• Niveau son/style... on va dire qu'on a écouté mieux ; après, les goûts et les couleurs...

    Mais niveau TEXTE, ce rap marseillais de 2012 dit en quelques rimes absolument TOUT ce que nous disons et répétons depuis bientôt 3 ans. Quand tant de "pensées" du peuple "reflètent" la même chose, c'est que nous sommes sur la bonne voie !


    (Duval Mc / Imhotep)

    Quand j’entends le mot « France » j’ai les dents qui grincent
    Comme quand ils disent que ma ville est en province
    Un « territoire conquis » quand j’y pense
    On nous l’a montré en carte toute notre enfance
    Quand j’entends le mot « France » j’ hallucine
    Elle me fait peur la France avec ses commandos
    Normal qu’elle ait toujours le nez dans ses racines
    Avec les millions de morts qu’elle a sur le dos
    Elle me fait flipper la France avec ses droits de l’homme
    Qu’elle respecte autant qu’elle respecte l’atome
    Une démocratie qui maintient tant de tyrans
    T’appelles ça comment ? Quoi, t’étais pas au courant ?
    La fiction est loin du réel je t’informe
    Nous sommes sous un régime de marchands d’armes
    Alors cherche pas plus loin si tu veux m’insulter
    Appelle-moi : Français

    Refrain :
    Faut démanteler la France faut qu’on se bouge
    Faut pas laisser ce régime de mort à nos minots
    Le monde en a assez du bleu blanc rouge
    Il faut tourner la page et rincer le pinceau

    Quand j’entends le mot « France » j’ai mal à la face
    Elle m’horripile la France avec ses Famas
    Ses Mirages, ses Falcon, ses mines et ses gaz
    Ses hypermarchés qu’elle construit sans cesse
    Quand j’entends le mot France j’ai mal au ventre
    Pour tous ces sans-papiers à qui on pourrit la vie
    Faire la queue à la pref flipper quand tu rentres
    Et Carrefour paye une misère le coton du Mali
    Tu vois pas la frontière ? elle est sous le képi
    Exploités là-bas, exploités ici
    Restauration, bâtiment, contrat OMI
    Une rafle à l’occaz pour l’électorat nazi
    Et n’allume pas la télé ou là tu vomis
    Sevran, Zemmour, Hortefeux Steevy
    Comme le discours de Dakar de Sarkozy
    Niveau PMU 24 de QI

    Refrain

    Quand j’entends le mot France je pense à ces gars
    Sans but, sans amour, sans ambition
    Qui vont passer le concours de la famille poulaga
    De CRS ou de soldat dans la légion
    Pour moi la France c’est Le Pen et Madelin
    C’est Leroy-Merlin, Aussaresses et Pétain
    C’est les penseurs en bois du siècle des lumières
    Qui nous parlaient de « races inférieures »
    Dans les villes de France j’ai la gerbe
    Plus de panneaux de pub que de brins d’herbe
    Toute une architecture anti-regroupement
    Les boulevards haussmanniens les bancs anti-mendiants
    Les théâtres nationaux contrôlés par Paris
    Les noms d’assassins en guise de noms de rues
    L’État donne des milliards à Peugeot et Renault
    Mais les transports gratuits c’est pas pour bientôt
    Quand j’entends le mot France j’ai la chourma
    Pour Saint-Domingue pour le Biafra
    Pour le sordide Itsembabwoko du Rwanda
    Pour la bande à Chirac de violeurs à Brazza

    Refrain

    Quand j’entends « France » mes larmes sont pas loin
    Je repense au 17 octobre 61
    Marianne a tellement de sang sur les mains
    Et quand on siffle l’hymne ils en font un foin
    J’en peux plus de les entendre dire France
    Quand ils parlent de grands philosophes, de culture
    Le massacre des Bassa au Cameroun tu penses
    Que Molière y poserait sa signature ?
    Quand j’entends le mot « France » j’ai mal à l’histoire
    A ce mot « Civilisation » dont les pires se parent
    Qui « pacifiait » les peuples autochtones
    Ils pillent encore des millions de tonnes!
    Mais qui est français? au fond personne
    On est juste des bonnes femmes on est juste des bonshommes
    On veut un brin de soleil et une part d’air pur
    Et on parle une langue qui change tous les jours

    Remballe tes fusées, tes avions, tes missiles
    Notre identité n’est pas nationale
    Remballe ta police, tes écoles, tes usines
    Notre identité n’est pas nationale
    Remballe ton drapeau, ton armée, ta Marianne
    Notre identité n’est pas nationale
    Remballe tes patrons tes médias tes centrales
    Notre identité n’est pas nationale

    (Duval Mc / Imhotep)

     


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  • À présent que nous avons clos le "dossier Dieudonné-Valls" avec une jubilation certaine ; c'est-à-dire ni dans le sens de ceux qui voudraient utiliser les crimes de l'Allemagne nazie il y a 70 ans pour "clore" tout débat sur ceux de l’État français en 8 siècles d'existence ni dans celui de leurs jumeaux qui, dans la foulée de Vergès défendant Klaus Barbie, voudraient utiliser ces derniers comme "arguments" pour réhabiliter le nazisme ; et ni dans le sens de la fraction impérialiste BBR qui joue la carte "tiers-mondiste" anti-US et anti-Israël pour "tendre la main" aux régimes réactionnaires arabes (ou iranien) ni dans le sens de celle (comme cette droite-de-la-droite du PS autour de Valls) qui a choisi le "pacte d'acier" avec Washington et ses alliés (dont Tel-Aviv) ; nous pouvons passer à autre chose.


    réforme régions1. Parmi l'actualité dans le genre importante, c'est-à-dire dans le genre supposée impacter la vie des masses populaires au quotidien, dans la manière dont l’État du Capital BBR administre sa chiourme, il y a la réforme envisagée des collectivités territoriales. Le souhait du gouvernement serait de réduire le nombre de régions, ces découpages administratifs 100% au service du Grand Capital (centrés sur une "métropole" locale et n'ayant rien à faire de l'histoire, de la culture populaire etc.), de 26 actuellement (avec les dernières colonies d'outre-mer) à "une quinzaine". Une réduction du nombre de départements a également été envisagée par certains... mais là c'est plus compliqué car en dehors de cas réellement aberrants (comme les "Pyrénées-Atlantique" avec le Pays Basque et le Béarn), les départements créés en 1790 ont tout de même tenté de respecter les "provinces" et les "pays" séculaires (fut-ce en regroupant les petits et découpant les très grands), et en 223 ans d'existence ils ont parfois engendré des identités populaires très fortes : on se dit fièrement "Ardéchois" ou "de la Loire" (surtout face aux arrogants Lyonnais :D), "Gersois" ou "Landais", "Corrézien" ou "Aveyronnais" etc. etc., les Bretons aiment préciser qu'ils sont "Finistériens" (surtout) ou autres, bref. On avait bien vu ce que cela avait donné quand il s'était agi (en conformité avec les normes européennes) de faire disparaître les numéros des plaques d'immatriculation... Cela fait partie de la "dignité du réel" comme diraient les autres, et recouvre parfois une claire dimension sociale comme l'affirmation d'être "du 9-3" face à Paris et à la Couronne Ouest, de Savoie et non de Haute-Savoie (ce à quoi ces derniers, au niveau de vie moyen bien plus élevé, répondent que "c'est comme la couture et la haute couture"), etc. etc. Finalement, Hollande-le-président-normal s'est prononcé contre car "issus de la Révolution, c'est un bon acte de naissance" ; ce qui est finalement traduire ce que nous venons de dire en bonne (nov)langue "républicaine" (et s'éviter une fronde populaire sur un sujet qui n'en vaut sans doute pas la peine). Le "patron" ayant parlé, on peut penser que le débat est clos... Mais la réforme des régions, elle, est bel et bien sur la table.

    Alors bien sûr, il est évident que venant de la classe au pouvoir ce qui s'annonce est un grand bidouillage, on-prend-par-ci-on-recolle-par-là, comme un enfant jouant avec des Lego : la recomposition "régionale" de notre Hexagone va évidemment servir les intérêts capitalistes et eux seuls en cherchant à accommoder ceux des grands monopoles BBR avec ceux d'une bourgeoisie de "chalandise" plus locale ; les grands caciques locaux à la Ayrault, Gaudin, Collomb, Devedjian, Huchon ou Queyranne venant bien sûr mettre leur grain de sel, en ‘‘arbitres’’ ou en défense de ‘‘leur’’ région, département ou métropole. Les intérêts des masses populaires qui bossent pour engraisser tout ce beau monde : peau de balle, comme cela va de soi ! D'ailleurs, malgré le soutien massif tant des grosses machines UMP et PS que des forces "autonomistes" et même "indépendantistes" bourgeoises, ce que recueille généralement ce genre de bidouillage administratif est le rejet des masses populaires, qui ne voient en rien ce que cela va changer à leurs préoccupations quotidiennes et y voient même un "risque" pour les divers rapports de clientèle entretenus avec les collectivités locales (eh oui ! faute de perspective révolutionnaire, soutirer du pognon à l'État est encore ce qui se fait de mieux et une collectivité de moins, forcément...) : rejet de la fusion des départements corses en 2003 et du même projet en Alsace l'an dernier, rejet de la fusion département-région dans les dernières colonies directes caribéennes (2003 et 2010) etc. etc. Mayotte a accepté (par plus de 95% des suffrages) de devenir un département en 2011 car cela donnait plus de droits aux masses populaires que le statut "bâtard" antérieur... malheureusement, les prix à la consommation se sont immédiatement alignés sur ceux d'un département "français" sans que les revenus ne suivent ; et quelques mois plus tard éclatait une mémorable révolte contre le coût de la vie. Bref : inutile d'en dire plus, ce projet de "nouvel acte" de la "décentralisation" est tout sauf ce qui va susciter un début d'intérêt pour les communistes révolutionnaires de Libération du Peuple que nous sommes. Nous préférons encore (de loin) ergoter sur la ligne idéologique du FLNP, qui a encore mené une action la semaine dernière contre les sangsues du fisc à Aix !

    Une série de cartes circule même depuis quelques semaines, laissant penser... qu'une réunification de la Bretagne serait peut-être à l'ordre du jour ; ce qui est assez curieux puisqu'autant pour Ayrault dernièrement que pour les gouvernements (UMP) qui l'ont précédé de 2002 à 2012 ("Acte 2" de la décentralisation), c'est catégoriquement non... Une "psychorigidité" qui, comme pour l'autre "serpent de mer" institutionnel qu'est le département basque (absolument pas à l'ordre du jour de la réforme), est absolument incompréhensible pour le logiciel économiste qui régit historiquement la gauche "radicale" hexagonale, et plus largement pour quiconque n'a pas compris la manière dont s'est construit et (donc) fonctionne l'État français : il s'agit en fait, tout simplement, de "briser" de cette manière les Peuples au "particularisme" (caractère national) le plus affirmé. Rappelons ainsi que la Corse avait été dans un premier temps (1960) rattachée à la région PACA : ce n'est que 10 ans plus tard, face à un large mouvement de contestation et (déjà) à l'émergence de la réaffirmation en tant que Peuple, qu'elle avait été érigée en région en tant que telle.


    2. Dans la même veine de "blocage existentiel" pour l’État français, il y a le fameux débat sur la Charte des langues minoritaires et régionales qui revient en ce moment même au Parlement. Cette convention internationale du Conseil de l'Europe (et non de l'UE) a été signée par l’État français en 1999, comme par une bonne trentaine d'autres États, mais il ne l'a jamais ratifiée (comme l'Islande, l'Italie ou... la Russie) car elle contreviendrait à l'article 2 de sa Constitution qui stipule que "la langue de la République est le français". C'est justement cette disposition qu'il est question d'amender par une majorité des 3/5èmes (60%) de l'Assemblée et du Sénat réunis en Congrès ; ce qui était une promesse électorale de Hollande réactivée par Ayrault... non sans lien avec la situation de bouillonnement "régionaliste" en Bretagne depuis l'automne dernier. Mais cela ne va pas sans blocages et l'on voit se dessiner ici deux camps bourgeois que l'on retrouve assez souvent dans divers débats, à commencer par ceux sur l'Europe : les "démocrates", les "libéraux" plus ou moins conservateurs ou "sociaux" qui vont de l'aile "gauche" de l'UMP (ceux qui viennent de l'ancienne UDF) aux Verts en passant par l'UDI, le Modem et une bonne partie du PS ; et les "républicains" ce qui n'est pas du tout la même chose et regroupe la droite de l'UMP, le FN, les "souverainistes" de tout poil et le Front de Gauche - on se souvient des tirades mémorables de Mélenchon sur la question. Grosso modo, l'on peut dire qu'il y a d'un côté ceux qui ne voient pas dans ces "langues régionales" un danger pour le capitalisme, voire même pensent qu'il y a moyen de "rentabiliser" la chose (développer des liens économiques avec l'Allemagne en Alsace, la Catalogne et le Pays basque "espagnol" dans le "Sud" etc. etc.) ; et de l'autre ceux qui y voient une menace pour l'"unité" et la stabilité de l’État, donc pour le Capital, en particulier pour les monopoles centralisés à Paris.

    europe-langues-ueCe type de blocage est assez unique en Europe, ce qui tient aux particularités historiques de l’État BBR. Dans la plupart des États (Allemagne, Autriche, Scandinavie, Europe de l'Est) d'abord, les langues "minoritaires" sont un phénomène assez marginal consistant essentiellement en des "débordements" de la nationalité principale d'un État voisin sur leur territoire, suite à des découpages malheureux. Il y a une langue "standard" et des dialectes "régionaux", mais ceux-ci forment un diasystème (ils sont largement intercompréhensibles). Le Royaume-Uni, lui, s'est toujours considéré comme une union de nations différentes sous une même couronne royale. D'ailleurs, lorsqu'une possession de la Couronne veut se "faire la malle", Londres est connue pour ne guère "batailler" et réorganiser rapidement sa domination par d'autres biais (compradores locaux) : il y a eu de courtes guerres en Irlande, au Kenya ou encore en Malaisie (contre les communistes, l'indépendance en elle-même étant déjà actée) mais jamais de "guerre d'Inde" par exemple, comme il y a eu une guerre d'Algérie, d'Indochine etc... La Suisse est dans un schéma comparable et l’État fédéral existe à vrai dire surtout pour la défense et la diplomatie, en dehors de quoi chaque canton "fait sa vie" autour de la place bancaire qui assure son existence. L'Italie a conscience que son unité comme État a été tardive et qu'à côté de l'"italien" (le toscan académisé) les dialetti font partie du patrimoine "national" populaire. La Belgique gère comme elle peut sa binationalité (plus une petite minorité germanophone) depuis 40 ans ; mais enfin, si elle venait à se diviser en deux, ce serait (de toute façon) la fête chez les bourgeois flamands et pas non plus la mort en Wallonie (qui pourrait par exemple frapper à la porte de la "France"). L’État espagnol a suivi le "modèle français" depuis qu'un petit-fils de Louis XIV est monté sur le trône en 1700 (Paris devenant de fait "suzerain" de l’État ibérique), mais il a dû lâcher du lest après la mort de Franco pour assurer sa propre survie dans une situation qui devenait explosive. Il ne reconnaît d'ailleurs que trois langues nationales (euskara, catalan et galicien), les plus nettement différentes du castillan... Aragonais, Andalous, Canariens, Asturiens etc. passent gaiment par pertes et profits.

    Ceci rejoint d'ailleurs ce que nous avons maintes fois dit et répété : une langue, c'est un patrimoine populaire et un "critère" important, mais ce n'est pas la seule chose à même de définir une réalité nationale. De nombreuses nationalités parlent la même langue qu'une ou plusieurs autres (ne serait-ce que les Américains, les Canadiens anglophones, les Australiens et les Anglais ; les Brésiliens et les Portugais etc.) ou une langue différant très peu de celle d'une autre (comme les Turcs et les Azéris, les Iraniens et les Kurdes etc.). De nombreuses autres ont simplement adopté la langue de la nation qui les domine, perdant (totalement ou quasi) leur langue originelle et développant une variante populaire locale. C'est ainsi qu'en Bretagne par exemple il y a le gallo, variante populaire bretonne de l'oïl du Val du Loire (lui-même source principale du français académique...) qui a peu à peu, du 12e au 16e siècle, pénétré le duché pré-moderne jusqu'à Vannes et Saint-Brieuc en "effaçant" le brezhoneg celtique à l'est de ces deux villes. De même qu'en Irlande, le gaélique est la langue officielle et apprise par les enfants à l'école mais n'est réellement utilisé dans la vie de tous les jours que dans quelques comtés de l'Ouest : 95% des Irlandais parlent au quotidien un "anglais populaire d'Irlande".

    À vrai dire, même la question "nationale" (masses populaires laborieuses + bourgeoisie exploiteuse), au fond, compte peu pour nous. Ce qui nous intéresse, ce sont les PEUPLES, construits autour d'une conscience (un "bon sens") populaire et d'une mémoire  qui sont le résultat d'une histoire. Pour la classe dominante (depuis le 18e siècle, la bourgeoisie seule), cette mémoire est un danger car elle contient le souvenir de la gigantesque usurpation, de la gigantesque spoliation de forces productives qu'a été le développement du capitalisme. Il faut donc l'"effacer", et par conséquent priver les Peuples de leur conscience d'être. Il faut faire croire aux Peuples que leur "identité" c'est celle de leurs exploiteurs ; qu'ils sont "français", "britanniques", "espagnols", "italiens" etc. etc. Dans l’État français, ce phénomène est particulièrement marqué. Cela tient à la psychologie de classe de la bourgeoisie dominante, sur laquelle il nous faudra sans doute revenir dans de prochaines publications : en 1789, lorsqu'éclate la "révolution" bourgeoise, la France est incontestablement la première puissance européenne et donc mondiale. La bourgeoisie élimine les derniers restes de féodalité, prend le pouvoir pour elle seule et se lance alors à la conquête du monde sous le drapeau de la "liberté". Malheureusement, si les idées (les "Lumières") submergent effectivement la planète, au niveau de la PUISSANCE concréto-concrète c'est un échec, définitivement scellé sur le champ de bataille de Waterloo. La France ne sera plus jamais la première puissance mondiale, dès lors toujours devancée par l'Angleterre, puis les États-Unis et d'autres (à présent la Chine). Il en résulte un profond sentiment de "grandeur" perdue, et une classe dominante fondamentalement aux abois. Les pertes de prestige successives après la déroute de 1870, puis après chaque guerre mondiale n'ont fait qu'aggraver les choses. Ce sentiment d'avoir produit des idées qui ont parcouru et changé la face du monde, mais d'avoir "en échange" perdu la "grandeur", la puissance géopolitique et le rayonnement intellectuel du 18e siècle structure profondément la pensée dominante "française" ; et qui n'étudie pas cela (ce que nous tentons de faire) ne comprend pas l'ennemi et ne peut donc efficacement le combattre (tombant dans ses pièges, le plus connu étant le social-"patriotisme" revendiqué dernièrement par Montebourg par exemple).

    Toutes les "rigidités" psychologiques de la bourgeoisie BBR, sur les "langues régionales" comme des dizaines d'autres sujets, s'expliquent pour beaucoup par là : un manque de confiance en soi de la bourgeoisie monopoliste "centrale", en quelque sorte. Les États-Unis, par exemple, arrivent (pour le moment) à "gérer" les douloureuses réminiscences de leur histoire : esclavage puis ségrégation des Afro-descendants, génocide et spoliation des Natifs, conquête de 30% du territoire actuel sur le Mexique alors que les Latinos sont désormais près de 20% de la population, etc. Les films ‘‘grand public’’ sur ces questions se sont multipliés depuis une trentaine d'années ; ni l’esclavage ni le génocide indigène, ni la ségrégation et le racisme dans le Sud ni le maccarthysme ne sont des sujets tabous ; il y a même un film sur les San Patricios (donc la sanglante conquête de la moitié du Mexique) dont nous avons parlé... Les premiers films sur le Vietnam (ou séries sur l’Irak !) sont sortis avant même la fin de la guerre : combien de temps a-t-il fallu pour voir dans les salles de "France" quatre films mièvres et bien-pensants sur la guerre d'Algérie ; combien d'années Avoir 20 ans dans les Aurès de René Vautier ou La Bataille d'Alger de Pontecorvo ont-ils été bannis des écrans ? Certes, il faudra sans doute attendre encore un peu pour voir au cinéma US un soldat désertant devant les horreurs de l'occupation et rejoignant la résistance irakienne ou afghane (enfin si, cela existe - Homeland - mais pas dans le beau rôle) ; mais bon...  La bourgeoisie US "gère" autant que possible, du moment que la majorité de la population reste solidement ancrée dans les valeurs réactionnaires rednecks (notamment religieuses) et le culte du drapeau et qu'une minorité liberal considère que le système est certes imparfait et perfectible, mais qu'il n'y en a pas de meilleur au monde : ‘‘Dieu bénisse l’Amérique’’ ! La bourgeoisie BBR, à tort ou à raison, ne pense pas pouvoir "gérer" ainsi ; et n'a pour seul mot d'ordre à la bouche que de "clore le débat" : circulez, y a rien à voir ! Dans les revendications pour les langues "régionales", la réunification de la Bretagne ou un département basque, elle voit non sans raison une double menace : celle de bourgeoisies locales tentées par le "parti de l'étranger" (se tourner économiquement vers les États voisins, se détourner du Centre monopoliste francilien) ; et celle de Peuples se réappropriant leur mémoire et donc prêts à briser les chaînes hégémoniques de l'idéologie BBR et à partir à la reconquête de leur destin. Et l'arsenal contre cela se déploie de la droite de la droite (1-2-3-4) jusqu'à l'"extrême-gauche" y compris "anarchiste" (CNT-AIT) et même "maoïste" ('p''c''mlm') !

    Nous, notre position est claire. Nous ne voulons pas d'une "réforme"-réorganisation administrative de l’État BBR du Capital ; nous voulons le renversement du capitalisme, la libération révolutionnaire des Peuples et leur organisation politique démocratique et socialiste sur la base de la COMMUNE POPULAIRE. Nous nous FOUTONS BIEN, aussi, d'une "reconnaissance" des langues "régionales" jetée aux masses populaires comme un nonos à ronger par la frange "libérale" de la bourgeoisie : "République" des monopoles, nous ne sommes pas tes "régions" (et encore moins tes "provinces" !!!), pas même pour "avoir du talent" ! Nous voulons pour les Peuples d'Hexagone, dont notre Peuple occitan, la reconquête révolutionnaire de leur mémoire et de leur conscience. Nous voulons renverser le Capital et nous savons que dans cette lutte prolongée, l'affrontement physique de masse entre révolution et contre-révolution est déjà la phase finale : avant d'en arriver là, il faut briser les murailles idéologiques dont s'entoure la classe dominante. Reconquérir cette mémoire et cette conscience, c'est (entre autre choses) contribuer à briser ces murs.

    Au sujet de cette organisation sociale territoriale du futur Hexagone socialiste que nous voulons, refusant le maintien ou la restauration ‘‘rouge’’ de la prééminence parisienne, nous avons maintes fois évoqué l'exemple de ce que la jeune URSS du début des années 1920 a tenté d'être mais n'a hélas point été car l'esprit suprématiste petit-bourgeois de la nation dominante russe, parfois incarné plus que tout autre dans des ‘allogènes’ (non-russes) ‘russifiés’ (l'assimilé n'est-il pas l'arme suprême des nations dominantes depuis la nuit des temps ? quel meilleur "anti-communautariste" qu'un "Arabe" "républicain", "laïc" blablabla blablabla ?), a fini par revenir au galop. Eh bien voilà : nous vous livrons ci-après les mots de Lénine lui-même sur cette question, face aux évènements qui se déroulaient alors dans le Caucase. S'il y a bien des écrits méconnus de Vladimir Illitch, ce sont ceux postérieurs à son attaque cérébrale de mai 1922 ; et pour cause : après sa mort, par (soi-disant) "respect" pour la "diminution" du dirigeant au moment de leur rédaction, ils furent lus à huis clos au 13e Congrès du PCbUS (mai 1924) puis... enterrés et jamais officiellement rendus publics jusqu'en 1956. L'utilisation qui en fut faite par Trotsky et (plus que lui peut-être) ses partisans, qui publièrent clandestinement ces notes en 1926 pour affirmer que Lénine aurait "désigné" Trotsky comme son "successeur", puis par Khrouchtchev lors de la "déstalinisation" achevèrent de les discréditer ; au point que parmi les défenseurs-fétichistes les plus acharnés du Grand Moustachu géorgien il s'en trouvera sans doute encore, en 2014 après Jésus-Christ, pour affirmer que ce sont des "falsifications" trotskystes ou khrouchtchévistes grossières (ce que le Moustachu lui-même, après l'avoir affirmé en 1926, a pourtant démenti l'année suivante). Le texte qui suit porte pourtant l'empreinte intellectuelle incontestable du leader bolchévik, et le montre au demeurant en pleine possession de sa lucidité et de sa combattivité. Vu, en outre, comme il va très largement à l’encontre de la pensée de Trotsky comme de la pratique de Khrouchtchev et Brejnev sur la question, il est infiniment improbable qu’il soit le fruit d’une ‘falsification’ lors de la republication du ‘‘testament politique’’ en 1956. Il consiste en la succession de trois notes rédigées fin décembre 1922 (les passages surlignés en gras et les annotations entre crochets en rouges sont de nous) :

    La question des nationalités ou de l'"autonomie"


    lenineJe suis fort coupable, je crois, devant les ouvriers de Russie, de n'être pas intervenu avec assez d'énergie et de rudesse dans la fameuse question de l'autonomie, appelée officiellement, si je ne me trompe, question de l'union des républiques socialistes soviétiques.

    En été, au moment où cette question s'est posée, j'étais malade, et en automne j'ai trop compté sur ma guérison et aussi sur l'espoir que les sessions plénières d'octobre et de décembre [2] me permettraient d'intervenir dans cette question. Or, je n'ai pu assister ni à la session d'octobre (consacrée à ce problème), ni à celle de décembre ; et c'est ainsi que la question a été discutée presque complètement en dehors de moi.

    J'ai pu seulement m'entretenir avec le camarade Dzerjinski qui, à son retour du Caucase, m'a fait savoir où en était cette question en Géorgie. J'ai pu de même échanger deux mots avec le camarade Zinoviev et lui dire mes craintes à ce sujet. De la communication que m'a faite le camarade Dzerjinski, qui était à la tête de la commission envoyée par le Comité central pour «enquêter» sur l'incident géorgien, je n'ai pu tirer que les craintes les plus sérieuses. Si les choses en sont venues au point qu'Ordjonikidzé s'est laissé aller à user de violence, comme me l'a dit le camarade Dzerjinski, vous pouvez bien vous imaginer dans quel bourbier nous avons glissé. Visiblement, toute cette entreprise d'«autonomie» a été foncièrement erronée et inopportune.

    On prétend qu'il fallait absolument unifier l'appareil. D'où émanaient ces affirmations ? N'est-ce pas de ce même appareil de Russie, que, comme je l'ai déjà dit dans un numéro précédent de mon journal, nous avons emprunté au tsarisme en nous bornant à le badigeonner légèrement d'un vernis soviétique ?

    Sans aucun doute, il aurait fallu renvoyer cette mesure jusqu'au jour où nous aurions pu dire que nous nous portions garants de notre appareil, parce que nous l'avions bien en mains. Et maintenant nous devons en toute conscience dire l'inverse ; nous appelons nôtre un appareil qui, de fait, nous est encore foncièrement étranger et représente un salmigondis de survivances bourgeoises et tsaristes, qu'il nous était absolument impossible de transformer en cinq ans faute d'avoir l'aide des autres pays et alors que prédominaient les préoccupations militaires et la lutte contre la famine.

    Dans ces conditions, il est tout à fait naturel que «la liberté de sortir de l'union» qui nous sert de justification, apparaisse comme une formule bureaucratique incapable de défendre les allogènes de Russie contre l'invasion du Russe authentique, du Grand-Russe, du chauvin, de ce gredin et de cet oppresseur qu'est au fond le bureaucrate russe typique. Il n'est pas douteux que les ouvriers soviétiques et soviétisés, qui sont en proportion infime, se noieraient dans cet océan de la racaille grand-russe chauvine, comme une mouche dans du lait.

    Pour appuyer cette mesure, on dit que nous avons créé les commissariats du peuple s'occupant spécialement de la psychologie nationale, de l'éducation nationale. Mais alors une question se pose : est-il possible de détacher ces commissariats du peuple intégralement ? Seconde question : avons- nous pris avec assez de soin des mesures pour défendre réellement les allogènes contre le typique argousin russe ? Je pense que nous n'avons pas pris ces mesures, encore que nous eussions pu et dû le faire.

    Je pense qu'un rôle fatal a été joué ici par la hâte de Staline et son goût pour l'administration, ainsi que par son irritation contre le fameux «social-nationalisme» [‘‘identitaires de gauche’’ diraient certains aujourd’hui…]. L'irritation joue généralement en politique un rôle des plus désastreux.

    Je crains aussi que le camarade Dzerjinski, qui s'est rendu au Caucase pour enquêter sur les «crimes» de ces «social-nationaux», se soit de même essentiellement distingué ici par son état d'esprit cent pour cent russe (on sait que les allogènes russifiés forcent constamment la note en l'occurrence), et que l'impartialité de toute sa commission se caractérise assez par les «voies de fait» d'Ordjonikidzé. Je pense que l'on ne saurait justifier ces voies de fait russes par aucune provocation, ni même par aucun outrage, et que le camarade Dzerjinski a commis une faute irréparable en considérant ces voies de fait avec trop de légèreté.

    Ordjonikidzé représentait le pouvoir pour tous les autres citoyens du Caucase. Il n'avait pas le droit de s'emporter, droit que lui et Dzerjinski ont invoqué. Ordjonikidzé aurait dû, au contraire, montrer un sang-froid auquel aucun citoyen ordinaire n'est tenu, à plus forte raison s'il est inculpé d'un crime « politique». Car, au fond, les social-nationaux étaient des citoyens inculpés d'un crime politique, et toute l'ambiance de cette accusation ne pouvait le qualifier autrement.

    Ici se pose une importante question de principe : Comment concevoir l'internationalisme ?[3]

    Lénine

    30.XII.22.

    Consigné par M.V.

    sovietunited.jpgSuite des notes.

    31 décembre 1922.

    J'ai déjà écrit dans mes ouvrages sur la question nationale qu'il est tout à fait vain de poser dans l'abstrait la question du nationalisme en général. Il faut distinguer entre le nationalisme de la nation qui opprime et celui de la nation opprimée, entre le nationalisme d'une grande nation et celui d'une petite nation.

    Par rapport au second nationalisme, nous, les nationaux d'une grande nation, nous nous rendons presque toujours coupables, à travers l'histoire, d'une infinité de violences, et même plus, nous commettons une infinité d'injustices et d'exactions sans nous en apercevoir. Il n'est que d'évoquer mes souvenirs de la Volga sur la façon dont on traite chez nous les allogènes : le Polonais, le Tatar, l'Ukrainien, le Géorgien et les autres allogènes du Caucase ne s'entendent appeler respectivement que par des sobriquets péjoratifs, tels «Poliatchichka», «Kniaz», «Khokhol», «Kapkazski tchélovek».

    Aussi l'internationalisme du côté de la nation qui opprime ou de la nation dite «grande» (encore qu'elle ne soit grande que par ses violences, grande simplement comme l'est, par exemple, l'argousin) doit-il consister non seulement dans le respect de l'égalité formelle des nations, mais encore dans une inégalité compensant de la part de la nation qui opprime, de la grande nation, l'inégalité qui se manifeste pratiquement dans la vie. Quiconque n'a pas compris cela n'a pas compris non plus ce qu'est l'attitude vraiment prolétarienne à l'égard de la question nationale : celui-là s'en tient, au fond, au point de vue petit-bourgeois et, par suite, ne peut que glisser à chaque instant vers les positions de la bourgeoisie.

    Qu'est-ce qui est important pour le prolétaire? Il est important, mais aussi essentiel et indispensable, qu'on lui assure dans la lutte de classe prolétarienne le maximum de confiance de la part des allogènes. Que faut-il pour cela ? Pour cela il ne faut pas seulement l'égalité formelle, il faut aussi compenser d'une façon ou d'une autre, par son comportement ou les concessions à l'allogène, la défiance, le soupçon, les griefs qui, au fil de l'histoire, ont été engendrés chez lui par le gouvernement de la nation «impérialiste».

    Je pense que pour les bolchéviks, pour les communistes, il n'est guère nécessaire d'expliquer cela plus longuement. Et je crois qu'ici nous avons, en ce qui concerne la nation géorgienne, l'exemple typique du fait qu'une attitude vraiment prolétarienne exige que nous redoublions de prudence, de prévenance et d'accommodement. Le Géorgien qui considère avec dédain ce côté de l'affaire, qui lance dédaigneusement des accusations de «social-nationalisme» (alors qu'il est lui-même non seulement un vrai, un authentique «social-national», mais encore un brutal argousin grand-russe), ce Géorgien-là porte en réalité atteinte à la solidarité prolétarienne de classe, car il n'est rien qui en retarde le développement et la consolidation comme l'injustice nationale ; il n'est rien qui soit plus sensible aux nationaux «offensés» que le sentiment d'égalité et la violation de cette égalité, fût-ce par négligence ou plaisanterie, par leurs camarades prolétaires. Voilà pourquoi, dans le cas considéré, il vaut mieux forcer la note dans le sens de l'esprit d'accommodement et de la douceur à l'égard des minorités nationales que faire l'inverse. Voilà pourquoi, dans le cas considéré, l'intérêt fondamental de la solidarité prolétarienne, et donc de la lutte de classe prolétarienne, exige que nous n'observions jamais une attitude purement formelle envers la question nationale, mais que nous tenions toujours compte de la différence obligatoire dans le comportement du prolétaire d'une nation opprimée (ou petite) envers la nation qui opprime (ou grande).

    Lénine

    Consigné par M.V.

    31.XII.22.

    Suite des notes.

    31 décembre 1922.

    1123px-SovietCentralAsia1922.svg.pngQuelles sont donc les mesures pratiques à prendre dans la situation ainsi créée ?

    Premièrement, il faut maintenir et consolider l'union des républiques socialistes ; il ne peut exister aucun doute sur ce point. Cette mesure nous est nécessaire comme elle l'est au prolétariat communiste mondial pour combattre la bourgeoisie mondiale et pour se défendre contre ses intrigues.

    Deuxièmement, il faut maintenir l'union des républiques socialistes en ce qui concerne l'appareil diplomatique. C'est d'ailleurs une exception dans notre appareil d’État. Nous n'y avons pas admis une seule personne quelque peu influente de l'ancien appareil tsariste. Dans son personnel les cadres moyens comme les cadres supérieurs sont communistes. Aussi a-t-il déjà conquis (on peut le dire hardiment) le nom d'appareil communiste éprouvé, infiniment mieux épuré des éléments de l'ancien appareil tsariste, bourgeois et petit-bourgeois que celui dont nous sommes obligés de nous contenter dans les autres commissariats du peuple.

    Troisièmement, il faut infliger une punition exemplaire au camarade Ordjonikidzé (je dis cela avec d'autant plus de regret que je compte personnellement parmi ses amis et que j'ai milité avec lui à l'étranger, dans l'émigration), et aussi achever l'enquête ou procéder à une enquête nouvelle sur tous les documents de la commission Dzerjinski, afin de redresser l'énorme quantité d'irrégularités et de jugements partiaux qui s'y trouvent indubitablement. Il va de soi que c'est Staline et Dzerjinski qui doivent être rendus politiquement responsables de cette campagne foncièrement nationaliste grand-russe.

    Quatrièmement, il faut introduire les règles les plus rigoureuses quant à l'emploi de la langue nationale dans les républiques allogènes faisant partie de notre Union, et vérifier ces règles avec le plus grand soin. Il n'est pas douteux que, sous prétexte d'unité des services ferroviaires, sous prétexte d'unité fiscale, etc., une infinité d'abus de nature authentiquement russe, se feront jour chez nous avec notre appareil actuel. Pour lutter contre ces abus, il faut un esprit d'initiative tout particulier, sans parler de l'extrême loyauté de ceux qui mèneront cette lutte. Un code minutieux sera nécessaire, et seuls les nationaux habitant la république donnée sont capables de l'élaborer avec quelque succès. Et il ne faut jamais jurer d'avance qu'à la suite de tout ce travail on ne revienne en arrière au prochain Congrès des Soviets en ne maintenant l'union des républiques socialistes soviétiques que sur le plan militaire et diplomatique, et en rétablissant sous tous les autres rapports la complète autonomie des différents commissariats du peuple.

    Il ne faut pas oublier que le morcellement des commissariats du peuple et le défaut de coordination de leur fonctionnement par rapport à Moscou et autres centres peuvent être suffisamment compensés par l'autorité du Parti, si celle-ci s'exerce avec assez de circonspection et en toute impartialité ; le préjudice que peut causer à notre État l'absence d'appareils nationaux unifiés avec l'appareil russe est infiniment, incommensurablement moindre que celui qui en résulte pour nous, pour toute l'Internationale, pour les centaines de millions d'hommes des peuples d'Asie, qui apparaîtront après nous sur l'avant-scène historique dans un proche avenir. Ce serait un opportunisme impardonnable si, à la veille de cette intervention de l'Orient et au début de son réveil, nous ruinions à ses yeux notre autorité par la moindre brutalité ou injustice à l'égard de nos propres allogènes. Une chose est la nécessité de faire front tous ensemble contre les impérialistes d'Occident, défenseurs du monde capitaliste. Là il ne saurait y avoir de doute, et il est superflu d'ajouter que j'approuve absolument ces mesures. Autre chose est de nous engager nous-mêmes, fût-ce pour les questions de détail, dans des rapports impérialistes à l'égard des nationalités opprimées, en éveillant ainsi la suspicion sur la sincérité de nos principes, sur notre justification de principe de la lutte contre l'impérialisme. Or, la journée de demain, dans l'histoire mondiale, sera justement celle du réveil définitif des peuples opprimés par l'impérialisme et du commencement d'une longue et âpre bataille pour leur affranchissement.

    Lénine

    31.XII.22.

    Consigné par M.V.


    Les notes rajoutées par l’éditeur sont signalées par [N.E.]


    [1] Autonomie, projet d'organiser toutes les républiques formant la R.S.F.S.R. sur des bases d'autonomie [NDLR en clair : que les différentes nationalités forment des républiques "autonomes" (à quel point... à voir !) dans la Fédération soviétique de Russie, ce qui assurait clairement la domination russe ; et non des républiques nationales réunies en Union des Républiques socialistes, système qui sera lui aussi dévoyé avec le temps, mais enfin le premier était bien pire]. Le projet d'"autonomie" fut déposé par Staline. Lénine le critiqua sévèrement et proposa une solution foncièrement différente à cette question : formation de l'Union des républiques socialistes soviétiques englobant des républiques égales en droit. En décembre 1922 le 1er Congrès des Soviets de l'U.R.S.S. prit la décision de former l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques. [N.E.]

    [2] Il s'agit des sessions plénières du C.C. du P.C.(b)R. qui eurent lieu en octobre et décembre 1922 et qui délibérèrent du problème de la formation de l'U.S.S.R. [N.E.]

    [3] Plus loin, dans les notes sténographiées, la phrase « Je pense que nos camarades n'ont pas suffisamment compris cette importante question de principe » est barrée. [N.E.]


    [Sur cette même question, et tendant à prouver l'authenticité (parfois contestée) de ce que dit Lénine, lire aussi :

    https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1921/04/vil19210414.htm

    "Il importe infiniment plus de maintenir et de développer le pouvoir des Soviets qui constitue la transition au socialisme. Tâche difficile, mais parfaitement réalisable. Pour pouvoir s'en acquitter avec succès, il importe par-dessus tout que les communistes de Transcaucasie comprennent les particularités de leur situation, de la situation de leurs républiques, différente de la situation et des conditions de la République socialiste fédérative soviétique de Russie ; qu'ils comprennent la nécessité de ne pas copier notre tactique, mais de la modifier, après mûre réflexion, en fonction des différentes conditions concrètes." (...)]

    [NDLR la citation de référence de Lénine sur toute ces questions est la suivante : présentant le programme du Parti en 1917, Lénine dit que “Nous voulons la libre union des nationalités, c'est pourquoi nous devons leur reconnaitre le droit de se séparer : sans la liberté de se séparer, aucune union ne peut être qualifiée de libre”. Précisons ici que dans le même texte de référence, Lénine dit aussi que "Mais, d'autre part, nous ne souhaitons nullement la séparation. Nous voulons un État aussi grand que possible, une union aussi étroite que possible, un aussi grand nombre que possible de nations qui vivent au voisinage des Grands-Russes ; nous le voulons dans l'intérêt de la démocratie et du socialisme, en vue d'amener à la lutte du prolétariat le plus grand nombre possible de travailleurs de différentes nations. Nous voulons l'unité du prolétariat révolutionnaire, l'union et non la division"... ce que saisiront bien sûr au vol tous les jacobinards, espagnolistes et autres "britannistes" "rouges" pour alimenter et "confirmer" leurs "arguments" pourris ; alors que Lénine ne fait qu'exprimer là son internationalisme, son souhait (et c'est bien le moins que l'on puisse attendre de lui...) de voir le "maximum" de Peuples travailleurs unis autour de la révolution prolétarienne pour la libération de l'humanité et le communisme (et l'Empire tsariste, avec ses presque 22 millions de km² et ses 180 millions d'habitant-e-s à cheval sur deux continents, était bien sûr le cadre géographique "rêvé" pour cela), et nullement un quelconque centralisme jacobin conforme à leurs fantasmes (ou, mieux dit, à leur râtelier historique) de petits bourgeois et/ou d'aristocrates ouvriers. Il s'agit bien d'une union "la plus large et étroite possible" mais qui, comme on l'a dit, ne peut être qu'une union LIBRE, "librement" c'est-à-dire démocratiquement consentie et non forcée comme celle des 130 départements de la "France" "révolutionnaire" bourgeoise des années 1790-1800 ; une union d'ailleurs uniquement possible dans le cadre d'un système supérieur socialiste ("la révolution sociale met à l'ordre du jour l'union des seuls États qui sont passés au socialisme ou qui marchent vers le socialisme") ; et pour laquelle Lénine est d'ailleurs même prêt à "perdre" des Peuples au profit de la Réaction (Pologne, Finlande) au nom de ce principe supérieur de liberté d'union ou de séparation (une vision plus "jacobine" autoritaire était peut-être celle de Staline et de quelques autres ; ainsi que très certainement de Trotsky, Rosa Luxemburg et autres "hochets" perpétuellement agités par les "anti-staliniens" en réalité anti-léninistes ; mais elle fut - comme on peut le voir ici - impitoyablement combattue par Lénine jusqu'à son dernier souffle et le temps est révolu de faire dire à Vladimir Illitch tout et n'importe quoi - et surtout ce qui nourrit ses propres fantasmes de pathétique "soldat de l'an II" avec 220 ans de retard, d'"universaliste" impérial etc. etc.). Une telle union "libre" (démocratique) de Peuples marchant vers le communisme, il est bien évident que nous aussi la souhaitons la plus large possible, la plus "solide" au sens de détermination des Peuples associés à ne pas "lâcher" le projet révolutionnaire commun, et d'ailleurs pas (nous ne voyons pas pourquoi) limitée aux frontières hexagonales de l’État "français" légué par la bourgeoisie (les gens ne puent pas, à notre connaissance, au-delà de celles-ci).]

    [Précision importante suite à des réactions "fana-staliniennes" auxquelles il fallait s'attendre : il est bien question ici d'une mission (Dzerjinsky-Ordjonikidzé) envoyée par le Comité central "pansoviétique" de Moscou auprès du PARTI COMMUNISTE BOLCHÉVIK géorgien ; les "social-nationalistes" en question ne sont nullement des nationalistes bourgeois revêtus de thèses menchéviques comme il en existait un fort courant en Géorgie à l'époque (mais peu ou prou totalement écarté en 1922) ; c'est bien aux COMMUNISTES géorgiens* qu'est imposé (contre les conceptions de Lénine, malade et impuissant) un brutal hégémonisme grand-russe. Quant à l'idée (là encore il fallait s'y attendre !) d'une "falsification" de ces notes de Lénine republiées ("comme par hasard" diront-ils...) en 1956, connaissant le "grand-slavisme" russo-ukrainien de Khrouchtchev et consorts, nous en voyons mal l'intérêt... S'il y a bien un point sur lequel Khrouchtchev ne rompt pas avec Staline mais au contraire aggrave la tendance, c'est bien celui-là (d'ailleurs en cette même fatidique année 1956, une ville d'Ukraine était renommée... Ordjonikidzé) ! Et pour ce qui est des éructations de "SLP trotskyyyste" que nous voyons déjà (d'ici oui oui) germer dans certaines têtes qui ne se donnent pas pour autant la peine de nous lire, la réponse est ici : Sur la "révolution permanente" et le trotskysme. Il n'y a tout simplement pas de théoricien marxiste des années 1920-30 plus contraire à notre vision des choses que Trotsky !

    * Parmi eux, Mdivani connaîtra par la suite la répression du fait de sa proximité avec l'Opposition de Gauche trotskyste, quoi qu'il ait été un temps réhabilité dans les années 1930 et ait même occupé à nouveau des fonctions importantes à ce moment-là ; en revanche, Makharadzé ne sera jamais "victime de la répression stalinienne" et au contraire dirigera la Transcaucasie puis la Géorgie soviétique jusqu'à sa mort en 1941, devenant même peu avant vice-président du Soviet suprême de l'Union... De fait, les communistes géorgiens de l'"affaire" auront subi une défaite par la fusion de la Géorgie, pour un temps (jusqu'en 1936), avec l'Arménie et l'Azerbaïdjan dans une grande république fédérative de Transcaucasie, ce qu'ils refusaient ; mais également remporté une victoire puisque cette Transcaucasie sera bien une république soviétique fédérée aux autres dans l'URSS, et non absorbée comme simple "république autonome" dans la Russie soviétique.]

    Sur la question spécifique du rapport de la Révolution bolchévique avec les musulmans (10% de la population de l'ex-Empire tsariste devenu URSS), nous pouvons aussi vous inviter à lire le texte suivant :

    Marx, Lénine, les bolchéviks et l’islam


    Tant la source (Investig'Action de Michel Collon) que l'auteur (Bruno Drweski, intellectuel tendance "Comité Valmy" parfois repris par la mouvance Asselineau-UPR/Cercle des Volontaires) sont sulfureux mais s'il vous plaît faites l'effort de lire, sur le plan des faits historiques c'est très intéressant (et d'ailleurs très largement "pompé" de sources marxistes tout à fait potables comme celle-ci par exemple, l'intérêt étant finalement d'en faire une "synthèse"). On y voit notamment comment Lénine a dû lutter contre les mêmes conceptions laïcardes et "civilisatrices" qui dominent aujourd'hui encore le débat politique hexagonal à "gauche" ; et pire encore contre des éléments qui se peignaient de "rouge" pour perpétuer leur domination coloniale... Cessons (nom de dieu !) de paralyser la réflexion communiste au nom de la dénonciation formaliste de "la souuuuurce" !!! C'est tout simplement faire insulte à l'intelligence individuelle, comme si les gens n'étaient pas capables de "prendre" le "bon" d'un texte (surtout si ce sont des faits historiques objectifs, authentiques peu importe qui les énonce !) et de "laisser" le "mauvais", les conclusions "rouges-brunes" (terme qui veut tout dire et rien dire, répétons-le encore une fois) qu'en tire l'auteur... [bien sûr nous éviterions de mettre en lien un texte aux propos ouvertement antisémites, racistes etc. mais ce n'est pas le cas ici].

    LIRE AUSSI ABSOLUMENT ces deux textes de Safarov, bolchévik historique qui fut chargé autour de 1920 d'asseoir le pouvoir soviétique en Asie centrale en s'y confrontant à la fois à la résistance nationaliste anticommuniste locale (basmashis) et à la tendance au chauvinisme grand-russe de trop nombreux cadres "révolutionnaires" ; s'engageant notamment dans une polémique avec l'autre haut responsable dans la région Mikhaïl Tomsky ; polémique dans laquelle il aura le soutien de Lénine :

    L'évolution de la question nationale

    L'Orient et la Révolution

    Sur la question des langues "régionales", lire aussi : Comment les langues du Peuple ont été rendues illégitimes - très bon article d'une occitaniste universitaire montpelliéraine rappelant ces évidences que "la Révolution de 1789 est une révolution bourgeoise, et les républiques qui l’ont suivie le sont tout autant" (ce qui fait toute sa différence avec la Révolution bolchévique de Lénine, ouvrière et paysanne) ; et que "ce qui est en jeu est fondamentalement d’ordre social" : "supprimer le « patois », c’est ôter un écran entre les masses et la parole normative des nouveaux maîtres", lesquels pensent "non sans naïveté" que "quand ils (les masses travailleuses) parleront comme nous (les bourgeois), ils penseront comme nous et ne bougeront que dans les limites que nous leur fixerons"...


    jour-colere-2377989-jpg_2043841.JPG3. Autre actualité ‘‘phare’’ du week-end écoulé, la manifestation d’ultra-droite ‘‘Jour de Colère’’ à Paris. Avec (selon les estimations les plus sérieuses) une grosse vingtaine de milliers de manifestant-e-s, contre plusieurs centaines de milliers (voire un million) pour les ‘‘Manifs pour tous’’ du début 2013, le ‘‘Mai 68 de droite’’ (formule bien trouvée, pour le coup !) que traverse le processus hexagonal de fascisation rampante (à l’œuvre depuis au moins 12 ans) semble être dans le creux de la vague, en repli tactique et réorganisation…  ce qui ne veut pas dire qu’une nouvelle déferlante plus terrible encore ne va pas se lever bientôt ; le contraire est même certain, vu la merde social-libérale qui sert de politique à Hollande et ses comparses !

    On ne reviendra pas en long, en large et en travers sur les revendications de la cinquantaine d'associations et collectifs appelants (homophobie, anti-IVG, "sécurité", "immigration", "identité nationale"), qui ne sont que de grands classiques de la droite-de-la-droite : identitaires, nationalistes, nationaux-catholiques et autres intégristes, petits entrepreneurs poujadistes, "Printemps français" etc. auxquels se sont joints, actualité oblige, des dieudonnistes pour la "liberté d'expression" antisémite de leur idole, bien que ce ralliement n'ait visiblement pas fait l'unanimité parmi les autres participants (1 - 2 ; "Résistance républicaine" de Christine Tasin a même finalement retiré sa participation). Le nom lui-même était sans équivoque, car "Jour de Colère" en latin se dit Dies Irae, ce qui est le nom d'un poème religieux catholique du 11e siècle mais aussi... d'un groupe national-catholique bordelais connu pour son extrême radicalité !

    Ce qui retiendra notre attention, en revanche, c'est plutôt la manière dont ce type de mouvement, malgré la faune haute en couleur de ses organisateurs, parvient tout de même à mobiliser. Ils jouent notamment sur la bonne vieille corde sensible poujadiste, le sentiment de VIE DE PIGEON, de vie de VACHE À LAIT qui habite une grande partie des masses populaires et qui ne se résume nullement aux impôts directs et encore moins aux ‘‘charges’’ sur les petits entrepreneurs : il suffit de penser aux 20% de TVA sur chaque produit alimentaire ou autre, aux 60% de TIPP sur le moindre litre de carburant, à la taxe d’habitation que tout le monde paye en fonction de la valeur de son logement et non de ses revenus, aux prix des transports, de l’électricité, du gaz, de l’eau etc. etc. Quand à un ménage populaire, aux revenus de (deux fois) 1 à 1,5 SMIC de l’heure, il ‘‘reste à vivre’’ 20% de ses revenus annuels, on peut dire qu’ils peuvent déboucher le champagne ! Certes, il est normal que chacun et chacune participe aux frais de la collectivité… mais pour quoi en retour ? Services de merde et mépris du peuple en permanence, cadeaux fiscaux au CAC 40 et comptes en Suisse de ministres, bureaucratie et parcours du combattant pour les prestations ou allocations les plus élémentaires (alors que tout travailleur a cotisé 25% de son salaire brut chaque mois pendant des années !), et on en passe et des meilleures. Comment s’étonner que ce sentiment aille nourrir une mobilisation réactionnaire fasciste… qui est la SEULE à y répondre ?

    Car si pendant longtemps, pour le mouvement révolutionnaire (marxistes comme anarchistes), il n’y avait pas d’équivoque et les travailleurs avaient raison de ne pas vouloir financer la forge de leurs propres chaînes ; si les choses étaient encore ainsi claires en Italie dans les années 1970 voire (pour certaines organisations) aujourd’hui ; l’hégémonie idéologique ‘‘républicaine’’ a depuis longtemps phagocyté le ‘‘peuple de gauche’’ hexagonal et aborder ces thèmes n’arrache désormais que soupirs et haussements d’épaules ou cris rageux de ‘‘poujadisme !’’. Enfin bref…

    La manifestation réactionnaire a vu, comme il fallait s’y attendre, profusion des fameux bonnets rouges devenus signe de ralliement ; avec la présence des Bonnets rouges… ‘‘frontaliers’’ (… la Bretagne n’a aucune frontière terrestre avec un autre État) ou des Bonnets rouges… ‘‘69’’, ce qui n’a aucun sens et s’appelle même une supercherie totale, puisque la Révolte des Bonnets rouges (1675) est une référence historique BRETONNE qui n’a de sens que dans la culture populaire bretonne ! Afin que les choses soient claires, vu que l’amalgame grossier est ce qui fait office d’arguments lorsqu’il n’y en a pas (mais qu’il faut bien défendre l’unité de la République ou de la ‘‘construction nationale historique bourgeoise-donc-progressiste France’’), les VRAIS Bonnets rouges bretons (collectif ‘Vivre, travailler et décider en Bretagne’, dont chacun-e est libre par ailleurs de penser ce qu’il/elle veut) n’ont pas participé à la manifestation et se sont même clairement exprimés là-dessus : ‘‘Les Bonnets Rouges, représentés par le Collectif « Vivre, décider et travailler en Bretagne », ne s’associent pas à la manifestation du 26 janvier prochain à Paris. Cette manifestation intitulée « Jour de Colère » ne correspond ni aux objectifs ni aux valeurs des Bonnets Rouges tels qu’ils sont exposés dans la charte des Bonnets Rouges (http://bonnetsrougesbzh.eu/charte-des-bonnets-rouges/)". À bon entendeur (et à titre préventif)… 


    4. En tout cas, un autre enseignement de ce ‘‘Jour de colère’’ (suffisamment massif, malgré tout, pour cela) aura été de montrer clairement le caractère hétéroclite à l’extrême de la ‘‘droite radicale’’ et autres ‘‘nationalismes’’ ‘‘révolutionnaires’’ ou pas. À voir la multiplicité de ses ‘‘sensibilités’’, il apparaît plus clair que jamais que ce qu’il lui faut n’est pas même un(e) ‘‘rassembleur(se)’’ mais un(e) ARBITRE : une force qui non seulement réprime (on s’en doute) les révolutionnaires, progressistes et autres ‘‘ennemis intérieurs’’ désignés, mais soit prête à ‘‘sortir la boîte à claques’’ contre les groupes fascistes eux-mêmes, lorsqu’ils ne voudront pas se plier à de-gaulle-a-disparugaulle-massu-.jpgla discipline monopoliste élémentaire. Et cette force ne peut être que l’État ; sous une forme militaro-policière instaurée par ‘‘coup de force’’. C’est là que l’on voit toute l’erreur de considérer le fascisme comme un phénomène principalement extra-étatique, qui ‘‘prendrait’’ l’État ‘‘d’assaut’’ ; ce qu’il n’a d’ailleurs pratiquement jamais été dans l’histoire sauf (en apparence) en Allemagne et en Italie… face à des États particulièrement déliquescents (et encore… à un moment donné, il s’est bien trouvé des éléments à l’intérieur de l’État pour en ouvrir les portes aux chemises noires et brunes !). En réalité, nous en sommes de plus en plus convaincus, le ‘‘plan’’ pensé-sans-l’être est de laisser foisonner (dans certaines limites bien sûr) les ‘‘extrémismes’’ en tout genre que la crise générale du capitalisme engendre spontanément, les révolutionnaires communistes (marxistes ou libertaires) qui sont la bonne réponse à ladite crise mais aussi les MAUVAISES réponses réactionnaires, fascisantes, religieuses sectaires ou communautaristes (islamisme, sionisme), dieudonnistes et compagnie jusqu’à ce qu’enfin l’État militaro-policier intervienne pour ‘‘éviter la guerre civile’’… Il n’y aurait là rien que de très classique. Cet État fort ‘‘sauvant la France de la guerre civile’’ devrait en principe ‘‘trouver visage’’ dans une personnalité supposément ‘‘en dehors’’ et ‘‘au-dessus des partis’’, qui ne soit pas un(e) ‘‘politicien(ne)’’ (ce qui exclurait Marine Le Pen elle-même). Traditionnellement, de Mac Mahon après l’‘‘année terrible’’ des Communes (1871) à De Gaulle en 1958 en passant par Pétain et déjà De Gaulle (l’option ‘‘accepter le nouvel ordre européen nazi’’ contre l’option patriotique à outrance) en 1940, c’était souvent un militaire ; mais aujourd’hui, avec la fin du service militaire comme passage obligé de toute jeunesse masculine, la figure d’un galonné pourrait être beaucoup moins mobilisatrice (surtout qu’après le putsch, raté celui-là, d’Alger en 1961, l’Exécutif a beaucoup fait pour que les hauts cadres militaires deviennent de purs bureaucrates sans ‘panache’ ni ambitions politiques). On ne peut que se perdre en conjecture, mais ce n’est finalement qu’un aspect secondaire du processus qu’il importe, selon nous, d’avoir saisi.


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  • Depuis un mois, l’actualité politique hexagonale a été largement dominée par ‘‘l’affaire’’ : la volonté d’interdiction, proclamée par le Ministère de l’Intérieur, des spectacles de Dieudonné. Certains auraient peut-être voulu être les seuls à s’exprimer sur le sujet, mais bon, à ce moment-là c’est pas de bol : la quasi-totalité du mouvement communiste, révolutionnaire (anarchistes et libertaires compris) et progressiste (notamment la solidarité palestinienne, concernée au premier chef) a désormais pris position, de manière variée, allant de l’appel à un "Front populaire" avec Manuel Valls (on ne les présente plus…) à l’apologie de la ‘subversivité’ de ‘l’humoriste’ (site communisme-bolchevisme.net) [deux sites/groupes ayant en commun 1/ un fétichisme halluciné de Staline et du mouvement communiste de cette époque et 2/ d'avoir, comme quasi seuls sites ML/MLM francophones, "dominé" intellectuellement les années 2000, et qui se retrouvent désormais sur deux positions diamétralement opposées mais pas moins ultra-opportuniste l'une que l'autre : l'avenir est décidément derrière eux !]. Une grande majorité (dont nous-mêmes) étant tout de même sur la position que 1/ oui, Dieudonné a depuis très longtemps quitté le champ politique progressiste, c’est un démagogue véhiculant des thèses réactionnaires ignobles, fascistes, qui séduisent malheureusement trop de personnes dans les classes populaires et la jeunesse, et loin de nous de pleurer sur son sort, 2/ pour autant, nous ne tombons pas dans le panneau de la subite "offensive républicaine" de Valls, qui a déjà bien en tête le jeu à quatre coups devant le mener (il l’espère) à l’Élysée (primaire socialiste 1er et 2e tour, présidentielle 1er et 2e tour) et cherche à blinder son capital électoral sur la ligne ‘républicaine’ dont il a fait son fonds de commerce : un coup à ‘gauche’ un coup à droite, un coup contre les bandes fascistes ou le triste bouffon antisémite de la Main d’Or et un coup contre les prolétaires étrangers "qui n’ont pas vocation à rester sur notre territoire", contre les "territoires perdus de la République" à Marseille ou ailleurs ou contre les militant-e-s révolutionnaires ; en un mot, nous ne laisserons pas Valls en particulier, ni la ‘République’ bourgeoise en général s’acheter une virginité à si peu de frais.

    En arrière-plan de l’affaire a cependant ressurgi le vieux débat sur la loi Gayssot de 1990 et, plus largement, la question de la ‘‘liberté d’expression’’ des idées quelles qu’elles soient, autrement dit (pour ceux et celles qui viendraient de se réveiller, "nous sommes en démocratie") également des fascistes et autres ennemis radicaux du peuple. Et, encore au-delà, toute la question de l'"antifascisme" bourgeois, de la "lutte contre les idées incompatibles avec (ses) valeurs" dont se revêt occasionnellement la bourgeoisie républicaine au pouvoir. La position des communistes (marxistes) là-dessus a souvent été (et reste souvent) confuse. Tentons d’y voir clair, de faire la part des choses (séparer le bon grain de l’ivraie) et de dégager une LIGNE DE CONDUITE pour les grands combats qui nous attendent dans un proche avenir.

    Évidemment, dans la lourde masse de ce que nous allons dire, il se trouvera beaucoup de personnes pour ‘réagir’ devant une phrase, un mot, un passage. Le sujet casse-gueule que nous allons aborder va forcément susciter des ‘‘réactions’’, car tout ce que nous allons critiquer ci-après repose justement sur cela : un ‘‘débat’’ fait de ‘‘réactions’’ et non de réflexions posées, scientifiques, dialectiques ; de recherche déterminée des idées justes. Le capitalisme cherche plutôt d’habitude, pour régner, le consensus. Mais là, c’est tout l’inverse : il y a dissensus au sein de la bourgeoisie, il y a des camps et nous sommes sommés, pratiquement le pistolet sur la tempe, d’en choisir un. Refuser (ce que nous faisons haut et fort), c’est de toute façon rejoindre pour chacun le camp adverse, le pandémonium qu’il s’est fabriqué et qui fonde idéologiquement son existence. Pour les uns, le marxisme est le jumeau ‘totalitaire’ du national-socialisme hitlérien (il en serait même l'inspirateur, carrément) ; pour les autres, il serait le jumeau ‘juif’ (ou illuminati, c’est plus tendance en ce moment) du libéralisme ‘maçonnique’. Les premiers sont politiquement et idéologiquement hégémoniques (avec leurs ailes ‘gauche’ et droite) en Hexagone et dans la plupart des pays du monde, tout en pourrissant sur pied dans la fascisation rampante ; les seconds cherchent à le (re)devenir et rien n’exclut qu’ils y parviennent. Les premiers ont vaincu en 1945 le nazisme (un pur produit de ce capitalisme impérialiste dont ils sont les champions), qui avait simplement commis l’erreur de s’attaquer aux grands impérialismes occidentaux au lieu de faire ce pourquoi on l’avait ‘embauché’ (attaquer et écraser l’URSS et l’Internationale communiste). Ils ont, en quelque sorte, extirpé la tumeur principale (des centaines d’autres plus petites restant en place)… et l’ont exposée dans une sorte de bocal, qu’ils agitent désormais urbi et orbi en clamant combien le corps est sain. Ils ont construit leur ‘sainteté’ sur des monstres, ils ont BESOIN de monstres pour jouer les saints ; et le premier d’entre eux, le premier ‘jumeau’ de la tumeur nazie extirpée… est en réalité le REMÈDE à toutes les tumeurs du capitalisme moribond, la révolution prolétarienne. Mais de véritables monstres fascistes ‘‘façon 20e siècle’’ existent toujours bel et bien, la tumeur a évidemment laissé des métastases que la nouvelle crise générale du capitalisme mondial fait à nouveau se développer, et rallier leur camp (ou simplement celui de leur "liberté d'expression") reviendrait à dire que, contre la violence inouïe du capitalisme au 19e siècle, il ‘fallait’ revenir à l’Ancien Régime… De tout cela, de ces ‘querelles’ entre deux bandes d’exploiteur, on pourrait dire que l’on s’en tape. Malheureusement, l’un et l’autre des deux camps parviennent à exercer leur influence néfaste sur un mouvement communiste, révolutionnaire et même progressiste (depuis une trentaine d’années) en perdition, saisi de désarroi idéologique. Nous voulons briser cet étau et lui arracher les masses populaires politiquement avancées… mais nous savons que la tâche, en plus d’être ardue, ne nous attirera pas que des amis.

    237565118 B971805061Z.1 20140115212742 000 GSG1PM2V7.1-01. Tout d'abord, situer les choses : pour prendre position, il faut savoir de quoi l'on parle ; même si nous savons que cela n'est pas tellement dans les habitudes du débat politique (y compris révolutionnaire) hexagonal. Donc, qu'est-ce que la loi Gayssot ?

    Comme nous l’avons expliqué dans un précédent article, la loi Gayssot de 1990 est en fait un prolongement de la législation contre la haine raciale établie depuis 1972 par la loi Pleven. La plupart de ses articles ne sont que des retouches à celle-ci, sur le "droit de réponse" dans la presse et son exercice par les associations dites représentatives des groupes visés ; l’article 1 en est un rappel des principes : "Toute discrimination fondée sur l'appartenance ou la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion est interdite. L'État assure le respect de ce principe dans le cadre des lois en vigueur". Outre l’établissement d’un rapport annuel de la Commission consultative des Droits de l’Homme sur le racisme (que nous avons également évoqué dans un précédent article), sa principale nouveauté et la source de sa notoriété et des polémiques qu’elle suscite est donc d’instaurer le délit de négationnisme, c'est-à-dire le fait de contester (ou minimiser) "l’existence d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité tels qu’ils sont définis par l’article 6 du statut du tribunal militaire international annexé à l’accord de Londres du 8 août 1945 et qui ont été commis soit par les membres d’une organisation déclarée criminelle en application de l’article 9 dudit statut, soit par une personne reconnue coupable de tels crimes par une juridiction française ou internationale", autrement dit les crimes commis par les nazis et leurs alliés en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale (et non la seule Shoah, contrairement à ce que beaucoup imaginent : nier Oradour-sur-Glane, cela tombe sous le coup de la loi). Le négationnisme s’était en effet beaucoup diffusé dans les années 1980, notamment avec Robert Faurisson (à partir de 1978) ; mais il se heurtait à un vide juridique : en effet, il ne consiste pas à faire l’apologie des crimes nazis (ce qui tomberait sous le coup de la loi Pleven pour incitation à la haine raciale, et dans tous les cas sous le coup de l’apologie de crimes, comme le tortionnaire Aussaresses en 2001, poursuivi pour "apologie de crimes de guerre"), mais à en nier l’existence ou en tout cas, à prétendre qu’ils n’ont pas eu l’ampleur qu’on leur donne. Tuer 6 millions de personnes pour le seul fait d’être juives, c’est "horrible" en effet… mais cela "n’a pas eu lieu", ce serait la "propagande des vainqueurs", ou "des sionistes" pour "justifier" la création de leur État en Palestine (d’où le succès que connaissent malheureusement ces thèses dans les pays arabes et musulmans). La loi Gayssot est donc venue combler ce vide… et seulement cela ; ce n’est pas elle qui fait que, par exemple, on n’a pas le droit de tenir des propos ou de lancer des attaques antisémites contre une personne ou un groupe de personnes (cela, c’est la loi Pleven).

    Ainsi, lorsque Dieudonné dit au sujet du journaliste Patrick Cohen "les chambres à gaz... dommage", il ne tombe pas sous le coup de la loi Gayssot, mais bien de la loi Pleven, puisqu'il provoque à la haine et porte atteinte à la dignité d'une personne (en souhaitant sa non-existence, l'extermination de sa famille il y a 70 ans) "en raison de son origine ou de son appartenance ou non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée". La loi Gayssot n'est pas compétente ici ; c'est d'ailleurs la raison pour laquelle le Conseil d'État ne l'invoque pas pour valider l'interdiction du spectacle "Le Mur". La tristement célèbre "quenelle" est dans le même cas : elle n'a strictement rien à voir avec la loi Gayssot. Si elle est bien considérée comme un salut nazi à l'envers, alors, contrairement à l'Allemagne, elle n'est pas interdite en tant que telle en Hexagone (!), mais (ouf...) elle peut être assimilée "selon le contexte" (toujours la bonne vieille hypocrisie bourgeoise) à une incitation à la haine raciale ou une apologie de crime contre l'humanité. Si elle est un "bras d'honneur au système", donc une insulte, il appartient aux personnes ou groupes attaqués ("quenelle" devant des lieux symboliques du judaïsme, par exemple) d'engager des poursuites pour injure publique ou atteinte à la dignité : c'est pratiquement plus une affaire civile (préjudice moral) que pénale (trouble à l'ordre public). En fait, s'il ne fait désormais aucun doute pour nous (ni personne de progressiste) que Dieudonné est un négationniste, qu'il croit profondément que la Shoah n'a pas existé et que c'est une "invention des sionistes" ; il parvient néanmoins sans aucune difficulté à ne jamais franchir la "ligne jaune" Gayssot, la contestation des crimes contre l'humanité nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, et donc à ne jamais être incriminé pour cela... Et donc à dire que son antisémitisme serait, lui aussi, une "invention" de ses détracteurs ("sionistes"). Le pivot de son argumentaire, finalement, c'est "il est interdit de dire que c'est bien, interdit de dire que cela n'a pas existé... va-t-on maintenant interdire d'en rire ?". Nous avons déjà là une première illustration des limites de la législation "antiraciste" et "anti-antisémite" bourgeoise...

    1077708414 B971805061Z.1 20140115212742 000 GSG1PM30P.1-0Il suffit d'avoir dit cela pour réaliser la supercherie fasciste (dans laquelle tombent malheureusement des progressistes sincères) qu'est la prétendue lutte pour l'abrogation de la loi Gayssot autour de Dieudonné, que ce soit au nom de la "liberté d'expression" ou d'une supposée "sacralisation" de la Shoah et donc "hiérarchisation" des crimes contre l’humanité et des racismes. Nous, communistes, ne sommes pas pour la "liberté d'expression" mais pour la conquête de l'hégémonie : gagner le plus d'espace possible pour l'expression de nos idées (ce en quoi nous ne pouvons guère compter que sur nos propres forces...) et réduire le plus possible l'espace d'expression de nos ennemis, d'autant plus que ces derniers sont radicaux, ce en quoi nous pouvons éventuellement nous appuyer sur une partie de la bourgeoisie : Front populaire de 1936 avec la loi sur la dissolution des ligues, résistance avec les gaullistes et toutes sortes de républicains contre l'occupation nazie et le régime de Vichy, alliance avec les "intellectuels de gauche" et autres démocrates et humanistes (chrétiens progressistes notamment) pendant la guerre d'Algérie ou en 1968 et dans les années suivantes etc., et (donc) loi Pleven et sa prolongation Gayssot. De toute manière, depuis "1789" tant fantasmé, l'expression politique publique n'a jamais été "libre" : elle l'a toujours été "dans le cadre défini par la loi", c'est-à-dire pas du tout (censure a priori) jusqu'en 1881 (la fameuse loi sur la presse), et toujours strictement encadrée depuis : il faut répondre devant les tribunaux de la diffamation, de l'atteinte à la dignité ou à la réputation des personnes, de l'outrage à certains personnages importants (magistrats, gouvernants), de l'apologie de ce que la loi bourgeoise considère comme des crimes (meurtre, viol, crimes de guerre ou génocide) ou des délits (la consommation de cannabis par exemple), ou de propos "subversifs" attentant à la "légalité républicaine" et aux "institutions" (lois anti-anarchistes de 1893-94, interdiction de la Cause du Peuple en 1970 etc.). La "liberté d'expression" invoquée par nos nazillons et leurs gogos "démocrates" n'a donc jamais existé, ni sous la bourgeoisie depuis 1789 ni sous aucune classe dominante antérieurement ! La seule question est de quel côté va pencher la balance, et c'est une question de rapport de force : l'État va-t-il être "neutre" et frapper équitablement "tous les extrêmes", ou va-t-il être plus indulgent avec les fascistes ou (dans des limites évidentes) avec les révolutionnaires ? Ce qui vient d’être dit suffit (en principe) à répondre à un autre argument qui, pour faire court, est la ‘‘déclinaison de gauche’’ de la ‘‘liberté d’expression’’ : celui de la ‘‘contre-productivité’’ de ce type de lois, qui feraient des fascistes des ‘‘martyrs’’… Oui, nous communistes avons bien la ferme intention de clouer un jour le bec à l’expression des fascistes et autres réactionnaires en général ; et de remplir sur le chemin du communisme leur ‘panthéon’ d’une belle brochette de ‘martyrs’.

    Quant au risque d'une "hiérarchisation des souffrances" et des haines raciales, l'attitude réellement démocratique là-dessus consisterait, plutôt que d'abroger la loi Gayssot, à lutter pour une application maximale de la loi Pleven : telle serait la vraie voie progressiste pour faire reculer le sentiment de "concurrence" entre racisés ! Certes, nous y reviendrons, cette lutte ne peut qu'atteindre tôt ou tard ses limites : il est peut-être possible d'entraver l'expression et les actes racistes ou antisémites, mais les éradiquer n'est pas possible dans le cadre du capitalisme, sous le pouvoir de la bourgeoisie. Pour autant, l'attitude correcte n'est certainement pas de dire que, puisque certains fauves sont en liberté (Zemmour et compagnie), alors autant ouvrir toutes les cages et les lâcher tous dans la nature ! Pas plus que, sous prétexte que bien d'autres "devoirs de mémoire" devraient exister (la mémoire des peuples étant la dynamite contre les murailles idéologiques des dominants, dont la destruction de ce rempart signifie la fin), il faudrait rejeter le "devoir de mémoire" pour les crimes nazis-fascistes de la Seconde Guerre mondiale... Pour prendre un autre exemple, les conquêtes sociales des 150 dernières années (auxquelles les sympathisants de Dieudonné sont généralement attachés) ne sont pas le socialisme : faut-il pour autant les rejeter et revenir à la condition populaire de 1840 ? Ce que nous voulons : TOUT ! Mais ce n'est pas parce que nous n'avons pas ce "tout" que nous devons rejeter le peu déjà obtenu !!!  

    D'ailleurs les fascistes mainstream, ceux qui agissent à visage découvert, rêvent à des Srebrenica en Hexagone [1] sans encourir la moindre sanction et ne s'embarrassent pas de "draguer" les "progressistes" à la dérive et les "basanés" (colonisé-e-s intérieur-e-s) oubliés et/ou trahis par ces derniers, ne s'y trompent pas et demandent bel et bien (comme s'ils n'avaient pas encore assez les coudées franches) l'abrogation de toutes les lois antiracistes et "mémorielles", Pleven comme Taubira (reconnaissance de l'esclavage comme crime contre l'humanité) comme Gayssot ("dommage collatéral", sans doute, pour ceux qui ne portent pas spécialement l’antisémitisme dans leur cœur, mais c’est ainsi)... Eux aussi, ils veulent TOUT, et c'est bien normal : c'est la moindre des choses pour qui se prétend militant politique !

    fnnazi04022. Défauts, critiques et débats. Les défauts et limites des lois Pleven et Gayssot sont tout entiers contenus dans leur nature de classe : ce sont des lois BOURGEOISES ; quelle que soit la "pression populaire" hexagonale et/ou internationale sous laquelle elles ont été votées. Elles tentent de lutter contre l’expression du racisme et de l’antisémitisme, instruments capitaux de mobilisation réactionnaire de masse, ce qui est louable ; mais elles prétendent (comme toujours) régler le problème ‘‘par en haut’’, administrativement, en mode "pas de panique chers concitoyens, la République veille sur vous", sans mobiliser les masses du peuple, sans mobilisation progressiste de masse contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie (haine de l’autre) en général. Elles sont en contradiction avec bien des pratiques de l’État lui-même (chasse aux ‘sans-papiers’, violences policières au ‘faciès’ couvertes par la hiérarchie, stigmatisation des ‘quartiers difficiles’… et bien sûr son passé colonial et son présent néocolonial et impérialiste !), lesquelles sont évidemment ‘légitimes’ et jamais inquiétées par les lois (cela revient, finalement, à la même chose que la personne culpabilisée parce qu’elle ne trie pas ses déchets pendant que les usines – ayant ‘‘payé pour polluer’’ – crachent leurs fumées toxiques). Elles sont peu appliquées et d’une manière fluctuante, permise par le flou des textes (comme de tous les textes de loi : "provoquer à la discrimination, à la haine ou à la violence", "diffamation" ; la disposition anti-négationniste Gayssot est un peu plus précise) qui laisse un grand pouvoir d’appréciation aux procureurs et aux juges (dont il n’est pas besoin de préciser ici que l’indépendance est une farce). Elles débouchent généralement sur des condamnations pécuniaires (amendes, dommages-intérêts), beaucoup plus rarement sur de la prison (comme Vincent Reynouard) ; or, pour des personnes dont la haine est devenue un fonds de commerce (Faurisson, Soral, Dieudonné côté antisémite, Zemmour, Tasin et autres côté islamophobe et anti-‘immigrés’) beaucoup plus juteux que ce que leur coûtent d'éventuelles condamnations, où est l’efficacité ?

    De tout cela résulte une impression de schizophrénie judiciaire à laquelle répond l’incompréhension des masses, et les sentiments de ‘‘deux poids deux mesures’’ grandissent et se multiplient jusqu’à devenir aussi nombreux que les ‘‘groupes’’ censés être protégés. [MàJ avril 2014, alors que les 20 ans du génocide rwandais sont à la "une" : sur cette question du "deux poids deux mesures", voir les propos HALLUCINANTS d'Alain Jakubowicz, président de la LICRA et fer de lance de la croisade anti-Dieudonné (hallucinants lorsqu'on les met en parallèle avec cela, justement). Ce dernier n'a littéralement plus qu'à partager cela sur les réseaux sociaux... et crier "hourra" à la "preuve par 9" de tout ce qu'il affirme depuis 10 ans !]

    Prenons un exemple. Nous avons dit plus haut que le cœur de l’argumentaire de Dieudonné, c’est de dire ‘‘il n’est pas possible de faire l’apologie de la Shoah, il n’est pas possible de la nier, mais est-il au moins possible d’en rire ?’’. La réponse étant (manifestement selon lui) ‘non’, c’est donc qu’il y a un ‘lobby sioniste’ qui s’est emparé de l’État français, de la politique, des médias etc., et donc que toutes les thèses antisémites et négationnistes sont vérifiées. Concrètement, il est vrai qu’interdire de rire de quelque chose n’est pas simple en soi. Il y a, comme ‘ligne jaune’, la notion de dignité humaine. Mais pour que cela fonctionne, il ne faut pas seulement des lois et des tribunaux : il faut une réprobation morale de la société. C’est d’ailleurs l’esprit de toute loi contre le racisme, l’antisémitisme, le sexisme, l’homophobie, l’handiphobie etc. : il ne s'agit pas seulement de punir des faits, mais de développer une conscience et un sentiment de réprobation dans les masses populaires. Ainsi, les imitations d’Africains de Michel Leeb (jamais condamnées une seule fois par la justice au demeurant) ‘passaient’ beaucoup moins bien au début des années 2000 qu’au début des années 1980 (moins d’invitations dans les émissions télé etc.) – depuis, la réprobation a sans doute reculé et plus de gens invoqueraient la ‘liberté de rire’, l’artiste est simplement devenu has been pour d’autres raisons. Il en va de même pour globalement tout l’‘humour’ sur les femmes, les homosexuel-le-s, les personnes handicapées etc. Or, avec la loi Gayssot et tout l’arsenal juridique permettant de punir l’antisémitisme et le négationnisme, le fait est que pour des milliers de personnes c’est l’effet inverse qui s’est produit : le ‘droit d’en rire’ n’est pas seulement resté une évidence, il est devenu une cause politique. Ne pas avoir ce droit ‘cache’ forcément ‘quelque chose’ (et lorsque les choses s’emmêlent avec le droit de critiquer, en riant ou pas, la politique israélienne, la situation devient inextricable…). Nous avons là une illustration parfaite, concrète, des limites d’une législation bourgeoise lorsqu’elle n’est pas appuyée sur une véritable mobilisation progressiste (à défaut d’être révolutionnaire) de masse. Mobilisation dont la bourgeoisie est tout simplement  INCAPABLE : soit elle n’en a pas la volonté, soit, dans tous les cas, pas la crédibilité !!!

    arton10498-c4125Outre les deux grandes critiques déjà évoquées précédemment ("liberté d'expression" et "sacralisation" d'un crime contre l'humanité au détriment des autres), a émergé une troisième qui se situe un peu dans le prolongement de la première : la question de la "liberté des historiens", auxquels "la politique n'aurait pas à dicter l'histoire". Cette critique a pu jaillir de milieux extrêmement éloignés du négationnisme et de toute sympathie pour les régimes fascistes des années 1930, et pour cause : sa manifestation la plus connue est la pétition "Liberté pour l'Histoire" sortie à la suite de la loi sur le "rôle positif" du colonialisme, goutte d'eau qui a fait déborder le vase... Signée par des personnalités "phares" de la "gauche" bourgeoise (Élisabeth Badinter, Jacques Julliard etc.) et aussi peu suspectes de négationnisme que Pierre Vidal-Naquet, juif occitan au parcours progressiste incontestable (PSU etc.) et (surtout) pourfendeur brillant de l'ignoble Faurisson, elle demande l'abrogation de la loi scélérate Mekachera mais aussi de toutes les lois qui "ont restreint la liberté de l’historien, lui ont dit, sous peine de sanctions, ce qu’il doit chercher et ce qu’il doit trouver, lui ont prescrit des méthodes et posé des limites" : loi Taubira sur l'esclavage crime contre l'humanité, loi sur la reconnaissance du génocide arménien (2001 toutes les deux) et... loi Gayssot. Le problème, c'est deux choses : d'une part, les personnes qui vont nier la Shoah ou tenter de diviser par X le nombre de victimes sont généralement des PSEUDO-"historiens" (comme typiquement Faurisson) qui usurpent le titre, pas des historiens sérieux, vu que des travaux sérieux ne peuvent pas aboutir à de telles conclusions ; de même que peu d'historiens (ni de juristes) sérieux vont nier que l'esclavage et la traite transatlantique, tels que pratiqués du 17e au 19e siècle, relèvent de la définition actuelle du crime contre l'humanité, et l'assassinat de masse des Arméniens en 1915 de la définition du génocide ; soulignant simplement que ces notions juridiques n'existaient pas à l'époque des faits (mais pas non plus à l'époque de la Shoah, puisqu'elles ont justement été établies pour celle-ci). Ce sont d'ailleurs souvent des historiens qui avaient appelé de leurs vœux, à la fin des années 1980, une loi contre les négationnistes qui se paraient abusivement de leur qualité. Donc, si la loi Mekachera peut effectivement poser "débat" aux historiens bourgeois (car tout dépend ce que l'on entend par "positif" : en gros, développement objectif des forces productives ou droits démocratiques des peuples et droits tout simplement humains ?), mais en réalité fort peu car elle ne les concerne pas (elle se pose, dans le passage incriminé, en "circulaire" à destination de l'enseignement), les autres n'en posent guère... L'association créée en soutien à la pétition a d'ailleurs annoncé, en 2008, ne plus demander l'abrogation de la loi Gayssot. D'autre part, nous sommes encore une fois là dans une vision typiquement bourgeoise-de-gauche de la "liberté" comme absolu, avec au passage une sorte de sacralisation élitiste du chercheur universitaire ; ignorant (voire rejetant ouvertement) la lutte des classes et la question de l'hégémonie. Pour les communistes et les révolutionnaires en général, tout dans le domaine de l'expression publique revient en dernier ressort à cette question ; ainsi, les trois premières lois (Gayssot, Taubira, génocide arménien) comme la loi antiraciste Pleven servent objectivement l'hégémonie de notre camp, le CAMP DU PEUPLE, même si nous verrons plus loin qu'elles restent bourgeoises et peuvent même, par des artifices juridiques, être retournées contre nous ; tandis que la loi Mekachera était clairement une artillerie idéologique de l'ennemi et même de notre pire ennemi, la droite radicale nostalgique du "temps béni des colonies".

    negationnisme1-436x327Il peut également sembler légitime de demander (et cela est parfois fait) pourquoi la loi Gayssot ne vise que la négation des crimes relevant du Tribunal de Nuremberg (les crimes nazis en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale, dont la Shoah), et pourquoi l'on n'y ajouterait pas d'autres (génocides arménien ou rwandais, crimes en ex-Yougoslavie etc.). Certes mais alors, où s'arrêterait-t-on ? Si l'on fixe la limite dans le temps, disons, à 1900, toute l'Histoire du monde impérialiste n'est qu'une succession de génocides et de crimes contre l'humanité ! Et ce serait évidemment encore pire si l'on regardait l'Histoire jusqu'à 200, 300 ou 500 ans en arrière. Des crimes dans lesquels la bourgeoisie "française" a bien sûr plus que sa part... Une comédie musicale guillerette sur le "Roi Soleil" n'évoquant (bien sûr) rien de ses crimes contre les protestants occitans, de la répression de la révolte bretonne de 1675 ou encore de la traite esclavagiste des Africain-e-s avec le Code Noir etc. ; une hagiographie de Napoléon (big up à Max Gallo !) minimisant ou faisant silence sur les crimes génocidaires d'Haïti et de Guadeloupe ; un documentaire sur Pierre Messmer qui ne dirait rien du Cameroun... la liste de ce qui pourrait être qualifié de négationnisme historique est interminable, et pour cause : la légitimité même de la "France" comme construction politique historique repose sur ces "petits" oublis ! Pour la bourgeoisie ce serait donc un suicide, chose dont le marxisme nous enseigne qu'aucune classe dominante n'est capable dans l'Histoire.

    Et puis, nous y reviendrons, les "autres crimes" que l'on ne pourrait plus "défendre" ni "nier" pourraient bien être ceux du "communisme" (le débat hante, notamment, les couloirs du Parlement européen)... Ce qui, même si notre victoire future passe nécessairement par un bilan critique des expériences passées, serait évidemment un très dur revers dans notre bataille pour l'hégémonie.

    C'est là qu'effectivement, la question commence à tourner en rond et à se mordre la queue... Car c’est tout simplement la nature de classe de la bourgeoisie qui apparaît là : une classe qui s’est CONSTRUITE pendant des siècles sur l’exploitation, la domination impériale, l’esclavage des peuples et leur hiérarchisation dans une division mondiale du travail de production de la plus-value, la persécution et la spoliation des Juifs bien avant Hitler et le nazisme (Moyen Âge, 16e siècle) ; une classe qui a inventé le racisme là où il n’y avait auparavant qu’hostilité (à base économico-territoriale) et rapports de force entre communautés locales (cités), royaumes et civilisations (empires). Demander à la bourgeoisie une lutte conséquente contre le racisme, l’antisémitisme et quoi que ce soit de ce genre, c’est attendre d’un éléphant qu’il grimpe aux arbres ! [Ceci étant évidemment incompréhensible pour le logiciel économiste qui guide la quasi-totalité de la "gauche radicale" hexagonale, incapable de comprendre qu’une culture générée à travers des siècles puisse être devenue une réalité matérielle, concrète et agissante ; et se réfugiant derrière une piteuse explication du racisme comme "manœuvre de la bourgeoisie pour diviser les travailleurs" etc. etc.]

               black-panthers-party-people.jpegananas

    3. Telles sont donc les lois Pleven et Gayssot, à l'image de la classe sociale qui en est à l'origine, la bourgeoisie républicaine BBR "de gauche" ou "centriste" (libérale, démocrate-chrétienne comme Pleven) : objectivement utiles au camp populaire révolutionnaire lorsqu'elles font barrage à la diffusion du racisme et de l'antisémitisme comme mobilisation réactionnaire de masse, ou à la réhabilitation du nazisme par les plus ultras des fascistes ultras, car le négationnisme (arrêtons de tourner autour du pot à la Chomsky) c'est cela ; résultantes d'un rapport de force qu'il faut évidemment défendre et si possible consolider, comme une tranchée dans une guerre de position (qu'est la lutte des classes, cf: Gramsci). Mais en même temps, elles sont loin d'être parfaites... et difficilement perfectibles (cessons deux minutes de délirer à ce sujet), car en faire une application systématique et implacable ou étendre le délit de négationnisme à d'autres crimes que ceux du nazisme, on l'a dit, deviendrait rapidement intenable pour la bourgeoisie BBR.

    Elles sont même susceptibles, comme toujours l'"antifascisme" bourgeois, de se retourner en leur contraire. Nous avons déjà évoqué rapidement cela au sujet d'un article de VP qui disait "Si Valls interdit Dieudonné, ou un autre tribun, pourquoi n’interdirait-il pas les militants communistes de s’exprimer demain ? Toute atteinte aux libertés, même celles de nos ennemis, peut s’étendre à nous, ne l’oublions jamais", ce qui nous semble porteur d'une réelle préoccupation populaire-racisme_anti_blancs.jpgrévolutionnaire (prétendre "combattre les extrêmes de tout bord", frapper un coup les révolutionnaires et les progressistes, un coup ce qu'il définit comme "obscurantiste" ou "fasciste" est effectivement au fondement même de l'idéologie républicaine BBR, au point d'ailleurs que même Vichy prétendait cela, "l'extrême-droite" étant en l'occurrence les gaullistes venus de la droite de la droite d'avant-guerre), et en même temps d'une affirmation erronée revenant à du libéralisme chomskyen.

    Il est vrai que depuis longtemps déjà, des gens voudraient appliquer la loi Pleven au "racisme anti-blanc" ou "anti-français", à la "stigmatisation des chrétiens" etc., et juridiquement en effet rien ne l'empêche. Parmi les "autres crimes contre l'humanité" auxquels certains voudraient étendre la loi Gayssot, il y a bien sûr les "crimes du communisme" (appeler à un "Nuremberg du communisme" est un argument récurrent des avocats de négationnistes ou d'anciens kollabos et nazis, même si d'autres comme Vergès préféraient invoquer les crimes du colonialisme et de l'impérialisme) ; ce qui nous interdirait de défendre et de diffuser notre conception du monde même à travers un bilan critique constructif. L'argument "antisionisme = antisémitisme" (si copieusement nourri par Dieudonné et consorts) a déjà permis de poursuivre pour "incitation et la haine et à la discrimination" des initiatives contre l'apartheid israélien, comme BDS. Tout comme la loi de 1936 sur la "dissolution des groupes de combat et milices privées", qui visait évidemment à l'époque les ligues d'extrême-droite, a largement permis dans les années 1968 et depuis de frapper le mouvement communiste et révolutionnaire... Tandis que, parmi les "lois mémorielles" d'habitude tant décriées par les fafs et autres réacs nouveaux ou pas (loi Gayssot, reconnaissance de la traite et de l'esclavage comme crime contre l'humanité etc.) faisait bien sûr exception la "loi Mekachera" dont nous avons déjà parlé, sur le "rôle positif de la colonisation" et... l'indemnisation des militants fascistes de l'OAS (finalement modifiée devant la mobilisation populaire et intellectuelle). Et le délit de négationnisme ne pourrait-il pas, demain, être étendu à "oser" qualifier autre chose que le nazisme et la Shoah de crime contre l'humanité (sauf éventuellement les "crimes du communisme" pour certains, comme on l'a dit), àsocialisme4 "oser" comparer au nazisme (à raison ou à "tort", par cet excès qui fait souvent partie du "jeu" politique) d'autres situations présentes ou passées sur la planète, comme les soixante-huitards scandaient "CRS = SS !" ? Ce n'est pas encore le cas (c'est pourquoi Dieudonné n'a pas pu être condamné pour le sketch chez Fogiel), mais c'est ce vers quoi un certain nombre de "républicains" bourgeois, de sionistes plus ou moins ultras... et certains "maoïstes" semblent tenter de pousser.

    Nous voyons bien là comment toute loi, toute politique "antifasciste" bourgeoise peut du jour au lendemain se retourner en son contraire, puisqu'elle ne vise pas la fraction ultra-réactionnaire... de la même classe bourgeoise qui l'a votée, mais de manière idéaliste "l'extrémisme", "la violence" et "la haine de l'autre" ou "de la démocratie", l'atteinte aux "valeurs de la République" etc. etc. Pour autant, lorsqu'elle frappe les fascistes, nos ennemis jurés qui ne veulent pas seulement nous mettre quelques mois ou même quelques années en prison mais bien nous massacrer purement et simplement, façon Chili de Pinochet ou bataille d'Alger, il est évident que cela sert nos intérêts et nous n'allons pas nous en plaindre, nous n'allons pas pleurer sur le sort ni sur la "liberté d'expression" d'ennemis jurés de notre camp et des masses populaires que nous voulons libérer : c'est une question de pragmatisme militant, et le fait que l'État frappe plutôt les fascistes que les révolutionnaires peut aussi être le fruit d'un rapport de force que les masses révolutionnaires auraient su construire (le truc dans l'affaire Dieudonné-Valls, c'est qu'on voit mal lequel)... Des notions tout à fait justes et même essentielles ; mais que nous croyions justement étrangères à certains qui s'en font aujourd'hui les grands donneurs de leçons.

    Enfin, c'est aussi une réalité qu'il ne faut pas avoir peur de dire : tant la disposition particulière anti-négationniste (Gayssot) que l'application du cadre général antiraciste (Pleven), toujours en-deçà des exigences antifascistes certes, mais clairement plus ferme en matière d'antisémitisme et de négationnisme que d'autres formes de racisme (ou en matière de racisme "primaire", comme comparer Taubira à un singe, que de formes plus "subtiles"), s'inscrivent dans le CADRE IDÉOLOGIQUE construit par les vainqueurs occidentaux de 1945 (et rénové à la fin de la Guerre froide, dans les années 1980) qui fait des crimes nazis de la Seconde Guerre mondiale et de quelques autres cas "emblématiques" (génocide arménien, apartheid sud-africain etc.) l'arbre d'horreur absolue cachant toute la forêt de leurs crimes antipopulaires, colonialistes et impérialistes d'aujourd'hui comme d'hier - crimes qui sont non seulement encore le quotidien du capitalisme tout autour de la planète, mais le fondement même de son existence (depuis son "accumulation primitive" puis sa "révolution industrielle" jusqu'à son stade monopoliste et impérialiste actuel) et de la société capitaliste occidentale toute entière (on devrait enfin pouvoir dire, par exemple, que la colonisation et la déshumanisation des "nègres" et des "sauvages" ont permis de faire du paysan et du "plébéien" européen un être humain à part entière, débouchant directement sur la "Déclaration des Droits de l'Homme"... BLANC).  

    On retrouve cette même logique y compris (on s'en serait douté...) habillée d'un gloubiboulga pseudo-"marxiste" sur un site bien connu, expliquant de manière aberrante que ("contrairement" au nazisme plus tard) le colonialisme et l'esclavage des Africain-e-s n'auraient "pas vraiment servi" l'accumulation capitaliste européenne entre le 16e et le 19e siècle (pourtant Marx en parle bien dans son Capital et le PC d'URSS dans son Manuel d’Économie politique [2], et pourtant curieusement tous les pays européens à un certain stade de développement capitaliste sont entrés dans une dynamique d'expansion coloniale, ceux qui ne le pouvaient pas - Europe de l'Est - imposant à leur paysannerie un servage ultra-violent) ; le tout couronné (pour faire bonne mesure) de la bonne vieille thèse de la "Shoah économiquement inutile" (les nazis se seraient "contentés" d'exterminer les Juifs sans en tirer aucun profit, cf. ci-dessous), version "gauchiste" de la "haine éternelle contre le Peuple juif" des sionards.

    C'est malheureux à dire, mais le fait de mettre en avant des victimes avant tout européennes (nonobstant les torrents de boue et de déshumanisation qui s'étaient abattus sur elles le demi-siècle précédent) facilite forcément l'identification de l'Occidental "lambda" avec celles-ci et son "insensibilisation" à tous les autres crimes perpétrés depuis 5 ou 8 siècles, sur les cadavres desquels repose pourtant l'ordre capitaliste mondial que nous connaissons aujourd'hui... Le nazisme qui a commis des crimes épouvantables et sans précédent dans l'Histoire, mais qui les a surtout commis en Europe, a été vaincu en 1945 et il a, dès lors, immédiatement été "recyclé" en incarnation du "Mal absolu" qui relativiserait voire ferait oublier tout le reste ; en oblitérant, bien sûr, que le vecteur premier de l'arrivée d'Hitler au pouvoir avait été l'anticommunisme de la bourgeoisie allemande et internationale, mais aussi que les crimes (de guerre et raciaux) perpétrés en Allemagne et dans les pays occupés par elle ne relevaient pas d'une "folie EF004-Rwanda-94-38871criminelle collective inexpliquée" (ou "expliquée" par "la crise de 1929", le "ressentiment devant le Traité de Versailles" patati patata) mais s'inscrivaient bien au contraire dans ce qu'il convient d'appeler le centre légitime des idéologies capitalistes-impérialistes occidentales... Un centre légitime qui le RESTE encore très largement aujourd'hui [nous y reviendrons plus loin avec Aimé Césaire et Rosa Amelia Plumelle-Uribe] !

    Il suffit simplement de penser au génocide rwandais, encore plus "fulgurant" que la Shoah (plus de 10.000 morts/jour !) et tout aussi planifié, dès 1990, sur des "arguments" très ressemblants ("complot éternel" hima-tutsi pour dominer l'Afrique centrale, en alliance avec les "rouges" pendant la Guerre froide et avec les Américains ensuite) et avec l'appui ouvert de l'impérialisme BBR... en particulier de ce PS qui joue aujourd'hui les "antifascistes" à bon compte face à un sinistre bouffon youtubien ! Le chef de la diplomatie d'alors (1988-93) était notamment un certain Roland Dumas, connu depuis pour ses amitiés avec l'extrême-droite "tiers-mondiste" sauce Vergès, Chatillon... et Dieudonné. Lorsque Chirac arriva au pouvoir, un an après l'atroce massacre, il "enterra" alors celui-ci sous un flood d'initiatives positives (reconnaissance - timide - du rôle de l'État français dans la Shoah, intervention contre les massacres grand-serbes en Bosnie etc.).  

    Faire oublier les crimes impérialistes d'un bout à l'autre de la planète... sans même parler de la responsabilité (à la limite de la complicité !) des Alliés eux-mêmes dans la tragédie, par leur refus catégorique d'accueillir les réfugiés juifs persécutés (d'Allemagne et d'ailleurs) avant la guerre (aux États-Unis, la loi anti-immigration Johnson-Reed de 1924 reposait notamment sur les théories raciales de Madison Grant... un auteur fétiche d'Adolf Hitler !) et même d'accepter des "deals" pouvant sauver des centaines de milliers de vies pendant (affaire Joel Brand) !!! [Et même après la victoire, les statuts du Tribunal de Nuremberg ne feront pas des persécutions raciales (contre les Juifs et autres groupes) un crime en soi : elles ne seront poursuivies que comme crimes "en lien" avec la préparation puis la conduite de la guerre contre les "nations civilisées" (le "vrai crime" de l'Allemagne)... Il faut dire que pour l'Amérique des lynchages et les puissances coloniales française et anglaise, juger et condamner en tant que telles l'exclusion, l'oppression et la persécution d'un groupe humain aurait été quelque peu problématique !]

    Et cela a tellement bien marché qu'aujourd'hui, non seulement les groupes se revendiquant ouvertement du IIIe Reich restent relativement marginaux et isolés, mais il est devenu très à la mode pour les fascistes et autres ultra-réactionnaires... de se présenter comme la "résistance" : à "l'Axe américano-sioniste" pour Soral et Dieudonné ; au "nazislamisme" pour Riposte laïque et consorts qui organisent leurs "apéros saucisson-pinard" islamophobes le 18 juin ; à l'UE qui serait une nouvelle "Europe à l'heure allemande" pour les "souverainistes" de tout poil ; à la "dictature de la pensée unique" pour à peu près tous... (quant aux ultra-sionistes de la LDJ et compagnie, cela ne fait évidemment aucun doute : à les écouter, ils seraient des héros insurgés du ghetto de Varsovie ![3])

    Servir le Peuple a toujours été très clair là-dessus, afin d'écraser le confusionnisme, ce cancer pour la prise de conscience révolutionnaire du peuple. La Shoah, pire crime contre l'humanité de tous les temps ? Oui, sans le moindre doute : ni l'ère industrielle, ni l'ère capitaliste en général, ni même toute l'histoire de la société de classe n'offre d'exemples comparables en ampleur (victimes/temps, pourcentage de la population visée tué etc.) et surtout en méthodicité de planification et d'exécution... Tous les systèmes oppresseurs et conquérants dans l'Histoire, Assyriens comme Romains, Francs puis "Français" ou Mongols, Européens aux Amériques etc. ont allégrement massacré et réduit en esclavage les populations soumises, mais jamais dans de telles proportions ni de manière aussi "scientifique". Pour autant, nous avons toujours affirmé qu'avec les autres crimes de l'impérialisme, du capitalisme et de quelque système dominant et conquérant que ce soit, la différence est de DEGRÉ et non de nature. Certains défenseurs de l'"unicité absolue" avancent des arguments comme, par exemple, que les nazis ont exterminé les Juifs alors que la "logique" en temps de guerre aurait voulu qu'ils exploitent leur force de travail. Mais 1º/ d'une part c'est inexact : c'est oublier ne serait-ce que l'exploitation massive avant déportation (dans les ghettos de l'Est, les camps de travail en Allemagne et ailleurs, en Transnistrie immense "réserve juive" sous occupation roumaine etc.), cette dernière n'étant souvent que le point final d'un long processus (sauf sur le front de l'Est) ; puis que les déporté-e-s jugé-e-s "productif-ve-s" (hommes adultes et certaines jeunes femmes en bonne condition physique) étaient bel et bien mis-es au travail forcé (il y avait des dizaines de camps pour cela rien qu'autour d'Auschwitz, comme par exemple celui de Monowitz/Auschwitz III qui "fournissait" l'usine de caoutchouc Buna Werke de la firme IG Farben : 12.000 prisonniers-esclaves en grande majorité juifs), dans des conditions visant (certes) à les faire mourir à brève échéance (7% seulement survécurent), et envoyés à la columbus daychambre à gaz seulement lorsque "finis" d'épuisement [c'est ainsi qu'il a pu y avoir de (rares) survivant-e-s comme Primo Levi, Elie Wiesel ou Simone Veil] ; tout ceci sans même parler de la spoliation ("aryanisation") de valeurs parfois considérables aux malheureux-ses envoyé-e-s à la mort, tant au profit d'entreprises (grandes, moyennes et petites) que de l'État, de l'appareil NSDAP (État dans l'État - à ce sujet lire ici, article "férocement trotskyste" mais non moins intéressant) ou de simples particuliers, dans une véritable entreprise de vol institutionnalisé dont regorgent encore certaines banques en Suisse et ailleurs (dans tous les cas, la quasi-totalité des anciens propriétaires étant morts, les biens spoliés ont difficilement pu être "rejudaïsés") ; 2º/ d'autre part, c'est aussi oublier que d'autres politiques criminelles n'ont pas visé non plus l'exploitation des populations victimes mais bel et bien leur suppression (d'une manière ou d'une autre) d'un territoire donné, comme par exemple le nettoyage ethnique des années 1990 en ex-Yougoslavie ou... depuis 1947 en Palestine, où l'on préfère parfois embaucher-exploiter des Éthiopiens ou des Philippins que des Palestiniens dont la seule vocation est de "partir" ! Les Turcs auraient pu eux aussi mettre les Arméniens au travail forcé, pourtant ils les ont exterminés (comme "cinquième colonne" de la Russie). Que les Premières Nations d'Amérique meurent en masse d'épidémies et ne supportent pas le travail des champs ou des mines pouvait être "compréhensible" au 16e ou 17e siècle, mais au 19e la médecine avait progressé et il aurait été possible d'en faire une force de travail semi-esclave comme dans toute colonie qui se "respecte"... mais non : la ligne du gouvernement US était bel et bien qu'ils devaient disparaître des vertes prairies promises aux pionniers. Eh bien la Shoah, c'était aussi "simple" que cela : le nazisme avait un "plan" pour l'Europe (Generalplan Ost à l'Est mais aussi des "projets" pour les différents pays alliés ou vaincus à l'Ouest et au Sud) et dans ce "plan" les Juifs devaient disparaître de la surface du continent (quelques assassinats ont même été commis en Tunisie pendant les quelques mois d'occupation) après avoir "donné" jusqu'au dernier de leurs biens (spoliés/"aryanisés"), de leurs efforts (dans les ghettos avant déportation et dans les camps s'ils étaient affectés au travail forcé) et même leurs dépouilles une fois morts, atrocement "recyclées" (cheveux, peau, dents en or... au stade ultime de la barbarie capitaliste, pas besoin d'être vivant pour être transformé en marchandise !) car, "dernière des races inférieures", ils ne pouvaient jouer aucun rôle sinon de "virus" dans la "Nouvelle Europe" au service du Reich hitlérien. En définitive, le projet impérial nazi consistait - jusqu'à la Sibérie et au Caucase - en une véritable "Conquête de l'Est" dans laquelle les Slaves auraient été les Noirs à réduire en esclavage tandis que les Juifs (ou encore les Rroms) étaient les "Indiens" à surexploiter à court terme, mais surtout à éradiquer. Pour les nazis, le Juif était un être "faible" et peu combattif mais "sournois" et "contrôlant", par son intelligence "démoniaque", les forces "libérales" et "rouges" ; si bien que derrière toute action de résistance contre eux il y avait "le Juif" : la logique nazie est donc assimilable ici à l'extermination d'une population "irrémédiablement hostile" à la "race"/"civilisation" européenne, comme les "Peaux-Rouges" en Amérique du Nord ou les Héréros (nous y reviendrons plus bas) quelques décennies plus tôt en Namibie. Hitler aurait même eu l'occasion de confesser... combien l'extermination desdits "Indiens" par les colonisateurs US avait pu être source d'admiration et d'inspiration pour sa "Solution finale" [à ce sujet lire aussi ceci] ! Pour faire "place nette", Benjamin Franklin (un autre "grand homme" des "Lumières"...) louait les vertus de l'eau-de-vie et des couvertures contaminées à la variole... Les nazis, eux, préféreront la "simplicité" et "l'efficacité" d'un insecticide chimique surpuissant (chose qui n'existait pas 150 ans ou même quelques décennies plus tôt).

    [Lire : Johann Chapoutot - "Les nazis n'ont rien inventé, ils ont puisé dans la culture dominante de l'Occident libéral" (suivi de l'excellente aussi analyse de Losurdo).]

    algerie-211212L'on entend ou lit aussi que l'antisémitisme serait "autonome", que ("anticapitalisme romantique" ou autre) il ne serait "pas un racisme comme un autre"... Certes, mais quel racisme est "un racisme comme les autres" ? Tous les racismes sont différents selon le groupe visé et, de surcroît, selon le pays où ils sévissent (on n'est pas raciste de la même manière en "France" et en Allemagne, en "Espagne" ou aux USA). Le racisme anti-arabes/musulmans est historiquement un racisme de "guerre des civilisations" (Croisades oblige !), de combat "existentiel", de "eux ou nous" qui aurait plutôt vocation à s'exprimer par des crimes de guerre et des massacres façon Srebrenica ; le racisme anti-africains est un racisme de suprématie brute, de déni d'appartenance à l'espèce humaine (le racisme anti-"indiens" sur le continent américain est aussi un peu cela) et tend plutôt à s'exprimer par la servitude, le lynchage et la répression violente des révoltes (pour "garder l'animal à sa place") ; le racisme anti-asiatiques est un racisme de méfiance envers les "seuls" qui, allez savoir, "pourraient peut-être nous être supérieurs" ; le racisme anti-rroms un racisme anti-"voleurs-de-poules" et anti-ultra-pauvres typique du petit propriétaire aux abois (qu'est tout Européen aujourd'hui), tendant lui aussi à l'extermination version "hygiène sociale", etc. etc. L'antisémitisme européen est né contre une communauté vivant parmi les Européens depuis 2000 ans, autant dire depuis les origines (d'où le "ils sont partout", sous-entendu "parmi nous et on ne s'en rend pas toujours compte") ; la première à vrai dire contre qui s'est développée une discrimination et une persécution institutionnelle systématique (dès le 13e siècle) ; historiquement associée à "l'argent" et à la "spéculation" car souvent, pour ne pas rembourser les prêts obtenus d'eux (déjà sous la menace), les rois, grands féodaux et autres grands patriciens bourgeois les accusaient d'"usure" et les faisaient chasser ou massacrer [une politique, concrètement, d'extorsion de fonds en masse par les États modernes en formation à l'encontre des communautés juives, accompagnée d'expulsions et de massacres... dans laquelle on peut voir, peut-être, un des tous premiers mécanismes de l'accumulation primitive !!] (d'où l'"anticapitalisme romantique" ou "socialisme des imbéciles", mais "socialisme" HYPOCRITE serait sans doute plus approprié, car ce ne sont pas des personnes contre le capitalisme mais contre un capitalisme qui ne leur profite pas)... Il est donc logique qu'il ait des traits uniques, propres à lui et sans équivalent contre d'autres peuples ou groupes humains ; il suit historiquement le cheminement ghetto->pogrom->expulsion->nouveau ghetto, auquel s'est ajoutée au 20e siècle l'extermination massive. Il n'y a d'ailleurs pas l'antisémitisme comme phénomène uniforme, mais des antisémitismes  très nettement différents selon les pays et les rapports du corps social général à la communauté juive : ainsi si l'on prend l'Allemagne (antisémitisme nazi), la thèse bordiguiste (voir note 3) n'est pas si erronée et "abjecte" que cela puisque les Juifs, misérables au début du 19e siècle, appartenaient effectivement pour plus de 80% aux classes moyennes (50% d'entrepreneurs dans le commerce vers 1900) et très peu à la classe ouvrière au début du 20e ; elle ne fonctionne plus en revanche si l'on sort des frontières allemandes, en Europe de l'Est (juifs très pauvres des shtetl, beaucoup de prolétaires) mais aussi aux Pays-Bas (majorité ouvrière) ; tandis qu'en "France" le débat fit rage sur la distinction entre Juifs "de souche" et Juifs immigrés après 1919 (l'immense majorité des déporté-e-s et exterminé-e-s), en Italie le fascisme lui-même (sans être forcément "philosémite") rejetait, parfois ouvertement, l'antisémitisme obsessionnel des nazis jusqu'au "tournant" à 180° de 1938, etc. etc. Quant à l'argument, parfois invoqué, que l'antisémitisme nazi serait tellement "à part" que "les convois de Juifs à exterminer étaient prioritaires sur le ravitaillement des troupes", il relève sans doute de la légende et n'a jamais été prouvé - voir ici et ici... 

    Aucun argument de ce type ne tient donc la route : la seule unicité de la Shoah est quantitative et technique (planification et moyens techniques les plus modernes de l'époque) ! Ou plutôt, pourrait-on dire, la Shoah est unique tout comme aucun génocide ne ressemble à un autre : elle n’est pas unique dans son unicité.

    indexEt puis nous pensons aussi, avec Aimé Césaire, que "ce que l'on ne pardonne pas à Hitler, ce n'est pas le crime en soi, le crime contre l'homme, ce n'est pas l'humiliation de l'homme en soi, c'est le crime contre l'homme BLANC, c'est l'humiliation de l'homme blanc, c'est d'avoir appliqué à l'Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu'ici que les Arabes d'Algérie, les coolies de l'Inde et les Nègres d'Afrique" (Discours sur le Colonialisme, 1950)[4] ; que ce que la société capitaliste occidentale n'a pas supporté ce n'est pas la barbarie en soi mais la barbarie devant sa porte ; que si le nazisme avait fait 99,99% de ses victimes en Afrique ou en Asie et non en Europe, ou même s'il n'avait tué que des Juifs pauvres de l'Est, des communistes slaves et des Rroms (bref, s'il n'avait fait la guerre qu'à l'Est) il ne serait pas l'incarnation du Mal qu'il est devenu aujourd'hui : il suffit pour s'en convaincre de se rappeler les suppliques désespérées d'Haïlé Selassié à la tribune de la Société des Nations tandis que Mussolini mettait son pays à feu et à sang (300.000 morts au bas mot, gazages de populations etc.), ou comment la guerre en Asie-Pacifique, avec ses victimes des Japonais comme de la contre-offensive anglo-américaine (bombardements exterminateurs de Tokyo, Hiroshima et Nagasaki), n'a pas intégré le "devoir de mémoire" sur la Seconde Guerre mondiale... Qui (en dehors de quelques historiens spécialisés), lorsqu'il s'agit d'étudier les "racines du Mal" nazi, pense simplement à évoquer le génocide des Héréros de Namibie (alors colonie allemande) : un génocide quasi-total (85% de la population visée) où furent forgées bien des méthodes de la future Shoah... mais frappant un peuple noir africain ???

    Oui, nous assumons totalement l'idée de CONTINUITÉ entre l'histoire de l'Europe comme "civilisation" (capitalisme, État moderne, expansion coloniale, "révolution" industrielle, impérialisme) et le nazisme, régime criminel jailli non pas d'une "hystérie collective" ou des entrailles d'une "minorité illégitime" et marginale qui aurait "subjugué" un peuple entier, mais bien du centre légitime des idéologies du monde occidental [voir ABSOLUMENT à ce sujet le célèbre ouvrage de 2001 de la franco-colombienne afro-descendante Rosa Amelia Plumelle-Uribe (bombe à neutrons littéraire qui fit évidemment "scandale" à l'époque, allant jusqu'aux accusations de "négationnisme" ou en tout cas de relativisation du nazisme et de la Shoah), ou celui à peu près contemporain du spécialiste de la Shoah Enzo Traverso]... C'est là ce que disait déjà (en substance) Simone Weil dans ses écrits sur l'anéantissement médiéval puis absolutiste moderne de notre Occitanie où, juive, elle était venue chercher refuge en 1940 (un refuge bien illusoire puisqu'en août 1942 les Juifs de zone "libre" seront eux aussi raflés sous la conduite de René Bousquet - le Manuel Valls de l'époque - et en l'absence du moindre uniforme allemand, mais en 1940 on ne le savait pas encore) !

    rwanda wideweb 470x307,0Cet aspect est incontournablement à prendre en compte[5]. Il montre les limites, au-delà des lois Pleven et Gayssot, de l'"antiracisme" et de l'"antifascisme" bourgeois. N'en déplaise à ceux et celles qui, pour des raisons qui sont les leurs (aussi nobles soient-elles), sont attaché-e-s à l'"unicité" du génocide antisémite nazi, cette question agite une grande partie des masses populaires et elle est très concrètement soulevée par des milliers de personnes (or une question soulevée est forcément une question qui existe) ; un sentiment on-ne-peut-mieux résumé par la phrase : "à l’école on nous a beaucoup parlé des crimes de l’Allemagne mais beaucoup moins de ceux de la France : la colonisation et l’esclavage"... Et en l'absence de réflexion et de position révolutionnaire ou carrément face à un veto catégorique de l'extrême-gauche "blanche"[6] sur la question, elle ne recevra que de mauvaises réponses réactionnaires : négationnisme ou relativisme, complotisme, "Shoah invention-ou-exagération des Juifs pour justifier Israël" etc. etc. C'est un devoir révolutionnaire sur lequel il faut être extrêmement ferme, et ne pas céder au terrorisme intellectuel de l'idéologie dominante qui sait parfaitement (on l'aura trop vu, et encore une fois expliqué ici) se présenter comme "antifasciste". Sans jamais perdre de vue que Dieudonné aura apporté aux révolutionnaires, au cours de ces 10 dernières années, un seul mais immense enseignement : la première victoire sur le "système" qu'il prétend dénoncer... c'est justement de ne pas finir comme lui !

    images4. Les lois Pleven et Gayssot, comme derrière elles tout l'"antifascisme" de la "démocratie" bourgeoise, sont donc ambivalentes ; à l'image d'une classe qui a passé son histoire à sécréter des valeurs d'humanisme pour presque aussitôt les piétiner. Il n'est pas possible d'avoir sur elles une position "monolithique", "arrêtée" ; les communistes doivent (encore une fois, encore et toujours) PENSER AVEC LEUR TÊTE, sans schématisme, savoir être pragmatiques (prendre ce qui peut servir chez l'adversaire "démocrate" bourgeois) mais aussi être critiques et pas dupes. La question et la tâche centrales ne sont de toute façon pas là : elles sont de construire l'autonomie prolétarienne et populaire dans tous les domaines et dans ce cadre, de construire l'antifascisme populaire-révolutionnaire, fondé non pas sur les lois et les institutions démocratiques bourgeoises, mais sur l'autodéfense des masses populaires contre les milices de leur esclavage et de leur soumission par la terreur, ce qu'est le fascisme. Ne serait-ce que, par exemple, éjecter manu militari les militants dieudonnistes de toute mobilisation sociale, populaire, démocratique ou anti-impérialiste, suffirait déjà à vider le dieudonnisme de son objet, qui est justement d'infiltrer et gangréner ces luttes. Bien sûr, il faut encore (en ces temps où la confusion est partout) savoir de quoi l'on parle lorsque l'on parle d'autodéfense populaire, car les fascistes ont pris l'habitude de se poser en "victimes" et de dire "ne faire que se défendre"...


    Annexes :

    1°/ Intéressant pour ‘mémoire’, le dialogue entre l’‘‘islamo-gauchiste’’ Pierre Tevanian et un Dieudonné ayant tout juste (mais déjà ‘bien’) amorcé sa dérive, en 2005 (sur le site, hélas, de Fourest & co, mais c’était ça ou ‘‘Les Ogres’’ dieudonnistes, donc il fallait choisir…) :

    http://www.prochoix.org/cgi/blog/index.php/2005/09/21/349-quand-dieudonne-croise-un-indigene-de-la-republique

    Intéressant car dévoilant très précisément la mécanique de pensée ayant conduit l’humoriste ‘antiraciste’ du début des années 2000 là où il est aujourd’hui. On y voit notamment s’étaler son idéalisme républicain forcené, finalement digne des Finkielkraut et consorts qu’il pourfend ; et lorsque Tevanian réplique que la République c’est AUSSI l’impérialisme et la colonisation, le racisme ‘structurel’ etc., il rétorque que ‘‘vous ne me comprenez pas, la République pour moi ce n’est pas ce qu’il y a actuellement, c’est l’utopie, l’idéal’’. Eh oui ! Tel était le Dieudonné du début des années 2000 : une sorte de Mélenchon mêlé de José Bové… pris pour Malcolm X par des milliers de personnes. Et lorsque Tevanian lui explique que le cœur du pouvoir c’est justement cette République qu’il idéalise, une République ‘blanche’ c'est-à-dire bourgeoise et impérialiste, que le mouvement sioniste n’en est qu’un bras armé parmi d’autres, que ce n’est pas parce qu’il frappe fort (dans un contexte de 2e Intifada où, face aux crimes ultra-médiatisés de Tsahal, il était particulièrement aux abois) qu’il est le pouvoir, Dieudonné s’entête : non non, pour lui le centre du pouvoir c’est le ‘sionisme’ matérialisé dans le CRIF et les ‘juifs médiatiques’… Partant de là, il est clair que la dérive ne peut plus avoir de fin. Un dérive qui d’ailleurs, contrairement aux idées reçues, n’a pas commencé après le fameux ‘‘sketch Isra-Heil chez Fogiel’’ (décembre 2003, où Dieudonné parlait déjà d’axe ‘américano-sioniste’, preuve qu’il était déjà sous l’influence de Soral), puisqu’en 2002 par exemple, ‘candidat-et-pas-pour-rire’ à la présidentielle, il déclarait déjà dans un magazine lyonnais : "Le racisme a été inventé par Abraham. Le “peuple élu”, c’est le début du racisme. Les musulmans aujourd’hui renvoient la réponse du berger à la bergère. Juifs et musulmans, pour moi, ça n’existe pas. Donc antisémite n’existe pas parce que juif n’existe pas. Ce sont deux notions aussi stupides l’une que l’autre. Personne n’est juif ou alors tout le monde. Je ne comprends rien à cette histoire. Pour moi, les Juifs, c’est une secte, une escroquerie. C’est une des plus graves parce que c’est la première. Certains musulmans prennent la même voie en ranimant des concepts comme la “guerre sainte”, etc." (citation souvent tronquée pour en grossir le caractère antisémite, mais montrant déjà qu’il était sur une très mauvaise pente). En réalité, la dérive part du Code Noir, projet (plus que noble en soi !) de film sur la traite esclavagiste en 2002. Le projet fut refusé par le Centre national cinématographique (en fait un refus d’aide à l’écriture du scénario, ce qui arrive dans 90% des cas à la première demande), ce dont il a déduit une volonté juive/sioniste de ‘‘monopole de la souffrance’’ et ‘‘une guerre déclarée culturellement au monde noir’’, dans l’état d’esprit de l’époque autour de l’ouvrage de Finkelstein etc. Alors que si blocage il y a réellement eu, c’est parce que la mémoire de l’esclavage porte atteinte à LA FRANCE, nullement à Israël, au sionisme et aux Juifs ! D’ailleurs le Code Noir en question (promulgué par Colbert en 1685), loin de consacrer une quelconque ‘mainmise des Juifs’ sur la traite négrière… a pour article premier d’expulser les Juifs des colonies antillaises (ces Juifs étaient souvent néerlandais, il n’y avait alors pas de communauté juive importante dans beaucoup d'autres pays, or le royaume de Louis XIV était en guerre ouverte avec les Pays-Bas à l’époque).

    2°/ Voici un petit texte sympathique publié par le groupe révolutionnaires Les Enragés. Des inexactitudes... il y en a sans doute, car il se veut simple et pédagogique et c'est justement ce qui fait son intérêt (ce pour quoi nous le publions, nous qui avons un peu perdu, hélas, le savoir-être-simple...). Il remet, de manière très compréhensible par la grande majorité du Peuple, les pendules à l'heure au sujet de tous les discours (omniprésents) sur la "finance" ("mondialisée" ou pas), le "capitalisme financier" qui serait le problème et non le capitalisme (principalement monopoliste) en soi... et donc indirectement sur l'antisémitisme de Dieudonné et consorts, dont c'est là un moteur absolument primordial (le problème n'est pas le capitalisme mais le capitalisme "financier", et la "finance" c'est "qui vous savez"...) :

    Le capitalisme, ce n'est pas seulement la finance. Le capitalisme, ce n'est pas seulement la bourse, il existe une quantité importante d'espaces où les capitaux s'échangent en dehors de la Bourse.
    Le capitalisme, c'est l'accumulation des fruits du travail salarié par une minorité parasite.
    Le capitalisme, ce n'est rien d'autre que la concurrence que se livrent les bourgeoisies internationales et la concurrence que se livre une bourgeoisie donnée sur une territorialité, sur sa chasse gardée nationale.
    Un patron de PME de 250 employés à 9.000 € par mois est un parasite, un capitaliste, et pourtant il n'est ni côté en bourse, ni dans la finance.
    Le capitalisme n'est piloté par personne, c'est une structure.
    Il profite directement aux bourgeoisies qui possèdent déjà des lois, des normes fiscales et comptables faites sur mesure pour elles et qui agissent sur toutes les sphères qu'elles maîtrisent pour imposer une conduite économique favorable à leurs intérêts et au travers de la concurrence qu'elles se livrent.
    Mais il n'y a pas de pilote dans l'avion.
    Et on n’en veut pas de pilote, on veut que nous soyons tous les pilotes pour faire atterrir l'avion, pour sortir du capitalisme.
    Le capitalisme ne peut s'arrêter localement. Il ne peut être stoppé qu'en expropriant une à une chaque bourgeoisie donnée sur la chasse gardée de sa propre territorialité, par un mouvement d'union révolutionnaire du salariat, employé ou pas à un instant T, au travers de tous pays.
    Ami, l'ennemi n'est pas le travailleur allemand, grec ou américain. Il est derrière toi. Il parle ta propre langue!

    https://www.facebook.com/LesEnrages

    3°/ À la toute fin de cette très intéressante page théorique antifasciste (datant des tous débuts du blog, complétée par la suite), une petite analyse griffonnée par nos soins en 2011 : "Shoah, et s'il y avait PLUSIEURS explications ?".


    [1] "Bien sûr, il y aura contestations, émeutes et même menaces terroristes. Le pouvoir y mettra fin grâce à sa détermination sans faille, et, s’il faut sacrifier quelques extrémistes pour redonner à 65 millions d’habitants paix et protection, il faudra faire savoir que l’armée, dépêchée à chaque menace, n’hésitera pas à tirer dans le tas. C’est terrible, mais il n’y aura pas d’autre solution pour calmer le jeu et imposer notre loi" - Christine Tasin, "Que faire des musulmans un fois le Coran interdit ?"

    [2] "Le régime colonial donna un grand essor à la navigation et au commerce. Il enfanta les sociétés mercantiles, dotées par les gouvernements de monopoles et de privilèges et servant de puissants leviers à la concentration des capitaux. Il assurait des débouchés aux manufactures naissantes, dont la facilité d'accumulation redoubla, grâce au monopole du marché colonial. Les trésors directement extorqués hors de l'Europe par le travail forcé des indigènes réduits en esclavage, par la concussion, le pillage et le meurtre refluaient à la mère patrie pour y fonctionner comme capital. (...) De nos jours, la suprématie industrielle implique la suprématie commerciale, mais à l'époque manufacturière proprement dite, c'est la suprématie commerciale qui donne la suprématie industrielle. De là le rôle prépondérant que joua alors le régime colonial. Il fut « le dieu étranger » qui se place sur l'autel, à coté des vieilles idoles de l'Europe ; un beau jour il pousse du coude ses camarades, et patatras ! voilà toutes les idoles à bas ! (...) En somme il fallait pour piédestal, à l'esclavage dissimulé des salariés en Europe, l'esclavage sans phrase dans le Nouveau Monde." - K. Marx, Le Capital Livre I, 8e section, chap. 31 "Genèse du capitaliste industriel" (1867). L'on peut citer également ce passage dans Misère de la Philosophie (1847) :  "L'esclavage direct est le pivot de l'industrie bourgeoise aussi bien que les machines, le crédit, etc. Sans esclavage, vous n'avez pas de coton ; sans le coton, vous n'avez pas d'industrie moderne. C'est l'esclavage qui a donné leur valeur aux colonies, ce sont les colonies qui ont créé le commerce de l'univers, c'est le commerce de l'univers qui est la condition de la grande industrie. Ainsi l'esclavage est une catégorie économique de la plus haute importance."

    "La conquête de l’Amérique, qui s’accompagna du pillage massif et de l’extermination de la population indigène, procura aux conquérants des richesses incalculables qu’accrut plus rapidement encore l’exploitation des mines de métaux précieux d’une richesse extraordinaire. Pour faire valoir ces mines, il fallait de la main-d’œuvre. Les Indiens périssaient en masse par suite des conditions inhumaines dans lesquelles ils travaillaient. Les marchands européens organisèrent en Afrique la chasse aux nègres comme s’il s’était agi de bêtes sauvages. Le commerce des nègres d’Afrique réduits en esclavage était des plus lucratifs. Les négriers réalisaient des profits fabuleux. Le travail servile des nègres reçut une grande extension dans les plantations de coton américaines.
    Le commerce colonial fut, lui aussi, à l’origine de grosses fortunes. Les marchands de Hollande, d’Angleterre et de France fondèrent les compagnies des Indes orientales pour faire le commerce avec l’Inde. Ces compagnies bénéficiaient de l’appui de leurs gouvernements. Elles monopolisaient le commerce des produits coloniaux et avaient reçu le droit d’exploiter sans aucune restriction les colonies en usant des pires méthodes de violence. Leurs bénéfices annuels dépassaient de plusieurs fois le capital engagé. En Russie, le commerce avec la Sibérie qui mettait en coupe réglée les populations et la ferme de l’eau-de-vie, par laquelle l’État accordait à des traitants le droit exclusif de produire et de vendre des spiritueux contre le payement d’une certaine somme, procuraient de gros profits aux marchands.
    Le capital commercial et le capital usuraire concentrèrent de la sorte de prodigieuses richesses monétaires. C’est ainsi que par le pillage et la ruine de la masse des petits producteurs s’accumulèrent les ressources monétaires indispensables à la création de grandes entreprises capitalistes. Analysant ce processus, Marx a écrit que le Capital arrive au monde 'suant le sang et la boue par tous les pores'."  Manuel d'Économie politique de l'URSS (1954) chap. 3.7

    [3] C’est ainsi que, lorsque l'on en voit expliquer qu'il n'y a jamais eu historiquement que "deux forces affirmant l'autodéfense juive, les communistes et les sionistes dits 'révisionnistes' de Jabotinsky", il y a de quoi proprement halluciner… Si par "autodéfense juive" l'on entend, pour prendre l'exemple le plus héroïque et emblématique, l'insurrection du ghetto de Varsovie, celle-ci comptait essentiellement deux forces : la principale était l'Organisation juive de combat (OJC, en polonais Żydowska Organizacja Bojowa ou ŻOB) composée de marxistes-léninistes (Parti ouvrier polonais), de marxistes et de socialistes divers, de bundistes (comme Marek Edelman, dernier survivant mort en 2009) et de sionistes de gauche (Hachomer Hatzaïr comme le commandant 1287331298 194408 Resistantsjuifsen chef Mordechaj Anielewicz, Poale Tzion et Dror) ; l’autre était l'Union militaire juive (Żydowski Związek Wojskowy - ŻZW), effectivement de tendance jabotinskyste, mais beaucoup plus secondaire. Les sympathies de la première allaient (on s'en doute) plutôt à l'URSS, celles de la seconde plutôt aux Alliés occidentaux et au gouvernement polonais en exil à Londres. L'autodéfense juive, pour survivre ou au moins mourir dignement les armes à la main (contrairement à l'image de "bêtes" terrées ou conduites passivement à l'abattoir, justement véhiculée par l'imagerie impérialiste de la Shoah... et par le sionisme, qui méprise foncièrement ces "fautifs" restés en Europe alors qu'ils auraient "sauvé leur vie" en Palestine) était donc principalement communiste, socialiste et sioniste de gauche. Le Partizanenlied (chant des partisans juifs antifascistes du Yiddishland), que SLP a mis en avant voici bientôt 4 ans et que reprend aujourd'hui éhontément le 'p''c''mlm' tout en glorifiant le sionisme "révisionniste" de droite qui en est l'antithèse absolue, évoque d'ailleurs le Nagan - un revolver russe indiquant bien d'où venaient leurs livraisons d'armes (d'URSS), mais aussi le lien fun grinem palmenland biz land fun vaysen shney, "du vert pays des palmiers au pays des neiges blanches", ce qui est une claire référence sioniste "de gauche" : la résistance contre la machine de mort nazie unissait tactiquement ces deux composantes (on peut le critiquer a posteriori si l'on veut, tout comme le soutien soviétique à la résolution 181 des Nations Unies créant l’État sioniste, mais il en a été ainsi ; tout comme demain il faudra peut-être "faire front" avec des "communautaristes" de gauche et/ou des "bundistes 'indigènes'/musulmans").

    Affirmer (en les mettant sur le même plan que les communistes !) que les sionistes "révisionnistes" sont les seuls à avoir prôné l'autodéfense juive est donc une contre-vérité historique absolue, mais aussi une affirmation lourde de conséquences aujourd'hui. Car qui sont actuellement les sionistes "révisionnistes" de Jabotinsky ? Tout simplement le Likoud, actuellement au pouvoir en Israël avec Netanyahu, à travers la sinistre Irgoun qui s'illustra par les pires exactions dans le nettoyage ethnique de la Palestine entre 1946 et 1950 ; et son bras de jeunesse le Betar... Et qui sont les partisans de Likoud en Hexagone ? Tout simplement les personnalités soi-disant "représentatives" de la communauté juive qui assument ouvertement leurs sympathies, quand ce ne sont pas des liens directs et concrets, avec la pire extrême-droite : les Cukierman ("Le Pen au second tour [en 2002] c'est un message pour dire aux musulmans de se tenir tranquilles") et Prasquier, Goldnadel (avocat de l'ultra-fasciste alsacienne Anne Kling) et Sammy Ghozlan sans oublier l'inénarrable Jacques Kupfer (ex-président du Likoud de France, co-président du Likoud mondial), connu pour ses régulières prises de position ahurissantes pour ne pas dire (ce serait "antisémite" attention...) hitlériennes (lire encore ici) ; ou encore la LDJ (qui elle descendrait plutôt du Lehi ou "groupe Stern", encore plus radical que Jabotinsky et assumant l'alliance avec l'Allemagne nazie, ou encore des Birionim) qui fricote ouvertement avec les Identitaires mais aussi avec l'ex-GUDard (plutôt "antisioniste" en principe...) Philippe Péninque ! Si pour les auteurs d'une telle affirmation l'autre côté de la barricade n'avait pas été atteint auparavant, on voit mal comment il ne pourrait pas l'être à présent... 

    [4] L'on pourrait encore citer Frantz Fanon : "Il y a peu de temps, le nazisme a transformé la totalité de l’Europe en véritable colonie" http://quartierslibres.wordpress.com/2013/10/17/leurope-est-litteralement-la-creation-du-tiers-monde/

    [5] Et tant pis si d'aucuns voient en cela un "retour d'Auschwitz et le Grand Alibi", ce court article bordiguiste (marxiste "anti-stalinien", "gauche communiste italienne") auquel son titre maladroit (et/ou inutilement provocateur) et les utilisations négationnistes ultérieures ont "fait une réputation" largement sans rapport avec son importance ni (surtout) avec la réalité de son contenu, et qui est souvent devenu le dernier argument de ceux-là mêmes que le texte vise (les tenants de l'unicité pour minimiser tout le reste) lorsqu'ils sont bien incapables de trouver le moindre propos antisémite, négationniste ou de type "Shoah = propagande sioniste" dans un texte : en effet, si les (brèves) réflexions développées par l'article sur l'antisémitisme européen et la Shoah, marquées du sceau de l'économisme mécanique grossier et de l'anti-antifascisme politiquement identitaire de cette pensée proche du trotskysme (raison de sa rupture avec Gramsci et de son exclusion du PCI), sont profondément erronées (Juifs réduits à "une part importante de la petite bourgeoisie", rôle "central" de la petite-bourgeoisie dans le fascisme - caractéristique de ce courant, etc. etc.), le postulat de départ sur l'utilisation ultérieure du génocide (jamais nié ni minimisé à un seul moment dans le texte) par les impérialistes pour s'"absoudre" et relativiser tous leurs autres crimes n'est pas si idiot que cela ; d'autant moins qu'il avait déjà été évoqué (ou quelque chose de voisin) 10 ans plus tôt par Césaire (un crypto-nazi lui aussi ?)... Et que devrait-on dire, à ce jeu-là, du "négationnisme" de Mao, Staline, Hô Chi Minh et de la plupart des communistes de la Guerre froide, qui "osaient"  très fréquemment comparer l'impérialisme US et occidental à l'Allemagne nazie pour ses crimes en Corée, au Vietnam, en Algérie et ailleurs (ce militant Black Power afro-américain, par exemple, parlant devant les Gardes rouges de Pékin de "jungle hitlérienne" pour l'Amérique de Johnson) ? Ou encore de ces archives soviétiques "osant" évoquer, au delà de la liquidation systématique des Juifs en URSS occupée, celle des Rroms (on sait que Staline a quelque peu "dérivé" antisémite sur la fin de sa vie, entre "agents sionistes" et "cosmopolites sans racines", mais enfin bon...) ? Oser "comparer" ou "rapprocher", parler dans un même paragraphe de la Shoah et d'une ou d'autre(s) tragédie(s) ; oser dénoncer tout crime qui ne serait pas antijuif et y voir, sans que les faits soient comparables, la même matrice idéologique que la Shoah ; serait du "négationnisme" et une "agression" insupportable pour les personnes juives ? Ce n'est pourtant pas ce que l'Histoire comme le présent montrent pour beaucoup d’entre elles, que la tragédie des années 1930-40 a au contraire ultra-sensibilisées à celles d'autres peuples : Palestiniens victimes du sionisme, dont les survivants ou descendants de survivants de la Shoah sont nombreux à prendre la défense ; Afro-américains dont les Juifs liberals et progressistes US (l'immense majorité) furent souvent les premiers compagnons de route dans la lutte pour les droits civiques, tout comme avec les Noirs d'Afrique du Sud contre l'apartheid ; Premières Nations des Amériques (cas personnellement rencontré, peut-être nous lira-t-il et se reconnaîtra-t-il ?), etc. etc. Et faut-il n’avoir que ‘‘négationnisme !!!’’ à la bouche lorsque certain-e-s, y compris des enfants de survivants de l’horreur, disent non pas que la Shoah est une invention, non pas que la mémoire n'est pas nécessaire, mais que certaines utilisations de cette mémoire sont, pour tout dire, une insulte aux victimes ?

    [6] Dans une veine assez voisine, on se rappellera la désastreuse et contre-productive opération antifa de Lille contre le ‘vieux ML’ révisio-‘campiste’ limite ‘rouge-brun’ Michel Collon ; opération qui a suscité de la part du Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP) une réaction cinglante dont bien des passages sont des coups de poignard pour les révolutionnaires antifascistes que nous sommes : http://www.legrandsoir.info/les-antifascistes-du-fuiqp-59-62-a-propos-de-la-curieuse-coordination-antifasciste-lille.html (désolés pour la source, 'rouge-brune' elle aussi, mais le FUIQP n'a pas de site propre).

    Michel Collon n'est pas un "conspi tendance dure", quelqu'un qui verrait un "cénacle mondial secret" (illuminati, juif ou autre) derrière toutes les "mauvaises choses" de la planète (on a ici un aperçu de sa position de fond sur le sujet). En réalité, issu du PTB (pro-Deng Xiaoping et très anti-soviétique à sa création en 1979...), il a suivi l'évolution "vieille-stal"/brejnévienne et "campiste" de cette organisation belge depuis la fin de la Guerre froide (la Chine elle-même, soumise à des "déstabilisations" - "Printemps de Pékin" etc., tournant alors le dos à son alignement pro-occidental des 15 années précédentes). "Orphelin" de l'URSS et des "démocraties populaires" disparues en 1989-91, il se fabrique à partir d'un agglomérat de pays (Russie, Chine, Iran et alliés, pays de l'ALBA avec bien sûr Cuba) un "nouveau camp de l'Est" (du Bien) de substitution qu'il oppose au "camp du Mal" occidental (relativement inchangé, quant à lui, depuis les années 1980 de Reagan & co). Autrement dit, il a une vision extrêmement binaire et simpliste d'un monde en réalité beaucoup plus complexe, ce qui l'oblige à invoquer les "(média-)mensonges", la "manipulation" et l’œuvre des services secrets occidentaux derrière tout ce qui ne rentre pas dans ses schémas d'analyse ou tout ce qui a deux aspects (comme typiquement les soulèvements populaires en Libye ou en Syrie, devenus guerres "atlantistes" contre ces pays) mais dont il ne veut voir qu'un seul. C'est donc une vision du monde révisionniste ("stalinienne" diront les anarchistes et les trotskystes) qu'il est utile et nécessaire de contredire et combattre... Mais encore faut il avoir (dans sa petite tête) le matériel idéologique pour cela, ce qui aurait (carrément, même) rendu l'opération "coup de poing" très intéressante. Ce n'était malheureusement pas le cas ; et se contenter de hurler au "Collon conspi", "Collon fasciste" etc. et d'étaler ses "accointances" avec tel ou tel spécimen plus gratiné que lui dans le conspirationnisme, sans lui apporter la moindre contradiction sur le fond, n'a eu qu'un effet contre-productif auprès des personnes de classe populaire (et souvent "non-blanches" !) présentes. La "Coordination antifasciste de Lille" s'est tout simplement montrée incapable de la moindre confrontation d'idées (qui aurait fait avancer la compréhension communiste du monde) avec le journaliste belge. Pourquoi la controverse, la polémique, n'ont-elles pas été assumées de la sorte ? "Parce qu'on ne discute pas avec les fascistes", nous disent-ils/elles. Ah d'accord... Mais alors, dans ce cas-là, depuis quand va-t-on dans un meeting fasciste pour y lire une déclaration puis (compter) s'en aller tranquillement ?? Les meetings fascistes s'attaquent casqués et armés de barres de fer !!! Bref, tout cela ne tient tout simplement pas debout ; et l'"antifascisme" dans ce style ne sert clairement pas la cause révolutionnaire.


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  • Le site "lesmaterialistes" du 'p''c''mlm' évoquait déjà dans son éditorial du 7 janvier la nécessité pour les communistes et "tou-te-s les progressistes" de se ranger derrière le Ministère de l'Intérieur et le PS dans leur croisade contre l'antisémite Dieudonné. Il l'assume désormais clairement et l’argumente dans un article entier, faisant le parallèle avec... l'affaire Dreyfus. Ridicule ? Non, ce serait injuste de dire cela, et il n'est pas nécessaire d'être injuste dans le débat politique. "Bien tenté" serait plutôt le terme qui convient ; il faut dire que le virage à 180° du "Parti de la Science", de l'Olympe de la "pureté prolétarienne" à la remorque complète de la place Beauvau, nécessite de faire appel à des références historiques fortes – il a encore renchéri depuis avec le Front populaire.

    Degradation alfred dreyfusForte et convaincante, la référence à l'affaire qui marqua, en Hexagone, le passage du 19e au 20e siècle l'est indéniablement. Hélas, si l'on creuse les choses un peu plus avant, en marxistes, la comparaison-argumentation apparaît un peu plus compliquée.

    L'affaire Dreyfus a eu en effet DEUX ASPECTS ; or comme il fallait s'y attendre le 'p''c''mlm' n'en voit qu'un seul :

    1°/ D'un côté, au regard du rôle POLITIQUE de mobilisation réactionnaire de masse qu'allait jouer l'antisémitisme au demi-siècle suivant, la nécessité progressiste de "soutenir" le capitaine Dreyfus apparaît effectivement évidente. Toute l'idéologie exterminatrice qui allait sévir au Vel d'Hiv et à Drancy, et remplir les wagons vers Auschwitz 40 ans plus tard était déjà contenue dans la phrase de Barrès en 1902 : "Que Dreyfus soit capable de trahir, je le conclus de sa race" ; autrement dit le Juif est par nature "cosmopolite", "trans-" et "anti-national", loyal à sa seule communauté ou encore... à l'argent ("comme Judas"), "parti de l'étranger" (500.000 Juifs vivaient en Allemagne "donc" les Juifs étaient "forcément" pro-allemands ; les nazis feront ensuite la même déduction de "l'importance" des Juifs dans les directions politiques soviétique et française). Servir le Peuple l'a déjà affirmé sans ambigüité, et a dénoncé l'attitude dogmatique "sur l'Aventin" des marxistes de l'époque dans un article consacré à la grande mobilisation réactionnaire de notre époque qu'est l'islamophobie : Après le vote suisse, la vague fasciste islamophobe déferle sur l'Europe. Ceci dit, il apparaît également que la victoire dreyfusarde n'a finalement pas empêché grand chose, l'antisémitisme continuant à se répandre jusqu'à devenir omniprésent dans les années 1930 (alors que l’État français avait reçu un afflux très important d'immigration juive, la communauté passant de 80.000 personnes lors de l'affaire Dreyfus à plus de 300.000 en 1940), puis exterminateur ; réalité annonciatrice avant l'heure de l'impuissance de l'antiracisme/antifascisme bourgeois.

    2°/ MAIS de l'autre, la victoire des dreyfusards (grâce et libération du capitaine en 1899, réhabilitation totale en 1906) a aussi été celle de l'idéologie républicaine monopoliste, inaugurant quatre décennies de règne sans partage du Parti radical jusqu'en 1940... lorsque 90% des députés radicaux voteront les pleins pouvoirs à Pétain et à sa "révolution nationale" ; montrant bien là que quel que soit le problème (fascisme, antisémitisme ou autre), le cœur du problème est au cœur de l’État. Il faut bien comprendre que si le camp anti-dreyfusard comptait l'Action française, Maurras, Barrès et compagnie, auteurs d'une "synthèse des droites radicales" extrêmement moderne et matrice intellectuelle d'une grande partie de la "droite radicale" aujourd'hui encore, il comptait surtout une droite catholique, conservatrice, souvent anti-républicaine ou républicaine par pure résignation ("le régime qui nous divise le moins" disait Adolphe Thiers), représentant la vieille bourgeoisie traditionnelle du 19e siècle. Le camp du "progrès", de la "modernité", du 20e siècle, autrement dit des MONOPOLES était au Parti radical, autour de L'Aurore, de Zola et Clemenceau : du côté dreyfusard. Et sa victoire dans cette affaire (l'une des premières grandes "affaires médiatiques" de l'Histoire hexagonale), si elle n'a évidemment pas été déterminante (la tendance aux monopoles et l'affirmation politique allant avec étaient de toute manière inéluctables), a fait office pour elle de sacre symbolique : elle lui a permis, comme la campagne anti-catholique de 1905, d'affermir son pouvoir (pour objectivement acquis qu'il fut) et de le forger idéologiquement.

    Là encore, c'est toute la question de l'antifascisme populaire-révolutionnaire et de l'antifascisme bourgeois qui montrait ses prémisses. Si l'antifascisme populaire-révolutionnaire gagne l'hégémonie dans le combat antifasciste, il gagne des points pour la révolution. Si en revanche l'hégémonie est laissée à l'antifascisme bourgeois, soit (très souvent) celui-ci est impuissant et le fascisme l'emporte, soit le "blocage" temporaire du fascisme aboutit de toute façon à une "modernisation" et (donc) à un renforcement du capitalisme : c'est ce qui s'est produit avec l'affaire Dreyfus, même si à l'époque on ne parlait pas encore de fascisme et d'antifascisme ; et plus tard à la Libération (l'antifascisme communiste/progressiste avait versé son sang, mais la direction thorézienne laissa la victoire à De Gaulle et aux républicains bourgeois) ou encore avec l'antiracisme des années Mitterrand (SOS-Racisme et compagnie) face à l'émergence du FN. Cette "victoire" n'étant de toute façon qu'éphémère au regard de l'Histoire, avant qu'un nouveau boulevard ne s'ouvre devant le fascisme voire même que des "antifascistes" bourgeois d'hier deviennent eux-mêmes les fourriers du nouveau fascisme : combien de républicains bourgeois, forgés politiquement Affaire Dreyfus defenseurs 01 maxdans le dreyfusisme au début du 20e siècle, participeront à la fascisation des années 1930 et aux débuts (au moins) de la "Révolution nationale" en 1940, entre "décidément trop de Juifs et de métèques dans notre bonne vieille France" et peur panique du "bolchévisme" ? Dans la nouvelle extrême-droite qui formera le Front National en 1972, il y aura autant sinon plus d'anciens résistants et "Français libres", parfois de la première heure, que d'anciens pétainistes et même "vichysto-résistants" ; et combien de "potes" antiracistes des années 1980 servent aujourd'hui la soupe aux pires délires sécuritaires, anti-musulmans, "guerre des civilisations" etc. etc. ?

    C'est donc, en un mot, une question d'hégémonie au sein même de la lutte contre le fascisme qui est posée. Or, face à la haine réactionnaire antisémite qui s'était abattue sur l'innocent capitaine Dreyfus, le fait est que le mouvement ouvrier socialiste d'alors s'est soit mis à la remorque du dreyfusisme bourgeois de L'Aurore (Jaurès), soit retranché sur l'Aventin des "principes" et de la "pureté" prolétarienne (Guesde et Lafargue). Exactement comme aujourd'hui le 'p''c''mlm', qui nous avait plutôt habitué à la deuxième attitude (l'Aventin de la pureté MLM) sur tout un tas de sujets, adopte désormais la première, celle des jaurésiens, en se mettant à la remorque de l'anti-dieudonnisme républicain bourgeois de Valls, Tribalat et compagnie. Il cite comme les "deux grandes catastrophes", pour la cause révolutionnaire en "France", "l'apolitisme de la Charte d'Amiens" et "le fait que les réformistes socialistes du camp de Jean Jaurès ont été dreyfusards, mais pas les socialistes partisans de la révolution du camp de Jules Guesde"... Il aurait pu citer d'autres exemples (à notre sens) encore plus "catastrophiques", comme le fait qu'en 1914 Jaurès ait rejeté l'hystérie chauvino-militariste et se soit fait tuer pour cela, tandis que Guesde s'est rallié à "l'Union sacrée", devenant même ministre (!!!) jusqu'en 1916 : en réalité, le problème GÉNÉRAL du mouvement ouvrier révolutionnaire en "France" est d'avoir TOUJOURS été partagé entre un progressisme-humanisme sincère mais incapable de s'arracher au "possibilisme" réformiste, ou fantasmant carrément sur "la République" comme "première pierre" d'une société socialiste, et des "révolutionnaires marxistes" enfermés dans le dogmatisme des "principes" (accompagné ou non de luttes économiques radicales et/ou d'agitation démocratique et/ou internationaliste etc.), et capables au nom desdits "principes" de verser dans la réaction la plus totale ; car c'est au nom des "principes" que Guesde et ses "marxistes" refuseront la dénonciation de l'antisémitisme lors de l'affaire Dreyfus (en gros : "cela n'intéresse pas la classe ouvrière", rengaine encore omniprésente dans le mouvement "marxiste" aujourd'hui)... mais aussi qu'ils se rallieront à la Grande Boucherie de 1914 (la guerre étant "la mère des révolutions" dans l'esprit de Guesde, bercé de souvenirs de 1792 et 1871 ; ou encore l'idée que l'Allemagne et l'Autriche étaient les "forteresses de la Réaction" en Europe, etc.) ! Deux voies de garage ayant, au-delà des apparences, un point commun : le refus de construire le CAMP DU PEUPLE, camp idéologiquement autonome, PENSANT AVEC SA TÊTE et non soumis à la bourgeoisie (notamment à la "gauche" bourgeoise), que ce soit en se plaçant à sa remorque ou en "réaction" et en rejet systématique de celle-ci. Guesde et Jaurès ont en fait chacun vu les dangers, les terribles chausse-trappes de la position adverse (liquider l'autonomie du mouvement ouvrier dans une alliance avec la "gauche" bourgeoise vs se couper d'une actualité devenue phénomène de société et laisser, justement, la défense démocratique du capitaine à la "gauche" bourgeoise) ; mais ni l'un ni l'autre n'est parvenu pour autant à dégager la position juste des scories des conceptions erronées…
    Telle est encore largement la réalité (que nous voulons changer) aujourd'hui, et le 'p''c''mlm' s'inscrit totalement dans cette réalité. Il illustre même parfaitement une mécanique bien (et tristement) connue : celle de jouer les "purs", les "intouchables" par quoi que ce soit de "bourgeois" ou "petit-bourgeois" pendant des années... et puis, lorsqu'un "point de rupture" est atteint (c'est la cas avec Dieudonné pour eux), S'APLATIR devant la bourgeoisie et son État comme les pires carpettes. Cela fait vraiment peine à voir...

    trahison juif dreyfusAu contraire, lorsque l'on a développé comme nous (depuis des années) une véritable pensée autonome du camp du peuple, l'on peut sans problème DONNER SA POSITION sur l'actualité en cours, sans se réfugier dans le silence ou derrière un "cela n'intéresse pas le prolétariat", ni prendre le parti de Dieudonné ou du Ministère de l'Intérieur. Nous sommes capables devant les masses, sans perdre notre sang-froid, de remettre tranquillement chacun et chaque chose à sa place, de renvoyer chacun ("camp républicain" comme Dieudonné et dieudonnistes) à ses responsabilités et ses hypocrisies, etc. Au moment de l'affaire Dreyfus, le mouvement marxiste en Hexagone était nouveau-né, mais aujourd'hui il est supposé être plus qu'adulte ! Être capable de ne tomber ni dans l'un (opportunisme, suivisme) ni dans l'autre (dogmatisme, attitude "hors-la-réalité-sociale") de ces travers devrait être la marque de cette maturité ; ce n'est hélas pas toujours aussi évident...

    Pour le reste, comparaison n'est ici pas toujours raison, loin de là. Avec Dreyfus, c'était le Juif, le "racisé" qui était persécuté, frappé par une erreur judiciaire couverte par l’État "profond" ; et il était logique pour toute personne progressiste de ne pas laisser passer cela – ce qui ne fut pourtant pas, on l'a vu, évident. Au-delà même de l'antisémitisme se posaient d'autres questions démocratiques essentielles : l'erreur judiciaire et la possibilité de sa reconnaissance par la "justice" de la classe dominante, la "raison d’État" bourgeoise en particulier pour ce qui touche à la force armée (pilier de la domination), le contexte ultra-patriotard et militariste de l'affaire, etc. D'ailleurs, contrairement aux fantasmes du 'p''c''mlm', le fait même que Dreyfus soit juif n'était pas, pour beaucoup de personnes à l'époque, si important que cela : la question centrale était celle de la "Justice" (militaire en l'occurrence) et de son "infaillibilité", position idéologique capitale pour tout État au service d'une classe dominante, contre laquelle les révolutionnaires de l'époque auraient (normalement) dû voir un grand coup à porter (briser le mythe, montrer que la "justice" est au service d'une classe et de son État, qu'elle se moque des "petits", des pauvres et des "racisés", etc.), ce qui aurait distingué leur dreyfusisme de celui de Clemenceau et consorts.

    Car le débat (du coup) était essentiellement entre ceux qui voulaient préserver à tout prix l'infaillibilité judiciaire (surtout militaire, dans un contexte de "paix armée" avec l'Allemagne) même aux dépens de la vérité et au profit d’un antisémitisme qu’ils ne partageaient pas forcément, et (surtout !) ceux qui, dès lors que la manipulation et la condamnation d'un innocent étaient évidentes, voulaient au plus vite reconnaître et réparer l'erreur afin de "laver" et préserver "l’honneur" de l'institution et du pays pour l'avenir (le compte à rebours de la grande "revanche" contre l'Allemagne était enclenché et tout le monde le savait)… C'est AVANT TOUT dans cette optique que Clemenceau et Zola s'indignent dans L'Aurore et que Trarieux (républicain libéral plutôt de droite, très hostile aux droits sociaux) fonde la Ligue des Droits de l'Homme (LDH) en 1898 ; et c’est la position sur laquelle s'alignera le social-réformisme de Jaurès et consorts, l'ultra-démocratisme "anarchiste" de Mirbeau etc. etc. Le texte du fameux J'accuse de Zola est, à ce titre, sans équivoque : le mot "juif" et la question de l'antisémitisme n'apparaissent en tout et pour tout que trois fois (le 'p''c''mlm' a déjà qualifié des textes d''antisémites par négation des personnes juives" pour moins que cela, comme "Nuit et Brouillard" de Jean Ferrat, mais là Zola aurait "sauvé l'honneur de la civilisation") ! Le propos du pamphlet tourne essentiellement autour du nécessaire "triomphe de la vérité", de l’urgence de "sauver l'honneur" de l'Armée, de la République et de la France ("Que de gens je connais qui, devant une guerre possible, tremblent d'angoisse en sachant dans quelles mains est j-accuse-zolala défense nationale ! et quel nid de basses intrigues, de commérages et de dilapidations, est devenu cet asile sacré où se décide le sort de la patrie !") ; ainsi que (prémisse à la grande offensive de la décennie suivante) de combattre l'influence catholique cléricale dans l'état-major ("victime des extraordinaires imaginations du commandant du Paty de Clam, du milieu clérical où il se trouvait", "Quel coup de balai le gouvernement républicain devrait donner dans cette jésuitière, ainsi que l’appelle le général Billot lui-même !"), l’anti-républicanisme (réel ou supposé) du haut commandement afin d'éviter en cas de guerre un nouveau "choix de la défaite" comme en 1870-71 ("choix" qui se répètera finalement en 1940 avec "plutôt Hitler que le Front populaire"... mais cette fois sans clivage cathos-roycos/républicains ni dreyfusards/anti-dreyfusards pour le coup...).

    Eh oui ! L’un des protagonistes les plus importants de l’affaire, le lieutenant-colonel Picquart qui se battra, sera envoyé en Tunisie et même emprisonné pour prouver l’innocence de Dreyfus, se trouvait même être plutôt antisémite sur les bords… mais plus attaché encore à "l’honneur de la Patrie et de l’Armée" et bien sûr à la nécessité d’arrêter les vrais coupables, qui pendant ce temps-là continuaient de transmettre des informations à l’Allemagne. La judéité de Dreyfus, bien plus que pour ses défenseurs de "gauche" ou libéraux bourgeois, importait surtout pour 1°/ les premiers instructeurs de l'affaire (du Paty de Clam etc.), encore qu'il semblerait que les origines alsaciennes de Dreyfus aient plus joué contre lui au tout début que sa religion ; 2°/ (évidemment) la communauté juive et sa bourgeoisie (qui soutiendra la création de la LDH), première concernée par la lourde menace montante, ou encore un journaliste austro-hongrois du nom de Theodor Herzl qui verra là la "démonstration" que "les Juifs ne seront jamais chez eux parmi les Gentils" et fondera le sionisme ; et puis bien sûr 3°/ ses adversaires de droite et d'extrême-droite, pour lesquels c'était un "indice" voire une "preuve irréfutable" de sa culpabilité permettant de préserver l'honneur et l'infaillibilité de la justice militaire avec d'autant plus de force que les preuves d'innocence (et de manipulation par des officiers "chrétiens") s'accumulaient… Dans un sens, il est possible de dire que l'affaire Dreyfus comme affaire centrée sur l'antisémitisme, sur la condamnation injuste d'un innocent parce que juif, est très largement une construction a posteriori (à travers le prisme du génocide ultérieur) : la "gauche", qui avait plus que fourni à Vichy ses contingents de kollabos et de chasseurs de Juifs (Laval himself, Déat, Bousquet et bien d'autres), ravivera alors le souvenir d'une affaire "au cœur de son identité politique" en se donnant – bien entendu – le beau rôle, celui de s'être "élevée contre la peste antisémite dès les premiers signes annonciateurs"... Alors même (pourtant) que la moindre étude historique sérieuse démontre aisément que le clivage dreyfusard/anti-dreyfusard de 1900 n'a JAMAIS été synonyme systématique, 40 ans plus tard, de clivage résistant/vichyste ! Un mythe de la "gauche" donc, et plus largement de la République bourgeoise ; donc un mythe de la France  qu'il importe par conséquent, comme tous les autres, de DÉCONSTRUIRE.

    arton10498-c4125Avec Dieudonné au contraire, c'est le lanceur d'anathèmes antisémites  qui est la cible de l’État ; plus précisément d'un Ministre de l'Intérieur (pilier de l’État français contemporain !!!) connu pour ses propos sur les Roms, les "musulmans", les banlieues "zones de non-droit", le douloureux manque de "blancs" dans sa bonne ville d’Évry et ses rafles et expulsions quotidiennes d'immigrant-e-s "clandestin-e-s" ; et plus largement de personnes diffusant quotidiennement les pires thèses sécuritaires et d'"ennemi intérieur" sur certaines populations. Autrement dit, nous sommes plutôt face à une contradiction au sein de la Réaction, entre un courant dont l'antisémitisme est le fonds de commerce et un autre pour qui c'est au contraire la "ligne rouge de l'inacceptable"... mais souvent bien la seule. Sur le plan tant du droit bourgeois que des conceptions prolétariennes, le niveau d'appel à la haine atteint par Dieudonné rend la sanction absolument incontestable, et même la moindre des choses. Ceux et celles qui soutiennent sa "liberté d'expression" soutiennent le "droit" de "rire" d'idées haineuses et de crimes contre l'humanité, et de faire passer par le "rire" un message politique fasciste : nous rejetons évidemment totalement cela, tout comme l'idée que "si Zemmour, Finkielkraut, Charlie Hebdo" etc. etc. "peuvent stigmatiser en permanence les immigrés (et descendants), les banlieues, les musulmans", alors "Dieudonné doit aussi pouvoir s'exprimer" sans quoi ce serait "deux poids deux mesures" : NON, l'un ne donne pas d'excuses à l'autre et nous, communistes, sommes pour leur clouer le bec à tous, sans exception. Si Dieudonné rencontre désormais des difficultés pour diffuser son discours (que l'on nous permette cependant d'en douter...), après tout, pourquoi pas et tant mieux ! Ce qu'il s'agit de dénoncer ici, c'est l'HYPOCRISIE des républicains bourgeois qui en le frappant s'achètent une "virginité" et un brevet d'antiracisme/antifascisme, alors qu'ils répandent du matin au soir la peur et la haine sécuritaire des "cités", de "l'islam", des Roms etc. etc. et même "mieux", mettent ce discours en pratique à coup de tasers et de flash-balls, de tonfas et de gazeuses (des armes non-létales... en principe, mais pour combien de temps ?).

    Il ne s'agit pas pour nous de considérer comme "plus acceptable" une haine raciale qui serait le fait de "parias du système" que celle répandue par des médias et des "intellectuels" "mainstream" ou des représentants de l’État ; tel n'est pas le propos. Dieudonné n'est de toute façon PAS "antisystème", qu'on se le dise une fois pour toute : une personne réellement "antisystème", de manière aussi affichée, identifiée et "dangereuse" que Dieudonné prétend l'être, est en PRISON, comme Georges Ibrahim Abdallah depuis bientôt 30 ans, les membres d'Action Directe ou des CCC pendant près ou plus de 20 ans (Joëlle Aubron y est même morte), Gaël Roblin et ses camarades d'Emgann ou les camarades du (n)PCI pendant des années et les anarcho-situationnistes de Tarnac pendant des mois (sur un dossier vide dans ces trois derniers cas) ; et non pas libre, millionnaire et condamnée de temps en temps à une amende comme Dieudonné ! Ce que nous pensons de "l'antisystémisme" de Soral (et donc de Dieudonné-Le-MurDieudonné, son élève), ce que pense tout marxiste authentique, ce n'est pas compliqué et c'est ce qui est écrit ici :

    http://www.marx.be/fr/content/études-marxistes?action=get_doc&id=95&doc_id=733 (si la littérature du PTB suffit, c'est qu'il n'y a pas besoin d'être agrégé de "Science MLM" !).

    Quant aux raisons de son succès auprès de toute une frange des masses populaires, en particulier de la jeunesse, que le politologue gauche-radicale Julien Salingue décrit comme une "démoralisation générale liée à une perte de crédibilité de la perspective de réellement changer les choses", et aux moyens de le combattre (une "(re-)construction, par en bas, de cadres de solidarités et de luttes collectives, antiracistes, progressistes, internationalistes, contre les dégâts de la crise, pour une vraie répartition des richesses et pour une démocratie réelle"), nous dirons plus simplement que c'est l'absence d'un mouvement communiste fort et culturellement hégémonique, et la nécessité de sa reconstruction.

    [Lire aussi : http://indigenes-republique.fr/en-finir-avec-le-soralisme-en-defense-des-lascars-de-quartiers-comme-sujets-revolutionnaires/

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/plutot-bon-article-sur-la-declaration-de-guerre-de-la-republique-a-die-a114093570]

    Mais il faut ABSOLUMENT démasquer et briser la manœuvre de la bourgeoisie "mainstream" national-républicaine, l'empêcher se poser à si peu de frais en "rempart contre le fascisme" alors que ses discours et ses politiques, d'une manière ou d'une autre, engendrent le fascisme chaque jour qui passe !!!

    Lorsque l'on a ainsi 1°/ "désacralisé" considérablement le dreyfusisme des Clemenceau, Zola, Jaurès, radicaux et autres libres-penseurs de 1895-1900 et 2°/ souligné les considérables différences avec l'actuelle affaire Dieudonné, la démonstration des "materialistes.com", sans être totalement dénuée de sens, apparaît immédiatement beaucoup plus fragile…

    La référence au Front populaire, elle, est en revanche beaucoup plus pathétique si l'on pense que le 'p''c''mlm', s'agissant d'antisémitisme et de sa bête noire Dieudonné, se jette aujourd'hui corps et âme dans un tel "front uni" avec des gens (Valls et compagnie) qui ont totalement le profil des voteurs radicaux ou "socialistes" des pleins pouvoirs à Pétain en 1940 (ou carrément de primo-vichystes à la Camille Chautemps) ; alors qu'il avait refusé en 2010 de soutenir le NPA (comparable aux pivertistes - gauche de la SFIO - de l'époque du Front pop') d'Avignon dans la curée islamophobe déchaînée par le Figaro contre la jeune candidate musulmane Ilham Moussaïd. Voudrait-on donner corps au "deux poids deux mesures" qui fait le fonds de commerce de Dieudonné (comme celui-ci donne lui-même corps à l'équation antisionisme = antisémitisme des ultra-sionistes) que l'on ne s'y prendrait pas autrement !

    vallsUn Front populaire, un "Front uni démocratique", comme nous l'avons déjà expliqué plus haut, ce n'est pas simplement "s'allier" avec la frange démocratique/ progressiste de la bourgeoisie ; c'est un RAPPORT DE FORCE, que l'on a à la base ou, dans le cas contraire, que l'on construit ; c'est à terme, comme disait Lénine, soutenir la social-démocratie, les démocrates et autres "républicains" bourgeois (face au fascisme) comme la corde soutient le pendu. Dans le cas contraire, on se retrouve caution "prolétaire" et "aile radicale" de la "gauche" bourgeoise, du système bourgeois ; c'est ce qui arrivé au PCF de Thorez en 1936-38 comme à la Libération et par la suite (PCF institutionnalisé "gérant" les villes ouvrières), au PC italien après la chute du fascisme et pendant toute la phase menant à la Constitution républicaine de 1947 (et là encore par la suite), et dans une large mesure au PC de l’État espagnol pendant la guerre antifasciste, conduisant à la défaite contre Franco. Un Front "populaire", "démocratique uni" ou tout ce que l'on veut, c'est garder fermement son autonomie prolétarienne-populaire comme l'a fait le PC chinois de Mao vis-à-vis du Kuomintang dans la résistance contre l'invasion japonaise, une situation d'occupation étrangère barbare à des années-lumière (en gravité) de la lutte contre un pseudo-comique fascistoïde ! Un "Front populaire" ou "uni", cela ne se "décrète" pas alors que la "démocratie" bourgeoise ne vous a pas sonné ; cela se négocie fermement et s'impose lorsque celle-ci sait pertinemment qu'elle n'a plus guère d'autre choix, que c'est les cocos ou Dachau... Et cela implique par ailleurs, et d'autant plus à la lumière de l'expérience, de bien faire la différence entre gens qui s'accrochent réellement à l'humanisme/universalisme démocratique bourgeois et gens qui participent au mouvement de fond fascisant : est-on bien certain que Manuel Valls, sans même parler d'Alain Finkielkraut ou Pascal Bruckner, soient dans la première catégorie ? N'ont-ils pas plutôt le profil de ces "néo-socialistes" et de ces "républicains" qui s’en allèrent grossir les rangs de Vichy par peur/haine du "bolchévisme", de la révolution et des "masses grouillantes" de "métèques rouges", autant d'"ennemis intérieurs" ? Le Front populaire, c'est avec le progressisme petit-bourgeois forçant la main à sa direction bourgeoise ; pas avec une branche du mouvement de fascisation (la branche Finkielkraut-Zemmour-Bruckner-Tribalat-Riposte laïque & co) contre une autre (la branche Dieudonné-Soral). "Socialiste" particulièrement droitier, Manuel Valls n'est là où il est que pour la simple et bonne raison que le PS sait pertinemment qu'il est minoritaire en "France", qu'il n'est au pouvoir que parce que Sarkozy (contrairement à 2007) n'a pas réussi à capter massivement l'électorat FN. Valls est un cadeau à l'électorat droitier majoritaire sur un thème qui lui est cher (la "sécurité"), et sans doute la seule carte du PS dans le vaporeux espoir de gagner à nouveau en 2017... Pas vraiment le genre de force socio-politique "intermédiaire" et "progressiste" avec laquelle on envisage, d'ordinaire, un Front uni ! Le Front populaire, ce n'est de toute façon pas s'empêcher de critiquer (le cas échéant) l'hypocrisie de ses "alliés" bourgeois. Le Front populaire dans les années 1930, cela ne devait pas vouloir dire ne pas critiquer la bourgeoisie "antifasciste" lorsqu'elle refusait d'accueillir les réfugiés de toute l'Europe fuyant la terreur fasciste (et sa compagne la misère), lorsqu'elle n'aidait pas suffisamment la résistance antifasciste en "Espagne", lorsqu'elle réprimait tout soulèvement populaire dans les colonies : si le PCF ne le faisait pas (et bien souvent, hélas, il ne l'a pas fait), il n'y a pas lieu de chercher ailleurs les raisons de sa dérive par la suite. De la même manière, combattre Dieudonné aujourd'hui ne veut pas dire faire silence lorsque Valls et ses comparses pourchassent, internent et expulsent les réfugié-e-s de la misère causée par les pillages de l'impérialisme BBR ; et ni nous ni personne à l'"extrême-gauche" n'avons dit autre chose : qui donc (hormis Vincent Gouysse, taulier du train fantôme stalino-dogmatique albanais communisme-bolchevisme.net, que le 'p''c''mlm' est bien emmerdé pour critiquer puisqu'il relève du même registre psychiatrique pignolage-sur-l'URSS-de-Staline que lui !) s'est prononcé CONTRE l'interdiction des spectacles de Dieudonné ? Personne ! Dieudonné est un fasciste, catégorie antisémite obsessionnel et s'il est réprimé, bien fait pour sa gueule... Simplement, cela n'implique pas pour nous une ovation à Valls et au gouvernement, encore moins un "Front uni" avec eux et surtout pas avec les fascistes catégorie islamophobe, "le-nouveau-fascisme-c'est-l'islam" etc. etc. qui se réjouissent eux aussi de cette interdiction !!!

    apero-identitaire-n.1276093395.thumbnailLe 'p''c''mlm' met en avant "1928 et 1935" et nous explique (une grande première de sa part !) que les communistes ne doivent pas être stupidement bornés, qu'ils doivent savoir s'adapter en fonction des situations etc. etc. Sauf que voilà, en réalité, pour eux, hors antisémitisme, écologie et patriarcat, c'est toujours 1928 : "classe contre classe" et "pureté prolétarienne" plus-rouge-que-moi-tu-meurs, aucune cause démocratique/progressiste qui vaille, ni contre l'islamophobie (cf. affaire Moussaïd) ni pour les peuples périphérisés de l’État-appareil d'oppression "France" (Bretagne etc.), ni contre la chasse aux sans-papiers et aux Roms (cf. affaire Leonarda-Katchik) ni avec les mouvements type Indignad@s ou Occupy, ni contre un coup d’État en Amérique latine ni avec les soulèvements populaires arabes, ni même avec les maoïstes du Népal, des Philippines ou d'Inde (pas assez dans la "pureté" MLM à leur goût) ; tout est "petit-bourgeois" voire "bourgeois" tout court, "lié à" ou "piloté par" tel ou tel impérialisme ou expansionnisme etc. etc. ; chacune de ces positions étant agrémentée de son lot de dérapages réactionnaires à la limite de l'inacceptable. Mais lorsqu'il est (par contre) question d'antisémitisme, de "biosphère" ou de féminisme, c'est toujours 1935 et toutes les alliances sont valables, avec Valls voire avec Sarkozy (quand ce n'est pas carrément défendre à mots à peine voilés le Betar, que le "génial leader" du groupuscule, il faut dire, connaît bien...), avec les "féministes" bourgeoises islamophobes (Pelenop & co) contre la "candidate voilée" du NPA avignonnais, avec un scientifique anglais ultra-réactionnaire et malthusien défendant la grotesque "hypothèse Gaïa"... Bref, en somme, pour le ‘p’‘c’‘mlm’, la lutte ‘antifasciste’ et ‘révolutionnaire’ c’est… ce qui lui tient à cœur, et le reste c’est de la merde. Fort bien… mais cela ne fait pas une conception communiste du monde !

    Et le 'p''c''mlm', comme toujours à son habitude, falsifie et déforme pour jeter l'anathème : c'est maintenant la plutôt sympathique organisation "guériniste" Alternative Libertaire (se trouvant compter dans ses rangs de nombreux Juifs antisionistes, comme Pierre Stambul de l'UJFP) qui est qualifiée de semi-fasciste, accusée d"attaquer la loi Gayssot" pour le fait de dire que "Ce n’est pas par la censure d’État qu’on fera reculer l’extrême droite"... Sauf que le propos exact, délibérément tronqué, est "Ce n’est pas par la censure d’État qu’on fera reculer l’extrême droite… surtout quand cet État mène lui-même des politiques xénophobes" : que la loi Gayssot soit "le fruit d'un rapport de force antifasciste", peut-être et même sans doute... mais au niveau de son application, si elle est appliquée par un gouvernement effectivement (au moins) progressiste sincère, humaniste-universaliste, c'est une loi antifasciste ; si par contre elle est appliquée par la-Valls-des-expulsions, soutenu en cela par des Finkielkraut, Bruckner et autres "nouveaux réacs" en tout genre, cela s'appelle un cache-sexe et rien d'autre ! Rappelons que la loi Gayssot, si elle fait du négationnisme un délit (c'est son grand apport), ne vise pas du tout uniquement l'antisémitisme, mais bien à lutter contre "toute discrimination fondée sur l'appartenance ou la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion", reprenant et renforçant en cela la loi Pleven de 1972 (qu'elle ne modifie par ailleurs que marginalement - en instaurant par exemple l'action collective des associations - et avec laquelle elle est souvent confondue). Votée, pour le coup, sous une pression antiraciste internationale (Convention de 1965 sur l'élimination de toutes formes de discrimination raciale - ratifiée par l’État français en 1971, alors que les États issus de la décolonisation étaient entrés en masse à l'ONU, que les luttes anti-impérialistes faisaient rage au Vietnam et ailleurs, que le mouvement noir balayait la ségrégation aux États-Unis etc.), cette loi Pleven n'a connu de réelle (et bien timide) application qu'une bonne dizaine d'années plus tard, dans les "années Mitterrand" (il était ainsi encore possible en 1973 d'écrire dans un grand quotidien réactionnaire provençal "assez de voleurs algériens, de casseurs algériens (...) de syphilitiques algériens, de violeurs algériens, de proxénètes algériens, de fous algériens, de tueurs algériens (...) cette immigration sauvage qui amène dans notre pays toute une racaille venue d’outre-Méditerranée" ou de titrer carrément "Dehors les Algériens", d'entendre un maire déclarer que "les Arabes se comportent en terrain conquis, ils sont différents de nous, ils vivent la nuit, c'est vraiment très pénible d'être envahis par eux", le suppléant d'un député devenu ministre que "les immigrés finissent par croire qu'ils sont chez eux, ils alimentent la chronique du proxénétisme, du banditisme, ils sont à la charge du contribuable" etc. etc.). Elle prévoit notamment que "ceux qui, par l'un des moyens énoncés à l'article 23 [par voie de presse, télé, radio etc. NDLR], auront provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, seront punis d'un an d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende"... autant dire que son application stricte et systématique ferait de sacrés dégâts !!! Quant à la disposition visant "tout dépositaire de l'autorité publique ou citoyen chargé d'un ministère de service public qui, en raison de l'origine, ou de l'appartenance ou de la non-appartenance d'une personne à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, lui aura refusé sciemment le bénéfice d'un droit auquel elle pouvait prétendre" (passée dans le nouveau Code pénal à l'article 432-7, qui prévoit 5 ans de prison et 75.000 euros d'amende), elle aurait tout simplement pour effet de décimer le personnel de la place Beauvau (à commencer par le "Premier Flic" lui-même), de la police et de la gendarmerie, de la "justice" et des préfectures voire de l'enseignement... À vrai dire, l'État tout entier y passerait, rien que pour sa politique des étrangers ("en raison de l'origine" !!!) totalement arbitraire et discrétionnaire ! Certains d'ailleurs, malgré son taux d'application ridicule, s'en inquiètent et réclament son abrogation, alors même qu'ils ne portent pas spécialement Dieudonné dans leur cœur... Mais ce "combat" réactionnaire-là ne semble guère émouvoir nos cyber-"matérialistes" de pacotille !

    Désormais, les choses sont claires, écrites explicitement noir sur blanc. Servir le Peuple ne voit plus l'utilité de "répondre" aux élucubrations du 'p''c''mlm' ; chose qui nous a (sans doute) trop occupé pendant trop longtemps : ses publications sur le site "lesmaterialistes" nous semblent suffisamment parler d'elles-mêmes. Bon vent, et bon débarras ! Les lignes dans le mouvement communiste hexagonal sont désormais - et à tout jamais - claires...


    (Appendice) "Explosion de l'antisémitisme comme anticapitalisme romantique" ? La parole aux chiffres... 

    Depuis 1990 (dans le "fond d'ambiance" qui a vu le vote de la loi Gayssot etc., ce qui devrait donc faire autorité incontestable pour certains), la Commission nationale consultative des Droits de l'Homme mène chaque année une enquête d'opinion sur le racisme, la xénophobie, l'antisémitisme etc. des "Français". Il s'agit là d'un magnifique outil de mesure quant au niveau et, plus important encore, à la DYNAMIQUE de la haine et du rejet envers tel ou tel groupe défini ; haine qui pour nous marxistes, sans être la seule, est une composante incontournable de la montée du fascisme dans un grand pays impérialiste.

    La dernière de ces enquêtes à été menée fin 2013, mais ses résultats ne sont pas encore disponibles. Nous avons ceux de décembre 2012. Que montrent-ils ? Ils montrent, sur les dernières années, une nette progression du racisme et de la xénophobie... mais pas vraiment, et même bien au contraire, de l'antisémitisme.

    Photomontage-Taubira-singe-1Si le nombre de personnes à se déclarer "plutôt racistes" reste stable (7%) depuis décembre 2011, il sont 2% de plus (22%) à se déclarer "un peu racistes" et 3% de plus (25%) "pas trop raciste" (mais "quand même un peu des fois", sous-entendu), tandis que le nombre de personnes se déclarant "absolument pas racistes" chute de 5 points (44%). C'est une évolution assez conséquente si l'on a à l'esprit la réticence qu'il peut (évidemment) y avoir à se déclarer "raciste", fut-ce "un peu"... On ne sait pas, en revanche, si dans le racisme qu'il/elle confesse "un peu" ou "pas trop mais quand même un peu" ressentir, chaque sondé-e inclut ou non des sentiments antisémites. Ce qui est plus frappant encore, c'est la nette progression (depuis 2007) de l'idée que "certains comportements peuvent justifier des réactions racistes" (65% contre 57%), et l'effondrement de l'idée inverse que "rien ne peut justifier des réactions racistes", passant de 42% à 33%. L'idée que des réactions racistes peuvent être justifiées était forte (68%) en 2002-2003, avait baissé à 58% en 2004 avant de remonter à 63% en novembre 2005 (enquête réalisée au lendemain des grandes émeutes), mais s'était ensuite stabilisée à 57-58% jusqu'en décembre 2011. Elle a bondi depuis lors sans évènement "hors du commun" le "justifiant", et il faut attendre les résultats de fin 2013 pour voir si la tendance se confirme.

    On relève aussi un nette progression de l'idée de "racisme anti-français" ou "anti-blancs" (dans l'esprit de beaucoup de sondés c'est sans doute la même chose) : avec 12%, l'idée que les "de souche" sont la principale cible du racisme en Hexagone retrouve le niveau de son pic au lendemain des émeutes de 2005. Depuis lors, elle était restée stable entre 6 et 8%, comme d'ailleurs en 2004 (6%, et 10% en 2002-2003). Il faut dire que quand même des "antifascistes" "maoïstes" s'y mettent...

    Plus significatives encore sont les questions portant sur "former un groupe à part" (ce qui sous-entend un défaut/refus d'intégration dans la "République") et, à connotation plus racisante encore, sur "être des Français comme les autres". Ainsi, l'idée que les musulmans forment un "groupe à part", avec 55%, poursuit sa progression et a gagné 11 points en trois ans (44% fin 2009). À 57% en 2003-2004, elle avait connu un pic à 63% après les émeutes de 2005 puis avait baissé continuellement jusqu'alors, avant d'entamer une remontée soutenue. Portant plus précisément sur les Maghrébins, la question connaît une évolution parallèle (48%->54%->33%->42%), avec toutefois un écart entre "Maghrébins" et "musulmans" qui se creuse (13% contre "traditionnellement" 8-9%, et même seulement 5% en 2007) de manière continue depuis 2009. Là, c'est très clairement la mobilisation réactionnaire islamophobe qui semble porter h-20-2646346-1322211453ses fruits : on reste "prudent" (même si de moins en moins) à affirmer son rejet des "Arabes", mais on assume en revanche beaucoup plus facilement celui d'une religion décrite unanimement, y compris (parfois) à "gauche", comme "violente", "obscurantiste", "terroriste", "intolérante"... même si dans le "fond" de la pensée, c'est (très souvent) du pareil au même ! Le phénomène est encore plus frappant pour les "Noirs" (dont on peut considérer qu'une majorité aujourd'hui, d'origine sahélienne, est musulmane) : la courbe n'est que très faiblement remontée (18%->21% puis nouvelle baisse à 19%) depuis 2009, après avoir presque continuellement baissé depuis le pic de novembre 2005. Les "Noirs", après tout, comme le chantait Béranger, "un rien les amuse, ils sont toujours à rire, ce sont de vrais gamins"... "En soi" ils ont cette image "sympathique", baignée de condescendance coloniale : ils ne deviennent source d'inquiétude que lorsqu'ils sont musulmans ("d'origine" ou convertis) de manière "ostentatoire", ou alors "racailles en bandes ethniques" - mais le sondage ne pose pas la question... Concernant le fait d'être "des Français comme les autres", la question est posée seulement pour les musulmans et non sur des critères "ethniques" ("Maghrébins" ou "Noirs") : la réponse positive est de 70% soit le niveau de 2007, plus qu'en 2005-2006 mais en baisse (continue) de 9 points par rapport à 2009 (79%->76%->72%->70%). Dans le même temps, ils/elles ne sont que 22% (-7%) à avoir une opinion positive de l'islam contre 44% du catholicisme et 37% du protestantisme (inchangé), 34% du judaïsme (-1%)... et bien sûr 68% (inchangé) de la sacro-sainte "laïcité républicaine" (concept qui ne veut absolument rien dire, auquel personne ne sait vraiment quelle signification donner et qu'il est complètement ridicule de mettre en "compétition" avec des religions comme si c'en était une, mais c'est ainsi...). Les résultats de 2013 montreront si la "désinclusion" des musulmans de la "collectivité nationale" se poursuit, ce qui est plus que probable.

    Il faut bien comprendre que pour énormément, et sans doute de plus en plus de sondé-e-s, répondre à une question sur "les musulmans" permet consciemment ou non de mettre un nom "politiquement correct" sur les fameux "quartiers"-"zones de non-droit"-"territoires perdus de la République" qui font la "une" de la propagande sécuritaire depuis 15 ou 20 ans, où se mêlent islam important/majoritaire et "délinquance" petite ou grande, "insécurité", "trafics" etc. etc., quand bien même bon nombre d'habitant-e-s ne sont pas musulman-e-s et, chez ceux et celles qui le sont, le niveau de religiosité est variable. C'est d'ailleurs le "créneau" qu'a tenté de jouer Alain Soral pour se gagner une existence politico-médiatique : "réfléchissez deux secondes, un vrai musulman ne peut pas être une racaille, c'est incompatible... appuyons-nous donc sur les pieux musulmans contre les wesh-wesh".  Malheureusement pour lui, une majorité d'esprits populaires aliénés hexagonaux est restée hermétique à cet argumentaire et continue à mettre islam, terrorisme, délinquance, "insécurité" et "on ne se sent plus chez soi" dans un même grand sac longtemps appelé "immigration" (mais incluant bien évidemment des descendants d'immigrés à la deuxième, troisième voire quatrième génération : ce qu'il faut entendre c'est "non-blanc", "extra-européen", colonisé intérieur), mais qu'il est devenu plus "tendance" d'appeler "musulmans" (des discours de plus en plus nombreux tentent même de relier directement terrorisme, islam et délinquance, expliquant que cette dernière serait déclarée "licite" envers les non-musulmans et servirait à "financer le djihad").

    profanation_tombes_musulmanes69% (+10% depuis 2011 et +22% depuis 2009 !!!) considèrent, enfin, qu'il y a "trop d'immigrés", comprendre "trop de minoritaires visibles", trop de "non-blancs" en "France" ; et 61% que l'on "ne se sent plus chez soi en France" (ce qui revient pratiquement au même), soit une progression de 6 points en un an... et de 20 points depuis 2009 (il y avait eu auparavant une baisse de 55% à 41% depuis 2005) ! Il est évident que la communauté juive, guère "visible", ne compte pas au nombre de ces "immigrés" qui font que l'on ne se sent "plus chez soi"... "L'immigration" (les "non-blancs") est désormais la "première cause d'insécurité" pour une majorité de 54% (44% en janvier 2011 et 36% en novembre 2008), "les enfants" (et sans doute descendants en général) "d'immigrés (extra-européens s'entend...) nés en France" ne sont "pas vraiment français" pour 31% contre 21% fin 2009 ; et (en substance) "beaucoup d'immigrés viennent surtout profiter des allocs" pour 73% contre 62-63% en 2008-2009, dépassant les 71% de 2006 (pourcentage incluant désormais des "maoïstes", vu qu'il faut de tout pour faire un monde !). 56% considèrent que "l'intégration des personnes étrangères" se passe "mal" (42% "plutôt" et 14% "très"), et pour 60%, la responsabilité en incombe principalement aux "personnes d'origine étrangère" en question, contre seulement 29% incriminant "la société française". On retrouve, mais encore plus fortement, la même idée dans l'affirmation que "les étrangers qui viennent en France doivent adopter le mode de vie français". Qu'entend-t-on par "mode de vie français", mystère et boule de gomme (ou plutôt, vraisemblablement, autant de réponses que d'interrogé-e-s) ; mais l'idée, si profondément républicaine bleu-blanc-rouge la-main-sur-le-cœur, est hégémonique (+ de 85%) depuis que la question est posée (2006), et atteint en 2012 son plus haut niveau avec 94%.

    Comme il fallait malheureusement s'y attendre, les Roms "jouent hors catégorie" : pour plus de 70% des sondé-e-s, ils ne vivent strictement que de trafics, de vols et de l'exploitation de leur progéniture, et pour 77% ils sont réellement un groupe à part dans la société. Ceci, évidemment, repose sur un certain nombre de situations bien réelles ; mais il n'y a pas l'ombre d'un début de tentative pour comprendre l'origine sociale et historique de ces situations, pas même chez d'autoproclamés "phares du maoïsme"... On a là une haine de type génocidaire touchant absolument toutes les catégories de la société, depuis un notable de "province" comme Gilles Bourdouleix, maire UDI de Cholet ("Comme quoi Hitler n'en a peut-être pas tué assez") jusqu'aux prolétaires, principalement colonisés-intérieurs maghrébins, d'une cité marseillaise. Et cette haine envers les Roms d'origine balkanique, apparus en Hexagone depuis une grosse vingtaine d'années, "déteint" maintenant sur les "gens du voyage" de nationalité "française" (les "Manouches" au Nord et Gitans en Occitanie) que seulement 63% des sondé-e-s considèrent comme "des Français comme les autres", contre 74% en janvier 2011...

    En revanche, 85% des sondé-e-s considèrent les Juifs comme des "Français comme les autres", même proportion qu'en 2005 avec même un pic à 90% en 2009 (au plus "fort" du dieudonnisme !), contre seulement 70-74% au début des années 2000 (et un gros tiers de la population en 1946, au lendemain de la Shoah). 26% considèrent les Juifs comme un "groupe à part" contre 36% en 2003 et 41% en 2004, il y a 10 ans, au tout début de l'activisme de Dieudonné et avant le fameux "Non" au référendum européen (en baisse continue depuis, très légère remontée de 1% depuis 2011).

    En fait d'"explosion de l'antisémitisme comme anticapitalisme romantique" blablabla, c'est donc plutôt la dynamique totalement inverse que l'on observe, notamment à mesure que s'éteignent les vieilles générations, plus imprégnées de préjugés. Nous avons certes un recul continu (de 90% à 85%), depuis 2009, de l'idée que les Juifs "sont des Français comme les autres" ; il faudra voir avec les résultats de 2013 si la tendance se confirme, ce qui serait à prendre au sérieux, mais en tout cas la baisse est bien moins radicale que celle qui frappe les musulmans ou les "personnes d'origine étrangère" en général. Il faut également noter que les premières années de l'activisme dieudonniste (2005-2009) avaient au contraire vu une hausse crescendo de l'idée de "Français comme les autres", de 85 à 90%.

    a-mort-les-juifsDieudonné et Soral ont leur public, et il n'est pas mince : leurs vidéos font des centaines de milliers de vues sur Youtube et Daylimotion, leurs pages Facebook des centaines de milliers de "like"... Des personnes qui considèrent réellement les Juifs comme au cœur des problèmes de ce monde (et de leur vie) ; ou des personnes qui regrettent simplement le "bon vieux temps où l'on pouvait rire de tout", les années 1980-90 où, contrairement aux délires de certains, "passaient" beaucoup de choses qui ne "passent" plus du tout aujourd'hui, des imitations simiesques d'Africains par Michel Leeb à la "Zoubida" de Lagaf' en passant par les "Envahisseurs" racistes anti-arabes des Inconnus, l'ambiance hétéro-patriarcale et social-darwiniste sordide des "Grosses Têtes", les gribouillages ultra-sexistes de Reiser ou Vuillemin, la lourde caricature d'homosexuels de la "Cage aux Folles", les plaisanteries border line de Coluche et Desproges (souvent cités en exemple) etc. etc. [c'est que les contradictions de la société s'aiguisent et explosent, la société "française" se disloque, la "dérision" peut avoir des effets potentiellement incontrôlables et l’État, bien conscient de cela et fidèle à sa pratique historique depuis Henri IV et son Édit de Nantes (en passant par l'affaire Dreyfus), est dans la phase où il essaye de maintenir les choses artificiellement "sous cloche", d'imposer administrativement le "vivre-ensemble" par en haut (l'étape suivante, celle de Richelieu puis Louis XIV ou de Vichy, est celle où il choisit ouvertement le camp dominant et entreprend la liquidation des "ennemis intérieurs")].

    Pour autant, le fait est qu'une large et (surtout) croissante majorité de la population rejette l'antisémitisme et n'a aucun problème avec les personnes juives ; soit que, progressistes, ils/elles rejettent catégoriquement la haine de quelque groupe social que ce soit... soit que pour eux/elles, le "problème" en France et dans le monde est "tout" sauf les Juifs et Israël !

    L'extrême-droite de Dieudonné et Soral, on l'a déjà dit, n'est absolument pas une nouveauté, ni dans l'antisémitisme obsessionnel ni dans le "tiers-mondisme" façon "Quadricontinentale" au service de l'impérialisme européen, ni dans le "socialisme" sauce Rerum Novarum ni même dans l'appel aux "musulmans" que pratiquait déjà un groupe fasciste des années 1930 (Solidarité française, surnommé à l'époque "Sidilarité française" par ses détracteurs). Si quelque chose de nouveau a émergé depuis l'an 2000 environ, au niveau hexagonal comme européen, c'est plutôt un discours de "droite radicale" (éventuellement "nouveau réac", venant de la "gauche") qui non seulement n'est pas antisémite mais rejette ouvertement l'antisémitisme (Renaud Camus, sites comme "Euro-Reconquista" ou "Riposte laïque" & co, mouvance identitaire, English Defence League ou Geert Wilders à l'étranger, lire aussi cet entretien avec le philosophe Ivan Segré au sujet de son ouvrage La Réaction philosémite) ; voire... est directement le fait de personnes juives (Éric Zemmour, Alain Finkielkraut, Élisabeth Lévy, Gilles-William Goldnadel etc. - lire ici un excellent article de Quartiers Libres ou encore ici sur le site de REFLEXes au sujet des connections LDJ-FN) . Et cela le plus sereinement du monde, dans les colonnes des grands hebdomadaires, sur les plateaux télé ou au micro de radios à grande audience (Zemmour sur RTL, Finkielkraut sur France Culture), sans essayer le moins du monde de faire croire que "c'est de l'humour"...

    1837151-anne-sophie-leclere-qui-est-la-candidate-fn-qui-comIl y a certes toujours eu, depuis la IVe République (premier soutien mondial de l’État sioniste à l'époque...), toute une extrême-droite pro-israélienne voyant dans ce pays un "rempart de l'Occident chrétien" contre le "communisme" hier et l'"islamisme" aujourd'hui ; mais cette extrême-droite restait jusque-là très largement antisémite "à domicile", dénonçant dans le Juif la quintessence des idées "antinationales" social-libérales et progressistes (plus tard "gauche caviar", "immigrationistes", européistes et "mondialistes", charity business etc.), ce que résumait on-ne-peut mieux la sentence de l'ancien "commissaire général aux questions juives" de Vichy Xavier Vallat : "Vive Israël, mort aux youpins !" (autre exemple : Serge de Beketchvolontaire dans les rangs de Tsahal en 1967 mais dont "(les) calembours suintaient l'antisémitisme et (qui) ne ratait jamais une allusion au génocide juif pour en relativiser l'ampleur"). Il a certes, aussi, toujours existé historiquement un certain fascisme non-antisémite ou (en tout cas) ne mettant pas particulièrement l'antisémitisme en avant : il suffit de penser au fascisme italien des débuts ou encore aux  Croix-de-Feu/PSF du colonel de La Rocque. >Il ne s'agit pas du tout de cela aujourd'hui, mais bien d'un phénomène nouveau qui fait de l'antisémitisme une "ligne rouge de l'inacceptable" et utilise cette idée (correcte en soi) pour mobiliser... contre les "musulmans", les colonisés intérieur "arabes" et "noirs" en général, qui seraient finalement les "derniers" à "maintenir vivante l'horreur antisémite" en Hexagone. Les personnalités citées ne sont même pas spécialement "sionistes", en tout cas pas des ultras du Grand Israël : elles sont généralement "pour la paix" et pour "deux États", regrettent que "de part et d'autre" (mais surtout côté palestinien, évidemment...) des "extrémistes sabotent le règlement pacifique du conflit" et pensent qu'il ne faut (surtout) pas "importer le conflit en France" (obsession du "communautarisme"). Elles ne sont pas, non plus, particulièrement "euratlantistes" (ce qui serait la position des BHL, Glucksman, Askolovitch etc.) et même plutôt, au contraire, sur un bon vieux discours républicain souverainiste de droite... Des conceptions finalement proches de celles de Soral mais pas avec le même "ennemi intérieur", le même "communautarisme" comme obsession principale : pour les uns c'est un "lobby juif" qui "noyauterait" la "finance", la politique, les médias etc. ; pour les autres ce sont (définitivement) les "musulmans", "graine" de délinquants et de terroristes. Néanmoins, la confusion "Juif ou anti-antisémite + déteste les musulmans = lobby sioniste" s'est installée dans beaucoup d'esprits, et des gourous de tout poil se font bien sûr une joie de l'entretenir...

    Le "niveau" d'antisémitisme relevé par l'enquête recouvre en fait deux réalités bien différentes. Chez les "blancs", c'est le fait de personnes âgées marquées par les préjugés dominants encore forts au milieu du siècle dernier ; ou alors un marqueur d'extrémisme absolu, de droite de l'extrême-droite, d'appartenance à la mouvance nazie-fasciste au sens le plus strict ou à l'ultra-intégrisme catholique. Par contre, dans une enquête menée en 2005 (la situation a donc pu encore empirer depuis...) auprès d'un échantillon de colonisé-e-s intérieur-e-s originaires d'Afrique du Nord et subsaharienne, de l’État turc etc. (en violation de l'interdiction bien française des "statistiques ethniques"), il apparaissait qu'un tiers de ces personnes avaient des conceptions pouvant être qualifiées d'antisémites contre seulement 18% du groupe "témoin" (personnes de toutes origines, cultures et confessions)... Un phénomène d'autant plus fort que les sondé-e-s sont jeunes (maximal chez les 18-25 ans, plus fort que chez les plus de 65 ans du groupe "témoin") et "fortement corrélé à un regain de la pratique religieuse" (traduction : de l'affirmation de sa culture populaire réelle - à travers l'islam - contre l'identité "républicaine française" imposée). Autrement dit, nous avons là non pas "une jeunesse (...) proto-fasciste, individualiste, acculturée, façonnée par le capitalisme (...) éduquée par Facebook, par une école bourgeoise décadente, par un capitalisme devenant monopoliste (...) graine de facho" (propos tout simplement ahurissants paraissant un "mix" de Finkielkraut... et de Soral), mais bien l'émergence d'une conscience et d'un refus de la ismrésignation envers "ce qu'il se passe" en Hexagone et dans le monde, d'une conscience anticapitaliste ("romantique" ou pas...), "anticoloniale intérieure" et anti-impérialiste sincère (marquée par une ultra-sensibilité à la question palestinienne) mais qui, en l'absence totale d'un mouvement communiste conséquent dans ces "quartiers" dont on parle autant que l'on redoute d'y mettre les pieds, tombe dans le marécage de conceptions réactionnaires et finalement fascistes (au service du fascisme), dont Soral représente une version directement liée à un courant ("eurasiste"-"tiers-mondiste") de l'impérialisme BBR, mais loin d'être la seule (il y a tous les courants réactionnaires religieux, liés ou non à certains États etc.). Le "jihad solitaire" de Mohamed Merah à Toulouse nous a offert, dans l'horreur, une illustration parfaite de cela : il commence par frapper des militaires, agents et symboles de la domination et de l'agression impérialiste BBR à travers le monde... puis, devant l'échec d'une nouvelle action de ce type, bascule dans la barbarie réactionnaire sans nom en abattant froidement trois enfants sans défense simplement parce que juifs, au nom des "petits Palestiniens tués par Israël"... Avec Youssouf Fofana, les préjugés antisémites ("les Juifs ont de l'argent, ils sont solidaires entre eux" etc.) s'étaient simplement greffés sur le cerveau crapuleux d'une sous-merde lumpen avide d'argent facile. Le cas Merah, lui, illustre dans une atroce quintessence cette dialectique infernale entre éveil à la conscience du capitalisme impérialiste, de ses crimes et de ses injustices ; résolution à lui déclarer une guerre sans merci... et basculement dans une idéologie réactionnaire, ici traduite en actes meurtriers : l'antisémitisme version salafiste. Un phénomène terrible qui ne concerne pas seulement des "décérébrés" lumpen (il les concerne, mais par répercussion) mais bel et bien ceux et celles qui devraient normalement être les intellectuel-le-s organiques de la révolution dans ces "quartiers".

    Là est pour nous l'aspect principal, le plus préoccupant et néfaste du "phénomène". Pour "lesmaterialistes.com", l'affaire est entendue : la jeunesse qui applaudit Dieudonné (et/ou Merah) ne vaut pas et n'a jamais valu la peine que l'on s'y intéresse, ce ne sont que des "individualistes façonnés par le capitalisme" et de la "graine de facho", et les "sujets révolutionnaires" sont à chercher ailleurs (mais où ?). Pour nous au contraire, Dieudonné (et Soral derrière lui) comme les sectes fondamentalistes ne nous "volent" pas seulement des "troupes" (cela, tout mouvement soutenu par des personnes de classe populaire le fait...), ils polluent aussi l'esprit de possibles CADRES de la révolution à construire ! Nous avons pu observer (notamment sur les réseaux sociaux) depuis deux ou trois ans un mouvement de rejet de Dieudonné et Soral dans la population des "quartiers" qu'ils ont voulu séduire (ou encore dans la solidarité organisée avec la Palestine) ; des "casseroles" du sinistre duo sont "déterrées" et des voix de plus en plus nombreuses les dénoncent pour ce qu'ils sont : des démagogues fascistes gérant un business de la haine. Néanmoins, la pollution des esprits reste toujours profonde même chez celles et ceux qui ont effectué ce rejet. Quelque part, le point d'arrivée actuel de Dieudonné est dénoncé mais le parcours qui l'y a mené n'est pas compris. Bien souvent, sa dérive est jugée regrettable mais la responsabilité principale en incombe à ceux qui l'y auraient "poussé", aux sionistes qui l'ont "lynché" etc. etc. et non à Dieudonné lui-même : ceci est totalement contraire au matérialisme dialectique (primauté des causes internes, même si des facteurs externes peuvent évidemment jouer) et devrait être invalidé par le seul fait que des milliers de militant-e-s pro-palestinien-ne-s qui subissent la pression (parfois même physique) des ultras du sionisme (et de l’État qui bien souvent les couvre), et qui n'ont pas la protection que sa fortune assure à Dieudonné, ne suivent pas ce parcours...

    La raison de cette pollution des esprits est, elle aussi, à rechercher en premier lieu dans les causes internes : ce n'est pas la "force" du discours inepte de Dieudonné et Soral qui amène des milliers de jeunes de classe populaire à "glisser des quenelles" à la Main d'Or (face à un fantasmagorique "lobby sioniste") plutôt que de lever fièrement le poing face au Capital exploiteur et à son État raciste ; c'est l'incapacité du mouvement communiste à avoir, vis-à-vis des masses populaires concernées, un discours 1°/ cohérent, 2°/ offensif et 3°/ audible. Nous progressons dans ce sens mais l'effort ne doit pas, JAMAIS, être relâché.

    ieri-partigiani-oggi-antifascisti-copy-copie-1Ce qui ressort de nos (déjà !) quatre années d'expérience et de travail politique, d'échange et de débat avec des groupes révolutionnaires en Hexagone et à l'étranger etc., c'est que la question principale vis-à-vis d'une quelconque action ou d'un quelconque mouvement agissant n'est pas la "pureté prolétarienne" de ce qui est dit et fait ("pureté" que chacun-e va mesurer selon ses propres critères...) mais la capacité des communistes à en assumer et exercer la direction consciente dans leur objectif qui est (encore faut-il que cela soit clair !) la prise de pouvoir par le prolétariat révolutionnaire ; "décrassant les esprits" dans le feu de la lutte et diffusant la conception communiste du monde : ce que Gramsci appelle construire l'hégémonie. Assumer et exercer cette direction révolutionnaire consciente sur un mouvement quel qu'il soit amène TOUJOURS, historiquement, les cadres démagogues contre-révolutionnaires à tomber le masque : il suffit de se souvenir comme quelque chose d'aussi imparfait que les Indigènes de la République a suffi pour voir Alain Soral livrer le fond de sa pensée sur les colonisé-e-s intérieur-e-s d'aujourd'hui (et colonisé-e-s tout court d'hier) dont il se prétend le champion : "Houria Bouteldja est la preuve de la réussite totale de la colonisation, c’est à dire que sans la colonisation, cette petite Algérienne serait aujourd’hui tatouée en bleu sur le front, dans un bled de moyenne montagne, elle aurait six gosses et aurait été mariée de force, ce qui est normal dans une société patriarcale et elle fermerait sa gueule. C’est grâce à la colonisation et à la France qu’elle peut être une révolutionnaire anti-française haineuse" !

    Lorsqu'en revanche cela n'est pas assumé ou (pire) lorsque l'on ne veut pas l'assumer, comme cela a trop souvent été le cas vis-à-vis de la "jeunesse de banlieue" sous des prétextes aussi divers que variés (de l'ouvriérisme économiste au laïcardisme cache-sexe du suprématisme culturel européen-judéo-chrétien), alors ce sont des forces réactionnaires au service de fractions de la bourgeoisie impérialiste, d’États réactionnaires divers (Dieudonné et Soral reçoivent beaucoup d'argent iranien, l'Arabie et le Qatar appuient les sectes salafistes etc.) ou de leur seul gourou qui assument cette direction concrète. C'est ce qu'il s'est passé avec le public de Dieudonné et il y a beau jeu, aujourd'hui, de lancer des charges de Don Quichotte contre lui en justifiant par affaire Dreyfus + Front populaire l'alliance avec la place Beauvau pour tenter d'évacuer cette responsabilité ! 

    (MàJ 02/04/2014) L’enquête 2013 est enfin sortie : http://fr.scribd.com/doc/215668601/CNCDH-Racisme-2013-Basse-Def-1 ; lire un résumé ici : http://www.midilibre.fr/2014/04/02/liberation-de-la-parole-raciste-en-2013-surtout-contre-les-roms-et-les-musulmans,843201.php

    Parmi les principales conclusions, on relève que :

    - Davantage encore de Français assument être racistes : 9% se disent "plutôt racistes" (+2 points par rapport à 2012) et 26% "un peu racistes" (+ 4 points). Ils sont aussi plus nombreux à considérer que l'intégration des immigrés fonctionne mal (63%, + 7 points par rapport à 2012).

    - L'islam est la religion la moins positivement connotée et 80% des sondés estiment que le port du voile pose problème pour vivre en société. Les musulmans ne sont "des Français comme les autres" que pour 65% des personnes interrogées contre 70% il y a un an (baisse de 5 points) ; et sont un "groupe à part" de la société pour plus de 55% (45% sur le critère "Maghrébins", contre "seulement" 30% pour les Juifs).

    - Les Roms migrants pâtissent d'une image extrêmement négative : 85% des sondés pensent qu'ils exploitent très souvent les enfants (+ 10 points par rapport à 2012) et 78% qu'ils vivent essentiellement de vols et de trafics (+ 7 points).

    - L'indice de tolérance, calculé à partir d'une série de questions posées aux sondés, recule pour la quatrième année consécutive. Ces résultats révèlent un "refus croissant de l'autre différent" mais dévoilent aussi une "défiance vis-à-vis d'un antiracisme perçu comme censeur".

    - Les Français condamnent en revanche sans équivoque l'antisémitisme et "l'indice d'acceptation" des Juifs "reste de très loin supérieur à celui de tous les autres groupes", selon une étude qualitative de l'institut CSA qui a mené 30 entretiens semi-directifs en face à face du 9 au 17 décembre 2013. 85 % des sondés (stable par rapport à l’an dernier, donc) estiment que les Juifs sont des Français comme les autres, contre 65 % pour les musulmans. Les clichés, comme la thèse d'un rapport particulier des Juifs à l'argent, restent cependant persistants et partagés comme le relève l'étude [concernant les personnes de culture musulmane, un "florilège" de ces préjugés (ainsi que de propos sur la "sacralisation" de l'antisémitisme par rapport aux autres racismes) est présenté page 65 du rapport].

    - Selon les chiffres du Ministère de l'Intérieur, les actes et menaces antisémites ont baissé de 31% entre 2012 et 2013 tandis que les actes antimusulmans ont progressé de 11 points [une progression annuelle constante depuis le début du nouveau siècle alors que les violences antisémites ont tendance à croître puis diminuer "en dents de scie" au gré (notamment) de l'actualité au Proche-Orient, bien que l'"année Merah" 2012 (marquée par une forte poussée) ait commencé à faire mentir cette corrélation].

    342564CercledeprecyRENAUDCAMUSOu en deux phrases :

    - La mobilisation réactionnaire de masse sur les thèmes anti-islam, anti-"immigration" (valable quand bien même il s'agit de la 3e génération née en Hexagone), anti-rroms etc. cartonne, progresse et a sans doute largement rempli les urnes de bulletins FN aux municipales ; on entend de plus en plus parler (Front National, Éric Zemmour, Ivan Rioufol etc.), comme une sorte de synthèse de ces différentes thématiques mobilisatrices, de la théorie du Grand Remplacement élaborée à partir des années 1990 et mise sur le papier en 2011 par l'écrivain Renaud Camus ;

    - La mobilisation sur une ligne antisémite (associée ou pas à la question palestinienne, mais généralement associée) fait du surplace, restant cantonnée à des milieux très particuliers (jeunes prolétaires décomposés-décérébrés des "minorités" ou au contraire petits bourgeois issus de ces mêmes minorités, qui râlent contre un ascenseur social trop lent à leur goût sans pouvoir ni vouloir remettre en cause le capitalisme comme mode de production) ; et même recule dans les actes concrets (sans toutefois exclure que cela remonte dans le futur).

    On peut évidemment supputer que tout cela ne va pas plaire à toute une nébuleuse "antifasciste" anti-antisioniste, anti-"communautariste" etc. caractérisée par ailleurs (généralement) par une conception ultra-jacobine (ou nihiliste nationale ce qui revient au même) de l’État français, au nom de l’anti-"régionalisme-névrose-identitaire"… Mouvance dont en ces temps brunâtres que nous traversons il faut oser clairement dévoiler l’objectif : arrimer, souder, SCELLER la légitime préoccupation antifasciste dans les classes populaires à l’aile "gauche" de l’idéologie républicaine, l’aile "gauche" de la République du Capital ! Objectif que certains d’entre eux ont d’ores et déjà ouvertement révélé, avec leur apologie de l’union "antifasciste" autour de Manuel Valls…


    Nouveaux articles parus sur le sujet :

    Feu de Prairie :  Au sujet de l’antisémitisme moderne 

    OCML Voie Prolétarienne : On ne combat pas le système en applaudissant un antisémite, on ne combat pas le fascisme en soutenant le PS ! [Totalement d'accord que si l'État "interdit aujourd'hui Dieudonné, pourquoi n'interdirait-il pas demain les militants communistes" ou révolutionnaires, les militants ouvriers et progressistes ; il ne s'en est d'ailleurs jamais privé ("groupe Tarnac", "anarcho-autonomes", Contis, BDS, antifas etc.) ; tout comme la loi sur les signes religieux pourrait très bien être étendue aux symboles politiques notamment communistes (en théorie ils sont déjà proscrits par une circulaire de... 1936) et la loi sur la burqa permet aussi de punir les manifestants cagoulés ; ou comme d'aucuns réclament une "loi Gayssot pour l'idéologie criminelle communiste", etc. : c'est l'esprit même de l'idéologie républicaine francouille que de prétendre "combattre les extrémistes de tout bord", d'ailleurs même Vichy (avec Pucheu) prétendait cela... Pas d'accord en revanche avec l'affirmation libérale que "toute atteinte aux libertés, même celles de nos ennemis, peut demain s'étendre à nous". Les communistes, selon nous, doivent savoir être "pragmatiques" : si la branche national-républicaine de la Réaction fout sur la gueule de la branche "national-révolutionnaire tiers-mondiste antisioniste" antisémite, tant mieux, on ne va pas pleurer ! Simplement nous ne sommes pas dupes...]

    Alternative Libertaire : Dieudonné-Valls, ni peste ni choléra !

    Communiqué de la Campagne BDS France sur Dieudonné et Valls

    Comité Anti-impérialiste : Contre la mobilisation réactionnaire des masses

    Communiqué de l'UJFP

    Lire aussi : À quoi sert Dieudonné ? Et qui en profite ? de Pierre Stambul (UJFP)

     


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  • Les fêtes de fin d’année auront été marquées par un ‘spectaculaire rebondissement’ dans le très-médiatique ‘cas Dieudonné’, avec la ‘déclaration de guerre’ du Ministre de l’Intérieur, le (néo-) "socialiste" Manuel Déat Valls, à l’ex-humoriste devenu tribun fasciste des pires thèses ‘nationalistes-révolutionnaires’ et antisémites.

    quenelle2.jpgVoilà qui aura eu le double ‘mérite’ de renforcer, d’un côté, l’aura de ‘martyr du système’ de l’antisémite de la Main d’Or et, de l’autre, d’offrir un joli cadeau de Noël à tou-te-s celles et ceux qui depuis des années ont fait de réclamer sa tête leur raison d'exister en ce bas-monde : défenseurs plus ou moins fascisants de l’État sioniste bien sûr (de l’UEJF et SOS-Racisme à la LDJ), de la ‘démocratie occidentale’ et autres ‘valeurs de la République’ ; mais aussi certains milieux ‘antifas’ en perdition et (bien sûr) pseudo-maoïstes qui accompagnent, depuis un mois, d’articles quasi-quotidiens l’offensive (alors pas encore officiellement annoncée…) de la place Beauvau.

    "Lesmaterialistes.com" (vous les aurez reconnus !) ont produit depuis environ un mois un certain nombre d’articles sur la question, auxquels on ne peut dénier de dire beaucoup de choses très justes, notamment sur la manière dont l’antisémitisme imprègne culturellement la société ‘française’ et, ‘greffé’ sur les masses populaires ‘non-blanches’ en particulier ‘musulmanes’ (arabo-berbères, anatoliennes, sahéliennes), développe la division du Peuple et un climat de guerre civile (parallèlement à l’ultra-sionisme et au racisme anti-"arabes"/"noirs" qui s’empare des masses juives). Mais face à cela, que proposent-ils sinon… exalter ‘la Fraaaaaance’, sa ‘Grande Cultuuuuure’ (Le Nôtre & compagnie) et ses ‘Lumières’ ; autrement dit une construction historique d’exploitation et d’oppression dont l’apparition et le développement de l’antisémitisme sont indissociables [rouelle de ‘Saint’ Louis IX, persécutions et interdictions en tout genre, édits d’expulsion de Philippe le Bel (1306), Charles VI (1394), Charles VIII pour la Provence (1498) etc. etc.] : PARTOUT, en ‘France’ comme dans les Îles Britanniques ou la Péninsule ibérique, la naissance de l’État moderne a vu le début de la persécution systématique des Juifs, communauté ‘transnationale’ par excellence avant l’apparition des Roms ; cela ne s’est JAMAIS passé autrement et a duré jusqu’à ce que les grands mouvements libéraux des 18e-19e siècles amorcent une politique d’égalité civile, mais non sans violentes contradictions et réticences au sein de la bourgeoisie, à l’origine de l’antisémitisme exterminateur du 20e siècle : la ligne des "materialistes.com" est donc là dans une auto-contradiction totale… 

    L’article ci-dessous, publié sur Mediapart, malgré un certain côté gnangnan-idéaliste-gauche-de-la-gauche-de-la-gauche et un côté ‘la Fraaaaance’ version ‘multiculturelle’ (‘prolétariat international de France’ caractéristique de la ligne politique de son auteur, Yvan Najiels est un proche d’Alain Badiou et de son ‘Organisation politique’ ex-UCFML), a le mérite de remettre un peu chaque chose à sa place et de bien résumer la position qui est la nôtre et celle de tous les révolutionnaires authentiques.

    vallsPour qui a compris la société civile selon Gramsci, il est évident que les faux débats, les faux antagonismes, les faux "choisir son camp" sont un élément essentiel du dispositif d'enfermement du Peuple ; et qu’en l’absence d’hégémonie intellectuelle réellement communiste, pour les masses populaires engluées dans les valeurs dominantes (racistes, capitalistes, impérialistes, patriarcales), l’émergence de pseudo ‘rebelles antisystème’ à la Dieudonné et Soral est aussi normale qu’indissociable de la responsabilité du ‘système’ et de la ‘pensée unique’ dominante (blanche, impérialiste ‘humanitaire’, raciste assimilationniste, en un mot républicaine bourgeoise) qui l’engendre en réaction, et s’en sert ensuite d’épouvantail ! Rappelons simplement et basiquement les choses :

    - Le fascisme, cela peut être 1°/ au sens concret, comme réalité agissante, une force paramilitaire de la Réaction ultra, une militarisation de la société civile, du ‘sens commun’ au service d’une lutte contre-révolutionnaire à outrance ; MAIS 2°/ au sens idéologique, l’ensemble des MAUVAISES RÉPONSES, des FAUSSES SOLUTIONS, réactionnaires mais parfois (voire souvent) présentées comme ‘révolutionnaires’, sécrétées et diffusées par l’idéologie dominante (la société civile) face aux PLUS LÉGITIMES (mais souvent mal formulées) colères et aspirations des masses ; des ‘solutions’ qui, dans un contexte de crise également marqué par la montée des affrontements entre puissances capitalistes/ impérialistes et par la contre-révolution déchaînée, peuvent effectivement parfois consister en l’extermination de populations entières.

    - La multiplication (dans une société civile élaborée, avancée) des ‘réponses’ de ce genre, des ‘solutions’ et des boucs émissaires amène des propositions différentes et, éventuellement, concurrentes ; ces fameux faux débats qui enferment encore une plus grande partie des masses, ne pouvant résister à ‘choisir un camp’ et lui trouver des excuses face à la répulsion plus forte que lui inspire le ‘camp adverse’ : ultra-libéralisme/mondialisation ou étatisme/ dirigisme/protectionnisme/souverainisme chauvin ? Défense de la ‘démocratie’ impérialiste occidentale (incluant Israël) ou des ‘régimes courageux qui résistent’, aussi antipopulaires et criminels soient-ils (Russie, Iran, Syrie, hier Libye etc.) ? Le problème principal de la ‘France’ c’est l’immigration/l’islam/la ‘racaille’ ou le ‘Nouvel Ordre mondial’ dont les ‘sionistes’ seraient le pivot ? etc. etc.

    - Quoi qu’il en soit, le rôle des communistes est d’identifier, derrière les formulations quelles qu’elles soient, les légitimes questions posées et aspirations exprimées, et de leur apporter la juste réponse révolutionnaire qui convient.

    Arrachons-nous une bonne fois à ce règne triomphant du pseudo-débat de merde, à ces ‘guerres’ qui ne sont pas les nôtres !! Développons et diffusons la CONCEPTION COMMUNISTE DU MONDE !!!

    Unis dans leurs différences ; différences dont l’exaltation (façon ‘lévriers et caniches’ cf. Serge Ayoub) comme la négation (au profit de petits soldats-robots statistiques de la production de plus-value) sont les deux faces d’une même machine de domination ; les Peuples d’Hexagone combattront l’État BBR du Capital comme les doigts d’un poing uni !

    Et l’Occitanie révolutionnaire, libre et socialiste que nous voulons, comme le pressentait la progressiste Simone Weil dans son exil marseillais il y a 73 ans (lorsqu'il était minuit dans le 20e siècle), sera la résurrection (à un niveau supérieur) de l’Andalus du Nord d’il y a 1000 ans, l’Occitanie de Maïmonide et Abraham ibn Ezra où la synagogue et la mosquée côtoyaient l’église romane et le temple cathare : une nouvelle Andalus du Nordne sera tolérée aucune haine des Juifs ni de personne, sur quelque critère que ce soit ; ni Zemmour ni Soral, ni ‘Riposte laïque’ ni Dieudonné, ni Gabriac ni Mohamed Merah, ni Ayoub ni LDJ ; tout ce ‘beau monde’ ira réfléchir en cassant des cailloux sous le soleil de plomb du Larzac !


    Ni Dieudonné, ni national-républicanisme !

    |  Par Yvan Najiels

    Face à la galaxie peu ragoûtante dont Dieudonné et Soral sont les chefs se développe un discours qui, avec Valls, Bruckner ou Tribalat, en appelle à des "valeurs communes" que pourrait en fait résumer le nom "Occident", pour faire front contre le comique perdu passé d'Elie Semoun à (ni) Égalité & (ni) Réconciliation. 

    blog--FN-stigmatise-Valls.jpgIl est hors de question d'accorder le moindre crédit à ces fêlés de la République française parce que précisément, ils ont, par leur racisme de salon, leur haine depuis longtemps distillée du prolétariat international de France et leur venin civilisé, une responsabilité inouïe dans la situation pourrie actuelle sur laquelle fleurit aussi une islamophobie absolument décomplexée. Qu'ils accusent, de façon à peine camouflée, Alain Badiou d'antisémitisme (pour mieux paraphraser son "De quoi x. est-il le nom ?"), finit de dire - si c'était nécessaire - à quels défenseurs de l'Occident on a ici affaire...

    Michèle Tribalat, signataire du texte mis en lien, est une islamophobe de choc. Elle est régulièrement invitée par un Finkielkraut qui, chaque samedi matin, transforme France Culture en Radio Courtoisie pour y déverser sa haine de la France au peuple multinational. C'est dire si ces deux-là s'aiment au nom de leur "identité malheureuse".

    Il n'y a pas d'échelle des haines, ni de gens dont la proscription est plus tolérable que d'autres (quoi qu'en pense une partie de la gauche). Les propos de Tribalat contre les minarets ou la Turquie musulmane ne valent pas mieux que Camille Chautemps craignant un trop grand nombre "d'israélites" étrangers en France en 1938 (cf. Jablonka) et le Papon du 17 octobre 1961 n'est pas moins odieux que celui de 1942.

    Il faut savoir que les signataires de ce texte, en service commandé du CRIF (antenne du consensus colonial anti-Palestiniens israélien en France), sont des gens dont la "pensée" est homogène à cette phrase de Roger Cukierman en 2002 et au lendemain de la présence du vieux Le Pen au second tour des Présidentielles, à savoir que cela "apprendr[ait] aux musulmans à se tenir tranquilles".

    Le piège - grossier, il faut bien le dire - est celui-là. Il ne faut pactiser avec aucun diviseur de l'humanité. Dieudonné est abject mais ces tristes sires républicains aussi. La clique Tribalat et la clique antisémite - dont certains énergumènes s'abonnent à Mediapart pour déverser leur insatiable haine - s'aiment au fond de détester ensemble. Ils se nourrissent les uns les autres. Qu'ils se mettent sur la figure s'ils le veulent - sans moi.

    La haine proprette mezzo voce des fous furieux de la République pour les banlieues de ce pays fait le succès de Soral et Dieudonné. À dire aux enfants de France venus des ex-colonies qu'ils sont des immigrés, des étrangers, des délinquants, des salafistes, des abreuvés de haine antisémite et de tournantes, la République qui se croit (mais qui le croit ?) juste et bonne fait prospérer Soral et sert le Front National dont le comparse de Dieudonné est une pièce non négligeable. 

    Le texte de Tribalat, Tarnero et consorts est un texte infâme qui veut profiter de l'aubaine Dieudonné pour un peu plus taper sur les cités populaires et proscrire un peu plus encore ses habitants. Nos cinglés de la nation et de la Reconquista de ses "territoires perdus" passent, comme Dieudonné, leur temps à soutenir qu'être juif c'est être sioniste (ce qui est évidemment éminemment contestable) pour ensuite, face à l'entremêlement de ces deux catégories dans certains discours, crier à l'antisémitisme. Appelons-les donc par leur nom : pompiers pyromanes. 

    des-supporters-de-dieudonne-font-le-salut-de-la-quenelle-de.jpgEn cela, les deux cliques qui se font face sont homogènes. Celle de Dieudonné/Soral fait un peu dans l'extrême-droite type Vergès [*] réduisant "l'Occident" à ses Juifs pour ramener les adeptes du "socialisme des imbéciles" (comme disait August Bebel) au bercail fasciste classique ; tandis que l'autre présente mieux parce qu'ayant une place de choix dans les médias du consensus raciste et islamophobe blanc (Zemmour et Finkielkraut sont au moins une fois par semaine à la télé ou à la radio) et se présentant plus qu'abusivement comme du bon côté de l'histoire (son rapport au CRIF montrant une captation de la mémoire du judéocide nazi au profit du sionisme et de l'Occident blanc) pour promouvoir une politique extrêmement réactionnaire à l'image de celle de Netanyahu et Peres mais également de Bush : défense de l'Occident contre les "barbares" orientaux mahométans.

    De ce point de vue, on peut donc dire que la chute du camp "socialiste" a fait éclater l'extrême-droite d'antan en deux. Le groupe Occident gueulait en 68 "Les Bolchos à Dachau !" tout en regrettant l'Algérie française. Les tâches sont aujourd'hui réparties entre groupes aussi opposés en apparence que proches en vérité l'un de l'autre dans leur haine de l'humanité générique. C'est pourquoi il faut les combattre l'un et l'autre avec la même véhémence. 

    Ne mangeons pas de ce pain-là, pour paraphraser Benjamin Péret.


    ---------------------------------------

    Je renvoie par ailleurs et sur ces questions au très bon entretien donné par Julien Salingue, spécialiste de la question palestinienne contemporaine et cible d'Alain Soral qui, pour l'occasion, est entré dans une régression anale qui aurait sans doute intéressé Sigmund Freud.

    http://www.femmesdechambre.be/julien-salingue-au-dela-des-quenelles-il-faut-remettre-du-politique/

    [Voir aussi l'article qui a valu au Julien Salingue en question la vindicte soralienne, intéressant : Alain Soral, national-socialiste décomplexé]

    Autres articles sur le même thème : Dieudonné, quenelle, Valls, fascisme : quelques mots ! 

    Affaire Dieudonné/Valls : antisémitisme télévisé ou xénophobie d’État, faut-il vraiment choisir ?

    Roger Cukierman, ce brillant VRP de Dieudonné

    Comme critique de la clique Dieudonné-Soral et de sa (désormais tristement) célèbre ‘quenelle’, il y a l’excellent site Quartiers Libres ; voix qui a le mérite de venir de la principale ‘cible’ politique des deux ‘antisystèmes’ : les colonies intérieures des ‘quartiers’ (lire l'article en lien et rechercher 'quenelle' dans le moteur du site). Ou encore, sur le site d'Alternative Libertaire, ce texte d'un ancien partisan "repenti" de l'"humoriste" : Pourquoi Dieudonné n'est pas fréquentable


    * Formule absolument excellente, mais que Najiels aurait pu approfondir en expliquant en quoi consiste exactement cette "extrême-droite à la Vergès" : un courant apparu dans les 1960, qui fait de l'affirmation de l'impérialisme BBR vis-à-vis de la superpuissance US l'aspect principal, quitte à flatter une certain "tiers-mondisme" à faire hurler la "bonne vieille" extrême-droite traditionnelle, "Occident chrétien", "Algérie française"... et souvent pro-israélienne en mode "Vive Israël, mort aux youpins". L'idée est de rendre à l'ancienne deuxième puissance mondiale son "rang" international en en faisant la "protectrice" du "tiers-monde" face à un "impérialisme" exclusivement anglo-saxon et "sioniste" (soutenant Israël), ce qui permet "accessoirement" de recycler les vieilles lunes antisémites d'antan (les gouvernements seraient "à la botte d'Israël", petit État de 7 millions d'habitants, ce qui démontrerait définitivement que "les Juifs contrôlent le monde" : anti-impérialisme des imbéciles pour le coup), et rappelle en effet la ligne de l'Allemagne nazie ou de l'impérialisme japonais avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. Soral, depuis sa tentative d’infiltration du PC au début des années 1990, et Dieudonné son poulain et rabatteur depuis 2004-2005, s'inscrivent clairement dans ce courant où évoluait aussi Jacques Vergès, qui a des connections dans les grands partis bourgeois (Didier Julia et d'autres à l'UMP, Roland Dumas au PS) et qui a "satellisé" énormément de monde avec la décomposition du mouvement communiste/progressiste/anti-impérialiste dans les années 1980-90... Mais ce courant ne les a pas attendu pour exister, existerait très certainement sans eux et n'est pas le seul de l'impérialisme (et donc du fascisme) BBR, rien ne justifiant qu'il soit "plus à combattre" qu'un autre… 

    SLP ne voit pas plus aujourd'hui qu'hier de raisons de réviser la position qui est la sienne depuis le début : Dieudonné, "antiraciste" provocateur et assez narcissique au début des années 2000, est clairement devenu (depuis sa rencontre avec Soral) un tribun et un propagandiste de thèses fascistes, réactionnaires et antisémites ; mais son ASPECT PRINCIPAL, que démontre sans ambiguïté son hyper-médiatisation (pour ou contre lui !), est avant tout d'être (à la fois) un ÉPOUVANTAIL et une VOIE DE GARAGE : épouvantail pour la "démocratie"/"république" bourgeoise impérialiste bien-pensante, les défenseurs de l’État sioniste etc., pour faire de toute contestation envers eux une résurgence "rouge-brune" de la "peste totalitaire" dont l'antisémitisme serait le point de ralliement ; mais, contrepartie inévitable pour ne pas dire voulue, à mesure que Dieudonné est "diabolisé", il devient un "héros", un "résistant" et donc une voie de garage politique stérile pour toute une partie des masses, à qui aucune force conséquente ne donne de véritable perspective révolutionnaire ; tout cela s'alimentant réciproquement en permanence. Ainsi, pendant que toute une jeunesse populaire potentiellement révolutionnaire fait la "quenelle"... et toute une autre du combat contre celle-ci le nec plus ultra de l'engagement militant, la bourgeoisie, elle, comme le clamait Warren Buffet il y a quelques années, mène tranquillement sa guerre de classe et est en train (pour le moment) de la GAGNER. Aujourd'hui, la "diabolisation" de Dieudonné a fait de sa "quenelle" un phénomène de société obligeant, dans un mouvement de balancier, ladite "diabolisation" à franchir un nouveau cran, et ainsi de suite... tout cela menant dieu-sait-où, mais probablement nulle part sinon dans un mur, jusqu'au jour où le véritable fascisme sortira du bois, sous les formes qui ont toujours historiquement été les siennes, en 1940 comme en 1958. Alors, tant ceux qui auront suivi le "grand mal-pensant" de la Main d'Or que ceux qui auront voué toute leur énergie militante à le combattre apparaîtront comme les tristes dindons d'une effroyable farce. 

    La "fascisation rampante", la montée du fascisme en situation de crise générale, est une réalité ; Dieudonné s'y inscrit et la sert ; mais son "mouvement" informel n'est pas le CŒUR du problème, qui se trouve dans des officines beaucoup plus bourgeoises, distinguées et "blanches". Il est un rabatteur du mouvement de Soral (Égalité & Réconciliation) et a certainement contribué à populariser les thèses de cette "extrême-droite type Vergès" ("tiers-mondisme" au service de l'impérialisme BBR et "socialisme" puisé dans Rerum novarum, Soral apparaissant de plus en plus comme un agent d'une officine catho-décadente, peut-être l'Opus Dei) ; mais celle-ci, on l'a vu, lui préexistait et aurait sans doute trouvé d'autres canaux d'expression que lui en son absence. Tout comme le négationnisme, dont rien ne prouve qu'il ait beaucoup plus d'adeptes aujourd'hui qu'avant le "phénomène". Quant à l'idée que la Shoah a bel et bien existé et que c'est épouvantable, mais que l'on en fait "un peu trop" autour, que "d'autres peuples ont souffert" et que l'on "n'en parle presque jamais" etc. etc., c'est une idée qui s'est répandue depuis les années 1990 à mesure que s'affirmait le "devoir impératif de mémoire" de l'Holocauste et Dieudonné (qui disait finalement plus ou moins cela au début des années 2000, avant "l'affaire") en est un PRODUIT et non le "père" intellectuel. Il est là encore difficile de dire si elle a beaucoup progressé depuis 10 ans et, le cas échéant, si c'est surtout à cause de Dieudonné ou à cause d'utilisations effectivement indignes et crapuleuses de la mémoire des 6 millions de victimes juives du nazisme (au service qui de la politique criminelle israélienne, qui de l'"absolution" ou de la minimisation de tous les autres crimes impérialistes passés et même de la justification des présents, par la "nazification" systématique de l'adversaire)...

    Surtout, le "mouvement dieudonniste", s'il popularise un discours fasciste et réactionnaire, n'est ni idéologiquement ni organisationnellement capable de devenir un mouvement fasciste au sens de FORCE DE FRAPPE ultra-réactionnaire. Idéologiquement et organisationnellement, c'est une forteresse de sable. Il y a probablement autant de gens qui font la "quenelle" que de significations qui lui sont données ; 90% y voient sans doute effectivement un "bras d'honneur au système" et ne comprennent pas ce qu'elle signifie en réalité ; tandis que ceux qui la comprennent et la font en connaissance de cause, éventuellement dans des lieux "symboliques" de la communauté juive ou de la Shoah, sont souvent DÉJÀ des militants fascistes (ou islamistes) à la base. Enfin, on l'a dit, non seulement l'idéologie fasciste en Hexagone ne se résume ni au tandem Dieudonné-Soral, ni même au courant dont ils sont les représentants les plus visibles (autant grâce à leurs ennemis qu'à leurs partisans !), mais il existe nombre d'autres courants qui les critiquent et même les dénoncent ! Ainsi, un phénomène tout aussi marquant (sinon plus !) que Dieudonné ces 10 dernières années, c'est selon nous l'apparition de toute une extrême-droite (Renaud Camus, "Riposte laïque", exemples parmi beaucoup d'autres) qui non seulement n'est pas antisémite ni négationniste mais rejette même ouvertement cela et en fait une "ligne de démarcation absolue" (se centrant généralement sur une dénonciation enragée de "l'islam"), sans invoquer aucune "liberté d'opinion" que ce soit, acquérant ainsi une "respectabilité" qui lui ouvre des autoroutes politiques. Sous ce "parapluie de respectabilité" que lui confère (prétendument) le fait d'être anti-Dieudonné, la condamnation du "nouvel antisémitisme" ou encore (parfois) le rejet "de principe" de toute "fréquentabilité" du FN, le discours peut parfois aller extrêmement loin - en s'attirant tout de même à un moment donné (faut pas désespérer !) quelques remontrances du CRAN relayées par L'Humanité

    En fait, si le "mouvement dieudonniste" a une (autre) caractéristique principale, c'est de capter plus que n'importe quel autre des personnes qui devraient normalement aller vers le mouvement communiste. Sur ce plan-là, oui, il mérite qu'on lui donne de l'importance. Les communistes doivent absolument briser cet abominable cercle vicieux, cette mécanique auto-reproductrice qui derrière Dieudonné ou contre lui détourne des milliers de personnes de la véritable actualité : la révolution prolétarienne. Cela ne peut, en réalité, pas se faire négativement (en "rendant coup pour coup" contre Dieudonné et ses thèses) mais POSITIVEMENT : en PROPOSANT la véritable hégémonie intellectuelle révolutionnaire dont le "dieudonnisme" ne fait que venir combler l'absence de la pire manière qui soit ; pour, comme le dit l'autre article mis en lien, "non pas 'interdire' Dieudonné mais l’écraser". Les communistes ne doivent pas avoir peur de dire tout ce qui précède haut et fort, car telle est la juste compréhension marxiste de la question ; ils ne doivent pas céder au terrorisme intellectuel de toute une nébuleuse pseudo "progressiste", "antifasciste" et même "maoïste" désormais bien connue pour qui c'est être dieudonniste que de dire cela, que de "renvoyer dos à dos Dieudonné et ses critiques" ("démocrates" bourgeois impérialistes, national-républicains à la Finkielkraut, fana-sionistes et compagnie), que de refuser le piège mortel de l'"antifascisme" bourgeois [dans lequel "lesmaterialistes" tombent cette fois-ci explicitement et à pieds joints, en prétendant sans peur aucune du ridicule que leur "antifascisme sincère, populaire et cultivé" a "obligé l’État bourgeois français à réfuter en catastrophe Dieudonné et la peste antisémite qui se diffuse à grande vitesse" - l'explosion du mur du çon confine cette fois au dangereux, lorsque l'on refuse aussi aveuglément de voir les ficelles du cirque médiatique national-républicain vallsien !].

    Nous, communistes, prétendons mener une guerre totale contre le système capitaliste et son appareil politico-militaire et idéologique ; et non le dédouaner de la responsabilité des monstres fascistoïdes qu'il engendre ! L'antifascisme populaire révolutionnaire, c'est comprendre que le cœur du problème s'appelle le Capital !

    **********************************************************************************************************************

    Sur la question de l'"antisionisme" de Dieudonné, nous pouvons donc en définitive résumer les choses de la manière suivante :

    - Les tenants de l'impérialisme français ont aujourd'hui à peu près tous pris acte de sa perte de rang définitive au niveau mondial. Il n'y a pratiquement plus (à part Dupont-Aignan ? ou Asselineau ?) de tenants d'une France "seule contre tous". La question qui se pose est donc celle des alliances géopolitiques pour pouvoir (un peu) exister internationalement. C'est là que les clivages apparaissent.

    - Il y a une vision "social-impérialiste" qui voudrait s'appuyer sur la Russie, la Chine, les "BRICS" en général, l'Iran, l'ALBA etc. avec pour ennemi principal les États-Unis et leurs alliés : Angleterre, Japon, ISRAËL etc. Beaucoup d'antisionistes politiquement "limités" tombent malheureusement dans les pièges de cette tendance. On le voit bien chaque fois que les USA attaquent des personnages aussi "sympathiques" que Mouammar Kadhafi, Bachar el-Assad, Viktor Ianoukovitch ou hier Saddam Hussein. En même temps, ce genre d'impérialisme (à la Vergès, Dumas, Soral) est un impérialisme HONTEUX dont l'existence est objectivement une bonne nouvelle, même si l'aspect "piège" est un réel problème pour le mouvement progressiste. L'impérialisme de 1910 ne s'embarrassait pas de telles contorsions intellectuelles et faux-semblants : l'Europe était "légitime" (au nom de Dieu, de la République ou de la Civilisation) à dominer. Quelque part, il y a eu du progrès en 100 ans...

    - Il y a ceux qui veulent la Russie mais pas la Chine, l'Iran, les Arabes, les Sud-Américains bref le "tiers-monde". Il y a ceux pour qui cela implique de dénoncer le sionisme ; et ceux pour qui au contraire Israël est une pièce importante du dispositif anti-islam, et qui voudraient que la Russie le comprenne (Guillaume Faye).

    - Il y a ceux pour qui la France doit rester (comme "c'est sa tradition") alignée sur les USA et un soutien d'Israël. Évidemment ceux qui soutiennent à fond (dans tous ses crimes effectifs ou possibles) l'État sioniste vont se retrouver naturellement dans ce camp-là (à moins qu'ils ne considèrent plus les États-Unis comme un soutien fiable et commencent à regarder du côté de la Russie, cela existe).

    - Mais finalement, lorsque l'on regarde du côté de l'Ukraine et que l'on réalise dans quelle nouvelle Guerre froide nous sommes, on se dit qu'entre des gens avec des options géopolitiques aussi différentes, cela ne peut pas bien se passer. Les affrontements géopolitiques mondiaux vont forcément se refléter entre les propositions géopolitiques au sein de l'impérialisme bleu-blanc-rouge. On ne va pas s'envoyer des missiles dessus, mais au niveau du "débat d'idées" et (éventuellement) de l'emploi d'armes juridiques, voire de faire le coup de poing, il va y avoir "du sang sur les murs". La tendance "atlantiste", pro-US et pro-Israël est encore sans doute majoritaire (c'est la ligne de la grande majorité du PS au pouvoir et c'était celle de Sarkozy et de la majorité de l'UMP sous le mandat précédent) mais en perte de vitesse, d'où ses réactions de panique de plus en plus brutales vis-à-vis du succès croissant de Dieudonné et de la "proposition" géopolitique à la fois "eurasiste" et "tiers-mondiste" qu'il incarne. Ceux qui veulent s'appuyer sur les "émergents" montent en même temps (sur leurs scènes nationales respectives) que les "émergents" sur la scène internationale, c'est mathématique. Mais ils se heurtent forcément à de sérieux barrages d'artillerie médiatique.

    - Dieudonné se dit "résistant" et "persécuté" par un "système" qui serait "dirigé par le CRIF", par le "lobby sioniste" etc. etc. Mais la réalité c'est qu'il a tout simplement voulu jouer au con et s'est foutu dans ce qu'il faut bien appeler une GUERRE ; et il a compris à ses dépens ce que ce mot voulait dire. Il s'est pris des coups dans la gueule à la mesure (rationnelle ou pas) de la menace que le camp d'en face percevait en lui. D'où son mélodrame. Point à la ligne. Des dizaines d'antisionistes sont agressés par la LDJ chaque année et n'en font pas toute une histoire, ni ne disent que la France et le monde sont gouvernés par un lobby sioniste tout-puissant : ce sont tout simplement les risques de la lutte. On est contre la colonisation et l'apartheid israélien, il est logique que ceux qui sont pour n'apprécient pas et le fassent savoir. Les flics, les fascistes et autres nervis universitaires (UNI etc.) qui défendent l’État capitaliste le font eux aussi régulièrement savoir aux militant-e-s qui contestent l’État et le capitalisme.

    - Nous, c'est simple : nous rejetons TOUS LES IMPÉRIALISMES et les saloperies de l'un ne sont JAMAIS une justification aux saloperies de l'autre. C'est beaucoup plus simple et cela aide à vivre sereinement...

    *************************************

    Autre excellent texte à lire, par le Comité Anti-Impérialiste (ex-AGEN, maoïste) :

    Et puis bon... (MàJ 2017) le texte FONDAMENTAL pour ce que l'on pourrait appeler "comprendre Soral", le "phénomène" Dieudonné-Soral et son emprise sur toute une jeunesse populaire ; est et restera quand même pour longtemps celui-ci :

    http://indigenes-republique.fr/en-finir-avec-le-soralisme-en-defense-des-lascars-de-quartiers-comme-sujets-revolutionnaires/


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  • ... ce qu'il s'est passé dans les disons 20 années suivant l'indépendance (proclamée il y a 210 ans jour pour jour) ; et comment cela a mené à la situation, tragique comme on le sait, de ce pays aujourd'hui :

    http://ekladata.com/Le-caporalisme-agraire-Haiti-Ayiti.pdf

    Haïti : une documentation pour comprendre...

    Haïti : une documentation pour comprendre...


    Lire : http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/haiti-la-malediction-c-est-l-imperialisme


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