• ... et pas une de plus.

    L'article sera bref : tout le monde a suivi les résultats des 'premières élections libres' après la chute de l'autocrate Ben Ali. Avec 41% et 90 sièges (sur 217) promis, les z'islamiiiiiistes d'Ennahda ('Renaissance') seront la principale force du nouveau 'paysage' politique. Il va de soi, et cela commence déjà à s'exprimer un peu partout sur la toile, qu'à l'extrême-droite fasciste il va s'en trouver pour claironner "voilà le résultat !" ; Marine Le Pen ayant d'ailleurs été très claire là dessus : "(Ben Ali, Kadhafi, Moubarak etc.) c'était des dictateurs, certes, mais laïcs"... Mais ce n'est pas tout, comme d'habitude : il s'en trouve également à 'gauche' qui, après avoir célébré la 'Révolution du Jasmin' et même inauguré des 'rues Mohamed Bouazizi', commencent presque à regretter le sublime mouvement populaire et la chute du tyran, sur l'air de 'tout ça pour ça ?'. Et d'espérer, presque, un 'sursaut', que 'quelque chose' se produise pour conjurer l'horrible 'scénario iranien'. Quelque chose comme... quoi ? Comme le coup d’État militaire de 1992 en Algérie, début d'une décennie de massacres ? Social-impérialisme, incapable de considérer les peuples arabes et de culture musulmane comme 'majeurs', quand tu nous tiens... On rappellera que le RCD de Ben Ali, comme le PND de Moubarak, furent membres jusqu'à leur chute de... l'Internationale socialiste, sans que cela ne gène d'aucune manière les hiérarques 'roses' d'Europe.

    Et puis, bien sûr, il y a des 'communistes' qui considèrent que 'tout ça, c'est parce qu'il n'y a pas de Parti', et donc... il fallait garder Ben Ali ? On ne voit guère d'autre option. Mais, au juste, les exploité-e-s, les affamé-e-s qui se sont levé-e-s 'comme d'un seul homme' ou ‘comme d'une seule femme’ après le suicide atroce de Mohamed Bouazizi, avant de faire 'boule de neige' dans tout le pays et d'acculer le tyran à la fuite... attendaient-ils/elles leur avis éclairé, à ces 'communistes' ? Évidemment que non. Il y a eu un 'fait divers', affreux, le suicide par le feu d'un jeune homme de 26 ans, et les gens ont considéré que 'ce n'était plus possible'. Toute la colère accumulée depuis un quart de siècle (et même plus) a explosé. Bien heureux le 'Parti', quel qu'il soit, qui saurait ‘contrôler' cela. Ce sont les masses qui font l'histoire.

    Les masses se lèvent, balayant des tyrans que l'on croyait indéboulonnables (comme le tsar en Russie)... Et, ensuite, un éventuel Parti intervient pour décider de 'réforme ou révolution', de construire un avenir nouveau ou 'tout changer pour que rien ne change'. Mais c'est tout.

    Effectivement, ce résultat était totalement prévisible. Il va falloir admettre une chose une fois pour toutes. La spontanéité des masses, on le sait, n'est jamais révolutionnaire. En Occident, elle est réformiste, pour des conquêtes économiques et 'aller au bout' de la démocratie bourgeoise ; avec une tendance prononcée (en situation de crise) au social-chauvinisme. Dans les pays arabes, elle est 'islamiste', point. Disons plus exactement que, dans tous les pays dominés par l'impérialisme, elle est un mélange d'aspirations à l'indépendance nationale et à la justice sociale. En Amérique latine, c'est un puissant nationalisme contre le gringo, et une aspiration à la 'justice sociale' d'inspiration chrétienne. Elle a récemment trouvé à 's'incarner' dans le bolivarisme. Dans les pays arabes, cela a pu être le national-populisme 'moderniste', le 'kémalisme arabe' de Nasser, de Boumediene ou de Bourguiba. Mais le nassérisme, le boumedienisme et le bourguibisme n'existent plus. Les années ont passé et leur nature s'est révélée : le nassérisme a engendré Sadate puis Moubarak, le FLN algérien a donné la junte actuelle, le bourguibisme a donné Ben Ali. Alors, elle s'incarne dans cet 'islam politique' (c'est le terme là-bas) qui peut finalement se résumer très simplement : à toutes les questions de masse, toutes les aspirations à l'indépendance nationale (contre l'impérialisme) et à la justice sociale (contre la hogra), une seule réponse : "il faut revenir à l'islam" ; ou, plus exactement, il faut revenir à AVANT la domination impérialiste. N'était-on pas 'si bien' ?

    Telle est la spontanéité des masses et, lorsque le mouvement communiste est encore faible comme il l'est au Maghreb arabo-amazigh (bien qu'existant, et SLP salue ici tous les camarades du Maroc, de Tunisie etc.), il n'y a rien d'autre à attendre d'une élection bourgeoise pour une Assemblée bourgeoise.

    L'autre grande force qui émerge de ces élections du week-end dernier, c'est (pour faire court) la social-démocratie : 30 sièges pour le Congrès pour la République (CPR), 'nationaliste de gauche' de Moncef Marzouki ; 21 pour 'Ettakatol' (social-démocrate) ; 17 pour le Parti démocrate progressiste (social-libéral, très lié (dit-on) à l'impérialisme, en particulier US) ; 5 pour le Pôle démocrate moderniste du Mouvement Ettajdid, ancien... PC tunisien. Ou encore, 1 siège pour le Mouvement démocrate socialiste. Soit 74 sièges pour la social-démocratie (allant de l'équivalent de Hollande à l'équivalent de Mélenchon). Les marxistes-léninistes 'albanais' du PCOT ('frères' du PCOF) récolteraient 3 sièges, selon une estimation constante ; il y aurait également un ou deux sièges pour le Mouvement des patriotes démocrates, qui se réclame 'marxiste et panarabe'.

    À noter les scores de listes considérées comme 'néo-benalistes', 'émanations du RCD' : la Pétition populaire d'un mystérieux milliardaire basé à Londres (19 sièges), L'Initiative (5) ou encore Afek Tounes (4). C'est ce que représentent les partisans de l'ancien régime ; ceci dit, Ennahda aurait aussi, dit-on, recyclé beaucoup de 'petits RCDistes'. Les 'libéraux' du Parti libéral maghrébin et de l'Union patriotique libre ont un siège chacun.

    [Il y a, toutefois, une chose à souligner ABSOLUMENT : les "90%" de participation avancés par les médias bourgeois sont en réalité "90%" des INSCRITS. Sur les 7,5 millions de Tunisien-ne-s en âge de voter, seul-e-s un peu plus de 4 millions étaient inscrit-e-s sur les listes, soit à peine un peu plus de la moitié ! En définitive, par rapport au corps électoral de 7,5 millions, la participation est de 48% et non 90%. Tous les résultats ci-dessus sont donc à relativiser à cette aune.]

    En fait, comme pour l'Amérique latine, mais avec un phénomène de longue poussée puis d'explosion soudaine, ce que montrent les résultats de cette élection, c'est l'émergence de nouvelles couches bourgeoises longtemps écrasées sous la botte de l'appareil politico-économique RCDiste. Car, si celui-ci a écrasé la Tunisie sous une botte de fer, il l'a également considérablement développée, il a développé les forces productives, à travers notamment les 'mannes' du tourisme et de la sous-traitance.

    On peut globalement dire que :
    - la social-démocratie représente plutôt (et traduit l'influence sur les masses de) la nouvelle couche intellectuelle, 'tertiaire' et urbaine ;
    - Ennahdha, bien que sa direction soit composée de hauts diplômés, universitaires et professions libérales, représente plutôt la nouvelle couche industrieuse, 'industrielle et commerciale' : des bourgeois pas forcément très éduqués, mais 'entrepreneurs'. Et, là encore, leur influence sur les masses, de préférence dans les régions reculées et les zones déshéritées.

    Au niveau de l'électorat de masse, le clivage est peut-être (comme on l'a lu ici et là) un clivage côte/arrière-pays, mais plutôt, plus certainement, un clivage de formation scolaire, de diplôme. L'électorat nahdaoui a probablement, sous réserve d'enquête, un niveau de diplôme moins élevé et un taux d'analphabétisme supérieur, un accès plus limité à internet, à la presse etc. que l'électorat social-démocrate. La jeunesse diplômée sans emploi ni avenir, qui joue un rôle moteur et essentiel dans les processus en cours, a probablement voté social-démocrate ou PCOT. Mais l'électorat d'Ennahda, ce sont les pauvres entre les pauvres. Les communistes ne doivent jamais perdre de vue cela.

    Est-ce que ce 'triomphe' (avec 41%, c'est un peu exagéré : ils ne peuvent pas gouverner seuls) des 'islamistes' pourrait représenter, pour la Tunisie, le risque du FASCISME ?

    Et bien, si l'on considère le fascisme non comme une idéologie précise, mais comme un mode de gouvernement, c'est à dire, dans un pays comme la Tunisie, une dictature réactionnaire terroriste au service de l'impérialisme, tentant de mobiliser une partie des masses contre une autre, alors... assurément, oui. Comme en Iran. Et exactement... comme Ben Ali et son RCD, "laïc", "défenseur des femmes" et membre, comme on l'a dit, de l'Internationale socialiste.

    Cela pourrait... ou pas. Ou pas, si l'impérialisme et la classe dominante locale ont d'autres plans, comme par exemple d'enfermer les masses dans une 'réforme démocratique' de façade. Un plan qui, avec les scores de la social-démocratie, semble être une 'proposition stratégique' sérieuse d'une partie de la nouvelle bourgeoisie tunisienne aux tuteurs impérialistes.

    Dans ce cas, Ennahda, ce ne sera pas la mollarchie iranienne mais... l'AKP turc (dont ils se réclament, d'ailleurs). Il est d'ailleurs à noter que l'AKP, en Turquie, représente aussi ces nouvelles couches bourgeoises qui se sont formées dans le dernier quart du 20e siècle, dans le pays comme dans la diaspora. Une nouvelle bourgeoisie plus anatolienne (même 'migrée' à Istanbul ou en Europe), moins 'bosphorienne' et 'égéenne'. Moins européanisée, d'où l'attachement à la culture islamique mise en avant par l'AKP. D'où, aussi, l'"ouverture" apparente (en mode libéral, bourgeois) vers les minorités arabe ou kurde, laze ou alévi, l'ouverture (toute limitée) sur les questions de langue, d'affirmation culturelle. D'où, enfin, le "néo-ottomanisme", la politique étrangère tournée vers l'Orient, débouché capitaliste 'naturel' pour cette nouvelle bourgeoisie. L’État profond, lui, avec notamment le Conseil des Forces Armées, restant kémaliste fasciste kaypakkaya-kemalisme.pdf et tourné vers l'Occident - l'AKP, histoire de 'ne pas faire de vagues', lui laisse 'carte blanche' sur le dossier kurde, par exemple.

    Ennahda, ce pourrait donc être un conservatisme démocrate-bourgeois bon teint, une manière de démocratie-chrétienne musulmane, en Große Koalition avec la social-démocratie (c’est déjà en discussion, avec le CPR et Ettakatol en tout cas). Gérant tranquillou, sous couvert de "le peuple tunisien s'est exprimé", les intérêts de l'oligarchie compradore-bureaucratique-foncière et de l'impérialisme ; avec ce qu'il faut de démocratie de façade et ce qu'il faut de répression contre les ‘partageux’. Et, peut-être, une pointe de nationalisme bourgeois du 21e siècle, de ce nouveau Bandung de notre époque : le classique discours sur les 'relations Sud-Sud', le rapprochement avec les 'émergents' etc. (et, bien sûr, l’hostilité diplomatique à Israël).

    Pour les masses exploitées de Tunisie et pour les révolutionnaires, qui continuent quotidiennement la lutte, rien donc de fondamentalement changé, dans la misère et l'exploitation, par rapport à l'ère Ben Ali, sinon... peut-être une légère marge de manœuvre en plus, dont il faudra voir comment l'utiliser à bon escient. Et si c'est le fascisme, parce que le maintien des intérêts dominants l'exige, alors ce sera le fascisme EXACTEMENT COMME ça l'était sous Ben Ali, et comme ça aurait pu l'être sous une coalition "libérale/social-démocrate/ex-RCDiste" des 60% de non-Ennahda, ou encore sous une "reprise en main" militaire à l’algérienne.

    Ce que veut dire SLP, c'est que ce à quoi il faut absolument tordre le cou ; c'est cette idée que "Voilà, on a tout gagné : on a les islamistes" ; et que, finalement, il valait mieux que les masses restent bien tranquilles chez elles, l'échine courbée, et gardent Ben Ali. Idée que l'on retrouve de l'extrême-droite jusqu'aux gauchistes (dont c'est la caractéristique, de toute façon, d'être sur des positions de droite voire d'extrême-droite), en passant par la 'gauche coloniale' qui ne parvient décidément pas à considérer les peuples arabes comme des peuples majeurs.

    POUR LES COMMUNISTES, il n'y a que DEUX QUESTIONS à se poser, et pas trois :
    - à quelles BONNES QUESTIONS le vote populaire, prolétaire et paysan pauvre pour Ennahda (c'est-à-dire : pour 'revenir à l'islam') est-il une MAUVAISE RÉPONSE ;
    ET
    - quelles sont les BONNES RÉPONSES, les réponses MARXISTES, à ces questions ?

    C'est seulement en se posant ces questions, et en y répondant correctement, qu'un GRAND MOUVEMENT COMMUNISTE pourra se construire et se développer en Tunisie [Il y a, pour le moment, deux petites organisations maoïstes, peut-être en voie d'unification].

    Au temps de la Révolution bolchévique, le bolchévik tatar Mirzayet Soltan-Galiev le disait déjà clairement : ce que les masses musulmanes voient dans les 'prophéties coraniques', dans la promesse de 'royaume du Mahdi', c'est finalement leur profonde (et humaine) aspiration au communisme. Ceci est également valable pour le 'royaume du Christ' des chrétiens ou le 'retour du Messie' des juifs.

    Dans les masses exploitées, affamées et opprimées de la Terre entière, la soif de communisme est là. AUX COMMUNISTES DE JOUER !

    maghreb-manif

     


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  • Bon résumé des camarades de Feu de Prairie :

    Mayotte brûle

    Treizième jour de manifestation à Mayotte, avec des grèves et de très nombreux barrages routiers.

    Contre la vie chère, contre les prix indécents des denrées de base (principalement la nourriture), la population se mobilise et affronte l’état colonial, ses gendarmes, ses réseaux de distribution.

    La lutte du peuple est violemment réprimée: une fillette de 9 ans (!) a été touchée d’un tir de flashball au visage. Les gendarmes devaient sans doute se sentir terriblement menacés…

    Les affrontements ont été particulièrement significations à Kaweni, banlieue ouvrière de Mamouzdou et gigantesque bidonville où la population vit dans des conditions de pauvreté extrême et où l’insalubrité fait des ravages.

    Les propositions de l’état et des patrons de la grande distribution ont été jugées très insuffisantes par l’intersyndicale qui va poursuivre son combat.

    Face à la misère, on a raison de se révolter : seule la lutte paie !

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    Un article publié par l'UGTG :

    La révolution des « mabawas » à Mayotte

    « Mabawas » : c’est ainsi qu’on appelle, à Mayotte, les ailes de poulet. Elles font partie des produits de première nécessité (avec la farine, le riz, le sucre, le lait, les tomates, le gaz et le sable …). Et elles sont devenues le symbole du vigoureux mouvement social contre la vie chère déclenché il y a une dizaine de jours dans cette île de l’archipel des Comores, au sud-ouest de l’océan Indien, devenue le 31 mars dernier le cent-unième département français d’outre-mer.

    Grève quasi générale, depuis le 27 septembre, presque tous les jours, manifestations, barrages, et parfois même blocage de l’accès à l’aéroport, sous le slogan « Mabawas nachouké ! » (ailes de poulet moins chères !). Pas de victimes jusqu’ici, mais des jets de pierre, quelques voitures incendiées, des gaz lacrymogènes, et des interpellations. La gendarmerie mobile – composée en grande majorité de fonctionnaires européens, bardés de leurs protections noires en écailles, très Robocop, comme dans l’Hexagone – a même sorti quelques blindés, pour faire sauter les obstacles. Trois pelotons sont arrivés en renfort de La Réunion.

    « Débordements inacceptables », lance la ministre de l’outre-mer, Mme. Marie-Luc Penchard, qui invoque « la sécurité des personnes », ajoutant, sur un ton alarmiste : « Personne ne peut souhaiter une issue dramatique à ce conflit ». Tandis que François Hollande, un des candidats socialistes à l’investiture pour l’élection présidentielle, appelle le gouvernement – qui devrait être « instruit par l’expérience de la grave crise antillaise de 2009 » [1] – à ne « pas laisser pourrir la situation ». Le LKP guadeloupéen a de son côté apporté son « soutien à la mobilisation des travailleurs et du peuple de Mayotte ».

    Mais l’État ne se sent pas directement concerné par ce conflit social, rappelant simplement les grands chantiers engagés depuis la « départementalisation » : santé, formation, accès à Internet, et à partir de janvier prochain l’application du Revenu de solidarité active (RSA) – traditionnel instrument « d’arrosage » outre-mer, qui devrait calmer certaines ardeurs (mais aussi enfoncer un peu plus l’île dans l’assistance, comme c’est déjà le cas aux Antilles et à la Réunion).

    L’intersyndicale (CGT-Ma, Cisma-CFDT, Solidarité mahorais et le Collectif des citoyens perdus) associée à des associations de consommateurs (Ascoma, Afoc) se plaint d’un manque de concurrence qui tire les tarifs vers le haut, et demande au patronat des grandes surfaces, ainsi qu’aux services de l’Etat et du département un engagement écrit sur une baisse des prix des produits de base, et notamment des cartons de découpe de volailles vendus presque deux fois plus cher que dans l’Hexagone, des bouteilles de gaz trois fois plus coûteuses, etc.

    L’aile dure du mouvement cherche à bloquer les ronds-points de circulation, et à fermer d’autorité les magasins qui ne se joignent pas spontanément à la grève. De plus en plus de ménagères participent aux manifestations, qui rassemblent régulièrement plusieurs milliers de personnes.

    Le président du conseil général, contraint par les syndicalistes à sortir de sa réserve, se désole des pertes de recettes consécutives aux baisses de droits de douane intervenues depuis 2010 sur les produits de première nécessité – soit autant d’argent qui ne pourra être réinjecté – et attribue « le mal-être plus profond » à la délinquance actuelle, « avec son lot de vols, viols, d’émergence de jeunes bandes ». [2]

    Les Mahorais – qui seraient 200 000 dans une île qui a grandi trop vite, à l’abri de la France, et de plus en plus coupée de son environnement naturel (Comores, Madagascar), avec un taux record de reconduites de sans-papiers à la frontière – découvrent que le statut départemental (qu’ils n’avaient cessé de réclamer) n’amène pas automatiquement l’égalité, la solidarité, ni une manne de crédits. Et qu’il continuera d’attirer les Comoriens d’Anjouan ou d’autres îles, pour qui Mayotte – même en butte à la cherté de la vie – reste un îlot de prospérité au milieu d’un océan de misère.

    Par Philippe Leymarie, jeudi 6 octobre 2011

    Source : Le Monde Diplomatique

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    Dans toutes les dernières colonies directes, la solidarité ! Solidarité de Gwadloup :

    Communiqué n°3 du LKP en soutien aux travailleurs & au Peuple mahorais : Non au Mépris ! Mayotte - Gwadloup Menm Konba !!!

    Cliquez sur la photo pour la visualiser dans sa taille originale.

    COMMUNIQUE DE PRESSE

    En soutien aux Travailleurs et au Peuple de MAYOTTE

    LKP condamne fermement et sans réserve la féroce répression qui frappe les femmes, les hommes, les jeunes qui osent lever la tête pour dire NON à la pwofitasyon ; pwofitasyon organisée avec l’entière approbation de l’État Français.

    Ce schéma, nous le connaissons bien car c’est le même en Guadeloupe : la mainmise sur l’économie par deux ou trois familles ou groupes qui pillent et spolient en toute impunité.

    LKP tient le MEDEF et l’État français, singulièrement Marie-Luce PENCHARD comme responsables de la dégradation de la situation à MAYOTTE. Tout comme en Guadeloupe, au lieu de négocier et de faire de réelles propositions, l’État colonial a fait le choix du mépris, de l’arrogance et préfère lancer les forces de répression pour « mater » les travailleurs et le peuple de MAYOTTE qui demandent respect, dignité et justice sociale.

    Tout comme en Guadeloupe, le refus de la négociation, le désengagement, le non respect des accords ne peuvent que renforcer le mécontentement.

    LKP adresse son soutien militant aux travailleurs et au Peuple de MAYOTTE en lutte contre la pwofitasyon.

    NON AU MÉPRIS ! MAYOTTE – GWADLOUP MENM KONBA !

    ANSANM NOU KA LITÉ, ANSAMN NOU KÉ GANNYÉ !

    Pou LIYANNAJ KONT PWOFITASYON

    Elie DOMOTA

    Lapwent, 09 Òktob 2011

     

    Et de Réunion :

    Soulèvement populaire à Mayotte : Jeunes Réunionnais, refusez de tirer sur les jeunes Mahorais !

    Ils étaient nombreux ceux qui ont salué positivement les révoltes des jeunes en Tunisie, Égypte, Yémen, Syrie… Parmi eux, il y avait le Président de la République française, Nicolas Sarkozy, qui poussa le soutien aux manifestants libyens jusqu’à utiliser les forces armées françaises contre le pouvoir en place. De manière générique, ils appellent cette effervescence populaire « le printemps arabe ». Cet encouragement n’est pas sans répercussion.

    Les jeunes de Mayotte manifestent depuis 2 semaines contre la vie chère et pour plus d’emplois. Ils dénoncent les circuits de distribution des marchandises qui conduisent à l’affichage des prix exorbitants. Ils comparent les prix par rapport à La Réunion et en France. Ils demandent la transparence sur les prix et le versement de revenus sociaux pour permettre à la population de faire face aux besoins quotidiens.

    Le gouvernement et Nicolas Sarkozy sont pris au piège de leur propre jeu médiatique. Maintenant, ils ont commencé par dénoncer les manifestants et ils ont envoyé les forces de répressions pour mâter les rebelles. Les moyens militaires sont venus de France et de La Réunion. L’Histoire se répète : la Réunion est utilisée comme base de fournitures de moyens militaires à l’encontre des jeunes Mahorais. Cela nous ramène à 1947, lorsque notre île a servi de réservoir militaire et de support logistique pour écraser une manifestation malgache qui s’est conclue par 100.000 morts et 5.000 arrestations. Certains manifestants furent même condamnés à mort.

    Le gouvernement aura beaucoup de mal à expliquer qu’on dépense des centaines de millions pour accompagner la révolte dans les pays arabes et qu’on réprime celle de Mayotte. Il est urgent de donner satisfaction aux manifestants dont les revendications sont tout à fait légitimes. La Réunion ne doit pas servir de base arrière à la répression. Les jeunes Réunionnais ne doivent pas être utilisés pour tirer sur les jeunes Mahorais et servir des intérêts réactionnaires de Nicolas Sarkozy, un Président de la République totalement inconséquent.

    J.B.

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    LKP : L’État français assassine à Mayotte !

     

    Sur le site du PCmF :

    Nous publions en solidarité avec la lutte populaire à Mayotte le communiqué du LKP dénonçant l'assassinat d'un manifestant par les flics.

    PC maoïste de France

    http://cache.20minutes.fr/img/photos/20mn/2011-10/2011-10-19/article_mayotte.jpgU.G.T.G 

    UNION GÉNÉRALE DES TRAVAILLEURS DE GUADELOUPE

     
    Rue Paul Lacavé – 97110 POINTE-A-PITRE 
    TEL : 05.90.83.10.07 - FAX : 05.90.89.08.70
     E-mail : ugtg@ugtg.org - ugtg@wanadoo.fr

    Website : htpp://ugtg.org
    Web gallery : http://photos.ugtg.org/
    Vidéo Web : http://dailymotion.com/UGTG
     
    Liyannaj Kont Pwofitasyon
    Communiqué de presse
    L’Etat Français assassine à MAYOTTE
     
    Un homme de 39 ans est mort ce mercredi 19 octobre 2011 suite à un tir de flashball à bout portant. Le préfet prétend qu’il s’agit d’une crise cardiaque.
     
    LKP condamne la farouche répression qui frappe les Travailleurs et le Peuple Mahorais, mobilisés contre la vie chère, contre le mépris, pour la dignité et le respect.
     
    Face aux revendications légitimes des Travailleurs et du Peuple, le pouvoir colonial a fait le choix de tuer et cela après qu’un jeune de 9 ans ait perdu un œil suite à un tir volontaire d’un gendarme.
     
    Cette pratique est constante dans les colonies et nous rappelle à nous Guadeloupéens, les nombreux morts qui jalonnent notre histoire : Mai 1802 : plus de 10 000 victimes ; Février 1910 : 4 morts ; Février 1925 : 6 morts ; Février 1931 : 1 mort ; Février 1952 : 4 morts (dont une femme enceinte) ; Mai 1967 : Plus de 100 morts. Et 1985, et 2009, …..
     
    Et pendant ce temps, le Président français, Nicolas Sarkozy si prompt à rappeler à l’ordre le gouvernement turc sur le génocide arménien, assassine encore de nos jours dans les colonies et ne reconnait toujours pas tous les massacres de l’État français perpétrés contre les travailleurs et le Peuple de ces pays.
     
    L’attitude du Préfet, l’arrogance et le mépris de la Ministre des colonies et le black out médiatique organisé expriment clairement la volonté de l’état français de soumettre, par la terreur, les Travailleurs et le Peuple mahorais. Domination économique, domination culturelle et répression féroce pour anéantir toutes velléités de contestation. Il faut mater les indigènes.
     
    LKP réaffirme son soutien fraternel et militant aux Travailleurs et au Peuple de Mayotte et invite les Guadeloupéens à se rassembler ce
     
    VENDREDI 21 OCTOBRE 2011 à 19 Heures
    devant le Palais de la Mutualité
    en solidarité avec les Travailleurs et le Peuple de Mayotte.
     
    MAYOTTE – GWADLOUP MENM KONBA,
    ANSANM NOU KA LITÉ, ANSAMN NOU KÉ GANNYÉ,
     
    Pou LIYANNAJ KONT PWOFITASYON
     
    Elie DOMOTA
     
    Lapwent, 19 Òktob 2011
     
     
     
    ********************************************************************

    Mayotte. La police coloniale française a tué

    FKNG! dénonce ce crime et soutient la juste lutte du Peuple maorais !

    Insurrection à Mayotte contre le coût de la vie (automne 2011)

    Gwadloup. Colonie française. Jeudi 20 octobre 2011.

    Le scénario est chaque fois identique. Les colonisés qu’ils soient Martiniquais, Guyanais, Guadeloupéens, Kanaks ou Maorais, paient toujours prix fort quand ils s’opposent au système capitaliste colonialiste français.

    Mercredi 19 octobre à Mamoudzou, Elanziz Ali Madi Saïd alias «Babazi», 39 ans a été la première victime du puissant mouvement social contre la pwofitasyon déclenché par le Peuple maorais. Une fois de plus, la seule réponse du pouvoir français face à de justes revendications c’est la répression.

    Chez nous dans les Caraïbes, les grèves et manifestations réprimées dans le sang par l’armée coloniale française sont encore dans toutes les mémoires.

    14 février 1952 dans la ville du Moule (Guadeloupe) pendant une grève de travailleurs de l’industrie sucrière, l’armée tire sur la foule pacifique : 6 morts.

    27 mai 1967 à Pointe à Pitre (Guadeloupe), les légionnaires français sur ordre du Ministre des Colonies en accord avec le patronat décident de réprimer dans le sang une grève des ouvriers du bâtiment : près d’une centaine de morts et des dizaines de blessés.

    13 mai 1971 à Fort de France (Martinique), le lycéen Gérard Nouvet est froidement abattu par les militaires français pendant de la visite du Ministre des Colonies de l’époque, Pierre Messmer.

    14 février 1974 à Chalvet (Martinique), 2 travailleurs sont assassinés pendant la longue grève des ouvriers de la banane.

    18 février 2009 à Pointe à Pitre, Jacques Bino syndicaliste CGTG et militant du LKP est mystérieusement abattu.

    Cette fois c’est à Mamoudzou, qu’un manifestant est assassiné par l’armée coloniale. Ce n’est pas un hasard, les colonialistes français utilisent toujours la violence militaire pour tenter de casser les mouvements de protestations dans les dernières colonies.

    FKNG!, organisation patriotique guadeloupéenne, dénonce avec la plus grande fermeté ce nouveau crime colonial.

    FKNG! accuse le pouvoir français et sa ministre des colonies d’avoir joué le pourrissement, plutôt que de satisfaire aux justes revendications des Maorais.

    FKNG! soutient sans réserve les justes revendications des Maorais et les incite à la vigilance, car comme pour Eloi Machoro en 1985 en Kanaky, ce crime peut être le prélude d’autres …

    FKNG! dénonce l’hypocrisie de ML Penchard, qui fait mine de s’apitoyer sur la mort de « Babazi » alors que son Préfet et ses fonctionnaires ont montré leur incapacité à satisfaire aux revendications des Maorais.

    FKNG! souhaite que les Maorais amplifient leur mouvement, car leur combat est juste et rejoint ceux de tous les exploités des dernières colonies françaises contre la pwofitasyon !

    Vive la juste lutte du Peuple maorais !

    Danik Ibrahim Zandwonis

    Direction Nationale FKNG!

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  • Il y a 50 ans, le massacre ordonné par le préfet de l'entité francouille MAURICE PAPON faisait entre 150 et 300 mort-e-s à Paris. S'inscrivant bien sûr dans le contexte des "évènements" de la Guerre de Libération algérienne, le 17 Octobre sanglant (pire massacre de prolétaires, dans la capitale de l'Hexagone bleu-blanc-rouge, depuis la Commune !) marque aussi, pour Servir le Peuple, l'acte de naissance de l'Empire colonial intérieur : les populations "importées" pour leur force de travail depuis les jeunes ex- (et néo-)colonies, parfois au moyen de véritables "sergents recruteurs" de Bouygues, Renault etc. ; parquées alors dans les bidonvilles et bientôt dans les cités-ghettos HLM, et se voyant appliquer en métropole même des méthodes d'administration et de contrôle directement inspirées (en les modernisant) du colonialisme. Une situation d'oppression particulière appelant une auto-organisation particulière, en lien indissociable, dialectique, avec la révolution prolétarienne hexagonale et mondiale. Situation qui peut aussi expliquer (même si ce n'est pas le seul facteur) le sentiment de fraternité éprouvé vis-à-vis de la Palestine, même si l'oppression y est, disons, "un cran au dessus" (mais bien sûr, il y aura toujours des gens pour mettre cela sur le dos de "l'antisémitisme culturel des banlieues islamo-fascistes").

    C'est cette continuité que l'article des Indigènes de la République, ci-dessous, ne manque pas de souligner en prenant pour exemple la "chasse aux racailles" lancée en 2007 par Sarkozy à Villiers-le-Bel.

    Continuité frappante, aussi, bien sûr, à travers la figure de Papon, emblème de l'administration francouille "vichysto-résistante" de l'époque : le déporteur de Juifs (et tss-tsss pas de "c'était l'Occupatioooon" : Papon sévissait certes à Bordeaux, occupée dès 1940, mais ses comparses raflèrent 11.000 Juifs en août 1942 en zone "libre" - Lyon etc. - sans le moindre uniforme allemand à l'horizon !) devenu massacreur de Maghrébins après s'être rallié au "Général Micro" de 1940. Passerelle entre fascisme d'hier et d'aujourd'hui, de Barrès (d'ailleurs célébré par... Sarkozy en 2007 !) aux "apéros" anti-musulmans et autres "marches des cochons"... Un esprit vichyste toujours bien vivant aujourd'hui, comme peuvent en témoigner Rroms et autres sans-papiers. Quand elle vous le dit, Marine, que la fRance est éternelle !!! 

    Article du PIR :  

    17 octobre 1961 : notre mémoire ne se brade pas !


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    L’année 2011 marque le 50e anniversaire d’une date funeste : le massacre du 17 octobre 1961. Ce jour là, des manifestants (femmes, hommes et enfants) marchaient pacifiquement, à l’appel du FLN, pour dénoncer le couvre-feu discriminatoire dont ils étaient victimes et la dure répression qu’ils subissaient alors.

    Même s’il a fallu pour ce faire attendre quarante années, la plaque commémorative inaugurée en 2001 sur le pont Saint-Michel par le maire de Paris a constitué un premier pas dans la reconnaissance officielle de ce crime. Cette avancée est le fruit du travail de nombreuses générations d’immigrés et de leurs enfants, et perpétué notamment par le collectif « 17 octobre 61 » qui, cette année encore, se mobilise pour que soient pleinement reconnues les responsabilités de l’État français dans ce massacre.

    Un arc de forces de plus en plus large se prononce en faveur de cette revendication. Il faut s’en réjouir. Mais, il est nécessaire également de s’interroger sur les conditions et les ambiguïtés de ce grand ralliement.

    « Ni vengeance, ni repentance », voilà en effet le credo final de l’appel signé par nombre de personnalités et relayé par Mediapart pour la « reconnaissance officielle de la tragédie du 17 octobre 1961 à Paris ». Pour ses rédacteurs, c’est la « justice de la vérité » et la « réconciliation des peuples » qui motivent leur initiative.

    Si l’on s’accorde sur la nécessité d’une reconnaissance du crime par l’État français, qu’est-ce qui est au juste mis en cause sous les termes de « vengeance » et de « repentance » ? Les initiateurs de cet appel craignent-ils que les anciens colonisés et leurs descendants aillent « trop loin », qu’ils et elles fassent preuve de « ressentiment » ou de « haine » ? Même si ces craintes ne sont pas forcément partagées par tous les signataires, cette mise en garde (« Ni vengeance, ni repentance ») est au moins un gage que cette revendication sera portée par des mains supposées responsables. Des mains dont les intentions seraient claires, et qui sauraient, elles, les expliciter face aux sommations récentes pour « en finir avec la repentance coloniale ». Des sommations comme celles énoncées par Nicolas Sarkozy lors de son discours de Toulon (début 2007), qui nous demandait, à propos des colons d’hier, « de quel droit jugez-vous », « de quel droit demandez-vous aux fils de se repentir des fautes de leurs pères, que souvent leurs pères n’ont commises que dans votre imagination ? » Le Président de la République nous a ainsi prévenus : « si la France a une dette morale, c’est d’abord envers eux ». Pour contrer cette injonction et ce renversement des torts, un débat responsable impliquerait notamment de reconnaître la légitimité du ressentiment des anciens colonisés et de leurs descendants. Nous n’exigeons pas de chaque Français qu’ils se « repente » mais de l’État qu’il reconnaisse ses crimes comme nous exigeons de lui des excuses officielles ainsi que l’inscription dans les programmes scolaires des crimes coloniaux. Les mises en garde de l’appel parrainé par Mediapart sont donc au mieux inappropriées, au pire insultantes.

    La « soirée de fraternité » qui a médiatisé l’appel de Mediapart a aussi été l’occasion de donner une tribune à David Assouline, sénateur, secrétaire national à la communication et la mobilisation du Parti socialiste, et acteur de l’équipe de campagne de Martine Aubry. À ce titre, et à l’aune des prochaines élections présidentielles, il est clair que sa présence et sa prise de parole n’ont rien d’hasardeux. Il est pour le moins particulièrement optimiste d’attendre du Parti socialiste qu’il se saisisse de l’occasion pour entreprendre la reconnaissance de sa propre implication dans les exactions coloniales et sa collaboration dans la consolidation de l’État raciste. L’histoire de ce parti en est indissociable. Souvenons-nous de François Mitterrand, qui en 1954, alors ministre de l’Intérieur, parlait d’ « abjecte rébellion algérienne », de sa « volonté de maintenir l’Algérie dans la République Française » ainsi que celle d’« employer tous les moyens pour préserver la France » : c’est bien lui qui n’admettait pas « de négociations avec les ennemis de la patrie » car « avec eux, la seule négociation, c’est la guerre, la guerre totale jusqu’à leur élimination. » C’est aussi le gouvernement du socialiste Guy Mollet qui, ayant obtenu des « pouvoirs spéciaux », donna pleins pouvoirs à l’armée qui en disposa de la manière que l’on sait en Algérie (tortures à échelle de masse, quadrillage de la population, etc.). Cette politique se poursuit aujourd’hui dans l’implication de ce parti dans toutes les politiques impériales de l’État français, sans négliger son soutien à la colonisation de la Palestine.

    Le rôle des collectifs engagés autour de la mémoire du 17 octobre 1961 n’est pas de livrer cet engagement sur un plateau au Parti socialiste qui feint de se montrer tout disposé à entendre nos revendications alors que des échéances électorales de premier ordre l’attendent.

    La mémoire de cette histoire n’est pas à brader, elle doit être une force vive pour façonner nos luttes d’aujourd’hui et pour comprendre les défis auxquels nous faisons face. Se contenter de mettre l’accent sur la responsabilité exclusive du préfet Maurice Papon constitue, par exemple, un obstacle à la prise en considération de l’implication des plus hauts niveaux de l’appareil d’État dans le crime du 17 octobre.

    Notre travail consiste à faire le lien entre cet événement et le racisme qui organise notre société contemporaine, et notamment avec la perpétuation de violences policières systématisées. Pour exemple, on relève souvent que c’est la petite phrase de Papon (« Pour un coup donné, nous en porterons dix ») qui a donné l’élan suffisant aux agents de la police française et à ses supplétifs pour déchaîner une violence hors du commun qu’ils savaient « autorisée ». Mais aujourd’hui, combien de petites phrases pour déchaîner l’appareil policier ou judiciaire à l’encontre des descendants de colonisés ?

    Deux jours après les révoltes de Villiers-le-Bel, le 29 novembre 2007, Nicolas Sarkozy déclarait devant des policiers et les gendarmes réunis au ministère de la Défense : « Mettez les moyens que vous voulez (...), ça ne peut pas rester impuni, c’est une priorité absolue. » Ces moyens ont notamment consisté en une distribution massive de tracts proposant la rémunération de témoignages anonymes. Il ne faut pas non plus oublier l’extraordinaire descente de CRS, de membres du Raid comme de la police judiciaire, tous en tenues anti-émeutes, qui ont pénétré les immeubles des habitants du quartier, armés de béliers pour défoncer les portes. Aujourd’hui, on parle de probables subornations de témoins. Ces déploiements d’exception ont conduit à l’arrestation de cinq présumés coupables dont le procès en appel est aujourd’hui en cours.

    Garder en mémoire le massacre organisé du 17 octobre 1961, c’est ne pas cesser de remettre en cause le caractère colonial, racial et impérialiste de l’État français.

    Parti des Indigènes de la République, Le 16 octobre 2011.

     

    Article aussi de Rebellyon, avec lien vers des documents d'époque :

    La rafle du 17 octobre (documents d’archives)

    Le 17 octo­bre 1961, en plus du mas­sa­cre per­pé­tré dans les rues de Paris, la Préfecture de police a pla­ni­fié l’incar­cé­ra­tion d’au moins 11 538 per­son­nes d’ori­gine algé­rienne – et 12 520 au plus, en recou­pant dif­fé­ren­tes sour­ces docu­men­tai­res de l’admi­nis­tra­tion. Des per­son­nes entas­sées durant plu­sieurs jours au Stade Coubertin, au Palais des sports de la porte de Versailles, dans le hall du Palais des expo­si­tions, et dans deux cen­tres poli­ciers du 3e arron­dis­se­ment et du quar­tier de l’Opéra.

    Dans ces lieux, selon des témoi­gna­ges concor­dants, plu­sieurs d’entre elles ont été vic­ti­mes d’exé­cu­tions som­mai­res – on estime qu’au moins 200 per­son­nes d’ori­gine algé­rienne ont péri dans la nuit du 17 octo­bre. Des notes confi­den­tiel­les de la Préfecture de police de Paris, alors diri­gée par Maurice Papon, et datées du 18 octo­bre 1961 à 6h30 du matin, comp­ta­bi­lise cette hor­reur. Les per­son­nes arrê­tées sont réper­to­riées par la police sous l’acro­nyme “FMA”, pour Français musul­mans d’Algérie.

    La suite à lire sur : http://owni.fr/2011/10/14/la-rafle-du-17-octobre-1961


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    Médine 17 octobre 1961 par Zindef93

     

    Déclarations communistes pour le cinquantenaire du massacre

    PCmF :

    17 octobre 1961-2011 : Honneur à celles et ceux qui sont tombés
    pour la Justice et la Liberté !


    Le 17 octobre 1961, après la décision du préfet de Paris Maurice Papon d’établir un couvre-feu discriminatoire contre les ressortissants algériens (enfants, femmes, hommes), le Front de Libération Nationale décide d’appeler à une manifestation pacifique de protestation. Bien entendu cette manifestation est interdite.

    De nombreux travailleurs algériens et leurs familles vivent à cette époque dans des bidonvilles, dans une misère indescriptible, avec seulement quelques points d’eau. Les hivers sont très froids à cette époque, le sol est gelé, et seuls des chauffages rudimentaires permettent de faire cuire la nourriture, se laver. L’éclairage est fait de bric et de broc.

    Le bidonville le plus peuplé est celui de Nanterre. C’est de là que vont partir des milliers d’Algériens en cortège vers le centre de Paris où doit se dérouler la manifestation. Le chemin est long.

    Le courage et la détermination des manifestations malgré la fatigue de la journée de travail exercé dans des métiers pénibles et dangereux comme la chaîne à l’usine, le bâtiment, le nettoyage, etc.
     
    Arrivé à hauteur du Pont de Neuilly, un immense barrage de police est déployé. Il bloque la manifestation et attaque le cortège pacifique avec une violence incroyable. Les manifestants sont frappés à coups de crosse de fusil, tirés à vue, frappés à coups de matraque, et pour finir, nombre d’entre eux, ensanglantés, morts, évanouis, sont jetés par-dessus le pont de la Seine où ils se noient dans l’eau glacée.

    Les autres manifestants ou ceux partis d’autres endroits sont raflés par milliers le jour même et les jours suivants, matraqués, jetés comme des chiens dans les paniers à salade. Sur le pont St Michel, les manifestants sont encerclés et tabassés, jetés dans la Seine. Au cinéma Rex où est prévu le regroupement pour démarrer la manifestation, la police tire sur la foule. C’est la grande rafle, comme celle menée par la police parisienne de nuit contre les Juifs qui furent concentrés au Vél’ d’Hiv puis remisés à Beaune la Rolande en attendant leur départ parqués pire que des bêtes dans des wagons à bestiaux scellés, jusque dans les camps de la mort, où ils seront exterminés. À cette époque, Maurice Papon, fonctionnaire scrupuleux au service de l’État fasciste et collaborationniste de Vichy, signait sans état d’âme à Bordeaux l’arrestation de centaines de Juifs qui finiront gazés à Auschwitz.

    De nombreux personnages criminels, tortionnaires du type Papon et autres ont été déclarés irresponsables, n’ayant fait qu’obéir, d’autres furent blanchis comme Bousquet dont Mitterrand est resté l’ami malgré ses turpitudes. La plupart n’ont encourus que de courtes peines, certains furent ignorés, voir aidés à se cacher ou à s’enfuir pour servir contre le communisme, les travailleurs, les mouvements de libération nationale comme le FLN, en Amérique du Sud, en Afrique, en Asie, etc.

    Le 17 octobre 1961, le fascisme, le racisme a montré son visage au grand jour. Ce n’était pas un « incident » passager. La bête immonde tenue en laisse par la classe dominante et son appareil d’État  est en réserve. Aujourd’hui même il faut être vigilant. Une forme de « fascisme moderne » se fait jour au moyen de l’appareil d’État, car ces idées ne sont pas véhiculées que par l’extrême-droite, les groupes fascistes ou néonazis. La montée de cette forme nouvelle peut se développer en utilisant les vieilles méthodes du passé comme le racisme pour diviser les travailleurs. Les conciliateurs et réformistes, en faisant croire que l’on peut dompter le système, le mettre au service de l’homme, paralysent la volonté de la majorité de notre peuple en semant les illusions.

    Nous devons rester vigilants, nous organiser pour que les crimes et horreurs du passé ne soient de nouveau utilisés par la classe dominante pour conserver ce système pourrissant qui porte en lui la guerre comme l’orage porte la tempête.

    Pour en finir avec l’horreur capitaliste ce système, il ne suffit pas de renverser un dictateur ou changer de gouvernement. Les fantastiques révoltes populaires arabes qui sont un pas en avant montrent leurs limites actuelles. Sans direction, sans parti révolutionnaire, la bourgeoisie peut reprendre en main l’appareil d’État en repeignant simplement la façade.

    Ceux qui sont morts il y a 50 ans pour la justice et la liberté, pour un monde meilleur, sous les coups des « chiens de garde » de la classe dominante, nous regardent. Nous avons le devoir de poursuivre leur combat pour la justice et la liberté.
       

    Parti Communiste maoïste de France                Paris le 17 octobre 2011

     


     Coup pour Coup :

    ... construisons la Résistance !

    Nous reproduisons ci-dessous le tract du collectif Coup Pour Coup 87 autour du 17 octobre 1961. 

    Il y a tout juste 50 ans, le 17 octobre 1961 la police française réprimait sauvagement une manifestation d’algérien(ne)s dans les rues de Paris. Ce sont des centaines de personnes, battues à mort, mitraillées ou jetées dans la Seine qui ont péri ce jour-là… Avec la complicité silencieuse d’une bonne partie de la classe politique.

    Et aujourd’hui ?

    La répression frappe les travailleur(e)s sans-papiers ou les populations Roms, comme nous avons pu le voir le 31 août dernier où un camp de Roms situé à Saint Denis a été dévasté, les autorités ont parqué et séparé les hommes des femmes et enfants pour ensuite les expulser du département.

    Les ministres de la République désignent toujours l’étranger ou le « musulman » comme un ennemi ou une menace… Les contrôles au faciès ont toujours lieu et parfois un jeune «des cités » y laisse la vie.

    Au présent ou au passé, le pouvoir a toujours entretenu le racisme pour nous diviser et pour masquer son véritable rôle : organiser notre exploitation ici et le pillage d’une bonne partie de la planète.

    Ceux qui ont colonisé l’Algérie sont aussi ceux qui ont ensuite remis la main sur ses richesses, ceux qui pillent l’Afrique et qui imposent la loi de leurs armes en Afghanistan ou en Irak. L’impérialisme a deux visages : celui d’une misère toujours plus grande pour les travailleur(e)s et pour les peuples, celui de profits toujours plus colossaux pour la classe capitaliste.

    Si l’on fait mine de s’opposer : c’est la répression qui frappe impitoyablement

    Qui sait que le militant pro-palestinien Georges Ibrahim Abdallah entre cette semaine dans sa 28e année de détention en France? Libérable depuis 1999, après sept demandes présentées par ses avocats, les juges refusent toujours de le laisser sortir de prison.

    Son crime : représenter une soi-disant menace pour les intérêts français au Liban, comme l’ont écrit les services secrets français. Georges Ibrahim Abdallah représente le courant communiste et révolutionnaire au sein de la lutte pour la libération de la Palestine, il défend l’idée d’un seul État laïc où juifs, arabes vivraient en paix : c’est certainement cela la menace que craint la France, la menace qui effraie les impérialistes !

    Cette menace c’est la solidarité de classe qui unit tous les exploité(e)s quelle que soit leur origine contre leurs exploiteur(e)s.


    Rendre hommage à celles et ceux qui sont mort(e)s le 17 octobre 1961 c’est combattre l’impérialisme aujourd’hui.

    Organisons la solidarité internationale !

    Liberté pour tous et toutes les prisonnier(e)s politiques révolutionnaires !

     


    Voie Prolétarienne :

    Le 17 octobre 1961, à Paris, le FLN organise une manifestation pacifique contre le couvre-feu imposé aux Algériens depuis le 5 octobre. Elle est durement réprimée par la police qui procède à 15.000 arrestations et se déchaîne contre les Algériens faisant plus de 200 morts.

    1961, un tournant dans la guerre

    Le 8 janvier 1961, par référendum, 75 % des électeurs, las de la guerre, se prononcent pour l’autodétermination en Algérie. En février, les partisans d’une Algérie française créent l’Organisation de l’armée secrète (OAS) qui engage des campagnes de meurtres et d’attentats avec l’espoir d’empêcher l’indépendance. En Algérie, fin avril, des généraux se soulèvent. Ce putsch est un échec. Mais l’action de l’OAS va s’amplifier, en France et en Algérie, contre tous les partisans de l’indépendance de l’Algérie.

    La bourgeoisie accepte l’indépendance, par nécessité et intérêt, mais elle tente de l’imposer à des conditions inacceptables pour le FLN. Elle veut séparer de l’Algérie le Sahara où l’on a trouvé du pétrole. Les négociations engagées en mai avec le FLN échouent en juillet sur cette question. La bourgeoisie va alors combattre le FLN, plus que l’OAS, pour l’affaiblir et imposer à la table des négociations le MNA. En France, les militants FLN sont assassinés par la police et les harkis. Ils ripostent en tuant des policiers. Le 5 octobre, le couvre-feu est imposé aux Algériens à partir de 20 heures.

    Le mouvement ouvrier et le PCF face à l’indépendance du peuple algérien

    Sur l’indépendance de l’Algérie, le PCF a toujours été prudent. Jusqu’en 1956, il la conçoit dans une Union française. Puis, il s’y résout comme étant la seule issue conforme aux intérêts de la France. Le droit à l’indépendance est absent de ses mots-d’ordre. Il veut la Paix en Algérie par la négociation. Au nom de l’action de masse comme seule juste, il refuse son soutien au FLN.

    Ses militants arrêtés pour avoir aidé le FLN sont exclus. Début 1956, il n’hésite pas, voulant une alliance avec le PS, à voter les pouvoirs spéciaux demandés par un gouvernement de gauche qui permettent à celui-ci de renforcer l’effort de guerre et la répression en Algérie. Légaliste, il rejette l’insoumission et la désertion des soldats. Dans les usines, certains communistes soutiennent pourtant leurs camarades algériens. Quelques jeunes militants refusent de servir dans l’armée, comme Alban Liechti ou le fils de Raymond Guyot dirigeant du Parti. Mais ces cas sont isolés.

    La modération du PCF ne paie pas. Avant 1961, ses mobilisations pour la Paix en Algérie ont peu d’écho dans les usines. Les arguments chauvins sur l’intérêt de la France n’amènent pas les ouvriers à soutenir l’indépendance, même s’ils sont contre la guerre. Beaucoup d’ouvriers ont des fils à l’armée. Les Algériens sont pour eux « ceux contre qui on se bat ». En interne, le PCF constate la force des idées colonialistes parmi les travailleurs. Mais plutôt que de les combattre, il s’y adapte pour conserver son influence de masse.

    Le PCF et le 17 octobre.

    Dans les semaines qui précédent le 17 octobre, dans de nombreuses entreprises, la CGT dénonce les rafles d’ouvriers qui disparaissent des ateliers. De son côté, sachant que la manifestation sera réprimée, le FLN demande à des progressistes d’y participer pour témoigner ensuite des actes de la police. Le PCF invité à s’y associer ne répond pas.

    Le 17 au soir, les radios de la Police affirment faussement que des policiers ont été tués. Cela va les déchaîner contre les Algériens dont des centaines seront tabassés à mort et jetés à la Seine. Le bilan de police : 2 morts et des milliers d’arrestations. Le 18, l’Humanité dénonce les violences et sous-entend qu’il y a plus de victimes. Mais, le journal dit ne pas pouvoir tout écrire de crainte d’être censuré. Le bureau politique du PCF « dénonce les sanglants événements » et la CGT appelle à organiser des « protestations et des actions de masse ». Mais les actions à la base sont rares et très minoritaires. Les travailleurs français ne bougent pas pour défendre « leurs frères de classe algériens », comme les y appelle pourtant un tract du PCF à Renault.

    De novembre à février 1962, les travailleurs français se mobilisent contre les assassins de l’OAS qui multiplient les attentats. Ceux-ci attaquent des locaux de la CGT et des progressistes. Il y a des tués. Le 8 février la répression policière d’une manifestation contre l’OAS fait 8 morts, au métro Charonne. Tous militants communistes. Le lendemain, la grève générale de protestation est suivie par 2 millions de travailleurs. Le 13 février, les usines débrayent et plus de 500.000 personnes participent à l’enterrement des victimes.

    L’actualité du 17 octobre

    Pendant ces années de guerre, une fracture a partagé la classe ouvrière. Pour la majorité des ouvriers français seuls sont frères de classe d’autres Français, et pour eux compte plus la défense de la démocratie contre le fascisme que celle de la libération des peuples du joug impérialiste. Cette fracture, le PCF et la CGT ont essayé, vainement, de l’effacer en mettant en avant l’argument économiste les intérêts communs des ouvriers face à leur patron.

    Par chauvinisme (l’indépendance est conforme à l’intérêt de la France), par légalisme (pas de soutien au FLN), pour rester un parti de masse (préserver les positions acquises dans l’État), le PCF a trahi un internationalisme et une solidarité de classe qu’il affirmait en parole. Au contraire, un parti d’avant-garde doit savoir aller à contre-courant des idées dominantes dans la classe ouvrière, en faisant valoir les intérêts du prolétariat international et des peuples dominés, quitte à se couper, momentanément, de beaucoup de travailleurs ou à s’exposer à la répression.

    Gilles Fabre

    À lire aussi
      50 ans après, toujours les mêmes combats !
    Et sur le blog ouvalacgt :
      17 octobre 1961 : mémoire et politique
      17 octobre 1961 : les réactions de la CGT à l’époque

     


     Feu de Prairie :

    Le 17 octobre 1961, entre 20 000 et 30 000 algériens et algériennes défilent dans Paris pour protester contre le couvre-feu et plus généralement pour réclamer l’indépendance de l’Algérie.

    La manifestation a lieu dans un contexte extrêmement tendu. La situation est arrivée au point de non-retour, trois quarts des français sont favorables à l’indépendance de l’Algérie, le putsch des généraux a lamentablement échoué. Mais d’un autre côté l’Organisation Armée Secrète, ne pouvant accepter cette défaite, s’enfonce toujours plus loin dans la barbarie avec la complicité de la police française.

    Paris est donc un lieu d’affrontement entre le FLN et l’OAS, et donc un enjeu politique majeur.

    La manifestation pacifique du 17 octobre met la police sur les dents : commandée par le collabo Maurice Papon, elle se prépare à réprimer durement le rassemblement.

    Face à une population de tous âges, hommes et femmes, vieux et enfants, venant largement des bidonvilles, souvent ouvrière, les flics déploieront une violence incroyable : il y aura 15 000 arrestations et plusieurs centaines de morts, dont plusieurs jetés à la Seine à partir des ponts.

    Ce 17 octobre ne doit donc jamais être oublié. C’est une journée de deuil qui doit rappeler éternellement le courage de la résistance algérienne et la barbarie de l’état français. Pour que les morts ne soient pas tombés en vain il n’y a qu’une seule chose à faire : poursuivre la lutte contre l’impérialisme et le racisme.

    Source: feu de prairie


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    Un excellent documentaire sur ces évènements (durée 1h30) :

     

     


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  • Il y a quelque chose que SLP a parfois évoqué, mais jamais exposé aussi catégoriquement en ces termes : le "p""c""mlm" et la mouvance internationale gravitant autour sont le TROTSKYSME de notre époque (le trotskysme "historique", lui, ayant globalement rejoint la social-démocratie). Pour certains, c'est même quasi explicite : quand une organisation de Colombie prône, pour ce pays, une révolution purement ouvrière, socialiste, à travers... la Grève Politique de Masse ; alors que l'on a là un pays semi-colonial type, archi-écrasé par l'impérialisme US (qui en a fait la "clé de voûte" de sa domination continentale), avec de très importantes masses rurales et des ruraux déplacés (par la pauvreté ou la violence) vers les bidonvilles des grandes aires urbaines ; quel autre nom cela peut-il porter ? [Ici, toutefois, il s’agit peut-être de déviation sincère de cette organisation, contrairement à ses acolytes, nous y reviendrons].

    Au niveau international, ce débat, cette caractérisation et cette dénonciation n'a toutefois que peu d'importance, les organisations concernées étant marginales dans leurs pays respectifs. En revanche, elle en a en "France", historiquement et culturellement terre de l'ultra-radicalisme intellectuel, et de la fascination d'une frange schizophrène du prolétariat et de la petite bourgeoisie déclassée pour ce radicalisme, cette "intransigeance", ce "no compromise" affiché.

    Qu'on se comprenne bien : cela ne veut pas dire qu'ils ont tort sur tout. Servir le Peuple ne raisonne pas en ces termes, que tout ce qui n'est pas à 100% dans sa vision des choses est 100% mauvais. En particulier, cela ne veut pas dire qu'ils ont tort sur les constats. Ce serait justement une grave erreur que de nier la réalité pour combattre l'analyse erronée de celle-ci. Le trotskysme ne repose pas sur des constats faux, sur des "élucubrations".

    Lorsque Trotsky, mais aussi les autres gauchistes, bordiguistes ou "germano-hollandais", disaient qu'une nouvelle bourgeoisie (même s'ils parlaient plutôt de "bureaucratie") était en formation dans la jeune URSS, c'est quelque chose qu'on ne peut évidemment pas nier (même s'il y a sans doute des "ML" et même des "maos" pour le nier, et penser que le "mal" s'est abattu du ciel le jour où l'on a commencé à cracher sur la tombe de "saint" Staline). C'est cette nouvelle bourgeoisie qui, "libérée" par la mort d'un Staline aux "purges" imprévisibles et fatales, a pu se consolider avec Khrouchtchev (mais l'aurait pu aussi avec Beria) et entamer l'instauration d'un capitalisme d’État, puis la restauration du capitalisme tout court (Gorbatchev). Lorsque Trotsky disait que les directives de l'IC au Parti communiste de Chine étaient gravement erronées, et aux conséquences funestes, évidemment que les faits lui ont donné raison, ce ne sont pas les communistes chinois de Mao qui allaient dire le contraire ! Et les maoïstes de l’État turc sont les premiers à dire que les directives de l'IC au PC turc de l'époque, l'analyse du kémalisme etc. étaient complètement fausses. Lorsque Trotsky et les trotskystes (et bordiguistes etc.) mettaient en garde contre la politique des Fronts populaires, on a effectivement vu que ceux-ci (en Europe) ont eu une interprétation de droite, amenant une soumission du mouvement communiste à la gauche bourgeoise : les trotskystes peuvent donc se targuer d'avoir "vu juste".

    Mais le problème n'est pas là ! Le problème, ce n'est pas le constat des dysfonctionnements et des erreurs (parfois très graves) du premier État révolutionnaire du prolétariat et de la première Internationale communiste autour de lui. Le problème, ce sont les conclusions, les analyses qui en sont tirées, systématisées en théorie (d'où découle une pratique) erronée. La théorie selon laquelle le socialisme n'était pas possible dans un seul pays arriéré et encerclé, que la Révolution soviétique était, finalement, "condamnée" dès lors que la révolution avait échoué en Allemagne... La théorie selon laquelle il ne fallait pas faire les Fronts populaires, ni de Fronts d'une manière générale, mais au contraire "entrer" dans les luttes syndicales réformistes (voire les organisations politiques social-démocrates) pour les "pousser en avant" et ensuite "fractionner" quand "la collaboration de classe, la direction social-traître, est démasquée", puis rompre pour lancer la révolution prolétarienne, la grève générale etc., formant un "nouveau Parti bolchévik" (ceci "dans l'idéal" : en pratique, les trotskystes ne rompent qu'en emportant 3 tondus rencontrés à la buvette... on a en fait là une tentative mécanique de reproduire la formation du Parti bolchévik à partir du PSDOR).

    Si l'on revient, maintenant, à nos nouveaux trotskystes, on peut voir exactement la même chose. Dire que les thèses de Prachanda étaient révisionnistes était parfaitement vrai, dire qu'elles "mèneraient à la catastrophe"... nous y sommes. Si l'on reste à la surface des choses, nos nouveaux trotskystes avaient donc "vu juste", "avant tout le monde", et encore "sous les crachats, le boycott, les attaques de toute part" avec ça... Quand nos nouveaux trotskystes disent que la situation au Pays Basque (de la gauche abertzale) est extrêmement délétère et préoccupante, qu'elle ressemble au chemin suivi par les républicains irlandais "provisoires" dans les années 1990 : qui va dire le contraire ? (et la dérive risque encore d'empirer, "confortée" par les récents "succès électoraux"). Quand l'UOCmlm dit que les guérillas marxistes de Colombie ont dérivé vers le révisionnisme armé et parfois des pratiques mafieuses, devenant dans certaines zones un véritable "fléau" de plus pour les masses, en concurrence avec l’État et ses fonctionnaires corrompus, les caciques locaux, les grands propriétaires, les milices d'extrême-droite et le crime organisé, c'est malheureusement la vérité...Et ainsi de suite.

    Le problème, encore une fois, n'est pas là ! Le problème, ce sont les conclusions, érigées ensuite en théories, qui en sont tirées et mises en pratique.

    Du Népal, est tirée la conclusion universelle qu'il faut rejeter "toute souplesse idéologique, stratégique et tactique avec le marxisme-léninisme-maoïsme"... Autrement dit, il ne faut pas faire la révolution, car faire la révolution, mener à son terme la Guerre populaire qui ne se réduit pas à une lutte armée, c'est faire preuve de tactique, c'est avoir une application créative, dans la situation concrète, de la théorie révolutionnaire  ; et c'est ce que le Parti bolchévik, le PC de Chine, le PC du Vietnam, le PC de Grèce, le PC d'Espagne etc. ont fait tout au long de leur histoire, lorsqu'ils étaient révolutionnaires. Cela reviendrait à dire que, PUISQUE la tactique des Fronts populaires et la tactique d'alliance avec des forces bourgeoises "antifascistes" pendant la Résistance ont conduit au thorézisme, au togliattisme etc., il faut refuser toute tactique de ce type, et même toute tactique en général.

    De la même manière, le Mouvement Anti-Impérialiste (MAI) de l’État espagnol prône ainsi "la dénonciation de toute étape intermédiaire", comme par exemple "le programme de IIIe République" en Espagne, qualifié de "réforme politique du vieil État". Gauchisme trotskyste typique, auquel Servir le Peuple répond que la poussée révolutionnaire des masses, si elle ne permet pas immédiatement un "Octobre rouge" 1917, et si elle n'est pas écrasée par la Réaction, peut très bien déboucher sur une "réforme du vieil État" (de l'organisation sociale) de ce type, sous la forme d'un "gouvernement réformiste d'urgence", et que ceci est une étape, oui, 100 fois oui, que les communistes peuvent et doivent utiliser à leur profit pour repartir de l'avant dans la Guerre populaire vers le communisme [d'autant que le réformisme, on y reviendra, contrairement au 20e siècle, est aujourd'hui condamné au-delà du court terme : soit il est renversé par la révolution prolétarienne, soit il l'est par la contre-offensive réactionnaire]. Les réformes de l'organisation sociale capitaliste ne sont "la mort" du mouvement révolutionnaire que si les communistes le veulent bien, et une "excellente" attitude à adopter pour cela est justement de tourner le dos au mouvement réel des masses et de s'enfermer dans l'imprécation sectaire. Les trotskystes de notre époque, comme leurs prédécesseurs historiques, font vraiment la révolution sur la Lune, c'est vraiment le qualificatif qui convient...

    L'analyse correcte, c'est qu'ont émergé dans le PC maoïste du Népal des néo-bourgeois, voire des bourgeois tout court : comme le fait remarquer un camarade indien, les dirigeants "maoïstes" prachandistes ou du clan Bhattarai sont des brahmanes, la caste supérieure du sous-continent indien, très peu sont issus des classes laborieuses. Ces gens ont à un moment donné liquidé la Guerre populaire révolutionnaire, seul moyen de mettre le Peuple au pouvoir, pour s'y mettre... eux, se faire une place au soleil dans une République parlementaire bourgeoise. Mais ceci a des ressorts (culturels et de classe) qu'il est impossible aux gauchistes d'analyser, puisque... ce sont les mêmes que les leurs ! Alors, le révisionnisme réside dans le fait d'avoir "déclaré" ceci ou cela, qui est "thorézien", "trotskyste", "boukharinien", "trois-mondiste" etc. etc. (chercher à "piéger l'opportunisme au détour d'une formule", disait Lénine) : la conséquence devient la cause.

    De la même manière, toujours le MAI parle de "facilité avec laquelle le révisionnisme se travestit et adopte de nouvelles formes sous les habits du maoïsme" : c'est exactement le même idéalisme. Le révisionnisme serait un "esprit" flottant dans les airs et "s'emparant" d'organisations communistes y compris maoïstes. Ils ne comprennent pas que le révisionnisme est l'expression idéologique d'une réalité matérielle ; réalité qui est que le Parti est un instrument aussi indispensable qu'imparfait et que non seulement s'y infiltrent, mais s'y forment, par son fonctionnement même, des éléments qui "font la révolution" non pas pour SERVIR LE PEUPLE, mais pour se servir eux-mêmes, parfois dans l'idée d'intégrer un État bourgeois "réformé" par les luttes qu'ils auront menées, mais parfois dans l'idée claire de renverser la bourgeoisie pour la remplacer par les "cadres révolutionnaires" qu'ils considèrent être. Et l'ultra-radicalisme, l'ultra-maximalisme dogmato-sectaire gauchiste n'est qu'un révisionnisme "de gauche", expression des opportunistes ratés !

    Dans tous les cas, la réalité est que le PC maoïste du Népal et la Guerre populaire sont aujourd'hui en grande déroute en raison de tares remontant aux origines, au début des années 1990, en pleine "fin de l'Histoire" : l'idéologie communiste n'était alors pas "au top de sa forme" et de grands compromis ont été faits dans un souci de "massification" du mouvement révolutionnaire : remplacer Kiran par Prachanda à la tête du Mashal (ancêtre du PCNm), accueillir la "clique Bhattarai" dans le nouveau Parti, centrer l'objectif de la GP sur le renversement de la monarchie et la convocation d'une Constituante, puis finalement rechercher l'alliance des partis bourgeois, etc. Il n'empêche que la Guerre populaire au Népal a le mérite impérissable d'avoir existé (alors que les gauchistes ici ne font rien), et qu'elle a amené la lutte de classe dans ce pays à un niveau supérieur, bien supérieur à ce qu'il était au début des années 90. Il n'empêche que des erreurs "frontistes" du même ordre ont été faites par les communistes chinois, amenant à la catastrophe de 1927 : cela a-t-il définitivement hypothéqué l'avenir du mouvement communiste en Chine ? Cela aurait pu... mais (l'histoire est là) cela n'a pas été. La Révolution chinoise a au contraire illuminé la seconde moitié du 20e siècle. Au Népal, "tout" est peut-être effectivement fini... ou pas.

    Au Pays Basque, la conclusion tirée et d'en appeler à la "centralité ouvrière" et de jeter aux orties la lutte de libération nationale ("cela va exiger des déchirements profonds, dont le symbole sera de remplacer le drapeau basque par le drapeau rouge"). Voilà une conclusion typiquement, 100% trotskyste. Au contraire, Servir le Peuple oppose qu'il faut élever le niveau théorique du mouvement communiste en Europe, qu'il faut une théorie qui UNISSE luttes de classe et luttes de libération nationale dans une même Guerre populaire, et cette théorie c'est l'encerclement du Centre par la Périphérie, véritable universalité de la Guerre populaire. Les régions "périphériques" marginalisées, où se mêlent une petite paysannerie et petite bourgeoisie paupérisée avec une très importante classe ouvrière rurale et des petites villes, sont les "campagnes" de l'Europe, et les "nations sans État" sont dans cette situation [de la même manière, les banlieues-ghettos sont les "campagnes" des grandes métropoles économiques, etc. : l'encerclement du Centre par la Périphérie se fait "en cercles concentriques"].

    Pour l'idée (exposée plus haut) qu'il faudrait, en Colombie, revenir aussi à la "centralité ouvrière" et prôner une révolution socialiste par la Grève Politique de Masse, cela se passe de commentaires... Trotskysme à 300%. Qu'on nous explique la différence avec les thèses morénistes (trotskystes)... Ils nous expliquent certes que c'est "tactique et non stratégique" (ah ? on pourrait donc faire preuve de souplesse tactique avec le MLM ? on n'y comprend plus rien !), mais en pratique cela ne change rien : l'objectif reste une révolution socialiste, purement ouvrière, niant le rôle fondamental de la paysannerie et autres couches semi- ou non-prolétariennes dans ce pays. On peut simplement espérer qu'il s'agisse là d'une dérive gauchiste sincère, car le mouvement communiste colombien a réellement une histoire tragique : entre répression sauvage (par un État fasciste, "clé de voûte" de l'impérialisme US dans la région), trahisons opportunistes, tendances néo-bourgeoises prononcées (indissociable de l'émergence permanente de nouvelles couches dans cette partie du monde) et dérives mafieuses (de "com'zones" guérilleros) ; un mouvement maoïste jamais très important (prédominance du guévarisme ; un groupe, l'EPL, est resté minoritaire parmi les guérillas marxistes et devenu "pro-albanais" à la fin des années 1970, de très petits groupes depuis), etc. On pourrait, dans ce cas, plutôt parler de nouveau bordiguisme (le trotskysme sincère, sans le côté néo-bourgeois affirmé, les manigances, les fumisteries idéologiques etc.). Sur le Népal, l’UOC-mlm rejette l’appui à la ‘fraction rouge’ (terme, il est vrai, mal trouvé !), mais il s’agit peut-être d’un arrêt sincère à l’apparence (les grandes limites idéologiques de ces personnes – Kiran, Basanta, Badal etc. – qui donnent l’impression qu’elles ne ‘rejettent pas’ le révisionnisme de Prachanda), sans voir l’essence, oubliant que un se divise en deux mais que… pour l’instant (hormis deux petits groupes, assez sectaires), le PCNU-M ne s’est pas encore divisé ! Un Parti révisionniste voit toujours le ‘split’ d’une ligne anti-révisionniste, quel que soit le temps que cela prend : dans notre État bourgeois ‘France’, Thorez déversait la pire merde révisionniste depuis les années 1930, et c’est seulement dans les années 60 que les anti-révisionnistes ont dit "ce n’est plus possible, on s’en va" ! De même en Italie (où Togliatti était aux commandes depuis 1938) : dans le genre tardif, on peut difficilement faire mieux ! Et pourtant : c’est de là que sont nées des expériences lumineuses comme l’UJCml et la Gauche Prolétarienne, que le ‘p’’c’’mlm’ se plaît à mettre en avant ces derniers temps, tout en déplorant leur ‘populisme’ (c’est que l’UJCml et la GP, eux, étaient un minimum dans les masses…). Incompréhension, en définitive, du fait que dans un processus réel de masse, la ‘notion temps’ n’est pas du tout la même que dans un processus ‘en chambre’… La réalité quasi certaine, c’est que le ‘bloc’ des Kiran, Badal etc. n’envisage pas de scissionner avec un effectif ridicule derrière eux. La ‘scissionite’, c’est justement un truc de trotskystes ! (même si le droit de tendance est le principe proclamé…)

    En parlant de scissionite, il en va de même, et encore pire, avec l'attitude du collectif "Haine de Classe" de l’État espagnol qui, au nom de "refuser la conciliation avec le révisionnisme" et de sa "plus profonde haine de classe" pour les "conciliateurs", ne trouve rien de mieux que de diviser la solidarité avec la Guerre populaire en Inde dans l’État espagnol (et la solidarité castillanophone dans son ensemble) : pur trotskysme à 800%. Les Comités de solidarité avec la Guerre populaire en Inde sont, en quelque sorte, le "Front international" des maoïstes indiens, dont la direction relève quelque part d'eux et d'eux seuls. C'est à eux, ou du moins à leur Front révolutionnaire démocratique, que revient en définitive de décider quels soutiens ils jugent "opportunistes" ou pas. Certainement pas à un groupuscule du fin fond de l’Europe. En l'occurrence, c'est avec le PCm d'Italie, le PCm de France, le PCR du Canada etc. que les maoïstes indiens ont signé une Déclaration du 1er Mai cette année, mais voyez-vous... le PC d'Inde maoïste (avec 20.000 combattant-e-s rouges et près de 45 ans d'expérience révolutionnaire) ne serait rien de moins que… manipulé (!) par le PCm d'Italie, qui doit compter tout au plus quelques centaines de militant-e-s ! Tout ce verbiage "ultra-radical", de toute façon, ne rime strictement à rien. Le PC d'Inde (maoïste) a rejeté, dès le début et sans appel, la "tactique" des Accords de Paix. C'est une des raisons pour lesquelles il n'a pas fusionné avec le CPI(ML) Naxalbari, sur la position duquel (disons-le en toute sincérité) se serait plutôt retrouvé SLP à l'époque : oui à la tactique des Accords (pour acculer les partis bourgeois dans leurs contradictions), gare aux tentations réformistes, gare aux "balles enrobées de sucre". Il apparaît aujourd'hui que c'est plutôt le CPI(m) qui avait raison. Mais voilà : le CPI(m) est du côté des "signataires du 1er Mai", pour la reconstruction d'une Internationale communiste maoïste, et non du côté des néo-trotskystes. Le CPI(m) ne rejette pas par principe toute tactique ; il soutient résolument l'existence de révolutionnaires au sein du PCNU-M et les appelle à agir d'une manière ou d'une autre (en scissionnant, en rectifiant le Parti, peu importe), tout simplement parce que cela est scientifique. Même si le 'bloc' Kiran-Badal-Basanta-Gaurav-Biplab etc. est dans une position "centriste" entre le CPI(m) et le 'bloc' Prachanda-Bhattarai, les camarades d'Inde appliquent le principe maoïste qui est d'isoler la droite et gagner le centre. 

    Globalement, si l’on regarde la situation du mouvement communiste international, que voit-on ? Prenons un exemple. L’année 2011 aura vu des évènements d’une importance considérable. Les grandes révoltes des peuples arabes auront remis au poste de commandement le principe marxiste que LES MASSES FONT L’HISTOIRE – même s’il leur faut un PARTI pour faire la révolution. Inévitablement, s’est produit ce qui était inévitable : lorsque les révoltes arabes ont atteint des pays considérés jusque là comme "résistants à l’Empire", c’est à dire dont les classes (voire castes) dominantes roulaient des mécaniques devant l’Occident et Israël, on a vu ressurgir le bon vieux campisme : l’idée que ces révoltes étaient illégitimes, n’avaient pas la moindre base matérielle valable, et ne pouvaient être que des "manœuvres" impérialistes pour "mettre la main" sur ces pays. Ce débat n’a pas seulement traversé un certain forum communiste francophone, opposant les révolutionnaires… et les progressistes un minimum humanistes aux rebuts de l’ultra-révisionnisme à la Marchais, et autres défenseurs d’André Gerin. Il a également frappé… la principale organisation internationale anti-impérialiste, marxiste-léniniste et maoïste, à savoir l’ILPS (Ligue Internationale des Peuples en Lutte). La direction de celle-ci, emmenée par les Philippins autour de José Maria Sison, a défendu les positions campistes ; tandis qu’une autre ligne, avec à sa tête les maoïstes du Front révolutionnaire démocratique d’Inde (G.N. Saibaba) les a combattues et a été expulsée. Il ne reste qu’à espérer que cette divergence n’ait pas atteint un niveau d’antagonisme irréversible, et qu’elle puisse encore se résoudre par la critique franche et ouverte et l’autocritique, la vérification et la rectification. Mais, quoi qu’il en soit, le débat sur le campisme est un débat fondamental pour l’élaboration de la conception communiste du monde : est-ce que sont les masses qui font l’histoire ; ou est-ce que ce sont les "petites nations" contre les grandes ; ou encore, est-ce que les masses peuvent avoir "à leur côté" des castes dominantes "rebelles" aux impérialistes occidentaux, quand bien même ces dernières… oppriment et massacrent les masses du Peuple dans leurs pays ???

    Or, dans ce débat, quelle est la position des nouveaux trotskystes ? C’est simple :

    1°/ Ils l’ignorent et n’en parlent même pas ;

    2°/ Ils concentrent leurs attaques, au nom de la "conciliation méprisable avec le révisionnisme prachandiste", contre les organisations… amies du PC d’Inde (maoïste) et celui-ci lui-même (qui se seraient "mis hors de toute identité révolutionnaire" ( !)), au moment même où les maoïstes indiens mènent (dans une large mesure) cette lutte idéologique contre le campisme ;

    3°/ Ils se retrouvent dans la pratique (le ‘p’’c’’mlm’ en tout cas) sur la position des campistes, dénonçant les légitimes révoltes comme une conspiration impérialiste et un ramassis d’islamo-fascistes (comme si, quand bien même manœuvres impérialistes et forces islamistes il y aurait, celles-ci n’avaient pas un terreau OBJECTIF de révolte légitime contre le clan au pouvoir)…

    On a là l’illustration parfaite de tout ce qui précède, et de la position et du rôle de ces groupuscules dans le mouvement communiste international : TROTSKYSME, TROTSKYSME, TROTSKYSME pur et simple.

    Il y a, cependant, une différence fondamentale entre ces trotskystes de notre époque et le trotskysme historique. Ceux-ci diront bien sûr, toujours idéalistes, "idéologistes", que cette différence tient à l'idéologie, LEUR idéologie qui n'a "rien à voir" avec le trotskysme, comme si l'idéologie tombait du ciel, était une "révélation" divine.

    La réalité, c'est que cette différence tient à la capacité réformiste de la bourgeoisie à l'époque du "trotskysme historique" (les années 30, puis l'après-guerre). A cette époque, celle de la crise de 1929 puis de la reconstruction après-guerre, la bourgeoisie monopoliste mondiale avait encore une capacité de réformer l'organisation sociale pour la mettre au niveau des forces productives et de la masse de Capital ; capacité synthétisée économiquement (bien sûr) par John Maynard Keynes : ce sont les fameuses thèses du "soutien (à l'accumulation capitaliste) par la consommation" ; de transformer, par une "politique sociale généreuse", les sociétés de producteurs en sociétés de consommateurs. Ces thèses s'opposant à "l'autre réformisme" : le fascisme... Bien sûr, cette "relance" ne pouvait passer que par la guerre impérialiste mondiale, un repartage général du monde impérialiste et un "grand ménage" de Capital et de forces productives excédentaires : c'est ce qui s'est passé et les tenants du keynésianismes, en tête desquels les États-Unis de Roosevelt, n'y sont pas allé avec le dos de la cuiller ; cependant, à la différence du fascisme, ils n'assumaient pas aussi ouvertement cette nécessité et toute la culture militariste, chauvine, colonialiste, barbare allant avec. La réalité est en fait que, dans la crise générale du capitalisme des années 20-30, se sont affrontées trois "voies de sortie" : la révolution prolétarienne (incarnée alors par l'URSS), la "réforme" fasciste et la réforme keynésienne. On retrouve là, d'ailleurs, très nettement les "trois camps" de la guerre impérialiste mondiale qui va du milieu des années 30 à 1945.

    La social-démocratie était donc, dans les années 1930 et encore plus après la guerre, une force montante. C'est ainsi que les trotskystes (mais pas les bordiguistes et autres gauchistes, "dieu" les en garde !) ont pu développer, dans la 2e moitié des années 30, l'idée d'"entrisme" : intégrer cette force montante, cette dynamique réformiste, perçue comme "l'expression non-stalinienne de la révolution mondiale", et la "pousser en avant", "au maximum", jusqu'à "la rupture" : lorsqu'il n'y aurait "plus de réformes possible sinon la révolution", on aurait alors ceux qui veulent maintenir le capitalisme et ceux qui veulent le renverser, les "marxistes révolutionnaires" trotskystes prenant la tête des seconds pour lancer la "grève générale révolutionnaire" etc. Il faut bien souligner que cette stratégie n'est nullement celle de tous les trotskystes, et que les débats sont vifs sur le fait que Trotsky lui-même l'ait réellement prônée (en tout cas en ces termes). Mais, quoi qu'il en soit, la pratique a existé. Elle se résume, en dernière analyse, à une incompréhension fondamentale du réformisme bourgeois à l'époque de l'impérialisme, et en particulier de ce réformisme bourgeois là : bien sûr que ce réformisme captait, à une très large échelle, les masses ouvrières et travailleuse que les limites de la conception du monde des marxistes-léninistes ne leur avaient pas permis de capter. Mais il n'était pas qu'un réformisme bourgeois "de défense", "de survie", l'expression d'une bourgeoisie acculée, lâchant tout ce qu'elle peut pour sauver l'essentiel. Ceci était bien sûr un aspect : sans poussée révolutionnaire mondiale des masses, sans l'existence de la "menace" (pour la bourgeoisie) soviétique, il n'y aurait pas eu toutes ces concessions de la classe dominante. Mais un autre aspect (en raison duquel la théorie trotskyste ne pouvait pas marcher), c'est que ce réformisme reposait sur une théorie cohérente, économique (Keynes), et praticable : mener une politique sociale d’État généreuse (ce que les États n'avaient jamais, ou très peu pratiqué jusqu'alors) pour relancer l'accumulation capitaliste en transformant les sociétés occidentales (pays impérialistes) en sociétés de consommateurs (les sociétés de producteurs se déplaçant dans les pays fraîchement "décolonisés" et néo-colonisés). Il faut noter, pour être justes, que cette incompréhension a aussi frappé les "staliniens", dans la pratique des Fronts populaires, ce qui a souvent conduit à une soumission des mouvements communistes nationaux à la gauche bourgeoise.

    Aujourd'hui, il est facile de voir que ce n'est plus du tout le cas. Les capacités réformistes de la bourgeoisie sont nulles ou presque. Les États sont surendettés, et ils sont surendettés parce qu’ils ont, justement, multiplié depuis les années 1970 (début de la nouvelle crise) les "amortisseurs sociaux" pour "soutenir la demande" : emploi public, subvention à l'emploi privé, aides sociales de toute sorte [les États qui ont rejeté cela, en premier lieu les États-Unis et la Grande-Bretagne, ont quant à eux laissé la demande reposer sur le crédit (et la protection sociale sur l'assurance privée et les fonds de pension), et ce sont les organismes de crédit et d'"assurance sociale" qui s'effondrent]. Depuis les années 1980 (environ), la social-démocratie est donc une force descendante, déclinante : elle ne gagne les élections, en général, que par accident ou par un ras-le-bol général après une longue période de droite, et en jouant "toujours plus au centre", toujours plus vers la "droite modérée" (comme Blair en Grande-Bretagne ou Schröder en Allemagne, Obama aux États-Unis et peut-être l'an prochain le PS en France). Les trotskystes qui l'avaient intégrée (ou soutenue, en tout cas) pendant sa phase ascendante, on rompu avec cette "dérive social-libérale" pour... finalement "garder le temple", être les derniers gardiens de la social-démocratie de "rupture avec le capitalisme", celle de Mitterrand en 1974 et 1981. Il n'y a bel et bien plus de réforme possible sinon la révolution, mais la "grève générale" qui mettrait la "rupture anticapitaliste" à l'ordre du jour ne vient jamais, bien évidemment.

    Il n'est donc pas faux de dire qu'aujourd'hui il n'y a plus de "voie keynésienne", "réformiste", pour sortir de la crise générale du capitalisme : l'alternative se réduit finalement à la révolution prolétarienne ou le fascisme et la guerre. La social-démocratie et, maintenant, même le "social-libéralisme" (modèle blairiste) s'effondrent en crédibilité et électoralement : après 10 ans de droite dure, dans une situation de crise économique et sociale totale, il n'est même pas acquis que le PS gagne en 2012 ! Pour faire court : si c'est le très centriste Hollande, peut-être ; mais si c'est "la Dame des 35 heures", il est probable que non. Il en va de même, d'ailleurs, pour la "droite humaniste et sociale" héritière du "gaullisme social", de la démocratie-chrétienne et du radical-socialisme, effondrement symbolisé par la déconfiture de Bayrou et le récent forfait de Borloo. Bref : la voie "réformiste démocratique" bourgeoise est bouchée. DONC, la base matérielle de l'idéologie trotskyste dans son rapport avec la social-démocratie a disparu. 

    Nos nouveaux trotskystes ne peuvent donc pas aller exercer leurs talents de ce côté-là. Ce n'est pas une question de "pureté idéologique" qui, telle la grâce du Saint Esprit, les aurait touchés.

    Il reste même suffisamment de petites sectes trotskystes pour assurer la fonction (merveilleuse s'il en est) d'intégrer les fronts de lutte syndicalo-réformistes pour les faire éclater (lorsqu'ils estiment que "la collaboration de classe est démasquée" et que, donc, "les conditions sont mûres"), ce qui leur permet éventuellement de gagner un ou deux militants.

    Ils sont donc condamnés à végéter dans l'aspect uniquement gauchiste du trotskysme : "l'attente critique" (tout le monde, y compris les plus grands, peut dire des conneries : celle-ci est une des plus grosses de Gramsci), regarder passer le mouvement réel en ne faisant que le critiquer, le couvrir d'ordure, en se proclamant "seuls détenteurs de la vérité" et en attendant la "révolution prolétarienne parfaite". Et bien sûr, aligner les théories généralisantes plus erronées les unes que les autres.

    Leur essence de classe, elle, on l'a dit mille fois, est la même : ultra-radicalisme petit-bourgeois intellectuel, petite-bourgeoisie intellectuelle dont la réussite sociale n'est (à son goût) pas à la hauteur du "génie", qui veut donc renverser cette "société capitaliste de merde" et se rêve en "cadres" du rouge futur socialiste... On y retrouve, finalement, la rage et la bave aux lèvres de Trotsky devant la "bureaucratie" de l'URSS "stalinienne" : il aurait aimé, ni plus ni moins, être à leur place (il avait d'ailleurs commencé, pendant la Guerre civile, une très sérieuse résistible ascension...). Leur "scénario révolutionnaire" ressemble finalement, quelque part, à une chute de l'Empire romain avec eux dans le rôle de l'Église : le monde va "s'effondrer" dans la décadence, la barbarie, la guerre civile et impérialiste, le "fracas des armes" (révoltes populaires armées), tout cela "c'est l'actualité en France d'ici 30 ou 40 ans" ; et eux se poseront alors en "Parti de la Science et de la Civilisation". Enfin bon... Heureusement que la société humaine, aujourd'hui, a tout autrement prise sur son destin qu'au 5e siècle de notre ère !

    Il est courant de se prendre au visage, par ces gens, l'épithète de "trotskyste" : mais c'est, en réalité, outre la schizophrénie occidentale qui consiste à reprocher aux autres ce que l'on est, qu'ils se contentent d'assimiler le trotskysme à l'entrisme dans la social-démocratie (pratique du trotskysme en crise : à la fin des années 30 face aux Fronts populaires et à la répression en URSS, en Espagne et dans les PC "staliniens" ; ou encore l'OCI des années 70, complètement isolée dans le mouvement révolutionnaire de l'époque, "entrant" au PS) ; et au devenir social-démocrate des vieilles organisations trotskystes depuis les années 1980. Ils refusent de voir l'essence profonde du trotskysme qui est le gauchisme réactionnaire petit-bourgeois... le même que le leur.

    Non, cela n'a rien à voir avec le trotskysme que de soutenir l'aile gauche du PCNU-M, même si entre la trahison Prachanda-Bhattarai et nous, celle-ci revient à un "centre-gauche" : Mao explique justement que le rôle des révolutionnaires, face aux révisio-réformistes, est de gagner le centre ! Il n'y a rien de trotskyste à considérer qu'un coup d’État fasciste ou une guerre civile réactionnaire contre un gouvernement bourgeois "de gauche" en Amérique latine n'est "pas vraiment" une bonne chose, ni une chose que les communistes peuvent accepter ; c'est au contraire totalement marxiste, même si là-bas les vieux PC révisionnistes et les "vieux maos" des années 1960 répètent à l'infini les erreurs de soumission à la gauche bourgeoise des Fronts populaires des années 1930...

    Considérer que même dans les Partis révisionnistes il y a une gauche que les communistes peuvent tirer vers eux n'a rien à voir avec reconnaître le droit de tendance trotskyste ; considérer qu'il faut agréger à la base, autour des communistes, tous les prolétaires, même sous influence réformiste face aux offensives réactionnaires et au fascisme (sans se soumettre aux directions réformistes) n'a rien à voir avec de l'entrisme : c'est tout simplement la pratique du FRONT UNI, qui est la base du travail révolutionnaire des maoïstes [avec d'autant plus de potentiel, il faut le dire, qu'il y a aujourd'hui beaucoup d'électeurs et de sympathisants mais plus d'organisations réformistes de masse en termes de militants (encadrés idéologiquement)].

    En conclusion, et en dernière analyse, les choses peuvent se résumer ainsi : NOUS SOMMES IL Y A CENT ANS, à un niveau supérieur. Nous ne sommes nullement, comme le prétendent les gauchistes, dans "l'offensive stratégique de la révolution mondiale" (la période 1917-1945 aurait été la "défensive stratégique", et la période 1945-76 "l'équilibre stratégique"). Nous sommes, tout au contraire, au tout début d'une nouvelle vague révolutionnaire. Nous sommes dans la position des "marxistes révolutionnaires" de 1911, à la différence près de l'expérience accumulée depuis cette date.

    La contre-révolution en Chine, la faillite du révisionnisme dans le "bloc soviétique", la défaite de la Guerre populaire au Pérou après celle (20 ans plus tôt) de la "voie cubaine", ont été l'équivalent pour le mouvement communiste de l'écrasement de la Commune de Paris en 1871, pour le mouvement socialiste d'alors. Dans les années 1980 à 2000, comme dans les années 1880-1900, c'est le "possibilisme" qui a dominé : l'idée de se "contenter du possible", d'arracher aux exploiteurs ce qu'il est possible de leur arracher ; pire même : sauver ce qui peut l'être des conquêtes du siècle écoulé (à la fin du 19e siècle il y avait des conquêtes à faire, aujourd'hui il y a des conquêtes à sauver)... Des milliers de "nouveaux Guesde", refusant à l'origine ces orientations réformistes, ont fini par s'y rallier : PCOF, Lutte Ouvrière etc. Malheureusement, c'est sur ces terres possibilistes que se trouve dans l'immense majorité la classe, le prolétariat ; car telle est sa spontanéité. Tels Moïse, nous devons les faire sortir de cette "Égypte" réformiste. Et puis, de "l'autre côté" en apparence, il y a les "maximalistes" de tout poil, que Lénine dénonçait en 1920 mais qui existaient bien avant : les représentants de la petite-bourgeoisie (souvent intellectuelle) "prise de rage" devant les freins que le capitalisme (en crise) met à l'ascension sociale qu'ils "méritent". Mais, là encore, il y a aussi des prolétaires sincères, qui réagissent par le repli sectaire et dogmatique aux compromissions éhontées des leaders opportunistes (les "chasseurs de strapontins" municipaux, parlementaires, voire ministériels). Ceux-là sont ce que Lénine disait de Rosa Luxembourg : des aigles pouvant voler plus bas que les poules ; mais les poules opportunistes, possibilistes, social-démocrates ou social-chauvines ne s'élèveront bien sûr jamais à la hauteur de ces aigles, en termes de maîtrise scientifique du marxisme.

    Entre ces deux abîmes, les marxistes révolutionnaires de notre époque, les MAOÏSTES, doivent patiemment tracer le chemin de la nouvelle révolution prolétarienne mondiale...

     

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    * NOTONS BIEN TOUTEFOIS que si les positions "gauchistes réactionnaires" que nous avons dénoncées dans cet article sont classiquement qualifiées de "trotskystes" par les marxistes-léninistes et les maoïstes, Trotsky lui-même a pu tenir parfois des propos extrêmement proches... de notre position, et notamment au sujet d'un régime beaucoup plus clairement fasciste (l'Italie de Mussolini était sa référence explicite) que ceux de l'ALBA aujourd'hui : « Il règne aujourd’hui au Brésil un régime semi-fasciste qu’aucun révolutionnaire ne peut considérer sans haine. Supposons cependant que, demain, l’Angleterre entre dans un conflit militaire avec le Brésil. Je vous le demande : de quel côté serait la classe ouvrière ? Je répondrai pour ma part que, dans ce cas, je serais du côté du Brésil "fasciste" contre l’Angleterre "démocratique". Pourquoi ? Parce que, dans le conflit qui les opposerait, ce n’est pas de démocratie ou de fascisme qu’il s’agirait. Si l’Angleterre gagnait, elle installerait à Rio de Janeiro un autre fasciste, et enchaînerait doublement le Brésil. Si au contraire le Brésil l’emportait, cela pourrait donner un élan considérable à la conscience démocratique et nationale de ce pays et conduire au renversement de la dictature de Vargas. La défaite de l’Angleterre porterait en même temps un coup à l’impérialisme britannique et donnerait un élan au mouvement révolutionnaire du prolétariat anglais. Réellement, il faut n’avoir rien dans la tête pour réduire les antagonismes mondiaux et les conflits militaires à la lutte entre fascisme et démocratie. Il faut apprendre à distinguer sous tous leurs masques les exploiteurs, les esclavagistes et les voleurs ! » (La lutte anti-impérialiste, entretien avec le syndicaliste argentin Fossa, 1938) [ceci sans toutefois perdre de vue, comme on peut le voir, son idée de primauté des grands centres capitalistes-impérialistes dans le "déploiement" de la vague révolutionnaire mondiale (il est bien clair que ce sont les possibilités révolutionnaires en Angleterre qui l'intéressent en premier lieu dans son exemple) ; conception qui fait partie de ce que nous récusons fermement dans le trotskysme].


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  • En parcourant, notamment, un Forum communiste de langue castillane, Servir le Peuple a fini par "mettre le doigt" sur le "problème" qui l'oppose à l'analyse des marxistes-léninistes-maoïstes latino-américains vis-à-vis des "gauches" réformistes bourgeoises qui ont fleuri sur le continent depuis 1998.

    En réalité, il semble que les camarades maoïstes des Amériques fassent une confusion entre :

    - les différentes branches de la classe dominante dans ces pays (compradore, bureaucratique et terrateniente),

    ET

    - les différences de conception du monde au sein même de la classe dominante en question, formant une "droite" ("modérée" ou "ultra", sans parler des fascistes) et une "gauche" (elle aussi "modérée" ou "radicale").

    "Droite" et "gauche" au sein de la classe dominante sont réduites à une simple opposition entre la bourgeoisie bureaucratique d'un côté, et la bourgeoisie compradore (plus les grands propriétaires terriens) de l'autre. Ceci est extrêmement réducteur et simpliste, et conduit les MLM latino-américains à des analyses erronées des situations ou à des "positions de principe" déconnectées du mouvement réel des masses.  Ils se privent, finalement, d'exploiter et de tirer profit des contradictions de la classe dominante.

    Il y a dans tout un courant du MLM une tendance à "l'économie politique déterministe", à rechercher une "froide" base matérielle, un "type" de capitalisme derrière chaque courant politique de la bourgeoisie. Ceci échoue généralement à "rendre" toute la complexité du réel. Ce courant de pensée s'exprime, par exemple, dans l'entité "France", par l'idée qu'il y aurait une "bourgeoisie industrielle" derrière les courants "atlantistes" de la politicaille bourgeoise, et une bourgeoisie "financière" derrière les courants plutôt "souverainistes", anti-américains de la même... Mais Lénine nous enseigne pourtant, dès 1916, que depuis la fin du 19e siècle (probablement les années 1860 du Second Empire en France) l'impérialisme, stade suprême du capitalisme, consiste justement en la fusion du capital industriel et du capital bancaire en un capital financier qui constitue les monopoles.

    Ne serait-il donc pas plus simple (et moins anti-léniniste) de considérer qu'il n'y a en France qu'un seul Grand Capital monopoliste, mais que :

    1°/ il y a des monopolistes dont la base d'accumulation est intimement liée à de bonnes et "loyales" relations avec l'impérialisme US, et qui sont "fondamentalement atlantistes" ; généralement dans le cadre d'un partenariat ouest-européen solide, mais parfois dans un grand euro-scepticisme (De Villiers) ;

    2°/ il y a des monopolistes dont la base d'accumulation est profondément en contradiction avec la superpuissance impérialiste US, et qui sont "fondamentalement atlantophobes" ; là encore, certains peuvent être pour une "Europe forte" face aux US (Chirac, Villepin), d'autres pour le "cavalier seul", "l'indépendance" et la "grandeur de la France" restaurées (Dupont-Aignan, et bien sûr le FN) ;

    3°/ ces courants sont eux-mêmes traversés par le clivage entre droite et "gauche" bourgeoise, c'est à dire (pour la faire courte) entre réactionnaires assumés (politique du bâton) et "modérés" voire "réformistes" (qui pensent qu'il faut user de la carotte vis-à-vis de la "vile multitude"). Ainsi divisé en quatre, l'"échiquier" politique bourgeois rejoint dans la superstructure, le "ciel des idées" si l'on peut dire, les "quatre traditions" issues de la révolution bourgeoise française : bonapartistes et orléanistes (droite) ; jacobins et girondins (gauche). Vous les aurez bien sûr reconnus : les "bonapartistes" sont les "gaullistes", partagés entre "Europe forte" et "cavalier seul", mais plutôt hostiles à l'hégémonie US ; les "orléanistes" sont les giscardo-balladuro-sarkozystes, plutôt atlantophiles et "reagano-thatchériens" ; les "jacobins" sont les "républicains" et "souverainistes" de gauche ; les girondins, les sociaux-libéraux européistes et non-hostiles à un Washington "bleu" (démocrate).

    4°/ MAIS, entre ces 4 "pôles", la grande majorité du Capital monopoliste n'est "fondamentalement" rien du tout, et "tend" majoritairement vers l'un ou l'autre "pôle" en fonction de la situation objective, nationale et mondiale du moment (besoin de carotte ou besoin de bâton ; besoin de contenir le géant US ou besoin de son alliance contre une autre menace...). Se décide, ainsi, de la majorité parlementaire, du gouvernement et de ses orientations...

    Le fascisme, lui, "mixe" un peu tout cela, pouvant dire tout et son contraire ; "jacobin" face aux aspirations libérationistes des peuples et "provincialiste" girondin devant la "France des mille terroirs" (contre la "gauche intello-mondialiste parisienne"), "gaulliste social" (bonapartiste) devant les travailleurs et "reagano-thatchérien" devant les patrons de PME : il n'est pas une idéologie cohérente, mais une forme de gouvernement (dictature terroriste ouverte en lieu et place de la "démocratie" libérale bourgeoise). Il survient quand la bourgeoisie estime majoritairement qu'elle n'a pas d'autre solution.

     

    Pour revenir à notre sujet, l'Amérique latine, quelle est la situation ? Comme dans tous les pays dominés, la situation est semi-coloniale semi-féodale - bien que toutefois, l'aspect semi-féodal ait beaucoup reculé ces 30 dernières années, au profit de l'agro-business.

     

    On peut dire que les pays dominés sont marqués par trois contradictions fondamentales : 

     

    -> la contradiction fondamentale du capitalisme : Capital/Travail, caractère social de la production contre appropriation privée (capitaliste) de la richesse produite (et propriété privée des moyens de production, à la base).

     

    -> la contradiction fondamentale de la féodalité, entre propriété utile du producteur sur ses moyens de production et sa production elle-même, et propriété éminente de l'autorité féodale : c'est l'oppression des grands propriétaires terriens sur les petits paysans (qui "louent", finalement, la terre) ; mais aussi la tendance des "caciques" et autres potentats locaux à "rançonner" les producteurs (paysans ou petits entrepreneurs), le clientélisme etc.

     

    -> enfin, il y a une contradiction spécifique : celle entre le caractère national de la production et la (sur-)appropriation impérialiste (étrangère) d'une grande partie de la richesse produite. 

     

    Il y a ainsi une classe dominante qu'on peut séparer en trois branches

     

    -> la bourgeoisie compradore, qui est l'intermédiaire privé des monopoles impérialistes,

     

    -> la bourgeoisie bureaucratique, c'est à dire les individus qui prospèrent au sein de l'appareil d'Etat, l'administration, l'Armée ; et sont dans un sens l'intermédiaire public de l'impérialisme,

     

    [En fait, histoire de dire à quel point - tout de même - la définition de cette notion de capitalisme/bourgeoisie bureaucratique est mouvante, nous pourrions citer expliquée ici la définition qu'en donnent les maoïstes d’Équateur (PCE - Comité de Reconstruction) : la bourgeoisie bureaucratique est en fait une sorte d'état social... transitoire par lequel (cités en exemple) "de hauts gradés militaires", "des hauts fonctionnaires" ou encore "des politiciens sociaux-démocrates" vont en quelque sorte "squatter" le "vieil État" pour, "une fois accumulé un capital considérable" de cette manière... devenir des bourgeois compradores, "comme déjà Lucio (Guttiérez, colonel chef de file de la destitution du président Mahuad en 2000, puis président à son tour de 2003 à 2005 et s'étant révélé à ce poste bien de droite et "néolibéral"...) avant eux". On voit donc bien qu'en dépit des références citées dans l’œuvre de Mao (sur la Chine du Kuomintang) ou du PCP des années 1970 (cf. ci-dessous), la définition reste relativement floue : on en dégage dans les grandes lignes l'idée d'une bourgeoisie liée ou partie prenante de l'appareil d’État qu'elle utilise pour s'enrichir, éventuellement en le modernisant lorsqu'il est trop archaïque et inadapté pour cela (ou trop au service... de la "vieille" oligarchie) ; comme l'on pourrait dire, et nous avons déjà eu l'occasion de le dire, que la "gauche" bourgeoise en Occident est souvent (bien que comptant des représentants de toutes les "sortes" de bourgeoisie) plutôt majoritairement liée à la bourgeoisie d’État ; là encore hauts fonctionnaires, énarques, cadres supérieurs et dirigeants d'entreprises publiques (semi-publiques aujourd'hui), etc. etc.

     

    La définition qu'en donne, quant à lui, le Parti communiste du Pérou dans sa Ligne Politique Générale définie à son 1er Congrès (1988), et qui devrait (en principe) faire autorité, est que : "1) C'est le capitalisme que l'impérialisme développe dans les pays arriérés et qui comprend les capitaux des grands propriétaires terriens, des grands banquiers et des magnats de la grande bourgeoisie. 2) Il exploite le prolétariat, la paysannerie et la petite bourgeoisie et limite la bourgeoisie moyenne. 3) Il passe par un processus qui fait que le capital bureaucratique se combine avec le pouvoir de l’État et devient capitalisme monopoliste étatique, compradore et féodal ; il en découle qu'en un premier moment il se développe comme grand capital monopoliste non étatique, et en un deuxième moment - quand il se combine avec le pouvoir d’État - il se développe comme capitalisme étatique" ; en d'autres termes, le capitalisme "moderne" et (en lien avec) la forme d’État bien spécifique qu'impulse l'impérialisme dans les pays dominés par lui, à un certain stade de "modernité" de cette domination (au 20e siècle).

     

    Un peu plus loin dans le même texte, il est cependant expliqué que : "Le Président Gonzalo analyse le processus du capitalisme bureaucratique au Pérou de 1895 jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, premier moment de son développement au cours duquel, dans les années 1920, la bourgeoisie compradore assume le contrôle de l’État, déplace les propriétaires terriens tout en respectant leurs intérêts. Le deuxième moment, de la Seconde Guerre mondiale à 1980, est celui de l'élargissement du capitalisme bureaucratique au cours duquel une branche de la grande bourgeoisie devient bourgeoisie bureaucratique ; ceci se produit en 1939, lors du premier gouvernement de Prado quand l’État commence à participer au processus de l'économie. Cette participation, qui ira en augmentant, est due au fait que la grande bourgeoisie est incapable - par manque de capitaux - de développer le capitalisme bureaucratique. C'est ainsi que les deux factions de la grande bourgeoisie, la bourgeoisie bureaucratique et la compradore, entrent en lutte. En 1968, la bourgeoisie bureaucratique prendra la direction de l’État à travers les forces armées et par le coup d’État du général Velasco provoquant une forte croissance de l'économie d’État. Ainsi par exemple, les entreprises de l’État passèrent de 18 à 180." => là, on rejoint l'idée d'une fraction bourgeoise-oligarchique (au sein du dit capitalisme bureaucratique) qui serait "intégrée" ou se confondrait (pratiquement) avec l'appareil d’État ; et n'hésitant en effet sans doute pas, tout comme les fractions bourgeoises étatistes-dirigistes dans les pays impérialistes, à se présenter comme "la gauche" ("la vision que le Président Gonzalo a du capitalisme bureaucratique est aussi très importante (...) en s'appuyant sur la différenciation qu'il a établi entre les deux factions de la grande bourgeoisie, la bureaucratique et la compradore, afin de ne se mettre à la remorque d'aucune des deux, problème qui mena notre Parti à une tactique erronée durant 30 années", un peu comme ici une lutte idéologique primordiale est de ne pas se mettre à la remorque de "la gauche")...

     

    (De manière plus synthétique, Gonzalo dans une interview au journal El Diario en 1988 : "Sur une base semi-féodale et sous la domination de l'impérialisme se développe une forme de capitalisme tardif, un capitalisme qui naît amarré à la féodalité et soumis à la domination impérialiste (...) le capitalisme bureaucratique se développe lié aux grands capitaux monopolistes qui contrôlent l'économie du pays ; capitaux formés, nous dit Mao, par ceux des grands propriétaires terriens, des grands bourgeois compradores et des grands banquiers, ainsi se forme le capitalisme bureaucratique (...) Ce capitalisme, arrivé à un moment déterminé de son évolution, se combine avec le Pouvoir d'État et utilise les moyens économiques de l'État comme levier ; de cette manière se forme une nouvelle fraction de la grande bourgeoisie, la bourgeoisie bureaucratique".)

     

    Ou alors, si l'on veut être beaucoup moins conventionnel, pour ne pas dire apocryphe, mais en même temps beaucoup plus compréhensible par rapport à ce que cela veut généralement dire :

    - Les compradores, ce sont les laquais de base, les purs commis de l'impérialisme dans un pays. Les Bongo au Gabon, voilà.

    - La bourgeoisie bureaucratique, ce sont plutôt des gens qui à la base sont des "révolutionnaires" nationalistes bourgeois ; mais dans un contexte où la domination impérialiste rend la révolution bourgeoise impossible. Typiquement, le Kuomintang en Chine : ça a été un parti révolutionnaire au départ. Ou encore, le kémalisme en Turquie. Mais cela peut aussi s'appliquer au Destour de Bourguiba en Tunisie, au FLN algérien, au MNR bolivien ou au PRI mexicain, au nassérisme ou au baathisme arabes, ou encore à des démarches modernisatrices comme celle des Pahlavi en Iran... comme à leurs successeurs de la "révolution islamique" ; bref, à une liste interminable de cas de figure.

    Sauf que comme, on l'a dit, une véritable révolution bourgeoise est impossible sous la domination de l'impérialisme, ces forces finissent tôt ou tard par retomber dans la dépendance et devenir eux aussi des intermédiaires de celui-ci ; sous cette forme, donc, "bureaucratique". En ce sens, il est effectivement possible de dire que quelque part le castrisme, à Cuba, est retombé dans la dépendance et devenu une bourgeoisie bureaucratique au service de l'URSS, etc.

    De fait, le caractère révolutionnaire bourgeois échoué (car impossible) de ces processus rejoint la nécessité impérialiste de modernisation de la production à son service (une certaine "arriération" étant, souvent, ce qui a provoqué le mécontentement...). Mais dans cette compréhension des choses, il faudrait donc alors établir une distinction entre lorsque ces régimes bureaucratiques sont "consolidés" comme nouveaux intermédiaires de l'impérialisme (fût-ce un impérialisme rival de celui dont ils se sont initialement libérés), et lorsqu'ils ne le sont pas encore ; en tout cas, lorsqu'ils sont encore dans la phase où ils jouent un rôle positif pour la condition des masses du pays, et assez souvent dans ces circonstances, peuvent être la cible de contre-attaques féroces de leur ancien maître et de ses alliés ; offensives impérialistes contre lesquelles ils doivent être fermement défendus.]

    -> enfin, la grande propriété terrienne : terratenientes, gamonales, latifundistes, hacenderos... Elle tend à évoluer vers l'agro-business ("salarisation" des paysan-ne-s exploité-e-s). 

     

    [Sur tous ces points, lire ici : http://etoilerouge.chez-alice.fr/perou/pcpdemocratique.html]

    Il est évident que ces trois branches ne vont pas sans frictions entre elles... Mais voilà : les MLM du continent sud-américain identifient complètement la "gauche", en tout cas le réformisme bourgeois, avec la bourgeoisie bureaucratique. La contradiction se résumerait à l'opposition de celle-ci aux compradores et aux propriétaires terriens.

    Il n'est bien sûr pas interdit, ni complètement idiot, de déceler des "colonnes vertébrales" de classe derrière les camps politiques bourgeois. Dans l’État "France", on sait bien que la "colonne vertébrale" idéologique et électorale de la "gauche" (PS et alliés) est la bourgeoisie d’État (les fameux "énarques" et autres hauts-fonctionnaires, les magistrats, ou encore les milieux universitaires, de la recherche etc.) entraînant derrière elle le salariat public (fonctionnaires et entreprises à capital étatique). C'est tout à fait normal : nonobstant un certain étatisme et dirigisme bonaparto-gaulliste, c'est historiquement la social-démocratie qui est favorable à un "État fort", "régulateur", représentant "l'intérêt général", dirigiste vis-à-vis de l'économie. Il est donc normal que la bourgeoisie d’État et le salariat public s'y retrouvent politiquement (ce qui ne les empêche pas d'avoir souvent des conceptions totalement réacs sur les autres questions !). En Amérique latine, il n'y a pas de raison qu'il en soit autrement, surtout que la culture jacobino-bonapartiste française y est très vive, en concurrence avec la culture politique anglo-saxonne. Si le réformisme bourgeois implique de nombreuses nationalisations "patriotiques", un État fort et dirigiste "contre la domination étrangère" ; si le leader, issu de l'Armée, entend bien sûr choyer celle-ci, il est logique que toutes ces forces bourgeoises bureaucratiques se retrouvent derrière ce réformisme.

    Mais les MLM sud-américains font complètement l'impasse sur ce qui fonde principalement le clivage droite/gauche dans une classe dominante. Ils font complètement l'impasse sur l'aspect purement politique, superstructurel des contradictions au sein de la bourgeoisie.

    Le clivage droite/gauche dans une classe dominante repose principalement sur deux choses :

    1°/ La bourgeoisie influence idéologiquement (ce n'est pas un scoop...) le prolétariat et les classes populaires (on peut même dire qu'elle les aliène totalement) ; mais l'inverse est également vrai. Pour Gramsci, la "muraille de classe" n'est pas infranchissable, par aucune idéologie. La bourgeoisie, la classe dominante, peut donc voir certains de ses éléments influencés par la pensée propre aux classes laborieuses, surtout si celle-ci est "arriérée", non-révolutionnaire (mais réformiste, ultra-démocratique). Évidemment, les gens de classe aisée adhérant totalement à l'idéologie révolutionnaire du prolétariat, et y consacrant leur vie (comme le Che), sont très rares. Mais, abstraction faite de l'avant-garde révolutionnaire (armée d'une théorie scientifique), les masses travailleuses sont spontanément réformistes. Cela, des bourgeois peuvent très bien l'accueillir et y adhérer.

    2°/ L'autre facteur, intimement lié au premier, c'est la question de comment la bourgeoisie essaye de préserver sa position. C'est la question de la carotte ou du bâton. Pour les partisans du bâton, quand se lève une contestation, il suffit de l'écraser, de la réprimer. Inconvénient : si l'on n'écrase pas la contestation "sur le coup", on décuple sa rage et sa force... D'autres sont donc partisans de "lâcher du lest" sur certaines revendications des exploité-e-s/opprimé-e-s, afin de faire taire la contestation tout en conservant confortablement leur position de classe. La base matérielle de ces deux camps ? C'est, tout simplement, la situation concrète (générale comme de chacun-e-s).  En réalité, les réformistes et les réactionnaires (ou carrément les fascistes, partisans de la dictature terroriste ouverte) "de conviction" sont, tous réunis, une minorité de la classe dominante (ceux qui "font de la politique", notamment). La grande masse des autres va se déterminer en fonction des circonstances : a-t-on (que ce soit individuellement ou en général) quelque chose (au moins !) à concéder, ou pas ? Là est notamment le distinguo entre période de "croissance" (d'accumulation) et période de crise. Et puis, lorsqu'il y a mouvement de masse, contestation, lutte de classe ouverte : quel est le rapport de force ? Peut-on écraser le mouvement "comme une mouche" ? Vaut-il mieux l'amadouer avec des réformes ? Ou alors, même les réformes ne serviraient à rien et il faut envisager la guerre civile ? [Le fascisme pourrait alors être qualifié de "guerre civile préventive", combinant savamment mobilisation populiste-réactionnaire, mesures sociales et répression féroce : il n'existe pas vraiment d'idéologie fasciste, le fascisme est avant tout une forme de gouvernement - définie par Dimitrov : dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier (ou de leurs "chiens de garde" dans les pays dominés)].

    En élargissant encore les choses, on peut dire que le capitalisme, même s'il devient toujours plus un frein au développement des forces productives, les développe quand même (exemple : pendant les "Trente glorieuses"). Ce développement des forces productives élève le niveau de la "conscience sociale", des conceptions et des aspirations des masses, de l'idée (en gros) qu'elles se font (spontanément) d'une "bonne" société. Pour maintenir sa position sociale et son mode de production, la bourgeoisie doit s'adapter. Elle doit mettre la superstructure (système juridique écrit et non-écrit des relations sociales, depuis la Constitution jusqu'aux "usages sociaux" non-écrits) en adéquation, au niveau de ces forces productives et de la conscience de masse engendrée.

    Dans un sens, donc, on peut dire aussi que la "gauche" bourgeoise, le réformisme ou "progressisme" bourgeois, ce sont les bourgeois "plus avancés" (pour une multitude de raisons matérielles individuelles) dans la compréhension de cette nécessité d'adapter l'organisation sociale. Les "réacs" sont ceux qui ne vont pas vouloir bousculer leurs habitudes et leur vision du monde ; ou alors, ceux qui pensent qu'en "donnant la main", on va "leur prendre le bras".

    Bien sûr, tout cela se déroule au milieu de grands mouvements de masse. Typiquement, comme l'a déjà expliqué SLP dans l'article "Sur le processus révolutionnaire", il y a deux sortes de "situation révolutionnaire" : 1°/ quand l'organisation sociale est archaïque par rapport au niveau des forces productives et à la "conscience collective" engendrée, ET 2°/ quand, après une période d'accumulation capitaliste et d'élévation constante du niveau de vie, la crise fait s'effondrer celui-ci. Parfois, évidemment, les deux facteurs se combinent (puisque l'accumulation capitaliste, précédant la crise, développe les forces productives et la conscience collective qui va avec). C'est ce qui s'est produit pour la "dernière vague" de "réformismes" en Amérique latine, durement touchée par la "crise asiatique" de 1997 (qui s'est propagée à tous les "pays émergents" comme le Brésil, l'Argentine, le Chili, le Mexique, et de là à tout le continent) : l'archaïsme de l'organisation sociale et l'effondrement du niveau de vie se sont combinés.

    À cela s'ajoute, dans les pays dominés, une "particularité" : c'est (on l'a dit) la contradiction entre caractère national de la production et caractère impérialiste de l'appropriation de la richesse produite ; et l'existence d’une bourgeoisie nationale. C'est à dire une bourgeoisie qui, tout en vivant de la force de travail du pays, ne sert pas d'intermédiaire à l'appropriation impérialiste de la richesse (ou le fait, mais avec dégoût, comme le prolétaire va offrir chaque jour sa force de travail au patron ; et souhaite mettre fin à cette situation). On y rattache les intellectuels à son service (et non au service des intermédiaires de l'impérialisme). Cette classe produit une idéologie que l'on pourrait qualifier de "révolutionnaire bourgeoise patriotique". Cette idéologie, pas plus qu'une autre, ne s'arrête aux "frontières" de classe : elle influence bien sûr (énormément) le prolétariat et la paysannerie pauvre, "semi-prolétaire" ; mais elle arrive aussi aux oreilles de la frange "moderniste" de l'oligarchie dominante. Celle-ci l'accueille d'autant mieux, que cette idéologie ne s'intéresse pas (ou peu) à la contradiction Capital/Travail, tout juste éventuellement à la question de la terre pour les paysans (si l'on prend la terre comme moyen de production, donc capital) ; et qu'elle-même a ses ‘petites’ frictions avec les impérialistes étrangers dont elle est l'intermédiaire. C'est, d'ailleurs, dans cette bourgeoisie nationale au sens large (intellectuels comme Correa ou Garcia Linera, paysans moyens comme Evo Morales, militaires de moyen rang comme Chavez) que le "gauche" dominante recrute les forces et les dirigeants politiques du "changement", chargés de mettre en œuvre les réformes modernisatrices. La "gauche" que nous observons en Amérique latine, depuis la toute fin du siècle dernier, est donc un "mariage" de ce "patriotisme progressiste" bourgeois-national, et des "modernistes" des trois branches de la classe dominante. Ceci n'est comparable à rien d'existant dans les pays impérialistes (ni la moyenne bourgeoisie, ni la petite, ni la "classe moyenne intellectuelle"), puisqu'il n'y existe pas de contradiction entre production nationale et appropriation impérialiste étrangère. 

    Tout ce qui précède éclaire, donc, ce qu'est la "gauche" en Amérique latine. 

    En réalité, plus que de bourgeoisie bureaucratique, ou "nationale" comme le proclameront des courants "maoïsants" tels que le PCR d'Argentine, l'émergence de ces "gauches" ou de ces "national-progressismes" est plutôt liée à l'émergence de nouvelles couches bourgeoises, qui peuvent être aussi bien bureaucratiques que nationales, compradores ou agraires, dans les différents cycles d'accumulation qu'a connu le continent. On peut distinguer 3 vagues :

    -> La vague des années 1930 à 50 [avant elle, il y a déjà eu des "révolutions libérales" en Équateur (1895-1912) et au Mexique (1910-29), la "révolution radicale" en Argentine (1890-1930) etc.]  est liée au grand développement capitaliste du continent dans la première moitié du 20e siècle, notamment en restant à l'écart des deux guerres mondiales (et en devenant le grenier et l'atelier de l'Europe durant celles-ci). Elle est incarnée par le justicialisme de Perón en Argentine (1946-1955), le gétulisme (Getulio Vargas) au Brésil qui domine toute la période de 1930 à 1955, le cardenisme au Mexique (1934-40) ou encore le MNR en Bolivie, qui s'appuiera sur un grand mouvement populaire pour arriver au pouvoir en 1952. On peut aussi citer l'APRA au Pérou (mais celle-ci n'arrivera jamais au pouvoir à cette époque). Toutes ces forces ont la caractéristique d'avoir des dirigeants plutôt grands bourgeois. Ce sont des idéologies populistes, nationalistes, souvent fascinées (au début en tout cas) par les régimes fascistes européens (souvent l'Italie, mais parfois aussi l'Allemagne nazie) - à l'exception notable du Mexique de Cardenas, résolument antifasciste et soutien de la République espagnole ; et absolument pétries de contradictions. Ces contradictions sont symbolisées de manière maximale par le suicide (en 1954) de Vargas, revenu au pouvoir en 1951 sur une ligne plus "social-démocrate". Dans les années 1930, son "État nouveau" était ouvertement inspiré du fascisme européen, avant de se retourner en 1942 et d'entrer en guerre aux côtés des Alliés. Perón, lui, sera renversé après 10 ans de pouvoir par la frange national-catholique conservatrice de l'oligarchie. Le MNR bolivien, après avoir trahi les aspirations populaires de la "Révolution" de 1952, sera renversé par un coup d'Etat  en 1964 (il reviendra aux affaires dans les années 1980-2003, mais comme emblème du "néo-libéralisme" ; c'est aujourd'hui le parti le plus détesté du pays).

    Dans un contexte de mouvement communiste fort (la révolution soviétique battant son plein), ces forces bourgeoises "modernistes" sont également profondément anticommunistes. Le contexte est également un contexte de mutation entre la traditionnelle (depuis le 19e siècle) domination britannique ("pénétrant" plutôt par la côte Atlantique : Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), et la nouvelle tutelle totale de l'impérialisme US ("pénétrant" plutôt par le Pacifique et la région Caraïbe). D'ailleurs, la seule véritable manifestation de la "guerre impérialiste mondiale de 30 ans" (1914-1945), sur le continent, fut la Guerre du Chaco entre Bolivie et Paraguay (1932-35), opposant en réalité monopoles pétroliers US (Bolivie) et britanniques (Paraguay). Les vétérans de cette guerre sont d'ailleurs à l'origine du MNR en Bolivie.

    Certes, on l'a dit, ces courants "populistes", "justicialistes" et autres "nationalistes révolutionnaires" affichaient des sympathies marquées pour l'Axe nazi-fasciste... Mais ces sympathies étaient aussi celles de tout un Capital monopoliste US, bien évidemment le plus anti-européen, le plus en concurrence avec les monopoles anglais et français (la droite isolationniste, anticommuniste et pro-nazie de Ford, Lindbergh, Hearst etc.). Bien sûr, une fois la mainmise américaine totalement installée, les "populistes" seront dégagés par des coups d’État militaires conservateurs. Dans cette situation complexe, les PC cèderont souvent au browderisme, c'est à dire à l'alliance avec l'impérialisme US "démocratique", "allié de l'URSS" et "vainqueur du nazi-fascisme", contre les "populistes". C'est la "grande catastrophe historique" du marxisme-léninisme latino-américain. La seule grande figure communiste de cette époque est Mariátegui (mais il est mort en 1930...).

    -> La deuxième vague est celle des caudillos militaires "de gauche" des années 1960-70 : les "figures de proue" sont ici essentiellement des hauts gradés de l'Armée. Ce sont les généraux Velasco Alvarado au Pérou (1968-75), contre lequel se construira le PCP maoïste de Gonzalo, Juan José Torres en Bolivie (1970-71, rapidement renversé par le fasciste Banzer), Omar Torrijos au Panama (1968-81) ou encore les "nassériens" d’Équateur sous la conduite de Guillermo Rodriguez Lara (1972-76). En "version civile", il y a évidemment Allende au Chili (1970-73) et le "retour" du couple Perón en Argentine (1973-76). Il y a bien sûr eu un certain développement capitaliste dans les années 1950-60 ; mais cette vague est surtout liée à la concurrence continentale entre l'impérialisme US et le social-impérialisme soviétique, appuyé sur Cuba. Elle est liée, soit à la volonté des Soviétiques d'imposer des dirigeants pro-Kremlin mais en même temps non-communistes et réformistes, antirévolutionnaires (afin que, sans mobilisation de masse, ceux-ci soient complètement à la botte de Moscou), soit, au contraire, à une volonté de "non-alignement", d'échapper à la "logique des blocs", chez une partie de la classe dominante locale (Argentine de Perón, Panama de Torrijos). Là encore, les PC alignés sur l'URSS sombrèrent complètement, soit dans l'appui aveugle au réformisme pour être ensuite laminés par la contre-offensive d'ultra-droite pro-US (Chili, Bolivie), soit dans l'opposition (à nouveau) au "populisme" allant jusqu'au soutien... au coup d’État (PC d'Argentine). De leur côté, les autres forces (pro-chinoises, trotskistes, "guévaristes" etc.) du mouvement révolutionnaire ne surent pas dépasser les limites de leur conception du monde, et subirent elles aussi durement les dictatures réactionnaires terroristes de la contre-offensive US (Plan Condor).

    -> Enfin, la troisième vague est directement issue du "néo-libéralisme", grande offensive mais aussi grande modernisation capitaliste, entraînant une profonde mutation des sociétés (très forte urbanisation de la population notamment, fort recul de la féodalité dans les campagnes - au profit de l'agro-capitalisme - etc.). A ce "néo-libéralisme" a succédé une grande crise économique à partir de 1997 ("crise asiatique"). C'est la vague des Chavez, Morales et Correa qu'on ne présente plus, ou, en version "modérée", "social-libérale", Lula au Brésil, les Kirchner en Argentine, le Frente Amplio en Uruguay, Fernando Lugo au Paraguay etc. "Bourgeois nationaux", ils arrivent au pouvoir après de grandes explosions sociales (Bolivie, Équateur, Argentine) ou des périodes de grande agitation (Brésil avec les Sans-terres, décennie suivant le Caracazo au Venezuela).

    À chaque fois (avec le bémol évoqué pour les années 70), l'analyse la plus probablement juste de la situation est l'émergence de couches nouvelles dans toutes les élites sociales (armée de métier, administration et secteur public, capitalisme comprador intermédiaire entre la richesse nationale et les monopoles impérialistes, capitalisme à base d'accumulation nationale, production agricole, milieux intellectuels) ; couches nouvelles aspirant à une "modernisation" ou un "changement", autrement dit à la mise à niveau de l'organisation sociale avec les forces productives. Mais bien sûr pas, en aucun cas, à une révolution (propriété des moyens de production par les travailleurs eux-mêmes, organisés sous la direction d'un Parti du prolétariat). Dans ce sens de mise à niveau de l'organisation sociale avec les forces productives, on peut parler de réformistes, si l'on s'enlève de l'esprit l'analogie entre un réformiste et un social-démocrate d'Europe du Nord...

    Il faut souligner, car c'est souvent oublié, que quand la droite réactionnaire mène sa contre-offensive (militaire ou "civile"), elle ne revient pas (ou peu) sur cette mise à niveau : elle "ramène l'ordre", écrase l'agitation "radicale" et/ou révolutionnaire, mais ne revient pas en arrière sur les "modernisations".

    Face à cela, on l'a dit, les forces communistes n'ont pas vraiment brillé par leur analyse concrète de la situation concrète, hormis le Parti communiste du Pérou (mais non sans erreurs gauchistes). La réalité, c'est que dans ces situations tout est une question de rapport de force, et surtout de force idéologique, c'est à dire de justesse de la conception du monde et de l'analyse concrète de la situation et de ses potentialités, base de l'hégémonie culturelle. D'un côté, il y a le prolétariat et ses (généralement multiples) organisations communistes. De l'autre, il y a la classe dominante, en l'occurrence divisée entre une droite conservatrice ou réactionnaire et une "gauche" modernisatrice. Au milieu, il y a toutes les forces intermédiaires (paysans, petits et moyens bourgeois nationaux, travailleurs intellectuels), potentiellement progressistes (celles qui ne sont pas aliénées politiquement par la classe dominante).

    À partir de là, SOIT les communistes (avec un Parti ayant une conception correcte du monde et de la situation) jouent des contradictions de la classe dominante (exprimées par l'existence de ces "réformistes-modernistes") et en profitent, pour se renforcer quantitativement et surtout qualitativement, et gagner les forces intermédiaires ; SOIT c'est la "gauche", les "modernistes-réformistes" de la classe dominante, qui gagnent les forces intermédiaires et jouent sur les contradictions des communistes, pour faire triompher parmi eux des conceptions gravement erronées qui les conduisent au fiasco. Cela n'a nul besoin d'un plan concerté et "pensé" de la classe dominante : c'est automatique si aucune organisation communiste n'analyse correctement la situation concrète. Alors, les unes se jetteront dans les bras des "modernistes", des "réformistes", et seront balayées par la contre-offensive réactionnaire (communistes chiliens en 1973) ou entraînées dans la dérive vers la droite des "réformistes" eux-mêmes (actuellement PC révisionnistes de Bolivie, Équateur etc.) ; les autres, faisant des "réformistes" l'ennemi principal, s'allieront de fait avec les forces réactionnaires "dures" (PC argentin contre Perón, MPD actuellement en Équateur ou "Bandera Roja" au Venezuela en 2002 - tous deux "albanais") ; ou encore s'isoleront dans le sectarisme et finalement l'inaction, sans aucune base de masse, etc. 

    Globalement, si l'on synthétise les attitudes vis-à-vis des régimes "de gauche" actuels :

    -> les "révisio-soviétiques" (liés à l'URSS jusqu'en 1991) soutiennent globalement les "processus de changement", "avec des critiques" mais bien maigres... Ils sont SUIVISTES vis-à-vis du mouvement de masse qui a engendré ces gouvernements (en poussant la classe dominante à mettre l'organisation sociale au niveau de la conscience de masse). Ils ne travaillent pas à le porter à un niveau supérieur, révolutionnaire (ni de nouvelle démocratie, ni "populaire anti-impérialiste" : rien du tout). Ils sont rejoints sur ce positionnement par les trotskistes de type "Alan Woods" (Tendance Marxiste Internationale) et "Secrétariat Unifié" (comme notre ex-LCR) ; les représentants brésiliens de ce dernier siégeaient même au gouvernement de Lula, au début.

    -> les "albanais" sont plutôt dans l'opposition frontale, quitte a faire quasi sciemment le jeu de la droite réactionnaire. Le cas le plus édifiant est "Bandera Roja" au Venezuela (exclue pour cela de l'Internationale "albanaise"), mais il y a eu aussi l'attitude du MPD/PCMLE lors du soulèvement policier (fomenté par la droite de Gutiérrez) contre Correa en Équateur. Ils sont plus ou moins rejoints sur cette position par les trotskistes de type moréniste (courant très fort sur le continent).

    -> les "vieux maos" (issus de l'anti-révisionnisme prochinois, scissions des PC révisionnistes à la fin des années 60) rejoignent, globalement, la position des "soviétiques"... Le PCR d'Argentine soutient "critiquement" Chavez et ses alliés de l'ALBA. En revanche, il est plutôt en pointe dans la dénonciation du "système K" (Kirchner). Tout un paradoxe que l'Argentine, car le Parti de la Libération, ex-PC-ML (sorte de "marxisme-léninisme-guévarisme", en lien avec le PTB etc.), soutient quant à lui le "système K" ; alors qu'il avait une position plutôt correcte sur le "retour de Perón" (1973-76), véritable "entracte" entre deux dictatures militaires sauvages ; tandis que le PCR avait lui une position complètement foireuse ! Certains vont en revanche beaucoup plus loin : le PC-mlm de Bolivie a des ministres au gouvernement du MAS, et maintient son soutien envers et contre toutes les mesures réactionnaires ; pire, il serait directement impliqué dans la récente arrestation/extradition de 4 militant-e-s maoïstes d'origine péruvienne. Si c'était avéré, on serait alors dans les tréfonds de la social-trahison...

    Les MLM du continent, globalement, n'ont jamais versé dans l'une ou l'autre de ces dérives extrêmes. Il faut le dire en toute honnêteté. On compte parmi eux l'UOCmlm, le PCE "Sol Rojo" (Équateur), le PC Populaire d'Argentine, et "dieu" sait combien SLP peut être en désaccord total avec ces organisations : sur le Népal (où le PCE-SR en vient à l'insulte et à la menace contre les "centristes" qui, au lieu d'enterrer le Parti maoïste, s'efforcent d'appuyer sa succession) ; sur les guérillas révisionnistes qui seraient "l'équivalent" de l’État fasciste en Colombie (comment une force mourante pourrait-elle, déjà pour commencer, être l'équivalent d'un fascisme d’État en pleine vigueur ?) ; etc. L'UOCmlm est même d'un atypisme théorique total : ils prônent pour la Colombie la révolution socialiste par la Grève Politique de Masse ! Néanmoins, leur pratique n'a jamais versé dans l'ignoble ou la naïveté totale, et il faut le souligner.

    Pour autant, ils ont adopté un "ni-ni" sectaire, dogmatique et finalement stérile qui les a conduit à s'isoler du mouvement réel. La caractérisation des "bolivarismes" comme "le fascisme latino-américain", qui serait opposé à une "droite compradore" (?), est complètement à côté de la plaque et impliquerait, logiquement, que ces régimes soient l'ennemi principal. En Bolivie, le FRP-MLM a au moins une caractérisation correcte : "réformisme du MAS" et "fascisme de la Media Luna" (région "basse" du pays, avec pour capitale Santa Cruz). C'est très important du point de vue (Dimitrov) de l'identification correcte du fascisme par les communistes et le prolétariat. Mais il lance un "ni-ni" à un moment (juillet 2008) où la guerre civile réactionnaire menaçait. Était-ce vraiment la meilleure position à adopter ? La meilleure ligne de masse ? N'aurait-il pas mieux valu, même si c'était "pour rien" (la guerre civile n'a finalement pas eu lieu), s'inspirer à ce moment-là de la ligne du PC d'Espagne en 1936 ? 

    Servir le Peuple a donné sa position sur la question : Retour sur la situation en Amérique du Sud
    Sans la prétention d'une analyse parfaite de la situation (la connaissant un peu, mais n'étant pas sur place), la ligne à suivre est posée de manière simple : être toujours DANS LE CAMP DU PEUPLE (le prolétariat, les paysans pauvres, les indigènes, tou-te-s les exploité-e-s et opprimé-e-s), toujours à ses côtés. Prêts à organiser des milices de résistance populaire contre un coup d’État réactionnaire à la Pinochet ; mais tout aussi prêt à riposter à la première mesure antipopulaire et social-traître des réformistes. De cette manière, élever qualitativement le "mouvement social" en mouvement populaire révolutionnaire autour du Parti et de son Front uni ; et être prêts à riposter aussi bien face à une contre-offensive réactionnaire (putschiste ou... par les urnes, ou encore une "révolution colorée") que face à un pourrissement et un dévoilement réactionnaire ouvert des réformistes. Ceci permettant peut-être, si le travail politique a été suffisant, de transformer cette riposte populaire en Guerre populaire, finissant par instaurer la Nouvelle démocratie.

    Il ne suffit pas de clamer "ni-ni, no votar !, Guerre populaire". La Guerre populaire doit d'abord être conçue, c'est à dire qu'il faut une idée très précise de son contenu, de sa stratégie guidant ses tactiques, dans les conditions concrètes du pays considéré. Ensuite, elle se construit par un lent et patient travail de masse, elle ne se proclame pas, ne s'incante pas, ne se "décrète" pas... 

    Pour conclure, il y a aussi des forces "inclassables" (dans une des précédentes catégories) : Parti communiste Sol Rojo de Bolivie (positions et analyses intéressantes, se réclamant du MLM et de Neptal Viris, un révolutionnaire des années 70) ; Jeunesse Marxiste Révolutionnaire de Cali (Colombie, maoïste) ; et récemment une "Fraccion Roja" (ML "maoïsante") qui s'est formée en Bolivie contre les "siamois du révisionnisme", le PC bolivien et le PC-"mlm", et contre le réformisme de plus en plus ouvertement social-traître du MAS...



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  • Par Indra Mohan Sigdel ‘Basanta’ (sur The Next Front)

    http://thenextfront.com/wp-content/uploads/2011/10/BASANTA1-150x150.jpgLe mouvement communiste international a traversé jusqu'à aujourd'hui 162 années depuis que le Manifeste Communiste a été publié en 1848. Un bilan détaillé de ces 162 ans d'histoire des Partis communistes à travers le monde suffirait à remplir quelques gros volumes... Il est très difficile de condenser un aussi vaste sujet en un article de deux ou trois pages. Nous nous centrerons donc principalement sur des questions comme : que signifie une lutte entre deux lignes dans un Parti communiste, où est comment a été son expression centrale dans l'histoire du mouvement communiste, pour une brève discussion dans cet article. Et, un effort sera fait pour dévoiler le contenu de l'actuelle lutte entre deux lignes dans notre Parti et expliquer en quoi elle n'est pas différente dans son contenu de toutes les luttes entre deux lignes menées dans le mouvement communiste international jusqu'à aujourd'hui.

    Une lutte entre deux lignes est une lutte politique et idéologique, qui se déroule entre une ligne marxiste et une ligne non-marxiste, c'est à dire bourgeoise, dans un Parti communiste. En d'autres mots, la lutte entre deux lignes est par essence une lutte entre deux voies, dans laquelle les uns s'efforcent de maintenir fermement le marxisme comme visant à aller vers l'établissement du communisme, et les autres définissent le marxisme comme accepter le besoin de réforme partielle dans le statu quo. La lutte de classe existe tant que les classes existent dans une société et elle se reflète dans la lutte idéologique au sein du Parti communiste. C'est la vie d'un Parti communiste. La base philosophique d'un Parti communiste est le marxisme. Et, comme le marxisme est une science en développement, le marxisme actuel est le marxisme-léninisme-maoïsme.

    Il y a un grand nombre de Partis communistes dans chaque pays, et chacun proclame d'être authentiquement marxiste. Dans notre pays aussi, un très grand nombre de Partis existent à ce jour. Il s'agit d'être bien clair sur le fait que tel ou tel soit marxiste ou pas, et sur quel sont ses critères pour être marxiste, nonobstant le fait de proclamer l'être. Le marxisme est une compréhension globale, et il a trois composantes. La première est la philosophie : c'est le matérialisme dialectique et historique. La seconde est le socialisme scientifique et la troisième est l'économie politique. La philosophie marxiste apporte une direction idéologique à la révolution prolétarienne. Le socialisme scientifique est le système politique de transition qui guide le processus entier de transformation du capitalisme en communisme. Enfin, l'économie politique marxiste commande d'établir un mode de production socialisé à la place du capitalisme, afin de faire de chaque travailleur le propriétaire de son travail. Ce sont les questions fondamentales du marxisme. Dévier d'un seul de ces aspects, c'est prendre la voie du réformisme. Pour un réformiste, il est facile d'attaquer sur la méthodologie, mais il n'est pas autant facile d'attaquer sur les principes. Cela ne veut pas dire que les représentants bourgeois n'attaquent pas la philosophie marxiste. Actuellement, les révisionnistes attaquent principalement sur la lutte violente, qui joue un rôle essentiel pour établir un système socialiste, et la dictature du prolétariat, qui est nécessaire pour le défendre et le développer.

    Lénine, dans l'Etat et la Révolution, écrit : "Il est souvent dit et écrit que le point principal dans la théorie de Marx est la lutte des classes. Mais c'est faux. Et cette fausse notion aboutit très souvent à une altération opportuniste du marxisme et à sa falsification dans un esprit acceptable pour la bourgeoisie. Quant à la théorie de la lutte des classes, elle n'a pas été créée par Marx, mais par la bourgeoisie avant Marx et, en général, elle est acceptable pour la bourgeoisie. Ceux qui reconnaissent seulement la lutte des classes ne sont pas encore des marxistes ; ils peuvent toujours se trouver dans les limites de la pensée  et  de la politique bourgeoise. Limiter le marxisme à la théorie  de la lutte des classes signifie tronquer le marxisme, le déformant, le réduisant à quelque chose acceptable pour la bourgeoisie. Seul est marxiste celui-qui prolonge l'identification de la lutte des classes à l'identification de la dictature du prolétariat. C'est ce qui constitue la distinction la plus profonde entre le marxiste et l'ordinaire petit (aussi bien que grand) bourgeois. C'est la pierre de touche sur laquelle la compréhension réelle et l'identification de marxisme doit être évaluée".

     

    La lutte entre deux lignes dans le mouvement communiste international s'est manifestée sous de différentes formes, mais en dernière analyse, elle est centrée sur la question de soit avancer sur la voie de la révolution ininterrompue sous la dictature du prolétariat, soit suivre le chemin de la réconciliation de classe.

    En dehors de l'attaque révisionniste contre la dictature du prolétariat, nous avons également des attaques vigoureuses contre deux autres composants du marxisme. Sur l'unité et la lutte des contraires, le marxisme enseigne que la lutte est absolue et l'unité relative. Les révisionnistes ont attaqué sur cette notion. Au temps de la Révolution culturelle, un intellectuel chinois, Yang Hsien Chen, a mis en avant une conception éclectique de "deux se combinent en un" en opposition à la conception dialectique de "un se divise en deux". Ceci se pose contre la conception matérialiste dialectique que l'unité entre deux contraires est relative et la lutte entre eux est absolue. Le Parti communiste de Chine dirigé par Mao s'opposa fermement à cela. Il affirma que c'était la voie vers la collaboration de classe en lieu et place de la lutte des classes et de la dictature du prolétariat. En réalité, le principe selon lequel la l'unité entre deux contraires est absolue et la lutte est relative était la racine idéologique derrière la contre-révolution en Chine.

     

    Lorsque nous regardons en arrière, nous voyons que cette lutte a eu lieu dans le mouvement communiste népalais aussi. Au Congrès d'Unité de 1992, Ruplal Viswakarma a défendu la thèse que l'unité est absolue et la lutte est relative. Là où cette conception l'a amené aujourd'hui, est clair pour tout le monde. Héritage de cela, la conception de notre leadership selon laquelle la libération du Népal et du peuple népalais réside dans la fusion du matérialisme et de l'idéalisme l'a maintenant conduit à désarmer l'Armée populaire en remettant les clés des containers d'armes à la Réaction. En plus de cela, le Premier ministre maoïste (Bhattarai NDLR) a maintenant ordonné à la police de restituer les terres aux grands propriétaires, en les reprenant aux sans-terres et aux paysans pauvres qui les ont occupées, avec l'aide de l'Armée populaire, quand la Guerre populaire avançait. Ce ne serait pas une surprise si notre leadership, qui déclare aujourd'hui "martyrs" ces gens qui sont tombés des deux côtés pendant la Guerre, déclare demain "criminels" ces camarades révolutionnaires et disciplinés à qui il ordonnait de mener des actions contre l'ennemi de classe hier... Une idée selon laquelle nous devons travailler amicalement avec la classe dominante indienne pour défendre la souveraineté nationale du Népal est en train de devenir dominante dans notre Parti. C'est de la capitulation nationale. Et tout cela est une expression de la collaboration de classe et sa base idéologique est l'éclectisme. La lutte entre deux lignes, qui se déroule dans notre Parti, est à son paroxysme aujourd'hui.

    L'usage de la force joue un rôle essentiel dans le transfert du pouvoir étatique d'une classe à une autre. C'est le premier point que Marx nous a enseigné sur comment prendre le pouvoir. Le second point est qu'un système de transition, qui existe pour une longue période entre capitalisme et communisme, est le socialisme et il s'exprime sous la forme de la dictature du prolétariat. Mais les révisionnistes à travers le monde ont toujours attaqué l'essence même du marxisme. Leur cible, de Kautsky à Bernstein et de Khrouchtchev à Deng Xiaoping, a été d'attaquer la théorie de la violence révolutionnaire et de la dictature du prolétariat, et les révisionnistes aujourd'hui font la même chose. Khrouchtchev a attaqué l'usage de la force au nom de la transition pacifique et la dictature du prolétariat au nom de l'Etat "du peuple entier". Durant le grand débat des années 70, Mao n'a pas seulement lutté idéologiquement contre le révisionnisme khrouchtcheviste, mais a aussi déclaré que la lutte des classes existe tout au long de la période du socialisme. Ceci est connu comme la théorie de la révolution ininterrompue.

    Tout comme les révisionnistes d'autres pays, les révisionnistes du Népal se sont aussi opposés au rôle essentiel de la violence pour faire la révolution, et à la dictature du prolétariat. Dans l'histoire du mouvement communiste au Népal, le révisionnisme a formellement son origine dans l'appel de Manmohan au Roi en 1957, dans lequel il dit qu'il propagera le socialisme pacifiquement. La lutte de classe révolutionnaire qui a commencé sous la forme de la Rébellion de Jhapa en 1972 a maintenant amené à une démocratie multipartite, après que le premier PCN (ML) ait adopté formellement le révisionnisme khrouchtchéviste, la ligne de transitions pacifique comme leur ligne. Le peuple népalais a été  témoin que la grande Guerre populaire, initiée en février 1996, a amené de grands changements dans la société népalaise. Mais le peuple népalais n'a pas aujourd'hui le pouvoir populaire que 10 ans de Guerre populaire avaient établi. Les gouvernements populaires locaux ont été dissous. Les armes qui avaient été acquises par le sacrifice de dizaines de milliers de vaillant-e-s fils et filles du peuple népalais ont été rangés dans des containers et leur clés ont maintenant été remises entre les mains des réactionnaires. L'Armée populaire construite soi-disant pour prévenir la contre-révolution et amener le peuple népalais au communisme est maintenant au seuil de la liquidation, au nom de l'"intégration" et de la "réhabilitation". Cela a amené le peuple népalais dans la situation dont Mao disait : "sans l'Armée le peuple n'a rien". Ce n'est pas qu'une question technique liée aux clés des containers, mais une question théorique. Cela montre comment le rôle de l'Armée populaire, mandataire du prolétariat pour prendre le pouvoir et poursuivre la révolution sous sa dictature, est nié. C'est du capitulationnisme de classe ouvert...

     

    La lutte entre deux lignes au sein du Parti Communiste Unifié du Népal (maoïste) est maintenant centrée sur la question de maintenir l'Armée populaire avec ses armes et de l'intégrer pour former une armée nationale, ou de la reconvertir en gardes forestiers en la désarmant ; lutter pour établir la Nouvelle démocratie et le socialisme à travers la République populaire fédérale et lutter pour l'indépendance nationale ou s'agenouiller devant l'expansionnisme indien. Notre direction a capitulé devant l'ennemi en désarmant l'Armée populaire, et a violé le document de la réunion du Comité central à Paris Height (2009). Dans ce document il est dit : "l'intégration de l'Armée et l'agenda de réhabilitation doivent être menés simultanément. Nous devons rester d'une totale vigilance contre les menées réactionnaires pour affaiblir et désarmer notre Parti, en intégrant et réhabilitant l'Armée populaire avant que la Constitution ne soit écrite". Sous cet éclairage, bien que différent dans la forme, le contenu de la lutte entre deux lignes qui se déroule dans notre Parti en ce moment n'est pas différent de celui de la lutte entre marxisme et révisionnisme qui a eu lieu dans la mouvement communiste international par le passé.

    Le programme économique des révolutionnaires communistes est de mettre fin à la propriété privée des moyens de production, et établir à sa place des rapports de productions socialisés. Cela résout la contradiction entre Capital et Travail qui existe dans la société capitaliste. Cependant, les agents bourgeois, qui pénètrent dans un Parti communiste, attaquent le mode de production socialiste et insistent sur le développement des forces productives. Le 8e Congrès du Parti communiste de Chine avait mis l'accent sur la nécessité de développer les forces productives, en disant que la contradiction entre les nécessités matérielles croissantes des masses populaires et le retard des forces productives était la contradiction principale en Chine. Les mots de Deng Xiaoping, "peu importe qu'un chat soit noir ou blanc pourvu qu'il attrape des souris", dévoilent que l'objectif était le développement du capitalisme. Au temps de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne, les révolutionnaires de Chine ont au contraire adopté pour politique de donner la priorité aux rapports de production socialisés, se basant sur le slogan : "Faire la révolution, promouvoir la production".

    Sous la direction du prolétariat, le peuple népalais a participé à de grands mouvements de masse et à la grande Guerre populaire de 10 ans entre 1996 et 2006, en donnant un exemple éclatant de sacrifice. Dans ce processus, la monarchie féodale centralisée, qui a dirigé le Népal durant 240 ans, a pris fin. Certains leaders de notre Parti, qui considèrent cela comme l'accomplissement de la révolution politique, ont parlé d'aller à partir de là vers la transformation économique [NDLR : très proche de l'analyse de SLP]. Ceci est totalement erroné. Même si la monarchie a été abolie, le Népal est toujours un pays semi-féodal et semi-colonial. La "révolution" économique, que l'on dit pouvoir mener sur ce type de base socio-économique, ne saurait être que la croissance du capitalisme comprador et bureaucratique, pas du capitalisme national. Ce genre de développement économique ne peut rien faire d'autre qu'engraisser une poignée de bourgeois compradores et appauvrir le pays et le peuple tout entier. Par conséquent, la lutte entre deux lignes en cours dans notre Parti est centrée sur la lutte pour établir une République populaire fédérale afin de paver la voie au développement du capital national et ainsi créer bâtir les fondations de l'économie socialiste, ou, au contraire, introduire dans le jeu le capital financier des pays impérialistes, dans le statu quo, et ce faisant engraisser la bourgeoisie compradore.

    L'analyse qui précède clarifie que la lutte entre deux lignes se poursuit continuellement dans un Parti communiste, sur les contenus de la philosophie marxiste, du socialisme scientifique et de l'économie politique. Ceci vaut également pour notre Parti. Dans l'objectif de renforcer la base économique socialiste, le pouvoir prolétarien poursuit la révolution sous la dictature du prolétariat, sur la base du marxisme, et ce processus pave la voie vers le communisme. Les révisionnistes attaquent parfois le contenu de la philosophie marxiste, parfois sur la dictature du prolétariat et parfois sur l'essence de l'économie socialiste. La lutte entre deux lignes en cours dans notre Parti n'est pas éloignée de cela. Afin de vaincre le révisionnisme de droite et unir le Parti sur la base idéologique du marxisme-léninisme-maoïsme, un révolutionnaire maoïste doit défendre le matérialisme historique et dialectique, la révolution ininterrompue sous la dictature du prolétariat et l'économie socialiste. C'est la tâche historique de tout révolutionnaire au Népal d'accomplir la révolution de nouvelle démocratie et paver la voie vers le socialisme.

    25 septembre 2011

     

    Citation : "prétendre refaire l'histoire en inventant une lutte de lignes au Népal n'a pas de sens".

     

    CQFD... No comment.

     

    On pourrait répéter pour la 101e fois que le "centrisme" N'EXISTE PAS, que le "centrisme" ne pourrait être que "libéralisme", "compréhension" et conciliation envers les thèses et les agissements du bloc Prachanda-Bhattarai et que cela n'existe nulle part ; que l'affirmation de l'existence d'une lutte de lignes et d'une ligne "rouge", révolutionnaire (même "limitée" dans ses conceptions), comme on en a la preuve sous les yeux, n'est en rien du centrisme... mais le problème, c'est que cela ne peut pas être dit plus clairement que ça l'a déjà été. Le problème, c'est que les ultra-gauchistes ne veulent rien entendre, car leur but (éternel, historique) n'est pas de sauver la révolution au Népal, mais de la SABOTER et de saboter (d'ailleurs) toute la nouvelle vague révolutionnaire mondiale. D’ailleurs, ces gens ignorent leur propre (prétendue) idéologie : Mao a toujours dit qu’il fallait gagner le centre, les forces intermédiaires, pour isoler la droite ; et non qu’il fallait "écraser le centre"… 

     

    Il n'est donc plus la peine de discuter. Tout ce qu'il y a à faire, c'est de distinguer éventuellement les gauchistes sincères (comme peut-être l'UOC-mlm) du reste, et de dénoncer les autres pour ce qu'ils sont (des néo-bourgeois en puissance, préférant la posture "intransigeante" à la posture conciliatrice et "vibrant" dans leur radicalisme affiché), afin que les masses s'en souviennent et ne tombent pas dans le panneau de leur ultra-radicalisme de façade. Pour cela, il y a les colonnes de Servir le Peuple...

     


    votre commentaire

  • Il n'est jamais de trop de la rappeler. C'est une autre ligne de démarcation absolue (comme la GRCP, etc.) entre les maoïstes et les ‘‘pseudos’’ (sans même parler des hoxhistes et autres ‘‘révisionnistes orthodoxes’’ de tout poil). Qui ne reconnaît pas cette critique, ce dépassement par la gauche du "stalinisme" (marxisme-léninisme appliqué par le PCbUS et le Komintern puis le Kominform de 1922 à 1953) qu’a été le maoïsme, non seulement en paroles mais en pratique, n'est pas réellement maoïste.

    Il s'agit d'un article des rédactions du Renmin Ribao et du Hongqi, « Sur la question de Staline - À propos de la lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S. (II) » (13 septembre 1963), compilé dans Débat sur la ligne générale du mouvement communiste international (1963-1964), Beijing, Éditions en langues étrangères, 1965, p. 123-148.

    Ce texte est réputé avoir été écrit par Mao lui-même, ou tout au moins sous sa supervision.

    mao-zedong-1.jpg« Le PCC a toujours estimé qu'il faut faire une analyse complète, objective et scientifique des mérites et des erreurs de Staline, en recourant à la méthode du matérialisme historique et en représentant l'histoire telle qu'elle est, et non pas répudier Staline de façon totale, subjective et grossière, en recourant à la méthode de l'idéalisme historique, en déformant et en altérant à plaisir l'histoire.

    « Le PCC a toujours considéré que Staline a commis un certain nombre d'erreurs qui ont une source soit idéologique soit sociale et historique. La critique des erreurs de Staline, celles qui effectivement furent commises par lui et non pas celles qu'on lui attribue sans aucun fondement, est chose nécessaire lorsqu'elle est faite à partir d'une position et par des méthodes correctes. Mais nous avons toujours été contre la critique de Staline lorsqu'elle est faite d'une façon incorrecte, c'est-à-dire à partir d'une position et par des méthodes erronées. » (...)

    « Il est vrai que tout en accomplissant des exploits méritoires en faveur du peuple soviétique et du mouvement communiste international, le grand marxiste-léniniste et révolutionnaire prolétarien que fut Staline commit aussi des erreurs. Des erreurs de Staline, certaines sont des erreurs de principe, d'autres furent commises dans le travail pratique ; certaines auraient pu être évitées tandis que d'autres étaient difficilement évitables en l'absence de tout précédent dans la dictature du prolétariat auquel on pût se référer.

    « Dans certains problèmes, la méthode de pensée de Staline s'écarta du matérialisme dialectique pour tomber dans la métaphysique et le subjectivisme, et, de ce fait, il lui arriva parfois de s'écarter de la réalité et de se détacher des masses. Dans les luttes menées au sein du Parti comme en dehors, il confondit, à certains moments et dans certains problèmes, les deux catégories de contradictions de nature différente - contradictions entre l'ennemi et nous, et contradictions au sein du peuple - de même que les méthodes différentes pour la solution de ces deux catégories de contradictions. Le travail de liquidation de la contre-révolution, entrepris sous sa direction, permit de châtier à juste titre nombre d'éléments contre-révolutionnaires qui devaient l'être ; cependant, des gens honnêtes furent aussi injustement condamnés, et ainsi il commit l'erreur d'élargir le cadre de la répression en 1937 et 1938. Dans les organisations du Parti et les organismes de l'État, Staline ne fit pas une application pleine et entière du centralisme démocratique du prolétariat ou y contrevint partiellement. Dans les rapports entre partis frères et entre pays frères, il commit aussi des erreurs. Par ailleurs, il formula, au sein du mouvement communiste international, certains conseils erronés. Toutes ces erreurs ont causé des dommages à l'Union soviétique et au mouvement communiste international. »

    Mais il y a encore plus "hardcore", car écrit justement "à chaud" dans la foulée du XXe Congrès avec tout ce que les communistes chinois avaient "sur le cœur", AVANT que la réalité des intentions de Khrouchtchev ne soit démasquée et que la lutte contre cette liquidation du marxisme-léninisme le plus élémentaire ne devienne PRIORITAIRE : il y a les deux grands "classiques" du maoïsme que sont À propos de l'expérience historique de la dictature du prolétariat (avril 1956) et, 20 mois plus tard (décembre 1957), Encore une fois sur l'expérience historique de la dictature du prolétariat.

    Deux textes qui, cela va de soi, sont honteusement occultés par tous ceux qui font du maoïsme le prétexte à un pignolage malsain (presque sadico-anal) sur la figure du "Petit Père des Peuples" : d'aucuns diront que le PCC et Mao à sa tête ont "cédé aux sirènes" révisionnistes avant de se "ressaisir" ("Le 20e congrès du PCUS, en 1956, prit le PCC par surprise, et au départ les positions du PCC furent en défense de Staline mais avec une certaine équivoque" - lesmaterialistes.com)  ; d'autres (Hoxha en tête) que c'est bien la preuve du "révisionnisme" de Mao, etc. etc.

    Voici quelques extraits (accrochez-vous, ça n'y va pas avec le dos de la cuillère) :

    [ATTENTION toutefois avec ces textes de 1956-57, qui restent en partie sous l'influence du XXe Congrès dont les communistes chinois n'avaient peut-être pas encore à ce moment-là pris toute la mesure de l'entreprise contre-révolutionnaire, et qui tendent peut-être, si l'on lit par exemple Grover Furr, à attribuer à la personne de Staline des dérives criminelles qui pourraient en réalité surtout avoir été le fait de "factieux"... futurs "déstalinisateurs", à commencer par Khrouchtchev lui-même ! Les positions qui vont suivre pourraient ainsi, en cela, presque faire penser à Babeuf lorsque celui-ci défonçait Robespierre (Du système de dépopulation etc.) sous l'influence de Fouché (qui peut pratiquement être considéré comme le Khrouchtchev français de Thermidor...) ; avant de se raviser comme chacun-e le sait, et comme se raviseront rapidement eux aussi Mao et ses camarades vis-à-vis du khrouchtchévisme. Ces textes gardent néanmoins dans tous les cas le mérite de montrer que les communistes chinois n'avaient pas et n'ont jamais eu pour ligne une défense, un "justifie-tout" inconditionnel de "ce qu'il s'est passé en URSS" sous la direction de Staline, quelle qu'ait été l'ampleur du rôle réel de celui-ci dans cela.]

    Aux dirigeants des Partis communistes et des États socialistes incombe la responsabilité de réduire au minimum le nombre de leurs erreurs, d'empêcher autant que possible certaines erreurs graves de se produire, de veiller à tirer les enseignements des erreurs isolées, partielles et passagères et de faire tous leurs efforts pour que celles-ci ne dégénèrent pas en erreurs d'envergure nationale ou de longue durée.

    Pour cela, tout dirigeant doit être extrêmement modeste et prudent, être en liaison étroite avec les masses, les consulter en toutes matières, procéder à des enquêtes et à des examens réitérés sur la situation réelle et se livrer constamment à la critique et à l'autocritique conformément aux circonstances et dans la mesure qui convient.

    C'est précisément parce que Staline n'a pas agi ainsi qu'il a commis dans la dernière période de sa vie certaines erreurs graves dans son travail, en tant que principal dirigeant du Parti et de l’État. Il devint infatué de lui-même, manqua de circonspection, et l'on vit apparaître dans son esprit le subjectivisme et la tendance à se contenter de vues partielles. Il prit des décisions erronées sur certaines questions importantes, ce qui aboutit à des conséquences très fâcheuses. (...)

    Après la mort de Lénine, Staline, en tant que dirigeant principal du Parti et de l’État, a appliqué et développé de façon créatrice le marxisme-léninisme. Dans la lutte pour la défense de l'héritage du léninisme contre ses ennemis – les trotskistes, les zinoviévistes et autres agents de la bourgeoisie – Staline a traduit la volonté du peuple et s'est avéré un combattant éminent du marxisme-léninisme.

    300px-Bundesarchiv Bild 183-R77767, Berlin, Rotarmisten UntSi Staline a gagné le soutien du peuple soviétique et a joué un important rôle historique, c'est avant tout parce qu'il a défendu, avec les autres dirigeants du Parti communiste de l'Union Soviétique, la ligne de Lénine relative à l'industrialisation du pays des soviets et à la collectivisation de l'agriculture. Le Parti communiste de l'Union Soviétique, en mettant à exécution cette ligne, a fait triompher le socialisme dans son pays et a créé les conditions pour la victoire de l'Union Soviétique dans la guerre contre Hitler. Toutes ces victoires remportées par le peuple soviétique sont en harmonie avec les intérêts de la classe ouvrière du monde entier et de toute l'humanité progressiste, c'est pourquoi le nom de Staline jouissait, tout naturellement, d'une immense gloire dans le monde.

    Cependant, quand Staline eut acquis un grand prestige auprès du peuple, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Union Soviétique, en appliquant correctement la ligne léniniste, il eut le tort d'exagérer son propre rôle et opposa son autorité personnelle à la direction collective. Il s'ensuivit que certaines de ses actions sont allées à rencontre des conceptions fondamentales du marxisme-léninisme qu'il avait lui-même propagées. D'un côté, il reconnaissait que les masses populaires sont les créateurs de l'histoire, que le Parti doit rester constamment en liaison étroite avec les masses, développer la démocratie en son sein ainsi que l'autocritique et la critique venant de bas en haut ; mais d'un autre côté, il acceptait et encourageait le culte de la personnalité et prenait des décisions personnelles arbitraires. Ainsi est apparue chez Staline dans la dernière période de sa vie un divorce entre la théorie et la pratique sur cette question.

    Le marxisme-léninisme reconnaît que les personnalités dirigeantes jouent un grand rôle dans l'histoire. Le peuple et son Parti ont besoin de personnalités d'avant-garde capables de représenter les intérêts et la volonté du peuple, de se placer au premier rang de sa lutte historique et de le guider. Nier le rôle de l'individu, le rôle des hommes d'avant-garde et des guides serait totalement erroné.

    Mais tout dirigeant du Parti ou de l’État, du moment qu'il se place au-dessus du Parti et des masses au lieu de rester au milieu d'eux, qu'il se sépare des masses, cesse d'avoir une vue complète et pénétrante des affaires de l’État.

    Dans de telles conditions, même un homme aussi éminent que Staline est amené inévitablement à prendre sur des questions importantes des décisions erronées et non conformes à la réalité. Staline, ayant omis de tirer les leçons de fautes isolées, partielles, passagères concernant certains problèmes, n'a pu éviter qu'elles deviennent de graves erreurs affectant toute la nation et pour une longue période. Durant la dernière partie de sa vie, de plus en plus Staline s'est complu à ce culte de la personnalité ; il a enfreint les principes du centralisme démocratique du Parti et celui de combiner la direction collective avec la responsabilité individuelle.

    Cela l'a conduit à commettre quelques erreurs graves telles que celles-ci : il a donné trop d'ampleur au problème de la répression des contre-révolutionnaires ; il n'a pas fait preuve de la vigilance nécessaire à la veille de la guerre antifasciste ; il n'a pas accordé toute l'attention voulue à un plus large développement de l'agriculture et au bien-être matériel des paysans ; il a donné certains conseils erronés concernant le mouvement communiste international et, en particulier, il a pris une décision erronée sur la question de la Yougoslavie.

    À propos de toutes ces questions, Staline s'est montré subjectif, a eu des vues partielles et s'est séparé de la réalité objective et des masses. [À propos de l'expérience historique de la DDP]

    Et dans l'opus suivant : 

    stalineStaline a eu de grands mérites quant aux progrès réalisés en Union Soviétique et quant au développement du mouvement communiste international. Dans l'article intitulé À propos de l'expérience historique de la dictature du prolétariat, nous écrivions : "Après la mort de Lénine, Staline, en tant que dirigeant principal du Parti et de l’État, a appliqué et développé de façon créatrice le marxisme-léninisme. (...)

    Si Staline a gagné le soutien du peuple soviétique et a joué un important rôle historique, c'est avant tout parce qu'il a défendu, avec les autres dirigeants du Parti communiste de l'Union Soviétique, la ligne de Lénine relative à l'industrialisation du pays des Soviets et à la collectivisation de l'agriculture. Le Parti communiste de l'Union Soviétique, en mettant à exécution cette ligne, a fait triompher le socialisme dans son pays et a créé les conditions pour la victoire de l'Union Soviétique dans la guerre contre Hitler. Toutes ces victoires remportées par le peuple soviétique sont en harmonie avec les intérêts de la classe ouvrière du monde entier et de toute l'humanité progressiste, c'est pourquoi le nom de Staline jouissait tout naturellement d'une immense gloire dans le monde."

    Mais Staline a commis un certain nombre de graves erreurs tant dans la politique intérieure que dans la politique extérieure de l'Union Soviétique.

    Ses méthodes de travail, faussées par l'arbitraire, ont jusqu'à un certain point porté atteinte au principe du centralisme démocratique dans la vie du Parti et dans le régime étatique de l'Union Soviétique, et partiellement enfreint la légalité socialiste.

    Étant donné que dans maints domaines, Staline s'était singulièrement détaché des masses et prenait de sa propre autorité des décisions sur de nombreuses questions politiques importantes, il devait inévitablement commettre de graves erreurs. Ces erreurs se sont surtout manifestées en ce qui concerne la liquidation de la contre-révolution et les rapports avec certains pays. Pour ce qui est de la liquidation de la contre-révolution, Staline a châtié de nombreux contre-révolutionnaires qu'il fallait châtier et il s'est acquitté pour l'essentiel des tâches qui se posaient sur ce front ; mais par ailleurs, il a accusé gratuitement de nombreux communistes loyaux et de bons citoyens, ce qui a amené de graves préjudices.

    Pour ce qui est des rapports avec les pays frères et les Partis frères, Staline est resté dans l'ensemble sur les positions de l'internationalisme ; il a aidé dans leur lutte les peuples des différents pays et contribué au développement du camp socialiste. Mais en réglant certains problèmes concrets, il a manifesté une tendance au chauvinisme de grande nation et il n'a pas eu assez le sens de l'égalité ; il pouvait d'autant moins être question qu'il éduquât la grande masse des cadres dans un esprit de modestie ; parfois même il intervenait indûment dans les affaires intérieures de certains pays frères et de certains Partis frères, ce qui a eu maintes conséquences graves.

    Comment expliquer les graves erreurs commises par Staline ?  Quel rapport y a-t-il entre ces erreurs et le système socialiste de l'Union Soviétique ?

    La science de la dialectique marxiste-léniniste nous enseigne que toute forme de rapports de production et la superstructure, apparue sur la base de ces rapports de production, naissent, se développent et disparaissent.

    Quand les forces productives ont atteint un certain stade de développement, les anciens rapports de production cessent de correspondre pour l'essentiel à l'état de ces forces ; quand la base économique a atteint un certain stade de développement, l'ancienne superstructure cesse pour l'essentiel de correspondre à cette base ; alors des changements de nature fondamentale interviennent inévitablement, et qui cherche à s'opposer à ces changements est balayé par l'Histoire.

    Cette loi s'applique, sous des formes différentes, à toutes les sociétés. Elle est donc valable également pour la société socialiste actuelle et pour la société communiste de demain.

    Les erreurs de Staline étaient-elles dues au fait qu'en Union Soviétique les systèmes économique et politique socialistes étaient périmés, qu'ils avaient cessé de correspondre aux exigences du développement de l'U.R.S.S ?

    Évidemment, non. La société socialiste de l'Union Soviétique est encore jeune, elle a moins de quarante ans d'existence. L'essor rapide de l'économie soviétique montre que le système économique de l'Union Soviétique correspond pour l'essentiel au développement des forces productives et que le système politique de l'Union Soviétique correspond également pour l'essentiel aux exigences de la base économique. Les erreurs de Staline ne découlent nullement du système socialiste ; pour rectifier ces erreurs, il n'est certes pas besoin de « rectifier »  le système socialiste.

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    La bourgeoisie occidentale tente d'utiliser les erreurs de Staline pour prouver les « erreurs » du système socialiste. Cela est dénué de tout fondement. Il en est également qui essayent d'expliquer les erreurs de Staline par le fait que dans les pays socialistes l’État gère l'économie, et qui estiment que si le gouvernement dirige l'activité économique, il devient inévitablement un « appareil bureaucratique » faisant obstacle au développement des forces du socialisme.

    Cela n'est pas plus convaincant. Nul ne peut nier que l'immense essor économique de l'U.R.S.S résulte précisément du fait que l’État des travailleurs assure la direction planifiée de l'activité économique, alors que les principales erreurs de Staline ont très peu de rapport avec les défauts du fonctionnement de l'appareil d’État dans la direction des affaires économiques.

    Mais même lorsque le système fondamental répond aux besoins, il existe certaines contradictions entre les rapports de production et les forces productives, entre la superstructure et la base économique. Ces contradictions se traduisent par des défauts dans certains chaînons des systèmes économique et politique. S'il n'est pas besoin pour résoudre ces contradictions de recourir à des transformations radicales, il n'en est pas moins nécessaire de procéder à des réajustements en temps utile.

    Peut-on garantir que des erreurs ne se produiront pas s'il y a un système fondamental correspondant aux besoins, et si les contradictions de caractère courant existant dans ce système sont réglées (en termes dialectiques, ce sont des contradictions qui se trouvent au stade des « modifications quantitatives ») ?

    La question n'est pas si simple. Le système a une importance déterminante, mais n'est pas quelque chose de tout-puissant en soi. Aussi bon que soit un système, il ne garantit pas contre les graves erreurs qui peuvent être commises dans le travail.

    Quand un système juste a été établi, l'essentiel est de savoir l'appliquer correctement, d'avoir une ligne politique juste, d'adopter des méthodes et un style de travail justes. Sans quoi, même avec un système juste, on peut commettre de graves erreurs, et même on peut se servir d'un bon appareil d’État pour faire du mauvais travail.

    Il faut régler ces questions par l'accumulation de l'expérience et la vérification dans la pratique ; il est impossible de les régler du jour au lendemain. De plus, la situation change sans cesse ; au moment où l'on résout de vieilles questions, il en surgit de nouvelles, et il ne peut y avoir de solution valable une fois pour toutes.

    Rien d'étonnant dès lors si, dans les pays socialistes où une base solide a pourtant été créée, certains maillons des rapports de production et de la superstructure accusent encore des défauts, si l'on constate encore des déviations d'une espèce ou d'une autre dans les lignes politiques, dans les méthodes et dans le style de travail du Parti et de l’État.

    Dans les pays socialistes, la tâche du Parti et de l’État consiste, en s'appuyant sur les masses et la collectivité, à réajuster en temps utile les différents maillons des systèmes économique et politique, à déceler et à corriger à temps les erreurs dans le travail. Il va sans dire que les vues subjectives des dirigeants du Parti et de l’État ne peuvent jamais être à cent pour cent conformes à la réalité objective.

    Aussi certaines erreurs de caractère isolé, partiel et passager dans leur travail seront elles inévitables. Quant aux erreurs sérieuses, de longue durée et de portée nationale, elles peuvent être prévenues à condition que l'on s'en tienne rigoureusement à la science du matérialisme dialectique marxiste-léniniste et qu'on la développe énergiquement ; à condition que l'on observe sans défaillance les principes du centralisme démocratique dans le Parti et dans l’État, et que l'on s'appuie vraiment sur les masses.

    Stalin1Certaines erreurs commises par Staline durant la dernière période de sa vie ont dégénéré en erreurs graves, de longue durée et de portée nationale, et n'ont pu être rectifiées en temps utile parce que, dans une certaine mesure et jusqu'à un certain point, il s'était isolé des masses et de la collectivité ; parce qu'il avait dérogé aux principes du centralisme démocratique du Parti et de l’État.

    Une certaine dérogation aux principes du centralisme démocratique dans le Parti et dans l’État s'explique par des conditions historiques et sociales : en matière de direction de l’État, le Parti manquait encore d'expérience ; le nouveau régime n'était pas encore suffisamment consolidé pour résister à toutes les influences des temps anciens (le processus du renforcement d'un nouveau régime et de la disparition des influences anciennes n'est pas rectiligne, souvent aux tournants de l'histoire, il prend la forme de mouvements ondulatoires et d'oscillations) ; la tension de la lutte à l'intérieur et à l'extérieur du pays a eu pour effet de limiter le développement de certains aspects de la démocratie, etc.

    Néanmoins, à elles seules, ces conditions objectives ne suffisent pas pour que la possibilité de commettre des erreurs devienne une réalité. Dans des conditions beaucoup plus complexes et difficiles que celles où Staline s'est  trouvé, Lénine n'a pas commis d'erreurs analogues à celles de Staline. Ici, le facteur décisif est l'état de l'esprit de l'homme. Pendant la dernière période de sa vie, des victoires en séries et les panégyriques dont il a été l'objet ont tourné la tête à Staline. Dans sa façon de penser, il s'est écarté partiellement mais gravement du matérialisme dialectique pour tomber dans le subjectivisme.

    Il commença à avoir une foi aveugle en sa propre sagesse et en sa propre autorité ; il se refusait à se livrer à des recherches et à l'étude sérieuse à l'égard de situations complexes, ou à prêter une oreille attentive à l'opinion de ses camarades comme à la voix des masses.

    En conséquence, certaines thèses et mesures politiques adoptées par lui allaient souvent à l'encontre de la réalité objective ; il s'est souvent obstiné à faire appliquer pendant un long laps de temps ces mesures erronées, et n'a pu rectifier ses erreurs en temps utile. 

    S'ensuit un passage presque touchant de naïveté envers les intentions du XXe Congrès et de Khrouchtchev, illusions dont Mao et les communistes chinois reviendront heureusement bien assez tôt ; mais qui se conclut tout de même sur ces SEMI-MISES EN GARDE, montrant bien le malaise diffus qui régnait déjà dans les rangs communistes internationaux : 

    Il est absolument évident que ces erreurs n'étant pas de courte durée ne peuvent être entièrement corrigées en un jour. Cela demandera des efforts pendant une période relativement longue et un minutieux travail d'éducation idéologique. Nous sommes convaincus que le grand Parti communiste de l'Union Soviétique, qui a déjà surmonté d'innombrables difficultés, saura surmonter ces difficultés et atteindre son objectif.

    La lutte qu'il mène pour rectifier les erreurs commises ne peut naturellement avoir l'appui de la bourgeoisie et de l'aile droite de la social-démocratie occidentale.

    Profitant de l'occasion pour essayer d'estomper ce qu'il y avait de juste dans l'activité de Staline, d'estomper les immenses réalisations qui furent obtenues par l'Union Soviétique et le camp socialiste tout entier, semer la confusion et provoquer la scission dans les rangs communistes, elles s'obstinent à appeler la réparation des erreurs commises par Staline « déstalinisation » et à la présenter comme une lutte entre des soi-disant « antistaliniens » et  des « staliniens ». Leur malveillance est ici évidente.

    Mao et Che GuevaraMalheureusement, certains communistes se répandent également en propos de ce genre. Nous estimons que de pareils propos, tenus par des communistes, sont des plus pernicieux.

    Chacun sait que la vie de Staline, malgré certaines graves erreurs qu'il a commises dans la dernière période, est la vie d'un grand révolutionnaire marxiste-léniniste. (...)

    Aussi devons-nous, quand nous faisons le point de l'idéologie et de l'activité de Staline dans son ensemble, en voir à la fois les côtés positifs et négatif, les mérites et les erreurs. À considérer la question sous tous ses aspects, si l'on veut absolument parler de « stalinisme », on ne peut que dire ceci : le « stalinisme » c'est avant tout le communisme, le marxisme-léninisme. Tel est son aspect fondamental.

    Mais surtout, on va trouver cette affirmation FONDAMENTALE qui est à la base même de toute la pensée et la pratique maoïste :

    Il est naïf de croire qu'il ne peut plus exister de contradictions dans une société socialiste. Nier l'existence des contradictions, c'est nier la dialectique. Dans les diverses sociétés, les contradictions diffèrent de nature et ainsi diffèrent les moyens de les résoudre. Mais le développement d'une société se poursuit toujours au milieu de contradictions incessantes.

    La société socialiste se développe également au sein de la contradiction entre les forces productives et les rapports de production. Dans une société socialiste ou communiste, des innovations techniques et des transformations dans le système social continueront forcément à se produire. S'il en était autrement, le développement de la société en arriverait au point mort et la société ne pourrait plus progresser.

    Cette compréhension de la contradiction sous le socialisme est ce qui deviendra en pratique la RÉVOLUTION CULTURELLE, fondement de l'identité politique et intérêt même du maoïsme (qui n'en a aucun s'il s'agit simplement d'être "anti-XXe Congrès").

    On peut trouver encore une autre position fondamentale sur laquelle se base toute notre activité à Servir le Peuple ; le rejet du dogmatisme comme du révisionnisme :

    Une des graves conséquences des erreurs de Staline fut l'extension du dogmatisme. Parallèlement à la critique des erreurs de Staline, les Partis communistes de tous les pays ont engagé la lutte pour triompher du dogmatisme dans leurs rangs. Cette lutte est absolument indispensable. Mais en s'engageant sur la voie d'une répudiation totale de Staline et en arborant le mot d'ordre erroné de la lutte contre le « stalinisme », un certain nombre de communistes ont contribué au développement d'un courant idéologique qui tend à réviser le marxisme-léninisme.

    Ce courant révisionniste facilite incontestablement l'attaque menée par l'impérialisme contre le mouvement communiste, et l'impérialisme utilise en effet activement ce courant. Tout en combattant résolument le dogmatisme, nous devons combattre non moins résolument le révisionnisme. (...)

    Les dogmatiques ne comprennent pas que la vérité universelle du marxisme-léninisme ne peut se manifester concrètement et jouer un rôle dans la vie réelle qu'en s'appuyant sur des particularités nationales données. Ils ne veulent pas se livrer à une étude sérieuse des particularités sociales et historiques de leur propre pays, de leur propre nation ; ils ne veulent pas appliquer de façon concrète la vérité universelle du marxisme-léninisme en tenant compte de ces particularités. Aussi sont-ils incapables de conduire la cause du prolétariat à la victoire. (...)

    Dans l'histoire du Parti communiste chinois, de 1931 à 1934, il y eut des dogmatiques qui niaient les particularités de la Chine et copiaient mécaniquement certaines expériences de l'Union Soviétique, ce qui fit que les forces révolutionnaires connurent dans notre pays de sérieux revers. Ces revers ont été une grande leçon pour notre Parti.

    Dans la période qui va de la Conférence de Tsouenyi en 1935 au VIIe Congrès national du Parti tenu en 1945, notre Parti en a complètement terminé avec cette ligne dogmatique extrêmement nuisible ; il a rallié tous ses membres, y compris les camarades qui avaient commis des erreurs ; il a développé les forces du peuple et assuré ainsi la victoire de la révolution. Si nous avions agi différemment, la victoire aurait été impossible.

    C'est seulement parce que nous avons triomphé de la ligne du dogmatisme qu'il est devenu possible pour notre Parti, quand il s'agit de tirer des leçons de l'expérience de l'Union Soviétique et des autres pays frères, de commettre relativement moins d'erreurs.

    Mais la lutte contre le dogmatisme n'a rien de commun avec la tolérance envers le révisionnisme. Le marxisme-léninisme reconnaît que le mouvement communiste, dans les différents pays, possède nécessairement ses particularités nationales ; mais cela ne signifie nullement que ce mouvement, dans les différents pays, peut ne pas avoir de points communs fondamentaux, qu'il peut s'écarter de la vérité universelle du marxisme-léninisme.

    Dans l'actuel mouvement contre le dogmatisme, chez nous comme à l'étranger, il en est qui, sous prétexte de lutter contre une copie aveugle de l'expérience soviétique, nient la portée internationale de ce qu'il y a d'essentiel dans l'expérience de l'Union Soviétique, et qui sous prétexte de développer le marxisme-léninisme de façon créatrice, nient l'importance de la vérité universelle du marxisme-léninisme.

    revolution-culturelleEh oui, toute la quadrature du cercle pour les communistes conséquents c'est cela : ne pas répondre au dogmatisme par le révisionnisme, ce qu'avait typiquement fait Tito (ou ses émules hongrois) à l'époque des textes par exemple ; mais ne pas répondre non plus au révisionnisme par le dogmatisme (il est également possible de répondre au révisionnisme par le révisionnisme - "eurocommunisme" par exemple - et au dogmatisme par le dogmatisme, mais bref) .

    Alors bien sûr, comme on l'a dit, il y en a qui vont hurler et se perdre en explications foireuses, "oui mais non, en fait c'est que" blablabli blablabla... Mais en fait c'est que rien du tout. En fait c'est que le Parti communiste chinois a produit DEUX LONGS ARTICLES, en avril 1956 et décembre 195720 mois d'écart l'un de l'autre !), où il fait PLUS QU'ADMETTRE que l'on puisse critiquer Staline et sa politique menée pendant près de 30 ans - en fait, il reprend carrément bon nombre de critiques émises au XXe Congrès, dans un contexte où (11 ans après la Victoire antifasciste) l'image de l'URSS (et donc du socialisme) dans le monde s'est dégradée, notamment  face à sa politique dans les "pays frères" d'Europe de l'Est ("purges" de communistes et combattants antifascistes historiques, soulèvements réprimés etc.) ; tout en reconnaissant ses mérites et ses grandes réussites (à commencer par la victoire sur le nazi-fascisme, thème qui revient souvent) et en mettant subtilement ("à la chinoise") en garde contre la tentation de "jeter le bébé marxiste-léniniste avec l'eau du bain", tentation qui se confirmera dans les années suivantes. Rectifier les erreurs, dépasser les limites de conception/compréhension du monde, oui ; liquider les principes élémentaires du marxisme et du léninisme NON (d'où l'affirmation récurrente que "Staline a été un grand marxiste-léniniste" aussitôt après l'avoir sèchement critiqué, ce qui donne au texte une impression d'incohérence).

    La tonalité est d'ailleurs strictement la même (en plus bref) dans l'article de 1963, alors même (donc) que la guerre ouverte contre le khrouchtchévisme est déclarée depuis au moins trois ans. Ce sont strictement les mêmes mérites et erreurs qui reviennent, la position du PCCh n'a pas changé d'un iota : Staline a eu de grands mérites mais il a aussi commis de graves erreurs (pour ne pas dire fautes) ; Khrouchtchev et plus tard Brejnev ne sont pas tombés du ciel, avant de pourfendre Staline ils ont même été ses plus zélés serviteurs ; et de tels monstres n’ont pas pu être engendrés par un système aussi ‘‘parfait’’ que le décrivent les cerveaux malades hoxhistes ou autres et les prétendus ‘‘maoïstes’’ qui n’ont RIEN COMPRIS À RIEN (les hoxhistes, au moins, sont cohérents : ils rejettent Mao, point !).

    Même en 1968, le PCCh et Mao n'auront pas sur le "Printemps de Prague" une position différente de celle sur la Hongrie ou la Yougoslavie en 1956 : ils dénonceront l'attitude SOCIAL-IMPÉRIALISTE (terme apparu entre-temps) de Moscou, sans pour autant défendre les thèses (finalement titistes et "eurocommunistes") de Dubcek. Ils diront simplement que les questions posées au socialisme en Tchécoslovaquie doivent être réglées par les Tchécoslovaques eux-mêmes ; et que nous ne sommes pas dans un monde merveilleux où l'on hurle à "l'ingéreeeence" lorsque les impérialistes US interviennent contre un gouvernement démocratique à Saint-Domingue, mais où il serait "normal" que l'URSS envahisse un "pays frère". Il n'y a pas "deux poids deux mesures" selon qu'un État se veuille capitaliste ou "socialiste", il y a tout simplement des pratiques politiques et géopolitiques qui sont socialistes et d'autres qui ne le sont pas. Si les pratiques ne sont pas socialistes, c'est que l'État ne l'est pas ou est en passe de ne plus l'être, que les intérêts du prolétariat et du peuple ont été confisqués, que ce n'est pas le Peuple qui est au pouvoir. La position maoïste n’a tout simplement jamais changé sur ce point…

    On peut ajouter enfin que, comme Mao et les communistes chinois rappellent régulièrement que le marxisme-léninisme doit s'adapter aux particularités de chaque pays, le(s) révisionnisme(s) comme le dogmato-stalinisme ont aussi leur réalité particulière différente selon l'endroit : dans l'État français, c'est souvent un "prétexte" au jacobinisme "rouge" et à une vision très "dirigiste" (par une minorité "éclairée") des choses par exemple.

    Le reproche que l'on pourrait faire à tout cela, c'est de vouloir visiblement "éviter de tomber" dans le trotskysme ou le titisme (ou de prêter le flanc à de telles accusations) et donc d'être très axé sur "Staline a commis" telle et telle erreur, et évasif sur la BASE MATÉRIELLE de ces erreurs, sur ce qui a "poussé" la pensée et (consécutivement) l'action de Staline vers cela : des rapports sociaux restés fondamentalement marqués par le tsarisme (capitalisme au stade monarchique absolutiste de son développement) ; le fait que la Russie de 1917 (comme la Chine des années 1930-40) n'avait pas connu de réelle "révolution" bourgeoise (processus comparable à 1789-1870 en "France") et donc, que devant les masses en mouvement pour le "changement" il y avait DEUX VOIES ; le fait que la voie socialiste l'ait apparemment emporté grâce à Lénine, mais que les aspirations à ce que les choses en restent finalement à une "révolution" industrielle de type bourgeois étaient omniprésentes, etc. etc. ; et (donc) en définitive la RECONSTITUTION dans l'appareil même du Parti et de l’État (encadrant la production) d'une couche privilégiée, d'une nouvelle bourgeoisie. Cette critique-là sera en fait menée EN PRATIQUE par les maoïstes : ce sera la Grande Révolution culturelle prolétarienne (GRCP).

    Être maoïste c'est donc RECONNAÎTRE, COMPRENDRE et CRITIQUER les erreurs de "Staline" (au sens de "direction soviétique entre les années 1920 et 1950"), qui ne sont pas des petites "bourdes" occasionnelles de-ci de-là mais de véritables problèmes de compréhension erronée de la dialectique, des lois de la transition socialiste, bref de CONCEPTION DU MONDE, et qui pouvaient peut-être permettre des réussites (comme l'industrialisation du pays, ou la victoire contre le nazisme) mais pas LA réussite de l'expérience. Il est tout simplement INCOMPATIBLE de se dire "maoïste" et d'être un admirateur béat et un défenseur envers et contre tout de "Staline" (au sens précisé ci-dessus) ; à plus forte raison lorsqu'il s'agit d'une espèce de fascination malsaine pour l'aspect militariste, autoritaire-policier et répressif de l'URSS de l'époque (en somme, pour la caricature bourgeoise du "stalinisme" plus que pour sa réalité).

    Toutes ces conceptions sont ce qui guide notre démarche politique révolutionnaire jour après jour.

    zone tempêtes

    Dans le même registre de "critique maoïste de l'expérience soviétique" notamment sous la direction de Staline, et bien que nous ne soyons pas à 100% sur cette ligne (mais bien plus sur celle du PCR Canada), il peut être intéressant de relire ces brochures de l'OCML-VP du début des années 1980 :

    La théorie des forces productives à la base du révisionnisme moderne (1980)

    Sur l’État de dictature du prolétariat (1982)

    Sur la transition du capitalisme au communisme (1984)


    [À lire aussi à ce sujet, passionnant, cet entretien-débat de 1977 entre Charles Bettelheim, l'ex-GP Robert Linhart et deux membres de la revue Communisme, dans lequel s'expriment leurs différents points de vue et analyses, autrement dit un peu tous les nécessaires "pour" et "contre" pour réfléchir à la question : http://ekladata.com/Sur-le-marxisme-et-le-leninisme.pdf]


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