• Pâques, ce n'est pas que les oeufs, les lapins et la résurrection (réelle ou supposée) d'un brave homme épris d'égalité, cloué sur une croix par les réactionnaires romains il y a 2000 ans... C'est aussi le jour de l'insurrection irlandaise de 1916 (il y a donc 95 ans), point de départ de la lutte de libération nationale irlandaise moderne. Une lutte qui à travers les trahisons, du Traité de 1921 au Vendredi Saint de 1998, se poursuit inébranlable jusqu'à nos jours, et renaît même avec la terrible crise qui frappe le pays, cité en "modèle" du capitalisme européen depuis les années 1990...

    Nous reproduisons ici deux articles du site des camarades de Libération Irlande. Le premier est la Proclamation de la République par le Gouvernement provisoire, du balcon de la Poste centrale de Dublin. Certain-e-s bondiront bien sûr à la lecteur des références religieuses qu'elle contient, montrant par là qu'il n'ont aucun sens de la dialectique ni de la lutte de libération des Peuples ...

    Le second évoque plus particulièrement l'aspect prolétaire et socialiste de la Pâques irlandaise, l'Irish Citizen Army (ICA) du républicain socialiste James CONNOLLY, qui prit part au soulèvement avec environ 200 hommes sur un total de 800.

    Proclamation de la République de 1916


    Le Gouvernement Provisoire de la République d’Irlande

    Au Peuple d’Irlande

    Irlandais et Irlandaises : Au nom de Dieu et des générations disparues desquelles elle a reçu ses vieilles traditions nationales, l’Irlande, à travers nous, appelle ses enfants à rallier son étendard et à frapper pour sa libération.

    Après avoir organisé et entraîné ses hommes dans son organisation révolutionnaire secrète, la Fraternité Républicaine Irlandaise, et ses organisations armées, les Volontaires d’Irlande et l’Armée des Citoyens Irlandais, après avoir patiemment perfectionné sa discipline, et attendu résolument le moment opportun pour se révéler, elle saisit l’instant où, soutenue par ses enfants exilés en Amérique et ses courageux alliés en Europe, mais comptant avant tout sur ses propres forces, elle frappe avec la certitude de vaincre.

    Nous proclamons le droit du peuple d’Irlande à la propriété de l’Irlande et au contrôle sans entraves de sa destinée, son droit à être souverain et indivisible. La longue usurpation de ce droit par un peuple et un gouvernement étranger n’a pas supprimé ce droit, car il ne peut disparaître que par la destruction du peuple irlandais.

    À chaque génération, les Irlandais ont affirmé leur droit à la liberté et à la souveraineté nationale ; six fois durant les trois derniers siècles ils l’ont affirmé par les armes. En nous appuyant sur ce droit fondamental et en l’affirmant de nouveau par les armes à la face du monde, nous proclamons la République d’Irlande, État souverain et indépendant, et nous engageons nos vies et celles de nos compagnons d’armes à la cause de sa liberté, de son bien-être, et de sa fierté parmi les nations.

    La République d’Irlande est en droit d’attendre et requiert l’allégeance de tous les Irlandais et Irlandaises. La République garantit la liberté civile et religieuse, des droits égaux et l’égalité des chances pour tous ses citoyens et déclare être résolue à rechercher le bonheur et la prospérité de la nation entière et de toutes ses composantes, avec une égale sollicitude pour tous les enfants de la nation, oublieuse des différences soigneusement entretenues par un gouvernement étranger qui a séparé dans le passé une minorité de la majorité.

    Avant que nos armes ne trouvent le moment opportun pour établir un Gouvernement National permanent, représentatif de tous les Irlandais et élu par tous ses hommes et femmes, le Gouvernement Provisoire, désormais constitué, administrera les affaires civiles et militaires de la République pour le compte du peuple.

    Nous plaçons la cause de la République d’Irlande sous la protection de Dieu le Très-Haut, dont nous invoquons la bénédiction sur nos armes, et nous prions pour qu’aucun de ceux qui servent cette cause ne la déshonore par couardise, inhumanité ou rapine. En cette heure suprême, la nation irlandaise doit, par sa valeur, sa discipline, et par la disposition de ses enfants au sacrifice pour le bien commun, prouver qu’elle est digne de l’auguste destinée à laquelle elle est appelée.

    Signé au nom du Gouvernement Provisoire :

    THOMAS J. CLARKE, SEAN McDIARMADA, THOMAS McDONAGH, P. H. PEARSE, EAMONN CEANNT, JAMES CONNOLLY, JOSEPH PLUNKETT




    James Connolly : Pour l’Armée Citoyenne (1915)


    L’Irish Citizen Army (ICA) était une milice prolétarienne dirigée par Connolly, qui a été fondée pour défendre la classe ouvrière pendant une grève très longue et dure en 1913 et qui s’est illustrée en participant en première ligne au Soulèvement de Pâques 1916 à Dublin. Voici une présentation de l’ICA par Connolly.

    L’Armée Citoyenne Irlandaise a été constituée pendant le grand lock-out de Dublin de 1913-1914, dans le but de protéger la classe ouvrière et de préserver son droit à tenir des réunions publiques et sa liberté d’association. Les rues de Dublin étaient jonchées des corps sans défense d’hommes, de femmes, de filles et de garçons brutalement matraqués par les hommes de mai en uniforme du gouvernement britannique.

    Trois hommes avaient été tués et une jeune Irlandaise assassinée par un briseur de grève et rien n’avait été fait pour amener les assassins devant la justice. Si donc la justice n’existait pas pour nous et puisque la loi, au lieu de protéger les droits des travailleurs, était ouvertement leur ennemie, et puisque les forces armées de la Couronne étaient mises sans restriction à la disposition des ennemis des travailleurs, il fut décidé de créer notre propre armée pour garantir nos droits, protéger nos adhérents et servir de garantie à nos propres progrès.

    L’Armée Citoyenne Irlandaise a été la première force armée de citoyens organisés publiquement au sud de la Boyne. Ses statuts engageaient et engagent toujours ses membres à œuvrer pour une République Irlandaise et pour l’émancipation des travailleurs. C’est ce qui a toujours été mis en avant dans toute son action nationale et, sans avoir jamais négligé sa fonction spécifique propre, elle a toujours été à la disposition des forces de la nation irlandaise pour les objectifs qui sont communs à tous.

    Son influence et sa présence ont fait respecter le calme dans toutes les réunions ouvrières depuis sa fondation, et le fait de savoir qu’elle existe et l’état d’esprit de ses membres ont contribué à empêcher les employeurs et le gouvernement de recourir à des moyens extrêmes à l’encontre des syndicats qui se battaient. Elle a, au sens propre, ajouté pas mal d’argent sur la paie hebdomadaire des syndiqués, puisqu’elle et elle seule a empêché le gouvernement de faire à Dublin ce qu’il a fait à Barry, c’est-à-dire envoyer des soldats pour faire le travail des dockers pendant une grève. Au plan national, elle a fait beaucoup plus.

    Quand fut perpétrée a grande trahison contre l’Irlande et que John Redmond et ses partisans, aidés de toute la presse capitaliste, se joignirent à la conspiration pour pousser les jeunes hommes d’Irlande à s’enrôler dans l’armée britannique, le premier coup d’importance porté contre cette trahison a été le meeting historique à Stephen’s Green, le soir du fiasco de Redmond à Mansion House.

    Qui a occupé le terrain ce soir-là malgré la masse des bataillons de l’armée britannique qui attendaient l’arme au pied dans chaque caserne de Dublin ? C’est l’Armée Citoyenne Irlandaise qui s’est engouffrée dans la brèche et par sa présence résolue a redonné du courage et rétabli l’espoir parmi le peuple d’Irlande qui était trahi et désemparé.

    Quand le premier ordre d’expulsion a été signifié à la première victime, le Capitaine Robert Monteith, qui a appelé aux armes et qui a invité le peuple de Dublin à lancer un défi à la tête du gouvernement ? Qui a tenu un rassemblement malgré des torrents de pluie et face au déploiement des forces armées de la garnison de Dublin ? Une fois encore, l’Armée Citoyenne Irlandaise.

    Qui, chaque fois que l’ennemi a frappé ceux qui se soulevaient pour la liberté, s’est toujours empressé aux côtés des victimes en déclarant que leur cause était la sienne ? L’Armée Citoyenne Irlandaise.

    Qui, lorsque le meeting de protestation se tenait à Phoenix Park sous la direction du Comité des Volontaires, constituait la seule organisation armée à participer au meeting et à déclarer son adhésion à la cause de ses frères d’arme emprisonnés ? L’Armée Citoyenne Irlandaise !

    Une organisation armée de la classe ouvrière irlandaise, voilà qui constitue un phénomène en Irlande. Jusqu’à présent, les travailleurs d’Irlande se sont battus dans les rangs des armées conduites par leurs maîtres, jamais en tant que soldats d’une armée commandée, entraînée et inspirée par des hommes de leur propre classe sociale. Désormais, les armes à la main, ils se proposent de tracer leur propre route, de façonner leur propre avenir.

    Ni un gouvernement autonome, ni l’absence d’un tel gouvernement autonome ne leur fera déposer les armes.

    Quoi qu’il en soit pour les autres, pour nous qui sommes de l’Armée Citoyenne, il n’y a qu’un seul idéal – une Irlande gouvernée et possédée par les Irlandaises et les Irlandais, souveraine et indépendante, du centre jusqu’à la mer et avec son propre drapeau déployé sur tous les océans.

    Nous ne nous laisserons pas dévier de notre route par des paroles doucereuses, notre vigilance ne sera pas trompée par la liberté de parader et de se pavaner en uniforme, et nous ne serons pas trahis par des propos ronflants.

    L’Armée Citoyenne Irlandaise ne coopérera que dans un mouvement qui va de l’avant. Dès lors que cesse ce mouvement vers l’avant, elle se réserve le droit de rompre l’alignement et de s’avancer elle-même, si besoin est, pour planter le drapeau de la liberté encore plus loin en direction de son objectif.
     


     


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  • L’annonce a fait grand bruit dans le microcosme politico-médiatique bourgeois : jeudi soir, Jean-Louis Borloo a annoncé que sa formation, le Parti radical, allait quitter l’UMP à son prochain congrès. Il n’a pas exclu, dans la foulée, de se présenter à l’élection présidentielle de 2012, comme représentant de la « droite sociale et humaniste ».

    Annonce aussitôt suivie par celle de Rama Yade (que les fascistes se plaisent à cibler en l’appelant « Ramtoulaye »), affirmant sa « rupture idéologique » avec le parti présidentiel. De son côté, celui qui était il y a encore 1 an le chef de file de la droite anti-sarkozyste, Dominique de Villepin, n’a pas exclu de soutenir la candidature éventuelle de Borloo.

    Mais pour SLP, rien de bien surprenant. Rien de plus que la confirmation de notre analyse d’il y a quelques semaines, qui nous a d’ailleurs valu la visite d’un petit comique de « Contre-informations » en commentaires :

    => Sarkozy a été en 2007, et déjà entre 2002 et 2007 comme Premier flic, vice-Premier ministre de fait et idéologue du gouvernement, « l’homme de la situation ».

    => Mais fin 2008 a éclaté la phase terminale de la crise capitaliste commencée dans les années 1970. Avec tout ce que cela implique : contradictions inter-impérialistes décuplées à travers le monde, et besoin de réaction tous azimuts à l’intérieur.

    => Dès lors, Sarkozy n’est plus l’homme de la situation. Ne reste plus, aux yeux des médias porte-voix des monopoles qui font « l’opinion », que les défauts : bling-bling, langage de charretier, pro-américanisme débridé, girouette, manque d’ancrage dans la « France profonde » etc.

    => Ayant pratiqué la « mise à jour du logiciel idéologique » refusée pendant 30 ans par son père, « l’homme » de la situation est devenu une femme, Marine Le Pen. Son « recentrage » apparent a croisé le chemin de l’évolution du Grand Capital vers la solution fasciste.

    => Malgré tout, « l’opinion », patiemment forgée à coup d’éditoriaux et de JT de 20h, n’est pas encore prête au fascisme ouvert. On s’achemine donc, très probablement, vers une parenthèse de « gauche » de 5 ans, avec un DSK incarnant la cible parfaite du discours fasciste. Parenthèse durant laquelle l’extrême-droite acquerra totalement l’hégémonie intellectuelle, idéologique et culturelle sur les masses populaires, après déjà 20 ans d’hégémonie intellectuelle bien à droite. Les tendances « eurasiste » (Bouchet, Soral) ou « occidentaliste » (rebelles-info, Riposte laïque, Bivouac-ID), soutenant l’une et l’autre Marine Le Pen, domineront selon que la contradiction principale de l’impérialisme BBR sera avec les US ou avec le « nouvel Est » (Chine, djihadisme, Iran etc.). De même que les Identitaires, Marine Le Pen joue strictement le « non-alignement » sur ce point.

    => Enfin, malgré tout le « lissage » de Marine Le Pen, le FN ne pourra jamais arriver au pouvoir tout seul. Car il a besoin non seulement de cautions « républicaines » et bourgeoises « respectables », mais aussi d'un réseau de notables et de grands capitalistes qu’il n’a pas suffisamment pour le moment. On l’oublie souvent, mais Hitler n’est pas arrivé au pouvoir seul : le NSDAP n’avait que 33% des voix en novembre 1932. Il est arrivé au pouvoir avec l’alliance des conservateurs de Von Papen et Hindenburg (président de la République de Weimar)… De la même manière, Mussolini est arrivé au pouvoir appelé par le Roi, donc le parti conservateur, monarchiste, catholique (accord de 1929 avec le Vatican) etc.

    Il faudra donc à Marine Le Pen des alliés conservateurs, « républicains ». Cela passe par un éclatement de l’UMP.

    Et c’est exactement, alors même que l’échec de Sarkozy en 2012 n’est pas encore joué, ce à quoi nous sommes en train d’assister.

    Sarkozy est désemparé comme un Jospin en 2000-2002, ne sachant plus où il doit donner de la tête. Tantôt il va « chercher le centre » (comme avec la guerre en Libye), tantôt la « droite de la droite ». Toutes ses gesticulations sont de toute manière vaines : il n’est plus l’homme de la situation, la bourgeoisie des monopoles l’a abandonné, c’est fini pour lui, point à la ligne.

    En attendant, il essaye de réchauffer sa vieille recette de 2007 : récupérer les électeurs du FN. Ce sont les rafles de Roms de l’été dernier. Ce sont les propos accumulés par le nouveau Ministre de l’Intérieur, Guéant. C’est le débat sur « la laïcité et l’islam », énième resucée sur le thème de « l’identité nationale ». C’est le refus (historique !) du « front républicain » aux cantonales. Tout cela, sans doute, en pure perte : les électeurs que perd l’UMP, et que gagne le FN, sont déjà ceux et celles que Sarkozy avait soustraits au FN en 2007, et qui y retournent… Par définition, ils ne reviendront pas vers celui qui les a « déçus », « trahis ».

    Au sein même de la majorité, le « lobby de l’alliance » avec le FN se structure et se fait entendre. C’est la « Droite populaire » de Mariani, Luca et Vanneste. C’est la « Droite libre » (très islamophobe, mais aussi très voire trop atlantiste) de Del Valle et Kaci.

    Et ces milliers d’élus locaux, qui sont autant de petits barons de villages, de bourgades, de cantons : accepteront-ils indéfiniment de « perdre leur siège plutôt que leur âme » ? Soyons sérieux… Aucun politicien bourgeois, même animé des meilleures « convictions républicaines », ne peut arrêter la marche du fascisme, qui est un mécanisme inéluctable du monopolisme en crise. Seule la riposte populaire antifasciste, conçue comme première étape de la révolution socialiste (et non comme défense des « institutions républicaines », conception thorézienne), le peut !

    De l’autre côté, donc, les « centristes » font défection. Il y a déjà eu Bayrou, avant 2007. Puis Villepin. Et maintenant Borloo, Yade, Morin (Nouveau Centre). Même Fillon prend ses distances avec le coup de barre à droite de Sarkozy. C’est la droite de la démocratie bourgeoise, la droite « sociale et humaniste » dont se réclame aujourd’hui Borloo, incarnée à la perfection par Chirac en 1995 (et pendant ses deux mandats) et avant lui par Chaban-Delmas, Servan-Schreiber ou Simone Veil, etc.

    Mais cette droite est complètement dépassée historiquement pour la bourgeoisie des monopoles, puisqu’on l’a dit, même Sarkozy n’est plus assez réactionnaire… Sa seule perspective politique, c’est de quasiment assurer que Sarkozy soit exclu du 2e tour en 2012. A moins qu’elle ne soit choisie, plutôt que la « gauche », pour la « parenthèse social-libérale » en attendant de préparer l’opinion au fascisme. Mais c’est peu probable…

    On voit donc bien, comme prévu et même avec de l’avance, la « droite républicaine » éclater en deux. En 2017, le processus sera terminé. Il y aura la « gauche » bourgeoise, la bourgeoisie qui pense qu’il faut concéder des miettes (mais lesquelles ? nous sommes en crise terminale !) aux masses du Peuple pour sauver l’essentiel ; celle qui aime le « droit international » en politique extérieure, etc. Cette « gauche » sera ralliée en « front républicain », pour « sauver la démocratie », par la « droite sociale et humaniste » de Borloo.

    Et puis il y aura le fascisme, derrière son front électoral FN, rallié par la droite « dure », celle pour laquelle « être juste » (discours social) n’est que le préalable à « être ferme » (la dictature de classe tous azimuts).

    Et bien sûr, le fascisme l’emportera (avec ses nouveaux Von Papen). Car avec la crise en phase terminale, l’heure n’est plus à concéder des miettes, ce qui est une politique de périodes de croissance capitaliste (comme pendant les Trente Glorieuses, ou à la fin des années 90). Ce n’est plus soutenable. La bourgeoisie monopoliste doit aujourd’hui assumer la concurrence inter-impérialiste par tous les moyens, dont la guerre, comme on le voit en Libye et en Côte d’Ivoire (même si, sur la Libye, on voit que la guerre de Sarko ne fait pas l’unanimité) ; et en métropole, la répression sans pitié de tout mouvement des classes populaires « sortant des clous », comme on a pu le voir fin octobre à Lyon, avec la « souricière » de Bellecour, garde-à-vue géante en plein air pour des centaines de personnes, encadrées par les fusils du GIPN.

    Cela, c’est dans 6 ans. En n’excluant pas (et en nous préparant à ce) que ce soit plus tôt, dès 2012 ou lors d’une « crise » entre 2012 et 2017. Car, disons-le clairement, en 2007, on voyait bien Sarkozy au pouvoir pour 10 ans, reprenant peu à peu le programme du FN pour finir en pure copie (mais « présentable ») de celui-ci. Or, les évolutions de la crise capitaliste ont précipité les choses. De nouvelles « accélérations » du processus ne sont donc pas à exclure.

    La situation actuelle donne lieu à diverses analyses antifascistes, dont celle de « Contre-informations » dont il a été question plus haut.

    Passons sur le ton, comme à l’ordinaire arrogant, règlement de comptes et donneur de leçons. Quelques points de l’analyse sont justes : ainsi le rappel que la marche au fascisme est irrésistible dans le cadre du capitalisme en crise, de la chute tendancielle du taux de profit ; ou lorsque la revue libertaire RéflexeS dit que « Marine Le Pen a séduit les médias », à quoi CI répond très justement que ce sont au contraire les médias, porte-voix de la bourgeoisie impérialiste, qui lui ouvrent les allées du pouvoir, fermées à son père pendant 30 ans en raison de son archaïsme idéologique.

    Mais la colonne vertébrale de l’analyse repose sur 2 postulats traditionnels de CI, qui sont FAUX :

    1°/ Il y a en France une lutte entre la bourgeoisie impérialiste et une bourgeoisie « traditionnelle » dont Sarkozy serait le représentant… Impossible : à l’époque de l’impérialisme, AUCUN pays impérialiste ne peut être dirigé par autre chose que la bourgeoisie impérialiste. Sarkozy ne représente pas la « bourgeoisie traditionnelle soumise aux USA », curieux écho au « gouverneur US de la France » des social-chauvins ; il représente la sensibilité atlantiste de l’impérialisme BBR, venue à l’ordre du jour en 2005-2006 avec la poussée mondiale de la Chine. Atlantisme qui ne l’a pas empêché de diligenter un violent coup d’Etat à Madagascar, contre un homme (Ravalomanane) de l'impérialisme US… La bourgeoisie impérialiste BBR est ainsi traversée de tendances et de « traditions » : plus ou moins pro- ou anti-US, orléaniste ou bonapartiste (et à « gauche » jacobine ou girondine), « sociale et libérale » ou « conservatrice répressive » etc.

    2°/ Le fascisme n’est pas la « réaction immunitaire », ultra-réactionnaire, du capitalisme monopoliste face à la crise générale et/ou la menace révolutionnaire (en l’occurrence, celle-ci est encore faible, d’où le fascisme moderne dont parle le PCmF) ; mais le « passage à la dictature des monopoles »… Absurdité ! La dictature des monopoles, nous y sommes déjà : Lénine a expliqué, il y a plus de 90 ans, que l’époque de l’impérialisme était précisément celle de la dictature des monopoles, y compris sur la bourgeoisie non-monopoliste. En France, nous sommes donc sous la dictature des monopoles, depuis 1900 au moins, et sans équivoque depuis 1945. Le fascisme, c’est la mutation ultime, ultra-brutale et ultra-réactionnaire (aspect principal ; le paravent « social » populiste est totalement secondaire) de cette dictature des monopoles, face à la crise et/ou la menace révolutionnaire, rendant nécessaire la caporalisation de la bourgeoisie sous la houlette de sa frange la plus réactionnaire, pour la guerre impérialiste et la contre-révolution terroriste. Point barre : cette analyse des ML des années 30 (comme Dimitrov) a toujours été vérifiée par l’histoire ; elle n’a pas à être remise en cause. L’erreur du KPD allemand n’est pas celle-là, mais d’avoir placé la contradiction avec les progressistes sincères prisonniers du SPD (pas les ordures à sa tête, bien sûr !) au même niveau que la contradiction avec le NSDAP. Faisant ainsi le jeu de l’anticommunisme des social-traîtres. Cela, tout le monde le sait et la ligne de Front populaire, adoptée par l’Internationale communiste en 1934, en est la reconnaissance claire et nette ; mais ce n’est pas le "p""c""mlm", avec son sectarisme vis à vis des autres révolutionnaires et progressistes, qui va l’admettre !

    Mais peu importe, en vérité. Le mouvement communiste renaît en Hexagone et surtout, plus important et plus rapide et massif encore, la poussée révolutionnaire des masses populaires et de leur noyau le plus exploité, le prolétariat. Le Parti ne sera pas le groupuscule qui se proclamera tel avec le plus d'assurance, mais celui qui naîtra, ou rencontrera, et dans tout les cas prendra la tête de cette soif populaire de révolution. Sans quoi, celle-ci ira grossir la démobilisation, l'apathie, voire le courant "social" du fascisme...


    Le fascisme est en marche, mais entendez-vous le cri là sur la barricade ? La classe prolétaire l’attendra en armes !


    RIPOSTE POPULAIRE ANTIFASCISTE !


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  • Les pro-Ouattara contrôlent la capitale ivoirienne

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    Des combattants pro-Ouattara mardi à Duekoue, dans l'ouest du pays.
    Des combattants pro-Ouattara mardi à Duekoue, dans l'ouest du pays. Crédits photo : ZOOM DOSSO/AFP

    Les forces du président reconnu par la communauté internationale sont entrées mercredi à Yamoussoukro. À Abidjan, capitale économique, le camp Gbagbo se prépare à riposter.

    Au troisième jour de leur offensive, les forces d'Alassane Ouattara ont fait une prise de taille mercredi : Yamoussoukro. Les combattants du président élu le 28 novembre et reconnu par la communauté internationale ont pris le contrôle de la capitale administrative ivoirienne dans l'après-midi, après s'être emparés de la ville de Tiébissou.

    «Tout est OK, la gare routière, la gendarmerie», a témoigné un habitant par téléphone, affirmant qu'on ne voit plus dans la ville de Forces de défense et de sécurité, fidèles au président sortant Laurent Gbagbo. D'autres habitants ont fait état de scènes de liesse dans les rues.

    Vers la côte ouest, les forces d'Alassane Ouattara ont également pris mercredi la ville de Soubré, ont indiqué des habitants. Soubré est située à 130 km au nord de San Pedro, le plus important port d'exportation de cacao du monde. Prochain objectif probable des Forces républicaines (le nouveau nom des forces pro-Ouattara): la capitale économique, Abidjan. 


     

    «C'est à Gbagbo de déposer les armes»

    Désormais le camp Ouattara - qui contrôlait déjà la moitié nord du pays, aux mains depuis 2002 de la rébellion des Forces nouvelles - revendique la mainmise sur «trois quarts» du pays. «Il y a les trois quarts du territoire ivoirien qui sont aujourd'hui entre les mains des Forces républicaines, ce sont des forces de libération», a déclaré sur RTL l'ambassadeur de Côte d'Ivoire en France nommé par Ouattara, Ally Coulibaly. «Il n'y aura pas de guerre civile, les choses vont se régler assez rapidement», a-t-il assuré.

    Rien n'est pourtant moins sûr. Dans leur offensive, les forces pro-Ouattara, équipées notamment de mortiers et de lance-roquettes, progressent sur trois fronts vers Abidjan, coeur du régime Gbagbo. Craignant le pire, de nombreux habitants de la capitale économique ont d'ores et déjà commencé à fuir. Car en face, il y a fort à parier que Laurent Gbagbo ne pliera pas sans combattre. Selon un communiqué officiel lu sur la télévision d'État mardi soir, son armée devait d'ailleurs enrôler de nouvelles recrues à partir de mercredi. Plusieurs milliers de jeunes s'étaient déjà inscrits la semaine dernière pour s'engager, à l'appel du camp Gbagbo.

    Mardi, devant l'avancée de Forces républicaines (Duékoué, Daloa, Bondoukou et Abengourou), le camp du président sortant Laurent Gbagbo avait appelé au cessez-le-feu. «Une diversion», a dénoncé mercredi le camp Ouattara. «C'est à Gbagbo de déposer les armes, c'est à Blé Goudé (leader des jeunes patriotes, fervents partisans du président sortant) d'arrêter de manipuler la jeunesse», a déclaré la porte-parole d'Alassane Ouattara.

    Paris pousse une résolution de l'ONU

    Face au risque de guerre civile, la France fait pression en vue d'un vote mercredi ou jeudi sur un projet de résolution de l'ONU demandant le départ de Laurent Gbagbo, ont indiqué des diplomates mercredi. Mais plusieurs pays ont manifesté des réserves sur certains passages du projet de résolution. La Chine, la Russie, le Brésil et l'Inde seraient ainsi opposés à l'étendue des sanctions proposées.

    Le projet de résolution, soumis par la France et le Nigeria au Conseil de sécurité, prévoit des sanctions à l'encontre de Laurent Gbagbo et de quatre personnes de son entourage, y compris sa femme. Il s'agit d'un gel des avoirs financiers et d'une interdiction de voyager. L'Union européenne et les États-Unis ont déjà imposé des sanctions similaires contre Laurent Gbagbo et son entourage. La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) s'est déjà déclarée favorable à ce que l'ONU adopte des sanctions «plus contraignantes» à l'encontre de Laurent Gbagbo.

     

    ************************************

    Et sur le chemin des Forces "nouvelles" "républicaines", c'est la FÊTE !!! lien 1 - lien 2

    Dernières news 31/03 : les ouattaristes ont pris le port cacaoyer stratégique de San Pedro et approcheraient d'Abidjan. La PRISE D'ABIDJAN que Chirac avait toujours voulu éviter (privilégiant le dégageage politico-diplomatique de Gbagbo), vu le carnage inter-communautaire que ce serait, est à l'agenda de "Lawrence de Libye" Sarkozy !!!


     

    Côte d'Ivoire : l'impérialisme BBR tombe le masque "impartial" et passe ouvertement à l'action


    Ce qu'il se passe en Libye, à Bahreïn (avec l'occupation émirato-saoudienne) et maintenant en Côte d'Ivoire est bien le signe d'un changement d'époque. Jamais l'impérialisme en général, et l'impérialisme BBR en particulier, n'avait auparavant osé se montrer aussi ouvertement dans un camp lors d'une "guerre civile" en Afrique. Même au Rwanda : sans le travail d'enquêteurs sérieux et obstinés comme François-Xavier Verschave et Odile Tobner, jamais le rôle de la France aux côtés des génocidaires interahamwe n'aurait percé au grand jour, l'opération Turquoise s'étant toujours présentée comme "neutre" et "humanitaire"... Pendant la première guerre de Côte d'Ivoire (2002-2005), Chirac avait toujours pris le plus grand soin de présenter l'armée française comme "neutre", "protégeant les ressortissants français" et "évitant un massacre ethnique" (sauf en novembre 2004, mais là, il pouvait invoquer la "légitime défense")... alors que le moindre début d'analyse sérieuse permettait de comprendre que si les Forces "nouvelles" avaient le Burkina de Compaoré et le Libéria de Taylor comme base arrière, c'est qu'elles étaient un bras armé de la Françafrique. 

    Mais aujourd'hui 4 avril 2011, an IV de l'ère Sarkozy, les forces armées BBR "Licorne" sont OUVERTEMENT entrées en guerre... aux côtés des Forces "républicaines" de Ouattara, contre les dernières forces de Laurent Gbagbo. Alors même que la Croix-Rouge vient de mettre en cause les forces de Ouattara dans d'effroyables massacres à l'Ouest du pays. Toute la réalité des évènements en cours depuis 4 mois éclate au grand jour, sauf qu'il est maintenant trop tard (Gbagbo n'en a plus que pour quelques heures et les morts se comptent par milliers) : le soutien de la "communauté internationale" (en fait, de la Françafrique ayant rallié à son panache blanc les Anglo-saxons et l'Afrique anglophone) au FMIste pseudo-"démocratiquement élu" Ouattara (l'affameur du Peuple ivoirien dans les années 90), n'est rien d'autre que l'offensive finale de ladite Françafrique contre le gêneur, le roublard Gbagbo, qui a essayé de jouer la "concurrence libre et non faussée" entre les impérialismes, hier homme de la "vengeance" de Washington contre Chirac (2002-2004), aujourd'hui homme des monopoles "BRICS" (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) à l'assaut de l'Afrique de l'Ouest. Un soutien offert comptant : il n'y a qu'à voir les équipements flambant neufs des Forces "républicaines" et leur offensive fulgurante, maintenant rejointe ouvertement en plein Abidjan par l'ONUCI et la force Licorne ; tandis que Gbagbo est étranglé financièrement depuis plusieurs mois.

    Les contradictions inter-impérialistes et la peur panique de chaque impérialisme pour son "pré carré" s'expriment de plus en plus à visage découvert, une évolution vers la guerre mondiale qui rejoint la montée actuelle du fascisme dans les métropoles, et dont l'offensive en Côte d'Ivoire n'est que la dernière manifestation en date.

    Une offensive dont voici maintenant l'épilogue : 

    Libération

    Côte-d’Ivoire : Paris à l’assaut du camp Gbagbo


    En appui des Casques bleus de l’Onuci, les forces françaises ont bombardé, hier soir, les bastions tenus par les partisans du président sortant à Abidjan. 

    Par THOMAS HOFNUNG

    Photo prise le 2 avril 2011 montrant les troupes françaises patrouillant à Abidjan.

    Photo prise le 2 avril 2011 montrant les troupes françaises patrouillant à Abidjan. (© AFP Sch Blanchet) 

    Peu avant 20 heures, hier soir, l’ONU et la France sont entrés en guerre contre Laurent Gbagbo. C’est l’Elysée qui a annoncé ce tournant majeur dans la crise qui secoue la Côte-d’Ivoire depuis l’élection contestée de novembre. Paris a précisé avoir autorisé la force Licorne à soutenir l’action militaire des Casques bleus, comme le prévoit une résolution votée en 2004. Cette intervention menée conjointement par l’ONU et une ancienne puissance coloniale est sans doute une première depuis la décolonisation.

    Alors que la nuit tombait sur la lagune, les hélicoptères de l’Onuci (la mission des Nations unies en Côte-d’Ivoire), mais aussi français, sont entrés en action, bombardant plusieurs bastions tenus par les partisans du président ivoirien sortant, qui refuse de céder le pouvoir à son rival, Alassane Ouattara, déclaré vainqueur par la communauté internationale. Parmi les objectifs visés : la résidence de Laurent Gbagbo à Cocody ; le palais présidentiel, situé dans le quartier du Plateau ; le camp militaire d’Agban, dans la commune d’Adjamé ; celui d’Akouédo… Dans la soirée, on apprenait que l’armée française avait tiré des missiles sur un dépôt de munitions du camp Gbagbo.

    Tirs. Paris a justifié son action en vertu de la résolution 1975, adoptée la semaine dernière par le Conseil de sécurité, qui interdit les tirs à l’arme lourde dans la capitale économique ivoirienne. L’Onuci «vient d’engager des actions visant à neutraliser les armes lourdes utilisées contre les populations civiles et les personnels des Nations unies à Abidjan», a déclaré l’Elysée. Un peu plus tard, les Nations unies précisaient, de leur côté, avoir demandé l’intervention des forces françaises. Dans une lettre, citée par l’AFP, adressée à Nicolas Sarkozy dimanche, Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, juge «urgent de lancer les opérations militaires nécessaires pour mettre hors d’état de nuire les armes lourdes qui sont utilisées contre les populations civiles et les Casques bleus».

    Depuis plusieurs semaines, les troupes de Gbagbo n’hésitaient pas, en effet, à tirer des obus en pleine ville, notamment dans le quartier d’Abobo, tombé aux mains d’insurgés pro-Ouattara, faisant de nombreuses victimes civiles. Ces derniers jours, le quartier général de l’ONU à Abidjan avait lui aussi été pris pour cible, tandis que des Casques bleus étaient fréquemment attaqués par des éléments pro-Gbagbo. Quatre soldats onusiens ont ainsi été blessés sérieusement le week-end dernier.

    Mais l’Onuci et Paris se sont résolus à lancer leur opération après l’échec des forces pro-Ouattara à s’emparer du pouvoir dans la ville. Après avoir déclenché une offensive éclair à travers le pays, il y a une semaine, les Forces républicaines de Côte-d’Ivoire (FRCI) ont buté, ce week-end, sur la résistance acharnée du dernier carré des fidèles de Gbagbo, solidement armés, et n’ayant plus rien à perdre.

    Un vide politique et sécuritaire s’est alors installé, plongeant Abidjan, mais aussi le reste du pays, dans le chaos. Depuis plusieurs jours, la capitale économique était en proie aux pillages et à la violence. Des centaines de Français disséminés dans la ville ont appelé au secours la force Licorne. Dimanche, l’Elysée avait décidé de regrouper la communauté française - environ 12 000 personnes, dont plus de la moitié sont binationaux - en trois points, sans ordonner leur évacuation.

    A l’intérieur, notamment dans l’ouest du pays, de nombreuses exactions auraient été commises, par des miliciens pro-Gbagbo mais aussi par des partisans de Ouattara. La révélation d’un carnage commis à Duékoué et imputé par des organisations internationales aux forces soutenant le nouveau président risquait de mettre en porte-à-faux ses soutiens diplomatiques. Avec le risque, en cas de multiplication de telles exactions, de rendre le pays ingouvernable et d’initier un cycle de violences incontrôlable.

    Processus. Hier soir, un conseiller de Laurent Gbagbo, Toussaint Alain, a qualifié les raids menés par les forces française et onusienne d’«actes illégaux», évoquant aussi une «tentative d’assassinat» de Laurent Gbagbo. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a assuré que les frappes visaient seulement à protéger les civils. L’intervention d’hier soir apparaît comme l’aboutissement d’un processus lancé au lendemain de la présidentielle. En opposition au Conseil constitutionnel, qui avait donné Gbagbo vainqueur, l’Onuci avait proclamé la victoire de Ouattara. Dès cet instant, les Nations unies ont pris parti. Paris, réticent à s’impliquer militairement, a dû s’y résoudre face au chaos grandissant. 

    La Françafrique, fluide vital de l'impérialisme bleu-blanc-rouge !

    Pour les Peuples d'Afrique, d'Hexagone, du Monde : À bas la Françafrique !

    Résistance populaire ivoirienne & panafricaine à l'impérialisme BBR et ses séides "ivoiriens" génocidaires ! 

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    La chute de Gbagbo

    http://d.yimg.com/i/ng/ne/figaro/20110405/19/3691167314-gbagbo-refuse-de-se-plier-aux-exigences-de-paris-et.jpg?x=310&y=231&q=75&wc=371&hc=277&xc=62&yc=1&sig=K_JlVIpT4BfOmVT8NFFSIw--

    Le "feuilleton" ivoirien touche donc à sa fin. Après une offensive éclair et spectaculaire (avec des équipements flambant neufs qui laissent présumer de grosses livraisons ces derniers mois), les Forces "républicaines" pro-Ouattara se sont emparée d'Abidjan où elles ont trouvé le renfort... des forces "impartiales" de l'ONUCI et de la force impérialiste BBR ("d'interposition") Licorne. Le bilan serait lourd : 2.300 mort-e-s...

    Laurent Gbagbo, élu d'après son Conseil Constitutionnel par 51% des voix et battu, selon ses adversaires, avec 46% (les "battus" en Afrique tournant en général autour de 2% et les "élus" de 98%...), est désormais terré dans un bunker sous sa résidence présidentielle et sous les roquettes françaises. Sa capitulation, d'après Alain Juppé, serait "inéluctable" mais la résistance de ses dernières forces, et son caractère obstiné empêcheraient de dire si c'est une question de jours ou de semaines. D'après Longuet, l'ancien milicien d'extrême-droite et ministre de la Défense, il pourrait encore compter sur un gros millier d'hommes, dont 200 autour de son refuge.

    L'ère Gbagbo s'achève donc ainsi : sous un déluge de feu sans précédent dans ce pays, terré dans un bunker.

    Laurent Gbagbo, on l'a dit et on le redira, est en fait une sorte de "Chavez africain". Chavez se dit "socialiste" ou "social-démocrate" (par opposition à Fidel Castro qui serait "marxiste-léniniste") ; Gbagbo veut son Front "populaire", membre de l'Internationale socialiste et toujours proche de certaines figures de la "gauche" du PS (Emmanuelli, Guy Labertit etc.).

    Et l'un comme l'autre tiennent un discours de "souveraineté nationale" face à la puissance tutélaire de leur pays. Pour contrer l'hégémonie US sur le continent américain, Chavez s'est tourné vers ses concurrents, non seulement le "nouvel Est" russe et chinois, mais aussi les puissances impérialistes européennes. Gbagbo, pour desserrer les griffes de la Françafrique, a ouvert la Côte d'Ivoire aux investissements chinois et russes (la Russie qui critique vertement "l'ingérence" française actuelle), mais s'était aussi tourné vers les États-Unis de Bush (!), à l'époque ou celui-ci voulait "punir la France" pour son attitude sur le dossier irakien... Ce lien s'est cependant rompu et aujourd'hui Obama, beaucoup plus proche de l'allié-concurrent BBR, s'est rallié (et a rallié le pilier de l'Afrique anglophone, le Nigéria) à la croisade anti-Gbagbo.

    La seule différence, finalement, c'est que l'impérialisme bleu-blanc-rouge n'a pas les moyens de financer des "révolutions colorées" de la "société civile" à coup de millions de dollars : il doit armer des milices et, lorsque celles-ci sont insuffisantes, intervenir directement, militairement, de manière "voyante".

    Donc, on l'a dit, c'en est fini. Mais là encore, il y a de grandes leçons à en tirer pour la lutte de libération des Peuples africains.

    La principale leçon des malheurs de Gbagbo, c'est que quoi que l'on veuille faire (le projet de Gbagbo n'avait rien de révolutionnaire...), on ne peut le faire avec les instruments issus et au service de l'état de fait que l'on combat.

    Laurent Gbagbo voulait mener une politique bourgeoise de redistribution sociale, en instituant une "concurrence libre et non faussée" entre les monopoles impérialistes rivaux en Côte d'Ivoire, afin d'obtenir les meilleurs prix pour les produits du travail ivoirien, ou les meilleurs offres pour des travaux publics par exemple.

    Laurent Gbagbo disait combattre la Françafrique, fidèle au programme initial de son parti, le FPI. Mais combattre la Françafrique, non seulement sans jamais remettre en cause le capitalisme (ce qui est déjà impossible), mais encore, en "affirmant" face à elle la "souveraineté" de l'État et des institutions ivoiriennes... En affirmant face aux monopoles BBR, Bouygues et autres Bolloré, que l'État "souverain" ivoirien a le "droit" de passer contrat avec qui il veut. En affirmant face à la Commission électorale "indépendante" de la "communauté internationale", que l'institution habilitée à proclamer le résultat des élections est le Conseil constitutionnel ivoirien. Etc. etc.

    Or voilà : le hic, c'est que l'État ivoirien "offert" par l'impérialisme français à Houphouët-Boigny est une création de la Françafrique, par et pour la domination françafricaine !!! L'État ivoirien, comme tous les États d'Afrique, est un territoire d'outre-mer qui n'a d'indépendant que le nom. Ses institutions "souveraines" sont une farce, une mascarade, une vague décalcomanie des institutions hexagonales. Il n'a pas ce qui fait la colonne vertébrale de l'État : une force armée digne de ce nom. L'armée nationale ivoirienne (FANCI) est une petite brigade d'infanterie sous équipée, sans grands moyens lourds ni blindés, et dont les maigres moyens aériens ont été détruits par les frappes françaises de novembre 2004.

    Il n'a pas, non plus, le nerf de la guerre : la Côte d'Ivoire n'a pas sa propre monnaie (elle partage le franc CFA avec les autres néo-colonies francophones d'Afrique), elle n'a pas sa propre banque centrale (là aussi, partagée avec ses voisins ouest-africains francophones ; et qui elle-même, ne peut prendre aucune décision sans l'aval... de la Banque de France !).

    En réalité, il a été très facile d'asphyxier financièrement Gbagbo (décimant du même coup ses forces armées, son administration etc.) tout en finançant et armant massivement* les anciens rebelles des "Forces nouvelles", rebaptisées "républicaines", qui le moment venu ont mené une véritable guerre éclair sans rencontrer (pratiquement) aucune résistance.

    Gbagbo a voulu aller dans la confrontation avec l'impérialisme de la Françafrique, dans l'esprit d'une confrontation d'État "souverain" à État souverain. Ce qui était suicidaire, perdu d'avance...

    La leçon à retenir, c'est quelque chose qui serait paru une évidence dans les années 60 ou encore 70, mais qui s'est perdu dans le grand reflux de la révolution mondiale, dans les années 1975-2000. La leçon, c'est que pour vaincre l'impérialisme, il faut la Guerre révolutionnaire du Peuple. La Guerre du Peuple qui construit, à mesure qu'elle avance, le NOUVEL ÉTAT, populaire, révolutionnaire, démocratique, anti-impérialiste et préparant le socialisme, en détruisant le vieil État sur son chemin...

    La Révolution implique de détruire l'État de la classe combattue, comme en 1789 les révolutionnaires bourgeois ont complètement restructuré l'État de Louis XV et Louis XVI, des Parlements féodaux etc. ; comme en 1917 les bolchéviks ont détruit l'État tsariste et construit l'État révolutionnaire prolétarien. Ici, en Côte d'Ivoire, l'ennemi est double : ce sont les classes dominantes locales (les oligarques et bureaucrates intermédiaires de l'impérialisme, mais aussi les notables-caciques locaux), et la bourgeoisie impérialiste bleu-blanc-rouge. Il s'agit de détruire un État, mais aussi de mettre un coup de boutoir dans un Empire, de créer (peut-être, mais cela pourrait être ailleurs) le premier territoire libre d'Afrique.

    Cela, seule la Guerre du Peuple le peut. Par ses limites de classe (un bourgeois national), Laurent Gbagbo n'a évidemment pas pu se montrer à la hauteur de la tâche historique ; alors que la société traditionnelle ivoirienne est constamment avalée (et déstructurée) par le capitalisme "mondialisé" et que les condition sont de plus en plus mures pour un révolution de libération. Ouattara, grand bourgeois "coopté" comme au temps des "élites indigènes" coloniales, ex-dirigeant d'une grande institution inter-impérialiste (le FMI) et pour qui les gens votent "parce qu'il est du Nord", est quand à lui le représentant type (comme son allié et ancien rival Bédié, l'homme du Centre) de cette société traditionnelle, ethno-féodale (les Ouattara sont une lignée aristocratique), qui n'en finit pas de disparaître et d'empêcher le bond qualitatif, maintenant l'Afrique dans la domination impérialiste néo-coloniale.

    Là est le clivage principal, pas ailleurs... Cependant, même si Gbagbo n'a jamais été un partisan de l'ivoirité, le concept fasciste de Konan Bédié (aujourd'hui allié du dioula Ouattara !!!), même s'il y a mis fin en 2005 (permettant à Outtara d'être candidat aux dernières élections), il a pu s'appuyer sur le sentiment ivoiriste de beaucoup de ses partisans, les "Patriotes". Encore une erreur : il aurait fallu au contraire viser la plus large unité populaire, et vis-à-vis des 25% d'"étrangers" (des pays voisins) que compte le pays, le plus strict panafricanisme.

    Gbagbo n'a donc pas été à la hauteur de la situation. Aujourd'hui, Gbagbo c'est fini, mais pas la Côte d'Ivoire, car ce sont les masses qui font l'Histoire. Près, ou un peu plus de la moitié des masses populaires ivoirienne ont voté pour lui, et n'accepteront pas facilement qu'il soit éjecté (ou liquidé !) de manière aussi ouvertement impérialiste, par les blindés et les hélicoptères de l'impérialisme français. Ces masses sont les masses travailleuses, les classes populaires d'Abidjan, de la côte Sud ou encore de la Boucle du Cacao, les masses qui de plus en plus rompent avec l'allégeance ethnique pour développer un sentiment de classe, le sentiment d'être des travailleurs africains écrasés par l'impérialisme.

    Déjà, les grands médias impérialistes de l'Hexagone s'inquiètent de comment Ouattara, arrivé au pouvoir sur un char de la force Licorne, va "gérer l'après-Gagbo"...

    Si Gbagbo reste comme un symbole et un signe de ralliement pour ces masses-là, après tout pourquoi pas, du moment que ses conceptions bourgeoises sont rendues inactives et que se développe le plus important : une résistance populaire à ce qu'il faut bien appeler par son nom, l'occupation impérialiste Licorne-ONUCI avec ses tirailleurs FRCI et son homme de paille Ouattara.

    Puisse dans cette résistance populaire se forger l'organisation et l'armée révolutionnaire, qui un jour, dans 10 ou 20 ans ou pourquoi pas moins, feront de la terre d’ÉBURNIE le premier territoire libre d'Afrique !


    frappes_abidjan.jpg Bombardements sur Abidjan

    http://static.lexpress.fr/pictures/169/86612_les-soldats-francais-de-la-force-licorne-patrouillent-a-abidjan-le-1er-avril-2011.jpg

    * Ce que reconnaît tranquillement le très bourgeois "de gôôôche" Nouvel Obs n° 2422 du 7 avril 2011 : "Les voilà (les forces pro-Ouattara NDLR) soudain dotés de véhicules, de mitrailleuses lourdes, de munitions. 'Leurs pick-up sont neufs, leurs canons aussi, tout est neuf', note un expert militaire. Un matériel livré par le Nigéria (= Shell, BP, Exxon NDLR) et le Burkina Faso (Compaoré, pilier de la Françafrique NDLR) selon plusieurs sources. Plutôt que d'intervenir directement, les deux pays les plus hostiles à Gbagbo ont décidé d'aider Ouattara à former un embryon d'armée. Lui envoient-ils aussi des conseillers militaires ? Une chose est sûre, dans cette guerre de l'ombre, le président élu bénéficie d'un soutien tous azimuts. L'ONUCI, chargée de faire respecter un embargo sur les armes qui s'applique à toutes les parties, ferme les yeux sur les convois qui traversent la frontière nord. 'Les services britanniques et français ont dû apporter une aide en terme de renseignement', présume par ailleurs un ancien de l'Elysée.

    À Abidjan, un mystérieux 'commando invisible' commence à harceler les FDS de Gbagbo. Son chef n'est autre qu'Ibrahim Coulibaly, alias IB, un ex-sergent-chef condamné par le tribunal de Paris pour une tentative de coup d'État contre Gbagbo en 2003. Coïncidence ? Son jugement vient d'être annulé en cassation. Comment IB ressurgit-il à la tête de centaines de combattants dans la mégalopole ivoirienne ? 'Ce sont sans doute les Français qui l'ont remis dans le jeu' avance Antoine Glaser, ex directeur de la meilleure revue confidentielle sur l'Afrique, la Lettre du Continent." CQFD...

    Post-scriptum : un tout récent article du Point, l'hebdomadaire de la bonne droite réac bons-pères-de-famille en costard bien repassé, est un MANIFESTE d'impérialisme "décomplexé", à visage découvert... C'est très important. Car même si, on l'a dit, l'intervention en Libye est loin de faire l'unanimité dans la bourgeoisie impérialiste BBR, elle montre néanmoins, avec les récents évènements en Côte d'Ivoire (2.300 morts !), une FUITE EN AVANT de l'impérialisme tricolore. Qui n'est pas sans lien, qui est même totalement parallèle à la montée du fascisme en métropole hexagonale !


    AfricaFistZm

     
     
    Lire encore à ce sujet l'excellent Grégory Protche (source incontournable sur ce "dossier" ivoirien, sachant de quoi il parle etc.), ici un entretien autour de son ouvrage "On a gagné les élections mais on a perdu la guerre" : gagne-elections-mais-perdu-guerre-raisons-marcher-victoire-alassane-ouattara 

     ***********************************

    Après coup :

    Les massacres « anti-chrétiens » de Ouattara et les médias de l’impérialisme BBR

    Aujourd’hui, les forces impérialistes BBR de l’opération Licorne sont passées à l’offensive finale pour déloger Laurent Gbagbo de son refuge. 

    Dans le même temps, les massacres commis dans l’Ouest par les Forces « républicaines » pro-Ouattara commencent à faire les choux gras dans la presse… y compris la presse à grand tirage de l’impérialisme bleu-blanc-rouge !

    Sur la Toile, les sites pro-Gbagbo comme Résistances, Bis repetita ou encore DirectScoop s’en font l’écho, pour s’en réjouir mais aussi s’en étonner : « comment cela se fait-il ? Les médias de l’impérialisme, de la Françafrique, révèleraient donc les crimes de ses tirailleurs ? » 

    D’autant que de plus en plus, la web-presse fasciste (notamment catholique) s’en fait aussi la caisse de résonance. Les massacres sont présentés comme « des massacres de chrétiens », par les « troupes musulmanes de Ouattara », représentant la « poussée islamiste vers le Golfe de Guinée », avec l’appui du « mondialisme Sarko-US ».

    Absurdité suprême ! Ouattara est musulman, certes… comme bon nombre « d’amis de la France » : Ben Ali, Moubarak, Mohamed VI et autres Saad Hariri. Il n’a rien d’un djihadiste fanatique, agent d’Al-Qaïda… Et les massacres principaux auraient été commis dans l’Ouest du pays par des miliciens Dozo. Les Dozos sont une confrérie de chasseurs-guerriers traditionnels du Nord-ouest ivoirien, qui formaient une sorte de « corps mercenaire d’élite » des royaumes féodaux d’autrefois (Empire du Mali, Samory Touré etc.). Les Peuples de la région ne sont en fait islamisés ou christianisés que très superficiellement : ils restent avant tout de religion traditionnelle communautaire-primitive. En Afrique, la mobilisation réactionnaire de masse se fait sur une base ethnoféodale, quasiment jamais sur une base confessionnelle religieuse. Les victimes de Duékoué ont été massacrées parce que guérés, une ethnie supposément pro-Gbagbo. Le pays guéré fut le théâtre en 1970 d'une insurrection, réprimée dans le sang par Houphouët, mythe fondateur de la gauche anti-néocolonialiste ivoirienne.

    Alors, que signifie ce buzz médiatique visant Ouattara ? Certes, on peut imaginer que le logiciel idéologique de la « base » d’extrême-droite soit perturbé : abreuvés d’islamophobie du matin au soir, voilà cette fois-ci que les « bons » sont dirigés par un musulman, contre un chrétien aux partisans majoritairement chrétiens (comme le sont la majorité des ivoirien-ne-s !). Mais il y a autre chose. En réalité, Gbagbo étant fini (au dernières nouvelles, les forces spéciales BBR l’auraient arrêté !), le 2e round commence.

    Un 2e round, pour le PARTAGE DU BUTIN entre les « alliés » de la coalition anti-Gbagbo : d’un côté le bloc françafricain (impérialisme BBR et ses valets locaux), de l’autres les Anglo-saxons (Anglais, Américains etc.) et leur « pivot » régional, le Nigéria.

    Eh oui ! N’oublions pas que ces deux blocs ont saigné l’Afrique en se livrant une guerre de 15 ans, de 1990 à 2005, et ne sont en « paix armée » que depuis le milieu des années 2000, face au nouveau venu chinois.

    Dans cette nouvelle partie, Ouattara, formé à Philadelphie et ancien sous-directeur du FMI, bon anglophone, pourrait naturellement pencher du côté anglo-saxon, bien qu’il soit aussi un ami personnel de Sarkozy et de toute une brochette de Françafricains.

    Dans tous les cas, c’est un homme hautement éduqué, maîtrisant son sujet sur le plan économique, commercial international, diplomatique. Il n’a pas le profil habituel des satrapes de la Françafrique, soit purs produits de l’éducation française (comme Houphouët), soit soudards, militaires incultes ou obscurs bureaucrates faits rois… Il pourrait se montrer un interlocuteur difficile, voire versatile.

    En réalité, les véritables relais de la Françafrique en Côte d’Ivoire sont :

    1°/ le relais traditionnel de l’aristocratie baoulé, dirigée par le « dauphin » d’Houphouët-Boigny, HENRI Konan Bédié, promoteur de l’ivoirité xénophobe mais rallié depuis 2005 à Ouattara dans le bloc anti-Gbagbo (RHDP) ;

    2°/ les partisans de feu ROBERT Gueï, le putschiste de Noël 1999, sans doute derrière le coup d’État de septembre 2002 où il trouva la mort, fidèle serviteur d’Houphouët-Boigny et de la Françafrique pour qui il organisa l’invasion du Libéria par les hordes de Charles Taylor et Prince Johnson ; ces milices se trouvent dans l’Ouest du pays, autour du pays yacouba de Gueï. Les Yacoubas sont majoritairement animistes christianisés ;

    3°/ le principal pivot de la Françafrique en Afrique de l’Ouest, le Burkina Faso de Compaoré. Le Burkina est culturellement proche, non pas du pays dioula (mandingue) de Ouattara (proche de la Guinée et du Mali), mais plutôt des populations voltaïques, gour (comme les Sénoufos) du Nord-Est, majoritairement non-musulmanes. La courroie de transmission du « pivot » Compaoré est bien entendu GUILLAUME Soro, sénoufo catholique de la région de Korhogo. Soro, le général en chef des Forces « nouvelles » devenues « républicaines », qui tiennent la moitié Nord et Ouest du pays en coupe réglée depuis fin 2002…

    En réalité, seul le Nord-Ouest de la Côte d'Ivoire est mandingue-dioula, musulman et massivement pro-Ouattara (issu d'une lignée aristocratique dioula, fondatrice de l'Empire de Kong).

    Les choses apparaissent, maintenant, de manière beaucoup plus limpide ! L’impérialisme BBR et ses médias affidés savent bien que, Gbagbo éliminé, la nouvelle partie commence : même si la France aura joué le rôle militaire principal dans la liquidation de « l’homme des BRIC », le partage du butin va maintenant commencer avec les alliés (de circonstance) Anglo-saxons*. Cela apparaissait déjà, dans le Web d’extrême-droite (rappelons-le pour la 100e fois : les porte-paroles de l’impérialisme le plus réactionnaire), lorsqu’il était question d’une intervention de la CEDEAO (= du Nigéria) : la crainte se manifestait qu’une telle intervention (et l'élimination de Gbagbo par ce moyen) profite à 99% aux Anglo-saxons, et notamment que le (fraîchement découvert) pétrole offshore ivoirien ne tombe dans les mains de Shell et BP, les véritables maîtres de l’État nigérian.

    Donc, l’on commence sans perdre de temps à isoler Ouattara dans « l’opinion publique » hexagonale, sur le thème d’un «soldat de l’islamisation de l’Afrique» derrière laquelle, bien entendu, il y a ces foutus Américains, qui « soutiennent l’islamisation partout où ça les arrange », sans aucune considération pour les Européens « aux premières loges »…

    Le moment venu, il sera facile de justifier médiatiquement une élimination militaire de Ouattara par la coalition Soro (Compaoré) – Konan Bédié – milices pro-Gueï… tous chrétiens, et même bons catholiques romains (pas des évangélistes barjos comme Gbagbo et sa Simone) !!!

    Avec la crise générale du capitalisme qui s’aggrave jour après jour, il ne faut se faire aucune illusion : la lutte la plus brutale pour le repartage impérialiste du monde ne fait que commencer, en particulier dans une région comme l’Afrique de l’Ouest où le pétrole commence à être découvert. Cette aggravation des luttes inter-impérialistes est totalement parallèle à la montée du fascisme et on pourrait presque dire, finalement, que scruter la presse fasciste est la meilleure boule de cristal pour deviner les développements à venir...

    Face à cela, affirmer un anti-impérialisme intransigeant (mais pas aveugle) et scientifique, sur le principe intangible LE CAMP DU PEUPLE EST NOTRE CAMP, est plus que jamais indissociable d’un combat antifasciste conséquent, et du combat pour la révolution socialiste en général !

     

    [* On le voit déjà avec les dénégations du porte-parole ouattariste, Ali Coulibaly, sur le rôle de l'armée française dans la capture de Gbagbo : le camp Ouattara ne veut pas être l'obligé de la Françafrique !]


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