• Dans le mouvement communiste a été de toute part et à répétition soutenue la thèse que les réformistes et la gauche bourgeoise en général sont les pires ennemis du mouvement communiste (104). Ces thèses sont substantiellement erronées et affaiblissent politiquement le mouvement communiste. Les réformistes et la gauche bourgeoise sont les propagateurs de l'influence de la bourgeoisie dans les rangs du mouvement communiste. Ils ne sont un danger pour notre cause que dans la seule mesure où ils réussissent à influencer la conduite du Parti communiste, à alimenter dans nos rangs l'opportunisme et le révisionnisme par émulation, timidité idéologique ou corruption, ou le sectarisme et le dogmatisme par réaction défensive : en somme, dans la mesure où ils parviennent à agir sur nos contradictions internes.

    Il n'y a un danger pour nous que dans la mesure où l'indépendance idéologique, politique et d'organisation du Parti communiste vis-à-vis de la bourgeoisie est encore incertaine. Si au contraire le Parti communiste réussit à bien défendre ses rangs de l'influence de la bourgeoisie (en d’autres mots : si la gauche du Parti traite de manière juste les contradictions internes au Parti et mène de manière juste la lutte entre deux lignes à l'intérieur du Parti), il peut et doit utiliser les réformistes et la gauche bourgeoise en général soit pour élargir son travail de masse et pour mobiliser les secteurs des masses populaires les plus soumis à la bourgeoisie et donc les plus réfractaires à l'action directe du Parti, soit pour affaiblir la bourgeoisie en élargissant ses contradictions internes, dont les réformistes et la gauche bourgeoise sont l’expression. 

    (Note 104) : Sur cet argument, voir À propos de l'expérience historique de la dictature du prolétariat (1956), dans les Œuvres de Mao Zedong (Edition Rapporti Sociali) volume 13 :

    "Par exemple, Staline avance cette formule que dans les diverses périodes révolutionnaires, le coup principal doit être porté de façon à isoler les forces politiques et sociales intermédiaires de l'époque.

    Nous devons examiner cette formule de Staline d'un point de vue critique, marxiste et en tenant compte des circonstances. Dans certaines circonstances, il peut être correct d'isoler de telles forces, mais il n'est pas correct de les isoler quelles que soient les circonstances. Notre expérience nous apprend que dans une révolution, le coup principal doit être porté à l'ennemi principal de façon à l'isoler.

    Quant aux forces intermédiaires, nous devons adopter à leur égard la politique de nous unir avec elles et en même temps de lutter contre elles, de façon pour le moins à les neutraliser ; et, si les circonstances le permettent, nous devons nous efforcer de les faire passer de cette position de neutralité à une position d'alliance avec nous, afin que cela contribue au développement de la révolution. Mais il fut une époque, celle des dix années de guerre civile, de 1927 à 1936, où certains de nos camarades n'ont fait qu'appliquer mécaniquement cette formule de Staline à la révolution chinoise, et ont dirigé leur principale attaque contre les forces intermédiaires en considérant celles-ci comme notre plus dangereux ennemi. Il s'ensuivit qu'au lieu d'isoler notre véritable ennemi, nous nous sommes isolés nous-mêmes. Nous nous sommes infligé des pertes à nous-mêmes et avons fait le jeu du véritable ennemi.
    C'est en se référant à cette erreur de dogmatisme que, dans le but de vaincre les agresseurs japonais, le Comité central du Parti communiste chinois, pendant la Guerre contre les envahisseurs japonais, posa le principe que nous devions "développer les forces progressistes, rallier les forces intermédiaires, et isoler les jusqu'au boutistes".

    Les forces progressistes en question étaient celles des ouvriers, des paysans, des intellectuels révolutionnaires, conduites par le Parti communiste chinois, ou susceptibles de subir son influence. Les forces intermédiaires étaient la bourgeoisie nationale, divers partis et groupements démocratiques et des démocrates sans parti. Les jusqu'au-boutistes comprenaient les forces compradores et féodales, avec Tchang Kaï-chek à leur tête, qui n'opposaient qu'une résistance passive aux envahisseurs japonais et qui menaient une lutte active contre les communistes. L'expérience, née de la pratique, a démontré que cette politique du Parti communiste chinois répondait aux circonstances dans lesquelles se déroulait la révolution chinoise et était la bonne.

    Il en est toujours ainsi : le dogmatisme n'est goûté que de ceux qui ont l'esprit paresseux. Loin d'être d'une utilité quelconque, il fait un mal incalculable à la révolution, au peuple et au marxisme-léninisme. Pour élever la conscience politique des masses populaires, pour stimuler leur dynamisme créateur, et pour hâter le rapide développement du travail pratique et théorique, il convient maintenant encore de détruire le respect superstitieux pour les dogmes."

    Il faut toutefois rappeler que dans son œuvre de direction du mouvement communiste, Staline alla lui-même de multiples fois contre sa propre thèse erronée. Au cours de la première vague de la révolution prolétarienne, le mouvement communiste utilisa dans la pratique, dans plus d’une phase et occasion, les réformistes et la gauche bourgeoise en faveur du mouvement communiste : il suffit de penser à la ligne du Front populaire antifasciste (1935). L'absence d'une orientation consciente, générale et juste produisit toutefois des incertitudes et des embardées dans l'application : unité sans lutte et lutte sans unité.

    Manifeste Programme du (nouveau) Parti communiste italien, Chap. 3 partie 3.1 "Les leçons que nous avons tirées de l'expérience de la révolution prolétarienne" (et note 104) 

    Ce qui précède pourrait aisément s'appliquer, au jour d'aujourd'hui, à diverses forces de gauche "radicale", "antilibérale", "alter" et autres forces "petites-bourgeoises" de type "indigné-e-s", "occupy" etc. (du moment, bien sûr, qu'elles sont réellement progressistes et pas vautrées dans un populisme républicard à la Mélenchon, Gerin et compagnie) ! 

     

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  • Une question intéressante est soulevée sur la question de "lignes et tendances". Pour SLP, on l'a dit, les 'tendances' sont un 'droit' trotskiste mais n'ont pas d'existence réelle : en aucun cas, même dans les partis bourgeois, les points de vue ne cohabitent dans la joie et la bonne humeur, et il y a toujours un point de vue, une 'tendance', un 'courant' dominant.

    La question est posée de "peut-on considérer qu'il y aurait une lutte de lignes dans un parti comme le PCF ?". C'est une très bonne question... Et bien, la réponse est OUI : l'existence de lignes dans toute organisation politique humaine, comme reflet de la lutte des classes dans la société, est scientifique et valable partout. La seule question est L'IMPORTANCE que cela a.

    Dans le PCF, il y a des réformistes/progressistes plus ou moins sincères et des pourris, des sociaux-traîtres larbins de la bourgeoisie, des néo-bourgeois (on pense notamment aux caciques locaux du 'communisme municipal'). Il y a des réformistes/progressistes plus ou moins optimistes, radicaux, combattifs ; et d'autres plus ou moins pessimistes, timorés, 'possibilistes'. C'est tout simplement l'influence contradictoire des deux 'pôles' de la lutte des classes, constitués par la bourgeoisie réactionnaire et le prolétariat révolutionnaire, qui s'exprime parmi ces hommes et ces femmes organisé-e-s pour agir dans la Cité (définition de la politique).

    On pourrait même aller plus loin, et dire qu'au PS il y a des plus 'sociaux' (à la Montebourg, Hamon, Emmanuelli) et des plus 'libéraux' ('hollandais', 'strauss-kahniens', Valls) en économie, des plus 'laxistes' et des plus 'sécuritaires' sur la répression des classes populaires... À l'UMP, il y a les 'humanistes et sociaux' à la Borloo et la 'Droite populaire/iste' de Luca et Mariani, qui flirte avec le FN. Mais là, on va dire, ce sont des contradictions qui n'intéressent que très secondairement le prolétariat et son avant-garde communiste. La lutte des classes qui s'exprime là, ce n'est pas tellement l'influence contradictoire de deux classes (comme dans les partis petits-bourgeois), mais plutôt la manière dont la bourgeoisie va sauver sa peau (par le 'social' et le 'dialogue', ou par le capitalisme et la répression à outrance, par la 'carotte' ou par le 'bâton'). Il ne faut pas oublier, au demeurant, que les 'politiciens' eux-mêmes sont généralement des petits ou moyens bourgeois (fonctionnaires, avocats et médecins, etc.). Rares sont les grands capitalistes (comme un Olivier Dassault) qui 'font' de la politique. Du coup, ils sont soumis aux injonctions du Grand Capital, tout en ayant la préoccupation de sauver leur propre position face au prolétariat, position encore plus précaire que celle des 'milliardaires du CAC40'...

    Mais enfin, tout cela n'intéresse le prolétariat que dans un seul sens : à quelle sauce il va être mangé. Et cela n'intéresse les communistes que pour leur 'plan d'action' des 5 ans à venir : la bourgeoisie va-t-elle jouer sur du 'social' et de la collaboration de classe, ou plutôt de la répression et de la liquidation tous azimuts des concessions du passé ? La question du FN et de l'extrême-droite (et de la 'FNisation' de l'UMP et même du PS) est bien sûr très importante : c'est celle du passage de la bourgeoisie à la dictature terroriste ouverte, qui change totalement la manière d'agir des communistes, les conditions de la lutte.

    Mais disons que, toutes ces contradictions s'exercent dans un 'champ politique de classe' qui n'est pas celui du prolétariat, mais de la bourgeoisie, et qui, donc, est secondaire. À l'époque des Fronts populaires, entre 1935 et le triomphe total du révisionnisme au milieu des années 1950, il est clair que le mouvement communiste international a accordé sans doute trop d'importance à ces contradictions inter-bourgeoises (ainsi qu'inter-impérialistes), arrivant presque à considérer (en caricaturant un peu) qu'il y avait de 'bons' partis bourgeois et de 'bons' impérialismes (c'était clairement la position d'Earl Browder, du CP-USA)...

    Revenons au PCF. S'agit-il d'un parti bourgeois ? Et bien, on peut dire aujourd'hui que la réponse est oui. Depuis plus de 50 ans, sa soumission idéologique et politique à la "gauche" bourgeoise (SFIO de Mollet, PS de Mitterrand, puis 'gauche socialiste' du PS dans les années 1990-2000, et enfin PG de Mélenchon) en a fait un parti assurément bourgeois. Mais un parti bourgeois d'un genre très particulier. C'est un parti qui s'intitule encore 'communiste', et il est certain que des gens adhèrent sincèrement à cet intitulé ; tandis que d'autres, l'ayant intégré à une époque où il n'était 'que' révisionniste, et où le mot 'communiste' avait encore une grande signification sur la planète, y restent attachés sentimentalement.

    En un mot : c'est un parti qui revient à ce qu'était, pour les camarades de Politzer et Tillon, la SFIO de Léon Blum. Un parti bourgeois, mais qui emprisonne encore une part significative de la classe prolétarienne. Dans ce sens, ses 'mouvements internes' sont plus intéressants et significatifs pour les communistes que ceux des partis petits-bourgeois (LO, NPA, POI, URCF, PRCF, Cercles communistes, PCOF), qui sont beaucoup plus réduits (en caractère de masse), beaucoup plus 'resserrés' socialement sur la petite-bourgeoisie intellectuelle (surtout enseignante), les petits employés/fonctionnaires et l'aristocratie ouvrière, ou encore les étudiants (NPA surtout) ; et beaucoup plus 'verrouillés' idéologiquement (sectarisme, question de survie quand l'idéologie ne tient pas la route). La seule chose qui peut finalement être intéressante chez ces derniers, ce sont les 'mouvements de sortie' (comme au NPA, passé de 9000 adhérents à moins de 4000).

    Au PCF, en revanche, les 'mouvements de la base' sont assez représentatifs du niveau de conscience 'moyen' (pas le plus avancé) du prolétariat, et les 'mouvements du sommet' (désormais quasiment délégué à Mélenchon) sont bien représentatifs de la manière dont la 'gauche' bourgeoise tente de 'tenir' le prolétariat, de contenir la 'poussée' de sa conscience, ou de la détourner (par exemple dans la xénophobie, cf. Gerin) ; et... des difficultés qu'elle rencontre dans cette tâche (qui est historiquement la sienne) !

    Ceci dit, tout cela n'est pas décisif - c'est le mot qui convient. Clairement : il y a au PCF, sans le moindre doute, des progressistes sincères, des anticapitalistes insuffisamment marxistes, aux conceptions limitées, des révolutionnaires potentiels ; des gens qui ont vu le mot 'communiste' (oh ! de la lumière !) et sont rentré-e-s ; mais leur lutte contre la ligne bourgeoise réformiste dominante ne peut pas être décisive EN SOI. Elle ne peut l'être, qu'en se connectant à un mouvement communiste révolutionnaire qui, désormais (et depuis plus de 40 ans), est intégralement extérieur au PCF. C'est le triomphe de la ligne révolutionnaire dans celui-ci (contre l'opportunisme, les tendances possibilistes ; et le dogmato-sectarisme) qui est décisive.

    L'époque où la lutte de lignes au sein du PCF avait un caractère décisif pour le prolétariat de cette entité bourgeoise, la France, c'était, globalement, entre sa création en 1920 et le début des années 1960.

    Durant les années 1920, le PCF-SFIC souffrait de ses 'tares originelles', d'être issu de la majorité d'une SFIO où... les marxistes révolutionnaires étaient peu nombreux. Le Parti devait donc élaborer sa ligne révolutionnaire alors même qu'il était créé (il n'a pas été créé sur une ligne pré-établie, d'ailleurs, aucun Parti ne l'a jamais vraiment été). Ce fut chaotique mais, vers 1930, on pouvait penser que les choses étaient 'éclaircies' et que la 'bolchévisation' pouvait commencer. Mais, dès 1934, l'application de la ligne de Front populaire (pas erronée en elle-même, plutôt imprécise) amena une tendance très forte à la soumission idéologique du Parti vis-à-vis de la 'gauche' bourgeoise. Une tendance au populisme ('Peuple de France !'), à se penser 'dans le prolongement' du 'pic radical' de la révolution bourgeoise (1793-94) ; à renoncer à l'anticolonialisme et à l'anti-impérialisme, 8e condition d'adhésion à l'Internationale communiste, d'une importance CAPITALE puisque Marx parlait déjà, en son temps, de 'secret de l'impuissance' du prolétariat du pays colonisateur. Une tendance, plus généralement, au pragmatisme sans principes, comme quand Duclos négociait la reparution de l'Humanité avec les autorités nazies d'occupation... À partir de là, la lutte des éléments un minimum léninistes s'engagea contre ces tendances révisionnistes toujours grandissantes, et ne s'acheva que... au début des années 1960, presque concomitamment avec la mort de Thorez (1964), quand les léninistes quittent alors le Parti (pour former le PCMLF, l'UJCml qui engendrera la GP etc., d'autres - malheureusement - rejoignant toutefois le trotskisme pour former la LCR). Elle s'acheva, donc, quand les léninistes, les marxistes révolutionnaires, n'eurent plus d'autre solution que de quitter le Parti. C'est à partir de là, en réalité, qu'on peut considérer le PCF comme intégralement révisionniste et au service de la bourgeoisie, un parti BOURGEOIS dont il n'y a plus rien à tirer, L'AVENIR du mouvement communiste et de la révolution prolétarienne dans l'espace géographique 'France' se jouant désormais EN DEHORS. Et pourtant, le Parti était pourrissant depuis près de 30 ans, et à vrai dire assez foireux depuis sa fondation en 1920 !

    Si l'on prend l'exemple du Népal, peut-on alors qualifier le PCNU-M de Parti intégralement révisionniste, dont les luttes internes ne sont d'aucun intérêt pour les communistes d'Asie du Sud et la révolution mondiale ? Alors que le prachandisme a commencé à sévir il n'y a pas 10 ans ? Soyons sérieux...

    En réalité, ce qu'il faut retenir, c'est que le principal a un moment donné pour la révolution 'locale' et mondiale est la lutte de lignes entre communistes : en l'état actuel des choses, entre prétendants au rôle d'avant-garde de la révolution prolétarienne dans l’État "France". Ce qui est principal, ce qui est SIGNIFICATIF, c'est la lutte où se joue L'AVENIR.

    Pour le moment, la réalité est qu'il n'y a PAS de Parti révolutionnaire du prolétariat, mais un certain nombre de groupes, d'organisations, qui se sont données pour tâche de le construire (certaines se proclamant déjà 'Parti', d'autres pas) : PCmF, OCML-VP, ROC-ML, 'p''c''mlm'... Et ces organisations sont en quête d'adhésion prolétarienne à leur ligne ; en quelque sorte, du 'mandat' du prolétariat (en tout cas, du prolétariat avancé) pour constituer son avant-garde et conduire la révolution. C'est une quête extrêmement difficile, incomparable avec celle d'un mandat électoral bourgeois... Il ne s'agit pas de viser 'la quantité à tout prix' et de faire de la démagogie, du populisme, car alors on aura beaucoup de monde avec soi, mais on n'arrivera à rien. Mais il ne s'agit pas non plus de s'imaginer que moins on est nombreux, plus on a raison, plus on a tracé de 'lignes de démarcation entre l'ennemi et nous' [Mao énonce ici, dans cette fameuse phrase, quelque chose qui tombe sous le sens : si des gens vous attaquent, voire veulent vous casser la gueule, c'est que vous avez forcément adopté des positions clivantes... le problème, c'est qu'il reste à savoir de QUEL CÔTÉ ("bon" ou "mauvais", idées justes ou idées fausses, communiste ou opportuniste ou petit gauchiste à la con) de la ligne de démarcation en question vous vous trouvez !]... À un moment donné, si l'on est dans une dynamique d'isolement, il faut se poser des questions. On pourrait dire, quelque part, qu'une organisation dans une 'bonne' dynamique est une organisation qui, en plus de rencontrer la sympathie de la classe dans les actions ou manifestations auxquelles elle participe, voit ses positions reprises par les autres et même par les organisations petites-bourgeoises (en 'édulcoré' et 'sans citer la source')...

    Ce n'est pas une 'compétition' pour le fun, mais qui engage l'avenir de l'humanité. C'est, aussi, une 'compétition' dans laquelle les partis petits-bourgeois, et même le PCF, participent indirectement : si aucune 'avant-garde' ne parvient à convaincre, les 'consciences émergentes' du prolétariat se tourneront vers ces 'valeurs sûres'...

    La quadrature du cercle est donc celle-ci : 1°/ il ne s'agit pas d'avoir du monde pour aller nulle part, 2°/ il ne s'agit pas d'avoir la conception révolutionnaire la plus juste qui soit, mais personne avec soi, personne de 'réceptif'.

    Et la clé de cette quadrature du cercle... c'est la lutte de lignes. La lutte de lignes permettant de construire la CONCEPTION COMMUNISTE DU MONDE qui, seule, peut agréger le prolétariat autour du Parti révolutionnaire et le mener à la victoire. Le principe est que nous sommes entre communistes, et qu'en principe, cette lutte de lignes est non-antagonique. Elle consiste à démêler, dans nos conceptions, les écheveaux du nouveau et de l'ancien ; des idées justes et des idées fausses ; des conceptions prolétariennes tournées vers l'avenir, vers le communisme, et des conceptions sous influence de la bourgeoisie. Sa méthode est le débat franc et ouvert entre camarades, la critique et l'autocritique, la vérification des idées et la rectification des erreurs.

    Mais parfois, cette lutte, même en commençant toute fraternelle et pleine de camaraderie, amène à démasquer des connards, des gens qui, pour simplifier à l'extrême, sont là pour EUX-MÊMES et non pour le prolétariat et l'humanité. Ou des gens assez cons (paumés idéologiquement) pour les suivre, ce qui revient au même. Peu importe quelles sont leurs motivations, qu'elles soient très concrètes (ascension sociale, qui ne pourrait se faire dans la société telle qu'elle est et impliquerait un 'changement radical'), ou plus 'psychologiques', 'immatérielles' (auto-satisfaction, sentiment d'importance, ou amertume existentielle, névrose de 'petit occidental' etc.) : là encore le résultat est le même. Si l'on est pas là pour SERVIR LE PEUPLE, on n'est pas un révolutionnaire. Donc, a fortiori, pas un marxiste et encore moins un maoïste.

    SLP a été maintes fois confronté à ces gens-là et, en définitive, leur psychologie est finalement très reconnaissable. Démasqués, ils se réfugieront dans le sectarisme et le dogmatisme 'excommunicateur' (généralement, toujours une citation au coin de la bouche), et la mauvaise foi ; ou alors, pour ceux qui en ont la possibilité (souplesse d'esprit, pragmatisme, intelligence pratique, compétences), ils iront voir (si on y est) du côté du réformisme bourgeois.

    Tel est le schéma, en tout cas, pour un mouvement communiste très petit comme le nôtre actuellement.

    Bien entendu, si le mouvement communiste est beaucoup plus large, beaucoup plus massif, alors la lutte de lignes se joue 'en grand' : les traîtres collaborationnistes de classe peuvent déployer leur démagogie en direction de la spontanéité réformiste, possibiliste des prolétaires (et autres classes laborieuses) moins avancé-e-s ; tandis que les 'gourous' gauchistes peuvent jouer de leur côté sur l'impatience et la fascination pour la 'radicalité', la confusion idéologique ou encore les névroses qui existent chez un bon nombre de prolétaires et personnes du peuple.

    Il faut bien comprendre, bien avoir à l'esprit, que cette lutte de ligne dans le mouvement communiste n'y est nullement limitée par quelque 'champ magnétique'. Elle a, au contraire, une dimension 'explosive' ou 'implosive'...

    Le principe de la lutte de lignes, on l'a dit, c'est un débat franc, ouvert et CONSTRUCTIF, qui permet de dégager les idées justes et de les rassembler et synthétiser en conception communiste, prolétarienne, révolutionnaire du monde. Et ensuite, bien sûr, d'imposer ces idées justes et de balayer les idées fausses, dont les tenants doivent être convaincus... ou alors, empêchés de nuire.

    Pourtant, des fois, ça ne marche pas. Pourquoi ? Tout simplement, parce que les communistes ne sont pas des demi-dieux vivant sur une lointaine planète, mais des hommes et des femmes vivants sur la Terre capitaliste. Parce qu'ils et elles ont leurs limites d'êtres humains, individuelles et collectives. Parce que la science marxiste a ses limites... de science. Il y a les petits sectarismes des uns, s'accrochant à des idées fausses... mais aussi, parfois, 'défendant' ainsi des idées justes, et les condamnant en réalité (comme l'idée qu'il ne fallait pas faire les Accords de 2006 au Népal : JUSTE, mais condamnée par le sectarisme de ses 'défenseurs' !). Il y a les grands libéralismes des autres : recherche du compromis, refus de trancher, de reconnaître et de condamner le faux. On ne se pose parfois pas les bonnes questions (les questions cruciales ; on se concentre sur des sujets secondaires). Parfois, on n'y trouve pas les bonnes réponses. Parfois, on les trouve, mais on ne sait pas les faire prévaloir sur les mauvaises... etc.

    Dans ce cas, le mouvement communiste 'implose' et s'atomise. Les dogmato-sectaires s'enferment dans leur sectarisme et y pourrissent (souvent de manière très réactionnaire en pratique), mais en captant toujours à eux des éléments fascinés par leur posture 'sans compromis'. Les 'droitiers' (prisonniers des conceptions bourgeoises et petites-bourgeoises) rejoignent les partis petits-bourgeois, ou carrément les partis de 'gauche' bourgeoise (type PCF, aujourd'hui Front de Gauche). D'une manière générale, le prolétaire qui a avant tout son intérêt personnel et immédiat à défendre va se tourner vers les 'valeurs sûres', permettant 'd'agir en grand', même si c'est réformiste et toujours plus inefficace : 'gauche' bourgeoise, syndicats...

    Immédiatement, dans tous les partis sans distinction de classe, c'est la droite qui va en sortir renforcée. Ce sont les conceptions petites-bourgeoises les plus 'possibilistes' molles, ou social-populistes, qui triompheront dans les partis petits-bourgeois. Dans la 'gauche' bourgeoise et les syndicats, ce seront les tendances les plus modérées, les partisans du 'consensus', de "l'intérêt général". La bourgeoisie réactionnaire n'aura plus aucun obstacle devant elle, liquidant même ce que les luttes, la 'pression' prolétaire, l'avaient obligée à concéder (surtout que la crise lui impose cette nécessité, par ailleurs) : la 'droite de gouvernement' se 'lâche', c'est la fameuse 'droite décomplexée' qui s'affiche depuis les anées 90, au détriment des "humanistes sociaux", répandant (conjointement avec le FN) son 'hégémonie intellectuelle' sur les masses.

    Les fascistes seront renforcés, eux aussi... comme pseudo-alternative 'révolutionnaire', finalement plus crédible que la 'gauche' bourgeoise et petite-bourgeoise. Mais, finalement, la bourgeoisie n'aura même pas vraiment besoin d'eux, de ces 'têtes brûlées' au pouvoir... Nul besoin de dictature terroriste ouverte pour lutter contre la chute du taux de profit (y compris par la guerre impérialiste) et une menace révolutionnaire... qui n'existe pas : le 'consensus mou' suffit, alliant 'dialogue social' et répression de basse intensité contre les révolutionnaires et les masses 'rebelles', à hauteur de la menace (faible) qu'ils et elles représentent. C'est, finalement, ce que les camarades du PCmF appellent 'fascisme moderne'.

    Tout cela, c'est, finalement... la situation qui prévaut chez nous depuis les années 1980. Jusque, disons, au milieu des années 2000 en tout cas (depuis, ça évolue). Le paysage politique que nous avons, que nous avions à 100% au début de la dernière décennie, c'est tout simplement le résultat ultime d'une 'implosion' du mouvement communiste par défaite, décimation, effondrement de la ligne révolutionnaire prolétarienne.

    Si, par contre, la conception communiste du monde se construit, se développe et s'impose... Alors, elle ISOLE les dogmato-sectaires. Elle pousse les réformistes à rejoindre la 'maison-mère', mais sans emporter grand-monde avec eux. Elle franchit les frontières du mouvement communiste. Elle va 'exciter', 'agiter' les troupes sincères des partis petits-bourgeois et de la 'gauche' bourgeoise, comme le gros PCF, ainsi que des syndicats. La vie des bourgeois (et de leurs agents) chargés de 'tenir' ces troupes cesse d'être un long fleuve tranquille. Ils se retrouvent peu à peu isolés. Dans les partis strictement bourgeois, les contradictions s'aiguisent, les camps se polarisent. Le 'consensus mou' éclate ; les 'réformistes', les 'lâcheurs de miettes' d'un côté, et les 'exterminateurs' de l'autre, se renforcent. L'option fasciste est clairement envisagée, et le fascisme prend clairement un caractère mussolinien ou hitlérien : une tentative de synthèse entre 'carotte' ('réformisme' populiste réservé aux 'bons' citoyens, impliquant d'exclure - et donc de définir - des 'ennemis intérieurs'), 'bâton' (dictature terroriste ouverte) et lutte contre la crise, contre la chute tendancielle du taux de profit et la surproduction absolue ('trop-plein' mondial) de Capital, ce qui implique (ainsi que le financement des 'réformes' sociales populistes) la GUERRE IMPÉRIALISTE à outrance.

    MAIS, même si ce tableau peut sembler éminemment plus sombre que celui du 'consensus mou', il a un avantage : les communistes, armé-e-s de leur conception du monde, peuvent COMBATTRE cela, et même le combattre VICTORIEUSEMENT, jusqu'à une grande victoire comme en 1945, et même plus grande encore. Ils peuvent empêcher les fascistes de se présenter en fausse alternative 'révolutionnaire', en tout cas les gêner fortement dans cette manœuvre. Ils peuvent CONTRE-MOBILISER les masses contre la tendance au fascisme et à la guerre. Dans le 'consensus mou', il n'y a pas de dictature terroriste ouverte et généralisée... parce qu'il n'y a personne (ou très peu de monde) à persécuter de la sorte. En revanche, depuis les années 70 il y a la crise et, depuis les années 80, des attaques permanentes contre les moyens matériels d'existence des masses populaires... et personne pour s'y opposer efficacement.

    Il y a la crise, et donc IL Y A LA GUERRE : rampante, quasi-secrète, mais généralisée et permanente ; et personne pour s'y opposer, sans nul besoin d'une dictature terroriste intérieure. Les guerres de l'impérialisme (et leurs conséquences), par interventions directes ou guerres 'entre sauvages' fomentées, ont pourtant fait (probablement) plus de 15 millions de morts en 20 ans, dont plus de la moitié en Afrique (et plus d'un million en Irak, des dizaines de milliers en Afghanistan etc.). Quand à la misère en elle même (si l'on laisse de côté les conflits armés et la répression), entre la sous-alimentation, la maladie (qu'on pense simplement au SIDA en Afrique...), les toxicomanies, les suicides (des milliers de paysans surendettés en Inde, mais aussi des centaines de travailleurs 'au bout du rouleau' en France !), les violences entre prolétaires... combien fait-elle de victimes par an ? Probablement des millions...

    Alors, à tout bien réfléchir... vaut-il mieux une ligne révolutionnaire prolétarienne FORTE, ou faible ?

    À l'heure actuelle, 'ce qui était n'est plus, mais ce qui sera n'est pas encore'. Nous sommes à la croisée des chemins. La 'Fin de l'Histoire', ère de 'paix', de 'démocratie' et de 'progrès' dans le cadre 'indépassable' du capitalisme, promise au début des années 1990, est révolue. Mais, à cela, le facteur déterminant est que la crise a franchi un nouveau cap, une nouvelle étape dans la gravité. La pression qui s'accroît, ainsi, sur les masses populaires mondiales, suscite des RÉSISTANCES de plus en plus fortes, des explosions colossales comme cette année dans les pays arabes. Mais ces résistances ne sont sous direction communiste que dans quelques pays : l'Inde, l'Asie du Sud globalement, les Philippines, l'Anatolie, quelques pays d'Amérique latine...

    Pour l'instant, le renouveau réel mais faible du mouvement communiste international n'est pas le facteur déterminant des évènements à travers le monde. Lorsque, dans de nombreux pays, les forces communistes auront retrouvé la force décrite plus haut, alors ça le sera. Nous changerons complètement d'époque.

    Si cela ne se produit pas... nous n'avons pas d'exemple historique. La crise que nous traversons est sans précédent depuis celle de 1929. Mais, à l'époque, le mouvement communiste était fort. On ne sait donc pas à quoi ressemblerait une crise comme celle de 1929, et ses conséquences (misère de masse, fuite en avant réactionnaire, guerre), sans mouvement communiste important et sans (selon SLP) 'l'option keynésienne' de surcroît (option de créer un 'État-providence', qui précédemment n'existait pas, afin de 'relancer' l'accumulation capitaliste par la création d'un vaste marché intérieur, d'une vaste demande 'populaire'). On ne sait pas... peut-être, en définitive, parce que ce n'est pas possible ! Parfois, ce que le cerveau humain ne conçoit pas... ne peut pas exister, tout simplement.

    Les communistes sont convaincus de l'inéluctabilité du communisme. Les communistes sont convaincus que 'là où il y a oppression, il y a résistance' ; et que le monde ne peut pas continuer à s'enfoncer ainsi dans la crise, c'est à dire la misère, la barbarie, la guerre, la destruction écologique, sans que les masses se révoltent (et c'est d'ailleurs déjà le cas : nous avons la preuve de cette affirmation). Et les communistes sont convaincus que, dans toutes ces révoltes, une partie des masses atteindra le stade de la conscience communiste, et entraînera le reste derrière elle dans la RÉVOLUTION MONDIALE !


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