires qui s'élèvent à 400 morts ces 15 dernières années, font partie des "politiques" que la bourgeoisie réserve à nous le Peuple, nous qui encore et toujours pleurons les morts et demeurons les exploités, les vilipendés, ceux dont on dénature ce qui a été obtenu par notre travail honnête : les pauvres couillons de toujours !

    Le Peuple pauvre a toujours offert son sang en défense du Gouvernement bolivarien, et aujourd'hui Maduro et son cabinet s’assoient pour pactiser avec les éternels ennemis de ce Peuple souffrant, avec les maîtres d’œuvre des actes terroristes appelés "guarimbas" [occupations fascisantes des rues par des groupes de droite radicale, façon Ukraine] : Venamcham, Fedecámaras, Consecomercio, Conindustria, Fedeagro, Association Bancaire, partis de droite et d'ultra-droite regroupés dans la MUD, et y compris l’Église catholique.

    Et nous autres, le Peuple ? "Bien, merci" : dehors, victimes de leurs "mesures" économiques, en attendant qu'ils nous convoquent à la prochaine marche ou élection, ou a sacrifier notre vie en défense de leurs privilèges et de leurs postes au gouvernement.

    Les Guarimbas : contexte voulu et préfabriqué

    C'est à cette réalité préfabriquée par ces deux classes bourgeoises, la traditionnelle et la gouvernementale, que les "guarimbas" ont offert le contexte idéal servant d'excuse pour qu'une caste au sommet de l’État trahisse le Peuple pauvre au bénéfice de ses intérêts élitistes, immoraux et contre-révolutionnaires, dans une diabolique alliance avec ceux qui depuis l'époque de l'indépendance de notre Patrie on réduit le Peuple en esclavage, comme c'est le cas de la bourgeoisie traditionnelle. La Cosiata [rébellion militaire ayant amené à la séparation de la Colombie et du Venezuela NDLR] et le Pacte de Punto Fijo nouvelle édition, réédités et raffinés.

    GuarimbaLes Guarimbas ont été la concrétisation tactique d'une stratégie visant à démonter toutes les avancées du processus révolutionnaire que le Peuple, avec Chávez et le Gouvernement bolivarien, avait pu arracher. Contrairement à ce que le Peuple a pu initialement penser que visaient ces actes terroristes (une guerre civile à l'initiative de l'ultra-droite, ou assassiner sélectivement des personnes de toutes tendances politiques entre les mains des propres fonctionnaires de la police politique du gouvernement comme dans le cas de Bassil et "Juancho"), ils n'avaient en réalité (et les ont atteint) que deux objectifs : d'un côté, neutraliser l'activité révolutionnaire du mouvement populaire et obtenir l'appui de celui-ci au gouvernement ; et de l'autre, donner un sentiment de victoire à la classe moyenne d'opposition lorsque lui seront appliquées les mesures économiques qui même à elle sont préjudiciables. Le plan parfait au bénéfice des ennemis du Peuple...

    Chávez est mort... ou ils l'ont assassiné ?

    En réalité, la question exacte que nous devrions poser serait : qui l'a assassiné ? Avec certitude, cela doit être des personnes très proches de lui, ayant sa confiance ou, du moins, à qui il était obligé de faire confiance. Le but ? S'emparer du pouvoir politique sur le 5e producteur mondial de pétrole et la première réserve hydrocarbure de la planète : une paille !

    Les pistes sont à chercher parmi ceux qui s'assoient à cette "Table de Discussion" actuelle ou qui composent la "Commission pour la Vérité", au sein des mafias qui se partagent les charges stratégiques au sommet de l’État et des Forces Armées, et surtout parmi ceux qui dictent leurs "conseils" en matière économique, contraires à la vision révolutionnaire et populaire du  Comandante, et qui appliquent les dernières mesures politiques antipopulaires en faveur de nos ennemis de classe, ce qu'est la bourgeoisie.

    boliburguesia 2Ceux-là, les assassins de Chávez, sont les mêmes qui ont assassiné des centaines de dirigeants populaires révolutionnaires, exécutés sélectivement au cours des 15 années du Gouvernement bolivarien, et que protège aujourd'hui ce gouvernement maduriste (soi-disant chaviste et révolutionnaire) sous la tutelle de l'impunité et l'ombre de la trahison.  Ce sont les mêmes pour qui les cadres moraux, éthiques, efficaces dans leur gestion publique et surtout loyaux aux principes révolutionnaires sont gênants, qui s'échinent à les disqualifier et à les étiqueter de "radicaux", "ultras", "politiquement inconvenants"... jusqu'à ce qu'ils meurent au final dans d'étrange circonstances, comme récemment le camarade Eliécer Otaiza [compagnon de la première heure de Chávez depuis la tentative de "révolution militaire" de 1992, ex-chef de la police d'investigation et retrouvé assassiné fin avril NDLR].

    La Révolte populaire doit reprendre

    Le mouvement populaire doit être vigilant devant cette réalité peu enthousiasmante. Le gouvernement, qui sous Chávez était un allié dans le processus révolutionnaire (impulsé depuis bien avant la victoire présidentielle de 1998), s'est retourné avec Maduro en faveur des intérêts de la bourgeoisie. Le "Changement de Cap", ils l'ont effectué mais vers la droite, et dans le dos du Peuple.

    Le drapeau de la morale révolutionnaire, populaire et anti-bourgeoise a été abaissée par le gouvernement. Ils nous ont vendu pour maintenir leurs privilèges, leur nouveau mode de vie bourgeois, fondé sur la corruption et l'extorsion des richesses du Peuple.

    Puissants et sans scrupules sont les ennemis du Peuple, et ils sont autant à l'extérieur qu'à l'intérieur du gouvernement actuel :

    patria socialismo o muerteÀ l'intérieur du gouvernement, tous ceux qui ont adopté la culture de la bourgeoisie et partagent ses privilèges, qui se sont enrichis par la corruption ou qui ont utilisé leur influence au bénéfice de la bourgeoisie et contre les intérêts du Peuple, sont tout simplement des traîtres envers le Peuple et nos ennemis de classe. On les reconnaît à leur nouveau style de vie opulent. Il suffit de savoir d'où ils viennent pour mesurer tout ce qu'ils ont obtenu en volant.

    Et puis, dans nos traditionnels ennemis hors du gouvernement nous avons : les mercenaires étrangers, certains secteurs des polices métropolitaines [les flics dépendent généralement des pouvoirs municipaux au Venezuela NDLR], du CICPC [police d'investigation criminelle] et du Sebin [Servicio Bolivariano de Inteligencia Nacional - contre-espionnage] recrutés par la contre-révolution, les militaires golpistes et corrompus,  la délinquance en col blanc, la hiérarchie catholique et ses appareils de reproduction idéologique (écoles, universités, fondations, Conférence épiscopale et partis comme le Copei et Primero Justicia), les universités privées de droite, les think thanks contre-révolutionnaires parmi lesquels le Cedice, le Cipe, la NED, l'Usaid, le Faes espagnol, la Fondation Internationale pour la Liberté, l'Institut Cato et la Fondation Friedrich Neuman, l'ILDIS, le Cendes de l'UCV, le Groupe La Colina de Teodoro Petkoff et compagnie, l'appareil économique bourgeois regroupé dans Venamcham, Fedecámaras, Consecomercio, Conindustria, Fedeagro, l'Association Bancaire, les médias de communication diffusant la culture capitaliste et impérialiste (Venevisión, Globovisión, Televen et les chaînes de Radio associées, entre autres), les ONG contre-révolutionnaires dirigées et financées par les États-Unis ainsi que les groupes d'investigation contre-révolutionnaires comme les Mormons et les Témoins de Jéhovah.

    Un nouveau et difficile défi se présente à nous : briser le silence, en finir avec cette attitude soumise aux "directives" du gouvernement et retrouver notre caractère belligérant, rebelle, radicalement révolutionnaire et populaire.

    Pour cela nous devons unir le Peuple, unir tous les éléments politiques, idéologiques, économiques, sociaux, moraux, militaires et culturels de caractère authentiquement révolutionnaire, et nous préparer pour la lutte éminemment nécessaire dans tous les domaines : politique, économique et militaire. Ainsi, oui nous sommes convaincus de suivre la voie de Guaicaipuro et de nos frères indigènes en résistance, de Bolívar et de nos libérateurs, et de Chávez dans la construction du Pouvoir populaire.

    combattants-erpComment cela ? Au moyen de l'articulation organisative, de la formation de cadres révolutionnaires, de la diffusion massive des valeurs révolutionnaires ; en créant des unités économiques autonomes pour la production de ressources et l'autosuffisance ; et en parvenant à construire une véritable ARMÉE DU PEUPLE en armes qui soit en capacité de mener une guerre de basse intensité et non-conventionnelle en défense de notre souveraineté [!!!].

    Les choses sont simples : tout ce qui bénéficie à la bourgeoisie nous préjudicie à nous le Peuple. Et tout ce qui bénéficie à nous le Peuple leur préjudicie à eux, la bourgeoisie.

    Pour la défense du Peuple et de Notre Processus Bolivarien.

    Avec Bolívar et Chávez : en avant !

    Du Venezuela, Terre de Libérateurs, à 522 ans du début de la Résistance anti-impérialiste en Amérique et à 204 ans du début de Notre Indépendance,

    Coordinadora Simón Bolívar - Révolutionnaire, Solidaire, Internationaliste, Indigéniste, Populaire et Socialiste.

    ******************************************************************************************************

    Nous avons là sous les yeux exactement ce que nous avons (pré)dit et répété depuis les tous premiers débuts de Servir le Peuple, après notre rupture avec une certaine "action" "antifasciste" précisément sur ce thème des régimes "bolivariens" d'Amérique latine : pourrissement "centriste" du "processus" et rupture avec ses élites réformistes des forces révolutionnaires authentique, reprenant le sentier de la lutte... Nous continuerons à suivre les évolutions de tout cela de très près, dans ses développements positifs et ses échecs que nous ne souhaitons pas mais qui sont inévitables. Pendant ce temps-là, une poignée de sectouilles ultra-gauchistes aura préféré faire du maoïsme sur la Lune, s'égosillant après le "fascisme de Chávez" et en incantations à une "Guerre populaire jusqu'au communisme" dont n'existait pas l'ombre d'une condition concrète ni d'un Parti maoïste pour la diriger, s'épargnant ainsi de déplorer quelque échec... et de célébrer quelque succès que ce soit ; le Peuple vénézuélien (ou bolivien, hondurien etc.) n'ayant rien d'autre à faire qu'attendre que l'Esprit Saint maoïste descende sur sa tête, et en attendant, "qu'il crève" sous son "fascisme" bolivarien ou "mieux" encore, sous les balles d'un "soulèvement" ("antifasciste", si l'on va au bout du raisonnement) contre celui-ci.

    Le premier texte (celui du MGR), dans le continuité de celui que nous avions déjà traduit il y a quelques mois, tout en "préservant" la figure de Chávez peut-être un peu trop au goût de certain-e-s, analyse correctement le "processus bolivarien" et son caractère ni révolutionnaire ni socialiste dès le départ, débutant comme une sorte de social-libéralisme à la Blair ou Lula puis se radicalisant à la fois sous la pression populaire et en réaction à la résistance de la vieille oligarchie, mais retombant (et ne pouvant QUE retomber) comme un soufflé à partir de la fin des années 2000, du fait de n'être en fin de compte qu'un keynésianisme de rente pétrolière, jusqu'à sa liquidation à l'ordre du jour aujourd'hui : tout cela est exactement l'analyse que nous avons pu avoir jusqu'à présent.

    Le deuxième texte personnalise beaucoup plus la question et fait clairement de la mort de Chávez (probablement criminelle selon eux) une césure politique. Mais là encore : il faut comprendre la situation particulière du Venezuela avant de déblatérer. Si l'on prend le Brésil ou l'Argentine, par exemple, il est très clair que dans ces pays depuis 2003 "tout a changé pour que rien ne change", si l'on fait abstraction de l'amélioration aussi "normale" qu'inégalitaire du niveau de vie permise par la croissance capitaliste (très forte dans les années 2000). Au Venezuela, en revanche, la sensation de changement a été bien réelle, immédiate et concrète dans les années 2000, sur le plan 1°/ des conditions de vie des masses et 2°/ (surtout) du sentiment de PROTAGONISME populaire (sentiment d'avoir "voix au chapitre" dans l'ordre social existant et les décisions qui le gèrent). C'est cela que le gouvernement Maduro est en train de démanteler aujourd'hui, autour d'une table avec le patronat et la droite "modérée" et sous la pression de la droite "ultra" dans la rue... et c'est là-dessus qu'il est possible et qu'il FAUT mobiliser les masses du Peuple pour la lutte révolutionnaire.

    Chávez gît aujourd'hui six pieds sous terre. Le bilan de ses 14 années de pouvoir est fait de positif et de négatif, d'ombres et de lumière ; mais le principal reproche qu'on peut lui faire est d'avoir été un facteur de confusion dans le camp populaire : il n'était clairement pas communiste, pas marxiste au sens que nous donnons à ce terme ; il est difficile de dire s'il était réellement et sincèrement révolutionnaire... mais ce qui est certain, c'est qu'il était le seul dirigeant "bolivarien" à pouvoir sérieusement le faire croire aux masses. Pas un seul autre n'avait même le semblant de sa crédibilité comme "révolutionnaire". Et donc, sa "révolution" reposant sur des conceptions erronées (peu importe la force avec laquelle il y croyait lui-même), il contribuait à semer la confusion dans les esprits populaires sur ce qu'est réellement une révolution et le socialisme. Mais à présent qu'il n'est plus, ce pouvoir de nuisance confusionniste l'a suivi dans la tombe. Quel problème y aurait-il, dès lors, à ce que les masses vénézuéliennes militantes avancées en fassent leur "Commandant éternel du Peuple" (ignoblement trahi par ses successeurs qui d'ailleurs l'ont certainement assassiné) sur de grandes peintures murales, du moment que cela sert une mobilisation dont les agissements et les conceptions peuvent évoluer et s'agencer petit à petit pour, si les "dieux" matérialistes dialectiques le veulent bien et (surtout) si un Parti au minimum marxiste-léniniste agit en ce sens, devenir une Guerre populaire et une Révolution démocratique anti-impérialiste puis socialiste ? Peut-être que certaines personnes, basant leur "matérialisme" sur les écrits du sioniste Sternhell, nous rétorquerons que "c'est du mythe mobilisateur à la Sorel" ; nous répondrons comme à l'accoutumée que nous n'en avons cure, vu ce que l'avis de "communistes" soutenant hier Sarkozy et aujourd'hui Manuel Valls nous importe...

    Nous avons parlé du Brésil et à ce sujet il faut dire les choses clairement : vu les conditions concrètes et vu l'existence et l'importance d'un mouvement maoïste dans ce pays (Cebraspo, Mouvement étudiant populaire-révolutionnaire MEPR, Ligue Ouvrière et Ligue des Paysans pauvres, journal A Nova Democracia, Front révolutionnaire de Défense des Droits du Peuple FRDDP etc. etc.), il est impossible qu'une Guerre populaire prolongée n'y éclate pas avant la fin de la décennie ; pas besoin de s'appeler Mme Irma. Contrairement, en effet, à ce que croient les maîtres bourgeois de ce monde, ce n'est pas une simple question de renseignement et de basse police pour débusquer et éliminer les "groupes radicaux", mais une question que là où il y a oppression il y a tôt ou tard résistance et que là où il y a résistance, il y a tôt ou tard une avant-garde organisée qui en prend la tête et il y a révolution. Cette Guerre populaire irradiera bien sûr comme un "phare" sur tout le grand continent américain en lutte, pouvant et DEVANT devenir le point de ralliement de toutes les luttes et guérillas révolutionnaires d'ores et déjà existantes (mais de niveau politique évidemment moindre) : EPP du Paraguay et EPR du Mexique, Mapuches du Chili et mineurs boliviens, résidus des grandes guérillas révolutionnaires passées en Colombie et au Pérou, etc. La résistance populaire vénézuélienne contre la liquidation des conquêtes du "processus" aurait naturellement toute sa place dans cette nouvelle coordination révolutionnaire continentale.

    De tout cela découle pour le MGR comme pour la Coordination Simón Bolívar une nécessaire conclusion :

    - Étudier et analyser EN PROFONDEUR l'histoire et la réalité actuelle de la construction sociale Venezuela (les travaux du grand communiste péruvien Mariátegui peuvent être un bon point de départ, bien qu'il faille nécessairement les adapter à la différence de pays et d'époque) ;

    - Développer le terreau socio-politique (sympathie dans les masses) et forger l'avant-garde révolutionnaire, le PARTI ;

    - Établir un PLAN GÉNÉRAL DE TRAVAIL pour l'actuelle étape de défensive stratégique révolutionnaire (les deux textes l'évoquent déjà rapidement dans les derniers paragraphes) ;

    - Lancer, enfin, la GUERRE  RÉVOLUTIONNAIRE DU PEUPLE ; le moment propice pouvant être celui (inéluctable) du retour effectif de la droite "néolibérale" au pouvoir [ceux qui délirent sur la Guerre populaire au Pérou se gardent bien de dire que le Parti communiste de Gonzalo a attendu, pour la déclencher, le triomphe du "néolibéralisme" avec la Constitution de 1979 et le retour au pouvoir de Belaúnde Terry, sachant pertinemment que sous le régime militaire réformiste de Velasco Alvarado (1968-75) les conditions n'étaient pas favorables] ; à moins que la liquidation maduriste du "processus" ne revienne strictement au même d'ici quelques années.


      En avant avec toutes les forces de l'Histoire !


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  • originalLe Front National est donc arrivé en tête des élections européennes avec près de 25% des suffrages (envoyant par conséquent le plus gros contingent d'élus tricolores au Parlement de Strasbourg, 24 a priori), suivi de l'UMP (20,8%, perdant 850.000 voix) et du Parti "socialiste" au-dessous de la barre des 14% (son plus mauvais score jusque-là, en 1994, lorsque Mitterrand lui-même avait torpillé la liste conduite par Rocard avec la candidature Tapie). "Séisme politiiiique" se sont écriés toute la soirée d'hier, et s'écrient encore aujourd'hui les commentateurs politiques sur tous les médias.

    Nous nous bornerons à renvoyer ici à notre analyse au lendemain des municipales : http://servirlepeuple.over-blog.com/article-elections-municipales-du-23-mars-2014-premieres-analyses-123081886.html  et
    http://servirlepeuple.over-blog.com/article-municipales-second-tour-123167985.html ; à laquelle il n'y a pas une ligne à modifier ni ajouter. Exactement les mêmes réflexions sont valides pour toutes les forces politiques et les classes sociales en présence (une carte interactive est disponible ici) :

    1°/ Comme nous l'avions annoncé avant même que cela commence (fin 2009), le FN a rejoint le mainstream des "droites populistes" européennes (Ligue du Nord italienne, Vlaams Belang, FPÖ, PVV de Geert Wilders etc. avec lesquels il pourrait envisager de former un groupe sur la base de l'Alliance européenne pour la Liberté déjà existante) et apparaît de plus en plus comme une force politique "normale" et "de proposition". Les européennes, depuis 1999 en tout cas, ne le voyaient pas réaliser de très bons scores (5,7% + 3,3% pour Mégret cette année-là, 9,8% en 2004, 6,3% en 2009) et il était très souvent talonné voire dépassé, dans un scrutin réputé "pour gens sérieux", par des listes supposées porter plus efficacement la "voix souverainiste" à Strasbourg (Pasqua-Villiers en 1999[1], De Villiers en 2004 etc.) : cela est terminé, les listes "Debout la France" de Nicolas Dupont-Aignan ne dépassent pas les 4% et celles de l'UPR de François Asselineau plafonnent à 0,4%. C'est désormais le FN qui porte la voix de la "France de droite qui veut moins d'Europe" ; voix de quelques 5 millions et demi de personnes (FN + DLF de Dupont-Aignan et Jamet + UPR d'Asselineau) contre un peu plus de... 2,2 millions (FN + Libertas de De Villiers et Nihous + DLR de Dupont-Aignan) en 2009. L'électorat FN est un électorat mobilisé et même le seul à l'être réellement dans cette élection marquée par un abstentionnisme élevé (57,6%, en léger recul d'1,8 points toutefois) ; phénomène que l'on avait déjà pu observer à la présidentielle 2002, dans un contexte similaire de gauche bourgeoise au pouvoir... et en faillite. De fait, les quelques 3,6 millions de voix gagnées par le Front National depuis 2009 ne peuvent tout simplement pas s'expliquer par un simple jeu de "vases communicants" : l'UMP ne perd "que" 800.000 voix dont une bonne partie s'est sans doute (aussi) tournée vers le centre (UDI-Modem, qui progresse de 400.000), les autres souverainistes de droite (Dupont-Aignan, UPR) ne reculent que de 330.000 voix par rapport à Libertas et déjà Dupont-Aignan il y a 5 ans, le Front de Gauche semble avoir endigué l'hémorragie de voix communistes et progresse même légèrement, le PS perd moins de 200.000 voix et les écologistes plus d'un million mais il est peu probable que ces personnes se soient tournées vers le FN, tandis que la liste social-démocrate "Nouvelle Donne" en récupère plus d'un demi-million etc. La réalité, c'est que Marine Le Pen a sorti en 2012 des millions de personnes de l'abstention et a encore extraordinairement réussi à les y arracher deux ans plus tard, aux municipales et à ces européennes, où le FN retrouve 73% de ses 6,4 millions d'électeurs du premier tour de la présidentielle contre 40% pour l'UMP, 26% pour le PS, 31% pour le Front de Gauche etc. etc. Il reste toujours un net clivage sociologique (classes populaires vs "aisés-diplômés") et de territoires sociaux ("centres" vs "périphéries") avec les partis bourgeois "républicains" et pro-européens, mais celui-ci tend à se réduire un peu plus à chaque élection, même si dans les analyses sociologiques a posteriori (forcément, puisqu'à la sortie des urnes on ne peut pas savoir qui a déposé tel ou tel bulletin) les personnes de classe populaire qui auront voté FN pour "dire merde à tous ces cons" le revendiqueront plus facilement... que les personnes de classe plus aisée qui auront véritablement voté pour leurs intérêts de classe !

    2°/ Il prend place dans le dispositif de montée du fascisme dans l’État français, sans que l'instauration de celui-ci ne signifie forcément l'élection de Marine Le Pen à la présidence de la République : bien au contraire, l'instauration du fascisme (dictature terroriste ouverte de la bourgeoisie) en fRance pourrait très bien se présenter comme la "dernière chance de la Républiiiique" contre cela, au même titre que Vichy (1940) se présentait comme un "moindre mal" par rapport à une occupation nazie pure et simple avec gauleiter, ou De Gaulle (1958) comme un "rempart" aux tentations de putsch militaire venues d'Alger. De fait, dans les pays (Flandre belge, Italie, Pays-Bas) où les "droites populistes" faisaient de gros scores à la fin des années 2000 (époque des dernières élections européennes) mais où "le message a été entendu" depuis en termes d'exigences politiques réactionnaires, ces forces sont en net recul d'après les premiers résultats (1-2) ; comme cela avait d'ailleurs été le cas ici entre 2002 et 2011, après le précédent "séisme politiiiiique" du 21 avril 2002 et avant l'effrayant regain "bleu Marine" des trois dernières années. Suite aux municipales nous avons eu droit à Valls, mais cela n'a manifestement pas suffi à la fraction la plus agressive du Grand Capital (bourgeoisie monopoliste) qui semble vouloir totalement et promptement (au moyen d'une dissolution par exemple...) effacer "l'erreur de casting" de l'élection de Hollande à la présidence, causée par la politique trop centriste et "zigzaguante" du quinquennat Sarkozy-Fillon. Soyons clairs : il n'est pas "exclu" que le FN arrive au pouvoir par les urnes en 2017 ou 2022, ou même avant dans le cadre d'une élection anticipée après une démission présidentielle et/ou une dissolution de l'Assemblée nationale ; mais il est beaucoup plus probable qu'une crise de régime majeure éclate à l'occasion ou en dehors d'une telle échéance et que le régime d'offensive réactionnaire ouverte contre le Peuple (peut-être bien "d'union nationale"...) qui se mettrait alors en place le présente justement comme le "pire" qui aura été "évité"... "évité" "grâce" à la mise d'à peu près toutes ses idées au pouvoir sauf peut-être (et encore) sur l'Europe ; un programme qui pourrait ressembler à celui d'un Dupont-Aignan ou d'un Philippe de Villiers. D'ailleurs, en parlant du vicomte du Puy-du-Fou et ne perdant pas de vue l'hypothèse d'un "coup de force" appuyé par les militaires, son tout aussi national-catholique frangin Pierre a été nommé chef d'état-major des armées en janvier dernier par Jean-Yves Le Drian (dans un tragique remake de Salvador Allende ?)... Voilà qui a de quoi donner le frisson !

    Autrement dit : le FN et ses scores impressionnants font partie du dispositif tout autant que ceux qui hurlent au loup et qui, pour ceux qui se prétendent "révolutionnaires", plutôt que de se remettre en question et de chercher les "clés" d'une mobilisation révolutionnaire des masses contre la crise générale capitaliste, se jettent dans les bras de la "Républiiiiique" à défendre contre le "fasciiiiisme" via (notamment) les "valeurs" éculées d'une "gauche militante" petite-bourgeoise et "blanche" ("centrale" dirions-nous pour notre part). Innombrables ont été les occasions (émeutes de 2005 ou 2007, question des personnes musulmanes, "affaire" ceci ou cela) de voir que sur le plan démocratique ("libertés publiques", idéologie policière, toute-puissance des "dépositaires de l'autorité" bourgeoise, répression des luttes, racisme, patriarcat, haine des "classes dangereuses") le FN ne fait finalement que dire tout haut ce que beaucoup de "républicains" pensent tout bas et vouloir ouvertement et à grande échelle ce que le partis "républicains" font déjà en catimini et "chirurgicalement" (si l'on peut qualifier de "chirurgical" un coup de flashball dans l'œil, mais bon) ; que sur le plan économique il se débat au même titre que les autres entre la nécessité d'assurer une certaine "protection" et "cohésion" sociale et la nécessité pour le Capital d'écraser ses coûts de production, les fameuses "charges sur les entreprises" ; qu'entre lui et l'UMP (pour ne pas dire "et même certains éléments du PS"...) n'existe finalement de clivage que sur la question de l'Europe ; bref qu'il n'est en aucun cas l'antithèse d'une "parfaite" "République fille des Lumières" mais bien et simplement "l'enfant terrible" d'un système structurellement exploiteur, antipopulaire et raciste. Ce qui est certain c'est que l'heure est à la mobilisation populaire antifasciste, mais que la montée du Front National et des idées Couv Valeurs actuultra-réactionnaires et fascisantes en général (est-il certain, par exemple, qu’un Éric Zemmour ait voté FN ?) ne sera pas arrêtée par un "antifascisme" qui considère comme le nec plus ultra de taper sur l'islam et de traquer "l'antisémitisme" de ceux qui dénoncent le régime colonial d'apartheid sioniste, de ressasser éternellement et sans se poser de questions les mêmes "valeurs progressistes" petites-bourgeoises républicardes à la Caroline Fourest (islamophobe) ou Françoise Morvan (grande pourfendeuse du "régionalisme"), etc. etc... surtout lorsque l'enquête d'une journaliste infiltrée pendant 8 mois au FN (de mai 2011 à janvier 2012, en pleine "mutation mariniste") révèle que "l'islamophobie est le ciment de 99% des militants frontistes", "les gens (étant) au Front national essentiellement parce qu'ils sont contre les musulmans" ! (voir aussi ici)

    3°/ L'abstention a légèrement reculé par rapport à 2009 mais reste forte (57%), d'autant plus que l'on s'éloigne (en termes de territoires sociaux) des Centres pour aller vers les Périphéries, quoique les périphéries rurales aient tendance à bien voter (et pas forcément pour le FN et autres forces anti-UE, dans les territoires marqués par la démocratie chrétienne par exemple, comme on peut le voir sur la carte avec la grosse tache bleue ciel UDI-Modem de Jean Arthuis en Mayenne, ou encore dans la campagne béarnaise sur les "terres" de François Bayrou) : tout cela a déjà été analysé au sujet des municipales et bien qu'ayant, pour ces élections, appelé au boycott actif et militant (nous essaierons de publier très vite des news à ce sujet), nous ne voyons pas matière à triomphalisme dans ces "scores" abstentionnistes (au sujet de l'abstention et de sa stigmatisation - mais c'est également valable pour sa sacralisation - voici un excellent petit texte paru sur Facebook).

    4°/ Non seulement le PS réalise son plus mauvais score historique à ce scrutin (bien qu'en termes de voix il ne recule "que" de 190.000 électeurs en cinq ans), mais c'est aussi le plus mauvais total des "gauches" de tous les temps : le PS, le Front de Gauche (qui progresse toutefois de 137.000 voix par rapport à 2009), EELV (qui en perd par contre plus d'un million) et les keynésiens de "Nouvelle Donne" (Pierre Larrouturou, 550.000 suffrages) réunis franchissent à peine la barre des 30% ! De fait, au niveau continental, nous sommes bel et bien face à la crise terminale du social-libéralisme bourgeois, qui avait pu sembler hégémonique autour de l'an 2000 (avec 11 gouvernements de l'Union sur 15), après la crise de la social-démocratie proprement dite dans les années 1980-90. Là où il est dans l'opposition face à une droite "austéritaire" qui a dévasté le pays, comme en "Espagne" ou au Royaume-"Uni", il ne parvient même pas à remporter le scrutin : il reste derrière ladite droite dans le premier cas (les deux reculant tandis que progresse notamment la "gauche de la gauche") et ne la devance que de très peu (25,4% contre 23,9%) dans le second (l'autre grande et même ex-première puissance mondiale de l'UE, qui n'est pas certaine d'avoir besoin de Bruxelles pour exister...) tandis que caracole en tête l'UKIP de Nigel Farage (27,5%, 4,3 millions de voix et 24 sièges !), équivalent du FN bien que ne souhaitant pas d'alliance avec lui en raison du "passif antisémite" de l'ère Jean-Marie [de fait, de tous les États membres la configuration d'outre-Manche est la plus voisine de la nôtre, avec un social-libéralisme travailliste en "meilleure" forme apparente mais moins concurrencé sur sa gauche - le total des "gauches" est assez comparable]. En Italie où il est au pouvoir (mais, avec Matteo Renzi, sur une ligne concrètement de centre-droite... voire pire), il arrive nettement en tête (~ 40%) mais reste suivi par le Mouvement 5 Étoiles de Beppe Grillo (21%, en léger recul par rapport aux législatives de 2013) qui sans être catégoriquement classable à l'extrême-droite est l'équivalent du Front National pour le côté "merde au système". Même au "pays de l'européisme", en Allemagne, où la participation progresse de 5 points et les sociaux-démocrates gagnent 1,5 millions de voix (tout en restant derrière la droite CDU-CSU), l'évènement majeur est surtout l'apparition d'un fort courant eurosceptique de droite avec plus de 2 millions de voix et 7 élus pour l'Alternative pour l'Allemagne, tandis que reculent brutalement les Verts et les libéraux-démocrates (champions de l'idée européenne). Pire encore, avec plus de 300.000 suffrages, le pays envoie à Strasbourg son premier (et l'un des rares) euro-député ouvertement néo-nazi, Udo Voigt du NDP. Face au sentiment d'être une "fourmi parmi les cigales", l'hégémonie absolue de l'idée d'une Europe "tout bénéf" pour l'Allemagne semble avoir fait son temps. On peut imaginer aussi, bien que Berlin ait été en pointe dans la récente déstabilisation réactionnaire de l'Ukraine, qu'une fraction conséquente de la société capitaliste s'inquiète d'une diplomatie européenne trop franco-anglo-saxonne (atlantiste) et agressive envers la Russie, qui fournit au pays 35% de ses besoins en gaz et pourrait bien "fermer les robinets" en représailles. La "droite populiste" du Parti populaire arrive également en tête au Danemark (26,6%, +11%) devant le social-libéralisme (19%) et progresse très fortement en Autriche (FPÖ, près de 20%, +7%), se remettant de la scission du BZÖ de feu Jörg Haider en 2005 (désormais anéanti avec moins de 0,5%), derrière un SPÖ qui stagne et une droite conservatrice (ÖVP) qui recule de 3 points (les deux partis gouvernent en "grande coalition" depuis 2008). Aux Pays-Bas le PVV de Geert Wilders reste troisième (derrière les libéraux et les chrétiens-démocrates) tout en reculant de 3,5% par rapport à 2009 ; mais ce n'en est pas moins une cuisante débâcle pour la gauche "socialiste" (social-démocrate) et travailliste (social-libérale) qui totalise à peine 20%, la première étant même légèrement (de 11.000 voix) devant la seconde, gagnant les 2,5% perdus par cette dernière. Nous voyons donc que le "séisme" hexagonal est loin d'être un phénomène isolé sur le continent... À l'arrivée cependant, au niveau continental, malgré une extrême-droite en tête en France, en Grande-Bretagne ou encore au Danemark et malgré un recul notable presque partout ailleurs ce sont tout de même les conservateurs du PPE qui remportent nettement le scrutin avec 221 sièges, flanqués des ultra-libéraux fédéralistes de l'ADLE (66 élus) et des conservateurs plus eurosceptiques de l'AECR (autour des Tories d'outre-Manche, 68 députés), pour mettre en œuvre tout sauf cette "Europe sociale" sur laquelle fantasment les soc'dems et autres soc'libs. Cela confirme ce que nous disions déjà à l'issue des municipales : lorsque l'extrême-droite et le "populisme" montent, lorsque le "fond d'ambiance" est celui-là, À QUI PROFITE LE CRIME ? La seule différence étant que le scrutin à un seul tour, comme d'ailleurs le sentiment répandu (et pas infondé) que le Parlement européen ne sert à rien et que l'on peut donc se "faire plaisir", favorise le "lâchage" électoral (pas de phénomène "vote utile") et empêche d'observer les grandes tendances de reports de voix au second tour.

    Rares et petits sont les pays (Portugal, Suède) où le social-libéralisme remporte nettement la mise face à la droite dans une configuration "classique". Et loin de profiter de cela, les gauches "radicales" ou écologistes qui en sont les "critiques de service" le suivent dans sa chute, à l'exception notable de l'"Espagne" (on l'a dit) et de la Grèce où Syriza triomphe avec 27%, suivie de la droite conservatrice (22%) et des néo-nazis d'Aube Dorée (9,5%), le PASOK étant rayé de la carte politique avec environ 8%.

    5°/ Nous reviendrons ultérieurement sur les résultats dans d'autres États multinationaux ; mais dans l’État français les scores des listes d'affirmation des Peuples niés sont (comme il fallait s'y attendre) mineurs, avec des exceptions localisées : ce sont les zones en gris sur la carte interactive. La liste Régions et Peuples solidaires de François Alfonsi (sur une ligne centriste) est ainsi en tête, parfois avec 50% voire plus, dans la plupart des communes rurales corses ; tandis qu'en Bretagne la liste "Nous te ferons Europe !" du "bonnet rouge" Troadec (identiquement classable) triomphe sur ses terres du Poher, à la croisée du Finistère, du Morbihan et des Côtes d'Armor (lire une analyse ici), mais cela donne 3% et aucun élu au niveau de la circonscription - la liste R&PS de l'UDB Christian Guyonvarch plafonnant quant à elle à 2,4% (1% sur la circonscription). Au Pays Basque la liste ("Régions et Peuples solidaires" également) dirigée par le PNV-EAJ Jean Tellechea est souvent en deuxième position derrière l'UMP dans l'arrière-pays labourdin et/ou derrière EELV (José Bové, qui soutient également ces affirmations populaires) en Basse-Navarre et en Soule, parfois en tête dans certaines communes, mais ses scores sont nettement plus médiocres sur la côte (5e ou 6e position) avec souvent un FN deuxième voire premier. Enfin bon, on dira que c'est peut-être un thermomètre, mais nullement une référence (et cela donne à l'arrivée 0,25% sur la circonscription). L'Occitanie n'offre pas de meilleurs scores aux "régionalistes" (0,75% au total pour Alfonsi sur le "Sud-Est", 0,02% pour Bernard Vaton en "Massif central-Centre", 0,03% pour la PNO Martine Gros dans le "Sud-Ouest") et abrite comme d'habitude à la fois les meilleurs résultats hexagonaux du Front National (en Provence, Languedoc ou vallée du Rhône, globalement comparables aux municipales) et de notables poches de résistance (voir carte) plaçant la gauche ou EELV en tête dans le Limousin, en Gascogne et dans les Pyrénées, dans le sud du Massif central (de l'Aveyron à l'Ardèche en passant par les Cévennes) ou dans les Alpes. En comparaison et hors Bretagne, Mayenne, Poitou et banlieue parisienne, que la moitié nord de l'Hexagone apparaît bleue nuit, la nuit du fascisme qui avance inexorablement ! Mais il s'en trouvera quand même pour nous sortir qu'avec nos "délires identitaires" et nos "nations inventées de toute pièce" (ou inventées par des kollabos de la dernière guerre, autre variante) nous serions l'antichambre de l'Enfer nazi...

    Pas plus qu'au niveau hexagonal [0,4%, 75.000 voix contre 840.000 en 2009 (!), dépassé même par Lutte Ouvrière qui reste stable avec 1,2% soit un peu plus de 200.000 voix], la liste NPA-Breizhistance pour laquelle nous avions levé la consigne générale d'abstention militante ne fait un bon score en circonscription Ouest (0,46%)*, même dans des communes comme Saint-Herblain où elle ne parvient pas à dépasser les 1%. Il est clair que d'une manière générale, seules des personnes engagées quotidiennement dans le militantisme (syndical, démocratique etc.) se sont déplacées pour voter à la gauche du PS, que ce soit FdG, NPA ou LO. Les masses qui se sont déplacées, elles, n'y ont pas vu un canal pour exprimer leur colère ; elles n'ont pas voulu répondre à un appel (avec toutes ses limites) à prendre elles-mêmes leur destinée en main et ont préféré rechercher la protection offerte par l'UMP et le FN ("on va vous protéger", avec des flics bien sûr et "avec de l'Europe" ou "avec de la France" selon le cas)... Le NPA est une force politique en faillite pour avoir prétendu être le Parti révolutionnaire auquel aspirait une grande partie des classes et (surtout) de la jeunesse populaire à l'époque de sa création (2009), recueillant alors près de 10.000 adhésions. Mais cette prétention n'a jamais été assumée ensuite par la "vieille garde" dirigeante trotskyste (dont une bonne partie a au demeurant rejoint Mélenchon depuis), qui a continué à balader encore et toujours ces forces vives des rouges lendemains de défilé pantouflard en réunion soporifique (pour y "discuter" de manière pseudo-"ouverte" et "cool" les mêmes dogmes éculés jamais remis en question) et de réunion soporifique en "devoir" électoral de petit(e) soldat(e) du bulletin de vote (il faut lire leur pathétique appel à "voter malgré tout" à ces européennes) ; tout ceci conduisant à la situation actuelle alors que LO garde (finalement) ses positions d'"état-major syndicaliste dur", bien qu'ayant souffert du départ de Laguiller (et de l'arrivée de Mélenchon) sur le plan "tribunicien". Ce sont là tout simplement les limites du trotskysme (fut-ce dans sa "moins pire" version), idéologie fondée entre toutes sur l'accumulation de forces à travers les "mouvements sociaux" en attendant "l'explosion" qui permette "l'assaut frontal" contre le Pouvoir bourgeois, et non sur la construction patiente et prolongée de la situation révolutionnaire et du Pouvoir populaire ; ces mêmes limites qu'illustre tragiquement le désespoir mortel auquel fut acculé le révolutionnaire conséquent Michel Recanati. Il était tentant de voir en Besancenot le "nouveau Krivine jeune" 35 ans après, mais il était en réalité absolument impossible de réussir en 2009 ce que le LCR avait échoué dans les années 1970 sans avoir justement compris et dépassé ces limites (mais cela serait revenu à rejeter le trotskysme, et pour les trotskystes c'est de toute manière toujours "la faute à" : aux "stals" et aux "mao-stals", aux "réformistes", aujourd'hui "à Mélenchon" sur leur droite et "aux totos qui foutent le bordel" sur leur gauche, etc.). Rien n'est pire en politique que le barouf et la déception qui s'ensuit, ce qui est évidemment très triste pour les nombreux militants sincères de cette organisation, révolutionnaires à qui on ne peut dénier de vouloir sincèrement le communisme. Cela confirme aussi que la voie de la libération ne passe pas par les isoloirs, mais il n'était guère besoin de le démontrer en ce qui nous concerne... Résultat des courses : même l'objectif ultra-modeste de 10.000 voix (!) que s'était fixé la liste en Bretagne n'a pas pu être atteint. Peut-être avons-nous, en voulant avant tout témoigner notre sympathie pour nos camarades au sein de Breizhistance, du SLB, du mouvement pour la réunification de la Bretagne ou contre l'Ayraultport etc., sous-estimé ce qui précède et que même les plus sincères sentiments et volontés révolutionnaires sur la liste n'ont pas réussi à compenser. La faillite du NPA (et malheureusement de toutes les forces persistant à se lier à lui) était aussi inévitable (vu les "vices cachés" de départ) qu'elle est désolante pour le vide politique et le désarroi dans lesquels elle laisse plongée ce que nous considérons (sans hésitation) comme la frange progressiste la plus avancée des masses ; un vide politique qu'il appartient désormais à nous maoïstes de combler, en nous faisant le centre d'agrégation de toutes les luttes populaires et révolutionnaires d'Hexagone. 

    C'est tout de même une déception pour le camarade emprisonné (candidat sur la liste) Enguerrand Delanous, qui aurait pu espérer plus de soutien des masses populaires conscientes de Bretagne (où le mouvement contre l'Ayraultport de Notre-Dame-des-Landes n'est pas rien...) ; mais faut-il s'en étonner lorsque même des pseudo-"maoïstes" qualifient les évènements du 22 février, à l'issue desquels il a été arrêté, de "décomposition politique" ; reflétant là l'état d'esprit d'une partie considérable de la "gauche" "révolutionnaire" francouillasse ?

    Résultats des élections européennes : "séisme politiiiiiique !!!"

    * Un camarade breton nous a transmis les résultats suivants de la liste en nombre de voix : 1.382 en Ille-et-Vilaine, 1.951 en Loire-Atlantique, 1.097 dans les Côtes d'Armor, 1.567 dans le Morbihan et 1.639 dans le Finistère, total voix Bzh 7.636. Dans les autres régions de la circo, "Poitou-Charente" 2.315, autres "Pays de Loire" : Mayenne 302, Sarthe 702, Maine et Loire 957, Vendée 727. La question n'est de toute manière pas "combien" mais "que va-t-on en faire", comment ces personnes qui ont déposé leur bulletin peuvent-elles être mobilisées et organisées pour une Bretagne libre et socialiste, auquel cas 7.600 personnes sur l'ensemble du pays (voire même seulement la moitié) cela fait déjà pas mal !

    Lire ici la réaction de Breizhistance aux résultats : Élections européennes, analyses et perspectives.

      *******************************************

    Post-scriptum :

    Concernant la nouvelle (et sans doute pas dernière) éructation des pseudo-"maoïstes" du 'p''c''mlm' contre "l'extrême-gauche en réalité ultra-gauche" qui "nie le fascisme" (suivie d'une déclaration d'amour au PS), nous avons d'ores et déjà répondu sur tous les points ici : Considérations diverses - 28/04/2014. L'"extrême-gauche" dont ils parlent (et dont nous faisons partie) ne nie absolument pas le fascisme mais au contraire le combat AU QUOTIDIEN, SUR LE TERRAIN et SOUS TOUTES SES FORMES (islamophobe/"anti-remplaciste" comme antisémite/conspi, Zemmour-Finkielkraut comme Dieudonné-Soral), contrairement à eux derrière leur ordinateur et de manière sélective (ce qui n'est pas ouvertement et viscéralement antisémite n'est pas vraiment fasciste, alors que par contre ce qui dénonce la colonisation et l'apartheid sioniste en Palestine l'est un peu "sans le savoir").

    La question n'est pas le refus du Front des progressistes contre le fascisme, mais AVEC QUI construit-on ce Front. Pour nous, l'équivalent actuel de la SFIO est précisément cette "extrême-gauche anarcho-trotskyste", "altermondialiste", "marxiste-léniniste", "post-moderne", "Indigène de la République" ou encore "régionaliste de gauche" qu'ils rejettent comme "anticapitaliste romantique" et "poreuse au fascisme" : des forces qui avec toutes leurs limites appartiennent au Camp du Peuple et soulèvent (parfois voire souvent) des questions auxquelles notre tâche est d'apporter des réponses marxistes, et non de les balayer d'un revers de main comme "petites-bourgeoises". Pour eux... c'est le PS de Valls, Dray, Cambadélis et Filipetti, qui descend effectivement de la SFIO des années 1930 mais n'a plus rien à voir aujourd'hui : il est l'équivalent du PARTI RADICAL de l'époque, qui était l'aile "gauche" de la grande bourgeoisie capitaliste et qui fournira des contingents considérables de collabos à Vichy et au nazisme. Les radicaux (Daladier, Herriot etc.) avaient, certes, fait partie du Front populaire de 1936... pour mieux le torpiller au bout d'un an, et paver la voie au "choix de la défaite" de 1940. Ce n'est pas parce que nous assumons (en ce qui nous concerne) l'héritage historique révolutionnaire du siècle dernier que nous ne devons pas essayer de comprendre et éviter de refaire les erreurs du mouvement communiste de cette époque (que le PCF ne fut pas des moindres à commettre, avec pratiquement la liquidation de toute identité révolutionnaire de classe pour se gagner l'alliance des radicaux "premier parti de France").

    Quant à la thèse (dénoncée) du "fascisme moderne" de nos camarades du PCmF, nous avons déjà expliqué qu'il ne s'agit que d'un CONSTAT DE BON SENS de la situation actuelle et de sa différence avec celle des années 1930 : la bourgeoisie actuelle se voit poser des exigences ultra-réactionnaires par la crise générale du capitalisme (effondrement du taux de profit), mais pas (encore) par un mouvement populaire révolutionnaire puissant. En 1970 le gépiste André Glucksman (également critiqué par le 'p''c''mlm') parlait lui aussi d'un nouveau type de fascisme, différent des années 1930, car la réalité est qu'il y avait un mouvement révolutionnaire puissant, inquiétant le pouvoir pompidolien, mais pas (encore) de grande crise économique. Dans l'Entre-deux-guerre il y avait LES DEUX, une crise extrêmement profonde du capitalisme et des mouvements révolutionnaires puissants, inspirés de surcroît par la victoire bolchévique en Russie, notamment en Italie au début des années 1920 et en Allemagne vers 1930 : c'est ce qui a conduit au fascisme sous sa forme de l'époque, qu'il serait ridicule de chercher à apercevoir aujourd'hui.

    Quand bien même, d'ailleurs, les deux conditions seraient à nouveau réunies, il existe d'autres énormes différences avec les années 1920-30 : ainsi, par exemple, nos sociétés actuelles ne sont pas des sociétés d'anciens combattants marquées par la Grande Boucherie de 14-18. À l'époque, les formations paramilitaires (essentiellement constituées de ces anciens combattants) n'étaient nullement l'attribut exclusif du fascisme : la social-démocratie avait les siennes, le mouvement communiste avait les siennes et les batailles rangées faisant plusieurs morts étaient monnaie courante. Dire qu'il n'y a pas de montée du fascisme parce qu'il n'y a "pas de milices" massives, visibles et organisées militairement est donc une erreur potentiellement lourde de conséquences (pour le coup, c'est plutôt une erreur "ML" ou trotskyste que du 'p''c''mlm'). Ou encore, la première moitié du 20e siècle était (face à la crise générale du capitalisme) l'époque du passage d'un État "minimaliste" et régalien à un État interventionniste dans l'économie et la politique sociale, de l'affirmation d'un "capitalisme à visage humain" (ainsi le capitalisme était-il perçu par les masses allemandes non-juives et non-tziganes à la fin des années 1930 !) fut-ce au prix de la guerre et de l'éradication des "ennemis intérieurs". Au contraire, depuis les années 1970 (nouvelle crise générale) la tendance dominante est plutôt à l'inverse et l'extrême-droite d'aujourd'hui se caractérise par sa grande "schizophrénie" sur ce point, avec son programme mariant allègrement Mélenchon (défense du "modèle social") et Nicolas Baverez (chasse aux "charges sur les entreprises" et au "racket fiscal", à "l'assistanat", aux "profiteurs"  - évidemment avant tout "étrangers" - et aux "fonctionnaires syndicalocrates", etc. etc.), là où le programme économique et social du Parti nazi était au contraire d'une (sinistre mais) grande cohérence (celui du fascisme italien un peu moins)... En bref, si l'on prend le fascisme sous la définition très générale de Dimitrov (dictature du Capital qui "tombe le masque" de la démocratie formelle), on peut alors le trouver sous de très nombreuses formes et pas seulement celle d'un parti d'extrême-droite nationaliste et (ouvertement) xénophobe comme le FN, l'UKIP, l'Aube Dorée ou la Ligue du Nord. Si, en revanche, on le cherche sous les habits et les discours de des années 1930, on risque fort de ne JAMAIS le trouver ou alors, en s'arrêtant au "plus ressemblant", de restreindre considérablement le champ de l'ennemi à combattre (un peu comme si l'Internationale communiste avait combattu les Chemises noires ou brunes, frange visible et activiste du fascisme, sans pointer et combattre le Grand Capital et les manœuvres de l'appareil d’État derrière).

     


    [1] Avec un peu plus de 13% (2,3 millions de voix) cette liste était alors passée devant celle du RPR et de "Démocratie libérale" emmenée par Nicolas Sarkozy, provoquant déjà un "mini-séisme" politique à l'époque... Le Front National venait de scissionner entre Le Pen et Mégret qui recueillirent respectivement 5,69% (1 million de voix) et 3,28% des suffrages (un peu moins de 600.000). S'y ajoutait également une autre "surprise" : la très droitière et eurosceptique liste CPNT de Jean Saint-Josse (6,77%, environ 1,2 millions de voix), de base géographique plutôt ouest-occitane ("Sud-Ouest") et violemment opposée aux positions anti-chasse et européistes de Verts, qui firent également un bon score (9,72%) avec Daniel Cohn-Bendit (dans le "Sud-Ouest" c'était typiquement un clivage "bipèdes"/"chevreuils", les intéressés comprendront). Au total, si l'on additionne, cela faisait tout de même (avec un million de votants en moins que cette année) quelques 28,8% (!) et plus de 5 millions de voix pour les forces eurosceptiques/europhobes à la droite de l'actuelle UMP... ce qui n'est pas rien ! C'est en 2004 (dans les 3,3 millions de voix en totalisant FN, De Villiers, CPNT, RPF, MNR etc.) et en 2009 (2,2 millions en additionnant FN, Libertas et "Debout la République") que la baisse, en revanche, avait été sensible ; mais le scrutin de 2014 n'a finalement fait que ramener au niveau de 1999. La différence aujourd'hui est que le FN "dépoussiéré" de Marine Le Pen a su rassembler et concentrer sur son nom ce "peuple souverainiste de droite", réduisant pratiquement à néant toute force entre lui et l'UMP (Dupont-Aignan, Asselineau, Christine Boutin etc.) ; alors qu'en 1999 il ne passait pas pour un "vote utile" au moment d'exprimer son désaccord avec l'Union européenne sur une base idéologique de droite.


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    Encore des analyses et des réactions au "séisme politiiiiique" FN du 25 mai


    Dans les quartiers populaires, on sait que le sort réservé par les gars-de-la-Marine tient en deux mots : bataille d'Alger. Mais on n'est pas non plus dupe des cris d'orfraie des grands partis bourgeois, en particulier "de gôôôche", qui ont produit la situation dans laquelle nous nous trouvons.

    Quartiers libres : La réalité en face

    État d'Exception : Entre les loups et les renards, une seule voie : l’autonomie

    Indigènes de la République : Les élections européennes et la montée du FN, un vote de race (il faut , évidemment, avoir compris la notion SOCIALE de "race" (1-2) et s'épargner ainsi des cris d'orfraie inutiles...)

    À Lyon, une mobilisation soi-disant "spontanée" ("évènement" Facebook) se révèle être un rassemblement "républicain" piloté par le PS et ses affidés, sous le drapeau tricolore et le drapeau tricolore, aux accents mêlés de la Marseillaise et de la Marseillaise. Le PS ou les nouveaux rad'soc' qui utilisent la crainte légitime d'une grande partie des classes populaires devant l'extrême-droite pour tenter de remobiliser un Peuple qui ne veut plus d'eux ; mais qui lorsqu'il n'y aura plus d'autre solution pour continuer à exister, à quelques rares Jean Moulin près, fourniront joyeusement au fascisme leurs cohortes de Pierre Laval et de René Bousquet, car c'est cela la "gauche" en fRance. Malheureusement pour eux, nous ne sommes plus en 1936 et la jeunesse progressiste, pas dupe, les a envoyé bouler : La lutte antifasciste n'a pas besoin du PS !

    Les communistes et tous les révolutionnaires ne referont pas les mêmes erreurs qu'il y a 80 ans : le Front antifasciste c'est l'union des révolutionnaires et des progressistes, du "Peuple vraiment de gauche" ainsi que (il ne faudrait pas l'oublier) des victimes désignées du programme terroriste de l'extrême-droite... pas la soumission aux hiérarques "républicains" ! C'est ce que dit en substance l'Union antifasciste toulousaine : Pourquoi nous ne nous associons pas à l’indignation face aux résultats du FN

    Sur la question de l'abstention et de la culpabilisation "républicaine" des classes populaires par les donneurs de leçons des partis dont elles se sont (à juste titre) détournées, quelques réactions populaires sur les réseaux sociaux :
    Moi mon pavé ne rentre pas dans vos urnes. En votant, je cautionne un systéme.
    Je suis abstentionniste

    Un petit comparatif mérite d'ailleurs d'être dressé : au Parlement européen, le plus proche allié que se sont pour le moment trouvés les 24 élus frontistes est la Ligue du Nord italienne. Il y a 4 ou 5 ans ce parti fascisant, ultra-réactionnaire, raciste etc. était au faîte de sa puissance. C'est le parti de Mario Borghezio que l'on voit, dans le célèbre documentaire Ascenseur pour les fachos, conseiller les Identitaires niçois et affirmer que "dans le fond nous restons les mêmes" avec une esquisse de salut romain... Depuis que, comme le prophétisait le dirigeant identitaire Fabrice Robert fin 2009, Marine Le Pen a "identitarisé le lepénisme" (abandon de la posture protestataire, provocatrice et "antisystème" ayant culminé autour de 2007 avec la période Soral, centrage sur une rhétorique anti-islam, travail d'implantation de terrain et de production de notables) pour ensuite lepéniser des millions d'esprits supplémentaires, elle en a fait de fait sa référence absolue. Il faut préciser que, comme son nom l'indique, la Ligue est née à la fin des années 1980 pour réclamer la sécession du Nord de l'Italie (Plaine du Pô, revendication abandonnée depuis au profit d'un "fédéralisme fiscal") et n'est réellement implantée que dans 11 régions du Nord et du Centre de l’État italien (au nord de Rome), soit "pour" une trentaine de millions de personnes, approximativement la moitié de la population "française". Ses scores doivent donc être multipliés par deux pour avoir une réelle idée de ce que cela représente. Aux élections parlementaires de 2008, elle récoltait 3 millions de voix et décrochait 60 sièges de députés et 25 de sénateurs (!). Aux européennes de l'année suivante, encore 3.127.000 suffrages et 9 euro-députés. Aux élections régionales de 2010, présente dans 8 régions sur les 13 concernées, elle remportait 2,75 millions de voix... et la présidence de deux d'entre elles, et non des moindres : le Piémont (Turin etc.) et la Vénétie (Venise), deux moteurs économiques du pays peuplés l'un et l'autre de près de 5 millions d'habitant-e-s. En outre, depuis l'année précédente et jusqu'en 2012, sa "déclinaison" méridionale (Mouvement pour les Autonomies, MPA) gouvernait la Sicile.

    La Ligue dirige par ailleurs (encore aujourd'hui) quelques 13 provinces sur 110 et plusieurs centaines de municipalités dont quatre de plus 50.000 habitant-e-s, la plus importante étant Vérone avec 265.000 personnes. Pourtant, aux échéances électorales de 2013 et 2014, elle s'effondre : moins d'1,4 millions de voix et 18 députés aux législatives de 2013, moins d'1,7 millions aux dernières européennes (5 députés seulement), perte du Piémont à des régionales anticipées le même jour, etc. Entre temps... il y a eu l'austérité, notamment avec le "gouvernement technique" de Mario Monti, ne représentant ni ne répondant devant aucune majorité parlementaire. Une paille. Sans avoir (certes) jamais cessé de l'être depuis sa fondation en 1860, ni sous la monarchie ni sous le régime mussolinien ni (depuis 1947) sous la "république", l’État italien est désormais au service du Capital, antipopulaire et policier comme jamais : qu'est-ce qu'un "parrain" bourgeois du parti de Borghezio pourrait demander de plus ? Certes il y a eu la spectaculaire apparition du mouvement Grillo (M5S), au populisme nébuleux et ambigu/inclassable, qui a peut-être favorisé son reflux et joue à présent le rôle du "grand méchant" épouvantail (alors que dès 1994, la Ligue avait été intégrée par Berlusconi dans ses majorités et ses gouvernements, avec parfois des ministères très importants : Justice, Défense etc.). Mais le fait est là : la Ligue du Nord a connu depuis 2012 un recul considérable. Voilà qui mérite que l'on y réfléchisse, sur le thème de "à qui profite le crime" des "séismes" électoraux d'extrême-droite...

    Le fascisme est le pourrissement ultime du système politique capitaliste, au service du sauvetage à tout prix du Capital en crise généralisée. On ne le combat pas en défendant ce même système politique qui l'a engendré, mais en unissant ceux et celles qui veulent sincèrement rompre avec lui - fut-ce avec idéalisme, réformisme et/ou "possibilisme". C'était le cas de la base et (peut-être) d'une partie de la direction SFIO en 1935. Ce n'était le cas ni des caciques ni de la militance (essentiellement constituée d'élus locaux) du Parti radical. Il en va de même pour le PS aujourd'hui.

    manif1 8

    L'antifascisme, c'est par exemple unir et mobiliser sur la base de "ni oubli ni pardon" pour nos camarades assassinés, comme il y a un an le camarade Clément Méric, auquel sera rendu hommage dans plusieurs villes au cours des semaines qui viennent (voir l'article ci-dessous).

     


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  • Ici en castillan : http://es.wikipedia.org/wiki/Elecciones al Parlamento Europeo de 2014 (España)

    Il faut noter que là-bas l’État forme une circonscription unique, ce qui 1°/ oblige à des études détaillées et "informelles" pour avoir réellement les résultats par Peuple (voir ici les résultats par "communauté autonome") et 2°/ oblige les formations d'affirmation des Peuples à constituer des coalitions ibériques pour accroître leurs chances d'avoir des élus.

    bjv7cnfiiaavope largeEn Catalogne, la coalition social-démocrate catalaniste emmenée par ERC dépasse celle conduite par la CiU (centre-droite) d'Artur Mas (23,67% et 590.000 voix contre 21,85% et 545.000). Cette dernière reste toutefois au-dessus au niveau de l’État, où elle était associée à d'autres forces dont rien de moins que le PNV basque (+ des nationalistes de centre-droite galiciens et canariens) tandis que la coalition d'ERC était purement catalane : 850.000 voix contre 630.000 et 3 députés contre 2. La coalition plus à gauche envisagée un temps par la Candidature d'Unité Populaire catalane (CUP) et la gauche radicale galicienne Nós-UP a finalement été abandonnée. On continue donc à observer un glissement de l'affirmation nationale catalane "vers la gauche"... mais bon, quelle gauche lorsque l'on sait que des dirigeants d'ERC ont pu notamment accuser les masses populaires andalouses des problèmes économiques et sociaux de la Catalogne, alors qu'eux-mêmes ont dirigé la Generalitat avec les sociaux-traîtres du PSC (PSOE local) de 2003 à 2010 : où est l'internationalisme, l'amitié et la solidarité entre les peuples, ces notions élémentaires depuis que le mot "gauche" se confond peu ou prou avec "mouvement ouvrier" (fut-il réformiste) ? Et où est, tout simplement, l'honnêteté intellectuelle et politique vis-à-vis du Peuple travailleur ?

    L'autre "grande" coalition des Peuples constitutifs de l’État espagnol était "Los Pueblos deciden" ("Les Peuples décident"), essentiellement constituée autour d'EH Bildu et donc sur sa ligne néo-réformiste de conciliation avec Madrid et Bruxelles. Associant à la gauche abertzale basque des formations indépendantistes de gauche galicienne (BNG), aragonaise (Puyalón de Cuchas), asturienne et canariennes, elle remporte 324.000 suffrages au niveau étatique et obtient un élu. Contrairement à la Catalogne, en "communauté autonome" basque la coalition du PNV avec la CiU dépasse assez largement celle de Bildu avec 27,5% (208.000 voix) contre 23,4% (177.000) ; elle reste cependant légèrement derrière au niveau de tout l'Hegoalde (213.000 voix contre 220.000) en raison de son score insignifiant en Navarre (5.000 voix alors qu'EH Bildu en rafle plus de 43.000) [avec les quelques 7.000 voix de la liste Tellechea en Iparralde, où la gauche abertzale ne se présentait pas (ses partisans se tournant peut-être vers les listes EELV de Bové ou NPA de Poutou), puño con banderasles deux forces sont finalement à égalité sur les 7 provinces]. L'essentiel des suffrages restants est obtenu en Galice (près de 80.000 soit 7,9%), en Catalogne (7.400 soit 0,3%, bien qu'aucune organisation catalane ne participait à la coalition) et aux Canaries (3.400 voix soit 0,6%).

    Classable au centre-gauche (Alliance libre européenne), une troisième petite coalition "Primavera europea" regroupant des Valenciens, des Aragonais (Chunta aragonesista), des Castillans, des "socialistes indépendants" d'Estrémadure, des autonomistes de Ceuta (enclave "espagnole" sur la côte nord du Maroc) ainsi que des membres du parti "écosocialiste" EQUO de toutes les "communautés autonomes" a obtenu un peu moins de 300.000 voix (1,9%) et un élu également : en détail 4,5% en Aragon (20.000 voix), 9% à Ceuta (1.400 voix) et 8% en Communauté valencienne (138.000 suffrages), mais seulement 2.286 voix en Estrémadure (0,58%) soit finalement moins qu'à Madrid (2%, 44.000 suffrages). Là, pour le coup, c'est un plutôt bon score pour des forces aussi peu connues. La ligne (et donc notre point de vue dessus) est globalement la même que celle de "Régions et Peuples solidaires", qui aurait fait partie du même groupe ALE si elle avait eu des députés à Strasbourg.

    Assez loin derrière (moins de 50.000 voix, 0,3%) et sans élu, on trouve aussi le Parti andalousiste, sur une ligne autonomiste social-démocrate. Comme on peut le voir, les résultats des listes d'affirmation (progressiste) des Peuples niés sont sans comparaison avec notre côté des Pyrénées, pour des raisons que nous avons longuement étudiées. Pour autant, ils ne sont pas mirobolants. Et c'est parfaitement logique : la question des Peuples emprisonnés dans les grands États européens, produits du capitalisme, est une question révolutionnaire ; et qu'espère-t-on d'aborder une question révolutionnaire avec une ligne petite-bourgeoise ? Comment peut-on prôner la libération des Peuples et voir dans l'UE une "solution démocratique" à cette question, alors que derrière son Parlement fantoche celle-ci n'est qu'un outil antidémocratique de plus ("mandat d'arrêt européen" et autres innombrables exemples) de ces mêmes États que l'on combat ? Comment peut-on, comme l'ERC d'Oriol Junqueras, revendiquer l'indépendance de la Catalogne et en même temps cautionner une Union européenne qui a clairement choisi son camp, celui de l'"Espagne unie, grande et libre", en déclarant explicitement qu'une Catalogne indépendante serait exclue de l'Union ? Toutes ces contradictions, intrinsèques à la nature de classe de ceux qui les portent, n'ont évidemment pas pour effet de mobiliser largement les masses populaires.

    e-lutte-des-mineursAu niveau "pan-ibérique", le Parti populaire (héritier direct du franquisme) et le Parti "socialiste" (PSOE) qui se sont alternés au pouvoir depuis 1975 (et surtout depuis le début de la crise fin 2008) s'effondrent l'un comme l'autre : avec respectivement 26% et 23%, ils perdent autour de 40% de leur électorat par rapport à 2009. La différence avec notre Hexagone, c'est que ce discrédit et ce rejet des partis "de régime" s'exprime majoritairement de manière progressiste (bien qu'encore loin d'être révolutionnaire) : c'est principalement sur des listes à la gauche du PSOE que se porte le mécontentement des masses. Avec 10%  et 1,5 million de voix, la "Gauche plurielle" équivalente de notre Front de Gauche (en moins jacobine vis-à-vis des Peuples...) multiplie par 1,6 ses suffrages et par deux ses élus au Parlement européen (6). Et, apparue à l'occasion de ce scrutin, la liste "Podemos" issue du mouvement des Indignad@s fait une entrée spectaculaire avec 1,25 million de voix (8%) et 5 élus – il faut préciser ici que dans son pays natal, ce Mouvement des Indigné-e-s (pour petit-bourgeois réformiste "radical" qu'il soit) reste un mouvement clairement PROGRESSISTE, bien loin de sa pâle et misérable copie hexagonale lancée par quelques bobos "décroissants" ou "évolutionnaires" (terme authentiquement entendu !) des centre-villes et immédiatement désintégrée face à l'offensive-infiltration de toute une faune de soraliens, conspirationnistes, chasseurs d'illuminatis, larouchistes (très actifs dans les rassemblements), anti-"finaaaance" et futurs fondateurs du "Cercle des Volontaires" fasciste (lié au "Comité Valmy" et à l'UPR d'Asselineau).

    Eh oui ! C'est ainsi : l'"Espagne" est une terre de luttes, où vit encore profondément dans le cœur des masses le souvenir des grands combats révolutionnaires des années 1930 et de la résistance à la dictature fasciste qui s'ensuivit (1939-... quand s'est-elle terminée au juste ?). La "France", elle, est encore très largement l'Hexagone de Renaud, une communauté sociale vautrée et cadenassée mentalement dans son idéologie "françaiiiiise" (monsieur !) dominante, son confort et ses certitudes petites-bourgeoises, incapable de comprendre que lesdites certitudes et "valeurs" sont de la merde en soi et donc, par conséquent, à la recherche de fantasmagoriques "coupables" à tous ses maux : immigrés/arabes/musulmans, "banquiers" ou "finance internationale", "sionistes", "Nouvel Ordre Mondial" dirigé par les Illuminatis via Washington et Bruxelles, sectes pédophiles se réunissant secrètement dans les hôtels particuliers de l'avenue Foch (sans doute pour y préparer une nouvelle version de la "théorie du genre"), etc. etc. ; mais surtout pas, jamais, la "Fraaaaance" et sa "Républiiiiique" ! Bien souvent d'ailleurs, la "gauche de la gauche" ne fait que remâcher cette même logique (les "coupables" sont "étrangers" à la "communauté citoyenne") dans une version plus conforme aux canons "progressistes" et "républicains" ; tandis que la culture politique ultra-personnaliste (héritage du bonapartisme et du gaullisme) fait que Lutte Ouvrière est incapable d'exister sans Arlette Laguiller, le NPA sans Olivier Besancenot et demain, sans le moindre doute, le Front de Gauche sans Jean-Luc Mélenchon.

    Une situation que résume bien cette image humoristique :


    larévoltegronde


    Les néo-franquistes du PP, donc, s'effondrent largement bien que restant en tête ; mais il faut tout de même souligner la poussée de deux forces qui, tout en se prétendant "centristes", "démocrates humanistes" et "libérales" blabliblablou, se caractérisent par un espagnolisme fanatique : Union, Progrès et Démocratie (UPyD, un million de voix soit 6,5%, 4 sièges soit 3 de gagnés par rapport à 2009), et les Ciutadans ("Citoyens") catalans, sur une ligne assez proche, qui font leur apparition avec 3,16% (495.000 voix) et 2 sièges (6,3% et 157.000 voix en Catalogne, leur fief d'origine).

    Comme nous l'avions déjà noté au sujet des élections catalanes et basques de fin 2012, cela montre une crispation des positions espagnolistes face aux forces centrifuges qu'engendre nécessairement la mise à mal du "système Espagne" par la crise, après les années de folle croissance 1995-2009...

    En attendant, à Barcelone (Catalunya) le quartier de la gare de Sants est en état insurrectionnel contre l'expulsion-destruction du centre social autogéré Can Vies :

    Expulsion du Can Vies : émeute à Barcelone – 27 mai 2014 – avec vidéos

    Las protestas por el cierre del centro social Can Vies se expanden por toda Barcelona y amenazan con provocar una Primavera Catalana


    Résultats des européennes dans l’État espagnol


    Il faut reconnaître que ça a tout de même une autre gueule qu'une "courageuse" quenelle devant le panneau d'agglomération de Villejuif... "FRANCE" DE BOLOSSES !


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  • bras3Dans un peu plus de trois semaines sera donné le coup d'envoi du premier match de la Coupe du Monde 2014 de football au Brésil. Pendant que les merdias nous jouent leur traditionnel numéro de suspense sur l'air de "tout sera-t-il vraiment prêt ?" (alors que tout le monde sait pertinemment que cela le sera), des évènements beaucoup moins "montrables" se déroulent loin de l’œil des caméras. Car la réalité, c'est que cet évènement tant attendu dans le pays à la fois le plus titré de la compétition et "phare" du "Sud émergent" (bien qu'en sérieux ralentissement avec seulement 2,3% de croissance en 2013 et 1% en 2012 contre 7,5% en 2010) donne lieu depuis plus d'un an à une véritable GUERRE CONTRE LE PEUPLE.

    Afin d'offrir un pays "présentable" aux millions de supporters qui afflueront du monde entier, l'État comme les forces du Capital privé ("armées" privées et groupes para-policiers frappant la nuit au service de qui les paye font partie du paysage là-bas) ont déchaîné une effroyable campagne de "nettoyage social" contre les classes populaires misérables (extrême pauvreté) qui représentent bras1quelques 17 millions de personnes (8,5% de la population). Une campagne consistant notamment en des meurtres de SDF, dont la presse progressiste se faisait déjà l'écho il y a un an :

    http://www.slate.fr/lien/54863/bresil-nettoyage-social-assassinat-sans-abri-mondial-2014

    http://alencontre.org/ameriques/amelat/bresil/bresil-une-operation-de-nettoyage-social-des-sans-abri-pour-la-celebration-du-mondial-de-foot-2014.html

    On parlait déjà à l'époque de plusieurs centaines de victimes, souvent brûlées vives (!) par des groupes "non-identifiés". La politique de "nettoyage social" s'est évidemment poursuivie depuis, sauf que désormais... les miséreux se rebiffent ("cette grande humanité s'est levée et a dit ¡Basta!", proclamait le Che voilà déjà 50 ans à la tribune des Nations Unies) :

    http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2014/04/30/bresil-des-affrontements-entre-un-millier-de-sans-abri-et-la-police-a-sao-paulo_4409409_3222.html

    http://www.spacefoot.com/international/coupe-du-monde-2014/coupe-du-monde-affrontements-entre-sdf-et-policiers-lors-d-une-manifestation-a-sao-paulo-42531

    http://news.icilome.com/?id=11&idnews=782367

    http://www.lencrenoir.com/protestations-anti-coupe-fifa-2014/

    bras2Le gouvernement a également lancé une grande campagne de "pacification" des favelas, qui rencontre elle aussi la résistance du Peuple :

    http://www.rfi.fr/ameriques/20140512-quel-avenir-pacification-favelasbresil-coupe-monde-2014-football-police-pacificat/

    http://leplus.nouvelobs.com/contribution/886977-expulsions-destructions-stigmatisations-l-indigne-coupe-du-monde-2014-au-bresil.html

    http://www.lefigaro.fr/international/2014/04/23/01003-20140423ARTFIG00058-bresil-une-favela-de-rio-s-embrase-apres-la-mort-d-un-habitant.php

    http://alencontre.org/ameriques/amelat/bresil/bresil-la-coupe-du-monde-a-instaure-un-nouvel-etat-de-guerre.html

    Encore plus édifiant est cet article en anglais, évoquant notamment l'implication de compagnies militaires privées comme la sinistre Blackwater (pour ceux et celles qui ne comprennent pas l'anglais, les nombreuses images sont déjà édifiantes) : http://revolution-news.com/blackwater-trains-killer-police-fifas-war-poor-brazil/

    En substance : le gouvernement brésilien prévoit de déployer plus de 170.000 hommes dont 57.000 militaires (la sinistre Policia Militar - PM) pour écraser toute protestation pendant la Coupe, certains d'entre eux ayant reçu une formation par des compagnies militaires privées ; les assassinats policiers sont quasi-quotidiens dans les favelas (5 jeunes hommes et une femme qui tentait de protéger son fils de 10 ans rien que dans les 10 derniers jours d'avril...) et la résistance populaire permanente et semi-insurrectionnelle ; une nouvelle loi permet de punir les protestataires de peines allant de 12 ans (en cas de dommages matériels) à 30 ans de prison (si quelqu'un est tué... peu importe par qui), etc. etc.

    massacre favela

    De ces mobilisations a peu à peu émergé un slogan devenu récurrent : "Não vai ter Copa !" ; "la Coupe du Monde n'aura pas lieu !".

    Le Brésil est un pays semi-colonial ("dépendant", "soumis" au Capital impérialiste du "Nord") et semi-féodal ("problème de la terre" dont nous avons parlé en fin d'année dernière) dans lequel un phénomène "émergentiste" (depuis les années 1990) a amené au pouvoir en 2002 une aile "gauche" (sociale-libérale) modernisatrice de l'oligarchie bureaucratique-compradore (classe dominante dans ces pays-là), utilisant comme personnel politique le Parti des Travailleurs (PT) formé d'anciens syndicalistes réformistes comme Lula da Silva (persécutés durant la dictature militaire de 1964-85, mais il n'y avait pas besoin d'être particulièrement radical pour cela...) voire, comme l'actuelle présidente Dilma Rousseff, d'anciens guérilleros révolutionnaires reconvertis avec l'âge dans la social-démocratie. Cette fraction modernisatrice s'est liée en particulier avec l'impérialisme européen, notamment français, afin de contrebalancer la "traditionnelle" domination US qui avait succédé depuis la dictature à la vieille prééminence britannique (1822-1930) après les expériences nationalistes et (déjà) modernisatrices des années 1930-40-50 (Vargas, Kubitschek, Goulart). Elle a également développé au niveau continental une sorte de "sous-impérialisme" appuyé sur des "semi-monopoles", encourageant notamment (dans la limite de ses intérêts bien sûr) les expériences nationalistes et réformistes "radicales" de Chavez & co. Pour autant, la structure profonde de l'ordre social est restée absolument inchangée : des escadrons de la mort sévissent comme aux plus "beaux" jours de la junte fasciste et Dilma Rousseff promet... "des mesures" contre ces pratiques. Des camarades maoïstes luttent là-bas au quotidien, notamment au sein du Cebraspo (Centre brésilien de Solidarité avec les Peuples). Voici leur analyse sur la réalité semi-coloniale semi-féodale du Brésil actuel :

    favelaLes journaux, les magazines persistent à affirmer que le Brésil est la sixième économie mondiale, par exemple, mais la réalité dément ces analyses et parle d'elle-même.

    Selon une étude réalisée par le Statistical Yearbook for Latin and Caribbean America en 2013, le taux de pauvreté en Amérique latine et dans la Caraïbe en 2012 était de 28,2% et l'indigence absolue de 11,3%. Au Brésil, 16,27 millions de personnes (soit 8,5% de la population) vivent dans une extrême pauvreté tandis que 4,8 millions ont un revenu nominal mensuel égal à zéro ! Dans le même temps, l'OIT (Organisation internationale du Travail) a réalisé une projection du taux de chômage au Brésil, qui devrait rester au-dessus de la moyenne mondiale jusqu'en 2016. L'impérialisme, dans sa tentative de briser tous les obstacles à la maximisation de ses profits, attaque les nations et recherche la domination complète et l'anéantissement des forces qui combattent son système. Ce n'en est pas moins un système insoutenable, qui augmente chaque jour les actions violentes contre les classes populaires exploitées et opprimées, en particulier contre les masses en lutte et les révolutionnaires, sur tous les continents. Au Brésil, le système carcéral joue un rôle primordial dans la violence à grande échelle de l'État bourgeois et propriétaire foncier contre les pauvres en général.

    Les prisons sont des camps de concentration surpeuplés, où les conditions de vie sont totalement inhumaines et beaucoup de prisonniers meurent sous les tortures et les violences quotidiennes des gardiens. Il y a aujourd'hui plus de 560.000 prisonniers au Brésil, parmi lesquels des centaines de paysans emprisonnés pour leur lutte pour la terre, qui s'est considérablement développée dans le pays. L'État tente de dissimuler le caractère politique de leur lutte en les inculpant pour des délits de droit commun. Beaucoup de paysans ont tout simplement été traqués et abattus avant même d'être arrêtés. C'est le cas des paysans Gilson Goncalves, Elcio Machado, Luiz Lopez et Renato Nathan, parmi d'autres. Beaucoup de paysans ont des mandats d'arrêt sur leur tête. Depuis juin 2013, lorsqu'ont éclaté de gigantesques manifestations populaires à travers tout le pays, les forces de répression ont fait des centaines de prisonniers, des centaines de blessés et des dizaines de morts.

    cebraspoPlus d'une centaine de travailleurs des médias ont été blessés par la police, en particulier des journalistes indépendants. Les classes dominantes, avec l'aide des monopoles réactionnaires de l'information, tentent désormais de criminaliser les luttes populaires et de légitimer le traitement inhumain des protestataires et des prisonniers politiques. Plusieurs avocats défendant les inculpés politiques ont été menacés de mort ou de prison, sous l'accusation de complicité avec ces "criminels". La juste révolte du Peuple brésilien se poursuit, si bien que de nouvelles mesures répressives ont été prises. Le gouvernement envoie maintenant l'armée dans les favelas de Rio.

    Le plan consiste à étendre la répression contre le Peuple en déployant les Forces armées dans les rues des grandes villes brésiliennes, sous le prétexte de la Coupe du Monde qui doit débuter en juin. De nouvelles lois ont été promulguées comme la Loi anti-terroriste, la Loi contre les troubles sur la voie publique, la Loi générale pour la Coupe du Monde et l'Ordonnance du Ministère de la Défense pour assurer la Loi et l'Ordre. Toutes ces lois qualifient les mouvements sociaux de "forces d'opposition" et font tomber le masque de l'État démocratique et de droit brésilien, qui n'est rien de plus qu'un État policier. Dans le même temps un terrible régime carcéral (comparable aux cellules de type F en Turquie) a été adopté, d'abord contre les chefs de gangs criminels mais il devrait bientôt être étendu aux prisonniers politiques. Il s'agit du Régime disciplinaire différencié (RDD) : un isolement total du prisonnier, qui ne peut adresser la parole qu'aux gardiens et reste constamment observé par des caméras.

    C'est déjà le cas d'un prisonnier politique étranger : Mauricio Norambuena, ancien dirigeant du Front patriotique Manuel Rodriguez (FPMR) chilien. Il a été arrêté au Brésil en 2002 et condamné à 30 ans de prison pour l'enlèvement politique d'un homme d'affaire brésilien. Norambuena a été brutalement torturé et continue à l'être aujourd'hui. Il est soumis au RDD depuis plus de 10 ans, ce qui contrevient aux normes minimales de traitement des prisonniers établies par le 1er congrès des Nations Unies sur la prévention de la criminalité et le traitement des prisonniers.

    *****************************

    Pour mettre à bas cet ordre oligarchique impitoyable, il est inévitable que se lève d'ici peu le vent furieux de la Guerre du Peuple !

    No vai ter Copa
     marighellaenvencible guerra populara 3 montanas

     


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    2014-04-13-19-52-08-72636L'ironie du titre est bien sûr 100% fraternelle : c'est à travers des prises de conscience de ce type que la juste compréhension révolutionnaire des choses avance ; aucune situation révolutionnaire ne tombe du ciel "pure" contrairement à ce que croient les dogmato-gauchistes. De fait, la "République de Donetsk" fait transparaître là ses penchants idéologiques "eurasistes", "panslavistes" et grand-russes, idéologies dont la religion orthodoxe est un pilier. Il faut d'ailleurs préciser que le terme de "république populaire" là-bas n'implique pas forcément une référence "communisante", et même plutôt le contraire : le régime nationaliste bourgeois anti-bolchévik de l'ancien menchévik Simon Petlioura, sous lequel furent massacrés près de 150.000 juifs et dont se réclameraient plutôt (pour le coup) les nationalistes de l'Ouest, portait ainsi ce nom (République populaire d'Ukraine).

    Autre point (beaucoup plus immédiat et important) à signaler, l'organisation Borotba a été la cible ces derniers jours d'une dure vague de répression : http://borotba.org/ukraine-_junta_launches_repressions_against_borotba_activists_statement_of_the_union_borotba_struggle.html

    Contre le tournant réactionnaire de la République populaire de Donetsk - Déclaration de l'Union Borotba

    Borotba

    http://democracyandclasstruggle.blogspot.fr/2014/05/against-conservative-turn-by-peoples.html

    D'après l'ébauche de constitution de la République populaire de Donetsk (RPD) publiée dans la presse, la loi fondamentale du nouvel État s'apprêterait à inclure le Patriarcat orthodoxe de Moscou comme religion officielle.

    L'Union Borotba proteste fermement contre l'institution d'une religion d’État dans la république créée par le peuple. Nous insistons sur l'intégration dans la constitution de la RPD de la liberté de conscience et de religion, la séparation de l’Église et de l’État et la séparation de l'école de l’Église. Cette norme démocratique est le résultat de la lutte de nombreuses générations de nos ancêtres contre le régime clérical réactionnaire et il était garanti par les lois de la République de Donetsk-Krivoy Rog, dont la RPD se considère l'héritière, ainsi que dans les constitutions de la RSFSR (Russie soviétique) et de l'URSS.

    Patriarche Kirill et PoutineNous croyons qu'un État créé par le Peuple ne doit pas s'incliner devant les éléments cléricaux et imposer une religion publique obligatoire.

    Tout aussi troublant dans l'ébauche de constitution est la disposition sur l'égalité entre toutes les formes de propriété, dans laquelle la propriété privée vient en tête de liste. Ne découle-t-il pas de l'expérience même de notre lutte que la grande propriété privée (oligarchie) a conduit le pays au désastre et à la décomposition ? Ne sont-ils pas, ces grands propriétaires privés, ceux-là mêmes qui ont financé et organisé les gangs néo-nazis et autres groupes qui sèment la terreur dans le Sud-Est ?

    De notre point de vue, la priorité du nouvel État doit être la propriété nationalisée d’État et le contrôle ouvrier. Seul le Pouvoir populaire sur la richesse nationale et l'économie peut empêcher l'oligarchisme parasite.

    La République populaire de Donetsk doit véritablement devenir un État socialiste. Sans cela, elle ne deviendra rien d'autre qu'une seconde édition de l'Ukraine que nous avons connue depuis 1991, le nationalisme ukrainien étant simplement remplacé par le nationalisme russe. L'Union Borotba conjure la RPD de ne pas suivre les forces cléricales réactionnaires soutenues par une minorité. Ceci mène droit à une voie sans issue : c'est le chemin de la défaite.

    ***************************** 

    La réalité est que la République "populaire" de Donetsk ne "doit" et ne va pas "devenir" socialiste... La République "populaire" de Donetsk repose sur le Peuple en armes, sans lequel elle n'existerait certes pas, mais elle reste pilotée par la BOURGEOISIE russophone et pro-Poutine du Donbass : si l'on veut tracer (peut-être hâtivement) des parallèles historiques, s'être séparé du régime fasciste de Kiev revient à avoir renversé le Tsar, mais maintenant la "République populaire" est un régime à la Kerenski ! C'est aux forces communistes conséquentes sur place qu'il appartient de proclamer la République SOCIALISTE SOVIÉTIQUE du Donbass, le Pouvoir du Peuple, pour instaurer une situation de DOUBLE POUVOIR !!!

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  • Ce texte d'un militant intellectuel marxiste, opposant de gauche au régime de Vladimir Poutine, a été publié sur le site camarade Democracy & Class Struggle : http://democracyandclasstruggle.blogspot.fr/2014/05/donetsk-peoples-republic-and-russias.html

    Il s'agit là pour nous de poursuivre notre travail d'enquête sur la situation dans ce pays qui fait la Une des JT quotidiens ; de donner un point de vue (venant du cœur de l'un des principaux protagonistes, la Russie) sur cette situation sans forcément en partager jusqu'à la moindre virgule.

    Ce que dit le texte en substance : pour les progressistes et les antifascistes d'Ukraine qui luttent contre la junte de Kiev, la Russie de Poutine n'est pas un soutien fiable ; pas plus que ne l'étaient les impérialismes français ou anglais pour les antifascistes de l’État espagnol en 1936, l'URSS pour la révolution cubaine et d'autres révolutions autour du monde dans les années 1960 ou 1970, ou encore la même Russie de Poutine et la Chine ultra-capitaliste de Xi Jinping pour les peuples des pays "bolivariens" d'Amérique du Sud aujourd'hui. Il faut savoir compter sur ses propres forces.

    kagarlVoici un article de Boris Kagarlitsky, intellectuel et dirigeant politique de la gauche russe. Nous en publions ces extraits afin d'essayer de saisir le caractère du mouvement populaire du Donbass (région de Donetsk, sud-est de l'Ukraine) et de montrer la peur du Kremlin face à un véritable mouvement de masse.       

    Les politiciens occidentaux savent parfaitement qu'il n'y a pas d'invasion russe, et ceci est précisément le principal problème international pour eux. Admettre cela serait admettre que le gouvernement de Kiev est parti en guerre contre son propre peuple. Parler de la République populaire de Donetsk comme d'un phénomène politique indépendant leur est impossible : cela imposerait de poser la question des raisons de ce soulèvement populaire, et d'examiner ses revendications. Le discours sur les agents du Kremlin et les 'omniprésentes' troupes russes — impossibles à découvrir, mais ayant occupé près de la moitié de l'Ukraine sans tirer un coup de feu ni même se montrer sur le territoire ukrainien — joue contre la République de Donetsk un rôle exactement similaire à la propagande anti-bolchévique de 1917, avec ses histoires d'agents allemands et de financements par l’État-major du Kaiser.

    La question ici n'est pas tant de discréditer les opposants au pouvoir en place, en les dépeignant comme des traîtres à leur pays, que de dissimuler l'essence de classe, la base sociale du mouvement qui s'est levé. Une peur à demi-inconsciente s'est emparée de l'opinion libérale, depuis les intellectuels et les politiciens jusqu'aux presque progressistes bourgeois bon teint, et les force à croire les divagations les plus flagrantes, à répéter les plus manifestes âneries du moment que la lutte de classe n'est pas mentionnée ni même envisagée de quelque sérieuse manière. La lutte de classe c'est-à-dire, non pas comme celle décrite dans les ouvrages appris par cœur ou dépeinte par le cinéma d'avant-garde, mais comme celle qui existe dans la vraie vie et qui y devient un fait politique pratique. (...)

    Bien plus importantes que les ressemblances entre les deux mouvements [de Maïdan et de Donetsk], sont les différences.

    628x471Les distinguos essentiels à faire ne sont pas même idéologiques, bien que la comparaison entre les slogans dominants (fascistes dans le cas de Maïdan, revendications sociales accompagnées au chant de L'Internationale dans le cas de Donetsk) mérite incontestablement d'être faite. Les différences idéologiques reflètent en dernière analyse les différences fondamentales de nature sociale et de base de classe des deux mouvements. Bien entendu, la révolte du Sud-Est n'est pas simplement la négation de Maïdan mais aussi son résultat et sa continuation, tout comme Octobre 1917 était à la fois le résultat et la continuation de Février et sa négation. La caractéristique d'une crise révolutionnaire, une fois qu'elle a échappé à tout contrôle, est d'attraper dans son orbite de nouvelles couches de la société, des groupes et des classes qui n'y avait pas pris part auparavant.

    Il faut reconnaître que l'expérience de Maïdan n'a pas atterri à la poubelle. En se soulevant contre les autorités de Kiev, les habitants du Sud-Est ukrainien ont repris les mêmes méthodes par lesquelles les radicaux d'extrême-droite ont forcé le précédent régime à se soumettre à leur volonté. Les manifestations de rue ont évolué rapidement vers l'occupation des bâtiments administratifs. Mais les activistes de Donetsk et Luhansk, refusant de se limiter à la prise de ces bâtiments, ont annoncé la création de leurs propres républiques populaires. Tandis qu'à la mi-avril la République de Luhansk restait largement un slogan du mouvement de masse, à Donetsk elle a bientôt pris le tour d'un pouvoir alternatif. La prise des postes de police locaux et d'autres installations étatiques a aidé à cela. Certaines de ces occupations ont été le fait de la foule révoltée, mais dans beaucoup de cas des groupes armés disciplinés ont été impliqués : anciens membres des forces spéciales de police Berkut et d'autres forces de sécurité ukrainiennes qui ont été démises par le nouveau gouvernement de Kiev ou ont déserté (certaines unités ont quitté le service en tant que telles, avec armes et munitions).

    La propagande officielle de Kiev a répondu en décrivant les anciens officiers de leurs propres forces de sécurité comme des forces spéciales russes spetsnaz. Mais parmi la population du Sud-Est, aux sympathies pro-russes marquées, ces accusations n'ont pas servi à discréditer la révolte mais ont au contraire eu l'effet d'un panneau publicitaire en sa faveur. Le plus les autorités 74084395 adf38118-34b6-48ed-b9ff-942f357ee9c5de Kiev et leurs partisans parlaient d'intervention directe et même d'"occupation" russe dans la région, le plus les gens des localités concernées rejoignaient le mouvement.

    Le principal détonateur de la révolte, cependant, n'a pas été les sympathies pro-russes de la population locale, ni même l'intention affichée des dirigeants de Kiev d'abroger la loi donnant au russe le statut de "langue régionale". Le mécontentement s'est longuement développé dans le Sud-Est, et la goutte d'eau qui a fait déborder le vase a été l'aggravation dramatique de la crise économique qui a suivi le changement de gouvernement à Kiev. Après avoir signé leurs accords avec le FMI, les autorités ont décrété des augmentations brutales dans les tarifs du gaz ou de la santé, et une explosion sociale est devenue inévitable.  Dans l'Ouest du pays et dans la capitale, l'indignation grandissante a pu être canalisée pour un temps grâce à la rhétorique nationaliste et à la propagande anti-russe. Mais appliquée aux habitants de l'Est, cette méthode a eu l'effet inverse. En tentant d'éteindre le feu dans l'Ouest, les autorités ont jeté de l'huile dessus dans l'Est.

    L'avenir de la République de Donetsk demeure indécis, et ceci représente une immense opportunité historique dont on ne trouvait pas la moindre trace lors des manifestations de Maïdan, dont les leaders n'étaient pas toujours capables de contrôler la foule mais gardaient ferme et effectif le contrôle de l'agenda politique.

    Au contraire, la République de Donetsk formule son agenda par en bas, littéralement au fil de l'eau, en réponse à l'état d'esprit de la population et au cours des évènements. Strictement parlant cette république n'est pas vraiment un État, mais plutôt une coalition de différentes localités, pour la plupart auto-organisées. En fait, elle est la parfaite incarnation du concept anarchiste d'ordre révolutionnaire [Servir le Peuple oserait ici un autre parallèle historique : cette "République de Donetsk" a définitivement quelque chose de "l'utopie pirate" de Fiume (Rijeka) avec D'Annunzio en 1919, dans ses aspects "plébéiens" égalitaristes/socialisants et ses aspects nationalo-chauvinistes militarisés, aux idées parfois détestables du style "l'Adriatique est un lac italien" et les populations slaves présentes n'ont rien à faire là ; bref dans sa "radicalité" potentiellement porteuse du meilleur (mobilisation/conscience révolutionnaire) comme du pire (fascisme) : de fait plus ou moins la moitié des Arditi de 1919 (de Fiume et d'ailleurs en Italie) s'engageront dans les Chemises Noires de Mussolini et l'autre moitié dans la résistance armée contre celui-ci (l'on trouvera notamment parmi eux Alceste De Ambris, syndicaliste révolutionnaire co-rédacteur de la "Charte du Carnaro" - la "constitution" de Fiume) ; tandis que D'Annunzio salué alors par Lénine comme le "seul véritable révolutionnaire d'Italie" deviendra un soutien "anticonformiste" du régime mussolinien, mais un soutien quand même...].

    946766770Curieusement, les anarchistes en question refusent d'avoir quoi que ce soit à voir avec elle, préférant répéter comme des perroquets la rhétorique patriotique d’État des nouveaux maîtres de Kiev.

    Il n'est pas difficile de comprendre que les raisons pour lesquelles l'auto-organisation de la République de Donetsk fonctionne relativement bien sont que l'ancien appareil administratif continue à expédier les affaires courantes comme si rien de particulier n'était arrivé, tandis que les questions de gouvernement se résument à organiser la défense. Mais ceci est-il tellement différent de la Commune de Paris (non pas la Commune idéalisée et romancée d'aujourd'hui, mais celle qui a concrètement existé) ? Si la République populaire de Donetsk survit plus longtemps, elle sera inévitablement amenée à se transformer, et il est loin d'être sûr que ce sera pour le meilleur. Mais en livrant actuellement sa première bataille, elle a déjà démontré un grand potentiel d'auto-organisation des masses. Des personnes sans armes ont réussi à stopper des unités de l'armée ukrainienne et même à mener l'agitation auprès des soldats, repoussant l'opération "antiterroriste" lancée par Kiev. Cette résistance pacifique ne sera pas purement et simplement enterrée dans l'histoire, mais deviendra un élément important de l'expérience sociale collective des travailleurs russes et ukrainiens.

    Donetsk dans l'ombre de Moscou

    Ce n'est un secret pour personne que les masses en rébellion du Sud-Est de l'Ukraine ont pu compter sur le soutien de Moscou. Agitant les drapeaux tricolores russes et scandant des slogans sur leur amour de la Russie, elles ont sincèrement espéré amener l’État frère de leur côté. Cet espoir a uni des personnes qui rêvent d'unification avec la Russie, d'autres souhaitant plutôt une Ukraine fédérale, et d'autres encore espérant simplement que la Russie les défendrait contre la répression de Kiev. Mais dès le début, les officiels de Moscou ont tenu un discours ambigu sur les évènements. Tout en soutenant clairement un mouvement dirigé contre le gouvernement ouvertement hostile de Kiev, ils sont tout sauf prêts à sponsoriser une révolution populaire quand bien même celle-ci servirait à étendre le territoire russe. Les fonctionnaires du Kremlin ne goûtent guère l'idée d'accueillir comme nouveaux citoyens une masse de population rebelle organisée, souvent armée et habituée à lutter activement pour ses droits. Ceci est imageparticulièrement vrai dans le contexte de crise sociale et économique grandissante en Russie même. Les révolutions parfois s'exportent, mais il existe peu de dirigeants d’État qui souhaitent en importer une.

    Moscou n'a jamais voulu conquérir l'Ukraine ni la démembrer. Non pas parce que le Kremlin respecterait les intérêts d'un État voisin, mais tout simplement parce que la direction russe n'a aucun plan stratégique. Deux concours de circonstances ont exacerbé la situation. Dans le premier cas, il s'est avéré impossible de consolider les résultats obtenus en Crimée. L'annexion de la Crimée à la Russie a été indiscutablement improvisée, non tant du côté de Moscou que des élites criméennes qui ont réagi au changement de situation et l'ont exploité pour servir leurs intérêts. Mais une fois la Crimée annexée, la principale tâche pour la diplomatie russe est de défendre l'acquisition. Ceci implique en partie de sacrifier les intérêts du Sud-Est ukrainien. Dans le même temps, la société russe, contrairement à l'intelligentsia libérale, a massivement soutenu les insurgés de Donetsk ce qui a mis le Kremlin dans une situation très difficile : encourager ouvertement un tel mouvement signifierait diffuser une culture de résistance et de révolte dans les masses mais un brutal changement de cap, impliquant un refus de soutenir les rebelles, serait également risqué : l'esprit patriotique cultivé par les autorités russes elles-mêmes pourrait prendre un caractère de contestation. 

    Dans une telle situation, la politique du Kremlin est nécessairement ambigüe et contradictoire ; mais nous avons assisté à un curieux moment de vérité avec l'accord signé par la Russie, l'Ukraine et l'Ouest à Genève le 17 avril. De prime abord tout semblait absolument propre et conventionnel : appels à la réconciliation, désarmement et concessions mutuelles. Mais avant même le début de la rencontre, soi-disant pour des raisons techniques, la partie russe renonça à sa demande que des représentants du Sud-Est de l'Ukraine prennent part aux discussions.

    2014-04-13-19-52-08-72636Il a été affirmé plus tard que la délégation russe à Genève avait représenté le point du vue des organisations de l'Est ukrainien, en particulier le Parti des Régions et autres structures oligarchiques. La République populaire de Donetsk, seule force réellement capable d'unir la population et de contrôler la situation au niveau local, n'a pas même été mentionnée.

    Le texte de la résolution finale indiquait clairement que Moscou ne s'opposera pas à la liquidation de la République de Donetsk : "Parmi les étapes dont nous appelons à la mise en œuvre, se trouvent les suivantes : toutes les organisations armées illégales doivent être désarmées, tout bâtiment occupé illégalement doit être retourné à ses détenteurs légitimes, tous les rues, les places et autres lieux publics occupés en Ukraine doivent être dégagés. Un amnistie devra être mise en place pour tous les protestataires, à l'exception de ceux ayant commis de graves crimes".

    Il apparaît clairement que l'idée principale qui sous-tend le document et a uni ses différents signataires est le refus de reconnaître la République de Donetsk comme un fait politique. Ce point faisait consensus et a servi de base réelle au pacte. La sous-section sur le désarmement des "formations illégales" a été rédigée de manière calculée pour complaire aux autorités de Kiev. Sur le principe, la sous-section propose le désarmement des deux bords. Mais le gouvernement de Kiev va forcément conserver, comme tout gouvernement, ses forces armées et de sécurité ; tandis que la République de Donetsk n'a pas d'autre formation armée que sa milice "illégale". Lavrov a déclaré plus tard que par "formations illégales" il avait également la Garde nationale ukrainienne à l'esprit, mais ceci n'apparaît nulle part dans le texte de l'accord. Le côté ukrainien et l'Occident pourront interpréter l'accord différemment et, en termes juridiques, cela sera parfaitement correct : la Garde nationale a été mise en place par une décision officielle du gouvernement avec l'accord de la Rada [Assemblée] suprême ukrainienne. Tandis que concernant les centuries "sauvages" et les éléments du Secteur Droit qui n'ont pas encore 140315231140-ukraine-donetsk-pro-russia-rally-scenes-from-tété incorporés à la Garde nationale, le gouvernement de Kiev rêve lui-même de les désarmer, étant donné que des problèmes commencent à surgir avec eux.

    Plus importante encore est la demande de libérer les bâtiments occupés et de démonter les barricades dans les rues et sur les places. Si cette stipulation est satisfaite, cela signifiera tout simplement l'auto-liquidation des républiques de Donetsk et Luhansk et le retour à leurs postes des administrateurs nommés par Kiev ; en dépit du fait que ce sont précisément ces nominations qui ont provoqué le soulèvement. Pour gouverner les provinces du Sud-Est, Kiev a désigné des oligarques haïs par le peuple étant donné qu'ils cumulent l'autorité politique avec leur pouvoir économique.

    Il est notable que ce point ne fait l'objet d'aucune concession en contrepartie [côté Kiev et Occident]. Rien n'est dit, par exemple, au sujet d'un abandon officiel par Kiev de sa campagne soi-disant "antiterroriste" dans l'Est, et il n'est pas plus suggéré que les unités militaires soient retirées vers leurs lieux de cantonnement habituel. Ceci serait pourtant parfaitement logique, vu l'échec évident des opérations et l'état de décrépitude de l'armée.

    En somme, Moscou a signé un accord proposant au soulèvement de capituler en échange d'une vague promesse de processus constitutionnel "ouvert" et "inclusif", et n'a même pas proposé des pourparlers directs avec les insurgés ! Naturellement, les représentants ukrainiens n'ont été appelés à donner aucun engagement clair sur la manière dont ces réformes seraient engagées.

    Les diplomates russes étaient tellement pressés de signer l'accord de Genève avec Kiev qu'ils ne se sont même pas embarrassés de demander le retrait de la scandaleuse interdiction d'entrer en Ukraine pour les citoyens russes de sexe masculin, en dépit du fait que cette interdiction contredise toutes les normes internationales et cause une violation flagrante des droits humains, ce que les négociateurs russes auraient dû pointer du doigt en présence des représentants occidentaux.

    5350-05-donetsk1Les autorités de Kiev n'ont pas perdu de temps pour profiter des opportunités qui leur étaient données. Le Premier ministre Arseni Iatseniouk a commencé à déverser les menaces sur les rebelles de Donetsk et Luhansk, exigeant leur reddition immédiate et se référant à l'accord de Genève, dans le cadre duquel la Russie aurait été "forcée à condamner l'extrémisme".

    L'arrestation de Constantin Doglov, l'un des leaders de la coalition de centre-gauche Unité populaire à Kharkov, les attaques du Secteur Droit sur les checkpoints de la République de Donetsk et les actes de répression contre les activistes qui ont immédiatement suivi la signature de l'accord confirment que Kiev n'a jamais eu à l'esprit le moindre dialogue démocratique ni le moindre règlement pacifique du conflit. Quand bien même le gouvernement de Turchinov et Iatseniouk aurait été prêt à faire des concessions, il en aurait été empêché par les nationalistes radicaux, sans le soutien desquels il ne peut pas rester en place.

    De leur côté, les dirigeants de la République de Donetsk ont déclaré qu'ils étaient heureux de voir l'expression, dans l'accord de Genève, d'un "changement de position des pays de l'Ouest vis-à-vis des évènements" ; mais que leurs représentants n'ayant pas été invités à la rencontre et n'ayant pas signé le document, ils ne se considéraient pas liés par celui-ci : "Nous sommes forcés de constater que notre avertissement concernant l'absence de valeur et l'absurdité politique d'un dialogue 'pan-ukrainien' excluant la participation des représentants de l'Est du pays et de la République populaire de Donetsk s'est avéré totalement justifié. Ignorer la volonté populaire du Donbass a eu un triste mais prévisible résultat : le résultat des discussions ne peut être qualifié autrement que d'ensemble d'appels vains et incohérents, impossibles à réaliser en pratique, dictés par quelques obscurs personnages à une population jamais nommée et devant être mis en œuvre sur une période indéterminée et par des moyens inconnus. Ces appels ne sont le reflet ni de la réalité politique actuelle ni de la nouvelle situation institutionnelle qui Pro-Russian-activists-out-008a émergé depuis la proclamation de la République populaire souveraine de Donetsk, sur le territoire de laquelle n'opèrent aucunes forces institutionnelles".

    L'accord de Genève ne sera jamais appliqué. Comment qui que ce soit pourrait-il forcer des gens à accepter un tel accord, lorsque ces gens ont tout juste commencé à prendre conscience de leur force ? Lorsque des chars d'assaut prennent leurs jambes à leur cou et s'enfuient ? Lorsque des colonnes militaires sont arrêtées par de simples sifflets et insultes ? Ces gens ne vont pas abandonner leurs positions simplement parce que des messieurs importants à Genève, sans demander l'avis de personne sur le terrain, ont pris sur eux de décider du sort des autres.

    Pour quiconque ayant eu, à Donetsk ou Luhansk ou Odessa ou Kharkov (ou même Kiev), quelques espoirs que la Russie de Poutine résolve tous les problèmes par son intervention, les récents évènements auront été une amère déception. Mais cette déception ne peut en réalité que profiter au mouvement. La révolution ne doit pas seulement compter sur ses propres forces : elle a DÉJÀ suffisamment de force pour être couronnée de succès. C'est particulièrement vrai du fait que sans considération aucune pour la position du Kremlin, la sympathie de la société russe reste du côté du peuple insurgé de ce pays frère.

    La Russie étant elle-même concernée, les couches dirigeantes risquent de rester coincées dans l'ornière qu'elles ont patiemment creusée elles-mêmes. En capitulant sur la question ukrainienne, elles retourneraient contre elles-mêmes les sentiments patriotiques qu'elles ont attisés de toutes les manières possibles tout au long des derniers mois.

    Aucun fait, bien sûr, ne convaincra jamais les personnes qui considèrent Poutine comme un chevalier sans peur et sans reproche ou, à l'opposé, comme un affreux méchant de conte de fées. Mais ces personnes, bien que spammant 70% de l'internet avec leurs divagations, sont tout sauf une majorité...

    donetsk-protest-reu-1200

    Source et article complet : http://links.org.au/node/3838

    Cet article et la situation en Ukraine dont il traite appellent de notre part les réflexions générales suivantes :

    - Nous sommes revenus au début du 20e siècle ce qui signifie qu'en dehors de quelques cas de Guerres populaires (Asie du Sud, Philippines, ce qu'il en reste au Pérou ou en Turquie) et de luttes de libération relativement oubliées (Delta du Niger), tout évènement conflictuel dans le monde a principalement un aspect inter-impérialiste : si le conflit n'est pas piloté dès le départ par l'affrontement entre puissances et/ou 'blocs' impérialistes (comme c'est le cas en Ukraine), il le devient au bout de quelques semaines ou mois (Libye, Syrie) dès lors qu'une solution de "tout changer pour que rien ne change" (Tunisie, Égypte) n'a pas été trouvée par l'oligarchie locale et la "communauté internationale" impérialiste.

    - Les évènements potentiellement intéressants pour nous communistes sont forcément secondaires ; forcément à rechercher AU-DESSOUS de cet aspect principal ; et généralement de nature ambivalente et contradictoire. Si nous nous arrêtons à l'aspect inter-impérialiste et inter-réactionnaire principal, nous ne pouvons pas les voir ; exactement comme quelqu'un qui se serait arrêté à l'affrontement entre l'Allemagne du Kaiser (avec ses alliés austro-hongrois et turcs) et les impérialistes franco-britanniques avec leur allié russe, pendant la Première Guerre mondiale, n'aurait pas pu voir la naissance de la Guerre de Libération irlandaise ou de la Guerre de Libération arabe (au Machrek) qui se poursuivent encore au jour où nous écrivons, ni même de la Révolution bolchévique ("coup" des Allemands selon la propagande de la bourgeoisie russe et des Alliés). Nous sommes comme face à un lac gelé dont il faut briser la glace pour aller voir sous la surface.

    - Nous devons savoir évaluer les résultats concrets d'une action concrète en dépit des intentions et motivations idéologiques premières de leurs initiateurs, étant donné le flou artistique idéologique dans lequel le grand reflux du mouvement communiste international (1975-2000) a plongé les choses. Ceci est typiquement le cas dans l'Est et le Sud de l'Ukraine mais peut aussi s'appliquer aux "Bonnets rouges" (mouvement des ouvriers et des paysans bretons de l'automne 2013) ou aux Forconi du Mezzogiorno italien, ou encore à la victoire psychologique du Hezbollah libanais sur l'entité sioniste en août 2006 (immense victoire pour tout le Peuple arabe du Machrek). Comme l'explique magistralement le Comité Anti-Impérialiste dans un excellent texte, rappelant ni plus ni moins que les fondamentaux du marxisme, "dans une situation d’oppression, les idées qu’ont en tête ceux qui résistent ne constituent pas la question principale : ce qui compte c’est ce qu’ils font. Tel est le point de vue du matérialisme historique comme l’a magnifiquement montré Engels dans La guerre des paysans en Allemagne".

    - Nous ne devons pas pour autant oublier les intentions et revendications légitimes premières sous prétexte que le résultat concret d'un mouvement est négatif : ceci s'applique à la Syrie mais peut aussi s'appliquer au mouvement EuroMaïdan de l'hiver dernier en Ukraine, ou ici en Hexagone aux mouvements populaires (colonisés intérieurs) de rejet de l'idéologie républicarde dominante et de ses "religions" ("laïcité", "Lumières", Droits de l'Homme BLANC, soutien indéfectible au sionisme en manipulant honteusement la mémoire de la Shoah) quand bien même ils déboucheraient sur des positions politiques réactionnaires comme le dieudonnisme ou le salafisme antisémite assassin d'un Mohamed Merah.

    - Nous ne devons pas ignorer les résultats positifs mineurs d'évènements concrets sous prétexte que les résultats négatifs prédominent : cette prédominance est certes une réalité à court terme, mais les aspects positifs aujourd'hui mineurs peuvent être les "graines" de développements ultérieurs très positifs à moyen et long terme. Nous ne devons pas oublier que les classes dominantes (bourgeoisies impérialistes, oligarchies expansionnistes régionales et bureaucrates-compradores locaux) "font" peut-être l'histoire dans l'immédiat, mais que les masses font l'histoire sur la longue durée.

    - Nous devons (ré)apprendre à analyser les évènements mondiaux dans TOUTE LEUR COMPLEXITÉ. Nous devons rejeter les dogmatiques et les révisionnistes qui veulent, vers tous les Orients compliqués de la planète, "voler avec des idées simples". Nous devons nous débarrasser des vieilles habitudes de la Guerre froide ce qui signifie ne pas se faire les thuriféraires aveugles des impérialismes russe et chinois, des "BRICS", de l'expansionnisme iranien ou de l'ALBA cubano-vénézuélienne dans lesquels certains cherchent à voir désespérément le bloc pseudo-"socialiste" soviétique dont ils sont orphelins, mais aussi ne pas "clôturer" les dossiers internationaux d'un revers d'un main sur un simple "c'est un affrontement inter-impérialiste entre factions locales bureaucratiques-compradores fascistes", comme c'était "tout simplement" hier "l'impérialisme occidental contre le social-impérialisme de Moscou" : ce maoïsme-là est précisément un maoïsme qui n'est pas sorti des réflexes de la Guerre froide (typiquement le maoïsme péruvien "pensée Gonzalo" de ce qu'il reste du PCP, et ses partisans internationaux). Les masses en mouvement sont le facteur historique déterminant en dernière instance et la révolution prolétarienne mondiale est inéluctable, quand bien même sembleraient prédominer pour le moment les manœuvres des impérialistes, des expansionnistes régionaux et des clans oligarchiques concurrents : JAMAIS ceux-ci ne pourront contrôler éternellement TOUTES les mobilisations de masse qu'ils auront suscitées. Dans la "matière brute" des forces révolutionnaires mondiales de demain se trouvent actuellement des partisans de la "République de Donetsk", de Nicolas Maduro au Venezuela ou du président déchu Zelaya au Honduras autant que des partisans déçus d'EuroMaïdan à Kiev ou de la révolte populaire initiale en Syrie. En dehors des quelques Guerres populaires sous la conduite d'un Parti communiste maoïste comme en Inde, nous sommes à l'heure de la crise générale du capitalisme, de ses conséquences socialement destructrices et parfois guerrières-meurtrières pour les masses et des RÉSISTANCES à cela, des "radicalités" populaires et des "utopies pirates" bourrées d'ambivalences comme cette République du Donbass qui fait tant penser au Fiume de D'Annunzio en 1919 ; "radicalités" mathématiquement porteuses d'autant de fascisme que de réformisme démocratique bourgeois... ou de conscience révolutionnaire ; tout dépendant du rôle que pourront et sauront jouer les forces révolutionnaires marxistes avancées dans l'affaire.  

    C'est cela, être des matérialistes dialectiques. Libre à qui le souhaite de nous traiter d'opportunistes... et BONNE CHANCE pour faire la révolution du haut de leur groupuscule "gardien du Temple" de la "Vérité révolutionnaire", qui sera sans doute (n'en doutons point !) rallié spontanément et in extremis par des masses qu'ils auront couvertes d'injures jusque-là !

     


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  • À Chelles (région parisienne), la jeunesse populaire d'un lycée s'est soulevée non pas derrière ses profs en bêlant "des profs ! des moyens !"... mais bel et bien CONTRE EUX et l'administration de l'établissement, qui venait de durcir drastiquement le règlement intérieur. Ceci a entraîné l'intervention de la police (en mode "anti-émeute") et des affrontements avec les lycéens :
    http://www.leparisien.fr/seine-et-marne-77/chelles-echauffourees-entre-lyceens-et-policiers-a-bachelard-12-05-2014-3834959.php

    La mobilisation se poursuivait le lendemain (hier), dans une ambiance tendue mais sans affrontements :
    http://www.leparisien.fr/seine-et-marne-77/chelles-200-ados-rassembles-devant-le-lycee-ce-matin-13-05-2014-3837199.php

    Des images ici :
    http://lechellois.blogencommun.fr/2010-10-emeutes-a-chelles-reportage-photo/

    chelles-emeute7

    Il s'en trouvera évidemment pour dire que tout cela est "décomposé", vu que maintenant que le z'horrible FN guette au tournant, il faut respecter et soutenir notre bonne vieille Républiiiiiique et son brave Premier ministre de l'Intérieur "antifasciste" Valls... Bien loin de Mao Zedong et de son éternel et universel "on a raison de se révolter" !

     

    Et ne parlons même pas des affreux "régionalistes identitaires au service des notables locaux" (c'est ironique bien sûr) qui ont "sévi" samedi dernier à Bastia, en Corse occupée, en marge d'une manifestation pour le "statut de résident" (= contre l'appropriation coloniale du mètre carré habitable) :

    http://www.corsematin.com/article/derniere-minute/affrontements-a-bastia-en-marge-de-la-manifestation-des-nationalistes.1373652.html

    http://www.corsicainfurmazione.org/59745/corse-simudistupaese-ouverture-dune-enquete-preliminaire/2014/

    BastiaBastia2


     


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  • 524px-Partijarada4.svg

    La Bosnie-Herzégovine et les récents évènements qui s'y sont déroulés peuvent-ils être compris de manière correcte, sans commettre d'erreur dans l'évaluation ; et ces évènements peuvent-ils contredire nos découvertes et rendre notre analyse fausse ?

    Pourquoi la Bosnie et les processus qui s'y déroulent sont-ils tant imprévisibles et difficiles à analyser ?

    Il y a de nombreuses raisons à cela ; nous nous limiterons à en énumérer quelques-unes.

    1 maj 2014 5La première et la plus connue est que la Bosnie est l'épicentre où trois cultures et trois religions se rencontrent : celle de l'Ouest (catholique), celle de l'Est (orthodoxe) et celle d'Orient (islamique). Elle est partagée (ou plutôt mélangée) entre ces trois racines. Et toute distorsion de cet équilibre conduit à une escalade du conflit ethnique. Il faut souligner que les distorsions de cet équilibre, de cette coexistence, sont toujours venues de l'extérieur. Le facteur externe a toujours été décisif, en creusant ces différences pour servir ses intérêts. C'est ce qui s'est produit dans les années 1990, lorsque les nationalistes serbes et croates ont tenté de se partager la Bosnie-Herzégovine [NDLR cette tentative de partage aux dépens des "Musulmans" bosniaques est l'aspect principal du conflit jusqu'en mars 1994, lorsque la pression impérialiste US oblige les Croates à s'allier avec leurs ennemis de la veille...]. Le résultat en a été la guerre, dont le terrible coût est bien connu de tous, et il faudra sans doute encore longtemps pour surmonter toutes les divisions causées.

    Une autre raison est que la Bosnie-Herzégovine a toujours été un puissant foyer d'idées supranationales. La Bosnie-Herzégovine durant la Seconde Guerre mondiale, au sein du mouvement partisan, et plus tard durant la période du soi-disant "socialisme" a engendré l'idée d'une Nation yougoslave transcendant les divisions religieuses et ethniques. Cette synthèse a laissé une profonde empreinte jusqu'à ce jour dans l'esprit des masses, plus comme une nostalgie que comme une force réelle, mais elle existe encore bel et bien.   

    1 maj 2014 7La troisième raison est son retard historique : la Bosnie a conservé de profonds rapports sociaux patriarcaux, sans avoir le temps de bâtir sa société bourgeoise et de former clairement les classes de celle-ci, bourgeoisie et prolétariat [NDLR rappelons que pour SLP ceci est plutôt un "atout" : la vague révolutionnaire ne se déploie selon nous pas à partir des endroits où la société bourgeoise est la plus ancienne et "ancrée", hégémonique, ce que nous appelons les Centres, mais au contraire à partir de là où le capitalisme a le plus "fraîchement" pénétré et commencé à (très violemment) briser l'organisation sociale "traditionnelle" (communautaire/"solidaire" pré-capitaliste), les Périphéries "campagnes" de chaque continent et du monde, dont fait partie la Bosnie]. La bourgeoisie n'a pas eu le temps d'apparaître en tant que classe différenciée, pas plus que la classe laborieuse n'a eu le temps de devenir un prolétariat au strict sens du terme. La classe travailleuse a largement conservé son caractère rural : un pied à la campagne, un pied à la ville (à l'usine). Les processus qui ont suivi la dernière guerre (des années 1990) ont débouché sur une plus grande polarisation de la société et davantage d'appauvrissement et de marginalisation pour les travailleurs. Le chômage élevé et la paupérisation qui en résultent ont conduit à la création d’une nouvelle classe. Cette classe a surgi des élites des partis politiques ayant profité de la guerre ; elle n'est pas une bourgeoisie au sens classique du terme mais une mixture de népotisme politique et de forme primitive de mafia : autrement dit, il s'agit de crime organisé [NDLR il s'agit en fait d'une oligarchie bureaucratique-compradore de pays dominé, une "bourgeoisie" oligarchique marquée par le caractère féodal-patriarcal-clientéliste de tuzla protest 9la société (expliqué plus haut), ainsi que par les caractéristiques propres aux "pays de l'Est" où sous le "socialisme" capitaliste d’État c'était dans l'appareil politique que se formait la nouvelle bourgeoisie, devenue ensuite ouvertement capitaliste sous une forme gangstero-oligarchique].

    Aujourd'hui en Bosnie-Herzégovine, seule environ la moitié de la population en âge de travailler est sur le marché du travail et le taux d'emploi est à peine de 20%. Cela signifie que les 3/4 de la population active sont sans emploi. Plus de la moitié de la population est au seuil de la pauvreté, et un cinquième au-dessous de ce seuil.

    La quatrième raison est que les impérialistes, de par leurs intérêts, ne sont pas prêts à tolérer une radicalisation de la situation en Bosnie. Pour eux le problème est actuellement "gelé" ou "balayé sous le tapis", comptant que le temps qui s'écoule engendrera la forme étatique appropriée pour une pleine intégration dans le monde impérialiste moderne. Ils sont donc pour le moment satisfaits de maintenir la Bosnie sous protectorat.

    La cinquième raison est justement que la Bosnie-Herzégovine est plus ou moins un protectorat sous un statut colonial, particulièrement en raison de la présence militaire occidentale. Les masses manquent de confiance en leur propre force, tout en étant animées d'un profond sentiment d'hostilité envers la présence impérialiste.

    tuzla18Nous avons déjà parlé de la récente révolte sociale en Bosnie. Il s'agissait d'une rébellion en réponse aux conditions dans lesquelles sont plongées les masses populaires de ce pays, dont la position sociale se détériore à grande vitesse. La Bosnie-Herzégovine est le premier pays de la région balkanique en termes de chômage, de bas revenus et de corruption. L'arrogance pure des représentants gouvernementaux, des magnats et des criminels a allumé la mèche de la révolte du peuple.

    Les manifestations ont montré la force éblouissante des masses, mais aussi leur incapacité à élever la révolte à un niveau supérieur. C'est à ce moment-là que leur lutte a débouché sur la formation de plenums. Ces plenums ont vite montré leurs limites ; ils ont montré que sans une force révolutionnaire organisée, ils ne pouvaient pas évoluer en institutions parallèles au pouvoir officiel. Ceci débouchera certainement sur leur effondrement.

    Devant les quelques groupes révolutionnaires de Bosnie-Herzégovine se dresse une tâche historique : mettre à profit la situation actuelle et créer une organisation révolutionnaire. Ce que ce mouvement révolutionnaire apportera est clair : la libération du Peuple des chaînes du capitalisme !

    bosna podrska 01Devant toutes les forces révolutionnaires en Europe se dresse dans le même temps une mission : AIDER la situation actuelle en Bosnie à devenir révolutionnaire. Les évènements en Grèce ont été une leçon pour tous. Le réformisme et la capitulation du soi-disant mouvement révolutionnaire en Grèce est évident pour tout observateur. La différence entre la Bosnie et la Grèce, au regard du mouvement de révolte de masse, est essentielle pour comprendre les tendances futures dans les Balkans et, au-delà, dans toute l'Europe. En Grèce, les masses ont formé des organisations pour les diriger, tandis qu'en Bosnie-Herzégovine il n'existe pas de telles organisations. Mais en Grèce, les masses se sont révoltées parce qu'elles sont appauvries, tandis qu'en Bosnie elles se révoltent parce qu'elles ne peuvent pas tolérer plus longtemps la pauvreté et l'humiliation. C'est une différence fondamentale. Il n'y a pas en Bosnie d'organisation ou de mouvement révolutionnaire, mais il y a en revanche toutes les autres conditions pour permettre le début d'un processus qui aurait une portée incommensurable pour l'ensemble du mouvement révolutionnaire en Europe. Il y a en Bosnie-Herzégovine les conditions pour commencer à construire un mouvement anti-impérialiste. Il ne semble cependant pas, hélas, y avoir une grande conscience de cela dans le mouvement marxiste-léniniste européen qui, et pas seulement dans l'exemple bosniaque, ne se situe même pas à la remorque des masses mais complètement à côté.

    Peut-être les réponses du passé peuvent-elles être une partie des réponses d'aujourd'hui, pour comprendre la Bosnie-Herzégovine.

    Lorsqu'on lui demandait pourquoi la révolution avait éclaté en Russie, l'écrivain Ilya Ehrenbourg répondait : "Peut-être parce que nous avions tellement de cœur, et si peu de pain".

    PARTIJA RADA

    2014

        branioci tuzlezavno bihpartijarada


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    Alors que le 1er Mai dernier a été l'occasion d'une nouvelle et lumineuse déclaration internationale maoïste ainsi que de l'annonce d'un évènement de la toute première importance : la fusion du CPI(ML) Naxalbari avec le PC d'Inde (maoïste) [clarifiant une nouvelle fois la ligne de démarcation avec les groupuscules dogmato-métaphysiques amis de Manuel Valls] ; deux évènements consécutifs viennent donner l'impression qu'une offensive mondiale anti-maoïste a été déclenchée.

    En Norvège, c'est le vétéran (40 ans de militantisme) du mouvement Tjen Folket (Servir le Peuple !) Kjell Gunnar Larsen qui a été arrêté le 28 avril et poursuivi sous des accusations montées de toute pièce, risquant plusieurs années de prison : http://tjen-folket.no/Sentralt/view/11678

    Liberté pour Kjell Gunnar Larsen ! Solidarité internationale avec Tjen Folket !

    Kjell Gunnar Larsen & G.N. Saibaba : la chasse mondiale aux maoïstes montre la nervosité des classes dominantesKjell Gunnar Larsen est un militant maoïste supporter de Tjen Folket (Servir Le Peuple – Norvège) et membre de l’organisation antiraciste SOS Rasisme.

    Le lundi 28 avril au matin, il a été arrêté avec sa compagne par la police norvégienne. A travers lui c’est SOS Rasisme qui est visée, victime d’une répression féroce depuis 2008 sous de nombreux prétextes fallacieux notamment financiers. Alors même que l’organisation a fourni une documentation complète démontrant le caractère politique de cet acharnement.

    En prison pour deux semaines, le camarade risque jusqu’à 6 ans de prison. L’État norvégien montre une fois de plus que la bourgeoisie est prête à tout pour asseoir sa domination et faire taire toutes contestations révolutionnaires. Face au développement de la répression, nous devons répondre par la solidarité internationale.

    L’OCML Voie Prolétarienne exige la libération immédiate de Kjell Gunnar Larsen et l’arrêt des poursuites.

    L’OCML Voie Prolétarienne apporte son soutien total à l’organisation maoïste Tjen Folket (Servir Le Peuple).

    6 mai 2014

    Free Kjell Gunnar Larsen ! International solidarity with Tjen Folket !

    Kjell Gunnar Larsen is a maoïst activist supporter of Tjen Folket, and member of the anti rascist organisation SOS Rasisme.

    He was arrested with his partner by the norwegian police in the morning of April, 28th. By arrested him, the police want to weaken SOS Rasisme, victim of repression since 2008 on many fake excuses, including financials ones. The organisation supplied a full documentation in order to prove the political side of this doggedness. In prison for two weeks, the comrade may risk 6 years of detention.

    The Norwegian state proves once again that the bourgeoisie is ready to do anything to establish its domination, and make keep silent every revolutionnary protest. We have to respond the repression development by international solidarity.

    MLCO Proletarian Way demands the immediate liberation of Kjell Gunnar Larsen and the stopping of pursuits.

    MLCO Proletarian Way supports tottaly the maoïst organisation Tjen Folket.

    Tjen Folket

    11.05.2014

     

    Et à présent en Inde, alors que le fascisme néocolonial "modéré" du Congrès s'apprête à céder la place au fascisme ultra BJP-RSS-Salwa Judum de Narendra Modi (ancien gouverneur du Gujarat responsable du méga-pogrom de plusieurs milliers de musulmans en 2002), la guerre d'anéantissement semble d'ores et déjà lancée avec l'arrestation (de style Plan Condor) le 9 mai au matin du professeur G.N. Saibaba, leader du Front révolutionnaire démocratique :  

    Inde : Un professeur d’université arrêté comme maoïste

    Un professeur de l’Université de Delhi a été arrêté vendredi matin à New Delhi pour des liens présumés avec les maoïstes. L’arrestation a été faite par la police de l’état du Maharashtra, qui a placé le professeur G.N. Saibaba en garde autour de 11h45 quand il était à Daulat Ram College de vérifier certaines épreuves. Il a été transféré à Maharashtra par l’après-midi. La police l’accuse d’être un maillon essentiel entre le Comité Central du PCI(maoïste ) et ses bases « urbaines » .

    Exigeons la libération immédiate du professeur Saibaba! 

    GN Saibaba1-509x405Le 9 mai dernier, le professeur G.N. Saibaba, qui enseigne l’anglais à l’Université de Delhi, était dans sa voiture alors qu’il retournait déjeuner à la maison. G.N. Saibaba est connu depuis un certain nombre d’années comme militant anti-impérialiste et co-animateur du Front révolutionnaire démocratique, une organisation de masse qui lutte contre l’oppression et l’exploitation impérialiste, la bourgeoisie vendue et le féodalisme. Il a notamment participé à plusieurs colloques et forums politiques dans divers pays, où il est intervenu au sujet des difficiles conditions d’existence de centaines de millions de paysannes, paysans et travailleurs et travailleuses en Inde. Cela lui a valu d’être systématiquement harcelé par la police indienne. Celle-ci a fouillé son domicile un peu plus tôt cette année, mais elle n’avait pas encore osé l’arrêter, de crainte des réactions que cela aurait suscitées en Inde et à l’étranger. Elle est toutefois passée à l’action le 9 mai à l’heure du lunch.

    Sur le chemin du retour après avoir supervisé un examen, Saibaba a été arrêté par des policiers en civil de l’État du Maharashtra. Le professeur réside pourtant à New Delhi, dans un autre État, et c’est là où on l’a arrêté. Les flics lui ont bandé les yeux et l’ont amené contre sa volonté et sans lui offrir la possibilité de communiquer avec un avocat, d’abord dans un poste de police local, puis à l’aéroport de Delhi, où on l’a forcé à monter à bord d’un avion pour le Maharashtra. Constatant qu’il n’était pas rentré à la maison pour déjeuner, sa conjointe a essayé de le contacter, sans succès. Ce n’est que plus tard qu’elle a reçu un appel de la police de l’État du Maharashtra, qui lui a annoncé que son conjoint avait été arrêté et qu’un acte d’accusation allait être déposé contre lui. Quand elle a demandé plus de détails, la police a mis fin à la communication.

    La célèbre auteure, journaliste et militante Arundhati Roy a vivement dénoncé cette arrestation: «Il s’agit d’un mépris éhonté des droits constitutionnels d’un citoyen. Auparavant, ces situations se produisaient seulement dans les villages pauvres, où il n’y a personne pour remettre en question les viols et les enlèvements; il semble bien que la répression ait maintenant atteint les grandes villes.»

    Nous, membres du Comité prolétarien d’action révolutionnaire de Toronto (PRAC) qui sommes également impliquéEs dans la campagne internationale contre la guerre anti-populaire en Inde (ICAWPI), exigeons la libération immédiate du professeur Saibaba et condamnons cette arrestation arbitraire et inconstitutionnelle. Une vague de protestations a déjà commencé en Inde ; il est essentiel que les démocrates, progressistes et révolutionnaires se mobilisent partout dans le monde contre ce régime coupable de harcèlement et d’arrestations arbitraires.

    ICAWPI-Toronto
    (« International Campaign Against the War on the People in India »)
    Comité prolétarien d’action révolutionnaire (PRAC)-Toronto
    Le 10 mai 2014

    Solidarité avec les camarades emprisonnés !

     Arrêter un révolutionnaire n'arrêtera jamais la Révolution !

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  • Voici un excellent texte d'un maoïste états-unien (s'exprimant à la première personne dans plusieurs passages), publié sur le tout aussi excellent website  Maosoleum. Il présente des positions originales et intéressantes sur l'universalité de la Guerre populaire et des principes maoïstes en général, appliqués au cas concret de la guerre en Syrie – nous renverrons ceux qui nous diraient que c'est "cosmopolite" et "sans intérêt pour la réalité française" au nombre de personnes, particulièrement de jeunes culturellement musulmans ou convertis, qui se passionnent pour ce conflit au point d'aller y combattre - si nombreux que le gouvernement vient de prendre des mesures extraordinaires contre eux.

    Ce qui est écrit est par bien des aspects exactement ce que nous aurions pu écrire lorsque nous avons mené la bataille idéologique sur ces affaires libyenne, syrienne etc. ; mais que nous n'étions pas parvenus à formuler aussi clairement. Et une leçon éclatante pour tous ces "communistes" (trotskystes comme "marxistes-léninistes" et même "maoïstes") qui vers l'Orient compliqué volent avec des idées simples – avec des schémas livresques pour être exact.

    C'est plutôt long, mais encore plus intéressant ! Bonne lecture.


    Notes sur l'universalité de la Guerre populaire prolongée : ni Assad ni OTAN


    djihadistesIl a beaucoup été débattu, ces dernières années, de la guerre civile en Syrie au sein de la gauche au sens large, des mouvements socialiste et communiste et y compris des divers courants marxistes. Récemment, toutefois, on a pu voir fleurir les commentaires et la lutte de lignes au sujet de la récente déclaration de soutien militaire ouvert à l'"Armée syrienne libre" (ASL) par l'OTAN et les États-Unis. Ceci a notamment conduit à une lutte de lignes informelle dans notre propre entourage, online comme offline. C'est ainsi qu'un sujet certes important, mais pas urgent est devenu urgent, en particulier parce que j'y vois certaines confusions au sein des forces maoïstes, en particulier un suivisme éclectique et parfois opportuniste vis-à-vis des forces révisionnistes et nationalistes à la fois en Syrie et en dehors, mais aussi un abandon de la lutte pour affirmer le principe central du socialisme scientifique maoïste : l'universalité de la Guerre populaire prolongée.

    Cet article n'est pas en tant que tel un article sur la Syrie en général (sujet complexe qui peut difficilement être abordé dans un seul article), pas plus qu'il ne s'adresse aux forces qui dans la gauche soutiennent l'ASL - c'est-à-dire le miroir inversé de la gauche pro-Assad. Il est une tentative de mener la lutte de lignes au sein du maoïsme, afin de clarifier et développer une ligne particulière que nous avons compris être la ligne correcte, maoïste, et l'ordre de marche sur cette question. Il a donc en tant que tel un champ limité, et merci d'avoir cette délimitation à l'esprit si vous souhaitez y répondre.

    Siria anti-imperioCes confusions représentent un abandon du maoïsme et un embrassement du révisionnisme et de certaines formes de stalinisme ou de trotskysme ; elles représentent une régression si elles sont largement adoptées, et une régression aussi dans la lutte pour établir sinon l'hégémonie, du moins une position différenciée par rapport à d'autres courants et traditions, ce qui est nécessaire dans la lutte politique de masse.

    Ces confusions dans le camp maoïste portent essentiellement sur trois axes :

    1) Confondre le principe de lutte contre l'impérialisme avec soutenir un régime donné sur la seule base de sa posture envers l'impérialisme, principalement l'impérialisme US. Appelons cette confusion une erreur sur la nature de l'impérialisme.

    2) Confondre le principe d'internationalisme prolétarien avec la défense de la libération nationale ; en général s'agissant d'un antagonisme entre un État-nation semi-colonial semi-féodal et des pays impérialistes ; en particulier s'agissant d'un État multinational créé arbitrairement par l'impérialisme britannique [et français NDLR] en 1920 comme la Syrie. Appelons cette confusion erreur nationaliste.

    3) Confondre le principe d'universalité de la Guerre populaire avec le principe de Front uni pour la libération nationale. La tâche des communistes, partout, est de faire la révolution, car nous savons que l'on a raison de se révolter, mais qu'il est mieux de faire la révolution. Une des choses qui différencie le maoïsme des autres marxismes et même de la pensée Mao Zedong, c'est que nous avons compris le principe de Guerre populaire prolongée comme universel. Cela ne veut pas dire que l'aspect militaire est toujours l'aspect principal (ce qui serait de l'ultra-gauchisme), mais cela veut dire que lorsque l'aspect militaire devient principal (comme c'est le cas en Syrie, sur ce point nous ne pensons pas qu'il y ait discussion) la perspective doit être de développer la Guerre populaire prolongée dans les conditions spécifiques de classe d'une situation révolutionnaire donnée. Les lignes "maoïstes" qui ne mettent pas cela au premier plan laissent de côté l'universalité de la Guerre populaire prolongée (GPP) et la remplacent par d'autres perspectives, principalement de nature éclectique et opportuniste. Appelons cette confusion erreur d'éclectisme et d'opportunisme.

    Nous allons tenter d'aborder successivement ces trois erreurs, mais nous nous pencherons d'abord sur une erreur secondaire de méthode qui est présente derrière toutes ces confusions.

    L'erreur de manque d'investigation

    Kurdish women Syria
    Ni Assad ni OTAN : les femmes kurdes montrent la voie !

    Ma position initiale sur les évènements a été relativement différente de celle sur la Libye (pour laquelle j'ai milité contre l'intervention impérialiste depuis une perspective de ne choisir aucun camp) : les spécificités des guerres en Libye et en Syrie (bien que partageant des similitudes) sont suffisamment importantes pour ne pas se contenter de copier-coller les positions.

    Ce que nous avons là est une confusion secondaire par rapport aux trois principales au-dessus : c'est une erreur de science, appelons-la une erreur de manque d'investigation. Le maoïsme doit toujours rejeter le culte du livre. Mao traite du phénomène directement dans le titre de la quatrième section  de son ouvrage Contre le Culte du Livre : "L'absence d'enquête sur la situation réelle donne lieu à une appréciation idéaliste des forces de classe et à une direction idéaliste dans le travail, ce qui conduit soit à l'opportunisme soit au putschisme".

    Plus loin dans cette section il écrit : "Nous devons nous débarrasser de l'idéalisme et nous garder des erreurs opportunistes et putschistes si nous voulons réussir à gagner les masses et vaincre l'ennemi. Et la seule manière de nous débarrasser de l'idéalisme est de faire l'effort d'enquêter sur la situation réelle".

    Décortiquons tout cela :

    1) L'idéalisme désigne ici le procédé de partir d'une idée et de substituer celle-ci à la confrontation dialectique avec la réalité matérielle. Ceci inclut le maniement d'un empirisme vulgaire - par exemple, privilégier certains faits matériels sur d'autres lorsque l'on élabore une ligne particulière. Dans le cas syrien, par exemple, l'idéalisme est présent dans la description du régime Assad comme "anti-impérialiste", alors qu'il est en réalité pro-impérialiste : il sert les intérêts de l’impérialisme russe et opprime nationalement les peuples non-arabes et arabe sunnite en Syrie, ainsi que d'autres groupes nationaux minoritaires. Il administre également un État semi-colonial/néocolonial dont les frontières ne résultent nullement d'un processus d'autodétermination nationale, mais des caprices de l'Empire ottoman (d'abord) puis de l'impérialisme britannique. Ceci est un exemple et nous ne nous plongerons pas davantage dans d'autres spécificités, mais cela suffit à montrer que l'idéalisme ne consiste pas seulement en une pensée abstraite (ce qu'il est souvent), mais aussi en un prétendu empirisme ou un matérialisme incomplet, qui ne s'est pas soumis à un large et ouvert travail d'investigation.

    Coalition2) L'opportunisme désigne ici l'abandon des principes politiques dans le but d'avancer une perspective stratégique ou tactique particulière. Dans le cas de la Syrie, l'opportunisme tend principalement à s'exprimer dans le mouvement communiste sous la forme de "l'ennemi de mon ennemi est mon ami". Bien que ce ne soit pas toujours une mauvaise perspective, dans le cas syrien ça l'est : dès lors qu'il y a des amis disponibles non seulement sur la base d'un ennemi commun, mais aussi d'un commun objectif dans la lutte contre l'ennemi, il n'y a pas de raison de placer la barre aussi bas. Ceci a une longue tradition dans le maoïsme : rechercher l'alliance avec des forces qui suivent le même chemin et ont le même ennemi que nous, plutôt qu'avec des forces qui n'ont en commun avec nous que l'ennemi. Nous avons un ennemi commun aussi bien avec Assad qu'avec l'ASL, et ces ennemi dans les deux cas est l'impérialisme en général. Les opportunistes postulent que défendre Assad est anti-impérialiste, mais ce n'est pas le cas : la question du Kurdistan suffit à démolir cette affirmation.

    3) Le putschisme désigne ici le point de vue que ce qui importe réellement est le contrôle central de la machine d’État, plutôt que l'organisation des masses populaires. Dans l'exemple syrien, ceci débouche sur l'idée que le régime Assad représente la seule force capable de s'opposer aux intérêts et aux positions politiques du bloc US-OTAN-Israël. Ce n'est pas le cas : il a lui-même démontré depuis longtemps être un tigre en papier. Les semeurs d'illusions putschistes ne tiennent pas compte – a priori – de la base populaire du soulèvement contre Assad et pire encore, convoquent au débat des thèses conspirationnistes paranoïaques et des affirmations que l'insurrection est totalement orchestrée par les services secrets impérialistes depuis le début. Aujourd'hui, il ne faut pas se voiler la face : les services secrets impérialistes sont partout dans l'ASL et ont pénétré tous les niveaux de l'insurrection. Pour autant, assumer cette réalité comme centrale est anachronique, et revient à abandonner le matérialisme dialectique et à décrire la lutte des classes comme de simples conspirations entre élites, niant tout rôle aux masses populaires. Soyons claires là aussi : les masses commettent des erreurs. Mais ce sont les erreurs des masses, pas de conspirateurs qui utiliseraient leur juste révolte à leurs fins. Les putschistes croient ainsi que les masses sont de pauvres pions dans un jeu joué par des forces supérieures, plutôt que des acteurs concrets de leur destinée. En Syrie, le soulèvement a débuté dans le prolongement d'une vague de révolte partie de Tunisie et entrant désormais dans sa troisième année avec les révoltes en Turquie. Les revendications initiales du mouvement étaient raisonnables et justes : plus de droits démocratiques, résolution de la question des nationalités [et autres communautés] opprimées incluant l'autonomie régionale et locale, et des élections pluralistes et libres. Dès le départ, bien entendu, des forces libérales et pro-US étaient présentes, ainsi que des islamistes, mais il y avait aussi des communistes, des nationalistes kurdes et d'autres forces de gauche et progressistes. La réaction initiale du régime, pour être brutale, n'a pas été "anormale" même selon des standards occidentaux : coups, gaz lacrymogènes, arrestations de masse etc. Il a même tenté d'instaurer un dialogue avec les forces du soulèvement initial ayant un clair positionnement anti-OTAN, incluant les Kurdes. La Coordination des Comités locaux (CCL) émergea comme une solide aile gauche du mouvement, dirigée par un anarchiste et comprenant des forces issues d'une gauche large et vivante. Puis, soudainement et sans avertissement, Assad opta pour une solution militaire. La brutalité d'une telle répression était à la fois sans précédent et injustifiable. Cela poussa de larges sections des masses d'une position de neutralité vers une complète opposition. Et cela a transformé ce qui était une lutte essentiellement politique en conflit militaire. Dans ce contexte, le militaire venant à prédominer, il était naturel que les forces ayant initialement cherché une juste réparation de leurs torts se retrouvent dos au mur et tombent dans l'erreur de chercher un soutien à tout prix. La CCL s'effondra comme alternative de gauche, l'ASL se peupla d'anciens Assad l'assassinpersonnages du régime retournés par les services d'intelligence étrangers, et la situation prit la tournure qu'elle a actuellement.  

    Clairement, l'absence d'une force communiste révolutionnaire capable à la fois d'affronter le régime Assad et de maintenir son indépendance vis-à-vis de l'impérialisme US et de l'OTAN a engendré une situation dans laquelle aucun camp n'est soutenable. Pour autant, il faut bien le comprendre, cela ne signifie pas que les revendications initiales soient soudain devenues irrecevables. Ne pas être capable de mettre en œuvre une ligne politique correcte est une chose, perdre tout espoir en ces lignes pour choisir un camp en est une autre. Les putschistes considèrent que les masses qui ont manqué de clarté doivent être abandonnées à leur triste sort, et choisissent dès lors le camp de ce qu'ils voient comme l'allié principal. C'est une erreur, ainsi que le signalait Mao. 

    Maintenant, il est vrai que c'est là une œuvre précoce de Mao, et nous ne voulons pas commettre nous aussi l'erreur contre laquelle nous mettons en garde et tomber nous-mêmes dans le culte du livre. Mais il n'y a aucune preuve en pratique, ni aucune formulation théorique démontrée par la pratique qui contredise cette position scientifique. Je pense Mao a fourni là un principe politique universel à travers ces observations, et qu'elles restent aujourd'hui valides pour l'essentiel. Si Mao n'a pas développé jusqu'au bout le maoïsme, il en a clairement été le point de départ. Une méthode maoïste ne consiste pas en l'exégèse de ce que Mao a dit ou voulu dire, mais plutôt à poser clairement les principes et à la soumettre à une critique scientifique. En citant Mao, nous ne cherchons pas à faire vainement autorité mais plutôt à montrer qu'un principe, vieux de plus de 80 ans, reste valide et s'applique à une situation présente, et illustre parfaitement l'erreur de manque d'investigation.

    En bref, ceux qui soutiennent le régime capitaliste bureaucratique, pro-impérialiste et chauviniste arabe d'Assad ne sont définitivement pas des maoïstes mais des idéalistes, cherchant à s'aligner sur le révisionnisme lui-même à la remorque du capitalisme bureaucratique. Ceux qui affirment être maoïstes et au nom du maoïsme font cela n'appliquent pas la rigueur scientifique maoïste, et abusent donc les masses en prétendant représenter le maoïsme alors qu'ils représentent en fait autre chose. En tant que maoïste hétérodoxe, je ne crois pas qu'avoir une divergence de vue avec la majorité ou l'orthodoxie soit problématique en soi : le maoïsme c'est la lutte de lignes, et pour qu'il y ait lutte de lignes il faut bien qu'il y ait des lignes différentes. Mais l'essence de l'erreur d'idéalisme consiste, plutôt qu'à défendre des lignes inscrites dans un débat scientifique, à embrasser éclectiquement des assertions et des suppositions non-scientifiques basées non pas sur une étude attentive de la situation concrète, sur une concrète analyse de classe, mais sur les dogmes superficiels et à l'emporte-pièce du révisionnisme (et de ses proches cousins le stalinisme et le trotskysme).

    La lutte entre des lignes rigoureuses et scientifiques fait partie du processus de découverte de la vérité, et d'établissement d'un correct ordre de marche. La lutte contre l'erreur de manque d'investigation est une lutte contre des positions qui dissimulent la vérité derrière un écran de fumée de dogmes éclectiques, conduisant à l'opportunisme ou au putschisme.

    Cela ne veut pas dire que les maoïstes ne peuvent pas développer des Fronts unis avec d'autres forces de gauche, progressistes, socialistes et communistes. Nous le pouvons et le devons comme partie intégrante de la lutte des classes, y compris avec des personnes avec lesquelles nous avons de profonds désaccords (bien sûr dans un esprit de réciprocité et non de suivisme). Pour autant, nous sommes des maoïstes recherchant fermement l'écoute et le soutien des masses, et nous devons à un moment donné dire : ceci n'est pas du maoïsme, c'est autre chose. Tel est le cas que nous présentons ici : la différence entre une lutte de ligne au sein du maoïsme, basée sur des principes, et quelque chose qui n'est pas du maoïsme mais une falsification de celui-ci.

    Erreur sur la nature de l'impérialisme

    00881 PPPAL'impérialisme n'est pas une simple et vague définition au sein du corpus marxiste-léniniste. Il a une signification bien déterminée : c'est un terme scientifique avec une base scientifique qui, bien qu'ayant des traits communs avec certaines définitions non marxistes-léninistes du terme, a aussi de grandes différences avec elles. Le texte "canonique" pour cette définition est l'ouvrage de Lénine "L'Impérialisme, stade suprême du capitalisme", basé sur des travaux antérieurs de Karl Kautsky avec des ajouts personnels de Lénine.

    Synthétiquement : l'impérialisme représente le stade suprême du capitalisme, suprême dans le sens d'un développement de la période précédente du capitalisme, qui cesse d'être un phénomène européen pour devenir un phénomène mondial. L'impérialisme tel que le comprend le marxisme-léninisme est effectivement la perspective de la domination d'une nation/pays ou groupe de nations/pays sur un autre, mais il explique aussi comment cette domination a pu se produire, et définit les contradictions que cela génère au sein du capitalisme comme système. C'est par rapport à cette spécificité que fait souvent défaut, chez ceux qui parlent d'anti-impérialisme, une compréhension scientifique de l'impérialisme ; ce qui les conduits à appliquer des schémas d'une époque révolue (la Guerre froide) pour élaborer une ligne politique sur des évènements actuels.

    En particulier, on tend à observer une confusion entre le fait que depuis la Seconde Guerre mondiale l'impérialisme dominant dans le monde a été l'impérialisme US, et le fait que ce soit une réalité figée et que ce soit systématiquement l'ennemi principal. Ceci a pu, ou pas, être correct par le passé (ce serait le sujet d'une toute autre discussion), mais la réalité aujourd'hui est que l'impérialisme US n'est pas seul au monde. Il n'y a pas seulement des impérialismes qui sont ses alliés, comme le britannique ou le canadien, ou qui ont des relations cordiales bien qu'assez souvent contentieuses avec lui, comme l'Union européenne et en particulier les impérialismes français et allemand, mais aussi des impérialismes qui émergent et mettent en cause sa prédominance ; en réalité, il existe un "bloc de contre-hégémonie" qui est lui aussi impérialiste. Le principal exemple est bien sûr celui de la Russie, qui a en partie hérité du social-impérialisme soviétique mais a aussi développé depuis la dissolution de l'URSS son propre empire, souvent constitué des morceaux que l'impérialisme US laisse derrière lui à mesure que son hégémonie s'effrite progressivement. Cette confusion a pour racine des croyances erronées sur ce qu'est l'impérialisme comme système.

    L'impérialisme peut être vu, de la manière la plus précise, comme un "système de systèmes" : il est le résultat d'une phase d'interdépendance internationale du capitalisme, et il fait donc partie de la compétition entre les différentes classes dominantes pour leurs profits. Il n'a rien à voir avec d'autres formes culturelles, religieuses, ethniques etc. de domination et d'oppression : il s'agit en essence d'exploitation. Aujourd'hui, l'impérialisme fait bien sûr usage de ces formes culturelles, religieuses ou ethniques de domination et d'oppression comme partie intégrante de son fonctionnement, mais seulement dans la mesure où cela lui permet d'engranger des profits. En tant que tel, l'impérialisme ne répond devant rien d'autre que le profit, il n'a d'autre loyauté qu'envers le capital, et d'autre camp que celui de la bourgeoisie. L'impérialisme n'est pas seulement la domination d'un pays sur un autre, mais l'exploitation d'un pays par un autre - de fait, l'impérialisme peut être présent même sous les apparences d'une relation cordiale et égalitaire entre l'impérialiste et son sujet.

    La compétition entre les impérialistes, cependant, offre des opportunités au camp révolutionnaire. L'exemple classique de cela est la mise à profit de ces contradictions par les bolchéviks, qui a permis leur victorieuse prise du pouvoir d’État. Ils ont utilisé l'impérialisme allemand contre l'impérialisme russe tout en avançant leur propre ligne, et en luttant à la fois contre les tsaristes et le gouvernement provisoire.

    PRC-internationaleUn autre exemple classique est celui de la Révolution chinoise, où le Parti communiste a su utiliser correctement les contradictions entre impérialistes japonais et occidentaux, ainsi qu'au sein de la Nation chinoise, pour établir son hégémonie en luttant à la fois contre les nationalistes chinois (Kuomintang) et l'impérialisme japonais, remplacé plus tard par l'impérialisme occidental/US (nous commençons là à voir que ces luttes n'ont pour ainsi jamais été entre deux camps bien définis, mais plutôt en général entre trois camps, ce qui est très important pour ma démonstration de l'universalité de la GPP).

    Historiquement - et c'est là une erreur que l'on peut faire remonter jusqu'à l'époque de Lénine - le Komintern a assumé une position mécanique voulant qu'il y ait, systématiquement et à tout moment, une ligne de classe exprimée dans l'espace politique concret et que cette ligne de classe se manifeste dans le monde entier, si bien que les membres du Komintern devaient avoir une position sur absolument tout ["campisme"], sous peine d'être qualifiés d'"abstentionnistes" ["ni-ni" diraient nos détracteurs et expulseurs de forums lorsqu'ils n'ont plus que cet argument - ici].

    Pratiquement toutes les traditions puisant dans cette perspective kominternienne souffrent de cela, et le maoïsme ne fait pas exception. C'est une erreur car cela ouvre la porte à des applications mécaniques et dogmatiques de principes abstraits, ce qui, comme Mao (et cela ne manque pas d'ironie) l'a expliqué conduit à l'idéalisme, qui conduit à son tour à l'opportunisme ou au putschisme. Nous devons rompre avec cette logique erronée.

    J'assume considérer que ce "péché originel", si je puis m'exprimer ainsi, doit être rectifié. La disparition finale de l'URSS nous en donne l'opportunité. En l'absence de toute possible lutte politique interne en Russie, avec le renversement complet et absolu de même la simple fiction de pouvoir prolétarien, la situation mondiale s'est clarifiée d'elle-même : où que l'on aille, il n'y a plus que l'impérialisme (alors que la ligne de "social-impérialisme", bien que scientifiquement correcte, rend la situation moins claire). Et cette clarification nous force aussi à revenir à une analyse de classe minutieuse, une étude attentive du concret, même si cela nous conduit à dire qu'il n'y a pas de camp à soutenir, car il n'y a même plus nécessité de défendre les acquis réels ou imaginaires du soi-disant "camp socialiste". Se dire maoïste et ne pas se saisir de cela et le défendre bec et ongles, c'est permettre au révisionnisme de revenir par la porte de derrière, effacer des décennies de lutte idéologique pour déboucher sur rien, et priver les masses mondiales de la guidance et de la perspective scientifique du maoïsme - donc, en définitive, de cesser d'être maoïste et commencer à être autre chose.

    Nous sommes revenus au début du 20e siècle [NDLR combien de fois n'avons-nous pas dit cela !]. Plus vite nous nous débarrasserons de nos mauvais réflexes de la Guerre froide et plus vite nous pourrons revenir "à nos moutons", à notre lutte prolongée de construction de la révolution communiste plutôt qu'à des postures défensives de résistance envers un segment de l'impérialisme via des alliances (plus souvent non-récompensées que l'inverse) avec un autre, ce que les révisionnistes nous proposent de faire. On a raison de se révolter, mais c'est encore mieux de faire la révolution.

    Erreur de nationalisme

    arabmaoistNationalisme et impérialisme vont main dans la main. Les nations telles que nous les connaissons aujourd'hui n'existaient pas même en tant que concept avant l'émergence du capitalisme, et n'ont pas acquis leur forme actuelle jusqu'à ce qu'émerge l'impérialisme. De fait, dès lors que l'impérialisme est impliqué dans un conflit la question nationale arrive sur le devant de la scène et de même, dès que la question nationale émerge, nous devons prendre en considération l'impérialisme.

    Le cas de la Syrie offre un exemple très complexe de cela. Comme nous l'avons dit précédemment, c'est un État fabriqué et multinational qui existe au sein d'un bloc impérialiste (l'impérialisme russe avec son partenaire expansionniste régional iranien) ; donc à la fois soumis à l'oppression et l'exploitation impérialiste et participant, dans le même temps, à l'impérialisme et à l'oppression et l'exploitation de nationalités. Une élite arabe alaouite domine les Alaouites non-membres de l'élite, les Arabes sunnites, chiites et chrétiens, un petit nombre de Druzes et une population conséquente de Kurdes, ainsi que d'autres nationalités opprimées plus petites.

    Dans ce contexte, l'affirmation révisionniste que le régime Assad "défend l'indépendance nationale syrienne" et qu'il est donc "objectivement anti-impérialiste" est profondément erronée. Le régime Assad est une continuation du dépeçage impérialiste de l'Empire ottoman après que cet Empire ait perdu la Première Guerre mondiale. Il dirige un pays dont l'existence même est une volonté et un résultat de l'impérialisme. Certes, nous ne pouvons pas passer par pertes et profits l'émergence d'un droit à l'autodétermination nationale pour la Syrie, et la nécessité de le défendre, mais si nous faisons cela, nous devons être attentifs à ne pas soutenir objectivement l'oppression et l'exploitation continuelle des nationalités opprimées par des États et des découpages territoriaux colonialistes qui ne s'appuient pas sur le solidarité nationale de leurs citoyens, mais sur l'imposition d'une minorité par la force. La Syrie a finalement beaucoup plus en commun avec, disons, l'Afrique du Sud d'apartheid qu'avec disons le Liban aujourd'hui [NDLR nous ne sommes pas franchement d'accord sur ce point : un système qui ressemble à l'apartheid sud-africain c'est l'occupation sioniste en Palestine, et le Liban a un système confessionnel qui discrimine aussi très largement les non-chrétiens et en particulier les chiites, base sociale du Hezbollah, sans parler bien sûr des plus de 400.000 réfugiés Palestiniens littéralement ghettoïsés]. Bien sûr, la condition des nationalités opprimées était meilleure que dans l'Afrique du Sud d'apartheid ou cette autre créature colonialiste qu'est Israël jusqu'à la récente répression amenée par la guerre civile, mais nous ne devons pas nous faire d'illusions quant à la relation oppressive et exploiteuse du régime chauviniste arabe envers ses nationalités.

    Ceci est la base de l'erreur de nationalisme. L'une de ces personnes peut dire quasi-littéralement : "Les Kurdes ne représentent que 10% de la population. Vous voulez sacrifier la majorité arabe aux Kurdes"... Le chauvinisme national est ici prégnant, et de fait facile à réfuter : nous refusons que les nationalistes arabes sacrifient les Kurdes pour maintenir leur suprématie, nous défendons l'internationalisme prolétarien contre le chauvinisme national. La lutte n'est pas une somme nulle : nous pouvons à la fois avoir l'autodétermination nationale pour les Kurdes et des Arabes libérés de la prédation impérialiste. Il faut admettre que de telles prc-peopleunited-1960s-posterconceptions capitalistes à somme nulle laissent perplexe, en particulier parce que le maoïsme prône quelque chose de complètement différent : la résolution correcte des contradictions au sein du peuple.

    Nous avons ici un parfait exemple de pourquoi Assad est une force en faillite, et pourquoi le soutenir est une position faillitaire. Si le soulèvement contre Assad avait réellement été (comme le clament les révisionnistes et consorts) dès le départ une attaque impérialiste contre la souveraineté syrienne, la position logique aurait alors été de réunir un large front anti-impérialiste pour combattre cette attaque. Au lieu de cela, sa réponse a été une attaque tous azimuts et sectaire contre toutes les forces qu'il identifiait comme dangereuses pour la suprématie alaouite et le chauvinisme arabe. Parmi toutes les forces soumises à cette brutale attaque, seuls les Kurdes ont été capables de mettre en place une défense effective, et de combattre Assad jusqu'à l'équilibre stratégique puis mener une offensive qui a effectivement libéré la plus grande partie du Kurdistan syrien. Pour autant, ces mêmes forces sont restées fermement anti-OTAN.

    L'existence de cette troisième voie kurde est un clair inconvénient tant pour les supporters d'Assad que pour ceux de l'ASL et du CCL : elle expose à la fois l'absence de toute réalité anti-impérialiste du côté d'Assad et la trahison finie d'accepter l'aide de l'OTAN. La troisième voie mise en avant par les Kurdes ne va pas sans problèmes certes, parmi lesquels se trouve la nécessité de lutter pour une perspective internationaliste prolétarienne. La lutte kurde n'est ni nouvelle ni limitée à la Syrie et nous avons leur exemple en Turquie : les principales forces de libération kurdes ont de fait hébergé et protégé, pendant des décennies, les bases de nombreuses organisations turques (dont des maoïstes) qui respectent et luttent pour la libération des Kurdes, en même temps que pour la révolution communiste. Les Kurdes se sont montrés aptes à la fois à comprendre la GPP et à s'engager dans l'internationalisme prolétarien, même en ayant des lacunes sur d'autres points. Ceci donne une opportunité aux Syriens non-kurdes dont nous avons précédemment parlé. Mais cette opportunité est une opportunité perdue si l'on insiste dans le révisionnisme.

    Erreur d'éclectisme et d'opportunisme.

    L'éclectisme, dont nous allons parler plus longuement, et l'opportunisme (dont nous avons brièvement parlé plus haut) s'interconnectent de manière intéressante concernant la Syrie et le maoïsme. Nous avons vu des maoïstes mettre en avant des arguments et s'engager dans des politiques identiques à celles des révisionnistes et consorts. Tout en étant possible sans diverger de la méthode maoïste, en particulier la plus générale qui soit ("le capitalisme c'est vilain-pas-beau"), ceci engendre les problèmes les plus spécifiques qui soient (la nature du régime Assad). 

    chapt18img05L'une des premières assertions éclectiques qu'il m'ait été donné de voir est que le rapport de classe, et donc la position de classe, doit être déterminée par rapport au rapport entre Assad et l'impérialisme, principalement US. Ceci n'est pas du maoïsme, mais du campisme stalinien ou trotskyste. Si les maoïstes peuvent tout à fait défendre un régime qu'ils n'apprécient guère parce qu'il est attaqué par l'impérialisme, c'est seulement après une enquête approfondie sur les conditions concrètes internes au régime : à moins que ce ne soit un État prolétarien, ce qui n'existe pas dans le monde aujourd'hui, il n'y a aucune raison d'affirmer automatiquement que tout État attaqué par l'impérialisme doit être défendu en tant que régime. Combattre l'impérialisme ne veut pas dire défendre systématiquement ses ennemis, même si ce peut être une manière de le faire. C'est là la confusion fondamentale : que quelque chose puisse mener à quelque chose d'autre ne veut pas dire que ce soit la seule manière, ni que cela y mène toujours. Un marteau-piqueur peut tuer une mouche, mais une tapette à mouche vaut mieux : si vous essayez de tuer une mouche avec un marteau-piqueur, vous risquez plus de vous déchirer un muscle qu'autre chose. Soutenir un régime en contradiction avec l'impérialisme peut mener tout à fait à l'effet inverse de celui escompté. Il y a de nombreux exemples historiques où le "campisme" a explosé au visage des communistes qui l'ont prôné ; dans le cas présent cela a conduit à couper les masses syriennes du mouvement communiste international, et encore pire à identifier le communisme non à une force révolutionnaire voulant renverser l'existant, mais à une force réformiste défendant l'ordre établi.

    Cela ne veut pas dire que nous ne nous opposons pas systématiquement aux agressions impérialistes : nous nous y opposons. Mais l'idée que nous ne pourrions le faire sans défendre politiquement et/ou militairement le régime en question n'est pas une idée maoïste mais une idée marxiste-léniniste, que l'on retrouve de part et d'autre de la ligne séparant staliniens et trotskystes. Les maoïstes sont capables de comprendre que si l'opposition à l'impérialisme peut requérir des alliances peu ragoûtantes, il ne les requiert pas systématiquement. Et ceci est une lutte de lignes : il y a ceux qui voudraient (au nom du maoïsme) adopter éclectiquement les positions anti-impérialistes des révisionnistes, sans même un semblant d'étude et d'investigation, mais avec des faits tirés non des conditions concrètes et des contradictions matérialistes historiques, mais des dogmes du révisionnisme et du trotskysme.

    Ils ne se basent pas sur des principes, mais sur l'idéalisme dans sa forme opportuniste. Ils voient la lutte contre l'impérialisme US comme centrale et plus importante que quoi que ce soit d'autre, ignorant que l'impérialisme US est un tigre en papier qui a pris l'eau. Il ne s'agit pas d'oublier le danger qu'il présente : l'impérialisme US est toujours un danger pour le monde. Mais la position d'une nécessité absolue d'alliance contre l'impérialisme US, présentée comme une opposition à l'impérialisme en général, dans le contexte où ils opèrent est une manière de se mettre à la remorque du nationalisme. Beaucoup de nationalistes (des Premières Nations/Amérindiens, Afro-américains, Porto-ricains ou encore exilés arabes, philippins etc.) priorisent la lutte contre En-Syrie-la-repression-se-renforce article mainl'impérialisme US sur toute autre considération, car c'est la première considération dans leur lutte nationale. Avoir une ligne dogmatique sur l'anti-impérialisme permet de se lier à ses forces sans avoir à s'encombrer de trop d'explications, et de se mettre à la remorque des éléments les plus arriérés parmi ces forces. Ceci est la base de l'opportunisme que nous voyons.

    En réalité, en tant que communistes nous devons prôner l'internationalisme prolétarien, expliquant patiemment et défendant consciencieusement la ligne communiste, utilisant les méthodes de la ligne de masse pour à la fois éviter d'offenser inutilement les nationalistes des nationalités opprimées et développer des liens non pas avec les forces arriérées en leur sein mais avec les forces avancées voire communistes, pour établir l'hégémonie de la ligne maoïste. L'erreur de nationalisme rejoint là l'opportunisme.

    Le problème ici est que s'agissant d'éclectisme et d'opportunisme, cela représente une entrave empêchant les forces maoïstes émergentes de se confronter avec la réalité depuis une perspective correcte... Comme celle de l'universalité de la Guerre populaire prolongée.

    La Guerre populaire prolongée est universelle, nier cela est de l'éclectisme

    Explorons la question dans le contexte syrien :

    1) Le matérialisme historique démontre que la stratégie de la GPP est applicable universellement pour conquérir le Pouvoir d’État [NDLR : lire ici et ici]. Même des forces non-maoïstes l'ont copié avec un certain succès, les limites de cela étant inhérente à l'éclectisme que cela implique par rapport aux évolutions de la lutte politique et militaire. Le maoïsme est ainsi synonyme d'application universelle de la théorie de la GPP, dans les conditions locales données. Comme l'explique l'article de M-L-M Mayhem! en lien plus haut, cela ne veut pas dire mener des opérations militaires d'entrée de jeu mais que toute agitation révolutionnaire culmine forcément dans un affrontement militaire entre forces révolutionnaires et contre-révolutionnaires. Lorsque l'affrontement militaire n'est pas immédiatement à l'ordre du jour, même si nous considérons la GPP comme universelle, s'y lancer s'appelle de l'aventurisme. En revanche, lorsque la situation politique est telle que l'affrontement militaire est la forme immédiate de la politique, il n'est pas possible de contourner cette perspective. C'est le cas en Syrie.

    PYD checkpoint Afrin Syria2) L'universalité de la GPP signifie qu'elle s'applique en Syrie. La question première pour les maoïstes lorsque l'on parle de la Syrie est donc de savoir comment la GPP doit être menée et à quel moment élever la lutte à un stade militaire. Il n'y a pas de forces maoïstes organisées en Syrie, ce qui pose la question sous une forme encore plus complexe : dans une situation où l'aspect militaire a pris le dessus, de quel côté doivent se situer les communistes ? Les révisionnistes nous disent que la défense du régime Assad est prioritaire mais les masses syriennes, elles, nous disent que le régime doit tomber. Alors, que faire ? Le Kurdistan est la clé de la réponse. Les Kurdes ont réussi à instaurer un équilibre stratégique avec le régime tout en chassant l'ASL du Kurdistan "syrien". Ce n'est pas rien. Ces réalisations impressionnantes de libération nationale, toutefois, ont été obtenues de manière responsable : il n'y a pas eu de tentative de diviser formellement la Syrie, seulement de délimiter des zones de contrôle autonome. Il ne fait aucun doute que cela suive une patiente stratégie de construction nationale de la part des Kurdes, qui reconnaissent la nécessité d'un futur Kurdistan mais aussi l'inévitable complexité d'une telle construction. En substance, ils suivent une stratégie similaire à la GPP mais sans contrôle prolétarien ni direction idéologique communiste. Ceci n'en crée pas moins une convergence stratégique et une possibilité d'union entre les forces maoïstes et la lutte kurde.

    3) Les communistes syriens qui veulent lutter contre l'impérialisme doivent comprendre que le régime Assad est un régime profondément compradore, qui n'a nullement l'intérêt national syrien à l'esprit et qui n'a pas une relation égalitaire avec l'impérialisme russe mais plutôt une relation néocoloniale, de même qu'avec l'expansionnisme iranien. La Syrie n'est pas qu'une simple marionnette du fait d'être une semi-/néocolonie : elle ne fait pas qu'exécuter les ordres des Russes, elle bénéficie d'une marge de manœuvre bien réelle à ce niveau, mais elle fait néanmoins office d'avant-poste de l'impérialisme russe et de l'expansionnisme iranien, défendant leurs intérêts même si cela présente un risque pour les intérêts nationaux syriens. De ce fait, on a raison de se révolter contre Assad et encore plus de mener la révolution contre lui. Défendre Assad, comme le font les révisionnistes, revient à défendre le Kuomintang contre le Parti communiste chinois.

    4) Pour autant, nous devons reconnaître que l'Armée syrienne 'libre' est dominée par une coalition des forces partisanes de l'impérialisme US et de l'expansionnisme saoudien, de djihadistes et d'aspirants compradores. Étant la principale force militaire combattant Assad sur le terrain, ceci pose une contradiction claire : il n'y a pas au niveau pan-syrien d'opposition militaire à la fois à Assad et à l'OTAN, et il serait suicidaire de tenter d'en construire une dans l'immédiat [NDLR : pourquoi ? Pas franchement d'accord sur ce point, des tas de zones en Syrie autres que le Kurdistan peuvent très bien se prêter à un "contrôle populaire autonome", notamment le Djebel druze autour de Deraa d'où est partie la contestation].

    5) L'heure est donc à la Longue Marche vers le Kurdistan : pour rompre avec le régime Assad, pour développer et coordonner les forces avec le mouvement kurde, pour s'opposer aux liquidateurs nationaux ASL-US-saoudiens, pour reconstruire une base populaire de masse pour une Nouvelle Syrie démocratique. Les Kurdes ont effet créé un sanctuaire libre de toute interférence, tant impérialiste-djihadiste que du régime. Ils ont aussi une longue histoire d'internationalisme prolétarien, sur la base du respect des traditions et de l'autonomie kurde. Ceci crée les conditions concrètes et matérielles parfaites pour le développement d'une troisième voie capable de prendre l'initiative stratégique, quand bien même les Kurdes eux-mêmes n'en auraient pas la volonté ou la capacité.

    6) Pour ceux d'entre nous hors de Syrie, il est crucial de s'opposer à l'impérialisme mais tout aussi crucial de chercher à établir des liens avec ceux qui en Syrie sont d'accord avec nous, de leur apporter notre soutien mais aussi de nous lier et de militer pour la GPP en alliance avec les forces nationales kurdes de Syrie. Nous devons chercher à développer un Front uni avec toutes les forces souhaitant s'opposer à l'impérialisme en termes concrets au sein de nos pays impérialistes, nonobstant nos différences et comment la lutte se développe sur le terrain ; seules des considérations de sécurité nous amenant à écarter des groupes de ce Front (par exemple des groupes connus pour être des mouchards des services syriens ou occidentaux). Notre objectif premier doit être de mener l'agitation contre l'intervention et l'ingérence impérialiste en Syrie, ceci incluant la dénonciation de l'ASL et de ses apologistes pour les instruments de l'impérialisme USaoudien qu'ils sont. Dans le même temps, en dehors de ce Front uni, nous devons assumer clairement la critique du régime Assad et la défense des revendications Communistesoriginelles pour la démocratie, la libération/autodétermination nationale et une véritable libération de l'impérialisme (pas seulement US et saoudien) que portaient les masses syriennes avant que l'OTAN n'intervienne. Nous devons lutter aussi pour un compte-rendu correct des évènements sur le terrain, et combattre les mensonges et travestissements de la réalité par les deux bords.

    Telle est la position maoïste : libre d'illusions, profondément matérialiste et résolument opposée au révisionnisme et autres courants qui voudraient sacrifier l'indépendance du prolétariat sur l'autel d'un anti-impérialisme de pacotille. La révolution n'est pas un pique-nique ni un jeu où vous choisissez une équipe. Vous luttez pour être un partisan, et pour construire une équipe composée des couches les plus avancées du prolétariat. Assad n'est pas dans le camp du prolétariat. Les Kurdes le sont ; ceci est le pivot. Les plus vite nous le réaliserons, le plus vite la confusion disparaîtra de nos rangs et le plus clair sera notre plan de bataille : nous pourrons alors avancer dans notre tâche de construire la révolution là où nous sommes. En saisissant l'opportunité offerte par les Kurdes, le Mouvement communiste international se donne la possibilité d'acquérir une expérience de grande valeur et de redonner une nouvelle vigueur à la pratique maoïste dans une région du monde qui en a cruellement besoin. En nous alignant sur le révisionnisme, nous anéantissons nos possibilités de créer la confiance parmi les masses, d'assumer une perspective de ligne de masse et en définitive, de lutter contre le révisionnisme pour l'hégémonie dans la lutte du prolétariat.

    Ces réflexions, pour extensives qu'elles soient, sont loin d'être aussi exhaustives qu'elles devraient l'être et je ne peux que souhaiter qu'elles engendrent le débat nécessaire sur ce sujet complexe. La lutte de lignes doit cependant être claire : capituler devant le révisionnisme et ses cousins, ou lutter pour le maoïsme et l'universalité de la Guerre populaire prolongée. Tel est l'enjeu.

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    En substance, ce qu'il faut retenir de cet excellent (disons-le encore une fois) article, c'est que :

    1°/ Il ne devrait pas être permis, pour quelqu'un se voulant "communiste", de disserter sur un sujet d'actualité sans l'avoir LONGUEMENT étudié sous TOUS SES ASPECTS, sans avoir enquêté dessus. Ce n'est pas une position communiste que de faire "rentrer au forceps" l'analyse d'une situation dans des schémas dogmatiquement préétablis. Cela, nous l'avons dit et répété des dizaines de fois contre toutes sortes de points de vue aussi bien "révisios"/"marxistes-léninistes" que "maoïstes" sur toute une série de situations, depuis les pays "bolivariens" d'Amérique latine jusqu'aux révoltes populaires arabes (y compris et surtout en Libye et en Syrie, là où cela a été "problématique") en passant par la Côte d'Ivoire.

    2°/ À présent que la situation mondiale (nous l'avons dit et répété des dizaines de fois...) est revenue au stade du "Grand Jeu" impérialiste du début du 20e siècle, nous devons "nous débarrasser des habitudes intellectuelles de la Guerre froide" : ces sinistres réflexes "campistes" des années 1970-80 qui ont littéralement "plombé" le premier Mouvement communiste international dans ses deux dernières décennies d'existence. Réflexes "campistes" automatiquement (pavloviennement) pro-soviétiques mais aussi automatiquement/pavloviennement anti ; le bloc social-impérialiste d'hier étant aujourd'hui remplacé par un "bloc anti-occidental" incarné par la Russie de Poutine, la Chine, l'Iran, Cuba et le Venezuela etc. etc. En réalité, "abandonner les vieux réflexes de la Guerre froide" ne veut pas seulement dire ne pas défendre aveuglément tout ce que font ou soutiennent Poutine, Pékin, Téhéran ou encore Fidel Castro dans ses "réflexions" quasi-quotidiennes : cela veut dire apprendre à voir au-delà de la première et apparente surface des évènements ; première et apparente surface systématiquement "Nouvel Ordre Mondial vs Résistance" pour les uns (conduisant droit au "rouge"-brunisme) mais tout aussi systématiquement "conflit inter-impérialiste on-s'en-fout pas-de-camp-à-choisir" pour les autres, pouvant conduire tout aussi droit au pro-occidentalisme de fait, et dans tous les cas à l'impuissance et l'absence de ligne de masse ("être audible et convaincant auprès des gens"). De fait, si le maoïsme nous apprend à correctement rechercher et définir la contradiction principale dans une situation donnée, il est également porteur d'une possible grave déviation à ce niveau-là : ne rien voir ou vouloir voir d'autre que cet aspect principal. C'est finalement de cette manière que l'on peut, chez les maoïstes ou les marxistes-léninistes "mao-inspirés", trouver autant de pro-Assad que de "ni-ni" aux penchants pro-opposition mal dissimulés sur la question de la Syrie, ou autant de pro-russes que de partisans mal dissimulés du mouvement EuroMaidan sur la question de l'Ukraine.

    Quel est l'aspect principal en Syrie ? Depuis 2012 (deux ans voire plus) il ne fait aucun doute que c'est un affrontement entre les impérialismes (Russie, Chine) et les expansionnismes (Iran) qui soutiennent le régime et ceux (Amérique du Nord, Europe de l'Ouest, Arabie, Qatar, Turquie d'Erdoğan) qui appuient la rébellion ; et non plus une légitime révolte populaire contre un régime corrompu, bureaucratique-compradore, réactionnaire et policier comme au printemps 2011. POUR AUTANT, nous voyons bien avec cet article de Maosoleum que si l'on plonge la tête sous la surface de cet aspect principal, on trouve la lutte et les grandes réalisations méconnues du PYD kurde ainsi que les légitimes revendications et les forces progressistes du début de la révolte, qui n'ont pas disparu même si elles ne sont plus principales. Si nous nous étions arrêtés au premier et principal aspect, nous n’aurions tout simplement jamais rien vu de cela !

    Et il en va exactement de même en Ukraine, où le conflit est pour le coup depuis le début (et à 200%) une lutte d'influence entre la Russie et un bloc US-UE... Mais où cet aspect principal ne peut en aucun cas nous faire passer pour "quantité négligeable", en dépit de tout sentiment progressiste humain, la mort atroce de plus de 40 personnes pour la plupart authentiquement progressistes et antifascistes, opposées au nouveau régime pro-UE de Kiev !

     


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    Dien Bien PhuLe 7 mai 1954 sur les hauts plateaux du Vietnam, l’impérialisme francouille subissait l’une des plus cuisantes déculottées de sa lamentable et sinistre histoire : non pas contre des Allemands supérieurs en nombre et en technologie, mais contre un Peuple déterminé à arracher par tous les moyens sa Libération révolutionnaire et guidé par la toute-puissante idéologie communiste ; comme nous le sommes nous aussi désormais.

    Une Victoire éclatante mais au coût humain terrifiant : plus de 300.000 combattants rouges et 150.000 civils depuis 1945 puis encore un million de combattants et deux millions de civils jusqu’en 1975, contre la féroce machine militaire US et la fantoche ‘République du Vietnam’ de Saïgon qui avaient pris le relais. Pas une seule de ces pertes n’a pourtant fait reculer d'un cheveu la lutte héroïque du Peuple vietnamien.

    Điện Biên Phủ et l’ensemble de ces 30 années de lutte révolutionnaire pour la Libération du Peuple offrent la meilleure démonstration de ce que proclamait dans les années 1980 le président Gonzalo du Parti communiste du Pérou : "Les masses sont la lumière même du monde, elles sont la fibre, la palpitation inépuisable de l'histoire... Quand elles parlent tout tremble, l'ordre chancelle, les cimes les plus hautes s'abaissent, les étoiles prennent une autre direction ; parce que les masses font et peuvent tout".

    Le principal artisan de cette victoire fondamentale – tant pour le Peuple vietnamien que pour tous les Peuples colonisés et opprimés de la planète ! – a été le général Võ Nguyên Giáp, qui nous a quitté l’année dernière et auquel nous avons rendu hommage : Honneur internationaliste à Võ Nguyên Giáp

    Voici le tract diffusé par l’organisation Voie Prolétarienne à l’occasion du 1er Mai internationaliste 2014, auquel nous ne pouvons que souscrire à 200% :

    Il y a 60 ans, Điện Biên Phủ

    D’autres luttes ont depuis lors été livrées contre l’impérialisme et notamment contre l’impérialisme bleu-blanc-rouge, cette entité criminelle jaillie voilà 8 siècles de son Bassin parisien capétien pour s’étendre en cercles concentriques à ce que nous appelons aujourd’hui "la France" (nos Peuples provincialisés) puis au-delà des mers (les Peuples colonisés) ; la poudre à canon remplaçant peu à peu le fil de l’épée puis les missiles téléguidés la poudre à canon.

    Certaines de ces luttes ont rencontré un certain succès (Algérie), d’autres hélas non. La première vague révolutionnaire mondiale qui s’était levée après la Grande Boucherie européenne et mondiale de 1914-18 s’est essoufflée dans le dernier quart du 20e siècle ; mais désormais se lève puissamment une NOUVELLE VAGUE qui balaiera toute la pourriture de ce monde sur son passage !

    Que 10, 100, 1000 Vietnam fleurissent d’un bout à l’autre de la planète ; que résonne le tonnerre de 10, 100, 1000 Điện Biên Phủ !!!

    Il y a 60 ans, Điện Biên Phủ

    Sur la colonisation de l'Indochine et la Guerre de Libération, lire sur État d'Exception : [Vidéo] Dien Bien Phu : de l’Indochine au Vietnam (1ère partie)


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  • L'affaire évoque un "Oradour-sur-Glane miniature" où plus de 40 personnes (militant-e-s progressistes/antifascistes et/ou pro-russes contre le nouveau régime de Kiev, mais surtout progressistes/antifascistes dans cette région...) ont atrocement trouvé la mort. Signe de l'atmosphère de terreur fasciste et de guerre civile réactionnaire fratricide qui s'est emparée du pays depuis la chute du régime corrompu de Ianoukovitch ; au moment même où les affrontements font rage dans l'Est pro-russe, où l'impérialisme du Kremlin joue lui aussi ses cartes...


    Terreur nazie à Odessa : plus de 40 mort-e-s, des centaines de blessé-e-s

    Borotba

    Le 2 mai, sous le prétexte d'une soi-disante marche "Pour l'unité de l'Ukraine" (le même jour que le match de foot entre le Tchernomorets d'Odessa et le Metalist Kharkov), des escadrons paramilitaires de nationalistes ukrainiens ont été amenés à Odessa de tout le pays. Ils sont arrivés par bus et par train. Dès le départ, alors qu'ils commençaient à se rassembler sur le square de Sobornaya, on a pu voir parmi les traditionnels hooligans d'extrême-droite beaucoup de paramilitaires bien équipés : boucliers, casques, battes et autres armes contondantes voire à feu. La plupart, des hommes d'environ 30 à 40 ans, n'étaient manifestement pas des supporters de football. Certains portaient des boucliers où était écrit "14e centurie d'autodéfense de Maïdan". Ces paramilitaires nationalistes ont été la principale force de frappe du massacre d'habitants d'Odessa sur le "pôle de Kulikovo".

    030314 borotbaAu total, plus de 1.000 nationalistes ont participé à la marche et au massacre qui a suivi. Les habitants d'Odessa étaient une minorité parmi eux, tandis que la majorité étaient des paramilitaires d'extrême-droite amenés là ensemble. Ils étaient reconnaissables en particulier au dialecte (non typique de la région d'Odessa), certains d'entre eux reconnaissant et disant même ouvertement d'où ils venaient. Les supporters locaux du Tchernomorets d'Odessa ont quitté la marche lorsque les affrontements ont débuté : ils étaient seulement là pour la marche traditionnelle vers le stade et lorsqu'ils ont réalisé que des "visiteurs" et des provocateurs voulaient les conduire à frapper les habitants de la ville, la majorité d'entre eux (identifiables à leurs écharpes bleues et noires du club) a immédiatement quitté la soi-disante marche "pacifique".

    Au même moment, les "militants d'importation" ne se rendaient pas au stade. Leur but était de terroriser les habitants de la ville et de déchaîner la violence contre les activistes du mouvement d'opposition à la junte de Kiev. L'action des nationalistes n'a nullement eu, dès le commencement, un quelconque caractère pacifique ; ce qui s'explique vu le massacre qu'ils préparaient.

    Il n'y avait que peu de policiers, bien que le personnel de la seule police locale d'Odessa eut été capable de contrôler une foule d'un millier de personnes et, par conséquent, d'empêcher les pogroms et les meurtres. Il s'est avéré que la majorité des effectifs avait reçu l'ordre de garder le bâtiment administratif du Ministère de l'Intérieur. Par conséquent, la ville entière a été livrée aux mains des paramilitaires néo-nazis. Ceci n'est pas surprenant lorsque l'on connait les liens anciens et étroits de l'actuel Ministre de l'Intérieur, Arsen Avakov, avec les groupes néo-nazis - y compris le "Secteur Droit".

    Tandis que la colonne de nationalistes remontait la rue Grecheskaya, quelques militants (200-250 personnes) de la milice locale d'Odessa ont tenté de lui barrer la route. Mais très vite ils se sont retrouvés sous une volée de jets de pierres, de bouteilles et de grenades assourdissantes. Des coups de feu ont éclaté. Le camarade Ivan de Borotba a reçu une balle dans le ventre par une arme de guerre... Les militants et activistes de la milice d'Odessa ont alors tenté de s'échapper par le centre commercial "Athena" situé dans le Quartier grec. La foule de web ukr odessa--672x359nationalistes d'extrême-droite a alors crié haro sur eux. Les paramilitaires ont commencé à préparer des cocktails molotovs afin de mettre le feu au centre commercial avec les membres de la milice d'autodéfense barricadés à l'intérieur. Des policiers ont alors sauvé la vie des activistes en amenant leurs véhicules directement à l'entrée du centre commercial.

    Les nationalistes sont alors remontés jusqu'au "pôle de Kulikovo" où se trouvait le campement des opposants à la junte de Kiev. Des militants de Borotba, aux côtés d'autres activistes et de simples habitants d'Odessa, étaient à la tâche dans le campement. Au total environ 200 personnes étaient là et plus de la moitié étaient des femmes ou des personnes âgées.

    Les néo-nazis ont alors commencé à bombarder le chapiteau de cocktails molotovs et l'ont réduit en cendres. Les militants du campement ont été forcés à battre en retraite dans le bâtiment tout proche de la Maison des Syndicats.

    Afin de tuer le maximum d'Odessites, les fascistes ont alors mis le feu au rez-de-chaussée de l'édifice. Le feu s'est répandu très rapidement dans le bâtiment.

    Des personnes ont commencé à sauter par les fenêtres des étages supérieurs pour tenter d'échapper aux flammes, mais une fois au sol elles étaient rouées de coups par les paramilitaires nationalistes. Notre camarade (membre de Borotba) Andrew Brazhevsky a ainsi trouvé la mort. Le député au Conseil régional (et ami du dirigeant de Borotba à Odessa Alexeï Albu) Viatcheslav Markin a 10299172 813884311973362 2891681924930624601 négalement été tué de la sorte après avoir sauté par la fenêtre. Plus de 40 activistes ont ainsi péri brûlés vifs, asphyxiés par les fumées ou tués par les nazis en tentant de s'échapper du bâtiment en feu. Par chance, un certain nombre de nos camarades a réussi à s'échapper sain et sauf. Certains, y compris le dirigeant de Borotba Odessa et élu au conseil municipal Alexeï Albu, ont été sévèrement frappés à coups de battes et de pieds. Ils souffrent de nombreuses contusions, fractures et blessures à la tête.

    Le massacre d'Odessa a été organisé par la junte de Kiev afin d'intimider la population mécontente du nouveau régime et de liquider ceux qui le combattent activement. Le fait que les militants d'extrême-droite soient venus en nombre et très bien équipés en est la preuve ; et l'inaction de la police d'Odessa ou encore la simultanéité des évènements avec l'opération "anti-terroriste" à Slaviansk concordent également en ce sens.

    La junte de Kiev est ouvertement en pleine fuite en avant dans la violence et le carnage contre ses opposants. Et les instruments de cette violence aveugle sont les militants néo-nazis, ceux-là mêmes qui travaillent en lien étroit avec la police secrète, qui sont bien armés et financés par l'oligarchie.

    Le massacre d'Odessa montre que le régime des nationalistes et des oligarques de Kiev est en marche à vitesse grand V vers la dictature terroriste ouverte de type fasciste.

    Le Conseil de Borotba, 3 mai 2014 


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    Lire aussi : http://www.secoursrouge.org/Ukraine-Un-ancien-prisonnier

    Ukraine : Un ancien prisonnier politique blessé à Odessa

    Les affrontements entre fascistes et nationalistes ukrainiens d’une part, militants pro-russes et antifascistes d’autre part ont débouché sur un massacre à Odessa. Les nationalistes ukrainiens ont mis le feu à la Maison des Syndicats, où s’entassaient leurs opposants. 31 personnes sont mortes des suites d’une intoxication à l’oxyde de carbone ou en sautant par les fenêtres, parmi lesquelles des militants connus de la gauche révolutionnaire ukrainienne comme Andrew Brazhevsky, membre du mouvement Borotba.

    Un ancien prisonnier politique, Alexandre Gerasimov, a été quant à lui gravement brûlé. Alexandre Gerasimov était l'un des 12 militants de l’Union de la Jeunesse Communiste Léniniste [NDLR dont des éléments rejoindront ensuite Borotba en 2011] arrêtés à Odessa en 2002 [NDLR donc sous la présidence de Leonid Koutchma, mentor politique de Ianoukovitch], parmi lesquels quatre Russes, sept Ukrainiens et un Moldave, qui avaient développé une organisation clandestine révolutionnaire dans cette région à grandes concentrations ouvrières multinationales, dans le but de fonder une République soviétique de la Mer Noire. Alexander Gerasimov était resté détenu plusieurs années en Ukraine.

    http://www.secoursrouge.org/local/cache-vignettes/L164xH164/gerasimov-d9cce.jpg
    Alexandre Gerasimov

    Aujourd’hui, la foule a pris d’assaut le siège de la police d’Odessa et libéré 67 personnes, antifascistes et/ou pro-Russes, détenus par la police ukrainienne.


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    Dans la fureur ethno-chauvine - impulsée par les rivalités impérialistes - qui s'est emparée de l'Ukraine, Odessa à la longue histoire de brassage multiculturel et de luttes sociales et révolutionnaires (cuirassé Potemkine et soulèvement en soutien à celui-ci, mutineries de la Mer Noire, agitation révolutionnaire tout au long des 20 dernières années du tsarisme etc.) apparaît de plus en plus clairement, telle Sarajevo en Yougoslavie, comme un symbole à abattre.

    Ukraïna : une expression géographique ("frontière" en russe), DEUX NATIONALITÉS principales ("novorusse"/"cosaque" et ruthène)*, une dizaine de plus petites (Tatars de Crimée et du Sud-Est, Hongrois, Slovaques, Roumains et Moldaves du Sud-Ouest, Turcs, Grecs, Juifs ashkénazes de l'Ouest ou criméens du Sud-Est, Rroms etc.) et DEUX VOIES : la guerre fratricide de mercenaires sur le "Grand Échiquier" du repartage impérialiste du monde ; ou l'Unité démocratique des Peuples contre tous les oligarques, capitalistes et impérialistes de tous bords pour instaurer le Pouvoir populaire !


    [* Cette question de "Novorussie"/"Novorusses" a été très largement débattue, et non sans raisons. En effet, les cartes "ethnographiques" tendent à montrer que les véritables Russes (selon, sans doute, l'ancienne classification soviétique des nationalités) ne sont majoritaires qu'en Crimée (~ 60%) et dans quelques raïons (districts) du Donbass, de la région de Kharkov ou encore proches de la Moldavie (Boudjak). Mais alors, sur quoi (diable) repose donc cette (fichue) identité "novorusse" du Sud et de l'Est de l'Ukraine ? Eh bien, elle repose peut-être précisément sur cela : ni les Russes, ni les Ukrainiens ni qui que ce soit d'autre (Bulgares, Tatars, Roumains/Moldaves, Gagaouzes etc.) ne représentent une écrasante majorité de 90% ou plus dans ces régions. La caractéristique locale est justement le multiethnisme.

    Le bandérisme, cet ultra-nationalisme fondé sur une "pureté" ethnique ukrainienne "plus-vraie-que-vraie", n'y fonctionne donc pas (sans même parler du fait que sa collaboration passée avec le nazisme, dans des régions martyres de la guerre d'extermination lancée par Hitler contre l'URSS, ne plaide pas en sa faveur...). Des idéologies au service de l'impérialisme russe telles que l'"eurasisme", le "panslavisme" (unité plus ou moins fédérale de tous les Peuples slaves) ou encore un certain "néo-soviétisme" peuvent y fonctionner - et de fait y fonctionnent ; mais le bandérisme, la population du Sud et de l'Est de l'Ukraine le vomit. Si l'Ouest (à 90 ou 95% ukrainien "ruthène") en veut, "tant mieux" pour lui ; mais au Sud et à l'Est on n'en veut pas, c'est ainsi.

    On notera que cette culture de coexistence nationale s'accompagne généralement d'un usage de la langue russe comme lingua franca ou plus localement (surtout le long du Dniepr - en orange sur cette carte) d'un dialecte populaire mêlant russe et ukrainien, le sourjyk ; d'où la confusion qui tend à s'installer entre russophones (notion linguistique), "pro-russes" (notion politique) et "Russes" au sens de la classification soviétique des nationalités (notion "ethnique"). La carte de l'usage principal du russe dans la vie quotidienne, ou encore celle des partisans de sa co-officialité (aux côtés de l'ukrainien) montrent ainsi des réalités notablement différentes de celle des pourcentages de Russes "ethniques".]


    1MaiBorotbaurl 


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