• 1. Le 'dossier' de la 'capitulation' au Pays Basque dure depuis déjà un certain temps : presque deux ans, presque l'âge de SLP. Et SLP fait partie des médias révolutionnaires francophones qui ont suivi le 'dossier' de très près. Suivi, comme toujours, dans l'esprit qui est le sien : ANALYSER le problème, dans toute sa complexité (refus de l'emporte-pièce) ; puis se demander COMMENT, CONCRÈTEMENT, sortir de ce merdier (en refusant le "y'a qu'à - faut qu'on").

    Le 'dossier' connaît ces jours-ci un nouveau rebondissement... ou plutôt son aboutissement inéluctable : l'annonce de la 'capitulation' d'ETA, de son 'abandon définitif de la lutte armée'.

    Il va de soi (allumez votre télé ce soir pour voir...) que le 'coup de tonnerre' médiatique est total. Mais laissons de côté les 'coups de tonnerre' médiatiques, et regardons les FAITS. Tout ce que nous observons, on l'a dit, n'est en effet que 'l'officialisation' de ce qui est une réalité depuis plusieurs années.

    L'annonce de l'organisation fait suite à la tenue, à DONOSTIA ('San Sebastian' pour les touristes), d'une 'conférence' appelant (une nouvelle fois) l'organisation à "abandonner définitivement la violence".

    Il s'agissait d'une conférence des réformistes de la gauche abertzale (qui n'a d'ailleurs jamais été que cela, réformiste, mais autrefois 'radicale' et 'sans concession'), pour appeler l'organisation armée à 'déposer les armes'.

    ETA est en 'cessez-le-feu permanent' depuis maintenant plus d'un an (sept. 2010). Derniers rebondissements en date (le mois dernier) : l'annonce par les prisonniers gudariak (combattants d'ETA) de leur ralliement au 'processus de Gernika' (renoncement à l'action violente par la gauche abertzale) ; et l’auto-dissolution de groupe 'Ekin' considéré par la justice espagnole (ça vaut ce que ça vaut...) comme 'l'appareil politique' de l'organisation. Et puis, le 'coup de tonnerre' d'hier... Mais ETA a-t-elle 'capitulé' ? Tout dépend de ce que l'on entend par capituler. Entend-on renoncer, abandonner, TRAHIR alors que la lutte avance victorieuse ? Ou entend-on prendre acte d'une défaite militaire totale (comme en Italie dans les années 80, etc.) ? Dans le premier sens, qui est celui où l'entendent les gauchistes... NON. ETA n'a pas 'capitulé'  et... ne 'négociera' probablement jamais ! Tout simplement, parce que... ETA n''existe plus', en tout cas, plus comme il faudrait exister pour 'négocier' quoi que ce soit. La 'trêve illimitée' d'ETA, puis l'annonce hier de l'arrêt définitif de toute activité, ce n'est tout simplement rien d'autre qu'une prise d'acte de l'absence TOTALE de capacités militaires opérationnelles. Depuis maintenant plusieurs années, ETA n'a plus mené d'action d'envergure. Ses seuls coups de feu, pratiquement, ont été tirés dans le contexte de la 'traque' franco-espagnole, pour échapper à l'arrestation... La réalité d'ETA aujourd'hui, ce sont quelques dizaines de gudariak clandestins qui se terrent. Nullement une force armée de plusieurs milliers d'hommes et de femmes, 'tenant' des quartiers entiers comme l'IRA Provisoire et l'INLA, en Irlande du Nord, dans les années 1990. Il n'y a rien qui puisse être 'négocié' avec l’État espagnol, ni sa déclinaison 'autonome' basque. Quant à celui-ci, son seul dessein, proclamé haut et fort, est de 'punir les derniers assassins encore en liberté', et bien sûr leurs 'complices' (y compris au niveau transnational, comme on a pu le voir avec Aurore Martin). Il en va de sa crédibilité, qui est celle d'un État impérialiste faible, ne 'contrôlant' pas ses masses populaires.

    Cette 'négociation', et 'intégration' dans un Pays Basque 'démocratisé', est en revanche la stratégie de la gauche abertzale. Celle-ci a amorcé depuis 2010, y compris depuis les prisons (où croupit notamment le leader Otegi), sa 'mutation' légaliste et électoraliste (qui s'est traduite par un 'joli' 22% aux dernières municipales). Elle voudrait 'intégrer' une Communauté autonome basque et une Communauté forale de Navarre (peut-être un jour réunifiées...) 'rénovées' par un grand 'processus démocratique'.

    Dans cette optique, ETA est une 'épine dans le pied' qu'elle voudrait s'enlever, et c'est le sens de la dernière conférence. Mais l'on voit mal comment ceci serait réalisable : les derniers gudariak en cavale ne vont pas se livrer pieds et poings liés à des dizaines d'années de prison. Il faudrait une loi d'amnistie, que l’État espagnol ne votera JAMAIS (il faudrait se renseigner pour savoir comment se vote une telle loi en Espagne... mais si c'est plus qu'une majorité de 50% + 1, c'est mort). On l'a dit, il en va de sa crédibilité.

    Et même pour la gauche réformiste abertzale, les perspectives sont minces, et la poursuite de la répression en témoigne. L’État espagnol est un pays impérialiste. Mais s'il l'est, contrairement au Portugal ou à la Grèce (par exemple), cela repose entièrement sur les dynamiques capitalismes basque, catalan au sens large (Catalogne, Valence, Baléares), cantabre et asturien, etc. Ce n'est pas la Meseta castillane, avec la métropole madrilène au milieu, qui pourrait à elle seule assurer à l’État espagnol le statut de pays impérialiste, dont l'exportation de capitaux est la caractéristique principale.

    Quant à la bourgeoisie 'basquiste' (il y a au Pays Basque une bourgeoisie espagnoliste, soutenant le PP et/ou le PSOE, mais aussi une bourgeoisie 'basquiste' incarnée par le PNV, comme il y a une bourgeoisie 'catalaniste' CiU, 'galiciste', 'andalousiste' etc.), son rapport avec l’État espagnol (et la bourgeoisie espagnoliste) est "d'unité et lutte" : elle lui livre un bras de fer permanent pour arracher le maximum de prérogatives nationales bourgeoises (indépendance fiscale, relations internationales sans passer par Madrid, revendications culturelles et linguistiques) ; mais, en même temps, elle en a BESOIN pour assurer sa position de classe, car elle ne 'règne' pas sur des masses rurales conservatrices de type Castille-Léon, mais sur un important et bouillonnant prolétariat... Vis-à-vis des bourgeoisies basque, catalane etc., "l'Espagne" joue finalement le même rôle que la Russie dans l'Europe de la Sainte-Alliance : une immense armée de réserve contre-révolutionnaire, permettant d'opposer les 'ruraux conservateurs' de l'immense Meseta ou de la vallée de l’Èbre (Aragon, Sud-Navarre, Rioja) au prolétariat révolutionnaire d'Euskadi, de Catalogne, du Grand Madrid, de Santander et d'Oviedo-Gijon, de La Corogne et de Séville, etc. [pour illustrer ce propos, l'on peut par exemple regarder la carte de provenance des guardias civiles par province (nombre d'individus devenus gardes civils pour 1.000 naissances)]. Unité et lutte, donc, mais dans la 'question basque' (comme dans toutes les questions nationales ibériques) cette contradiction est secondaire : l'unité est principale.

    La très probable réalité, donc, c'est que la 'main tendue' de la gauche réformiste abertzale est vouée à se coincer très douloureusement les doigts dans la porte que l’État de Madrid, le PP et le PS basques, mais aussi le PNV, lui claqueront au nez. L’État espagnol et SES bourgeoisies, espagnolistes de toutes les nations et 'basquiste', 'catalaniste' et compagnie, ne PEUT PAS se permettre ce que pouvait se permettre l'Empire britannique vis-à-vis de l'Irlande et du Provo Sinn Féin de Gerry Adams et Martin McGuiness.

    Mais, au lieu d'avoir cette analyse concrète de la situation concrète, 'on' nous dit que le problème d'ETA et du mouvement abertzale c'est, finalement, d'avoir été... 'nationalistes', 'identitaires de gauche' et pas 'communistes', pas 'prolétariens'… 'Identitaire' : un terme absolument NON-NEUTRE (étant donné qu'une organisation fasciste porte ce nom en Hexagone) et marotte de tous les gauchistes (à la 'p''c''mlm', Gauche communiste, CNT-AIT...), et qui, 9 fois sur 10, ne recouvre aucune réalité sinon celle que fabrique leur petite imagination. L'impression qui se dégage du propos, finalement, c'est que tout aurait été pour le mieux si, suivant fidèlement la 'conception communiste de Lénine-Staline', ETA s'était transformée en 'branche basque' du Parti communiste d'Espagne (reconstitué) [PCE(r)] et des GRAPO... Dans le même état d'esprit, on pourrait aussi dire que les Black Panthers "n'avaient qu'à" (après tout !) se constituer en 'branche noire' du New Communist Movement US de l'époque (Haywood etc.). Autrement dit (encore une fois, toujours le même problème...), c'est à "l'expression populaire" de résistance à une oppression de 'reconnaître' la légitimité et la 'guidance' du Parti, ou alors... de disparaître de la circulation ; et non au Parti de gagner à lui ces expressions de résistance populaire, de gagner sa légitimité de masse dans la pratique.

    C'est bien sûr tout simplement ridicule. ETA était (et se définissait explicitement comme) une organisation révolutionnaire socialiste de libération nationale basque. Le nationalisme au Pays Basque, c'est le PNV (et ses micro-scissions de 'droite' comme de 'gauche'). Ensuite, ETA n'a fait que suivre, avec un "différé" d'une grosse vingtaine d'années, le même chemin que bien d'autres organisations révolutionnaires armées... NULLEMENT 'nationales', TOTALEMENT internationalistes prolétariennes, totalement dans les principes du marxisme-léninisme et fidèles à la 'centralité ouvrière' : que ce soient les Brigades Rouges ou Lotta Continua puis Prima Linea en Italie, le PCE(r) et les GRAPO dans l’État espagnol, le 17-Novembre en Grèce, (un peu plus tard) les CCC en Belgique, etc.

    ETA, nous dit-on (SLP n'était pas au courant, mais SLP ne sait pas tout et surtout, ne prétend pas tout savoir), se serait brouillé avec le PCE(r) et les GRAPO, leur aurait "tourné le dos". Mais le PCE(r) et les GRAPO, au juste, où en sont-ils ? Exactement au même point... sinon pire. Tous et toutes en prison, ou terré-e-s pour y échapper, et totalement inactifs. Pourtant, peu d'organisations communistes combattantes auront porté aussi haut les principes du marxisme-léninisme de Lénine, Staline et Mao, la 'centralité ouvrière' et l'internationalisme prolétarien !

    En réalité, ETA a été happée comme les autres par un phénomène de reflux général frappant les organisations combattantes de ce type. Ce phénomène est essentiellement la somme de DEUX FACTEURS :

    1- ETA est née (1959), a adopté le 'marxisme révolutionnaire' (1966) et a connu son apogée (années 1970, début 80), comme les BR, comme le 17-Novembre, comme les GRAPO, comme l'IRA provisoire et l'INLA (Irlande), comme le FPLP et le FDLP, et on en passe ; à un moment où le mouvement révolutionnaire mondial était FORT. Mais la contre-révolution en Chine et la faillite du 'socialisme' capitaliste d’État en URSS lui ont porté un coup qui ne pouvait être que très dur. Peu importe que certaines organisations aient été profondément ancrées dans la réalité prolétaire et populaire d'un territoire donné (BR, ETA, IRA et INLA), d'autres moins (CCC, GRAPO), d'autres peu voire presque pas (Action Directe). ETA, comme les autres, a dans ce sens fait partie des derniers de la première vague révolutionnaire mondiale, et non des premiers de la nouvelle vague. Comme le républicanisme combattant irlandais, elle a simplement été portée quelques années de plus, passant le 'cap fatidique' de la fin des années 80, par la question nationale. Ceci est vrai. Mais aussi vrai qu'il est faux de dire que ces organisations ont 'tourné le dos à tout internationalisme' : elles sont au contraire d'un internationalisme total, et l'on trouve difficilement autant d'internationalisme dans les masses que dans les mouvements populaires qu'elles 'incarnent' (gauche abertzale basque et gauche républicaine irlandaise).

    2- Erreurs militaristes. Quel que soit le degré d''internationalisme prolétarien' et de 'centralité ouvrière' de toutes ces organisations, elles se sont enfermées dans la clandestinité armée et se sont coupées des masses prolétaires et populaires. Si l'on revient à l'exemple des GRAPO, absolument emblématique, ceci est très clair : les GRAPO n'ont pas sous-estimé le fascisme espagnoliste, ils n'ont pas été "pas assez clandestins". Aucune organisation n'a été démantelée parce que nous serions "dans le monde de 1984", dans une "société de contrôle total", où "l’État policier" serait pratiquement invincible. Elles l'ont au contraire été parce que, après avoir dénoncé 'l’État fasciste', elles se sont lancées et... enfermées dans la clandestinité armée et ont complètement négligé le travail révolutionnaire de masse, pas forcément 'au grand jour', mais au moins 'au clair-obscur'. Ceci est valable pour ETA, toutefois, cette dernière avait délégué ce travail à la gauche abertzale. Mais celle-ci s'est enfermée, de son côté, dans une pratique réformiste et les idées, à leur tour, sont devenues réformistes ; car la pratique est la réalité matérielle, et les idées sont le produit de celle-ci.

    Donc, après avoir assumé assez longtemps un 'socialisme démocratique de combat', 'radical', le mouvement abertzale a finalement rejoint une ligne légaliste-électoraliste. Lorsque l'on mène l'enquête sur place ou auprès de gens de là-bas (parler ou écrire c'est bien, enquêter c'est mieux), ce qui ressort comme base de masse à ce processus c'est la lassitude, l'impression de beaucoup endurer (répression, illégalisation, arrestations, violences des flics, proches emprisonnés à des centaines de kilomètres) pour un objectif qui ne semble pas se rapprocher, mais au contraire s'éloigner... À côté de cela, il y a les presoak (prisonniers : au final... la grande majorité des combattants d'ETA !), emmurés depuis parfois des dizaines d'années (la mort n'est peut-être guère pire...), et qui aimeraient, comme tout le monde, retrouver un jour la liberté. Or, la perspective que ce soit par une libération révolutionnaire d'Euskal Herria semble (ce qui ne veut pas dire 'est' !) de moins en moins probable. Et puis il y a certainement, comme toujours dans le réformisme, des pourris, des aspirants néo-bourgeois qui, la voie de la libération nationale semblant bouchée, en essayent tout simplement une autre. Il est important de bien distinguer ces trois catégories, et surtout la dernière des deux premières. On l'a dit, c'est comme pour les gauchistes, les trotskistes modernes : il faut bien distinguer les petits chefaillons qui se rêvent en 'guides' de la révolution et en 'cadres' du rouge lendemain (comme ils ne sont pas là pour servir le peuple, tout ce qui échappe à leur vision des choses est mauvais) ; et les prolétairEs 'paumé-e-s' attiré-e-s par la 'radicalité' qu'ils affichent.

    3- Enfin, une troisième raison fondamentale c'est que toutes ces organisations n'ont pas dépassé les limites théoriques de la révolution mondiale au XXe siècle. ETA a été, finalement, guévariste. D'autres ont été semi-anarchistes (Action Directe). D'autres encore ont été totalement fidèles au marxisme-léninisme de Lénine-Staline. À l'arrivée... aucune différence, le résultat est le même.

    Donc voilà : dérive réformiste, légaliste. Mais attention ! Dérive légaliste ne veut pas dire qu'il faut refuser par principe tout travail légal, ou à la lisière (de plus en plus mouvante, avec le mouvement de fond réactionnaire) de la légalité ('au clair-obscur'). Il faut bien définir la situation au Pays Basque : d'un côté, il y avait ETA, qui menait uniquement des actions militaires contre l’État espagnol. De l'autre, il y avait la gauche abertzale constituée par Batasuna et ses syndicats, organisations de masse etc. Il faut bien se figurer que la pratique de ce mouvement, dans une très large mesure, était totalement syndicalo-réformiste : grandes manifs, grèves etc. Une frange étant plus sur l'autonomie à l'italienne, les squats autogérés etc. Cependant, ce mouvement abertzale refusait de condamner les actions d'ETA, considérant qu'elles ne faisaient que "répondre à la violence de l’État, du capitalisme, de l'espagnolisme contre le Peuple et la culture basque" etc. Finalement, sur le principe le concept était bon : marcher sur ses deux jambes, travail légal et travail illégal. Le problème, c'est que l'écart entre les deux jambes était beaucoup trop grand : militarisme d'un côté ; syndicalo-réformisme de l'autre. D'où des contradictions rapidement intenables. Pour prendre un exemple, très concret, le mouvement autour de Batasuna pouvait parfois avoir l'impression que 'beaucoup de gens' étaient attirés par leur 'socialisme démocratique de combat', mais que la 'violence d'ETA' leur 'posait un problème'... Et puis voilà qu'en 2003, arrive l'illégalisation. Il devient illégal, non seulement de soutenir, mais de ne pas condamner la lutte armée. Un mouvement représentant, d'après les résultats électoraux, entre 15 et 20% des masses populaires, se retrouva donc condamné à la clandestinité, toute activité visible étant passible de prison (un cas unique, mais peut-être précurseur, en Europe). 15 à 20%, c'est énorme : c'est pratiquement la 'masse critique' pour faire une révolution, et il faut bien se dire qu'en refusant catégoriquement toute 'violence', la 'gauche radicale' hexagonale ne dépasse pas (tout confondu : NPA, LO, PC/JC/UEC, CGT, SUD, 'sortis du PCF années 90' etc.) 8 ou 9% dans les masses populaires... À partir de là, de l'illégalisation, UN ne pouvait que se diviser en DEUX : les partisans d'assumer l'illégalité et l'antagonisme qu'elle porte ; et les partisans de s'enlever du pied l''épine' de la 'non-condamnation' de la violence (c'est un constat, pas une leçon de morale). Et le constat, c'est que les seconds l'ont finalement emporté.

    Pour autant, 'tout' est-il fini ? Rien n'est moins sûr. Il y a dans le mouvement abertzale, on l'a dit, le courant qui s'apparente à l'autonomie italienne. Celui-ci est souvent relié à la kale borroka, la 'bataille de rues' quasi hebdomadaire avec les forces de l'ordre, notamment la féroce police 'autonome' basque, la Ertzaintza. Longtemps, c'est d'ailleurs de là que venaient les jeunes recrues d'ETA. Aux dernières élections (municipales), la stratégie des légalistes semble avoir payé : 22% des votant-e-s (mais combien de 'c'est déjà ça', combien de 'faute de mieux' ?). Mais, depuis septembre, à Bilbao, l'expulsion du Kukutza, une gaztetxea ('maison des jeunes', squat autogéré, comparable à un centre social italien) a donné lieu à une résistance populaire admirable : voir ici et ici. Isolé-e-s, les 'illégaux' ? Il semble que l'argument des légalistes-électoralistes-"solution-démocratistes" ait ici du plomb dans l'aile...

    Et puis, il faut se rappeler quelque chose : après l'illégalisation, en 2004, Batasuna (qui ne pouvait donc se présenter) avait appelé à voter pour une petite formation communiste, EHAK. 12,5% du peuple basque avait répondu à l'appel... nullement rebuté par les affiches mettant en avant, sans ambiguïté, le visage de Lénine, la faucille et le marteau, etc. Quand on pense qu'ici, en 'Hexagone intérieur', PCF et NPA abandonnent toute imagerie communiste au profit - par exemple - d'un pathétique mégaphone, car cela 'rebuterait les gens'... et n'arrivent pas (sans alliances) à réunir 5% des suffrages ! Si 'l'abandon de la ligne rouge internationaliste' pour une ligne 'identitaire de gauche' mène à cela, on aimerait bien que cela arrive tous les jours de ce côté-ci de l'Adour ! Dans quel minuscule morceau de 'France' imaginerait-on autant de gens capables de voter pour une liste mettant en avant Lénine, la faucille et le marteau - quand bien même la 'profession de foi' serait ensuite 'réformiste radicale' ?

    Et puis, alors que les gauchistes se réveillent tous les 36 du mois, à chaque 'cran' franchi dans la dérive réformiste abertzale, pour hurler à la 'capitulation', IL Y A DES ANNÉES que tout un mouvement révolutionnaire abertzale, marxistes comme Kimetz mais aussi libertaires, débat, réfléchit, dénonce et LUTTE (sur le terrain) CONTRE cette dérive. Ceci est bien sûr totalement ignoré des gauchistes, comme d'ailleurs la même chose au Népal etc.

    Il y a un potentiel colossal au Pays Basque. Il suffit, pour le voir, d'arrêter de vitupérer contre l'ancien qui ne fait... que faire l'ancien (avec, on le concèdera, plus d'écho médiatique), qui ne fait que mourir, et regarder du côté du NOUVEAU, des premiers de demain. Le nouveau, finalement, se dépouille de l'ancien comme le serpent fait sa mue. Ce n'est pas une question de 'sans le Parti, il n'y a rien' : sans les masses, c'est le Parti qui n'est rien. Et c'est au Parti de démontrer aux masses qu'il est leur avant-garde, non aux masses de le 'reconnaître' comme tel ou de disparaître de sa vue...

    En Irlande, la capitulation de l'IRA et du Sinn Féin par la main d'Adams et McGuiness s'inscrivait en plein dans un contexte de Fin de l'Histoire, de Mort des Idéologies. Comme la capitulation de l'ANC en Azanie, de l'OLP en Palestine, des guérillas marxistes en Amérique centrale... Au Pays Basque aujourd'hui, la tentative des réformistes, en plus de se heurter à une fin de non-recevoir espagnoliste (cf. plus haut), semble en complet décalage avec la réalité partout en Europe : une crise sans précédent depuis les années 1930, et des résistances populaires éclatant partout, en Grèce, dans l’État espagnol, à Rome dernièrement, en Irlande, en Angleterre, dans les usines, dans les quartiers populaires, dans les écoles et les facs. Un décalage trop irréel pour que la chose soit... probable, finalement !

    2. Il y a un potentiel colossal au Pays Basque, pour une raison que SLP a déjà et profondément expliquée.

    La réalité de la Révolution prolétarienne mondiale, pour la faire courte, simple et imagée : c'est une insurrection des 'civilisé-e-s' contre leurs 'civilisateurs'.

    Le rôle historique du capitalisme, c'est d'avoir permis (d'abord au niveau de l'Europe, puis au niveau mondial) un développement des forces productives, des sciences, des techniques et de la culture sans précédent dans l'histoire de l'humanité.

    Des historiens ont pu dire que "les paysans et les artisans français du XVe siècle (soit 99% de la population, donc la société) n'étaient guère différents de ceux de Dioclétien", un empereur romain de vers l'an... 300. C'est peut-être un peu exagéré, mais l'idée y est.

    Les juges de Galilée, eux, au début du 17e siècle, défendaient contre l'astronome le système de Claudius Ptolémée, un scientifique gréco-égyptien du... IIe siècle. Et les médecins dont se moquait Molière n'étaient sans doute pas, non plus, bien différents de leurs prédécesseurs de la fin de l'Empire romain.

    Autant dire que, depuis le XVe ou le XVIIe siècle, l'eau a coulé sous les ponts ; et ce progrès sans précédent de la connaissance et de l'activité humaine n'a qu'une seule base matérielle, c'est le capitalisme.

    Mais, le moins que l'on puisse dire, c'est que le capitalisme n'a jamais fait d'omelettes sans casser des œufs... Il suffit de penser à la colonisation des Amériques, au génocide 'lent' des Amérindiens et à la plus grande déportation de masse de l'histoire, celle des Africain-e-s. Puis aux conquêtes coloniales plus tardives, du 19e siècle (Algérie, Indochine, Afrique subsaharienne). En Europe même, la construction des États modernes fut jalonnée d'épisodes épouvantables pour les populations : paysans anglais jetés sur les routes par les enclosures et... pendus pour vagabondage sous Henri VIII, guerres de religions ou entre dynastes, famines sous Louis XIV en France, écrasement des cultures populaires séculaires aboutissant aux 'grandes unifications culturelles' de la fin 19e-début 20e siècle, masses paysannes transformées en masses ouvrières par la Révolution industrielle, dans les conditions de vie décrites par Dickens, Hugo ou Zola ; et enfin les deux guerres mondiales impérialistes... qui permirent aussi, il faut le dire, de 'relancer' la machine et les forces productives, et d'apporter une nouvelle vague de progrès techniques et scientifiques (la conquête de l'espace est le plus symbolique), et de développement culturel.

    C'est ici un point sur lequel il nous faut - puisque l'occasion nous en est donnée - en finir avec un certain marxisme 'vulgaire' (choses que Marx et Engels, au stade de l'enfance du marxisme, ont pu mal dire en des termes parfois très choquants pour nos consciences révolutionnaires du 21e siècle ; mais qui ont surtout été encore plus mal comprises par un certain nombre d'imbéciles ultérieurs se croyant doctes). Pour être clairs, c'est là une illustration absolument parfaite de la négation de la négation : l'histoire avance en spirale vers le communisme inéluctable ; et elle avance vers ce point de mire y compris en faisant beaucoup de mal aux masses populaires (ce qu'elle ne peut que faire, à vrai dire, lorsque le processus n'est pas dirigé par le prolétariat...). En d'autres termes, si l'on veut jeter sur les choses un regard parfaitement froid et 'clinique' : avoir arraché les masses populaires d'Europe (puis du monde entier avec l'impérialisme) à tout moyen de production et de subsistance autre que la vente de leur force de travail (processus souvent accompagné par la formation de grands États modernes en annexant des territoires et leurs populations), pour en faire des prolétaires... a OBJECTIVEMENT rapproché celles-ci du communisme, quelle que soit l'horreur qui a pu accompagner le processus. Et si l'on voulait pousser encore plus loin dans l'horreur 'clinique' : avoir arraché des millions d'Africain-e-s à leur paisible vie communautaire-primitive pour les mettre en esclavage dans les Amériques ou l'Océan Indien... les a OBJECTIVEMENT rapprochés (ainsi que leur descendance) du communisme ; et la colonisation qui a suivi dans leurs pays d'origine, et dans d'autres encore, a également rapproché ces derniers du communisme. L'extermination des trois quarts de la population indigène des Amériques (sociétés communautaires-primitives ou 'asiatiques') a elle aussi objectivement rapproché les rares survivants (et leurs descendants) du communisme. À vrai dire, même le passage de la société communautaire-primitive ou "tribale" aux sociétés esclavagistes de l'Antiquité rapprochait en son temps les populations concernées du communisme ! Ce sont là des constats objectifs de faits... mais qui ne signifient nullement une défense morale de ces processus et de la violence qui les a accompagnés ; processus dont le résultat est précisément l'ordre capitaliste mondial que nous combattons aujourd'hui !!!

    Alors aujourd'hui, à mesure que le capitalisme apporte de moins en moins de progrès à l'humanité par rapport à l'oppression imposée par le maintien de son taux de profit, oppression elle-même de moins en moins supportée du fait de l'élévation de la 'conscience humaine', de plus en plus de gens sur la Terre disent, en substance : "merci le capitalisme, mais... au revoir".

    Et ce sentiment a aujourd'hui une dimension plus mondiale que jamais, du fait qu'avec la "3e révolution industrielle" (celle qui a suivi la Deuxième guerre mondiale), ce sont désormais, sans doute, quelques 90% de l'espèce humaine qui sont impliqués de près ou de loin dans la production capitaliste dominée par les monopoles de la "Triade" (Europe/Amérique du Nord/Japon), de Russie et maintenant de Chine. Ce ne sont sans doute pas plus de 10% de l'humanité qui vivent encore "hors du monde", comme aiment à dire les anthropologues, d'une économie traditionnelle de subsistance, soit comme les Européens du Moyen-Âge, soit de manière communiste primitive, paléolithique ou néolithique... Et encore : il n'y a en réalité plus aucun peuple, ou presque plus, qui n'ait aucun contact avec le monde extérieur capitaliste.

    Entre les deux guerres mondiales impérialistes, la proportion n'était pas exactement "inverse", mais enfin... Les continents africain, asiatique et américain au sud du Rio Grande étaient avant tout des réservoirs de matière première (caoutchouc, bois, métaux, pierres précieuses, déjà un peu les hydrocarbures...) et de productions agricoles 'exotiques' (donc de luxe), comme le cacao ou le café, employant évidemment (au besoin par la réquisition autoritaire) de la main d’œuvre locale. Mais, malgré cela, tout au plus 20%, à la rigueur 30% de l'humanité était impliquée dans la grande chaîne de production (et de consommation !) du capitalisme mondial.

    La petite production mercantiliste, proto-capitaliste, artisanale/manufacturière et marchande "autocentrée" (destinée en principe à la "place" marchande locale, même si des "routes" commerciales pouvaient se développer comme dans l'aire arabo-islamique, l'Océan indien ou la Mer de Chine, ou le long du Rhin et dans la Baltique au Moyen-Âge), production qui existait encore au début du XXe siècle depuis le Maroc jusqu'à la Chine et au Japon, à la manière de l'axe Italie-Flandre dans l'Europe du XIIIe ou XIVe siècle, a quant à elle pratiquement disparu de ces pays.

    Bref, au XXe siècle, le capitalisme a réellement fini de dominer le monde (un processus commencé 5 siècles plus tôt). Et, en même temps, il n'a jamais suscité autant de résistance. Il en suscite même beaucoup plus, si l'on se place à l'échelle-monde (à vrai dire, quelle autre nous intéresse ?) qu'il n'en suscitait il y a un siècle. Et beaucoup plus en tant que tel (et non sous la forme d'une résistance à la pénétration étrangère, comme les peuples arabes tout au long des 19e et 20e siècles, les Chinois pendant la Révolte des Boxers etc.).

    En définitive : le capitalisme s'est étendu à la planète entière depuis ses "Centres" européens (puis nord-américain, japonais, australo-néo-zélandais), depuis le XVe siècle jusqu'à la fin du XXe. Il a étendu, dans un rapport "d'unité et lutte", ses bienfaits et ses terribles maux. La proportion des bienfaits et des maux (qui ont toujours été terribles) n'a cessé de s'inverser tout au long de ce processus ; et les maux ont été de plus en plus mal ressentis et acceptés à mesure que les bienfaits élevaient la conscience humaine, la culture, les aspirations des masses etc. Ce processus est à son aboutissement aujourd'hui : les bienfaits du capitalisme sont répandus sur toute la planète... mais ne sont rien à côté des maux qu'il provoque, sur toute la planète également.

    Alors les Périphéries, les ensembles humains que le capitalisme a progressivement englobé tout au long de ces 5 siècles (d'abord les régions "arriérées" d'Europe dans la formation des 'États modernes' ; puis les peuples d'Afrique, d'Asie et des Amériques), armés de la conscience humaine engendrée par les bienfaits, s'insurgent contre les maux et les 'Centres' qui les portent (en concentrant le POUVOIR politique, économique et culturel)*.

    C'est en cela que Servir le Peuple définit le mouvement général de la Révolution mondiale comme un encerclement des Centres par les Périphéries.

    La première (et la plus grande) Périphérie à laquelle on pense, c'est évidemment l'ensemble des pays dominés, des semi- et néo-colonies, les Trois Continents de la Zone des Tempêtes... Celle-ci encercle les Centres que sont l'Europe de l'Ouest, l'Amérique du Nord, l''Asie-Pacifique' (Japon, Corée du Sud, Taïwan, Chine côtière), Moscou et Saint-Pétersbourg, l'Australie/Nouvelle-Zélande, et les "centres-relais" comme Israël, Johannesbourg en Azanie, Rio de Janeiro et São Paulo au Brésil, Singapour en Asie du Sud-Est, Bombay et New Delhi en Inde etc.

    Dans les grandes métropoles, les quartiers populaires, pauvres, encerclent bien sûr les centres du pouvoir. Dans les pays impérialistes, ces quartiers populaires concentrent de plus les 'colonies intérieures', c'est à dire la force de travail (et ses descendants) importée de l'Empire pour les besoins du capitalisme, et ghettoïsée là : Noirs et Hispaniques aux États-Unis (en l'occurrence, le Sud esclavagiste était déjà une situation coloniale intérieure aux frontières US, tout comme la colonisation des territoires annexés sur le Mexique, ensuite de quoi la main d’œuvre Afro-américaine et Chicana a migré vers les grandes métropoles, ce à quoi s'ajoutent les populations de l'Empire : Latino-Américains, Portoricains, Philippins, Caribéens etc.) ; ou Maghrébins, Anatoliens, Antillais et Africains en France, etc.

    Mais ce n'est pas tout : dans chaque État bourgeois que le capitalisme a bâti (éventuellement en symbiose, quelques siècles durant, avec l'absolutisme), celui-ci s'est déployé d'un Centre vers une Périphérie qu'il a, en quelque sorte, soumise, pliée à son 'nouvel ordre des choses'.

    [Pour citer Kaypakkaya au sujet de l'oppression nationale en Turquie : "Quel est l'objectif de l'oppression nationale ? Cet objectif, de manière très générale, est de maîtriser la richesse matérielle de tous les marchés du pays sans avoir de rivaux, pour gagner de nouveaux privilèges, étendre les limites des privilèges actuels et s’en servir. Dans ce but, la bourgeoisie et les propriétaires issus de la nation dominante, afin de conserver les frontières politiques du pays font d’énormes efforts pour empêcher par tous les moyens les régions dans lesquelles vivent plusieurs nationalités de se séparer du pays. Dans les mots du camarade Staline : “Qui dominera le marché ?” [par exemple ici en Hexagone : la bourgeoisie du Bassin de la Seine ou occitane, lyonnaise, de Flandre-Artois, ou encore anglo-normande ? les foires de Champagne ou du Languedoc ? etc.]. C’est l’essence de la question. (...) L’oppression des travailleurs des peuples minoritaires acquiert de cette manière une double qualité : premièrement il y a l’oppression de classe utilisée contre les travailleurs afin d’exploiter et d’éradiquer la lutte de classe ; deuxièmement, il y a l’oppression nationale mise en œuvre pour les objectifs mentionnés plus haut contre toutes les classes des nations et des nationalités minoritaires. Les communistes font la distinction entre ces deux formes d’oppression parce que, par exemple, tandis que les bourgeois kurdes et les petits propriétaires s’opposent à la seconde forme d’oppression, ils supportent la première. En ce qui nous concerne, nous sommes opposés aux deux formes d’oppression. Afin d’éradiquer l’oppression nationale, nous supportons la lutte de la bourgeoisie kurde et des petits propriétaires, mais, d’un autre côté, nous devons nous battre contre eux pour mettre un terme à l’oppression de classe" ; Kaypakkaya qui nous explique également de manière fondamentale que "les nations n'apparaissent pas lorsque le capitalisme a atteint le stade ultime de son développement, mais à ce que l'on peut appeler l’aube du capitalisme. Lorsque le capitalisme pénètre dans un pays et y unifie les marchés dans une certaine mesure, les communautés qui possèdent les autres caractéristiques (énoncées dans "La Question Nationale" de Staline NDLR) sont alors considérées comme formant une nation. Si tel n’était pas le cas, il faudrait alors considérer que toutes les communautés stables situées dans des pays arriérés, des régions où le développement du capitalisme reste encore limité, ne sont pas des nations. Jusque dans les années 1940, il existait encore en Chine un fort morcellement féodal. Dans cette logique, il aurait alors fallu dénier l'existence de nations en Chine à cette époque."]

    Aujourd'hui, celle-ci s'insurge contre le Centre : tous les bienfaits du capitalisme, apportés depuis celui-ci, ont été tirés ; il ne plus y en avoir qu'un seul : c'est sa disparition. Dans cette Périphérie, se trouvent notamment les Peuples en Lutte, les nationalités opprimées : corses, basques, occitans, sardes, irlandais, bretons, écossais etc. Mais, quelque part, sans avoir un caractère national aussi marqué (par l'histoire), TOUT est une Périphérie.

    3. Maximaliste, peut-être, car en avance sur le mouvement réel, mais profondément convaincu de cela, SLP avance la thèse de l'entité France, "l'entité BBR". Dans l’État espagnol, les choses sont finalement déjà claires : parmi la pointe avancée des masses prolétariennes (en termes d'assumer l'antagonisme), il y a un mouvement de libération... castillan. Il est considéré là-bas qu'il n'y a pas une Castille qui opprime des Basques, des Catalans etc. ; il y a une BOURGEOISIE ESPAGNOLE (avec ses appendices 'basquistes', 'catalanistes' etc.) et DES PEUPLES.

    SLP en est simplement arrivé à la conclusion qu'il en va de même dans l’État dénommé "France". Cet État a été créé, entre le 13e et le 19e siècle, d'abord en symbiose avec la monarchie des Capet, par la bourgeoisie. Une bourgeoisie française s'est formée par la fusion, dans un même intérêt puis une même culture, sous la direction d'une avant-garde parisienne (et globalement du tiers Nord du royaume), des bourgeoisies qui existaient dans et autour des grandes 'places' de la fin du Moyen-Âge. Cette bourgeoisie est française, même si elle peut démagogiquement adopter une 'couleur locale', comme un Gaudin ou un Frêche avec leur gros accent. Elle a sa culture qui se décline en 'Siècles' : le Siècle de la Renaissance, le Grand Siècle du classicisme de Louis XIII et Louis XIV, de Corneille et Racine, le Siècle (bien sûr) des Lumières, de Voltaire et Rousseau, et de la Révolution bourgeoise ; puis le Siècle de Victor Hugo, de Balzac, de Flaubert... Elle a sa langue : le Français de l'Académie, que personne ne parle dans la rue de tous les jours, dans les quartiers populaires. Mais y a-t-il un PEUPLE FRANÇAIS ? Et si oui, depuis quand ? Sous l'Ancien Régime, assurément non. Depuis la Révolution ? Pour les bienfaits du capitalisme et de sa révolution bourgeoise, peut-être. Mais les méfaits n'ont pas été minces non plus et, même lorsque la bourgeoisie et ses guerres étaient révolutionnaires, beaucoup de gens n'étaient pas prêts à aller se faire trouer la peau pour elles... La 'levée en masse' de 300.000 hommes, en 1793, est directement à l'origine du soulèvement de la Vendée et de la Bretagne. Beaucoup de communistes trouvent aujourd'hui 'normale' la répression qui s'ensuivit, mais oublient que le 'premier communiste', Gracchus Babeuf, n'était pas tout à fait de cet avis.

    En réalité, il ne semble pas y avoir eu de véritable conscience d'être français avant tout ... jusqu'à la IIIe République, avec son école de Jules Ferry. C'est à dire l'entrée dans l'impérialisme, stade où la bourgeoisie est devenue réactionnaire sur toute la ligne et cherche à modeler toute la société à son image. Depuis lors, on a été 'français', en effet... mais surtout pour bosser et (depuis les années 60) consommer comme des cons (en payant la TVA et en s'emprisonnant dans les crédits). Pour aller à l'école apprendre à aimer nos maîtres, nos exploiteurs, mais à se moquer de notre frère de classe qui ne comprend rien à ce que dit le professeur, parle bizarrement et en plus s'appelle Mohamed. Et puis, jusqu'aux années 60 en tout cas, pour aller se faire hacher ou gazer dans les tranchées, dans le meilleur des cas être quitte pour un séjour au stalag, puis massacrer des pauvres gens qui ne demandaient rien d'autre qu'un pays à eux, comme la France, tiens, par exemple. Bref : 'être', se DIRE français, aimer la France, son drapeau et sa Marseillaise, n'est-ce pas finalement... être aliéné ? Que l'on soit à Quimperlé ou dans le 18e arrondissement de Paris, au demeurant...

    Mais même tout cela n'a jamais été sans résistance... et, depuis les années 1960, les mouvements culturels populaires renaissent de partout : en Bretagne et en Corse, en Occitanie et au Pays Basque, mais aussi en Picardie, dans le Nord, en Alsace, en Savoie, partout.

    Si l'on regarde les révoltes qui ont jalonné tout le processus capitaliste : sous l'Ancien Régime, leur caractère 'régional' était indéniable. Seule la bourgeoisie (de la grande à la petite) a réussi à se mobiliser à l'échelle du royaume, pour renverser les Capet. Mais les Lustucrus étaient une révolte du Nord, les Bonnets rouges une révolte bretonne, les Croquants une révolte ouest-occitane, les Camisards une guerre de partisans languedocienne. Puis, sous le pouvoir direct de la bourgeoisie : les Canuts étaient une révolte lyonnaise. 1830, 1848 et la Commune de 1871 étaient des soulèvements parisiens, d'ailleurs écrasés en s'appuyant sur la province. Les grandes grèves du Nord (1891), avec le massacre de Fourmies, c'était les grandes grèves du Nord. La lutte des Penn-sardines (1924) n'a guère fait tâche d'huile au-delà de la pointe du Finistère. La Révolte du Midi (1907) était languedocienne et l'est restée. [Il peut être intéressant à ce titre de jeter un œil à cette carte des "rébellions collectives contre les forces de l'ordre" (autrement dit des émeutes populaires) par canton entre 1800 et 1859, soit au plus fort de la "révolution" industrielle...]

    Il n'y a finalement que 3 exemples de mouvement populaire à l'échelle de l’État bourgeois : 1936, la Résistance et la Libération, et Mai 68 (et ses suites). C'est à dire, dans les 3 cas, lorsque la QUESTION DU POUVOIR était posée (dans les 2 premiers cas par un grand Parti, dans le dernier par plusieurs petits). La question du renversement de l’État bourgeois, en effet, ne pouvait se poser qu'à l'échelle de celui-ci.

    Cela dit, l'option 'jacobine' adoptée par le PCF d'alors n'est jamais allée sans frictions : les déboires de Georges Guingouin sont là pour le rappeler. Coupée de la réalité concrète, la direction 'nationale' lui ordonnait un assaut suicidaire sur Limoges qu'il refusa, ce qui lui sera reproché des années durant, jusqu'à son exclusion en 1952. Et, n'en déplaise aux pourfendeurs de 'patois de culs-terreux avec leurs curés' (bouffer du curé, c'est bien connu, c'est plus facile que de bouffer du bourgeois), les maquis FTP de Bretagne parlaient breton et gallo (dont Marcel Cachin, directeur de l'Humanité et lui-même bretonnant, disait que c'était "la langue des ouvriers et des paysans de Bretagne"). Les maquis corses parlaient corse et les maquis occitans, occitan. Les dérailleurs de trains du Nord parlaient ch'ti ; c'est pour sa connaissance du castillan et du catalan qu'André Marty, natif de Perpignan, est envoyé superviser les Brigades internationales en "Espagne" en 1936 ; et c'est bien "POUR LA CORSE (et non "pour la France") et le Parti" que déclare mourir le résistant communiste Jean/Ghjuvan Nicoli dans sa lettre d'adieu, avant d'être massacré par les fascistes italiens qui occupaient l'île. Telle était la réalité, que tant les gaullistes que la gauche républicaine jacobine (SFIO etc.) et le PCF réécriront par la suite en une "démonstration imparable d'attachement à la République une et indivisible" (toute affirmation des Peuples étant quant à elle réduite à d'affreux collabos fascistes style Bezen PerrotLouis Alibert ou Petru Rocca - ces "noms du Mal régionaliste identitaire pétaino-nazi" pour la propagande jacobinarde post-1945...).

    Les communistes de l'entre-deux-guerres n'étaient en fait pas tous ni aussi totalement fermés à ces questions que le PCF a pu l'être par la suite : nous avons cité Cachin le défenseur de la langue bretonne et Guingouin affirmant la réalité locale de son Limousin face aux décisions de Paris (il proclamera même en 1982 que "les Limousins, les Occitans, refusant le miroir déformant qu'on leur offre, doivent retrouver leur patrimoine historique"...) ; l'on pourrait encore évoquer le soutien des années 1920 à l'autodétermination de l'Alsace (dont il n'est jamais trop de rappeler que la réannexion à la France s'était faite sur le cadavre... d'un début de révolution prolétarienne), jusqu'en 1929 en tout cas - le Parti rompt alors avec sa fédération alsacienne qui de fil en aiguille... atterrira dans les bras du nazisme (bravooo !!!).

    Pour SLP, il y a donc DES peuples. Il y a DES prolétariats mais, qu'on se comprenne bien, et ceci est valable pour la planète entière, leurs intérêts sont et seront toujours les mêmes, en tout cas indissociables, et antagoniques avec la bourgeoisie même la plus 'terroir' qui soit ["Le travailleur socialiste d'un autre pays est un révolutionnaire ami, de même que le capitaliste de mon propre pays est un ennemi naturel" disait Connolly]. Et puis il y a UN État bourgeois. Dont on ne peut poser la question du renversement qu'à son niveau. Là est l'équation à résoudre.

    Pour SLP, le Parti qu'il faut construire doit être un instrument pour COORDONNER les luttes révolutionnaires, pour le communisme, du prolétariat et des masses de tous les Peuples, tout en favorisant le fait que chaque lutte se mène pleinement dans la réalité concrète. Et en étant toujours vigilants à l'hégémonisme qui a parfois entaché le mouvement communiste au 20e siècle, qu'il soit parisien... ou pas, d'ailleurs !

    DES PEUPLES donc, DES prolétaires, unis pour renverser l’État d'une bourgeoisie et refonder, alors, toutes les relations sociales et notamment les RELATIONS TERRITORIALES, qui sont aujourd'hui empreintes d'une profonde inégalité, résultante d'un État qui s'est construit pendant des siècles uniquement en fonction des intérêts de (allez) 10% de la population. Une 'refonte' qui implique (sans s'y limiter !) une réappropriation et une affirmation des cultures populaires, contre la fRance académique, la fRance des 'Siècles' (car évidemment, en 'souterrain', chaque peuple et chaque territoire a construit sa propre culture populaire, richissime !).

    Maximaliste, donc, peut-être. Mais quelle conception des choses peut prétendre ASSUMER AUTANT l'antagonisme et la nécessaire DESTRUCTION DE L’ÉTAT ('ne pas laisser pierre sur pierre'), mise en avant par Lénine ? Et d'ailleurs, dans la pratique, QUI, quel 'milieu militant', assume autant l'antagonisme avec l’État, concrètement et non depuis un site internet, que la jeunesse 'radicale' abertzale basque, la jeunesse républicaine irlandaise de Belfast et Derry, la jeunesse rouge du Mezzogiorno italien annexé par le Nord en 1860, et même la gauche révolutionnaire (marxiste/anarchiste) bretonne, occitane (Libertat), corse (Scelta Para) ? Qui, donc, sinon ceux et celles qui assument un début de commencement de ce qui est expliqué ci-dessus ? Et qui, du haut d'un non-militantisme assumé et revendiqué, peut se permettre de faire la leçon à ces gens-là ?

    Finalement, pour ceux qui ont toujours une citation de Lénine au coin de la bouche, quoi de bien différent de ce qu'ont fait les bolchéviks ? Ont-ils créé une Union des Républiques Socialistes RUSSES ? Ou même DE RUSSIE ? Non, ils ont créé 15 grandes républiques socialistes et des centaines de petites, et les ont unies, contre le monde impérialiste, dans une Union des Républiques Socialistes SOVIÉTIQUES. Le terme, qui veut dire 'des Conseils' (ouvriers et paysans), a fini par désigner la nationalité de cette construction étatique... Qu'ensuite, le fait que la Révolution ait d'abord eu lieu en Russie se soit transformé en hégémonisme russe sur les autres Peuples de l'ancien Empire des tsars, c'est une autre histoire... que l'on n'est pas obligé de répéter !

    Mais les Peuples, LE PEUPLE, c'est à dire les masses populaires dont on sait bien que l'immense majorité (sur)vit avec moins de 1500€ par mois et plus d'un tiers avec moins de 1200€, les petits 'Lénines super-révolutionnaires prolétariens' n'en ont strictement rien à foutre. Ils préfèrent, devant des masses décidément récalcitrantes à leur idéologie, fantasmer une 'classe ouvrière révolutionnaire' qui, telle qu'ils la fantasment, telle qu'ils l'idéalisent, N'EXISTE PAS et n'existera jamais ; et devra donc être substituée (dans sa dictature) par 'le Parti'... c'est à dire eux. On se souvient qu'ils ont déjà, en 2005-2006, fantasmé de la même manière sur la jeunesse prolétaire des 'quartiers' ; pour aujourd'hui la vomir et ne plus y voir que 'patriarcat', 'culture anti-bolosse', 'racisme anti-blancs', 'islamo-fascisme' et 'voyoucratie'... CQFD.


               big provence flageuskadi komunistaoccitania roja
               Strollad komunour breizhirlande fightsandalucialibre
                charrue-etoilee.jpgbandera-corsa.jpgesteladanormal.jpg


    Etc...



    * Il est très difficile de faire la révolution et de construire le socialisme dans les pays occidentaux, car dans ces pays l'influence pernicieuse de la bourgeoisie est très profonde et s'est déjà infiltrée partout. En Chine, la bourgeoisie n'existe que depuis trois générations tandis que dans les pays comme l'Angleterre ou la France, elle existe depuis des dizaines de générations. Dans ces pays la bourgeoisie a une histoire vieille de 250 à 260 ans, voire de plus de 300 ans ; l'idéologie et le style de travail bourgeois ont des influences partout et dans toutes les couches sociales. C'est pourquoi la classe ouvrière anglaise ne suit pas le Parti communiste, mais le Parti travailliste.

    Lénine a dit : "Plus un pays est arriéré, plus difficile est son passage du capitalisme au socialisme". Vue d'aujourd'hui, cette thèse n'est pas correcte. En réalité, plus un pays est arriéré économiquement plus son passage du capitalisme au socialisme est facile, et non difficile. Plus un homme est pauvre, plus il veut la révolution. Dans les pays capitalistes occidentaux, le niveau de l'emploi et les salaires sont plus élevés et l'influence de la bourgeoisie sur les travailleurs est plus profonde. Dans ces pays, la transformation socialiste est moins facile qu'on ne le croit.
    Mao Zedong, "Notes de lecture sur le Manuel d'économie politique de l'Union soviétique" (1960). Le même raisonnement peut évidemment s'appliquer entre les différentes régions - les Centres et les Périphéries - d'un même État.

    Lire aussi absolument sur tout ça : La lutte pour le droit à l’autodétermination nationale dans les pays impérialistes, par G. Maj du (n)PCI

    ******************************************************

    ENFIN BREF, tout cela pour dire que, les gens semblant par nature durs de la comprenette dans les milieux gauchistes, il est aussi possible de formuler les choses en des termes simples : ce que nous voulons, en lieu et place de l’État bourgeois français tel qu'il est, c'est une Union soviétique (telle que conçue par Lénine au début des années 1920) d'Hexagone... Point.

    D'Hexagone, ou pourquoi pas d'Europe ; en tout cas, des parties de l'Europe qui seraient dans un premier temps libérées du capitalisme par la révolution ; bref – ce genre de question se posera directement en son temps dans la réalité de la lutte, nous n'en sommes pas là.

    Tout simplement parce que le renversement du capitalisme DEVRA signifier, ne PEUT PAS signifier autre chose, que soit brisée l'organisation politico-économique des territoires en Centres financiers d'accumulation capitaliste et Périphéries plus ou moins, mais toujours, reléguées et "pompées" (lire à ce sujet : reflexions-a-partir-de-samir-amin - bouamama-basques-algeriens-colonisation-int-ext) ; organisation intrinsèque à la Modernité capitaliste et qui de fait, aussi longtemps qu'existent ces "hiérarchies géographiques" entre pays, régions d'un pays, etc., "bloque" en réalité tout déploiement d'une lutte des classes "pure", possédants vs exploités.

    Par conséquent, la voie de la raison matérialiste dans la situation concrète de notre époque, c'est d'aller vers... ce qu'était l'URSS (dans sa conception initiale léniniste) : de grands "États-continents" confédéraux, multiculturels, multilinguistiques et inclusifs (en plus, bien sûr, d'être résolument anticapitalistes).

    Car lorsque l'on critique le "tribalisme" des Catalans, Basques, Bretons, Corses ou autres, et cela peut parfois avoir sa part de vérité, l'on a tout de même tendance à oublier, en tout premier lieu, que les États européens existants ne sont ni plus ni moins que des "tribalismes qui ont réussi" : des régions qui en ont conquis d'autres, pour finir par proclamer ces ensembles de conquêtes des "États-nations", lancés à leur tour dans des affrontements "tribaux" avec les ensembles voisins ; tout cela sous un modèle centraliste uniculturel, unilinguistique et exclusif.

    Quant aux grands États-continents capitalistes qui existent déjà, comme les États-Unis ou le Canada, la Russie ou l'Inde, certes ils sont officiellement fédéraux, seul moyen pour eux de s'assurer une certaine stabilité et de n'avoir pas déjà explosé ; mais ce fédéralisme n'en reste pas moins très largement factice, "cache-sexe" d'une domination féroce sur tout un ensemble de groupes humains (Noirs, Latinos et Nations indigènes en Amérique du Nord, Caucasiens, Peuples sibériens et autres non-russes en Russie, Kashmiris, Tamouls, Adivasis "tribaux" et autres non-hindoustanis, musulmans et basses castes en Inde) ; tandis que de son côté l'Union Européenne est une tentative, précisément pour faire face à ces puissances concurrentes, de bâtir un tel super-État continental bourgeois et technocratique autour et au service des "pôles" de Paris et de la vallée du Rhin (Ouest de l'Allemagne, Bénélux), dominant et écrasant le reste comme l'avait fait auparavant chaque État membre avec ses "provinces" (rendant certes cocasse lorsque les "souverainistes" desdits États se plaignent de cette domination...) : il va de soi, bien entendu, que ces "modèles"-là d’États-"continents" ne sont pas les nôtres et sont au contraire résolument à combattre et détruire.

    Voilà donc : à partir de là, ce programme qui est le nôtre, vous pouvez le vomir ; mais au moins saurez-vous clairement sur quoi se déversent vos vomissures...

    "Il faut rappeler aujourd'hui que ce passage [d'une adresse de 1850 à la Ligue des Communistes, qui défendait le centralisme étatique le plus rigoureux] repose sur un malentendu.

    À ce moment-là il était admis – grâce aux faussaires libéraux et bonapartistes de l'histoire – que la machine administrative centralisée française avait été introduite par la Grande Révolution et maniée notamment par la Convention comme une arme indispensable et décisive pour vaincre la réaction royaliste et fédéraliste et l'ennemi extérieur.

    Mais c'est actuellement un fait connu que pendant toute la Révolution, jusqu'au 18 Brumaire*, l'administration totale du département, de l'arrondissement et des communes se composait d'autorités élues par les administrés eux-mêmes qui, dans le cadre des lois générales de l’État, jouissaient d'une liberté complète ; que cette administration autonome provinciale et locale, semblable à ce qui se passe en Amérique (bon là, claire idéalisation des États-Unis avec oubli de la question coloniale-raciale, mais bref), devint précisément le levier le plus puissant de la révolution ; et cela à un point tel que Napoléon immédiatement après son coup d’État du 18 Brumaire, s'empressa de la remplacer par le régime préfectoral encore en vigueur de nos jours et qui fut donc, dès le début, un instrument de réaction**".

    F. Engels dans une note sous le texte réédité, 1885

    [* En réalité Thermidor, voire sa "préparation" dès 1793 par les "représentants en mission" (dont la plupart sont restés de triste mémoire) et la loi du 14 frimaire an II à l'initiative principalement des futurs thermidoriens Billaud-Varenne et Barère, tandis que sur le plan linguistique était promulgué une semaine avant le coup d’État réactionnaire, à l'initiative nullement "de Robespierre" mais de Merlin de Douai (futur thermidorien qui mourra tranquillement en 1838 après avoir été "entre autres" Président du Directoire puis comte d'Empire...), le décret du 2 thermidor an II sur des arguments complètement hallucinants.]

    [** En réalité et pour être exact, c'est dès le Directoire que des "commissaires du gouvernement" dans chaque département préfigurent les préfets napoléoniens.]

    [Si on lit par exemple ce document : décentralisation-nord-1789-1793 ; il apparaît nettement que c'est décembre 1793 (frimaire an II) qui marque un point de rupture fondamental : l'écrasement (pas d'autre mot) de la "révolution provinciale", auquel ne manquera plus alors que celui de la révolution parisienne, consommé avec Thermidor... Les procureurs syndics départementaux, magistrats élus chargés de veiller à l'exécution des lois (sortes d'équivalents des sheriffs nord-américains), deviennent des fonctionnaires nommés ; les conseils généraux sont supprimés et les directoires (exécutifs des départements) voient leurs compétences sévèrement amputées ; etc. etc. La France républicaine abandonne alors définitivement la voie de devenir une "grande Suisse" démocratique et décentralisée, d'exercice local permanent de la souveraineté populaire...]

    Et LÉNINE dans L'État et la Révolution (1917) reprend d'ailleurs ces mêmes propos (légèrement déformés ou propos similaires tenus ailleurs) :

    Feu sur les jacobinards ou plutôt les bonapartistes "de gauche" et autres néo-thermidoriens à la Barère

    Feu sur les jacobinards ou plutôt les bonapartistes "de gauche" et autres néo-thermidoriens à la Barère


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires