• Marx Lenin EngelsDepuis les origines du marxisme et de l’époque de la révolution prolétarienne, et – en tout cas – clairement depuis le stade léniniste du développement de la science marxiste, il est communément admis que la révolution émancipatrice du prolétariat et des masses populaires a, en plus de l’ennemi de classe (la bourgeoisie capitaliste et son État, les forces contre-révolutionnaires), deux ‘ennemis internes’ qui entravent son avancée vers la victoire : l’opportunisme et le gauchisme. Lénine a, littéralement, forgé le léninisme et le Parti bolchevik dans la lutte contre l’opportunisme (réformiste, social-chauvin etc.) qui rongeait à son époque la 2e Internationale. Concernant le gauchisme, son ouvrage de référence (la Maladie infantile du communisme, 1920) aborde surtout la question des ‘communistes de conseil’ qui, au nom du ‘pouvoir ouvrier’, rejettent le rôle du Parti (l’avant-garde la plus consciente et organisée des classes exploitées) dans la mobilisation révolutionnaire des masses vers le communisme ; mais aussi celle du refus ('puéril'), par certains éléments du mouvement communiste (en Allemagne, Hollande, Grande-Bretagne etc.), au nom de la 'pureté des principes', de participer aux élections bourgeoises et aux syndicats réformistes, alors même que les masses croient encore largement en ces instruments d'encadrement de leurs luttes par la bourgeoisie. Il est possible, en réalité, d’élargir cette analyse à toutes les forces agissantes qui ont une compréhension dogmatique de la science marxiste, persuadées d’en détenir la meilleure compréhension et d’en être les ‘gardiennes absolues’ ; et une attitude sectaire (‘chauvinisme d’organisation’) et 'puriste' ('nous et nous seuls possédons la juste compréhension du socialisme scientifique') vis-à-vis des autres forces du mouvement révolutionnaire et du mouvement social organisé en général, et vis-à-vis des masses populaires ‘en marche’ vers la conscience révolutionnaire de leurs intérêts de classe : nous appellerons ces forces les ‘dogmato-sectaires’, ou simplement, les ‘sectaires’. D'une manière générale, l'on pourrait élargir l'analyse léniniste à la dichotomie suivante : opportunisme = tout ce qui, au lieu de guider le mouvement réel de la lutte de classe vers la révolution et le communisme, se place à sa remorque en le maintient dans les limites de l''acceptable' pour la classe dominante ; gauchisme = tout ce qui, par aventurisme, ultra-radicalisme 'plus révolutionnaire que moi tu meurs', dogmatisme, sectarisme, et dans tous les cas compréhension erronée du monde, des contradictions motrices et du mouvement réel (en version "on est les seul-e-s vrai-e-s de vrai-e-s"), agit comme une force 'stérile', voire de répulsion vis-à-vis des masses exploitées en lutte, et non comme une force d'attraction et de direction sur le chemin de la révolution.

    Une autre (dure) loi historique est que, dans les périodes où le mouvement émancipateur du prolétariat et des masses populaires est sur la défensive, en reflux stratégique, comme c’est le cas depuis 25 ou 30 ans, ces deux forces (opportunisme et gauchisme dogmato-sectaire) qui prennent en tenaille le mouvement tendent à l’hypertrophie, car elles sont perçues dans les franges les plus avancées des masses, l’une comme un ‘mieux que rien’, l’autre comme un réflexe de défense (c’est, nous y reviendrons, la conception erronée selon laquelle, lorsqu’un mouvement révolutionnaire et l’idéologie pce - cartellqui le guide subissent une défaite, la cause principale en est dans les assauts de l’ennemi et – surtout – dans les ‘traîtres’, les ‘cinquième colonnes’ en son sein, et non dans les faiblesses et les limites de l’idéologie-guide elle-même).

    La Commune de Paris fut écrasée au bout de 73 jours, enterrant du même coup le ‘rêve’ que la phase avancée, démocratique de la révolution bourgeoise puisse ‘embrayer’ immédiatement sur la révolution socialiste du prolétariat organisé ; tandis que 60 années séparent la Révolution d’Octobre 1917 de la contre-révolution denguiste en Chine et de la ‘Constitution du Peuple tout entier’ en URSS (triomphe à la romaine du révisionnisme), début d’un processus de reflux stratégique mondial conduisant à la capture de Gonzalo et à la défaite de la Guerre populaire au Pérou, au baisser du drapeau rouge sur le Kremlin, au triomphe des ‘accords de paix’ en Afrique australe, en Amérique centrale, au Proche-Orient etc., et à la proclamation de la ‘Fin de l’Histoire’ par le ‘néolibéral’ Fukuyama. Mais nous vivons, à vrai dire, une époque assez similaire à celle (la ‘Belle époque’) qui a suivi, dans le ‘monde civilisé’, les fusillades de la Semaine sanglante : un capitalisme en crise générale, structurelle, de son mode de fonctionnement même (1873-1945, et depuis le début des années 1970), et plongé dans une fuite en avant militariste et une ‘guerre civile non-déclarée’ contre les masses laborieuses ; et en face… En face, il est possible de paraphraser ce que disait Lénine au sujet des attentats anarchistes individualistes qui, à son époque, frappaient régulièrement présidents, ministres et autres têtes couronnées (ces anarchistes avaient cependant, au moins, le mérite de traduire leurs idées en actes…) : le gauchisme (dans sa composante dogmato-sectaire comme dans sa composante aventuriste insurrectionnaliste) est la RANÇON de l’opportunisme et de la trahison des réformistes qui se sont mis à la tête des masses en lutte pour leur émancipation. Là est la racine historique de l’étau qui enserre le mouvement révolutionnaire du prolétariat et des classes populaires, et que celui-ci doit parvenir à briser.

    pcf bbrÀ cela s’ajoutent des facteurs liés à l’histoire et à la ‘formation psychique’ de chaque pays du monde. Par exemple, dans l’État bourgeois où nous nous trouvons, la ‘République française’ (‘une et indivisible’), il y a le facteur historique de la confusion entre la ‘pointe’ démocratique radicale de la révolution bourgeoise (été 1793 - été 1794) et le début d’une révolution prolétarienne ; d’où la vision, répandue, de la révolution socialiste en Hexagone comme ‘point final’ au processus commencé par la 1ère République, le poison du jacobinisme, du social-républicanisme, du social-patriotisme, de la posture ‘social-cocardière’ qui nourrit en abondance les courants opportunistes (comme les ‘communistes’ du Front de Gauche, les 'orthodoxes' marchaisiens à la André Gerin, ou les ultra-chauvins du PRCF, qui n'hésitent pas à frayer avec des 'souverainistes' réactionnaires dans le 'Comité Valmy'). Ou encore, si l’on ne perd pas de vue que la ‘France’ ‘laïque’ a été le berceau du catholicisme démocratique et social (avec Lammenais), la vision du marxisme comme un ‘humanisme radical’ (et non comme un dépassement, par la scientificité matérialiste, de l’humanisme démocratique idéaliste des révolutions bourgeoises), vision idéaliste qui a pu conduire assez loin un certain Roger Garaudy, par exemple : 'communiste' se définissant comme un 'humaniste radical' avant de revenir à une vision religieuse du monde (catholicisme, puis islam), incapable de comprendre que ce sont les conditions matérielles qui ont fait des Juifs persécutés d’Europe, une fois installés comme colons en Palestine, FRANCE---PRCF-30-Septembre-2012des oppresseurs, il n’a pu trouver de porte de sortie à cette quadrature du cercle que dans la négation du génocide des Juifs par les nazis, qui aurait été une ‘invention’ des impérialistes vainqueurs et des sionistes pour 'justifier la création d’Israël'. Il y a aussi les lignes contradictoires de la bourgeoisie impérialiste sur les ‘questions internationales’, liées à la situation spécifique de l’impérialisme BBR : un ‘impérialisme Poulidor’, ‘éternel second’ depuis qu’il est impérialisme (depuis le Second Empire), jamais première puissance mondiale (jusqu’en 1940, c’était l’Empire britannique, depuis 1945, c’est l’impérialisme US) ; et donc, ‘écartelé’ entre sa position d’impérialisme face aux ‘émergents’ aujourd’hui et au bloc social-impérialiste soviétique hier, aux nationalismes bourgeois, sans même parler des mouvements révolutionnaires de libération ; et son rapport tourmenté au ‘n°1 mondial’… Une ambivalence dans le positionnement international qui permet, du coup, à des révisionnistes et des ‘radicaux’ de tout poil (parfois rejoints par des ‘marxistes-léninistes’ voire des ‘maoïstes’…), de se faire passer pour ‘anti-impérialistes’ alors qu’ils se font en réalité, en soutenant tel ou tel régime ‘victime de l’Empire’ (= de l’impérialisme US), les porte-voix des courants ‘anti-atlantistes’ des monopoles BBR, hostiles à l’hégémonie mondiale US et aux courants impérialistes hexagonaux 'alignés' sur l'Oncle Sam.

    Jean Paul SartreVoilà (globalement) pour l’opportunisme, le révisionnisme, le social-républicanisme et le social-chauvinisme ; mais le gauchisme dogmato-sectaire a lui aussi ses racines, profondes, dans les spécificités culturelles ‘françaises’ : tout ce qui précède a, en effet, profondément imprégné les dirigeants issus de la classe ouvrière (en fait, plutôt de son aristocratie), les maintenant, au bout du compte, dans les limites d’un social-républicanisme et d’un trade-unionisme ‘radical’, et laissant, de ce fait, le champ libre de la ‘radicalité révolutionnaire’ aux intellectuels, au ‘monde universitaire’, enseignant, 'lettré’ etc. qui est, il ne faut pas l’oublier, une ‘institution-pilier’ de l’édifice idéologique BBR, mais aussi un ‘vivarium de sécurité’ dans lequel la classe dominante maintient les drôles de bêtes (potentiellement) venimeuses de la ‘radicalité critique’, qui peut ainsi s’exprimer (‘on est en démocratie, tout de même !’) sans trop menacer l'ordre social existant. Bien sûr, lorsqu’ils sont ‘connus’, lorsqu’ils rencontrent succès et écho de masse (en plus de l’ascension professionnelle, des chaires universitaires, des conférences grassement rémunérées etc.), ces intellectuels passent presque sans exception dans le champ de l’opportunisme (généralement, version ‘humanisme radical’, ‘ultra-démocrate’). Mais les ‘pas connus’, les ‘obscurs’, comme nous y reviendrons ci-après, forment réellement la base sociale du dogmato-sectarisme.

    Cela, en tout cas, fait que le gauchisme et, en particulier, le gauchisme dogmato-sectaire, est réellement (historiquement) un fléau en ‘France’ plus qu’ailleurs, pour ces raisons d’héritage historique précises : la prépondérance, l’hypertrophie du rôle des intellectuels dans l’histoire en mouvement, déjà à l’époque de la révolution bourgeoise (1750-1870), avec l’importance des ‘philosophes’, juristes et ‘hommes de lettres’ par rapport à la classe révolutionnaire bourgeoise proprement dite (entrepreneurs, paysans aisés, capitalistes urbains et ruraux), si l’on compare par exemple avec les révolutions benny-levy.1195736004anglaises ou la révolution américaine (avant tout menées par des chefs d’entreprises, des négociants, des ‘planteurs’ agro-capitalistes), et, par la suite, à l’époque de la révolution prolétarienne, dès l’émergence (années 1830-40) de la ‘question sociale’. Une prépondérance liée à la fonction sociale quasi sacralisée du ‘monde des idées’, des 'lettrés’, des 'ouvriers de la pensée’ (comme certains allèrent jusqu’à se définir eux-mêmes...) au pays de Descartes (cogito ergo sum, ‘je pense, donc je suis’).

    C’est dans cette perspective qu’est rédigé l’article qui suit ; lequel permettra en même temps (la critique communiste se devant d’être constructive) d’aborder quelques points essentiels du matérialisme dialectique. C’est là, encore une fois, une bataille de CONCEPTION et de COMPRÉHENSION (communiste) DU MONDE – en l’occurrence, plus particulièrement, du phénomène ‘révolution prolétarienne’, ‘négation du capitalisme par le communisme’. Ceci est le rôle d’un média révolutionnaire ; ce qu’est Servir le Peuple.

    En finir avec le dogmato-sectarisme est une tâche essentielle pour la renaissance du mouvement communiste ! 

    1. L’ignorance dogmato-sectaire de la concentricité des forces populaires en lutte contre le capitalisme.

    Un trait caractéristique du sectarisme, c’est que son activité consiste, en fin de compte, à tirer à ‘boulets rouges’ sur… TOUTES les forces révolutionnaires et progressistes qui ne relèvent pas de sa petite chapelle ; bien plus que sur l’ennemi de classe – les dominants, exploiteurs et oppresseurs des classes populaires travailleuses. C’est une attitude absolument lamentable et, sans doute, l'un des principaux facteurs qui détourne les larges masses du peuple de s’engager dans le chemin de la révolution. Pour se comporter ainsi, déjà faudrait-il (c’est bien la moindre des choses) avoir une conception correcte de la société future que nous voulons et du chemin pour y parvenir, et une compréhension correcte du monde qui nous entoure et de son histoire – ce qui n’est pour ainsi dire jamais le cas. Mais même, en admettant, qu’une quelconque organisation ait la compréhension et la conception du monde et de la révolution la plus parfaite que permette la science marxiste à ce jour... est-ce là une attitude correcte ? NON, cela ne l’est pas, et nous allons voir pourquoi.

    Ce que ne comprennent pas les sectaires, en réalité, c’est la CONCENTRICITÉ du ‘niveau de conscience’ révolutionnaire, dans les forces organisées du prolétariat et des masses populaires qui cherchent une porte de sortie à l’enfer quotidien imposé par un capitalisme en pourrissement généralisé. Voilà bien un élément, dont une caractéristique du sectarisme est de ne tenir aucun compte : dans le mouvement réel de la classe ouvrière et des autres classes laborieuses exploitées/opprimées, mouvement réel guidé en dernière analyse, comme nous l’enseigne Marx, par le souci de la reproduction des conditions matérielles d’existence, il y a en quelque sorte des cercles concentriques, sur la base d’un principe fondamental du marxisme : la loi du développement inégal – ici, développement inégal de la conscience de classe et de la compréhension matérialiste-dialectique du monde.

    class ouvrière noussommeslepouvIl y a ce que l’on appelle classiquement, en langage marxiste, le mouvement ouvrier organisé (qui va, en réalité, au-delà de la classe ouvrière au sens strict, concernant toutes les classes populaires laborieuses et exploitées, et même, dans une certaine mesure, des éléments de classes non-salariées frappés par la prolétarisation). Dans sa grande majorité, et aujourd’hui plus que jamais, ce mouvement est de nature réformiste : c’est-à-dire qu’il ne voit pas d’horizon au-delà du capitalisme, pas d’autre société possible, mais souhaite simplement une société capitaliste plus humaine (‘l’humain d’abord !’, comme le clamait le slogan de campagne du Front de Gauche). Ce mouvement réformiste est souvent sous une direction petite-bourgeoise (petits fonctionnaires, aristocrates-ouvriers, travailleurs intellectuels divers etc.), mais nous ne sommes pas des trotskystes pour penser que tout se résume à ‘un problème de direction’ : au contraire, ce serait plutôt la faiblesse (réformiste) de la conscience de classe qui permet à ces éléments (qui ne veulent pas, de par leurs intérêts de classe, vraiment rompre avec le capitalisme, mais seulement l’’humaniser’) de prendre la tête du mouvement, dont ils sont jugés ‘plus aptes’ (avec leur ‘capital intellectuel’) à porter les revendications.

    Et puis, au milieu de tout cela, il y a les révolutionnaires : ceux et celles qui veulent réellement abattre le capitalisme et instaurer un nouveau type de société. Mais, parmi ces révolutionnaires, tous ne sont pas marxistes : il y a des libertaires, il y a ce que d’aucuns appelleraient des ‘syndicalistes révolutionnaires’ ; bref, appelons-les des ‘anticapitalistes divers’. D’une manière générale, les révisionnistes (les personnes qui militent dans les PC ‘historiques’, comme le PCF, ou dans des scissions de celui-ci postérieure à 1990), ou encore, les vieilles organisations se réclamant du trotskysme (cela ne veut plus dire grand-chose aujourd'hui), type NPA ou LO, se situent en quelque sorte à cheval entre un réformisme radical et un ‘anticapitalisme’ de type syndicaliste-révolutionnaire.

    Et puis, encore au milieu de cela, il y a les marxistes… mais tous les marxistes ne sont pas maoïstes. Il y en a qui se réclament des thèses de Léon Trotsky ; il y en a qui se réclament essentiellement de l’expérience soviétique, certains jusqu’à la perestroïka de Gorbatchev (1986-90), d’autres seulement jusqu’à la ‘déstalinisation’ de Khrouchtchev (1956-58), d’autres encore considérant qu’il y a un lent processus de dégénérescence entre les deux ; il y en a qui se réclament exclusivement de la direction de Joseph Staline en URSS et d’Enver Hoxha en Albanie ; d’autres qui ne jurent que par le ‘modèle cubain’ ; d’autres qui se réfèrent à Lénine et rejettent tout ce qu’il y a eu après sa mort, sans pour autant adopter les thèses de Trotsky ; d’autres qui ont une approche critique de Lénine lui-même en se basant sur Rosa Luxemburg et les ‘spartakistes’ allemands, sur Bordiga etc. Il y en a qui se réclament de Mao Zedong, mais qui n’ont pas intégré la critique maoïste de l’expérience soviétique sous la direction de Joseph Staline : ils rejettent la ligne révisionniste qui a dirigé l’URSS à partir des années 1950, mais ils ne voient pas, ou refusent de voir, les racines de celle-ci dans la période qui a précédé… Bref.

    IndianMaoistsC’est donc seulement tout au milieu de tout cela qu’il y a nous, les marxistes-léninistes-maoïstes : la pointe la plus avancée du ‘mouvement ouvrier’ révolutionnaire, dotée de la conscience la plus avancée, de la meilleure compréhension du monde qui nous entoure, sur la base du développement le plus élevé du matérialisme dialectique et du socialisme scientifique marxiste, qu’est le maoïsme.

    Et donc… que doivent faire ces maoïstes ? Doivent-ils rejeter en bloc tou-te-s ceux et celles qui ne le sont pas ? La réponse est évidemment NON. Leur rôle de pointe la plus avancée du mouvement ouvrier/populaire révolutionnaire marxiste est, au contraire, par leur agitation et leur propagande, par la diffusion de leur conception du monde (Weltanschauung), par leur implication dans le mouvement réel des luttes du prolétariat et des classes laborieuses, de devenir le CENTRE D’AGRÉGATION de toutes ces forces révolutionnaires ou (réformistes) ‘radicales’, ce que l’on peut appeler les Forces subjectives (y compris encore potentielles) de la Révolution socialiste (FSRS). Ils le doivent et le PEUVENT, à travers la PRATIQUE dont Marx et Engels ont expliqué voilà 160 ans qu’elle est à la fois la seule source et la seule vérification de toute théorie ; une pratique qui elle-même peut et doit encore enrichir leur compréhension du monde, qui, pour être la plus avancée, n’en est pas pour autant parfaite… Il se peut en effet (a toujours considéré SLP) que des forces, des éléments non-maoïstes (voir non-léninistes, voire non-marxistes), pour avoir une conception/compréhension globale du monde et de la lutte de classe de moindre niveau, possèdent ici et là des réponses ou des éléments de réponse à des questions que nous n’avons pas encore résolues…

    Il faut bien souligner, ici, que le sectarisme n’est pas seulement l’apanage de (certains) maoïstes : il est également (très) présent dans les forces qui se réclament seulement de Lénine et Staline, ou de Lénine-Staline et Hoxha, dans les forces qui se réclament de Trotsky, sans parler de celles qui se réclament de Luxemburg et Liebknecht, Pannekoek ou Bordiga… Cela, ajouté aux limites idéologiques de leur compréhension du monde, empêche évidemment totalement ces forces de prendre la tête de franges significatives du ‘mouvement ouvrier’ et populaire contre les méfaits du capitalisme.

    Jobbiks-Hungarian-Guard-a-001Il y a enfin l’argument, développé par un certain ‘antifascisme’, selon lequel toutes ces forces populaires réformistes ou anticapitalistes, à l’exception d’eux-mêmes (de leur compréhension du maoïsme) et de ‘certains anarchistes’, seraient ‘syndicalistes révolutionnaires’ et, en tant que telles, ‘matrices’ de la tendance au fascisme… Le fait que des ‘pans’, parfois importants, du ‘mouvement ouvrier’ réformiste ou anticapitaliste non-marxiste (voire même marxiste ! mais 'insuffisamment'...) puissent se ‘détacher’ et confluer dans la mobilisation réactionnaire de masse du fascisme, est un fait historique indiscutable, étayé par une multitude d’exemples. Mais, ce que ne comprennent pas ces ‘antifascistes’, c’est que ces forces ne sont (justement) pas la ‘matrice’, pas le centre d’agrégation de la mobilisation réactionnaire fasciste ; lequel se trouve dans les plus hautes sphères du Grand Capital. Ce faisant, ils tournent leurs ‘fusils’ idéologiques dans la mauvaise direction, vers des forces qui ne sont pas déterminantes pour la tendance au fascisme. Et du coup, si l’on peut considérer, en dernière analyse, que tout travailleur, tout individu du peuple réformiste ou anticapitaliste non-maoïste est potentiellement révolutionnaire comme il peut être potentiellement fasciste (à des degrés divers), ils ne favorisent pas, en les rejetant, le  potentiel révolutionnaire de ces personnes, et les poussent au contraire dans la ‘force d’attraction’ du fascisme (ou, en tout cas, dans le marécage du réformisme bourgeois). Le rôle de communistes authentiques est, au contraire, de développer et d’exercer, en direction des masses, une force d’attraction (vers notre conception du monde) capable de contrer celle du fascisme (dont ‘l’intellectuel organique collectif’ est tapi dans des hôtels particuliers, bien plus que dans des usines ou même des bureaux d’entreprises ou d’administrations).

    À côté de tout cela, dans tous les pays du monde et jusqu’au cœur même des métropoles impérialistes, il y a les QUESTIONS NATIONALES. Celles-ci résultent, là encore, de la loi du développement inégal (du capitalisme, cette fois-ci) qui a amené des Centres à se subordonner des Périphéries dans la construction de leurs appareils politiques de domination (États, Empires coloniaux et protectoraux, constructions supra-étatiques comme l’UE ex-CEE, l’ALENA ou le MERCOSUR, l’OTAN, le FMI, etc.) et (surtout) de leur territoires ‘nationaux’ puis impériaux à comprendre comme bases d'accumulation, ‘terrains’ d'investissement et de valorisation du Capital de la bourgeoisie du Centre ; bases d'accumulation  qui dans le capitalisme sont vouées à l'expansion permanente (au détriment des rivaux capitalistes d'autres Centres comme du ‘sauvage’ ou du ‘barbare’ pré-capitaliste). Ceci est vrai aussi bien au niveau de chaque État d’une certaine taille (à moins qu’il ne soit très petit, et encore…) que de chaque continent (comme l’Europe avec sa ‘Banane bleue’, ses ‘centres secondaires’ et ses ‘régions périphériques’ ; ou l’Amérique du Nord avec ses côtes Est et Ouest, son axe Saint-Laurent-Grands Lacs et son ‘hinterland’) et du monde entier, avec ses pays impérialistes et ses pays dominés par l’impérialisme.

    breizh gwenhadu komunourAu cœur même, donc, de notre Hexagone (notre État bourgeois, notre ‘République française une et indivisible’), il y a des questions nationales et donc des mouvements nationaux. Au sein de ces mouvements nationaux, il y a des courants bourgeois, pour lesquels la ‘question sociale’ est totalement secondaire voire inexistante (par exemple, en Occitanie, le PNO – finalement proche de Bayrou – et les courants ‘culturalistes’ de tout poil, voire des éléments ‘occitanistes’ très à droite dans la lignée de Mistral et Maurras). Il y a des courants qui prennent en compte la ‘question sociale’ (et diverses questions démocratiques, ‘de société’), mais d’un point de vue réformiste, petit-bourgeois (comme le Parti occitan, proche des Verts et des courants ‘girondins’ du PS). Et puis (nous allons y venir), il y a des courants nettement plus avancés… À côté de cela, il y a le mouvement ouvrier, le ‘mouvement social’, dont une large part (en 'France') ne tient que peu – voire pas du tout – compte de la question des nationalités réelles enfermées dans l'État et de leur nécessaire affirmation, ce qui revient en dernière analyse à du réformisme puisque la construction politique et idéologique bourgeoise ‘République française’ n’est pas remise en question, et acceptée telle quelle comme un ‘fait accompli’ indépassable. Mais il existe des points de contact entre ce ‘mouvement social’ et les mouvements nationaux ; certains dans le champ réformiste (c’est ce que l’on a évoqué plus haut, la proximité du PO avec la gauche bourgeoise et petite-bourgeoise hexagonale) et d’autres dans le champ révolutionnaire : là, nous avons les éléments les plus avancés de l’un et l’autre mouvement. Cette ‘zone de contact’ entre question nationale et question sociale (envisagées l’une et l’autre d’un point de vue révolutionnaire) est ce que l’on appellera le courant libérationiste-révolutionnaire, le MRLP (Mouvement révolutionnaire de Libération du Peuple). Là encore, au sein de ce MRLP, tout le monde n’est pas marxiste, loin de là : il y a des libertaires, des syndicalistes-révolutionnaires comme les ‘Redskins Limoges’, des ‘anticapitalistes’ divers etc. ; et, parmi les marxistes, tout le monde n’est pas maoïste – maoïsme qui, compris correctement, permet pourtant la meilleure compréhension de la problématique nationale et de son inscription dans la contradiction Centre/périphéries. En ce qui le concerne, SLP se définit lui-même comme marxiste-léniniste-maoïste au sein du MRLP occitan.

    big provence flagEn revanche, les courants qui manient un discours ‘marxiste’ (comme les lambertistes du POI, la ‘Gauche communiste’ et d’autres) ou ‘anarchiste’ (CNT-AIT), voire ‘marxiste-léniniste’ voire ‘maoïste’ d’une grande radicalité, mais qui rejettent cette question de la Libération révolutionnaire des Peuples niés (LRP) comme un ‘truc de petits bourgeois’, se placent de fait à la marge du camp révolutionnaire et non en son centre, à sa pointe la plus avancée. Ils ne comprennent pas que les masses populaires des nations absorbées par la construction de l’État bourgeois actuel, et les masses populaires ‘périphérisées’ en général, au même titre que les masses des quartiers populaires de ‘banlieue’ où s’entassent – notamment – les ‘colonies intérieures’ issues de l’Empire néocolonial, sont les ‘campagnes’ que doit mobiliser l’avant-garde révolutionnaire dans sa Guerre populaire contre la classe dominante et son État. Enfin, ils ne le 'comprennent pas'... ou parfois, au contraire, ils le comprennent (ou du moins le 'ressentent' instinctivement) très bien, et ils ne veulent pas en entendre parler. Car dans le fond – ce qui qui renvoie encore à la même question de la nature de classe, ou du moins de l''esprit' petit-bourgeois – 'la France' (comme État-appareil capitaliste et système impérialiste) est pour eux comme pour des millions de personnes le râtelier auquel ils bouffent (et éventuellement espèrent bouffer plus !), sentiment qui est purement et simplement ce qui fait tenir le système debout depuis des siècles ; et que cela soit conscient ou pas, assumé ou pas comme tel, ils ne veulent pas voir ce râtelier disparaître – et donc le défendent comme 'résultat du progrès historique' (que remettre en question serait 'vouloir faire tourner la roue de l'histoire à l'envers'), prétendant éventuellement (hypocritement) vouloir l'abolir, immédiatement pour les anarchistes ou après un temps plus ou moins long pour les marxistes, au profit d'un confortablement lointain et hypothétique 'communisme universel'... Ce qu'ils montrent là en réalité, c'est qu'ils ne veulent pas réellement la révolution pour laquelle ils prétendent militer.

    De ce fait, dans les mouvements d'affirmation des nationalités réelles comme dans celui des ‘indigènes métropolitains’, ils favorisent objectivement les courants réformistes, ‘démocratiques radicaux’ voire ‘identitaires’ réactionnaires – les courants anticommunistes, car ils donnent du communisme cette lamentable image-là. Au point que l’on peut parfois se demander s’ils valent réellement mieux que ces derniers… Ils agitent comme un hochet le mythe d'une révolution ‘purement ouvrière’, basée sur une classe ouvrière tellement pure qu’elle n’existe pas et à laquelle a donc vocation à se substituer une ‘avant-garde’ (c'est-à-dire eux-mêmes)… largement constituée de petits bourgeois intellectuels (profs etc.) qui, si leur 'révolution' devait triompher, prendraient la place de l'actuelle classe dominante à la tête de l’État et de la production (cela n'a bien sûr aucune chance d'arriver ; en revanche ce genre de personnes peut 'squatter' une révolution 'bien menée' et donc 'qui marche', et de là l'utiliser pour se constituer en nouvelle bourgeoisie - ce qui s'est hélas produit un peu partout au siècle dernier).

    Il s’agit là, hélas, d’une tradition politique profondément ancrée dans le mouvement réel de la lutte de classe en 'France', terre du 'jacobinisme' ou plus exactement du centralisme napoléonien confondu avec celui-ci (qui lui sert de 'vernis de gauche'), de la confusion entre révolution prolétarienne et 'An II' révolutionnaire bourgeois 'radical', et sans doute du râtelier centraliste-étatique le plus solidement forgé et ancré dans la conscience collective ; et qui est historiquement – perpétuellement – vouée au fiasco (car le système 'France' pour se maintenir tel qu'il est a certes besoin de réformes/modernisations régulières, mais pas d'une 'révolution' de ce type).

    Face à cette engeance, encore et toujours, les ‘campagnes’ nationales-réelles comme colonisées intérieures de la Guerre populaire entendue comme négation de l'ordre capitaliste bleu-blanc-rouge doivent plus que jamais crier haut et fort : ‘Nique la France’  !!!

    À cette loi objective de la concentricité dans le développement de la conscience révolutionnaire de classe, il faut aujourd’hui ajouter un autre phénomène : la tendance, depuis la désintégration du mouvement communiste international dans les années 1975-1990, à l’éparpillement façon puzzle de la ‘vérité révolutionnaire’ (la juste compréhension prolétarienne du monde). Le fait est qu’au jour d’aujourd’hui, les étiquettes que l’on se colle (‘communiste’, ‘marxiste’, ‘anarchiste’, ‘trotskyste’, ‘marxiste-léniniste’ ou même ‘maoïste’) ne veulent en elles-mêmes plus dire grand-chose : il faut ‘juger sur pièce’ chaque force organisée, au-delà de l’étiquette. Des organisations (pour ne nommer volontairement personne) se réclamant de Léon Trotsky ou du communisme libertaire peuvent tout à fait, ponctuellement ou sur un ensemble de sujets, avoir des positions plus correctes que d'autres organisations se réclamant quant à elles du marxisme-léninisme voire du maoïsme ; même si Servir le Peuple ('prêchant', certes, 'pour sa paroisse') défend l’idée qu’une organisation arborant, défendant et appliquant correctement le maoïsme a nécessairement une vision globale des choses plus juste qu’une organisation s’arrêtant à Lénine-Staline ou se revendiquant de Trotsky, Bakounine ou Rosa Luxemburg : une vision globale plus juste, certes, mais qui ne veut pas dire ‘réponse à tout’ ; cela ne veut pas dire (comme nous l’avons déjà évoqué plus haut) que des éléments de réponse ne peuvent pas se trouver dans les positions d’organisations (ou de personnes) qui ne se réclament pas du maoïsme. Cela a d’ailleurs toujours existé, même avant 1975 : si combattants-erpl’on prend, par exemple, l’Argentine de la période 1968-76, le PCR qui se réclamait du marxisme-léninisme, de Marx-Engels-Lénine-Staline-Mao, n’en avait pas moins une ligne, une pratique concrète, une compréhension du monde et une analyse de la situation (notamment du péronisme) infiniment moins justes que le PRT-ERP qui, lui, se réclamait ‘éclectiquement’ des ‘révolutions bolchévique, cubaine, vietnamienne et chinoise’, du Che, de Mao Zedong... et de Trotsky. CQFD, les faits sont là.

    Depuis plus de 20 ans, un constat de fait s’impose : TOUS les gouvernements (‘socialistes’, ‘démocratiques populaires’, ‘progressistes anti-impérialistes’) issus de la première vague de la révolution mondiale prolétarienne (1917-92) ont, à un moment ou à un autre, terminé leur course dans la nuit révisionniste et ont été soit balayés par le triomphe de l’indépassable’ démocratie bourgeoise occidentale (comme les ‘pays de l’Est’ du Pacte de Varsovie, la Yougoslavie de Milosevic, l’Éthiopie de Mengistu, l’Albanie pourtant ‘anti-révisionniste’ d’Enver Hoxha etc. etc.), soit ont 'tombé' les 'derniers masques' et intégré gentiment le système impérialiste mondial post-1990 (comme la Libye de Kadhafi ou la Syrie du clan Assad jusqu’à leurs récentes ‘démêlées’, l’Angola du MPLA ou le Mozambique du FRELIMO, le Vietnam, la Chine etc. ; avec des situations ‘moins pires’ comme Cuba ; tandis que des pays comme la Corée du Nord ou la Birmanie - sous la tutelle de la Chine, la Biélorussie ou les républiques d’Asie centrale - sous celle de la Russie - ont basculé dans un autocratisme policier délirant). Cela démontre bien (loi du primat des contradictions internes dans tout phénomène, sur les contradictions avec l’’extérieur’) que, dans la conception du monde du mouvement communiste et révolutionnaire en général, lors de cette première vague de la révolution mondiale, il y avait de profondes baisser redflag kremlinlimites – que le maoïsme consiste justement à essayer de dépasser. Il n’est donc plus possible, à moins de faire preuve d’une malhonnêteté intellectuelle totale, de balayer d’un revers de main les éléments et les courants (marxistes, libertaires, 'marxistes libertaires', ‘communistes de conseil’, ‘socialistes révolutionnaires’ divers etc.) qui ont, au cours de cette période, abordé ces expériences avec un regard critique ; comme il était encore possible de le faire lorsque ces gouvernements étaient aux prises avec le réel, tandis que les critiques, eux, ne l’étaient pas, dans aucun pays du monde. Accepter la critique, fut-ce pour (dans les grandes lignes) la réfuter, c’est ce qui permet au mouvement communiste d’avancer. Affirmer que "l'idéologie prolétarienne (celle dont se réclame sa petite chapelle) est scientifique, elle ne souffre ni le doute ni la critique" est absolument contraire à toute identité communiste. Aucune critique (progressiste, anticapitaliste, bien sûr) des expériences socialistes et révolutionnaires du siècle passé ne ‘tombe du ciel’ : elle vient des masses, elle exprime (même si c’est à travers des intellectuels, des ‘petits bourgeois’) des questionnements des masses (de la frange avancée, progressiste des masses) envers ceux qui se prétendent leur ‘avant-garde’, et une authentique avant-garde révolutionnaire doit accepter d’être questionnée par les masses, et non s’y soustraire en prenant un ton menaçant. 

    2. Les racines de classe du sectarisme

    C’est une question qui a déjà, très largement, été abordée ici-même ; néanmoins, il n’est jamais inutile de répéter les choses et, si possible, l’on essaiera de synthétiser.

    Nous avons donc le mouvement réel des masses prolétaires et populaires qui, poussées par la reproduction de leurs conditions d’existence, cherchent une issue, une ‘porte de sortie’ au ‘monde tel qu’il est’, c’est-à-dire à l’organisation sociale (ensemble des rapports de production et des rapports sociaux, juridiques - écrits - et non-écrits) dans laquelle nous évoluons chaque jour ; organisation sociale sous-tendue par un mode de production : le capitalisme. Laissons de côté les masses ‘statiques’ (elles existent), résignées au quotidien et/ou trouvant des portes de sorties individualistes/apolitiques à celui-ci (boîte de nuit hebdomadaire, hobbies divers de la mode au tuning en passant par le foot, alcool ou drogues, délinquance etc.) ; et laissons de côté les masses en mouvement qui sont ‘captées’ par la mobilisation réactionnaire de la classe dominante (dans sa fraction la plus ‘dure’) derrière ses plans et ses intérêts, autrement dit les fascistes. Limitons-nous aux masses en mouvement dans une mobilisation de nature progressiste voire révolutionnaire. Ce mouvement existe toujours tant qu’existe l’oppression capitaliste, a fortiori lorsque cette oppression est renforcée par une crise profonde du mode de production, et même lorsqu’elle est inférieure (quantitativement) à la mobilisation réactionnaire impulsée par les secteurs les plus ‘radicaux’ de la bourgeoisie (c’est le cas aujourd’hui : le FN mobilise largement plus que la gauche ‘radicale’ et révolutionnaire réunie ; et ‘toute la droite’ – UMP, FN et autres – plus que ‘toute la gauche’ en incluant le PS et les Verts, sans même parler des personnes votant encore à gauche mais de plus en plus gagnées par des idées de droite voire d’extrême-droite).

    besancenot-mc3a9lenchonÀ partir de là, en ‘première ligne’, en ‘tête de file’ de cette mobilisation, l’on va voir apparaître deux types d’individus : 1°/ des personnes sincères, issues des masses et mues par l’objectif sincère de servir celles-ci, même si c’est avec des conceptions politiques (encore) très limitées, voire totalement réformistes ; et 2°/ des personnes issues des masses mais que l’on peut qualifier de ‘déclassées’, dans le sens où ce n’est pas l’intérêt de leur classe (fut-ce une classe ‘intermédiaire inférieure’) qui les guide… mais leur propre intérêt et leurs ambitions personnelles, ‘frustrées’ par l’organisation sociale capitaliste ‘telle qu’elle est’, n’y trouvant pas la place qu’elles estiment leur revenir, voyant bien (car pas idiotes) que ‘ça va péter’ et donc ‘chevauchant’ la mobilisation de masse pour essayer de rester, dans le torrent impétueux de l’histoire, ‘debout dans la barque’, ‘sur le haut du panier’. Appelons ces personnes les ‘arrivistes militants’ (un troisième type de personnes, que l’on pourrait rattacher au deuxième, sont celles qui ‘défendent leur bifteck’, leur ‘gagne-pain’, sans réelle perspective de classe ni encore moins d’émancipation sociale générale – mais généralement elles ne se situent pas en ‘première ligne’, en ‘tête de file’, elles forment plutôt les troupes de la frange réformiste du deuxième type, que nous allons voir).

    44569466 prachanda body apEt encore de là, un se divisant toujours en deux, ce deuxième type de personnes va à son tour se scinder : d’un côté, celles et ceux que leurs éventuelles aptitudes et les circonstances (en ‘chevauchant’ la mobilisation ouvrière et populaire) vont amener à rencontrer l’opportunité (étymologie même d’opportuniste’) de se faire une ‘niche écologique’, une ‘petite place’, de ‘s’intégrer’ dans l’organisation sociale telle qu’elle est, sans la balayer de fond en comble mais simplement en la réformant… voire même pas : certain-e-s peuvent même se faire des ‘professionnels du militantisme’ ou de la politique. Ayant trouvé là leur ‘planche de salut’, ils/elles vont évidemment abandonner le chemin de la révolution, parfois totalement, lorsqu’ils/elles n’en ont plus du tout besoin (cf. les innombrables ‘reconvertis’ du mouvement ‘gauchiste’ de 1968, dans le journalisme et les médias en général, le monde universitaire, l’intellectualisme’ médiatique ou carrément l’entrepreneuriat, etc. etc.) ; mais parfois, leur ‘place au soleil’ va résulter de leur ‘militantisme’ même et ils/elles vont donc le poursuivre, mais dans un sens réformiste et social-traître, car tel est le rôle que leur a confié la bourgeoisie en les ‘cooptant’ : CONTENIR dans les ‘limites de l’acceptable’ (pour la pérennité du système) les luttes des masses contre les méfaits du capitalisme. Leurs troupes vont être composées, on l’a dit, des travailleurs/euses resté-e-s dans les limites du réformisme (et que les communistes n’ont pas réussi à extraire de celles-ci), sans même parler, on l’a dit, de ceux et celles resté-e-s dans les limites de la défense ‘corporatiste’ du ‘bifteck’.

    Mais de l’autre il y a ceux et celles, ‘arrivistes militant-e-s’, aspirant-e-s ‘cadres révolutionnaires’ et ‘guides éclairé-e-s’ des rouges lendemains, qui vont perpétuellement rester sur la touche. Parmi ceux et celles-là, il va y avoir celles et ceux qui vont ‘lâcher prise’, se replier sur la ‘défense du bifteck’ et se ranger derrière les leaders réformistes ‘radicaux’. Et puis il y a celles et ceux qui vont persévérer, car seule une ‘rupture radicale’ avec l’organisation sociale telle qu’elle est peut (éventuellement, en tout cas, c’est ainsi qu’ils/elles l’imaginent) leur permettre de trouver dans la lenine-la-maladie-infantile-du-communisme-le-gauchisme-livrsociété la place qu’ils/elles estiment leur revenir. Ceux et celles là forment la base sociale du sectarisme politique. Encore au-delà (mais en ‘France’, c’est rare : ‘pas folles les guêpes !’), il va y avoir ceux et celles qui vont ‘craquer’, ‘péter un plomb’ et ‘passer à l’action’ concrète – de manière totalement coupée, déconnectée, des masses et de leur mouvement réel : ce sont les aventuristes.

    Derrière eux et elles, il va y avoir, encore une fois… celles et ceux que la faiblesse du mouvement communiste authentique les laisse capter dans leur orbite : des prolétaires et des personnes du peuple désorientées, rendues amères par l’accumulation de trahisons des dirigeant-e-s réformistes et par les injustices et les désillusions en série vécues dans la société capitaliste (c’est, on l’a déjà dit, un réflexe défensif de certain-e-s prolétaires avancé-e-s vis-à-vis de l’hégémonie révisio-réformiste et des social-traître) ; et aussi, des personnes du peuple qui dans le sinistre quotidien de l'existence capitaliste, pour dire - peut-être - les choses un peu brutalement, se 'cherchent une vie', une 'raison d'être', une 'importance sociale' qu'elles ne trouvent pas dans le cadre du capitalisme et vont donc chercher dans l'engagement révolutionnaire malheureusement, ce n'est pas la bonne manière d'aborder celui-ci. Au sujet de Lénine, le progressiste anglais Bertrand Russell disait que : "Dans les révolutions, on relève habituellement trois types de personnes : celles qui animent la révolution parce qu'elles ont un tempérament anarchique et turbulent, celles que les souffrances personnelles ont rendues amères, et puis il y a celles qui ont une conception définie d'une société différente de celle qui existe, ce qui, si la révolution triomphe, leur permet de travailler à la création d'un monde stable, en accord avec leurs conceptions. Lénine appartenait à ce troisième type de personnes, le plus rare, mais aussi, de loin, le plus utile". Il est frappant de voir à quel point les deux premiers types décrits ressemblent aux troupes (voire aux cadres !) du gauchisme... En dernière analyse, le gaucho-sectarisme, ce sont les opportunistes ratés et aigris.

    Il n’est pas difficile, car les indices en sont légion, de saisir la nature de classe des dogmato-sectaires à travers leur pratique, fut-elle purement ‘journalistique’ ou – aujourd’hui – ‘internétique’ :

    - Le sectarisme, le rejet vis-à-vis des autres forces luttant contre le capitalisme, au lieu de chercher à en prendre la tête, à en devenir le centre d’agrégation et à les conduire sur le chemin de la révolution, parle on ne peut plus clairement : la révolution, c’est ‘bien’... si c’est dirigé par eux/elles, et pas autrement. Ils/elles ne peuvent concevoir une révolution dont ils/elles ne seraient pas les cadres dirigeant-e-s. Les autres qui, en fin de compte, veulent leur ‘piquer leur place’ à la tête de la révolution ne peuvent être que de sombres agents  déguisés de la contre-révolution, des sociaux-traîtres quand ce ne sont pas carrément des fascistes (des ‘SA’) en puissance[NDLR-MÀJ le vocabulaire s'est encore enrichi depuis la rédaction de cet article : populistes’, ‘post-modernes’, dernièrement ‘maximalistes’ etc. etc.]. Ce sont des ‘concurrents’ à combattre sur un ‘marché’ : le ‘marché’ de la ‘proposition révolutionnaire’, qu’il s’agit de ‘vendre’ aux masses. Alors que les communistes authentiques, eux/elles, considèreront que dans toute organisation (y compris la leur, au sein de laquelle il faut lutter fermement) il y a certes des ‘arrivistes’, des personnes faisant la révolution (ou militant, en tout cas) pour elles-mêmes et non pour servir le peuple ; mais il y a aussi – et surtout – des personnes dont la conception/compréhension du monde, la conscience révolutionnaire, est imparfaite et limitée et qu’il s’agit de ‘tirer vers le haut’, vers sa conception du monde – lorsque l’on croit réellement en elle, ce qui est la moindre des choses.

    Considérations diverses : Sur la question du SECTARISME - Spécificité ‘française’, la défense de la ‘République française une et indivisible’ (l’organisation sociale et l’appareil politico-militaire et idéologique qu’il s’agit précisément... de détruire), dont la révolution prolétarienne ne serait que le ‘prolongement’ vers la mythique ‘Commune universelle’ (rejoignant en cela les ‘sociaux-républicains’ opportunistes et révisionnistes). C’est là, réellement, un marqueur quasi-unanime et quasi-infaillible des dogmato-sectaires (en particulier, bien sûr, de ceux et celles gravitant autour des universités et du ‘monde des idées’ parisien, mais pas seulement, pour ne pas nommer une certaine organisation ‘anarchiste’ toulousaine). De ‘grands’ intellectuels, reconnus (et ayant donc, généralement, versé dans l’humanisme-démocratique-radical), comme un Sartre ou un Badiou, peuvent éventuellement se permettre de prendre la défense (démocratique) des ‘minorités’ (nations périphériques ou ‘colonies intérieures’) : leur position est assise, consolidée, et ils n’ont pas grand chose à y perdre. En revanche, l’organisation sociale ‘République française une et indivisible’ sous-tend l’existence sociale même de la petite bourgeoisie intellectualoïde qui forme le gros des cadres – et parfois l’armée mexicaine (cadres sans troupes) – des organisations sectaires ; en sous-tendant ce ‘monde universitaire’, ce ‘monde des idées’ qui est sa niche écologique. C’est (donc) un indice imparable de la nature de classe du sectarisme. Dans les constructions étatiques qui n’excluent pas (mais au contraire intègrent) la reconnaissance des nations constitutives et des ‘minorités’, comme l’État espagnol post-1978 ou le Royaume-Uni britannique, on rencontre beaucoup moins (bien qu'on le rencontre) ce phénomène (à l‘extrême-gauche’ s'entend).

    - Le côté ‘perfectionniste’, ‘puriste’ idéologique, ‘tout doit être parfait’ dès le départ, ‘la moindre erreur dans le logiciel idéologique, et tout est fini à court ou moyen terme’, etc. etc. ; qui pue à plein nez le prof, l’universitaire cartésien (en tout cas l’intellectuel ayant aspiré à l’être et n’ayant pas pu). Le prolétaire, ne serait-ce que dans sa vie productive, ne raisonne pas ainsi : il essaye, il se plante, il réessaye, et ainsi de suite jusqu’à ce que ‘ça marche’, et ce faisant, il apprend. Manière de fonctionner que l’on retrouve lorsque le prolétariat est en mouvement pourconrad1 son émancipation, et raison pour laquelle le b-a-ba du marxisme est que le processus révolutionnaire d’émancipation se déroule ainsi : situation matérielle (exploitation, oppression) -> idée (de se révolter) -> pratique (on passe à l’action) -> théorie (on a généralement échoué, on tire les leçons et on les synthétise dans une théorie révolutionnaire) -> pratique qualitativement supérieure etc. etc. Il est tout de même hallucinant que l’on puisse se réclamer du maoïsme et exiger que ‘tout soit parfait dès le départ’, lorsque l’on sait le nombre d’erreurs commises et de terribles revers subis par le PC de Chine avant de devenir ce qu’il est devenu...

    Le dogmato-sectarisme, tant qu’il ne devient pas aventurisme (il ‘faut’ alors le réprimer, d’un point de vue d’‘ordre public’), joue objectivement un grand rôle au service de la classe dominante : en effet, s'il est certes beaucoup moins important quantitativement que l’opportunisme réformiste, il n’en est pas moins une voie de garage pour les forces qu’il capte à lui et, au lieu d’être un centre d’agrégation et une force d’impulsion pour une dynamique révolutionnaire, il est au contraire une force stérile, un ‘corps mort’ quand ce n’est pas carrément un centre de répulsion (un repoussoir pour les masses) vis-à-vis de l’’idée communiste’ et de l’engagement révolutionnaire.

    3. Conclusions

    Il faut donc retenir, de ce qui précède, principalement que :

    e-lutte-des-mineurs- Dans le prolétariat et dans chaque classe populaire (au stade impérialiste, toutes les classes populaires, soit 90% de la population, ont objectivement intérêt à abattre le capitalisme ; voire 100% de la population si l’on prend en compte la question de l’apocalypse environnementale), la conscience de classe, la compréhension du monde qui nous entoure et de ses enjeux, le rejet du capitalisme et la mise en pratique de ce rejet dans le mouvement réel, se développent en cercles concentriques : un ‘noyau’, une ‘pointe’ plus avancée qui maîtrise la science marxiste la plus avancée de notre époque, le marxisme-léninisme-maoïsme ; un ‘premier’ cercle qui maîtrise (à tout le moins) les bases du marxisme ; un autre cercle qui est, tout du moins, anticapitaliste révolutionnaire (qui veut en finir avec le capitalisme et le remplacer par une autre société, égalitaire, sans oppression ni exploitation) ; un autre cercle encore qui ne croit pas que l’on puisse en finir avec le capitalisme, mais que l’on peut le réguler et l’humaniser (les réformistes, plus ou moins ‘radicaux’) ; enfin, les personnes qui demeurent totalement prisonnières de l’idéologie dominante (le ‘peuple de droite’, dont de très nombreux-ses prolétaires) ou pire, qui tombent dans les filets du discours ‘antisystème’ et ‘révolutionnaire’ du fascisme.

    La pensée humaine – c’est-à-dire la conscience (perception) et la compréhension du monde qui nous entoure, et les théories que l’on en tire – est un reflet de la réalité matérielle, et de la contradiction principale qui met cette réalité en mouvement. Ainsi, les cercles concentriques d’avancement de la conscience de classe, de la conscience d’opprimé-e, plus ou moins développée en théorie révolutionnaire solide ou, au contraire, encore engluée dans le réformisme/possibilisme ou la réaction, ne sont en dernière analyse qu’un reflet de la contradiction entre le caractère de plus en plus social et international de la production (matrice du nouveau, de toutes les ‘idées nouvelles’, révolutionnaires, progressistes) et la propriété privée des moyens de production et  l’appropriation privée (inégalitaire) du produit, avec tous les rapports sociaux sous-tendus, qui sont la base matérielle de l’ancien, des idées, des comportements sociaux, des habitudes réactionnaires. L’un est en quelque sorte (pour ceux et celles qui ont fait de la physique-chimie) le Partigiani thumb[3] ‘pôle’ du nouveau, du progrès, de la conscience politique révolutionnaire voulant le communisme ; l’autre est le ‘pôle’ de l’ancien, de la réaction, de la conscience politique réactionnaire voulant le statu quo ou une ‘révolution’ réactionnaire fasciste. Et entre ces deux pôles, les ‘particules’, les 'ions' que sont les individus des masses populaires, se répartissent en fonction de la force d’attraction exercée par chaque ‘pôle’.

    - Le rôle d’un Parti communiste révolutionnaire authentique est donc d’’animer’ ce pôle du nouveau, de lui donner vie et de lui permettre d’être le centre d’agrégation des masses en mouvement objectif contre le quotidien que leur impose le capitalisme. Le ‘nouveau’ en question étant, à notre époque, le stade ultime du processus de l’histoire humaine, le communisme qui, à partir de la société capitaliste actuelle, se rejoint à travers en processus en deux temps : la Guerre populaire et la transition socialiste, entre les deux se trouvant la prise de pouvoir par le prolétariat et son avant-garde politique organisée. La base pour que le Parti devienne ce centre d’agrégation est d’abord et avant tout sa conception (révolutionnaire, prolétarienne) du monde, la qualité de cette conception du monde. Le premier problème des opportunistes/possibilistes et des gauchistes (dogmato-sectaires ou aventuristes) est là : leur conception du monde est limitée, arriérée, erronée. Les un-e-s suivent les masses au lieu de les otan-strasbourg-anti09entraîner, ils se contiennent et, donc, contiennent les masses dans leur niveau de conscience présent, ultra-majoritairement réformiste/possibiliste ; et là-dessus vont venir prospérer certain-e-s, dirigeant-e-s politiques ou syndicaux qui entretiendront activement cette état de fait dont ils tirent leur ‘importance sociale’. Les gauchistes, les ‘ultra-avant-gardistes’ (c’est là, finalement, le trait essentiel du gauchisme), eux/elles, ne croient pas en les masses et en leurs possibilités, ils ne comprennent pas le lent processus dialectique d’émergence d’une conscience révolutionnaire de masse ; les masses, le prolétariat, même leurs éléments les plus avancés sont donc ‘nuls’, ne ‘comprennent rien à rien’ et le ‘Parti’ (c’est-à-dire nos singes savants) doit donc se substituer à eux : c’est ce qui s’appelle la théorie de la suppléance, qui a notamment gangréné le mouvement révolutionnaire européen et occidental dans les années 1970-80 (sauf en Italie, en tout cas avant la grande défaite de 1977). La conception correcte (d’un point de vue révolutionnaire) du monde et de ses phénomènes (à commencer par celui que l’on prétend diriger : la révolution prolétarienne) se construit à travers la pratique, la ligne de masse (l’implication concrète et la prise de position de chaque instant dans le mouvement réel de la société qui nous entoure) et la lutte de lignes permanente au sein de l’organisation révolutionnaire, qui permet de ‘séparer le bon grain de l’ivraie’, les conceptions révolutionnaires prolétariennes des conceptions influencées par l’hégémonie intellectuelle bourgeoise, le nouveau de l’ancien, les idées justes des idées fausses – conceptions bourgeoises et petites bourgeoises, ancien et idées fausses étant le terreau sur lequel prospèrent les arrivistes de tout poil, les opportunistes et le gauchisme. Elle se diffuse par l’agitation et la propagande en direction des masses ; et, au final, elle débouche sur les ‘trois épées magiques’ : Autonomi3Parti (conséquent, ne se réduisant plus à un petit cercle de quelques individus), Armée et Front uni révolutionnaire, qui marquent l’entrée dans la Guerre populaire révolutionnaire proprement dite. À ce moment-là, l’organisation révolutionnaire (les ‘trois épées’) devient l’élément principal du processus révolutionnaire ; mais d’abord, pour en arriver là, la conception du monde est l’aspect principal, ce que Lénine résumait par : ‘sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire’. Les opportunistes ne peuvent devenir un tel centre d’agrégation, les ‘locomotives’, les ‘premiers de cordée’ conduisant les masses vers le communisme, car ils/elles se maintiennent dans le niveau de conscience présent de la majorité des masses et, en retour, maintiennent les masses dans celui-ci, finissant par se faire objectivement (du moins) les agents de la classe dominante pour les y maintenir. Les gauchistes, les dogmato-sectaires, ne peuvent quant à eux/elles devenir un tel centre d’agrégation car ils/elles ne se lient pas aux masses (croyant détenir ‘LA vérité’, ils/elles sont conscient-e-s que s’impliquer dans le réel remettrait cette certitude en cause), ils/elles les rejettent lorsqu’elles ne correspondent pas à leur idée ‘perfectionniste’ de la ‘classe ouvrière révolutionnaire’, conçue comme tellement parfaite qu’elle n’existe pas et qu'en fin de compte, le ‘Parti’ (eux/elles) doit s’y substituer. Ils finissent par devenir, même, un facteur de répulsion pour les masses envers les beaux mots de ‘communisme’, ‘révolution prolétarienne’, ‘marxisme’, ‘léninisme’ ou ‘maoïsme’.

    manifestation-barcelone pics 809- Les questions nationales (ou plutôt la Libération révolutionnaire des Peuples niés - LRP) en Hexagone, la question des colonies intérieures, la question d’un anti-impérialisme sans faille outre-mer, ont déjà été largement rebattues en long, en large et en travers sur SLP – et nous aurons encore, sans doute, l’occasion d’y revenir. Dans l’incompréhension, ou la mauvaise compréhension de ces questions, réside le secret de l’impuissance du prolétariat hexagonal dans sa lutte pour le pouvoir. Le mouvement révolutionnaire du prolétariat de ‘France’ est l’un des plus anciens au monde (années 1840). Un Parti communiste s’est formé immédiatement après la Révolution russe d’Octobre 1917, en 1920. Si le prolétariat révolutionnaire de l’Hexagone ‘français’ n’a pas réussi, depuis tout ce temps, à conquérir le pouvoir (le PCF reculant au moment – 1944-46 – où il pouvait commencer à l’envisager), c’est parce qu’il n'a pas pris la juste mesure de l’ennemi, qu’il l’a très largement sous-estimé : la ‘République française’, avec sa divinité ‘Marianne’ et son ‘coq gaulois’ tutélaire, trône en réalité au sommet d’une montagne de cadavres, au sommet d’une pyramide de 800 ans de crimes.

    Lorsqu’une quelconque organisation ne croule pas sous une prétention sans bornes, passe encore, mais voir des personnes se prétendant (à l’exclusion de toutes autres…) l'‘avant-garde’ de la révolution prolétarienne défendre la construction politico-militaire et idéologique monarcho-bourgeoise ‘France’, ennemi principal et absolu de tous les prolétaires de son territoire et des peuples d’un nombre considérable de pays pseudo-‘indépendants’ ; défendre son caractère ‘progressiste’ des siècles après la disparition de toute trace de celui-ci ; défendre la culture de sa classe dominante (élément essentiel du dispositif d’encadrement des masses), la culture des ‘Siècles’ en prenant des poses de chargé-e-s de TD en fac de lettres[1] ; défendre le mensonge historique (certes ‘utile’ en son temps, dans la perspective de progrès représentée par le développement du capitalisme) qu’elle est une ‘nation’ et même aller jusqu’à pourfendre l’internationalisme comme du ‘cosmopolitisme’ ou les revendications démocratiques des colonies intérieures comme du ‘communautarisme’ et du ‘racisme anti-blancs’ ; c'est inadmissible mais en même temps totalement révélateur de leur nature de classe et idéologique de petits bourgeois, qui ne font pas la révolution par et pour le peuple mais par et pour eux-mêmes, pour en être les cadres. 

    euskal herria drapeaurougeLà encore, à la conscience et à la compréhension de ces questions s’applique un phénomène de concentricité, ou plutôt de double concentricité : conscience/compréhension de ces questions en tant que telles (des personnes qui en ont une compréhension correcte, jusqu’à celles qui, bien que parfois très impliquées dans les ‘luttes sociales’, en ont une compréhension faible voire inexistante) et conscience/compréhension plus ou moins prolétarienne de celles-ci, ou au contraire petite-bourgeoise, voire totalement bourgeoise et réactionnaire (‘régionalisme’ maurrassien, obscurantisme religieux, ‘communautarisme’ xénophobe etc.). Une des tâches essentielles des communistes révolutionnaires authentiques au sein des différents MLN est de réussir à articuler correctement ces deux concentricités, en tissant leurs alliances dans une direction ou dans l'autre en fonction des sujets à l'ordre du jour, et en ayant toujours en ligne de mire la fusion de la 'question sociale', des questions 'démocratiques générales' et de la question nationale dans un grand (pour le moment, il est 'petit') Mouvement révolutionnaire de Libération des Peuples (MRLP). Dans le cas contraire, si l'on n'adressait la parole ni à ceux et celles qui ont une compréhension avancée et combattive de la lutte de classe, mais sont 'léger-e-s' sur la question nationale, ni à ceux et celles qui militent sur la question nationale mais sont ou seraient 'petits bourgeois', le MRLP s'isolerait des masses et de leur mouvement réel et sombrerait dans le sectarisme qu'il s'agit justement de dénoncer ici.

    maoist-nepal-revolution-pla-militia-guerrilla-freedom-liber- En définitive, l’opportunisme et le gauchisme dogmato-sectaire (ainsi que son ‘cousin’ plus ‘anti-théorique’ et ‘actionniste’, l’aventurisme, mais celui-ci est beaucoup plus rare en Hexagone) sont l’un et l’autre objectivement au service de la classe dominante. Le premier parce que, s’appuyant sur l’immédiatisme des revendications ouvrières et populaires (qu’est ce que je mange ce soir ? comment je boucle le mois ? mon usine ferme et je vais être licencié : qu’est-ce qu’on me propose ?) et sur une satisfaction (très) partielle mais immédiate de celles-ci, il enferme le mouvement réel du prolétariat et des masses dans les limites de l’’acceptable’ pour les exploiteurs et leur système. Le second parce qu’il capte à lui dans une voie de garage, sans issue, des éléments populaires particulièrement ‘radicaux’ et combattifs qui pourraient, dans une organisation révolutionnaire avec une ligne correcte, être extrêmement efficaces et utiles à la lutte révolutionnaire ; parce que du point de vue idéologique (de la science marxiste) il est stérile – il ne fait pas vivre le marxisme dans la pratique de la lutte, puisqu’il n’en a pas ou très peu, et cette stérilité renforce le dogmatisme qui lui-même renforce l’absence de pratique et donc la stérilité, etc. ; enfin, parce qu’il n’agit pas comme centre d’agrégation et même parfois, au contraire, il agit comme centre de répulsion (envers le marxisme) vis-à-vis du prolétariat et des masses en mouvement qui cherchent une issue à la condition quotidienne que leur impose le capitalisme.

    - Tout cela tient, encore une fois, tout simplement à la nature de classe (ou, en tout cas, à l’influence de classe reçue dans leur existence sociale) de ces individus, qui ne font pas la révolution pour servir le peuple (le prolétariat et les masses populaires en général), ni même leur classe (le cas échéant) non-prolétarienne, mais eux-mêmes, leurs ambitions personnelles qui ne peuvent être satisfaites dans le capitalisme tel qu’il est : les opportunistes sont celles et ceux qui peuvent trouver leur ‘place au soleil’ dans un capitalisme réformé ou qui, simplement, rencontrent sur leur parcours une opportunité de cooptation par la classe dominante, pour (par exemple) encadrer dans des limites réformistes ‘acceptables’ black-panthers-breakfast-for-children-programle mouvement de masse ; les gauchistes sont celles et ceux qui… tout simplement ne rencontrent pas de telles opportunités, et épanchent donc leur aigreur dans l’ultra-‘radicalité’, le ‘plus-rouge-que-moi-tu-meurs’ (le capitalisme ne leur offrant aucune opportunité d’être ‘quelqu’un’, il doit donc disparaître, mais l’intérêt qui les meut dans cet objectif n’est pas prolétarien : si par le plus grand des hasards ils devaient parvenir au pouvoir, ils n’instaureraient rien d'autre qu’un capitalisme d’État, un système inégalitaire d’exploitation ‘emmailloté de rouge’).

    Opportunistes et dogmato-sectaires sont des ‘chancres’, des ‘parasites’ du mouvement révolutionnaire contre le capitalisme ; mouvement dont la faiblesse organisationnelle et idéologique est leur terreau. Lorsque le mouvement révolutionnaire, avec un authentique et conséquent centre d’agrégation communiste, reprend de la vigueur, leurs positions tendent à se disloquer : soit ils/elles essayent (pour certain-e-s) de ‘prendre le train en marche’ et deviennent - ainsi - partie du mouvement mais aussi, par leurs conceptions et leurs motivations égocentriques, des freins à celui-ci, ce à quoi il faut rester vigilant-e-s ; soit ils/elles se ‘neutralisent’ et disparaissent de la circulation ; soit ils/elles ‘tombent le masque’ et se font les ennemis ouverts de la révolution en marche... En revanche, toutes les personnes militant-e-s sincères, fussent-elles (à l’heure actuelle) totalement réformistes, sont vouées au final à subir d’une manière ou d’une autre la force d’attraction du ‘noyau dirigeant’ révolutionnaire communiste, dans ce que l’on peut appeler un processus de décantation.

         

    À lire également :  Sur le processus révolutionnaire  et  Sur le processus révolutionnaire (2)

    Thèses fondamentales pour la construction partidaire

    Considérations diverses : Le TROTSKISME DE NOTRE ÉPOQUE

    Récapitulatif des "grandes thèses" de Servir le Peuple

    Sur l'antifascisme : 2011 : un point indispensable sur le fascisme et l'antifascisme pour les années à venir

    Sur les questions nationales dans les grandes métropoles impérialistes et leur 'articulation' avec la 'question sociale' : La Question nationale au 21e siècle ; Considérations diverses : un (gros) pavé sur la Question nationale et Clarification sur l'encerclement du 'Centre' par la 'Périphérie' ; les études sur l'État 'France' (1 - 2 - 3), l'État espagnol et l'État 'Royaume-Uni' (1 - 2).

    Voir aussi la brochure du PCmF : Pour l'Unité des communistes, qui aborde la question de la 'décantation' des forces révolutionnaires et offre un 'tour d'horizon' assez intéressant des organisations se réclamant (en Hexagone) du marxisme-léninisme ou du maoïsme.

     

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    [1] Alors que nous, communistes révolutionnaires, chantons avec Pino Masi : ‘‘la scuola dei padroni non funziona più, ma solo come base rossa ; la cultura dei borghesi, non ci frega più, l’abbiamo messa nella fossa’’ (l’école des patrons ne fonctionne plus, sinon comme base rouge ; la culture des bourgeois, nous n’en avons plus rien à faire, nous l’avons mise à la fosse)

     

     


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  • youfeed-e-morto-prospero-gallinari-brigatista-del-rapimento.jpgUne semaine après sa disparition, les camarades du (nouveau) Parti communiste italien, qui ont eux-mêmes fort à faire avec la répression de l’État calotin, fascistoïde et mafieux dénommé 'République italienne', saluent la mémoire du camarade Prospero GALLINARI, ancien combattant et cadre des Brigades Rouges (BR), qui nous a quitté le 14 janvier dernier, sans doute victime des séquelles de ses graves blessures, reçues lors de son arrestation en 1979, et des dures conditions éprouvées 15 années durant dans les cachots de la Réaction. Au cours de sa vie de combattant révolutionnaire, puis de prisonnier politique, et jusqu'à son 'dernier rivage' du 14 janvier, ce fils de paysans des alentours de Reggio Emilia (plaine du Pô) n'a jamais abaissé le drapeau rouge de la lutte prolétarienne pour le communisme.

    Au total, le bilan de la période, appelée par la bourgeoisie 'années de plomb', et que l'on fait traditionnellement courir de fin 1969 (attentat de piazza Fontana) jusqu'au début, voire à la fin des années 1980, varie entre 380 et 415 mort-e-s selon les sources : pour la grande majorité, dans des attentats et des violences néofascistes, ou sous les balles ou les coups de la répression d'État ; mais il est courant (sur Wikipédia par exemple) d'attribuer l'intégralité de ces victimes... aux BR. Il y aurait eu, également, environ 2.000 blessé-e-s sérieux-ses (là encore, 80% des violences étaient policières ou néofascistes). Enfin, l'on estime qu'en 1980, quelques 4.000 personnes croupissaient pour des raisons politiques dans les geôles du régime démocrate-chrétien (qui dirigea le pays sans interruption de 1947 à 1992) : pour l'essentiel, des communistes combattant-e-s, des prolétaires en lutte ou des 'autonomes' du mouvement de 1977 ; et une petite minorité d'activistes d'extrême-droite (cherchez l'erreur...).    

    C’est un fait connu de tous et toutes, qui nous suivent depuis un petit moment déjà, que la ‘Guerre populaire de basse intensité’ menée par les organisations communistes combattantes italiennes, dans les années 1970-80, est un patrimoine politique et historique identitaire pour Servir le Peuple - là où d'autres, personnes ou groupes, se l'approprient de manière purement opportuniste, pour 'faire plus rouges que rouge'. C'est pourquoi nous nous joignons, avec toute notre ferveur révolutionnaire, à cet hommage.

    "Il y a des hommes qui luttent un jour et qui sont bons. Il y en a d’autres qui luttent un an et qui sont meilleurs. Il y en a qui luttent pendant des années et qui sont excellents. Mais il y en a qui luttent toute leur vie ; et ceux-là sont indispensables." Bertolt Brecht

    ONORE PROLETARIO, ONORE PARTIGIANO AL COMPAGNO GALLINARI !                                                                                                                                                                                                              

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    [SOURCE] 

    210284_0_1.jpgLundi 14 janvier est mort Prospero Gallinari.

    Prospero Gallinari et les autres camarades des Brigades Rouges ont réalisé dans notre pays une œuvre pionnière et généreuse pour la renaissance du mouvement communiste, même s'ils n'ont pas réussi à trouver la voie de la renaissance. La bourgeoisie et le clergé italiens sont convaincus d'avoir réussi à écraser les Brigades Rouges grâce à la féroce répression qu'ils ont déchaînée contre elles, tout comme, au niveau international, ils sont convaincus d'avoir brisé la première vague de la révolution prolétarienne grâce à leur force. Mais en réalité, les Brigades Rouges, tout comme les promoteurs de la première vague de la révolution prolétarienne, ont été vaincus par leurs propres limites dans la compréhension des conditions, des formes et des résultats de la lutte de classe, qu'ils n'ont pas réussi à surmonter. Le nouveau Parti communiste a tiré les enseignements de leur expérience.  

     

    [Extrait du Manifeste Programme du (nouveau)PCI, traduit en français par SLP ici, chap. 2, sous-chapitre 2.1.3 Les premières tentatives de reconstruire le Parti communiste]

     

    Autonomi3À la fin des années 1960 et au début des années 1970, en Italie comme dans d’autres pays, il y eut une grande période de luttes (1968 et l'Automne chaud). La lutte pour arracher à la bourgeoisie de nouvelles conquêtes de civilisation et de bien-être atteignit son sommet et toucha à ses limites : pour aller au-delà, elle devait se transformer en lutte pour la conquête du pouvoir et l'instauration du socialisme. La lutte contre le révisionnisme moderne atteignit un grand développement, sur le plan politique, dans les années 1970, lorsque des luttes revendicatives de la classe ouvrière et des masses populaires naquît un mouvement diffus de lutte armée, incarné par les Brigades Rouges. Il recueillait et donnait une expression politique à la nécessité de conquérir le pouvoir et de transformer la société, nécessité que les mêmes luttes revendicatives alimentaient dans la classe ouvrière et dans les masses populaires. De là le soutien, l'adhésion et la faveur des masses populaires vis-à-vis des Brigades Rouges, dont témoignent leur enracinement dans des usines importantes (FIAT, Alfa Romeo, Siemens, Pirelli, Petrolchimico, etc.), mais plus encore, les mesures que la bourgeoisie dût adopter pour en contrer l'influence et les isoler des masses, et la persistance de leur influence même après leur défaite.

    Par leur initiative pratique, les Brigades Rouges rompirent avec la conception de la forme de la révolution socialiste qui avait prédominé dans les Partis communistes des pays impérialistes, au cours de la longue situation révolutionnaire 1900-1945. Contrairement au Parti communiste d'Italie (Nouvelle Unité), les Brigades Rouges commencèrent à faire le bilan des erreurs et des limites qui avaient empêché les Partis communistes des pays impérialistes de mener à une conclusion victorieuse la situation révolutionnaire engendrée par la première crise générale du capitalisme. De là la richesse des enseignements qui peuvent être tirés de leur activité, en particulier à propos des lois Anni di piombo2de l'accumulation des forces révolutionnaires (qui est la tâche principale de la première phase de la guerre populaire révolutionnaire de longue durée) et du passage de la première à la seconde phase de celle-ci (construction des Forces Armées révolutionnaires).

    Elles ne réussirent toutefois pas à se libérer de l'influence de la culture bourgeoise de gauche, en particulier dans la version donnée par l'École de Francfort, que le révisionnisme moderne avait rendu culture courante et presque incontestée. Ce fait eut deux importantes conséquences :

    1. Les Brigades Rouges ne réussirent pas à corriger les erreurs d'analyse de l'époque, qui avaient dans cette culture leur fondement. Quant aux rapports entre les masses populaires et la bourgeoisie impérialiste, ils confondirent la phase culminante de la lutte des masses pour arracher des conquêtes dans le cadre de la société bourgeoise avec le début de la révolution. Quant aux rapports entre les groupes et les États impérialistes, ils confondirent l'atténuation des contradictions liée à la période 1945-1975, de reprise et de développement du capitalisme, avec la disparition définitive de l'antagonisme. Ils ignorèrent l’alternance des crises générales du capitalisme avec des périodes de reprise de l'accumulation du capital : les années 1970 étaient justement la période de passage entre la période de reprise et de développement qui avait suivi la Seconde Guerre mondiale, et la nouvelle crise générale par surproduction absolue de capital.

    2. Les Brigades Rouges ne réussirent pas à s'approprier consciemment la méthode de la ligne de masse pour rester à l'avant-garde du mouvement des masses, y compris dans la nouvelle phase produite par le début, au milieu des années 1970, de la nouvelle crise générale. Ils ne firent pas un bilan juste du mouvement communiste : ils combinèrent des illusions envers les révisionnistes modernes, dans les pays socialistes et dans les Partis communistes dirigés par eux, avec l'abandon de l'expérience historique du mouvement communiste à cause des succès que les révisionnistes modernes avaient réussi à remporter dans celui-ci.

    prosperogallinariSuite à ces erreurs, le lien des Brigades Rouges avec les masses cessa de croître et commença au contraire à s’affaiblir, les Brigades Rouges se mirent à fulminer contre "l'arriération" des masses et sombrèrent dans le militarisme (théorie de la 'suppléance'). De cette manière, ils favorisèrent l’attaque de la bourgeoisie qui était centrée sur l’exploitation de leurs erreurs et de leurs limites pour les isoler de masses.

    C’est à cause de ces pas en avant non accomplis, de cette autocritique non menée à son terme, que leur lien avec les masses populaires, plutôt que de se développer, s'affaiblit ; et les Brigades Rouges furent écrasées par l'offensive de la bourgeoisie, à laquelle les révisionnistes modernes participèrent comme à une entreprise vitale pour eux.

    La lutte menée par les Brigades Rouges montra, pour la troisième fois dans l'histoire du mouvement communiste de notre pays, après la période du Biennio Rosso et la Résistance, comment, dans un pays impérialiste, peuvent se présenter les conditions pour le passage de la première à la seconde phase de la guerre populaire révolutionnaire de longue durée. Elle montra aussi, d'autre part, que la possibilité d'exploiter avec succès les conditions favorables dépend étroitement de la qualité de l'accumulation des forces révolutionnaires qui a précédé leur apparition.

    politicaerivoluzione 500Le PCd'I et les BR constituent les deux principales tentatives infructueuses de reconstruction du Parti communiste. Les deux cherchèrent à répondre à cette nécessité pour la classe ouvrière et les masses populaires de notre pays. Mais ni l'un ni l'autre n’atteignirent leur objectif. Pour recueillir ce qu’ils ont produit de positif et tirer les enseignements de leur expérience, il est indispensable de comprendre les motifs de l'échec.

    L'histoire du mouvement communiste est riche en succès et en défaites. Les uns et les autres nous montrent que la contradiction entre théorie et pratique se manifeste dans les contradictions entre théorie révolutionnaire et construction de l'organisation révolutionnaire, entre le Parti révolutionnaire et le mouvement des masses, et dans d’autres encore. Quel est le juste rapport entre les deux termes de chacune de ces contradictions ? L'histoire du mouvement communiste nous enseigne :

    1. l'unité des deux termes : l’un ne peut se développer au-delà de certaines limites, que si l'autre se développe aussi dans une mesure adéquate ;

    2. que dans la lutte de la classe ouvrière pour le pouvoir, en général, sauf exceptions, la priorité revient au premier terme, bien que dans l'absolu, c'est-à-dire en considérant les choses dans un horizon plus vaste, la priorité revient au second.

    En effet, en termes généraux, la théorie du mouvement communiste est le reflet dans nos esprits, la synthèse, de l'expérience pratique de la lutte de la classe ouvrière et des masses populaires. Marx et Engels ont produit une théorie révolutionnaire en synthétisant l'expérience de la lutte des ouvriers. C’est grâce à cette théorie que le mouvement communiste a créé les Internationales et les Partis socialistes d'abord, les Partis communistes ensuite. Lénine a résumé la lutte qu’il mena dans les premières années du siècle dernier, en disant : « Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire ». Mao Zedong a fait en 1940 le bilan de la révolution chinoise en disant : « Depuis presque vingt ans, nous avons fait la révolution sans avoir une conception claire et juste de la révolution, nous agissions à l'aveuglette : de là la cause des défaites que nous avons subi ».

    autonomia operaiaDe même, en termes généraux, le Parti révolutionnaire est produit par la rébellion des masses opprimées. Mais dans les conditions auxquelles est arrivé le mouvement communiste, le mouvement des masses opprimées ne réussit à se développer au-delà d'un niveau élémentaire, revendicatif, que grâce à l'activité du Parti communiste. Les communistes n’ont pas réussi à construire un Parti communiste à la hauteur de son rôle et de la tâche de promouvoir et diriger la guerre populaire révolutionnaire de longue durée, et ceci a empêché l'instauration du socialisme dans les pays impérialistes. Ce n'est pas "l'intégration de la classe ouvrière dans le système capitaliste", ce n'est pas "l'incorporation des rapports de production capitalistes dans les forces productives" (donc la disparition de la contradiction entre les rapports de production et les forces productives), comme le soutient l'École de Francfort, qui a empêché la révolution socialiste dans les pays impérialistes. Le chaînon manquant est un Parti communiste adapté à sa tâche historique et à son rôle, et ce qui est principal pour rendre le Parti communiste adapté à sa tâche historique et à son rôle, c'est la conception du monde sur laquelle il se fonde et par laquelle il oriente son activité. Donc, la solution est dans la lutte entre deux lignes dans la construction du Parti communiste.

    NapLa bourgeoisie cherche de toutes ses forces à empêcher une telle construction du Parti. C’est un aspect essentiel de la contre-révolution préventive. Par la répression lorsqu’elle ne peut pas faire autrement, mais normalement, à travers son influence parmi les communistes. Dans tout Parti communiste et dans chacune de ses organisations, face à chaque pas en avant et à chaque décision importante, il y a une gauche et une droite. La gauche reflète la position de la classe ouvrière qui lutte pour le pouvoir ; la droite reflète la position de la bourgeoisie. La droite personnifie l'influence de la bourgeoisie dans le mouvement communiste et la véhicule. La bourgeoisie est au pouvoir depuis des siècles et a beaucoup hérité des précédentes classes exploiteuses. La classe ouvrière lutte pour le pouvoir depuis seulement 160 ans et ne l'a exercé que durant de brèves périodes et dans quelques pays où le capitalisme était relativement peu développé. Donc, la bourgeoisie a encore aujourd'hui une expérience du pouvoir incomparablement plus vaste que celle de la classe ouvrière. Dans le champ superstructurel, la bourgeoisie a un système complet de conceptions, lignes et méthodes. Sa conception du monde s'est consolidée en habitudes et préjugés. Elle a acquis la force, l'évidence et l'objectivité du lieu commun. Il s’ensuit que dans les Partis communistes, la droite a la vie plus facile que la gauche. La droite s'appuie sur ce qui existe déjà, est évident, est habitude, ce que "l'on a toujours fait ainsi", ce que "tout le monde pense". La gauche doit élaborer, découvrir, se projeter dans le nouveau, risquer de commettre des erreurs, corriger le tir jusqu'à trouver la voie vers la victoire. À la droite, il ne faut pas une théorie révolutionnaire ; la gauche ne peut pas progresser sans, et doit la synthétiser. La droite peut se renforcer des erreurs de la gauche et de la confusion de la contradiction entre théorie révolutionnaire et influence de la bourgeoisie avec la contradiction entre théorie juste et théorie erronée, entre nouveau et ancien. La droite entrave la création gallinari_prospero_cella.jpgd'une théorie révolutionnaire, la gauche la promeut et sans théorie révolutionnaire elle ne peut pas diriger. Les erreurs du Parti dans la compréhension de la situation profitent à la droite, et sont délétères à la gauche.

    La gauche du PCI n'a pas réussi à développer une théorie de la révolution socialiste dans notre pays au cours de la première crise générale du capitalisme, bien que le Parti se fût proposé de guider la révolution socialiste. Pour cette raison, la droite a réussi à prévaloir dans le Parti. Mao nous a enseigné que si le Parti n'applique pas une ligne juste, il en applique une erronée ; que s’il n'applique pas consciemment une politique, il en applique une à l'aveuglette. Il est très difficile que le Parti communiste réussisse à remporter la victoire avec une ligne appliquée à l'aveuglette ; il est plus probable qu’une ligne appliquée à l'aveuglette favorise ce qui existe déjà, la direction de la bourgeoisie, plutôt que ce qui doit émerger : la direction de la classe ouvrière.

    Le Parti communiste d'Italie (Nouvelle Unité) et les Brigades Rouges ne comprirent pas que pour avancer, il fallait un bilan de l'expérience de la première vague de la révolution prolétarienne et de la construction du socialisme, qui était synthétisé à son plus haut niveau dans le maoïsme ; ils ne comprirent pas que le révisionnisme moderne ne consistait pas seulement en un reniement de la révolution comme moyen pour instaurer le socialisme, mais exploitait les limites de la conception du monde et de la méthode de direction et de travail des communistes : il fallait dépasser ces limites pour vaincre le révisionnisme moderne ; ils ne comprirent pas, enfin, que le capitalisme, dans notre pays aussi, était au sommet d'une période de développement et que la seconde crise générale du capitalisme s'annonçait à peine. Pour ces raisons, leurs tentatives de reconstruire le Parti communiste furent défaites.

     


     

    Paris ouvrier, avec sa Commune, sera célébré à jamais comme le glorieux fourrier d'une société nouvelle. Le souvenir de ses martyrs est conservé pieusement dans le grand cœur de la classe ouvrière. Ses exterminateurs, l'histoire les a déjà cloués à un pilori éternel, dont toutes les prières de leurs prêtres ne parviendront pas à les libérer. K. Marx, La guerre civile en France (1871)

     

    Aux révolutionnaires emprisonnés

    [Appel du n°1 de La Voce - mars 1999]

     

     La Commission préparatoire au Congrès de fondation du (nouveau) Parti communiste italien, en débutant ses travaux, adresse un salut chaleureux aux révolutionnaires emprisonnés, exilés et en cavale des Brigades Rouges et des autres Organisations Communistes Combattantes qui, dans les années 1970, ont empoigné l'étendard de la lutte pour le communisme.

    savastaVous avez été l’expression la plus haute et êtes aujourd'hui les témoins vivants de la lutte vaste, généreuse et acharnée menée à cette époque par la classe ouvrière, le prolétariat et les masses populaires. L’importance que revêt cette lutte pour la cause du communisme, est à la hauteur de l’ecration sous laquelle la classe des oppresseurs et des exploiteurs cherche à en enterrer jusqu'au souvenir. La défaite, le dénigrement et les trahisons n'effaceront jamais la contribution que cette lutte a apporté à la cause du communisme, car les communistes sauront mettre à profit ses enseignements. La lutte pour le communisme menée en Italie dans les années 1970 a été la répétition générale de la future révolution socialiste. Elle a rendu le nom des Brigades Rouges célèbre dans le monde entier, et fait en sorte que celles-ci soient encore invoquées aujourd'hui par les prolétaires indignés des vexations que la bourgeoisie impérialiste inflige aux masses populaires. Les BR vivent encore aujourd'hui dans les mémoires, et inspirent des sentiments et des élans positifs, en particulier parmi les jeunes. Ceux qui se sont érigés comme vos vainqueurs ont montré leur véritable nature en éliminant les conquêtes de bien-être et de civilisation arrachées par les masses populaires, et en poussant celles-ci, autant qu'ils le peuvent, vers un avenir synonyme pour elles d'exclusion, de misèred'abrutissement, de barbarie et de souffrance. Les noms de vos vainqueurs, de Moro à Andreotti, du Pape à Berlinguer, sont d'ores et déjà couverts d'opprobre et seront pour toujours maudits par les travailleurs, que leur victoire a maintenu dans une condition qui chaque jour devient plus dure. Leur victoire est la mère de toutes les barbaries auxquelles les masses populaires doivent aujourd'hui faire face.

      La lutte pour le communisme reprendra, corrigeant les erreurs et surmontant les limites qui l’ont hier conduite à la défaite, parce que la classe ouvrière, le prolétariat et les masses populaires n'ont pas d'autre porte de sortie positive, à la crise générale du capitalisme, que l'instauration du socialisme. Le prolétariat ne s'est pas repenti ! 
     
    250px-Br processo Au nom du (nouveau) Parti communiste italien, nous demandons à chacun de vous de contribuer par votre propre expérience et votre propre témoignage à la reconstruction du Parti communiste. Chacun de vous est dépositaire d'un patrimoine de confiance et d'espérance accumulé par tous ceux qui dans les années 1970 ont combattu. C'est ce patrimoine que la bourgeoisie impérialiste fait tout pour détruire ou mettre à son service, en cherchant à vous contraindre à la reddition. Ce patrimoine est précieux pour la cause du communisme : mettez-le à profit !   

     Dans le même temps, au nom du (nouveau) Parti communiste italien, nous faisons appel à toutes les FSRS (Forces subjectives de la Révolution socialiste) pour que soient poursuivies et intensifiées toutes les initiatives, comme celles prises dans le passé par l’ASP, permettant de promouvoir la solidari des masses populaires à votre égard : la solidarité des masses populaires est la force principale dont vous disposez contre les pressions de la bourgeoisie impérialiste.

     Les camarades tombés en combattant pour la cause du communisme resteront toujours dans le cœur et dans la mémoire des membres du (nouveau) Parti communiste italien ; les organisations du (n)PCI porteront leurs noms aux côtés de ceux des dirigeants et des combattants qui se sont distingués au cour des 150 années d'histoire du mouvement communiste.

    intervista-a-loris-paroli.jpg


    Intéressant à parcourir également, ce document publié à l'origine par l'AA Bordeaux, sur la 'grande' organisation révolutionnaire de la première moitié des années 1970 (les BR étaient alors embryonnaires) : Lotta Continua - "Prenons la Ville !" (1970)

    Certes, Lotta Continua acheva sa course dans l'illusion électoraliste (avec Democrazia Proletaria), mais ce document du tout début des 'années de plomb' jette néanmoins brillamment les bases (avec, certes, beaucoup de 'spontanéisme') d'une stratégie de Guerre populaire en pays impérialiste ou industriel-avancé. Après l'auto-dissolution de l'organisation (1976), beaucoup de militant-e-s s'orienteront à leur tour vers la lutte armée, dans l'autre 'grande' OCC de la seconde moitié de la décennie : Prima Linea (1976-81).

    Et pour finir en musique, deux airs emblématiques de l'époque :

       Paroles

      Paroles
     

     


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  • Mali-75-des-Francais-favorables-a-l-intervention-militaire-.jpgIl est facile, lorsque "l'extrême-gauche" (le mouvement révolutionnaire authentique, marxiste et libertaire), plutôt que de se pâmer sur la "formidable organisation" des manifestants cathos homophobes du 13 janvier, s'intéresse un peu au monde qui l'entoure, et notamment à la dernière expédition néocoloniale de NOTRE impérialisme BBR en Afrique, de crier au "cosmopolitisme" et à la "géopolitique"... Il serait pourtant bien de savoir, d'une part, en quoi le terme de "cosmopolitisme" (mis à part dans les dernières années du secrétariat général de Staline - pour déclencher des "purges" à forte connotation antisémite, notamment sous l'impulsion d'Abakoumov - et dans l'ère révisionniste qui a suivi), terme récurrent de toute la droite réactionnaire de la première moitié du 20e siècle pour désigner l'internationalisme révolutionnaire prolétarien, relève en quoi que ce soit du patrimoine communiste ; et, d'autre part, en quoi cela ne serait pas le rôle, une tâche  FONDAMENTALE des révolutionnaires communistes, que d'étudier, analyser, comprendre et expliquer aux masses l'actualité du monde qui nous entoure.  

    Il est évident qu'en l'état actuel de nos forces, nous, communistes et révolutionnaires en général, ne pouvons pas faire grand chose pour empêcher, ne serait-ce même qu'entraver un peu, les expéditions guerrières impérialistes qui secouent à intervalle régulier telle ou telle partie du monde, depuis la "Fin de l'Histoire" proclamée à cors et à cris voilà plus de 20 ans. Il est évident, aussi, que dans toutes ces guerres depuis plus de 20 ans, il s'agit d'une forme particulière d'internationalisme : un internationalisme vis-à-vis des peuples, qui sont les victimes sacrificielles des règlements de comptes entre bandits assoiffés d'or (or jaune, noir, vert, blanc, peu importe) ; mais, hormis dans quelques cas où opèrent des forces communistes (Pérou, Inde, Philippines, Népal hier), ou des forces démocratiques et progressistes (Palestine, Kurdistan, Amérique latine, Sahara occidental, delta du Niger etc.), il n'y a pas de camp à choisir, pas de camarades révolutionnaires ou progressistes dans la ligne de mire de l'agresseur - mais, bien au contraire, des régimes ou des forces réactionnaires, fascistes ou obscurantistes, des Milosevic, des Saddam Hussein, des mollahs iraniens, des talibans etc., même s'il faut évidemment souligner le scandaleux déséquilibre des forces (il n'y a pas eu de guerres "symétriques" depuis 1945). 

    article photo 1358580018713-1-HDPOUR AUTANT, nous ne sommes pas sans tâches immédiates, et nous en avons même une essentielle pour tout communiste, tout révolutionnaire prolétarien : il s'agit de ce que Marx et Engels auraient appelé la lutte pour la Weltanschauung, la lutte pour la CONCEPTION DU MONDE. Dans chaque conflit, de part et d'autre de la ligne de front, les forces possédantes qui s'affrontent vont chercher à mobiliser les larges masses du peuple derrières leurs objectifs. Elles vont s'y employer par leurs canaux de propagande, principalement médiatiques. Elles vont diffuser LEUR lecture du conflit, une lecture BOURGEOISE, RÉACTIONNAIRE. Par exemple, dans la présente guerre au Sahara-Sahel, la bourgeoisie BBR volant au secours de ses pantins néocoloniaux va exposer sa lecture des événements : une guerre "pour la démocratie et la civilisation", contre d'abominables terroristes moyenâgeux qui imposent la charia, coupent les mains, lapident les couples non-mariés et détruisent des mausolées patrimoine de l'humanité ; tandis que les "relais" propagandistes des "parrains" du djihad vont exposer la leur : une "guerre sainte" de l'islam, pour Allah et son Prophète, contre les "Croisés" occidentaux et les "Juifs" maîtres du capitalisme occidental, etc. etc. Ce faisant, elles ne vont pas seulement s'assurer le soutien des masses dans le conflit en cours : elles vont également diffuser, massivement et pour des années voire des générations, leur conception du monde au sein des masses, elles vont les éduquer, les formater dans cette vision des choses réactionnaire, et s'assurer ainsi leur fidélité permanente. À cela, nous, communistes, devons opposer NOTRE LECTURE, révolutionnaire, prolétarienne, des événements ; et, à travers cela, NOTRE CONCEPTION COMMUNISTE DU MONDE. PERSONNE - se prétendant communiste - N'EST EN DROIT DE SE SOUSTRAIRE À CE DEVOIR PROLÉTARIEN. Il en va, à terme, du triomphe de notre conception du monde, du NOUVEAU sur l'ancien, et donc de la révolution prolétarienne que nous prétendons mener à bien.

    Cette intervention militaire au Mali, donc, dont il faut rappeler qu'elle est la troisième intervention directe de l'armée impérialiste BBR en moins de deux ans (après la Côte d'Ivoire et la Libye), s'inscrit totalement (même si l'on peut la considérer comme 'mineure', mais enfin, il n'y a pas de bombe sur le coin de la figure qui soit 'mineure') dans ce qu'il faut bien appeler la Quatrième Guerre mondiale impérialiste, laquelle semble entrée, depuis la grande crise de 2008, pour l'impérialisme BBR en tout cas, dans une phase de "fuite en avant". 

    En effet, depuis l'époque où Marx et Engels rédigeaient leur Manifeste, l'on peut considérer que l'humanité a traversé 5 grandes périodes où "la violence accouche de l'histoire" :

    guerre1870- une "Guerre mondiale zéro" qui commence au lendemain du "Printemps des Peuples" de 1848 ; elle brise l'ordre européen et mondial du Congrès de Vienne (1815) et voit le parachèvement de l'époque des révolutions bourgeoises et l'entrée de la planète dans l'ère impérialiste (symbolisée par la Conférence de Berlin en 1884-85) ; à travers une série de conflits localisés mais d'une violence meurtrière jamais vue jusqu'alors : guerre de Crimée (1854-56), guerre civile américaine (1861-65, 600.000 mort-e-s...), guerres de l'Unité italienne (1859-70, la bataille de Solferino verra la naissance de la Croix-Rouge internationale), guerre d'extermination de la Triple Alliance (Brésil-Argentine-Uruguay, pilotés par l'Empire britannique) contre le Paraguay (1865-70, 300.000 mort-e-s soit 60% de la population), guerres de l'Unité allemande (1864, 1866 et celle de 1870-71 contre la France - 250.000 mort-e-s en 6 mois), guerre russo-turque de 1877-78 etc. etc.

    - la Première Guerre mondiale, due à la "saturation" du partage colonial de la planète ; son point culminant est évidemment la Grande Guerre de 1914-18, mais elle s'étend en réalité de la s-14-18toute fin du 19e siècle (guerre hispano-américaine de 1898, guerre anglo-boer de 1899-1902 puis guerre russo-japonaise de 1904-1905, guerres balkaniques de 1912-13 etc.) jusqu'au Traité de Lausanne (1923) qui met un terme à la guerre nationale turque de Mustafa Kemal contre les puissances victorieuses de 1918. Elle voit la naissance de la première vague de la révolution prolétarienne mondiale avec la Révolution bolchévique d'Octobre 1917 et débouche sur le monde instable de la Société des Nations, de "l'Allemagne paiera" et du "cordon sanitaire" contre l'Union soviétique.

    woii-300x281.png- la Deuxième Guerre mondiale, qui commence au lendemain de la grande crise de 1929 (invasion japonaise de la Mandchourie en 1931, etc.) et s'achève fin 1945 ; avec deux aspects : un affrontement inter-impérialiste pour le repartage du monde (1914-18 n'ayant rien réglé) et un affrontement mondial entre révolution et contre-révolution, cristallisé à travers l'affrontement entre l'Allemagne nazie (avec ses alliés) et l'URSS (avec les Partis communistes qui luttent dans l'Europe et l'Asie occupée), qui est de loin le front principal du conflit. 

    Ces deux grandes guerres balayent le "monde de 1900" et débouchent sur un monde reconfiguré, celui des "Trente Glorieuses" et de

    - la Troisième Guerre mondiale (1946-1990), ou "Guerre qui n'avait de froide que le nom". Elle recouvre trois aspects principaux : affrontement entre révolution et contre-révolution, lutte des nations opprimées par l'impérialisme contre celui-ci, lutte entre le "monde libre" impérialiste occidental et le social-PJFE Captureimpérialisme soviétique (URSS devenue une puissance impériale, et non plus le Centre de la révolution mondiale) ; peu de conflits se détachant de l'un (au moins) de ces trois aspects (guerre du Biafra opposant impérialismes BBR et britannique, guerre Iran-Irak contre la "révolution islamique" iranienne). C'est le premier conflit sans affrontement direct entre grandes puissances et pays avancés (d'où son nom de "Guerre froide"), le "Tiers Monde" étant l'unique théâtre d'opération (sauf lors des soulèvements est-européens contre le social-impérialisme). Bien que liées au social-impérialisme, certaines luttes revêtent néanmoins un aspect progressiste face à l'ordre politique et social brutal imposé par le "monde libre" dans certaines parties du monde : luttes d'indépendance des colonies portugaises d'Afrique (1960-75), guérillas d'Amérique latine (1960-90), luttes d'Afrique australe contre le régime sud-africain d'apartheid (1975-90), luttes du Machrek arabe contre l'occupation sioniste ; toutefois, au terme de la "Guerre froide", la plupart de ces forces seront intégrées, sous une forme social-démocrate voire social-libérale, au système impérialiste mondial (ANC, OLP, FSLN, FMLN, régimes "socialistes" divers etc.).

    - enfin, à peine achevée la précédente avec la débâcle de l'URSS (1989-91), débute une Quatrième Guerre mondiale pour le repartage impérialiste du monde post-soviétique, commençant dès la guerre du Liberia (1989-97) et la Guerre du Golfe (1990-91).drc children congolese child soldiers congo child fighters

    Celle-ci est toujours en cours ; elle a connu un "coup d'accélérateur" après le 11 Septembre 2001 (lorsque des éléments djihadistes arabes et pakistanais ont frappé au cœur de la première puissance impérialiste mondiale), ce qui n'a pas empêché la décennie précédente de connaître, déjà, des conflits très meurtriers (Golfe, Afrique, ex-Yougoslavie, ex-URSS, Algérie, Colombie etc.).

    Ses principaux acteurs sont :

    - un bloc impérialiste "anglo-saxon" autour de l'impérialisme US, du Royaume-Uni, des pays du Commonwealth (Canada, Australie etc.), auquel se rattachent globalement le Japon, les "dragons" asiatiques (Corée du Sud, Taïwan etc.) et Israël ; cela non sans contradictions, parfois, entre ces puissances ;

    gaza_bombardements_en_pleine_ville.jpg- un bloc impérialiste "européen" autour du "couple" franco-allemand ; là encore non sans contradictions occasionnelles (l'impérialisme BBR et l'impérialisme allemand, par exemple, n'avaient pas le même agenda dans les Balkans ni en Libye) ;

    - l'impérialisme russe, héritier du social-impérialisme soviétique, défait en 1989-91 et tentant de se redresser ou, a minima, de sauvegarder son "pré carré" ;

    - le nouvel impérialisme chinois, émergé à la fin du 20e siècle après la grande accumulation capitaliste de l'époque Deng ;

    - des pays non-impérialistes mais "émergents", à fort PNB et forte croissance, qui cherchent à s'affirmer au niveau régional voire international (d'où la création en 1999 du "G20", intégrant un certain nombre de ces pays à la "cour des grands"), et forment ainsi des "centres de pouvoir secondaires" : pays d'Amérique latine comme le Brésil, l'Argentine ou le Mexique, le Venezuela à la tête de l'ALBA ; Inde, Pakistan ; Afrique du Sud avec l'instrument de "l'Union africaine" ; Arabie saoudite et pays du Golfe arabo-persique comme notamment le Qatar (finançant à travers le monde les forces "islamistes" sunnites), avec des instruments comme l'OPEP, la Ligue arabe ou l'Organisation de la Conférence islamique ; Turquie, Iran (appuyant les forces "islamistes" chiites), Malaisie, Indonésie, etc. etc.

    guerre_iraq.jpgLà encore, les théâtres d'opération sont intégralement dans le "Tiers Monde". Il y a des interventions directes (ex-Yougoslavie, Afghanistan, Irak, Libye, guerres sionistes au Proche-Orient, interventions BBR en Afrique...), mais aussi et surtout beaucoup de guerres menées par telle ou telle "puissance" en fomentant des groupes combattants armés contre ses rivaux ; d'où l'appellation médiatique bourgeoise de "guerre contre le terrorisme". L'on compte quatre principaux fronts de Guerre populaire menée par des Partis maoïstes (Inde, Philippines, Pérou, État turc ; la Guerre populaire au Népal s'est achevée en 2006 et sa reprise n'est pas encore à l'ordre du jour) ; et quelques fronts où opèrent, dans les limites de leur conception du monde (non MLM), des forces de progrès (Colombie, sud du Mexique, Paraguay, Palestine-Liban, Kurdistan, Irlande du Nord occupée etc.). Les luttes de libération basque et tamoule sont actuellement en état de défaite militaire. 

    Revenons à présent à notre sujet, le Mali. Quelles sont les forces en présence ?

    - Ceux qui ont "ouvert la boîte de Pandore", le MNLA (Mouvement National de Libération de l'Azawad, touareg laïc), sont aujourd'hui complètement sur la touche, évincés par les djihadistes et ne contrôlant plus aucun territoire. Dernièrement, par leurs porte-paroles, ils ont offert de mettre leurs dernières maigres forces (quelques milliers de combattants) au service de la contre-offensive franco-malienne contre les "terroristes".

    Aqmi-appelle-la-France-a-negocier-la-liberation-des-otages_.jpg- La fameuse AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique), groupe armé issu du GIA algérien à travers le GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat), ayant trouvé refuge dans les régions sahariennes du Mali, du Niger et de Mauritanie après la guerre civile algérienne des années 1990 ; ils y ont prospéré dans la contrebande et l'enlèvement d'Occidentaux contre rançon, et fait des recrues sur place.

    - Deux scissions de cette dernière : 1°/ le MUJAO, plus "noir", "subsaharien" (moins "maure", arabe et touareg), tourné vers l'Afrique de l'Ouest sahélienne où il voudrait instaurer un califat islamique ; contrôlant la ville de Gao et entretenant des liens vraisemblables avec le groupe nigérian Boko Haram (le Nord du Nigéria n'est pas très loin de là) ; et 2°/ le groupe Belmokhtar (les "Signataires par le sang"), plus arabe, "maure", algérien ; il est l'auteur de la prise d'otage d'In Amenas (à la frontière algéro-libyenne).

    Salafistes ultras, ces groupes n'ont probablement pas de véritable soutien étatique ; ils sont vraisemblablement financés à titre privé par de richissimes oligarques et grands-capitalistes de la péninsule arabique et du monde arabe et musulman en général.

    1647774 3 5af0 des membres du mouvement islamiste shebab en- enfin, dernier (et de loin le plus important) larron, Ansar Dine : il s'agit d'une scission majoritaire du mouvement national touareg au Mali, abandonnant l'idée d'un Azawad indépendant laïc, pour prôner un État islamique sur tout le Mali voire tout le Sahara et l'Afrique sahélienne... Son leader, Iyad ag Ghali, ancien rebelle touareg des années 1990 puis conseiller... à la présidence malienne, et enfin conseiller consulaire en Arabie saoudite (c'est là qu'il aurait noué des liens avec le djihadisme, avant d'être expulsé), a réussi à littéralement siphonner les forces qui auraient normalement dû échoir au MNLA, héritier légitime de la rébellion historique touarègue. Il faut dire qu'Ansar Dine... paye beaucoup mieux ses combattants que le MNLA, tout simplement ! Derrière le groupe se profile assez nettement, selon de nombreuses sources, à travers des ONG "humanitaires", l'argent du Qatar (voir ici et ici). La stratégie de l'émirat pétrolier (en tout cas, d'une partie de ses oligarques) semble ici très claire : à travers un grand le-porte-parole-d-ansar-dine-photo-afpkhalifa qui couvrirait toute l'Afrique de l'Ouest sahélo-saharienne, obtenir un terrain d'investissement pour ses dizaines de milliards de pétro-dollars (sur)accumulés au fil des années ; chose évidemment inacceptable pour les impérialistes occidentaux et même russes et chinois (qui ne s'opposent pas, pour le coup, à l'intervention). C'est peut-être, aussi, ce qui fait passer Ansar Dine pour un groupe plus "politique", "pragmatique", "ouvert à la négociation" que ses acolytes... 

    En face, une armée malienne en déliquescence, dont les éléments "d'élite", formés par des conseillers US ces dernières années... ont fait défection en masse, avec armes et équipement, pour rejoindre les groupes rebelles, tandis que d'autres renversaient à Bamako le gouvernement "légal" jugé responsable de la déroute ; et désormais, donc, l'armée impérialiste BBR, qui sera bientôt renforcée par des contingents de ses "sous-préfectures" africaines : Niger, Burkina, Sénégal, Togo, Bénin, Tchad, peut-être Côte d'Ivoire, ainsi que du Nigeria (néocolonie anglo-saxonne). L'impérialisme BBR bénéficie en outre de l'appui logistique d'un certain nombre de partenaires occidentaux : Royaume-Uni, États-Unis, Canada, Belgique, Allemagne etc.

    [Lire aussi (analyse très proche de la nôtre) : « Les mensonges de la propagande de guerre française au Mali _ Investig’Action.pdf »]

    De leur côté, les djihadistes ne bénéficient bien sûr d'aucun soutien diplomatique officiel (qui s'y risquerait ?) mais il est évident qu'ils ont leurs "relais", leurs "connections", non seulement dans le Golfe mais aussi dans toutes les grandes bourgeoisies et les régimes oligarchiques arabes, au plus haut niveau - comment expliquer, sinon, la surréaliste prise d'otage d'In Amenas par quelques dizaines de combattants sur un site gazier - normalement - ultra-surveillé par l'armée algérienne ?

    1817586_5_663c_francois-hollande-en-compagnie-de-khalifa-be.jpgHasard ou pas (la visite était, dit-on, programmée de longue date... mais enfin, l'intervention aussi), quelques jours après le déclenchement de l'opération Serval, Hollande s'est rendu aux Émirats arabes unis (Dubaï et Abu Dhabi). Il a, bien évidemment, dû y aborder la question d'une coopération répressive plus étroite de ces émirats, dont il est de notoriété publique que les forêts de gratte-ciels sont des plaques tournantes du financement international du djihad. Mais, même avec les meilleures déclarations de principe, comment le pourraient-ils ? Le djihad est un investissement, ces émirats/places financières brassent des milliards et des milliards de dollars et, dans un système capitaliste mondial, on ne peut pas forcer l'argent à dormir dans des coffres : chaque dollar doit s'investir, se valoriser, et construire des tours de 1000 mètres de haut et des îles artificielles géantes ne peut y suffire... Notre monde capitaliste, en ce début de 21e siècle, est en surproduction absolue, planétaire de capital ; et ce capital suraccumulé gémit dans les entraves d'un monde trop petit pour lui, il hurle de toutes ses forces, et il ne peut briser ce carcan qu'en allant à l'affrontement antagonique avec les autres Centres d'accumulation : il ne peut sortir de cette situation que par la GUERRE.

    Nous avons donc, là, un conflit sur un front très localisé (la moitié d'un État africain) mais aux ramifications mondiales : bel et bien une expression de la Quatrième Guerre mondiale en cours ; une guerre de tous contre tous, sans véritable camp/"bloc" ni ligne de front définie, un panier de crabes où chacun avance ses pions (en essayant de ménager les "plus grosses bêtes" que lui), une foire d'empoigne généralisée dans un monde en crise capitaliste générale par surproduction absolue de capital, en repartage général et permanent des (juteux) terrains d'investissement depuis que la débâcle soviétique a démantelé le "tranquille" schéma des "blocs".

    mine or-maliAttardons-nous un peu sur le déroulement des événements au Mali depuis un an, depuis le début de la "rébellion du Nord". Ce seront là, bien sûr, des spéculations (nous ne sommes pas dans le "secret des dieux"...), à poser au conditionnel ; mais il y a fort à parier qu'elles ne soient pas si éloignées que ça de la réalité, et dans tous les cas, elles donnent une bonne idée d'à quoi ressemble ce panier de crabes de la Quatrième Guerre mondiale qui secoue le monde impérialiste ; avec son capital suraccumulé et entravé qui pousse de toute part pour trouver un terrain où se valoriser, au détriment des capitalistes concurrents. Le Mali, depuis la "reprise en main" de 1968 (avec Moussa Traoré, qui instaure 23 ans de dictature garde-chiourme), après la période "tiers-mondiste" de Modibo Keïta, est évidemment une semi-colonie de l'ancienne métropole BBR, pour ne pas dire un protectorat de fait, une néocolonie (toute-puissance de l'ambassade, monnaie - le franc CFA - contrôlée par la Banque de France, pas de présence militaire permanente mais les troupes BBR sont au Sénégal voisin, au Tchad et en Côte d'Ivoire non loin). Mais il faut voir que ce pays est riche en ressources (notamment, c'est le troisième producteur d'or du continent, depuis d'importantes prospections en 1996-98), et qu'il a connu, ces dernières années, une assez forte croissance de son PIB (5,8% en 2010, 5,3% en 2011, et autour de 5% en moyenne depuis le milieu des années 1990). Il est logique que des pays extrêmement pauvres, au très faible PIB, partant pour ainsi dire "de rien", connaissent une beaucoup plus forte croissance que des pays très avancés, industrialisés de longue date voire "post-industriels" (comme les pays d'Europe de l'Ouest, d'Amérique du Nord ou le Japon), et que la moindre croissance de leur PIB représente (forcément) un pourcentage (taux de croissance) important de celui-ci. Mais enfin, hommes-du-mnla-posant-devant-le-drapeau-de"point trop n'en faut"... Il ne faudrait pas, pour l'impérialisme de tutelle, que ces paltoquets commencent à l'ouvrir un peu trop grand.

    Or c'est peut-être ce que commençait à faire l'ancien président, "ATT" (Amadou Toumani Touré), qui pouvait commencer à être tenté par le "premier niveau" de l'affirmation nationale bourgeoise face à l'impérialisme, c'est-à-dire la technique consistant à "jouer" les puissances impérialistes les unes contre les autres. Il commençait peut-être à un peu trop se tourner vers l'impérialisme US, intéressé par le Mali pour y installer son "état-major Afrique" (AFRICOM), sans parler de la Chine, toujours à l'affût sur le "continent noir".

    Il est donc fort possible que, dans certaines mouvances de la bourgeoisie impérialiste BBR, ait germé l'idée de couper le Mali en deux, de pousser en faveur d'une large autonomie du Nord (Azawad) en s'appuyant sur la revendication touarègue, selon le précepte simple que deux entités séparées (de fait) seront plus faibles, donc plus dociles qu'un seul État unifié. Le Nord du Mali, recelant potentiellement des hydrocarbures et de l'uranium, aurait pu être beaucoup plus facilement contrôlé et pillé à travers une entité "autonome" touarègue devant tout à la "médiation" de l'ancien colonisateur. Il est fort possible, même, que dans le contexte de la guerre libyenne ces éléments impérialistes aient obtenu la neutralité (voire la défection) de la "légion touarègue" de Kadhafi (venue ensuite grossir le MNLA) en échange de cette promesse de retour au pays avec un Azawad "libre" à la clé. [NDLR MàJ c'est confirmé par un ancien dirigeant du mouvement dans cet entretien : http://panafricain.tv/la-france-nous-avait-donne-son-feu-vert-pour-lindependance-de-lazawad-contre-les-ressources-minieres/] 

    1815474 5 1769 le-conseil-de-securite-a-demande-un 9c91539bMais voilà, le plan c'était le plan... et la réalité fut toute autre. Il y avait AQMI (qui a connu depuis la scission du MUJAO et de Belmokhtar), avec ses financiers oligarques arabes de tout poil, mais bon : c'était un groupe errant, ne parvenant pas à se "fixer" réellement quelque part, et combattu efficacement tant par les armées nationales (malienne, mauritanienne, algérienne, nigérienne) que par les tribus (armées) maures et touarègues. Tout cela restait "sous contrôle". Le grain de sable est venu... de l'argent du Qatar, le grand allié dans l'affaire libyenne, pour le coup n°1 mondial du taux de croissance en 2010 (16,3%), qui a pointé subrepticement le bout de son nez ; arrachant au MNLA les 3/4 de ses forces pour former Ansar Dine, véritable petite armée de 5 à 10.000 combattants à la solde de Doha. C'est véritablement Ansar Dine qui, au Nord-Mali, a fait basculer le rapport de force en faveur des djihadistes, satellisant AQMI et ses dissidences. C'est ce qui s'appelle, en langage populaire commun, se faire doubler en beauté... et forcément, cela ne rend pas content du tout. Vouloir affaiblir une néocolonie un peu "turbulente" (disons, se vendant au plus offrant et non plus seulement à l'ancienne puissance coloniale) en favorisant la revendication ethnique d'une partie de sa population (jusque là, rien de plus "classique"), et se retrouver avec la partie la moins peuplée mais la plus riche (en sous-sol) de son territoire transformée en émirat islamiste par des groupes incontrôlables et armés jusqu'aux dents, il faut l'avouer, c'est tout de même ballot. La riposte s'imposait ; c'est désormais chose faite...

    2222335343 small 1Donc voilà : la guerre, encore une énième fois, depuis deux décennies que l'on nous promet la "Fin de l'Histoire" et le règne "indépassable" de la démocratie (bourgeoise) et de la paix dans le monde... LA GUERRE, comme expression ultime du Capital surproduit qui gémit dans les chaînes du mode de production lui-même, de ses rapports de production, de ses rapports sociaux en général, de ses relations internationales foncièrement inégalitaires de par la loi matérialiste du développement inégal ; et qui ne peut trouver d'issue, pour se valoriser (sa raison d'être), qu'en DÉTRUISANT... du capital concurrent, par le seul moyen qui le permette : les armes. Et, encore et toujours, ce sont les masses populaires d'Afrique et d'ailleurs, déjà exploitées et affamées au quotidien, qui font office de victimes expiatoires, de chair à canon, car, comme le chantait déjà Montéhus dans les années 1920 (peu après la Grande Boucherie de 14-18), "les bandits, qui sont cause des guerres, n'en meurent jamais, on n'tue qu'les innocents" (la Butte Rouge). À moins qu'il n'y ait... une autre porte de sortie, et celle-ci, certes, peut prêter à sourire tant on nous rabâche depuis près d'un quart de siècle qu'elle n'est qu'une utopie finissant toujours dans le sang : c'est, bien sûr, la RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE mondiale ; l'immense rage des HokusaiWavepeuples exploités et affamés se levant comme une gigantesque vague vengeresse, que rien ne pourra arrêter et qui balayera sur son passage, pays par pays, le vieux monde pourrissant pour laisser place à une Aube nouvelle. Non, cela n'est pas utopique ! Déjà, au siècle dernier, une telle vague s'est levée et a illuminé le monde, avant que des traîtres néo-bourgeois ne la dévoient, puis que ne triomphent les ennemis de classe qui avaient juré sa perte - et de la couvrir d'ordure ensuite, ce qu'ils firent, et efficacement.

    Mais pour cela, tel est le b-a-ba du marxisme, il faut que partout les masses exploitées et opprimées, de classes en soi, deviennent des classes POUR SOI, conscientes de leurs intérêts et en mouvement pour accomplir leur mission devant l'Histoire. Pour cela, il faut que les masses se libèrent de la conception bourgeoise du monde que leur imposent leurs exploiteurs, et s'emparent de leur PROPRE CONCEPTION DU MONDE, conception RÉVOLUTIONNAIRE car conception de la classe appelée à diriger le monde de demain : le PROLÉTARIAT. Une conception fondée sur la compréhension scientifique du monde, à la lumière du matérialisme dialectique légué par 150 ans de mouvement socialiste et communiste. Répandre, le plus largement, cette conception du monde dans les masses du peuple : telle est, avant même toute lutte "physique", la première tâche des communistes.


    LIBÉRONS-NOUS DE CETTE POURRITURE !

    DÉTRUISONS LE VIEUX MONDE !


    Destroy_the_old_world_Cultural_Revolution_poster.png


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  • INTER-201242-Mali-intervention-vignette.jpgC'en est donc fait. Après des mois à jurer ses 'grands dieux' qu'il n'en ferait rien sans les 'partenaires africains', et moins de deux ans après la sanglante expédition néocoloniale en Côte d'Ivoire (plus de 2.000 mort-e-s rien qu'à Abidjan, massacres innombrables par les tirailleurs 'forces nouvelles' dans l'Ouest du pays, etc.), pour porter au pouvoir le FMIste Ouattara, et le début du 'licenciement musclé' de l'ex-laquais Kadhafi, l'impérialisme BBR est passé à l'offensive directe dans sa néocolonie malienne. Il faut dire que le déclenchement 'surprise', par les forces djihadistes du Nord, d'une attaque massive sur le 'goulet' qui sépare les ailes Nord et Sud du 'papillon' malien, menaçant le Mali 'utile' méridional (dans leur conception mystique du djihad, les islamistes recherchaient sans doute ainsi cet affrontement direct avec les 'Croisés'), a quelque peu bousculé l'agenda politico-militaire. Des frappes aériennes ont donc stoppé cette poussée vers le Sud, avec également des moyens d'intervention plus 'rapprochés' (hélicoptères, un pilote aurait déjà été tué par une riposte à l'arme automatique) et très certainement des troupes terrestres 'd'élite'.

    lepen_desir_cope.jpgPar la voix de politiciens d'extrême-droite ou à la 'gauche de la gauche', Kadhafi ou Laurent Gbagbo bénéficiaient d'un certain nombre de soutiens dans la mouvance des monopoles BBR : 'risque d'instabilité régionale', de 'mettre les islamistes au pouvoir', de 'se battre encore une fois pour Washington et le Nouvel Ordre Mondial' etc. etc. Cette fois-ci, le soutien à l'intervention est assez unanime dans la 'classe' politique, hormis quelques réserves d'ordre formel, du côté de Mélenchon ou de Noël Mamère, sur la nécessité de 'consulter le Parlement' ou 'd'associer les pays africains' (histoire que cela ne fasse pas trop néocolonial...) [depuis s'y sont ajoutés Villepin, qui tente certainement ainsi - encore une piètre fois - d'exister politiquement, ou encore... Giscard d'Estaing, qui met en garde contre une... "dérive néocolonialiste" (!), ce qui ne manque pas de sel pour l'homme de Kolwezi et des diamants de Bokassa...]. Même le Front national soutient à 100%, déplorant simplement que la situation au Mali soit le 'fruit' de la liquidation de Kadhafi (qu'il soutenait) et de la déstabilisation qu'elle a provoqué.

    mali-ansar-dine-combattants-reuters-930620-02.07.12 scalewiIl faut bien souligner ici quelle est la nature de cette guerre contre la 'menace djihadiste'. Cela est important, pour bien tordre le cou, par exemple, à certaines analyses tendant vers le complotisme : les 'islamistes' seraient des 'agents' de l'impérialisme, financés par les pétrodollars du Golfe, servant à 'donner un prétexte' à des expéditions impérialistes pour le contrôle des ressources naturelles (de quel 'prétexte' peut-il y avoir besoin dans un pays aussi néo-colonisé que le Mali ??) ; de même qu'il faut tordre le cou à certaines analyses minoritaires voyant dans les djihadistes des forces 'révolutionnaires' et 'anti-impérialistes'. Comme l'a déjà - et justement - analysé Servir le Peuple, les forces 'djihadistes' à travers le monde sont bel et bien l'expression militaire des grandes oligarchies capitalistes multi-milliardaires basées dans le Golfe arabo-persique et la Péninsule arabique. Ces forces capitalistiques, depuis près d'un quart de siècle, sont avec les grandes puissances impérialistes (occidentales ou "orientales" - Russie, Chine, Japon etc.) dans un rapport d'unité et lutte. Unité car leur base d'accumulation repose entièrement sur leurs ressources hydrocarbures, et donc sur les pays industrialisés qui les leurs achètent (et qui eux-mêmes en dépendent, de manière vitale, pour leur vie productive et sociale en général) : pour cela, l'affrontement direct est impossible et, du côté sud du Golfe, ces pays font figure d'alliés indéfectibles de la 'Triade' Amérique du Nord – Europe occidentale – Asie-Pacifique (sauf Chine) ; l'Iran, lui, penchant plutôt vers l'axe russo-Soldats-intervention-Mali-armee-francaise_pics_390.jpgchinois 'de Shanghai'. Unité... mais LUTTE, car ces États réactionnaires producteurs d'énergies fossiles, 'inféodés' à l'impérialisme occidental, ont aussi leurs propres ambitions, leur propre agenda. La vente de ces gigantesques ressources hydrocarbures génère en effet des milliards et des milliards de pétro-dollars, dont le millième suffit largement à assurer aux pétro-oligarques, ainsi qu'à leurs héritiers pour deux ou trois générations, toute une vie de jet set sans jamais fournir le moindre travail. Et le reste... qu'en faire ? Car, dans le système capitaliste qui domine notre monde, un dollar n'est réellement un dollar que s'il 'vit', s'il fructifie, s'il est investi. Après ce que l'on peut qualifier d''accumulation primitive' de pétro-dollars (globalement, des années 1930 aux années 1970-80), les oligarchies des pays producteurs sont donc en quête de terrains d'investissement, que ce soit à travers leurs 'fonds souverains' ou des initiatives privées. C'est le sens des très nombreux investissements jusqu'au cœur même des métropoles impérialistes, comme les investissements qataris en Hexagone, dans les quartiers populaires (suscitant "l'inquiétude de la droite") ou dans le secteur sportif avec le rachat du PSG, suscitant la colère des identitaires parisiens...

    C'est le sens du soutien aux forces politiques 'islamistes' (Frères musulmans, salafistes etc.) dans le contexte des mouvements populaires arabes qui déstabilisent voire mettent à bas des régimes à la botte aussi bien des Occidentaux (Tunisie, Égypte) que des Russes et des Chinois (Libye, Syrie) - dans ces derniers cas, les agendas 'golfiens' et occidentaux coïncident (et c'est là la grande incompréhension de la grande majorité des forces progressistes et marxistes anti-impérialistes : comment se fait-il donc que 'nous' - notre impérialisme BBR - allions combattre au Mali des 'islamistes' que 'nous' soutenons en Libye et en Syrie ???). Et lorsque 'ça coince', lorsque la contradiction atteint un certain degré d'antagonisme, l'affrontement direct restant impossible, surgit 1815474 5 1769 le-conseil-de-securite-a-demande-un 9c91539balors une force militaire 'par procuration' : les 'djihadistes', animés par la même idéologie wahhabite  que celle des États de la péninsule arabique, une idéologie dont le puritanisme religieux et le messianisme évoquent d'ailleurs – non par hasard, le hasard n'existant pas pour les matérialistes – les temps de l'accumulation primitive capitaliste en Europe (avec le calvinisme, le jansénisme etc.). De même et de plus, dans le panier de crabes que constitue le 'concert' des États fantoches néocoloniaux africains, il est fréquent que les groupes armés soient utilisés par tel ou tel pour déstabiliser ses voisins : il est ainsi de notoriété publique que les 'islamistes' somaliens sont appuyés par l'Érythrée (État à 50% musulman, 50% chrétien et... 100% laïc) pour emmerder son grand rival éthiopien, qui appuie quant à lui le gouvernement 'internationalement reconnu' ; que le Soudan 'islamiste' appuyait les rébellions armées au Tchad et réciproquement ainsi que 'l'Armée de Résistance du Seigneur' (fondamentaliste... chrétienne !) en Ouganda ; que l'Algérie à longtemps appuyé le Front Polisario (Sahara occidental) dans sa rivalité régionale avec le Maroc etc. etc. Au Mali le premier mouvement à être passé à l'action, le MNLA (nationaliste touareg laïc), était à l'origine une 'légion' touarègue de Kadhafi pour 'faire pression' sur ses voisins du Sud, et qui s'est retrouvée 'sans maître' après la chute de celui-ci. L'Algérie soutient certains groupes islamistes et a été l'un des plus farouches opposants à une intervention militaire BBR et/ou CEDEAO...

    Intervention-au-Mali article mainFinalement, après avoir été pendant quatre décennies le 'gendarme' du continent africain face à la 'menace communiste', puis avoir été contesté dans ce 'pré carré' par la superpuissance US (une fois ce rôle devenu obsolète), l'impérialisme BBR se retrouve à nouveau propulsé 'gendarme de l'Afrique' face à la 'menace islamiste' – d'ailleurs, concomitamment à l'intervention au Mali, se déroulait une autre opération plus limitée en Somalie, visant à libérer un otage tricolore, 'détaché' de la DGSE pour former les forces de sécurité de l'État fantoche et enlevé par les 'islamistes' locaux. Une 'menace' qui n'a pas, loin de là, les aspects progressistes de la précédente – et c'est bien tout le dilemme des internationalistes. Il n'y a pas d''islam révolutionnaire', les forces djihadistes sont des forces nationalistes réactionnaires (elles sont généralement d'ancrage national, même s'il y a des 'volontaires' étrangers), leur idéologie wahhabite est celle de leurs maîtres 'golfiens' : amputation des voleurs, lapidation des femmes adultères etc. Ces limites idéologiques, déjà soulignées par un article du (n)PCI, les empêchent de gagner la sympathie des larges masses : au Mali, il est clair que les masses du Sud (80% de la population), musulmanes mais pratiquant un islam maraboutique et 'souple', n'ont aucune sympathie pour les djihadistes du Nord et soutiennent, dans l'ensemble, leur gouvernement et l'intervention BBR. Mais une ‘menace’, néanmoins, - presque - toute aussi STRATÉGIQUE... Car pouvoir investir, valoriser leur masse de pétro-dollars, cela veut dire, pour les pays producteurs, s’émanciper, être en mesure de ‘poser leurs conditions’ dans l’arène impérialiste internationale - or, on l’a dit, les ressources de ces pays sont VITALES pour le système impérialiste mondial.

    D'une manière générale, ce capitalisme "d'en bas" (jailli "spontanément" des "entrailles" de la société où les gens produisent et vendent, bref font du bizness, et certains deviennent riches et d'autres pas...) que représentent les "islamistes" par opposition au capitalisme "d'en haut" bureaucratique-compradore (impulsé par et au service de l'impérialisme - les régimes de tous ces pays) ne va pas permettre au surproduit (plus-value "sur-accaparée") de "remonter" correctement jusqu'aux monopoles impérialistes - qui vont donc le combattre en conséquence, dans leur perspective de domination totale des économies du "Sud". De même que, lors de la première vague de la révolution prolétarienne (1918-années 1980), la ‘menace rouge’, outre son antagonisme avec le système capitaliste en tant que tel, avait aussi le ‘malheur’ d’affecter principalement la ‘Région intermédiaire’ mondiale, région stratégique pour les ressources naturelles de toute sorte, de l’Afrique jusqu’à la Sibérie... Ces considérations entraient nécessairement en ligne de compte, aux côtés de la lutte de classe contre-révolutionnaire de la bourgeoisie monopoliste mondiale. Les champs pétroliers de Bakou étaient un objectif militaire d'Hitler, au même titre que l’anéantissement du Komintern...

    hollande.jpgLe rôle de ‘gendarme’ d’un continent, comme celui de l’impérialisme BBR en Afrique, n’est jamais gratuit : il permet également de faire main basse sur toutes les forces productives (matières premières, ressources énergétiques, force de travail) du continent en question, pour engraisser les caisses des monopoles. En ce qui concerne le Mali, celui-ci est, après l’Afrique du Sud (Azanie) et le Ghana, le troisième producteur africain d’or, métal qui n’a pas de véritable valeur productive en lui-même, mais sert, comme chacun le sait, de ‘mesure’ internationale de la valeur - un instrument sur lequel les impérialistes peuvent s’appuyer dans leurs rivalités. Son sous-sol recèle, en outre, de l’uranium dont on connaît le caractère essentiel pour l’impérialisme BBR (75% de sa consommation énergétique est nucléaire), et des hydrocarbures (pétrole et gaz) qui intéressent évidemment le monopole hexagonal Total... tout comme ses concurrents anglo-saxons, chinois, russes ou encore la compagnie nationale algérienne.

    int-36247Pour tout cela, comme hier en Côte d’Ivoire et en Libye (dans ce dernier cas, il fallait toutefois combattre sur le plan idéologique la ‘kadhafomania’ de certains révisionnistes, le social-libéral Gbagbo n’ayant quant à lui pas la ’chance’ d'un tel engoument), quelle que soit la nature de ‘ceux d’en face’, la position de tous les révolutionnaires et de tous les internationalistes doit être celle d’une OPPOSITION FERME et TOTALE, par tous les moyens, à la ‘politique de la canonnière’ de l’impérialisme, SURTOUT lorsque c’est le nôtre, l’impérialisme BBR, opérant dans son ‘pré carré’ françafricain ! Comme le disait déjà Lénine en 1919 ou 1920 (cité par Staline dans les Principes du léninisme, 1924), « La lutte de l’émir d’Afghanistan pour l’indépendance de son pays est objectivement une lutte révolutionnaire, malgré les conceptions monarchistes de l’émir et de ses lieutenants, car elle affaiblit, désagrège, sape l’impérialisme ; alors que la lutte de démocrates, de « socialistes », de « révolutionnaires » et de républicains comme [toute une ribambelle de Hollande-Ayrault-Le Drian de l’époque], pendant la guerre impérialiste, était une lutte réactionnaire, car elle avait pour résultat de maquiller, de consolider, de faire triompher l’impérialisme ».

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    À BAS L’INTERVENTION IMPÉRIALISTE BBR AU MALI !

    ‘FRANCE’ HORS D’AFRIQUE !

    VICTOIRE AUX PEUPLES OPPRIMÉS D’AFRIQUE ET DU MONDE DANS LEUR LUTTE POUR LA LIBÉRATION !!!

     


    Lire aussi (analyse très proche de la nôtre, par Mohamed Tahar Bensaada de l'Institut Frantz Fanon) :

    https://www.investigaction.net/fr/Les-mensonges-de-la-propagande-de/

    Les premières réactions africaines et internationalistes à l’intervention (attention, SLP n'a pas forcément d'affinité idéologique avec les auteurs de celles-ci ; ces prises de position sont là à titre informatif) : 

    Guerre au Mali : Les dessous d’une "intervention contre le terrorisme"

    Comment se fait-il que lorsque des criminels coupent, au nom d’un certain islam, des mains et des pieds aux gens au Mali, les intérêts de l’Europe seraient en jeu ?.... Pourquoi des mausolées détruits et des coups de fouet administrés aux Nègres qui ne sont "pas assez entrés dans l’histoire" au Mali constituent-ils une menace pour la sécurité de l’Europe ? Eh bien vous allez comprendre ce qui se joue au Mali, territoire où les États-Unis d’Amérique travaillent sur l’ouverture d’une base de lancement de drones après celles ouvertes en Ouganda, en Éthiopie et à Djibouti aux côtés des flottes aériennes de surveillance basées en Mauritanie, Burkina et au Soudan du Sud. 

    Ayant refusé de nous organiser pour acquérir la capacité de lire les évènements et entre les lignes et ainsi savoir de quoi il est question et comment nous positionner, voici ce que dit Yves Le Drian, ministre français de la défense dans Libération : "Nous avons appelé l’attention de nos partenaires sur le fait que la sécurité de l’Europe est en jeu au Mali. Les Britanniques et les Allemands ont répondu présents. Nous avons alors mandaté Catherine Ashton pour qu’elle établisse un concept d’opération, dont nous discuterons le 19 novembre à vingt-sept. Au Mali, ce n’est pas la France qui va aider les Africains à mener cette opération, mais bien l’Europe...On ne peut pas laisser s’installer un sanctuaire terroriste majeur à nos portes." Voilà qui est clair : LA SÉCURITÉ DE L’EUROPE EST EN JEU AU MALI. Ceci pour plusieurs raisons. Mais comme Jean-Yves Le Drian ne mentionne pas ces raisons, nous allons le faire à sa place :

    1- La sécurité de l’Europe est en jeu au Mali parce que toute la région sahélo-saharienne est en reconfiguration. L’idée étant de morceler davantage l’espace pour mieux le contrôler et maîtriser ses ressources : En 2011, on a eu la naissance du Sud Soudan sous l’instigation du trio Israël, USA et Europe avec l’acceptation de la Chine qui a réussi à sauver sa part d’approvisionnement en pétrole en s’accrochant au Soudan de Béchir. En 2012, on est allé dans le même sens au Mali avec le squelettique Azawad. En toile de fond, l’or et bien d’autres ressources.

    2- La sécurité de l’Europe est en jeu au Mali parce que pas loin de là l’Europe (l’Allemagne en tête) réalise actuellement un énorme projet d’installation de panneaux solaires géants appelé DESERTEC. Ce parc solaire fournira de l’électricité à l’Europe gratuitement. Donc, il faut faire en sorte que cet espace soit sécurisé.

    3- La sécurité de l’Europe est en jeu au Mali parce que, des orpailleurs français appelés des chercheurs avaient découvert en début de cette année 2012, de gigantesques réserves d’eau dans le Sahara. La guerre de l’eau qui se déroule actuellement sous nos yeux dans le monde et qui va s’accentuer eu égard à la rareté vers laquelle on se dirige pousse l’Europe à parler de sa sécurité au Mali.

    4- La sécurité de l’Europe est en jeu au Mali parce que la France qui n’a pas d’uranium sur son sol est quand même le premier exportateur de l’énergie nucléaire au monde. Pourquoi ? Tout simplement parce que la France dispose sur sa préfecture du NIGER des mines gigantesques d’uranium qu’elle exploite depuis 60 ans bientôt gratuitement. Une mine énorme est découverte à Imouraren au Niger. Ce qui a poussé AREVA à investir actuellement au moins 1,5 milliards d’euros en vue de racler proprement cette mine. Des centaines de français et d’européens affluent actuellement dans le coin où ils sont en train de construire une sorte de ville minière. Les prises d’otage et autres révoltes armées peuvent gêner un peu la chose. La Chine n’est pas loin non plus de là. Donc, l’Europe a ici aussi sa sécurité en jeu.

    5- La sécurité de l’Europe est en jeu au Mali parce qu’il faut que l’Europe démontre à ses ressortissants qui aiment le tourisme exotique que leur sécurité est et sera garantie un peu partout, notamment dans cette région.

    6- La sécurité de l’Europe est en jeu au Mali parce qu’après avoir armé et utilisé ces islamistes pour détruire la Libye, la France surtout espérait qu’avec ce "geste d’amitié", ces gars libéreraient ses ressortissants. Il n’en est rien. Les gars disent que ce ne sont pas eux qui détiennent les français, mieux qu’ils ne savent pas où ils sont exactement. Parfois, ils disent "on va vous aider à les libérer" puis, c’est Jacques où es-tu ? La patience a ses limites. Même si les otages risquent la mort, eh bien, mieux vaut une fin effroyable qu’un jeu de nerfs sans fin, surtout que l’Europe sait ce qu’elle gagne par rapport à la vie de 3 ou 5 otages.

    Voilà quelques-unes des raisons pour lesquelles les bruits de bottes résonnent là. Qu’on détruise des mausolées ou qu’on coupe des mains, des pieds aux Nègres, ou qu’on viole les filles africaines sous l’autel d’un islamisme poussiéreux là-bas, ça n’est pas le problème de l’Occident. Au demeurant, comme ces faits criminels émeuvent la masse, eh bien, les stratèges les mettent devant pour mieux atteindre, avec le consentement tacite ou expresse des spectateurs que nous sommes, leurs buts. En parlant uniquement de la sécurité de l’Europe avec la mise en avant du TERRORISME qui serait aux portes de l’Europe, le ministre français de la défense nous montre l’arbrisseau qui cache mal la forêt.

    Quant au rôle des petits préfets tels que Blaise Compaoré, Alassane Ouattara, Faure Gnassingbé...et leur CEDEAO, il a suffi qu’on lance la bombe mensongère d’une alliance future avec les coupeurs de mains au Mali avec leurs fameux opposants en vue de leur ravir leur trône pour qu’ils enfilent leurs costumes de petits chefs de guerre. Nul autre que Ouattara, le préfet du territoire de Côte d’Ivoire ne symbole mieux ce petit spadassin au garde-à-vous. On lui a dit que les partisans du président Laurent Gbagbo "sont en contact avec les islamistes" et qu’après le Mali, cette mythique alliance marcherait sur son territoire. Cela a largement suffi pour le mobiliser. Ces gens là également, ce n’est pas les mains et les pieds coupés des Africains du Mali qui les préoccupent. Si ces gars là étaient des "humanistes" ou des Africains de cœur, on l’aurait su. Eux-mêmes sont de grands massacreurs des peuples qu’ils régentent au profit de qui on sait. Qu’est-ce qui mobiliserait un Blaise Compaoré assassin de son compagnon d’armes, Thomas Sankara et de bien d’autres dont Norbert Zongo ? Des petits mains coupées au Mali ? Faure Gnassingbé, le tueur, héritier du trône qu’il conquit en 2005 après avoir sacrifié au moins 1000 personnes et qui depuis lors assassine et qui, par sa soldatesque, fait régulièrement ouvrir le crâne aux populations qui manifestent contre lui ? Ou bien, est-ce Alassane Ouattara, le boucher transporté dans les chars français encadrés par l’ONU qui serait offusqué par des pieds coupés et des mausolées détruits ? Ou encore est-ce Soro Guillaume, l’éventreur, en bon chrétien qui n’a jamais vu couler une goutte de sang qui serait révolté de voir à la télévision pour la première fois de sa vie de moine isolé des mondanités des gouttes de sang ? Allons ! Allons !

    15 novembre 2012 mis à jour le 12 janvier 2013

    KPOGLI Komla.

    Web. http://lajuda.blogspot.com/


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    Parti communiste révolutionnaire de Côte d'Ivoire :  L’intervention militaire française au Mali : un péril pour l’avenir de l’Afrique !  

    La situation au Mali avec la menace d’interventions extérieures constitue un sujet de préoccupation depuis quelque temps. La position des partis communistes d’Afrique de l’ouest a été synthétisée dans une déclaration partagée en date du 10 décembre 2012.  Dans l’ambiance des menaces d’interventions armées annoncées par des gouvernements africains avec la bénédiction des puissances occidentales, les signataires de la déclaration citée ont estimé que la situation était grave et lourde de dangers pour le prolétariat et les peuples du Mali et des autres pays de la sous-région ouest-africaine. Ils ont :

    1) Dénoncé la présence  des troupes d’agression étrangères impérialistes en Afrique de l’Ouest, particulièrement dans la zone sahélo-saharienne et exigé leur départ.

    2) Condamné les pouvoirs fantoches qui ont ouvert leurs territoires à ces troupes (notamment le Mali, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Niger, le Sénégal, la Mauritanie)

    3) Condamné le plan réactionnaire de la CEDEAO, de l’UA et des impérialistes notamment français pour l’envoi des troupes des pays membres de la CEDEAO et de l’UA au Mali.

    4) Condamné la politique aventuriste et criminelle du clan mafieux de Blaise Compaoré qui représente un danger pour le prolétariat et les peuples du Mali, du Burkina Faso et l’ensemble de la sous-région ouest africaine. Dénoncé et condamné la politique de va-t-en-guerre de Boni Yayi, Président en exercice de l’Union Africaine, porte-voix des agresseurs impérialistes français et américains et chaud partisan de l’intervention militaire au Mali.

    5) Condamné la proclamation de l’indépendance de l’État de l’AZAWAD par le MNLA comme  la manifestation d’un complot ourdi par l’impérialisme français contre les peuples du Mali afin de les diviser pour mieux les asservir et les exploiter. Appelé les révolutionnaires maliens à  veiller à la mise en œuvre d’une juste politique nationale permettant à chaque Malien (quelles que soient sa nationalité, sa race, ses origines) de se sentir à l’aise dans un Mali indépendant et unifié) ; car dans tous les pays africains, la question nationale se pose et nécessite d’être traitée avec beaucoup de circonspection sur des bases correctes.

    6) Soutenu fermement les exigences des forces patriotiques et démocratiques maliennes qui s’opposent à toute intervention étrangère sur leur sol et demandé que les propres problèmes du Mali soient réglés en toute souveraineté par le peuple malien lui-même sans ingérence étrangère.

    7) Dénoncé et condamné les crimes perpétrés contre les peuples du Nord-Mali par le groupe terroriste AQMI, le MNLA et les groupes djihadistes Ansar Dine, MUJAO. Soutenu la résistance courageuse des peuples notamment les jeunes contre l’oppression et les politiques moyenâgeuses de ces groupes réactionnaires et obscurantistes.

    8) Réaffirmé leur opposition au terrorisme et au putschisme qui ne sont pas les voies indiquées pour la révolution et l’instauration du socialisme.

    9) Affirmé leur engagement sur  la base de l’internationalisme prolétarien  à :

    - Travailler pour mobiliser et organiser le prolétariat et les peuples de leurs pays respectifs pour lutter contre l’intervention des troupes étrangères au Mali, pour exiger le départ de l’Afrique de l’ouest des troupes d’agression des grandes puissances (USA-France-UE)

    - Soutenir de manières multiformes le prolétariat et les peuples du Mali dans la situation difficile qu’ils connaissent.

    Le rôle du président ivoirien, Alassane Ouattara, en sa qualité de président en exercice de la CEDEAO a été dénoncé en tant que l’un des maîtres d’œuvre de la construction de la coalition paravent de l’intervention impérialiste au Mali et de la consolidation de la domination impérialiste, notamment française en Afrique de l’Ouest.

    Les partis adhérant à la déclaration ont lancé un appel au prolétariat, aux peuples, aux forces démocratiques et révolutionnaires des pays impérialistes pour qu’ils s’opposent à l’intervention militaire de pays impérialistes au Mali, pour qu’ils se solidarisent avec la lutte du prolétariat et des peuples du Mali et de l’ensemble de la sous-région Ouest-africaine.

    L’issue que les partis communistes de la région redoutaient a commencé à se produire le vendredi 11 janvier 2013 avec le début de l’intervention française. Le gouvernement français a décidé d’engager 750 militaires au Mali, des avions et des chars. Les objectifs affichés de cette intervention sont :

    - Stopper la progression des islamistes vers Bamako ;

    - Éviter l’effondrement du pouvoir de Bamako et la déstabilisation de l’Afrique de l’ouest.

    Comme conséquence immédiate de cette situation, l’ONU dénombre déjà 150.000 réfugiés et 230.000 déplacés du fait des affrontements armés. 

    Malgré le caractère salvateur que veulent conférer les acteurs et soutiens de cette autre intervention à leur opération, celle-ci, n’est pas différente de celle qui s’est produite en Côte d’Ivoire et en Libye en 2011. Cette intervention suggère les observations essentielles suivantes :

    - Le caractère néocolonialiste de l’intervention visant à préserver les intérêts économiques et stratégiques de l’impérialisme international, français en particulier, ne peut échapper aux observateurs avisés ;

    - La faillite des régimes néocoloniaux africains n’en est que plus visible ; ces régimes honnis, incapables de défendre leurs peuples, n’ont pas trouver mieux à faire que de transformer les armées nationales en supplétifs de l’armée française ; c’est une raison de plus pour que ces régimes aient de plus en plus de mal à diriger les peuples africains ;

    - Le peuple malien qui voulait, pour préserver l’avenir, engager le combat pour sa souveraineté, en a été empêché ; il a été empêché, par la CEDEAO d’entrer en possession de ses armes qui devaient être débarquées dans différents ports africains ; pour les régimes pro-impérialistes africains et leurs maîtres, il faut empêcher les exemples montrant que les peuples sont capables de se battre pour leur liberté et leur souveraineté ;   

    - En Côte d’Ivoire, tous les bourgeois, sans exception, acclament cette intervention ; même le Front Populaire Ivoirien (FPI), anticolonialiste de circonstance, s’est joint à cet unanimisme, confirmant son caractère pro-impérialiste que le Parti Communiste Révolutionnaire de Côte d’Ivoire a toujours dénoncé ; ces partis sont entrain de légitimer le rôle de l’impérialisme français en tant que gendarme de l’Afrique avec la Côte d’Ivoire  comme plaque tournante de l’intervention française contre la volonté des peuples africains ; ces bourgeois ivoiriens, toute tendance confondue, consciemment ou inconsciemment, préparent le terrain pour le choix du prochain président ivoirien par la France.

    Le peuple malien a été soumis à des pressions de toutes sortes afin que, exténué par les multiples souffrances, l’intervention extérieure apparaisse comme une opération de sauvetage, que l’armée française apparaisse comme le seul recours, comme un « sauveur suprême ». Le peuple malien et avec lui les peuples africains  viennent de perdre une bataille, mais pas la guerre. Comme en Afghanistan, en Somalie et ailleurs,  les armées impérialistes ne feront que disperser les djihadistes et autres terroristes. Ces derniers n’ont d’ailleurs pu s’installer dans le nord Mali et menacer d’autres régions d’Afrique qu’à cause de la misère engendrée par le système capitaliste et sa politique néocolonialiste. La destruction des économies africaines par les programmes d’ajustement structurel depuis les années 1980 et le développement prodigieux de la misère qui a suivi, sont parmi les causes des crises politiques et sociales endémiques et le développement des mouvements djihadistes et terroristes.

    Lorsque les objectifs des impérialistes qui ne sont pas nécessairement les mêmes que ceux des travailleurs et des peuples auront été atteints, ils laisseront ces derniers à leur sort. L’expérience montre que les interventions armées impérialistes ne résolvent pas les problèmes essentiels (Irak, Afghanistan, Somalie, etc.). Les masses maliennes paupérisées seront abandonnées face à leurs difficultés et elles continueront avec l’appui des révolutionnaires et démocrates à chercher des solutions à travers diverses stratégies. Les questions fondamentales de la conquête des libertés politiques, de l’obtention de meilleures conditions de vie demeurent des préoccupations majeures pour les masses africaines et maliennes en particulier. Ces préoccupations seront satisfaites dans l’adoption de stratégies révolutionnaires qui apparaissent de plus en plus incontournables. L’impérialisme et les régimes fantoches qui le servent finiront par apparaître comme les cibles privilégiées à abattre pour ouvrir la voie à des pouvoirs aux mains des travailleurs et des peuples. Les leçons de choses qui se déroulent sous nos yeux accélèrent la conscience que seule la révolution est susceptible de mettre l’Afrique sur le chemin de la sortie de l’asservissement, de la misère et de la honte.

                                                   Fait à Abidjan, le 15 janvier  2013.

                                              Le Parti  Communiste Révolutionnaire de Côte d’Ivoire


    Voir aussi : Déclaration du 20 janvier 2013 de la Ligue Panafricaine - UMOJA

               Communiqué du Parti algérien pour la Démocratie et le Socialisme (PADS)


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    ['Gauche radicale'] 

    Déclaration du PCF Paris 15, repris sur le site Solidarité Internationale PCF

    Le pays et la représentation nationale sont devant le fait accompli.

    François Hollande a déclaré que la France était en guerre au Mali le lendemain des premiers affrontements. Depuis des semaines, il préparait l’opinion à cette intervention. Mais il promettait de placer de la chair à canon africaine en première ligne, ce qui s’est révélé impossible. Il y a déjà un soldat français mort au Mali et au moins deux dans le ratage de l’opération coordonnée en Somalie. Hollande se réjouit de « lourdes pertes chez les adversaires ». Oui la guerre, ça coûte et ça tue !

    Personne ne peut être dupe des raisons avancées le Président. On connaît trop les refrains à la George Bush sur la guerre « humanitaire » et la « lutte contre le terrorisme » et les résultats des guerres d’Irak, d’Afghanistan ou d’ailleurs.

    En Libye, les impérialistes français et britanniques ont servi de sous-traitants à l’impérialisme américain pour des questions principalement de pétrole. Cette guerre a décomposé le pays, ravivé et militarisé des conflits préexistants dans plusieurs pays d’Afrique noire dont le Mali. Elle a fait le lit d’une radicalisation politique « islamiste ».

    Maintenant, les intérêts impérialistes, notamment français, l’accès aux minerais, à l’uranium du Niger par exemple, se trouvent menacés par la déstabilisation de toute la région.C’est là qu’il faut chercher les vrais objectifs de guerre de l’État français. Certainement pas dans les appels à l’aide du président fantoche placé par l’Occident à Bamako.

    Le déroulement militaire et les conséquences politiques de cette nouvelle aventure guerrière , en Afrique mais aussi ailleurs, sont imprévisibles. Afghanistan, Irak, Libye : la terreur de la guerre n’a fait que renforcer les « terroristes » ou les « islamistes » que l’OTAN prétendait combattre. La population du Mali, dans toutes ses composantes, du nord et du sud, vit des heures sombres. Mais l’issue d’une guerre menée par la puissance néocoloniale qui poursuit l’exploitation du pays, le maintient dans une extrême pauvreté et une dépendance politique, condamne une partie de sa jeunesse à l’émigration est douteuse.

    François Hollande se prévaut d’un appui international général. Les puissances impérialistes chinoise et russe n’ont pas d’intérêts économiques et géopolitiques divergents avec les États-Unis et l’UE , dans le cas du Mali, contrairement à celui de la Syrie. Elles ne bloqueront pas les résolutions de l’ONU.

    En France, les médias prétendent qu’il existe un consensus en faveur de cette guerre, de la gauche à l’extrême-droite. Là encore, le changement, ce n’est vraiment pas pour maintenant. Hollande met ses pas dans ceux de ses prédécesseurs, Sarkozy en Libye et en Côte d’Ivoire, Jospin en Afghanistan, sans remonter la sinistre guerre mitterrandienne au Tchad. 

    Communistes, nous ne rentrerons pas dans cette « Union sacrée », pas plus aujourd’hui qu’hier.

    Nous demandons l’arrêt immédiat des opérations militaires françaises au Mali et l’ouverture de pourparlers de paix entre tous les belligérants.

    Plus que jamais, nous demandons le retour en France de tous les soldats déployés en « opérations extérieures » : Plus un seul soldat français hors de France ! 

    Nous demandons la sortie de la France de l’OTAN et de la politique extérieure intégrée de l’Union européenne.

    Plus un homme, plus un sou pour la guerre impérialiste !


    Toujours dans la mouvance PCF, la position (très voisine) de la JC des Bouches-du-Rhône : Non à la guerre impérialiste française au Mali 

    NPA (communiqué laconique...) :  Non à l'intervention militaire française au Mali 

    Lutte ouvrière : À bas l'intervention militaire française au Mali ! 

    Collectif 'Afriques en Lutte' (proche NPA) : Sur l’intervention de la France au Mali et Mali La France en pompier pyromane

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    [Mouvement ML et MLM] 

    Déclaration de l'OCML - Voie prolétarienne : Non à l'intervention militaire au Mali ! Ceux qui ont mis le feu sont mal placés pour éteindre l'incendie !


    Depuis le vendredi 11 janvier, l’armée française intervient par des moyens aériens et au sol pour bloquer l’avancée des jihadistes vers Bamako. Nous connaissons et condamnons les crimes commis par ces derniers contre les hommes et les femmes maliennes des régions qu’ils contrôlent. Nous savons aussi qu’une bonne partie du peuple malien et parmi eux les travailleurs immigrés en France approuvent cette intervention qu’ils voient comme la seule issue immédiate.

    Pourtant, en tant que communistes et anti-impérialistes, nous condamnons cette intervention militaire, car nous savons que ceux qui mettent le feu, et qui prétendent ensuite jouer les pompiers, sont le problème, la cause, et non la solution des crises qui frappent de nombreux pays d’Afrique.

    La déstabilisation du Mali a pour origine immédiate l’éclatement de la Libye dans lequel la France a joué un grand rôle. Elle a permis aux divers groupes islamistes de s’équiper d’un matériel de guerre puissant avec lequel ils ont mis en déroute l’armée malienne. Mais l’incapacité du Mali à se défendre, à assurer la sécurité des étrangers (français) qui y résident n’est pas une fatalité. Le Mali est dit « pauvre » mais son économie est pillée et étouffée par les exigences des impérialistes qui organisent le commerce mondial. Son or est exploité au bénéfice de sociétés étrangères. Son coton est concurrencé par le coton américain subventionné. Ses créanciers pompent ses ressources financières. Ses principales entreprises sont contrôlées par des sociétés étrangères dont beaucoup sont françaises. Ses terres irrigables sont louées à des États étrangers. La faiblesse du Mali est là, aggravée par la corruption de ses bourgeois prêts à brader à leur profit les ressources de leurs pays. La force du Mali est l’énergie de ses travailleurs, de ses paysans, de ses immigrés qui tentent de pallier les défaillances de l’État.

    Pillage de ses ressources et du travail de son peuple : voilà pourquoi le Mali n’est pas en mesure de se défendre, d’assurer son indépendance nationale et doit s’en remettre à un « protecteur impérialiste ». Voilà aussi pourquoi la France ne peut apporter une solution à la crise, car elle défend le système économique (FMI, Banque Mondiale, privatisations) qui appauvrit le pays. Les impérialistes n’ont pas d’amis, seulement des intérêts. Et les gouvernements français, de droite ou soi-disant de gauche, agissent pour préserver ces intérêts.

    La France en intervenant renforce son rôle et sa position dans une région où sa présence économique a régressé au profit d’autres pays, dont la Chine. De plus, la reconquête du Nord du pays, qui sera autrement plus difficile que les opérations récentes d’interception de convois armés, permettra d’affirmer une présence dans une région riche en pétrole et en divers métaux rares. Enfin la stabilité du Sahel est stratégique pour la France qui exploite au Niger l’uranium qui alimente ses centrales et lui assure une soi-disant « indépendance énergétique », assise sur la dépendance du Niger. Enfin, la déstabilisation du Mali entraînerait une immigration nouvelle d’hommes et de femmes en France. La « France généreuse » de « gauche » poursuivant la politique sarkozyste, est l’« amie des maliens », pourvu qu’ils supportent leur misère chez eux.

    L’armée française a contribué à arrêter l’avancée de jihadistes, mais l’intervention étrangère n’est pas la solution, et reste le problème.

    En tant que communistes, nous affirmons notre solidarité avec le peuple malien et nos camarades immigrés. Nous soutenons leur lutte pour le développement d’un Mali véritablement indépendant et juste, ce qu’il ne peut être que si les travailleurs et paysans maliens :
    - contrôlent les richesses qu’ils créent par leur travail et pour cela chassent du pouvoir la bourgeoise corrompue docile aux impérialistes,
    - exproprient les entreprises étrangères qui exploitent les ressources de leur pays,
    - dénoncent la dette qui les saigne,
    - reçoivent l’appui des travailleurs des autres pays, en particulier de leurs camarades de classe d’ici, appui qui implique l’exigence de la régularisation de tous les sans papiers (qu’ils soient maliens ou non) et l’égalité totale des droits politiques et sociaux entre travailleurs français et immigrés.

    Le 13 janvier 2013

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    Déclaration du collectif anti-impérialiste Coup Pour Coup 31.


    Non à l'intervention de l'impérialisme français au Mali ! 


    François Hollande avait déclaré que la Françafrique était finie, s'il fallait une preuve de son hypocrisie la voilà.

    Après avoir joué au grand intermédiaire, défenseur d'une pseudo conciliation pacifique, le voilà qui annonce que la France entre en guerre au Mali.

    On nous vend une intervention contre les islamistes radicaux djihadistes pour «sauver » les musulmans du Sud (80% de la population) qui se réclament d'un islam maraboutique et souple. En somme une guerre de civilisation. Mais derrière cette façade se disant démocratique et en soutien au peuple se cache les vrais enjeux de l'intervention impérialiste.

    Le Mali est, après l’Afrique du Sud et le Ghana, le troisième producteur africain d’or. De plus, son sous-sol recèle de l’uranium (qui sert dans le nucléaire). Uranium qui a un rôle clef dans l'impérialisme français puisque la France créée 75% de son énergie avec. Ce n'est pas pour rien si AREVA vient récemment d'investir 1,5 milliard d'euro au Niger (pays frontalier du Mali). Enfin le sol malien est riche en hydrocarbures (pétrole et gaz) qui intéressent évidemment des groupes comme Total.

    Il est nécessaire pour les impérialistes européens, et en particulier pour l'impérialisme français, de « stabiliser » cette région afin de continuer son pillage tranquillement.

    On le voit cette intervention sous direction française avec ses « alliés » africains repose donc sur des enjeux géostratégiques clairs, stabiliser la région pour pouvoir profiter pleinement du pillage des ressources du Mali ainsi que de pouvoir disposer pleinement de son peuple afin de mieux l'exploiter. Enfin, en retour, François Hollande passe pour le sauveur du Mali contre les terroristes, tout comme les américains qui allaient en Afghanistan pour y sauver les femmes des talibans !

    Arrêt immédiat de l'offensive militaire !

    Troupes impérialistes hors d'Afrique !


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    PCmFÀ bas les interventions impérialistes en Afrique !  

    http://www.archive-host.com/files/1892825/605fe43860be87b04aa41ccaf04344885422138f/afrique-en-lutte.png

    À peine les troupes combattantes d’Afghanistan retirées (1400 restent tout de même sur place pour la « formation » et la « logistique »), l’impérialisme français intervient au Mali.

    Lorsque nous parlons d’intervention militaire :

    • Nous ne saurions oublier que ce sont les impérialistes américains qui ont soutenu les forces réactionnaires en Afghanistan pour lutter contre l’invasion du social-impérialisme soviétique.
    • Nous ne saurions oublier l’intervention impérialiste américaine qui a détruit l’Irak et qui laisse le chaos.
    • Nous ne saurions oublier les résolutions jamais appliquées de l’ONU contre la politique colonialiste d’Israël en Palestine.
    • Nous ne saurions oublier l’intervention des différents impérialistes dans les pays arabes pour soutenir de nouvelles forces réactionnaires, conquérir des marchés et des zones d’influence et dévoyer la juste révolte populaire.


    L’Afrique est devenu le champ de bataille économique entre les impérialistes occidentaux et les nouveaux impérialistes (Chine, Russie) et grands pays émergents (Brésil et Inde). Les anciens impérialistes qui détiennent des intérêts en Afrique grâce à la colonisation et au colonialisme moderne veulent les défendre jusqu’au bout, tandis que les nouveaux impérialistes et les émergents cherchent à tout prix à en conquérir de nouveaux.

    C’est dans ce contexte que l’impérialisme français intervient régulièrement en Afrique sous différentes formes pour préserver ses intérêts, comme récemment en Côte d’Ivoire. Il se prépare aussi à renforcer sa présence en Somalie. Plusieurs pays sont même concernés par des clauses confidentielles d’intervention française en cas de déstabilisation du pouvoir.

    Aujourd’hui l’impérialisme français, qui soutient les anciens chiens de garde au Mali, a pour objectif de préserver les intérêts de la France, c’est-à-dire poursuivre et développer le pillage organisé des matières premières. L’intervention contre les groupes islamistes est le prétexte qui sert à la France pour justifier l’intervention militaire.

    Bien sûr, les forces islamistes fondamentalistes sont réactionnaires et sont des ennemis du peuple qui s’appuient sur la misère causée par l’impérialisme. Mais ce qu’il faut voir ici c’est que le « danger islamiste » est utilisé comme prétexte par les impérialistes pour combattre les révoltes populaires en Afrique et dévier la colère du peuple en Europe et dans les autres pays. Cette manœuvre participe à dresser une partie de la classe ouvrière contre l’autre et à préparer ainsi les solutions fascistes à la crise. A terme, la mobilisation pour une nouvelle guerre de repartage au niveau mondial n’est pas à exclure. L’objectif des gouvernements, de droite ou de gauche, est de maintenir à tout prix la domination du capitalisme sur l’ensemble des peuples du monde.

    Mais dans le monde des forces se dressent contre les exploiteurs et les oppresseurs et mènent la guerre populaire sous la direction des partis communistes maoïstes comme en Inde, aux Philippines, en Turquie, pendant que dans de nombreux pays se développent et se reconstruisent les nouveaux partis communistes maoïstes pour préparer et étendre la guerre populaire contre les impérialistes et les chiens de garde, quel que soit le masque sous lequel ils se dissimulent, laïcs ou religieux.

    Comme il a été déclaré à la Conférence Internationale de Soutien à la Guerre Populaire en Inde, qui a regroupé des représentants des forces révolutionnaires de 20 pays, le meilleur soutien aux peuples en lutte que nous pouvons apporter est de développer la lutte révolutionnaire dans nos pays respectifs. Ici en France, notre tâche première est de nous opposer à notre propre impérialisme. C’est la seule façon d’en finir avec l’impérialisme, le système capitaliste d’exploitation et d’oppression, la seule façon d’en finir avec la guerre.


    À bas les interventions et les manœuvres de l’impérialisme en Afrique !

    Vive la lutte des peuples contre les chiens de garde et les réactionnaires de tous bords ! 


    PC maoïste de France


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    Comité anti-impérialiste : LE MALI NE SERA JAMAIS LIBÉRÉ PAR LES TROUPES DE L’IMPERIALISME FRANÇAIS !

    Vendredi 11 janvier, une intervention française au Mali, baptisée « opération Serval », a été lancée. Chacun a pu en voir les premières images et apprendre la mort au combat de l’officier français Damien Boiteux, membre des forces spéciale [1]. Selon les déclarations de F. Hollande, président de l’Impérialisme Français, cette guerre est justifiée car  il s’agit  de « sauvegarder un pays ami » et de combattre le « terrorisme ». La quasi-totalité des partis politiques a applaudi l’initiative. Comme souvent, les guerres de la France en Afrique consacrent l’Union Sacrée drapée sous les plis du drapeau national.
     
    Pourtant, les pays occidentaux avaient d’abord juré durant des mois qu’ils n’enverraient pas de troupes au sol. Il y a quelques mois, cette mission au Nord-Mali avait même été proposée au Maroc, en sous-traitance, en échange de l’effacement de sa dette militaire. Mais, l’occasion d’intervenir directement a été saisie par les forces françaises et dans une moindre mesure allemandes et anglaises. Une colonne d’une coalition de djihadistes et d’indépendantistes touaregs avançait vers la ville malienne de Mopti, un des derniers verrous sur la route de la capitale Bamako. Cette coalition regroupe Ansar Eddine, Aqmi, Mujao, qui avec le MNLA, contrôle le Nord du pays depuis 10 mois. La colonne  « qui met en cause l'existence même du Mali » est composée de 1000 hommes armés et d’une centaine de 4x4 selon J. M Merchet, journaliste à Marianne et itélé, spécialiste de la Défense.
     
    Les partisans de l’intervention avancent des arguments nobles. Face à l’horreur des mains coupées,  face à la barbarie des viols collectifs pour refus de mariage avec un « djihadiste », face à la lapidation des couples non mariés, face à la destruction des mausolées de Tombouctou, une intervention armée pourrait sembler salutaire à beaucoup. Mais cette guerre n’est pas une guerre juste. C’est une guerre réactionnaire. C’est une guerre impérialiste. Elle peut transformer la région en enfer pour les peuples comme c’est le cas au Moyen-Orient. Elle ne servira pas le peuple malien ni les peuples de la sous-région ouest-africaine. Elle servira le capitalisme français et ses sous-préfets africains et elle renforcera l’islam politique à visage barbare.
     
    Le rôle de notre Comité Anti-Impérialiste est en premier lieu de combattre les mensonges de guerre de notre propre pays. Aujourd’hui, le grand désarroi des populations maliennes, leurs aspirations légitimes à se débarrasser de la barbarie mais aussi l’extrême vulnérabilité d’un État malien en décomposition permettent de faire gober n’importe quoi. La bonne conscience impérialiste fait consensus national et dégouline de partout. Les médias vont couvrir avec excitation les opérations éblouissantes  de « bombardements de choc » et de « frappes chirurgicales » en expurgeant docilement les images gênantes. Mais, la vérité c’est que le Mali ne sera pas libéré de la terreur des fondamentalistes par cette intervention. Les interventions impérialistes faites au nom du combat « contre la terreur islamiste » ont toutes abouti à le renforcer. Les précédents de l’Irak et de  l’Afghanistan et les résultats de la « guerre contre la terreur » devraient vacciner définitivement ceux qui pensent qu’une première « victoire » des impérialistes sera gage de paix civile. Les grands barnums militaires de la démocratie capitaliste renforcent les courants les plus réactionnaires tout en piétinant la dignité des peuples.
     
    Qui sont les « ennemis » au Mali ? Selon le discours de la guerre antiterroriste il s’agit des « terroristes », c’est-à-dire d’Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique) ou sa dissidence le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Pourtant ces groupes fanatiques sont aujourd’hui liés à des mouvements qui ont un réel ancrage dans les populations locales : Ansar Eddine qui revendique aussi l’instauration d’un régime de l’Islam politique au Mali et d’autre part le Mouvement National de Libération de l'Azawad (MNLA) qui est séparatiste touareg. Dans cette situation complexe, la guerre sera indifférenciée et les racines de la rébellion touareg resteront. De nombreux Maliens veulent à juste titre en finir avec ces forces rétrogrades. Mais miser sur l’intervention des puissances impérialistes c’est creuser son propre tombeau.
     
    En dix mois, le Mali s’est vu amputé de 2/3 de son territoire avec une imposition de la charia. Pourquoi cet effondrement si subit? Il faut comprendre que le Mali paye la note de la guerre impérialiste en Libye et des stratégies impérialistes de contrôle du sous-sol sahélien.
    La guerre en Libye a transformé ce qui devait être la protection de la ville de Benghazi en renversement du régime libyen, suivi de la mise mort de Khadafi. Ce viol de la résolution 1973 du Conseil de sécurité s’est réalisé par une alliance entre des mercenaires de « l’islam radical », de l’OTAN et des pétromonarchies (Qatar en tête). Ces mercenaires ont ensuite rejoint les séparatistes touaregs avec un arsenal issu de la guerre en Libye. Les forces qui déstabilisent le Mali ont donc été armées par la France ou par ses alliés. Le Qatar par exemple, que les autorités françaises veulent étrangement intégrer à l’Organisation de la Francophonie, est le sponsor officiel d’Ansar Eddine. Les coupeurs de mains sont financés par le patron du PSG comme l’a révélé le journaliste Claude Angéli du Canard Enchaîné. De son côté, l’État malien est dirigé par une clique bourgeoise véreuse, corrompue et compradore. Elle n’a pu aligner qu’une armée de pacotille, spécialiste des putschs à répétition et des débâcles. En 2012, l’aide extérieure a été supprimée grevant le budget de 429 milliards de francs CFA et créant un drame économique. Les autorités maliennes ont été sommées d’accepter l’intervention militaire pour que l’aide reprenne. Finalement, le président par intérim, Dioncounda Traoré, symbolise bien l’humiliation nationale en mendiant une intervention française. Le Mali de Modibo Keïta, qui depuis 1960 a toujours refusé l’installation d’une base militaire française à Mopti, va se retrouver sous contrôle total de l’ancienne puissance coloniale.
     
    Le contrôle du sous-sol malien et régional est le second aspect à comprendre. Le Mali n’est pas un « État ami » de l’impérialisme français contrairement à ce que dit F. Hollande, c’est un État vassalisé. Un État dont les relations monétaires sont gérées par la Banque de France.  Les rapports France-Mali sont toujours ceux qui existent entre le prédateur et la proie. La région regorge de gisements d’uranium et d’or. F. Hollande ment lorsqu’il dit que la guerre n’a pas « d’autre intérêt et d’autre but que la lutte contre le terrorisme » (déclaration du dimanche 13 janvier). Pourquoi cacher les intérêts économiques et stratégiques français dans cette affaire ? Areva est le groupe nucléaire spécialiste de l’extraction de l’uranium et il gère les immenses mines du Niger. Cette multinationale bataille depuis plusieurs mois pour obtenir l’exploitation du minerai de Faléa à 350 kilomètres de Bamako. Les experts en énergie de la société internationale Golder Associate indiquent que « le Mali offre un environnement de classe mondiale pour l’exploitation d’uranium ». Les entreprises canadiennes Rockgate et française Foraco s’occupent  actuellement des forages. La France semble donc bien engagée sur le dossier de l’uranium malien. D’ailleurs, son ambassadeur au Mali, Christian Rouyer, déclarait il y a quelques mois qu’ « Areva sera le futur exploitant de la mine d’uranium à Faléa ». Il y a aussi d’autres intérêts stratégiques comme  le projet à long terme nommé « Désertec », un projet géant de centrales solaires et éoliennes. C’est un enjeu immense dans la guerre économique avec les groupes asiatiques et américains, c’est-à-dire dans la guerre pour s’emparer des ressources de la planète.
     
    La mise sous tutelle du Mali est une opération de brigandage. Le Mali est un otage des pays impérialistes. Pas seulement des impérialistes français mais aussi des USA qui vont installer des bases de lancement de drones au Mali, via le projet Africom, après ceux déjà installés en Ouganda, en Éthiopie et à Djibouti et des forces de surveillance aériennes US basées en Mauritanie. Transformer le Sahel en « sanctuaire terroriste » permet de légitimer des buts stratégiques planifiés. 
     
    Les impérialistes prétendent mener partout des « guerres contre le terrorisme » qui sont en réalité des prétextes rêvés pour contrôler des ressources et des États fantoches. Là où le chaos n’existe pas, ils lui donnent vie comme en Libye et en Syrie. Pour contrôler des ressources, détruire la résistance des peuples opprimés, installer leurs bases militaires et contrecarrer les appétits des autres pays impérialistes. Notre devoir ici est de dénoncer sans relâche le maintien des pays africains dans un statut de soumission. Notre devoir est de démasquer la soi-disant « guerre contre l’islamisme » qui aboutit à détruire la vie sociale des peuples là-bas, loin de la Métropole, et qui alimente ici une psychose raciste « décomplexée ».  
     
    NON A LA MISE SOUS TUTELLE DU MALI!
     
    A BAS L’IMPÉRIALISME FRANÇAIS !
     
    UN PEUPLE QUI EN OPPRIME UN AUTRE NE SERAIT ÊTRE LIBRE !
     
    Comité Anti-Impérialiste (13 janvier 2013)
     
    [1] La biographie du lieutenant Boiteux diffusée par l'armée de terre confirme pour la première fois de manière officielle la présence, depuis 2010, de militaires français des opérations spéciales en Mauritanie et au Burkina Faso
     
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    Un nouveau communiqué de l'Organisation communiste "Futur rouge" (rien à voir avec le défunt blog qui avait lamentablement attaqué SLP). Celle-ci est issue d'une scission du ROCML-JCML : SLP ne prend aucunement parti dans ces dissensions entre des forces qui ne se réclament pas du MLM. Le communiqué est simplement reproduit parce qu'il dit des choses intéressantes et justes : 

     

    481370 246352992163708 67316163 nAu Mali comme ailleurs, l’impérialisme français n'a pas ôté son costume de colon. Ce jeudi 11 janvier, la France a demandé une réunion d'urgence à l'ONU, dans le but d'organiser l'intervention militaire dans le cadre d'une coalition internationale. L'impérialisme français va donc intervenir, une fois de plus, militairement sur le territoire du Mali, l'une de ses anciennes colonies. Les premiers renforts militaires français et allemands sont déjà arrivés. Une fois de plus, le parti «socialiste» décide de semer la guerre pour défendre les intérêts de la bourgeoisie française, sous couvert bien sûr de lutte contre une «menace terroriste islamiste».

     

    La soit disant «guerre contre le terrorisme» c'est en réalité une guerre contre les classes populaires maliennes, une guerre de rapine menée par l'État français, et ses alliés locaux pour défendre leurs intérêts de classe et s'assurer une main mise toujours plus importante sur les ressources naturelles au Mali (or, uranium, hydrocarbures...). La situation au Mali est depuis un an explosive et la France en est elle même directement responsable. Le mercredi 10 janvier, le président malien Dioncounda Traoré a envoyé une lettre à la France pour demander urgemment son aide militaire. Cela faisait plus d'un an que l'État français cherchait a imposer son intervention militaire au Mali sous prétexte de mettre fin au chaos qu'il avait lui même suscité en envahissant la Libye.

     

    L'intervention en Libye a en effet surarmé les touaregs qui ont ensuite mené une offensive contre le gouvernement malien. Un mouvement séparatiste existe depuis longtemps au Nord Mali., l'Azawad. Après l'intervention en Lybie, les touaregs du MNLA (Mouvement National de Libération de l'Azawad) ont mené des opérations militaires contre le gouvernement de Bamako. Un coup d'état militaire a eu lieu contre le gouvernement, accusé d’être corrompu et incapable de rétablir la situation. Pourtant l’armée n’est pas parvenu à reprendre le contrôle du Nord, et le MNLA a perdu à son tour du terrain face à ses anciens alliés islamistes d’Ansar Dine .

     

    La scission du Mali a servi de prétexte à l’État français pour réclamer une intervention militaire. Depuis un an, de fortes résistances se manifestaient au sein des peuples du Mali et des éléments progressistes et patriotes de l'armée pour refuser cette ingérence impérialiste, en mettant en avant l’idée que c’est aux peuples du Mali de régler leurs propres problèmes et non aux impérialistes. Par ailleurs l'État algérien freinait des quatre fers, en exigeant de la France des garanties sérieuses pour que l'armée française ne profite pas d'une guerre pour violer l'intégrité nationale algérienne et mettre la main sur le pétrole du Sahara, dont l'impérialisme français n'avait jamais fait le deuil. Nous ne savons pas ce qu'Hollande a négocié lors de son récent voyage en Algérie, mais nous pouvons d'ores et déjà constater que la fraction de la bourgeoisie malienne la plus soumise à l'impérialisme l'a emporté en soutenant cette intervention de l'ancienne puissance coloniale qui a toujours dénié aux peuples du Mali leur droit à l'indépendance réelle, en s'ingérant régulièrement dans leurs affaires depuis le renversement du président Modibo Keita en 1968.

     

    Les armées coloniales ont toujours été et resterons les bourreaux des peuples. Les guerres impérialistes ne sont jamais justes, en tant que prolétaires nous n'avons jamais à les soutenir. L'intervention au Mali n'est en aucun cas dans l'intérêt des peuples du Mali, elle sert au contraire les intérêts coloniaux de la bourgeoisie impérialiste de l'État français. Dans l'échiquier politique Français, pas une voix ne s'élève pour dénoncer l'agression impérialiste au Mali. Quand il s'agit de piller un peuple, toutes les forces de la bourgeoisie hexagonale oublient leurs querelles pour crier à l'union nationale et chanter à la gloire de la patrie. Même les réformistes du Front de gauche y vont de leurs couplets patriotiques toute en gardant quelques réserves d'ordre formel (il fallait consulter les députés, attendre une résolution de l'ONU...).

     

    Notre rôle en tant que militants communistes est de combattre notre propre impérialisme, où qu'il s'exprime et quelle que soit la forme qu'il prenne. Nous sommes solidaires des peuples du Mali comme de tous les peuples victimes des agressions militaires des impérialistes. Nous reconnaissons le droit à l'autodétermination des Touaregs, pris dans les feux croisés d'impérialismes concurrents depuis la colonisation. Nous ne soutenons pas les islamistes qui sont une force réactionnaire ne portant pas l'intérêt des peuples du Mali. Nous nous étonnons de voir que l'État français prétend faire la guerre a des islamistes soutenus par le Qatar, qui ressemblent comme des frères a ceux que l'État français arme et soutient en Syrie [NDLR c'est simple comme bonjour : en Syrie (comme hier en Libye) les intérêts BBR et qataris convergent, au Mali ils sont contradictoires... tout simplement].

     

    Le MNLA a annoncé son soutien à l'intervention française, il se met ainsi à la traîne des impérialiste et des factions pro-impérialistes des classes dominante du Mali. Nous ne soutenons pas les chiens de guerre de l'État français et leurs alliés sur place. Nous souhaitons la défaite militaire de la France. Notre devoir est d'organiser la résistance face à son intervention militaire au Mali avec l'ensemble des forces anti-impérialistes conséquentes de l'Hexagone. Après la Libye et la Côte d'Ivoire, les interventions militaires se succèdent à un rythme effrayant, à nous de réagir.

     

    Histoire de ne pas faire de "jaloux", le communiqué du ROCML :

    COMMUNIQUE DU ROCML et de La JCML –FRANCE –

    Halte A la recolonisation de l’Afrique

    par l’impérialisme français   

    Après l’intervention armée en Côte d’Ivoire pour écarter Laurent Gbagbo, après l’agression militaire contre la Libye pour éliminer Mouammar Kadhafi, après la guerre internationale menée pour se débarrasser de Bachar El Assad, c’est maintenant le tour du Mali d’être reconquis militairement par l’impérialisme occidental avec l’État impérialiste français aux premiers postes.

    Les prétextes sont toujours les mêmes : combattre les dictatures, combattre les terroristes, installer la démocratie. Qu’en Libye et en Syrie on arme les groupes terroristes de même obédience que ceux qu’on pourchasse au Mali permet pourtant de douter des intentions et des buts réels des puissances impérialistes occidentales [NDLR : ibidem supra].

    Les vraies raisons sont différentes en effet, géostratégiques et économiques. Il s’agit de contrôler l’exploitation (en fait le pillage) des richesses naturelles et humaines des régions du monde où elles se trouvent et leurs voies d’acheminement vers les métropoles impérialistes.

    Le Mali est le troisième producteur d’or d’Afrique, et récemment on a découvert dans le nord du pays d’importantes réserves de gaz et de pétrole. Proche du Niger, le sous-sol du Mali contient sans doute aussi des réserves d’uranium.

    La vraie raison de l’intervention française au Mali est là : rétablir sa domination coloniale sur ce pays africain qui fait partie de son pré carré et où les monopoles français comme TOTAL et AREVA pourront à piller le sol et le sous-sol.

    Dans la situation de crise générale où se trouve désormais l’impérialisme mondial, le contrôle des richesses de la planète est devenu une question de vie ou de mort pour les puissances impérialistes, et la guerre est devenue pour eux la seule solution pour atteindre ce but.

    Le ROCML condamne cette nouvelle aventure militaire menée par l’État français en Afrique. et dénonce les mensonges du gouvernement socialiste qui prétend combattre les terroristes  djihadistes au Mali alors que c’est  l’État impérialiste français qui les a armés en Libye pour supprimer Kadhafi, et alors qu’il les soutient maintenant financièrement et militairement en Syrie.

    Le ROCML observe que des organisations communistes et anti-impérialistes s’opposent à cette nouvelle aventure militaire africaine de l’État impérialiste français. Il souhaite que ces organisations manifestent leur volonté de la combattre dans l’unité d’action. Le ROCML, pour sa part, est prêt à participer à toute initiative allant dans ce sens.

    Paris Le 13 janvier 2013


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    Mouvement libertaire :
    Guerre au Mali, merci AREVA (Alternative libertaire Montpellier)


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    Articles de l'association SURVIE France : Luttes d’influences au Sahara et La France intervient au Mali et réaffirme son rôle de gendarme en Afrique


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